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Critiques de Honoré de Balzac (3276)
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L'Auberge rouge

Il y a quelque temps je passais en train par la petite ville d'Andernach en Allemagne au bord du Rhin. C'est là que la nouvelle de L'Auberge rouge de Balzac me venait à l'esprit, car c'est justement à Andernach que se déroulent les événements lugubres décrits dans cette nouvelle qui compte parmi mes nouvelles préférées du grand écrivain.



Procédé littéraire cher à Balzac, nous avons dans cette nouvelle une histoire encadrée dans une histoire : des convives se trouvent autour d'un souper charmant et abondant en mets précieux et vins excellents.

Nous sommes au début des années 1830. On peut s'imaginer la scène des robes à manches gigot et les coiffures étincelantes de diamants et de fleurs.



C'est à la fin de ce repas qu'un banquier allemand au nom de Hermann est sollicité pour raconter les événements horribles qui lui ont été confiés en 1799 par Prosper Magnan, juste avant que ce dernier ne soit condamné à mort, accusé de meurtre dans L'Auberge rouge.



À mesure que le banquier Hermann avance dans son récit, un des convives à table se sent de plus en plus mal... Il s'agit du banquier Frédéric Taillefer, qui fait également son apparition dans La peau de chagrin, La maison de Nucingen et Splendeurs et Misères des courtisanes. Sa fille, Victorine, assiste également au souper. Nous la retrouvons dans Le Père Goriot.

Pourquoi Taillefer se sent-il si mal à l'aise ? Qu'a-t-il sur sa conscience qui soit si terrible ?



Comme la couverture de cette édition Folio l'indique déjà, l'argent joue une fois de plus un rôle clé dans l'imaginaire balzacien, ici mêlé à un meurtre affreux.
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Le Chef-d'oeuvre inconnu

L'œuvre de Balzac est hantée par des génies qui finissent par sombrer dans la folie. La quête de l'absolu, dans l'art, la chimie, ou quelque autre domaine n'a jamais lassé de fasciner Balzac.



Dans ma librairie préférée ce petit ouvrage de Balzac est placé au premier rang dans la section Art, et c'est peut-être sa juste place, car il ne s'agit pas d'une simple nouvelle, mais plutôt d'un traité sur l'art et ses limites par rapport à la nature.



Nous suivons le jeune Nicolas Poussin dans le Paris du début du 17ème siècle, qui rêve de pouvoir s'introduire dans l'atelier du peintre célèbre Porbus.



C'est grâce au peintre génial Frenhofer qui rend visite à Porbus, que le jeune Poussin s'introduit discrètement dans l'atelier de ce dernier. Il est alors témoin d'un discours exalté de Frenhofer qui, tout en critiquant la dernière œuvre de Porbus, dévoile sa propre vision sur l'art et ses techniques pour faire de l'art la copie exacte de la nature, voire de la surpasser. Il aurait pu dire comme d'Arthez dans les Illusions perdues : 'Qu'est-ce que l'Art monsieur ? C'est de la nature concentrée.'



Après le discours de celui-ci, Poussin veut absolument voir la dernière peinture à laquelle Frenhofer travaille depuis de nombreuses années mais qu'il refuse de montrer à qui que ce soit.

Grâce à la maîtresse de Poussin, Gillette, d'une beauté idéale, Frenhofer veut bien l'admettre comme modèle et en échange Porbus et Poussin sont admis dans son atelier.



Mais ô surprise, cette peinture enveloppée dans tant de mystère et que Poussin a crû devoir être le parachèvement de l'art, il n'y voit qu'un amas de couleurs confuses duquel émerge un ravissant petit pied presque vivant.



Confronté à la déception de ses amis, tout s'effondre pour Frenhofer, sa vision, ses hautes idées sur l'art et sa façon de l'atteindre. Tout n'était-il donc illusion ? Était-il en avance sur son temps ?

