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Citations de Henry Miller (1057)


Il y a quelques jours, j'ai franchi la frontière imaginaire qui sépare le Nord du Sud. J'en avais nulle conscience jusqu'au moment où j'ai vu arriver un nègre conduisant un attelage ; paevenu à ma hauteur, il se lève de son siège et me tire très respectueusmement son chapeau. Ses cheveux étaient blancs comme neige ; son visage respirait la dignité. Cela m'avait fait une impression horrible : je me rendais compte qu'il existait encore des esclaves. Cet homme devait lever son chapeau devant moi - tout cela pare que j'étais un BLanc Au lieu de quoi c'était moi qui aurait dû lui tier mon chapeau ! J'aurais dû le saluer comme un survivant de toutes les basses tortures que les Blancs ont infligées aux Noirs. J'aurais dû être le premier à tirer mon chapeau, pour lui faire savoir que je ne fais pas partie du système, que je demande pardon au nom de tous mes frères blancs, trop ignorants et cruels pour faire ouvertement un geste sincère.
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Je vivais exclusivement au gérondif [...].
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Nuit, nuit toujours, nuit de New York, incalculablement stérile, froide, machinale sans paix, sans refuge, sans intimité. [...] Et le dancing encore, le rythme de l'argent, l'amour radiophonique, le frôlement impersonnel de la foule qui rampe. Un désespoir qui tombe, tombe et finit par atteindre la semelle même des souliers, un ennui, une désespérance. Au coeur de la perfection machinale la plus parfaite qui soit, danser sans joie, se sentir si désespérément seul, presque inhumain à force d'humanité. S'il y avait trace de vie sur la lune, quelle meilleure preuve, presque parfaite dans son absence de joie, pourrait-on en fournir ? Si s'éloigner du soleil à travers les espaces doit conduire à l'imbécillité frileuse de la lune, alors nous avons touché le bit et la vie n'est que froideur, incandescence lunaire du soleil. Ici, c'est la danse de vie, plus froide que glace, dans le creux d'un atome ; et plus on danse, plus froid il fait.
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Partout où règne le froid, il y a des gens qui s'usent au travail jusqu'à la moelle et s'ils prolifèrent, c'est à seule fin de prêcher à leur progéniture l'évangile du travail - c'est-à-dire, en somme, au fond, la doctrine de l'inertie. Tous les membres de ma famille étaient des gens du Nord, autant dire des idiots. Toutes les idées fausses qu'on a pu exposer avec force en ce monde, ils les avaient faites leurs. Entre autres, la doctrine de la propreté, sans parler de celle du bien. Ils étaient propres que c'en était à faire mal. Mais en-dedans, quelle puanteur ! Pas une seule fois ils n'avaient ouvert la porte qui donne sur l'âme ; pas une seule fois rêver de plonger à l'aveugle dans le noir.
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C'est du silence que sont extraits les mots et c'est au silence qu'ils retournent, si l'on en a fait bon usage. Entre-temps, il se passe quelque chose d'inexplicable: un homme qui, par exemple, est mort, ressuscite, prend possession de vous et en partant vous laisse profondément changé. Il est parvenu à ce résultat par le moyen de signes et de symboles. N'était-ce pas un don magique qu'il possédait - qu'il possède peut-être encore?

Bien que nous n'en sachions rien, nous possédons bel et bien la clef du paradis. Nous parlons beaucoup de nous comprendre et de communiquer, non seulement avec nos semblables, mais avec les morts, avec ceux qui ne sont pas encore nés, avec ceux qui habitent d'autres royaumes, d'autres univers. Nous croyons qu'il existe de formidables secrets à découvrir. Nous espérons que la science nous montrera le chemin et, sinon elle, la reli gion.

