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Citations de Henry Miller (1056)


Je souris parce que toutes les fois que nous touchons au sujet de ce livre qu'il écrira quelque jour, les choses prennent un tour incongru. Il suffit qu'il dise "mon livre", et aussitôt le monde s'amenuise aux dimensions privées de Van Norden et Cie. Il faut que le livre soit absolument original, absolument parfait. C'est pourquoi, entre autres raisons il lui est impossible de le mettre en train. Dès qu'il a une idée, il se met à la contester. Il se rappelle que Dostoïevski s'en est servi, à moins que ce ne soit Knut Hansum, ou encore un autre. " Je ne dit pas que je veuille mieux faire qu'eux mais je veux être différent". Ainsi donc, au lieu de s'attaquer à son livre, il lit auteur après auteur, afin d'être absolument sûr qu'il ne vas pas fouler leurs plate-bandes. Et plus il lit, plus il cède au mépris. Il n'en est point de satisfaisant, point qui atteigne à ce degré de perfection qu'il s'est imposé. Et, oubliant complètement qu'il n'a pas écrit un chapitre, il parle d'eux avec condescendance, exactement comme s'il existait une étagère de livres portant son nom, livres familiers à tous et dont il est superflu de mentionner les titres.
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La joie est pareille à un fleuve:rien n'arrête son cours.Il me semble que tel est le message que le clown veut nous transmettre: que nous devrions nous mêler au flot incessant,au mouvement,ne pas nous arrêter à réfléchir,comparer,analyser,posséder,mais couler sans trêve et sans fin,comme une intarissable musique.
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Auguste est unique, en ce qu'il m'est tombé du ciel.Mais quel est ce ciel,qui nous entoure et nous enveloppe,si ce n'est la réalité même?Nous n'inventons rien,vraiment.Nous empruntons et recréons.Nous dévoilons et découvrons.Tout fut donné,comme disent les mystiques.Nous n'avons qu'à ouvrir les yeux et le coeur,pour ne plus faire qu'un avec ce qui est.
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Et quand bien même vous pourriez me donner la raison de cet état, je refuserai de vous entendre parce-qu'en naissant j'avais déjà le sort et qu'on ne peut rien à cela
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Cette petite phrase « Pourquoi n’essaies-tu pas d’écrire ? » ne tarda pas à m’entraîner et m’enfoncer, comme toujours, dans le marécage désespérant de la pire confusion. Mon ambition était de charmer, non d’asservir. D'atteindre à une vie plus large et plus riche, sans qu’il en coûtât rien à autrui. De libérer d’un coup l’imagination de l’humanité entière, parce que sans l’aide du monde entier, sans un monde où l’unité de l’imagination soit réalisée, le libre exercice de l’image devient vice. Je n’avais pas plus de respect pour l’art d’écrire « per se » que pour Dieu « per se ». Nul être, nul principe, nulle idée n’est valide en soi, qui est admise comme réalité par l’ensemble de la communauté humaine. Les gens se soucient toujours du sort qui est l'apanage du génie. C'est le cadet de mes soucis – le génie est assez grand pour prendre soin de lui-même dans l'homme. J'ai toujours réservé mes soucis et mon intérêt à ceux qui ne sont rien ni personne, à celui qui est perdu dans le grand piétinement, qui est si moyen, si ordinaire qu'on ne remarque même pas sa présence. Les génies ne s'inspirent pas l'un de l'autre. Les génies sont, si je puis dire, des sangsues. Ils puisent leur nourriture à la même source – le sang de la vie. L'essentiel pour le génie, c'est de se rendre parfaitement inutile, de s'absorber dans le courant commun, de redevenir poisson et non de jouer les monstres. Le seul profit, me disais-je, que je puisse tirer de l'acte d'écrire, c'est de voir disparaître de ce fait les barrières qui me séparent de mon compère l'homme. Ma décision était prise : je ne voulais à aucun prix devenir un artiste au sens phénomène de l'être à part, exclu du courant de la vie.

35 – [Le Livre de poche n° 6267, p. 25-26]
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La cour que l'écrivain fait au public est aussi ignominieuse que celle que fait le politicien ou n'importe quel saltimbanque. Il aime à tâter du doigt ce pouls géant, à fabriquer des ordonnances comme le médecin, à se faire une place (…), à être reconnu comme une force, dût-il attendre mille ans cette reconnaissance. Les possibilités d’établissement immédiat d’un monde nouveau ne l’intéressent pas : un tel monde, il le sait, ne lui laisserait pas les coudées franches. Ce qu’il veut, c’est un monde impossible où il régnera sans porter la couronne. César de carnaval manié par des forces qu’il ne peut contrôler. Il lui suffit de régner insidieusement – dans le monde fictif des symboles – car la seule idée du contact avec les rudesses et les brutalités l’épouvante. Son emprise sur le réel est plus grande, il est vrai, que celle de la plupart des hommes, mais il se refuse à faire l’effort nécessaire pour imposer au monde cette réalité plus hautaine, par la force de l’exemple. Il se contente de prêcher, de se traîner dans le sillage du désastre et de la catastrophe, corbeau croassant, prophète de mort, pour se voir en fin de compte perpétuellement privé d’honneurs, lapidé, méprisé par ceux qui, si inaptes qu’ils puissent être à la tâche, sont prêts à assumer volontairement la responsabilité des affaires de ce monde. Le véritable grand écrivain n’a nulle envie d’écrire : sa volonté, c’est de faire du monde le lieu où il puisse vivre en paix ses imaginations. Le premier mot tout frémissant qu’il jette sur le papier, c’est le cri de l’ange blessé : souffrance. Écrire, cela équivaut à absorber un narcotique. Au fur et à mesure qu’il voit croître et grossir le livre sous sa main, l’écrivain s’enfle d’illusions de grandeur. « Moi aussi je suis un conquérant, et le plus grand peut-être que la guerre ait porté ! Le jour de gloire approche et je m’asservirai le monde – par la magie du verbe… » et cætera ad nauseam.