Sa fin me fait penser à cette phrase de Cioran : 'Il n'est pas de position plus fausse que d'avoir compris et de rester en vie.'
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Mémoires de deux jeunes mariées

Voici l'unique roman épistolaire de Balzac, écrit à une époque (1842) où ce type de roman était déjà passé de mode.



Quant au contenu, qu'est-ce que les préoccupations de deux jeunes femmes issues de la noblesse ont encore à nous dire ? Entre Louise la narcissique et romantique exaltée et Renée la pragmatique, avec qui sympathiser ? Se mettre dans leur peau n'est pas aisé, même pour l'auteur, qui n'était pas femme.



Pourtant, chapeau à Balzac d'avoir donner vie à ces deux personnages féminins, de nous entraîner après chaque lettre un peu plus dans leur intimité, leurs convictions et leurs désirs, de se ranger tantôt du côté de Louise, tantôt du côté de Renée, tantôt d'aucun côté. La façon dont Balzac décrit les joies de la maternité et les angoisses d'une mère qui voit son enfant au bord de la mort est simplement époustouflante.



Est-ce que l'amour a lieu d'être pour une jeune femme qui n'a de choix entre le mariage, devenir vieille fille ou religieuse ? Pour Louise oui. Elle ne vit que par l'amour. Et son amie Renée de lui écrire : — (...) rien n'est plus trompeur que le mirage produit en notre âme par la curiosité, par le désir, par la croyance au bonheur.



Dans une autre lettre elle écrit : — De nous deux, je suis un peu la Raison comme tu es l'Imagination ; je suis le grave Devoir comme tu es le fol Amour.

Ce n'est qu'après son deuxième mariage avec un peintre pauvre mais irrésistiblement beau que Louise réalise qu'elle est comme le feu follet, destinée à briller brièvement. Elle commence à craindre l'amour et la beauté : — Tout est si beau que je frémis ; les vers se logent dans les bons fruits, les insectes attaquent les fleurs magnifiques. N'est-ce pas toujours l'orgueil de la forêt que ronge cette horrible larve brune dont la voracité ressemble à celle de la mort ?



Rien ne semble perdurer sur cette terre, tout s'en va avec le temps, sauf le pilier de la vie sociale : la famille. Sans oublier l'amitié qui a résisté à toutes les épreuves et discordes. Voilà en gros le message que Balzac a voulu faire passer.
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Une double Famille

Quatrième nouvelle d'affilée de Balzac que je lis et bien évidemment quatrième fois que je savoure ma lecture.

Une double famille traite du sujet du mariage, et ceux qui me lisent de temps en temps, savent que c'est ma thématique favorite chez Balzac. À ma décharge cependant, pour une fois, ce n'était pas voulu puisque j'ai abordé cette nouvelle à l'aveugle sans savoir de quoi il s'agissait.

Et ce dont il s'agit ici c'est d'une rencontre heureuse et d'un mariage raté. Deux histoires que l'on va découvrir en deux temps. D'ailleurs toute la nouvelle est originalement et assez habilement construite : l'histoire va se déployer sur plusieurs temporalité différente dans lesquelles on va naviguer afin de reconstituer le puzzle de ces deux histoires qui en réalité vont se rejoindre pour n'en forment.

L'histoire d'un mariage qui était voué à l'échec dès le départ, car si c'était un mariage de raison, il semblait pourtant poindre au loin l'éventualité d'un amour naissant, éventualité rapidement balayée par une grave incompatibilité religieuse entre les deux époux savamment dissimulé par la mariée avant les noces, et qui doucement les éloignera jusqu'à se transformer en un gouffre.

Et puis l'histoire d'une rencontre qui arrivera comme une bouée de sauvetage dans la vie d'un homme qui dépérit dans son propre foyer et ne demande rien d'autre que d'aimer et vivre simplement un ménage heureux.

Un homme, deux femmes, trois façons d'aimer, trois conceptions différentes de la vie, qui les mènera chacun dans l'impasse.