Nous rêvons d'une vie dans un avenir lointain, qui sera radicalement différente de celle que nous connaissons aujourd'hui; nous nous attribuons des pouvoirs indicibles. Et pourtant les auteurs de livres nous ont toujours donné la preuve non seulement de pouvoirs magiques mais de l'existence aussi d'univers qui empiètent sur le nôtre, qui l'envahissent et qui nous sont familiers bien que nous ne les ayons jamais visités autrement qu'en pensée. Ces hommes n'avaient pas de maîtres " occultes" pour les initier. Ils sont nés de parents semblables aux nôtres, ils étaient le produit d'un milieu analogue au nôtre. Qu'est-ce donc alors qui les distingue ? Ce n'est pas l'usage qu'ils font de leur imagination, car, dans d'autres domaines, des hommes ont fait montre aussi d'une remarquable faculté d'imagination. Ce n'est pas non plus la maîtrise d'une technique, car d'autres artistes appliquent des techniques tout aussi difficiles. Non, à mes yeux, le trait dominant d'un écrivain c'est son don d'« exploiter » le vaste silence qui nous enveloppe tous. De tous les artistes, il est celui qui sait le mieux qu'« au commencement était le Verbe et que le Verbe était Dieu ».
P.48
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Ecrire doit être un acte dépouillé de toute volonté. Le mot, semblable au courant des grands fonds, doit remonter à la surface, de sa propre impulsion. L’enfant n’a pas besoin d’écrire ; il est innocent. Si l’homme écrit, c’est pour vomir le poison qu’il a accumulé en lui du fait de l’erreur foncière qu’il commet dans sa manière de vivre. Il cherche à reconquérir son innocence. Ses écrits n’ont d’autre effet que d’inoculer au monde le virus de ses désillusions. Je ne pense pas qu’il se trouverait un homme au monde pour noircir une feuille de papier, si nous avions le courage de vivre ce en quoi nous avons foi. L’inspiration est déviée dans son cours au sortir de sa source. Si c’est un monde de vérité, de beauté et de magie que nous entendons créer, à quoi bon dresser des millions de mots entre nous-même et la réalité de ce monde ? Pourquoi remettre à plus tard l’acte – si ce n’est que, comme le reste de l’humanité, nous n’avons, au fond, d’autre ambition que la puissance, la gloire, le succès ? Les livres sont des actes morts, disait Balzac ; ce qui n’empêche qu’ayant perçu cette vérité, il livra délibérément l’ange au démon qui le possédait. (page 21)
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"Je commence à tomber amoureux de vous. Vous ressemblez à ma Fanny."
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Ils vont, comme des oies aveugles, et les projecteurs aspergent leurs faces vides d'extatiques éclaboussures !
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Un coup de canon qu'on tire à travers le Pacifique se perd dans l'espace parce que la terre est ronde et que les pigeons volent la tête en bas.
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Sur le méridien du temps il n'y a pas d'injustice; il n'y a que la poésie du mouvement qui crée l'illusion de la vérité et du drame.
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Seulement, moi, je suis un Gentil, et les Gentils ont une façon différente de souffrir.
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"Ce dont très peu de jeunes écrivains ont conscience, me semble-t-il, c’est qu’ils doivent trouver - créer, inventer ! - le moyen d’atteindre leurs lecteurs. Il ne suffit pas d’écrire un bon livre, un beau livre, ou même un livre meilleur que la plupart. Il ne suffit même pas d’écrire un livre “original” ! Il faut constituer, reconstituer une unité qui a été rompue et dont la nécessité est ressentie tant par le lecteur, qui est un artiste en puissance, que par l’écrivain, qui se croit un artiste.”
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Nous n'avons nulle part où aller, pour notre récompense ou notre châtiment. Le seul endroit possible est dans le temps et l'espace présents, dans notre personne, et au gré de notre fantaisie. Le monde est toujours la copie conforme de l'image que nous nous faisons de lui d'instant en instant. Impossible de changer le décor et de prétendre qu'on aime une autre pièce, différente. Décor permanent; ne change que selon l'esprit et le coeur, non selon les diktats d'un invisible metteur en scène. Nous sommes à la fois auteur, directeur et acteur tout en un; quant à la pièce, c'est le drame de notre vie, non de la vie d'un autre. Beau, terrible, inéluctable, ce drame; pareil à un costume taillé à même votre peau. Est-ce qu'il ne vous satisfait pas, tel quel? En connaissez-vous un meilleur?
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Le côté dégoûtant, pour elle, c'était l'abandon de soi. Songer qu'il y avait, pendant entre les jabes de l'homme, un truc qui pouvait la faire s'oublier entièrement! - cela l'exaspérait. Elle avait une telle soif d'indépendance - dès l'âge même où elle avait cessé d'être tout à fait enfant. Mais elle ne voulait pas de ce domaine intermiédiaire, de la reddition, de la fusion, de l'échange. [...] L'impossibilité de séparer l'âme du coprs, notamment dans l'acte sexuel, était pour elle la source de l'irritation la plus profonde. Elle agissait toujours comme si, livrant son con à l'exploration du pénis, elle avait perdu quelque chose, une petite parcelle de son soi infini, un élément irremplaçable.
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Ceux qui sont persuadés de la toute-puissance du travail et de l'intelligence ne rencontreront jamais sur leur chemin que des déceptions, que leur infligera le cours chimérique et imprévisible des événements.
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C'est une autre génération que la mienne - comme une autre espèce animale. Pour commencer, elles n'ont pas un pouce de sens moral - toutes tant qu'elles sont. Elles refusent de se laisser domestiquer; on a l'impression de vivre dans la cage aux fauves. On rentre pour trouver un inconnu dans son lit, et on s'excuse d'être l'intrus. Ou alors, elles demandent de l'argent pour emmener leur petit-ami à l'hôtel, ce soir-là. Et s'il leur arrive des ennuis, c'est à vous de dégotter un médecin.
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Ne pas dire un mot de toute une journée, ne pas voir de journal, ne pas entendre de radio, ne pas écouter de commérage, s'abandonner absolument, complétement à la paresse, être absolument, complètement indifférent au sort du monde, c'est la plus belle médecine qu'on puisse s'administrer.
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see that ass? Danish!
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Rimbaud était un suicidé vivant. C'est ce que nous supportons le moins ! Il aurait été convenable qu'il en ait terminé à dix-neuf ans ; au contraire, il fit durer le plaisir, nous prit à témoin, tout le long d'une vie de folie et de gaspillage, de cette mort vivante dont nous nous punissons tous.
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Plus que tout autre poète, il s'est fixé dans ce lieu vulnérable que l'on nomme le coeur.
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