25 - [Le Livre de poche n° 6267 - p. 24-25]
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Fais n'importe quoi
mais TIRES EN DE LA JOIE
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L'individu qui peut s'adapter à notre monde démentiel est ou bien un homme insignifiant ou bien un sage. Dans le premier cas, il est immunisé contre l'art, et dans le second, il est au-delà de lui.
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Réussir par exemple le gris-violet recherché donne autant de plaisir que de trouver la sauce qui convient à un rôti. Cela fait venir l'eau à la bouche.
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La Grèce avait fait de moi un homme libre et entier.
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A-t-on jamais vu chose inouïe comme un peuple libéré de la superstition, du rituel, de la religion, de l'argent, de la peur et du remords ?
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En tout homme il y a un héros, un saint, un poète, un politicien, un margoulin, un faible et un infirme - pêle-mêle. Il nous plaît de nous identifier aux rôles les plus flatteurs et de projeter les autres sur l'ennemi.
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Car il n'est au monde qu'une seule aventure: la marche vers soi-même, en direction du dedans, où l'espace et le temps et les actes perdent toute importance.
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Pour l'instant, je ne puis penser à rien - sauf que je suis un sensitif poignardé par le miracle de ces eaux qui reflètent un monde oublié.
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Il m'arrive d'être obligé de lire un passage de Tropique du Capricorne. Posant le livre, alors je secoue la tête comme pour me demander qui l'a écrit - cela ne peut être moi. Je dois l'avouer : malgré ce que je disais un peu plus haut, ce texte, quand je le redécouvre de temps à autre, m'impressionne énormément. Je peux le dire en toute franchise : je n'avais rien d'une limace. Clairement, je promettais. même, j'ai réussi à me berner et j'ai marché. Mais qui étais-je, en ce temps-là ? Qui que ce fît, ne ce n'est plus moi. "Je suis le rêveur qui demeure."

Henry Miller,
le 29 janvier 1972.
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Puissé-je t'entendre, une fois encore, me promettre tous ces trésors ensoleillés que tu portes en toi : puissé-je m'efforcer encore de croire pour un jour, pendant que je repose à ciel ouvert, que le soleil apporte des nouvelles heureuses ; puissé-je pourrir en toute flore, tandis que le soleil explose dans ton sein. Je crois tous tes mensonges implicitement. Je t'accepte et te prends comme l'incarnation du mal, la dévastation de l'âme. Maharani de l'ombre. Ton ventre d'amour, cloue-le sur le mur, en face de moi, en souvenir de toi. Allons, il faut partir. Demain, demain...

Septembre 1938, villa Seurat, Paris.
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La vérité n'est que le noyau central d'un tout inépuisable.
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La musique, c'est l'écho silencieux du nageur dans l'océan de la conscience.
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Assis devant mon bureau, au-dessus duquel j'avais placé une pancarte portant ces mots : "N'abandonnez pas tout espoir, vous qui entrez !" - assis et disant Oui, Non, Oui, Non, je me rendais compte, avec un désespoir qui confinait à la rage, que je n'étais qu'une marionnette entre les mains de laquelle la société avait mis une mitraillette. Que je fisse une bonne ou une mauvaise action revenait exactement au même, au bout du compte. Je ressemblais à un signe égal, par lequel passait l'essaim algébrique de l'humanité. [...] peu importait le degré de compétence que je pouvais atteindre : jamais je ne parviendrais à me transformer en signe plus ou moins.
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Il y a quelques jours, j'ai franchi la frontière imaginaire qui sépare le Nord du Sud. J'en avais nulle conscience jusqu'au moment où j'ai vu arriver un nègre conduisant un attelage ; paevenu à ma hauteur, il se lève de son siège et me tire très respectueusmement son chapeau. Ses cheveux étaient blancs comme neige ; son visage respirait la dignité. Cela m'avait fait une impression horrible : je me rendais compte qu'il existait encore des esclaves. Cet homme devait lever son chapeau devant moi - tout cela pare que j'étais un BLanc Au lieu de quoi c'était moi qui aurait dû lui tier mon chapeau ! J'aurais dû le saluer comme un survivant de toutes les basses tortures que les Blancs ont infligées aux Noirs. J'aurais dû être le premier à tirer mon chapeau, pour lui faire savoir que je ne fais pas partie du système, que je demande pardon au nom de tous mes frères blancs, trop ignorants et cruels pour faire ouvertement un geste sincère.
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