Une nouvelle dans laquelle Balzac explore encore une fois avec subtilité et génie, et encore différemment, la question du mariage et de sa réussite. Amour ou raison ? Mais plus encore faut-il se marier sans se connaître mutuellement prenant le risque de divergences fondamentales ? Et est-ce possible de se connaître réellement ? Difficile de savoir si bonheur conjugal est-il une norme illusoire ou une réalité à atteindre, et encore une fois il n'y a pas de réponse binaire mais des vies, des histoires, que Balzac peint avec brio en tentant d'éclairer ses questions.

un bémol cependant à cette nouvelle qui aurait pu frôler la perfection ; la fin ! On change de temporalité d'accord, mais on ne comprend plus tout à fait ce qu'il s'est passé entre temps, et pour un dénouement c'est assez fâcheux et dommage. Il manquait juste deux trois informations afin que, malgré l'ellipse, on puisse refermer l'histoire sans confusion (j'ai du vérifier ailleurs si j'avais bien compris).

Mais bon allez, je pardonne ce petit couac à Honoré.
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César Birotteau

Le titre 'Grandeur et décadence de César Birotteau' est supprimé depuis longtemps de ce roman pas très connu de Balzac, réduit maintenant simplement à César Birotteau ; le titre donné par Balzac à son roman est pourtant essentiel pour comprendre la portée que l'auteur voulait donner à cette œuvre, à l'égal de cette autre œuvre du siècle précédent : Grandeur et décadence de l'Empire romain, par Montesquieu.



Mais ici la grandeur et la décadence sont réduites à l'échelle microscopique du monde des affaires parisien, considéré digne par Balzac de disséquer et d'en faire un récit non moins dramatique que la chute de l'empire romain. En effet, nous avons affaire ici à un empire parisien : celui d'un autre César, et de sa parfumerie qui va de succès en succès. À tel point qu'un nouveau produit cosmétique avec une toute nouvelle stratégie commerciale va créer des jalousies.



César, commerçant honnête et très naïf, ambitieux d'obtenir honneurs et prestige, se laisse séduire par l'achat de quelques terrains, dans un Paris en proie à des spéculations immobilières sans précédent. Pour réaliser son ambition d'accéder aux rangs supérieurs, il agrandit et embellit sa maison et donne un superbe bal. Le notaire rusé Roguin qui a grandement besoin d'argent à cause de sa maîtresse, enrôle César Birotteau dans cette spéculation frauduleuse sur quelques terrains du nouveau quartier de la Madeleine. César lui confie sa fortune sans aucune formalité.



Tel un véritable drame antique, préludé par le rêve prémonitoire de la femme de Birotteau sur le désastre qui allait suivre, Balzac nous introduit d'abord dans la splendeur du monde des inventions commerciales pour nous plonger ensuite dans la misère des rouages du monde financier et la méchanceté des gens de l'entourage de Birotteau, ravis d'assister à la chute du parfumeur parvenu, fidèle à ses principes qui datent d'un autre siècle.



L'argent est omniprésent dans l'œuvre de Balzac, ici encore plus qu'ailleurs. Quant au sort de Birotteau, Balzac semble nous donner cet avertissement : cordonnier, borne-toi à la chaussure.
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La Grenadière

Parue dans la Revue de Paris en 1832, cette touchante nouvelle de Balzac se déroule dans une région qui lui est chère : La Touraine, plus précisément dans la propriété La Grenadière, qui a vraiment existé et où il a passé l'été avec Laure de Berny en 1830.



Selon les dires de son amie Zulma Carraud chez qui il séjournait quelques semaines en 1832, Balzac aurait écrit cette nouvelle chez elle en une seule nuit.



Un beau jour, la mystérieuse Mme Willemsens s'installe dans la propriété La Grenadière avec ses deux fils et une femme de chambre. Elle n'est pas du pays et très discrète, personne ne sait d'où elle vient ou pourquoi elle a choisi de vivre retirée du monde. Tout ce que le narrateur observe, c'est la parfaite harmonie avec laquelle elle y vit avec ses deux enfants, dans cette nature abondante de La Touraine, si riche en couleurs, saveurs et végétation.



Toutefois, cette nature riante fait rapidement place à des nuages qui s'amoncellent, car Mme Willemsens est rongée par un mal inconnu.

Par bribes, nous en apprenons un peu plus sur sa vie antérieure : qu'elle aurait été la femme de Lord Brandon, et que le père des enfants n'est plus en vie.



D'un style très sobre, tout en nuances, ciselé à l'extrême, de la beauté du paysage jusqu'à la tragédie d'une vie brisée, Balzac offre ici une histoire où tout est à sa place, rien n'est de trop.
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Modeste Mignon

Imaginons une jeune fille sur tiktok ou insta en train de discuter en secret avec un gars qu'elle ne connait ni d'Adam ni d'Ève mais qui est une sorte de pseudo célébrité ; elle lui fait croire qu'elle est riche, lui s'en fout un peu d'elle et dans un moment d'hilarité demande à un copain de répondre à sa place. Et voilà, nous avons Modeste Mignon, mais sans les manches bouffantes, ni les coiffures à la girafe, et ni l'élégance ou les bonnes manières d'antan. Mais dans le fond, si peu a changé...



La superbe couverture reprise ici sur Babelio (édition Folio de 1982) résume tout parfaitement : voici Modeste et à ses côtés l'ombre du poète Canalis qu'elle a idéalisé dans ses fantasmes de fille férue de littérature, après avoir vu son portrait gravé dans la vitrine d'un libraire au Havre, lieu de l'intrigue. Par caprice ou ennui, et pour échapper à l'étroite surveillance chez elle, Modeste entame une correspondance avec ce qu'elle croit être un génie poétique.



Tout le monde semble jouer un jeu dans ce roman, et à plusieurs reprises le lecteur se trouve d'ailleurs à une table de whist. Ce jeu du paraître rentrerait d'ailleurs bien dans la thématique 'Faire croire' pour le bac 2024, mais ce roman de Balzac n'y figure pas.



Lecture agréable et rapide, où l'on retrouve avec plaisir tout ce qui constitue un bon roman balzacien.
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Adieu

Folie de la guerre, folie meurtrière, folie des grandeurs d'un homme dont l'ombre plane sur l'Europe entière dans la première moitié du dix-neuvième siècle.

Folie qui tue non seulement les corps mais aussi l'âme.



Cette nouvelle de Balzac est déchirante, dans laquelle surgit au milieu des plaines sinistres de la Russie le spectre de la folie destructrice de la guerre. Un spectre qui hantera encore longtemps les hommes et les rêves.



Une jeune femme, la comtesse Stéphanie Vandières, suit son mari et son amant Philippe de Sucy avec l'armée napoléonienne en Russie. Elle est témoin de l'affreuse bataille et retraite de l'armée française près du fleuve de la Bérézina en 1812.



Par un malheur, dans le tourbillon de cette retraite désastreuse, Stéphanie assiste au mort de son mari et perd son amant qui n'avait pas pu embarquer sur un radeau improvisé, faute de place. "Adieu" fut son dernier mot prononcé.



Sans doute maltraitée et violée, puis enfermée chez les fous en Allemagne, après quelques années d'errance elle a été retrouvée par miracle à Strasbourg, et de là son oncle l'avait ramené chez lui, au château des Bonshommes, dans la forêt de l'Île-Adam. Les multiples épreuves auxquelles elle avait dû faire face, lui avaient tout à fait ôté la raison. Elle menait une vie sauvage, courant les prés et grimpant dans les arbres en ne proférant que le mot "adieu" de temps en temps.

« Nous te croyons malheureuse, parce que tu ne participes plus à nos misères, sots que nous sommes. »



Quand, un beau jour, Philippe et un ami passaient par hasard par là, il reconnaît Stéphanie. Ensuite, il fait tout pour sortir Stéphanie de son état de délabrement mental, jusqu'à reconstituer dans les détails la bataille de la Bérézina, dans l'espoir que Stéphanie recouvre la raison. Mais tout cela aura des conséquences désastreuses autant pour elle que pour lui...



La folie est un thème récurrent dans l'œuvre de Balzac.



Cette nouvelle de Balzac était publiée pour la première fois dans le journal La Mode en 1830.
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La femme de province - La femme comme il faut

On ne s'étonne guère que Balzac n'ait pas remporté le prix de l'auteur le plus délicat après avoir publié l'article sur la femme de province en 1841, dans l'Encyclopédie morale du XIXe siècle, 𝘓𝘦𝘴 𝘍𝘳𝘢𝘯ç𝘢𝘪𝘴 𝘱𝘦𝘪𝘯𝘵𝘴 𝘱𝘢𝘳 𝘦𝘶𝘹-𝘮ê𝘮𝘦𝘴, publiée par L. Curmer en 10 volumes.



Plus qu'une femme en province s'était offusquée de ce texte plutôt caricatural d'une femme de province qui dépérit dans son village ou sa ville de province, dans l'impossibilité de se mettre au niveau d'une parisienne, comme si c'était un devoir de chaque femme de province de ressembler à ce qu'elle n'était pas.



En lisant ce court récit de Balzac, je voyais pourtant surgir Emma Bovary, et qui sait si Flaubert ne se serait pas inspiré de ce court texte de Balzac pour créer l'inoubliable Emma Bovary.



La citation que j'ai partagé dans la rubrique des citations de cette oeuvre décrit parfaitement la passion qu'Emma avait conçue pour Rodolphe Boulanger.

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La grande Bretèche

Encore une nouvelle peu connue de Balzac, publiée initialement en 1831, remaniée ensuite en 1842.



Histoire qui mériterait d'être republiée dans des collections Folio ou Livre de Poche, tant cette histoire sombre et palpitante nous donne des frissons.



Dans un des derniers salons à Paris d'où l'esprit français n'était pas encore tout à fait banni, le docteur Horace Bianchon raconte aux invités qu'un jour il était envoyé à Vendôme pour soigner un riche malade. Il y découvrit une demeure en proie à la déchéance du temps qui passe. Il aimait à s'y promener en laissant libre cours à ses pensées, jusqu'au jour où le notaire de la comtesse de Merret, qui fut autrefois propriétaire de cette maison mystérieuse, fit comprendre à Bianchon qu'il était interdit d'accéder aux jardins de la demeure abandonnée.

À l'auberge où il logeait, il apprit alors le terrible secret qui couvre d'un voile noir cette demeure habitée par les fantômes du passé.



Derrière la façade délabrée de cette demeure mystérieuse se cache la punition presque irréelle d'un adultère commis par la comtesse.

Involontairement je pense à l'amant espagnol de la mère de Balzac qui porte presque le même nom de l'amant dans cette histoire lugubre... Balzac, a-t-il voulu se venger par cet écrit sombre de sa mère qu'il n'aimait guère ? Nul ne le sait...



En tout cas, lisez cette belle nouvelle et frissonnez comme moi.
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La Muse du département - Un prince de la bohème

Ma critique concerne ici uniquement la nouvelle Un prince de la bohème. Et bien heureusement que c'était une nouvelle car ce n'est pas la meilleure oeuvre Balzac. Encore une fois, je me suis perdue dans les misères conjugales, les gros sous, les références aux oeuvres obscures, les scandales qui ont sans doute fait bondir les lecteurs de l'époque mais qui me laissent bien perplexe. Le prince de la bohème est donc La Palferine qui joue avec une jeune femme comme avec une marionnette, la faisant tourner en bourrique. Et le pire dans toute l'histoire ? Le mari, cocu comme à son habitude, qui ne comprend rien mais qui finit pair de France. La balance entre les sous et les sentiments tangue dangereusement. Bref une nouvelle expéditive, vraiment pas heureuse ni dans le fond ni dans la forme !
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Le Bal de Sceaux

Dernière-née d’une fratrie de six enfants, Emilie de Fontaine a été élevée dans le milieu huppé de la noblesse et a donc grandi avec une cuillère d’argent dans la bouche. Choyée à l’excès par toute sa famille, cette petite fille capricieuse devient très vite une jeune fille impertinente dont les humeurs primesautières assombrissent quelque peu son charme naturel. Lorsque vient le moment pour elle de choisir un époux, elle fera fuir tous ses prétendants ne les jugeant jamais assez bien pour sa personne… et puis un jour, au bal champêtre de Sceaux, elle rencontre Maximilien, un bel éphèbe dont elle s’éprend.

Mais ce jeune homme qu’elle souhaite un jour épouser, correspond-il vraiment à ses attentes ? Est-il vraiment issu d’un rang social élevé, un pair de France ? Ne dit-on pas que l’amour rend aveugle et qu’il peut nous jouer des tours ? Bien trop sûre d’elle, Emilie ne franchira pas le pas. Le regrettera-t-elle un jour ?



Les apparences peuvent parfois être trompeuses, Honoré De Balzac nous le rappelle dans cette courte nouvelle écrite dans le plus beau style littéraire qui caractérise le grand auteur. La nature humaine est très difficile à cerner et le romancier s’y emploie à merveille en nous contant un récit dans lequel l’élévation dans la classe sociale comme une fin en soi, influe parfois négativement sur la sincérité des sentiments, en les dominant ou en les manipulant, jusqu’à faire perdre tout sens moral à celles et ceux dont la fierté de leur rang social est l’unique leitmotiv.



Dans cette « Scène de la vie privée » de la « Comédie Humaine », les lecteurs assistent à une diatribe de cette catégorie sociale de privilégiés, un pied-de-nez à cette société de nantis, et Balzac prend un malin plaisir à faire endosser à Emilie Fontaine un costume de jeune fille de bonne famille, dont l’orgueil exacerbé précipitera sa chute…

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La Maison du Chat-qui-pelote

Dans son œuvre colossale, le grand romancier brosse le portrait de la société du 19e siècle, dans toute sa diversité. En sociologue avisé, il prend sa plus belle plume pour décrire et tenter de décrypter minutieusement les codes sociaux qui régissent les relations humaines. Pour lui, tout a une signification précise dans le comportement des individus : la naissance, l’éducation, le tempérament, la classe sociale, l’emploi, les modes et les lieux de vie, les apparences physiques et vestimentaires, etc…

La Maison du chat-qui-pelote ne déroge pas à la règle. Augustine, la fille d’un drapier parisien tombe éperdument amoureuse de Théodore de Sommervieux, un jeune artiste peintre, croisé par hasard à l’occasion d’une exposition de peinture. En dépit des conseils de son père qui considérait cette union comme une mésalliance, la jeune femme n’écoute que son cœur. Mais l’amour rend aveugle et une fois la fougue passée, la vie de couple peut prendre parfois des tournures dramatiques. Augustine l’apprendra à ses dépens et perdra bien vite ses illusions…



Cette courte nouvelle écrite dans le style balzacien, très littéraire et réaliste, propose une lecture sans fard de la nature humaine de cette époque. Honoré de Balzac nous fait prendre conscience que l’habit ne fait pas le moine, que tout sentiment est éphémère, que les règles sociales établies depuis la nuit des temps ne changent guère et qu’il est illusoire de penser le contraire. Tout comme Jean de La Fontaine utilisait ses fables pour donner des leçons de morale, l’écrivain a choisi les études de mœurs pour sonder l’âme humaine et en dévoiler les forces et les faiblesses.

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Mémoires de deux jeunes mariées

A leur sortie du couvent en 1823, la vie a séparé Renée et Louise mais n’a pas défait les liens d’amitié indéfectible qui les unit. Il s’établit alors, entre les deux amies, un échange régulier de correspondance qui durera douze ans…

Ce récit original et romanesque d’Honoré de Balzac est une ode à l’amitié et à l’amour. Il met en perspective deux existences qui n’ont rien en commun mais que tout rapproche. Les points de vue de Renée et de Louise semblent très éloignés dans bien des domaines, notamment en ce qui concerne les relations dans le couple, le désir de maternité, les passe-temps favoris, les plaisirs et les mondanités. Leurs destins prendront des chemins différents, cependant, en dépit de leurs divergences d’opinion et de leurs désaccords passagers, l’amitié profonde qui les lie demeurera à jamais intacte.



Dans cette étude de mœurs, très féminine, le romancier a choisi d’opposer la passion à la raison et le résultat est à la hauteur de son génie littéraire. Pour celles et ceux qui en doutent encore, il nous fait la démonstration que les hommes sont les mieux placés pour parler des femmes et vice-versa… son talent d’écrivain en est ici un beau témoignage. En fin observateur de la société de son époque, Honoré De Balzac fait une analyse très détaillée de la montée inexorable du désir d’émancipation des femmes, éprises de liberté et d’indépendance. Ce n’est pas pour rien qu’il décida, en juin 1840, d’adresser son livre dédicacé à son amie, Georges Sand.

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La Bourse

Publiée en 1832, « La Bourse » figure dans le recueil de nouvelles des « Scènes de la Vie privée » de « La Comédie humaine » d’Honoré de Balzac.

A l’instar d’un peintre devant son tableau, le talentueux écrivain dépeint, à la faveur d’une multitude d’images littéraires dont lui seul a le secret, l’évolution des sentiments amoureux entre Hippolyte Schinner, un jeune peintre talentueux, et Adelaïde de Rouville, une jeune fille de bonne famille, timide et très discrète, qui l’a secouru et soigné après une chute dans son atelier.



La relation des deux jeunes gens est sublimée par la poésie d’un récit sensible et élégant par le biais duquel Balzac nous met en garde contre les jugements trop hâtifs que d’aucuns seraient tentés de porter à l’égard d’individus qui ont mauvaise réputation ou dont les comportements semblent douteux. Multipliant les figures de style, le romancier fait naître progressivement le doute dans notre esprit sur la sincérité des intentions d’Adelaïde envers Hippolyte.

Soyons rassurés car dans cette étude de mœurs, romantique à souhait, Honoré de Balzac, en grand amateur du beau sexe, nous prouve qu’une femme peut être à la fois jeune, jolie et honnête !

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La Femme abandonnée

Gaston de Nueil jeune parisien de la bonne société est envoyé en basse normandie pour y soigner son surmenage .Il fréquente l’aristocratie de cette campagne un peu désuète mais fort à cheval sur les principes et quelque peu encroûtée … Au bout de deux mois de ce train-train ennuyeux, il entend parler d’une Mme de Beauséant qui attise sa curiosité . Cette dernière vit dans une sorte de réclusion car elle a commis l’adultère puis a été rejetée par son amant . Il n’en faut pas plus pour que le jeune Gaston veuille la rencontrer .

J’ai bien aimé cette nouvelle , une histoire d’amour tragique , victime des convenances d’une époque …

La peinture des aristocrates de province est particulièrement réussie !

« Un point c’est tout. »
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Les Chouans

Après la Révolution Française, les républicains tentent de pacifier la Bretagne, défendue par des Chouans royalistes menés par leur terrible chef, le Gars. Mais la république à un atout dans la manche en la personne de Marie de Verneuil une séduisante jeune femme chargée de livrer le Gars au bourreau.



Quelle plaie que ce livre ! J'ai mis presque deux mois à m'en débarrasser, en entrecoupant mes pénibles séances de lecture d'autres bouquins pour tenir le coup. Une lectrice plus maline ne se serait pas entêtée, mais je suis trop têtue...

Allez, soyons un peu justes : certains points qui m'ont lassée ne sont pas de la faute de l'auteur. Les scènes de guerre en général m'ennuient, cela ne veut pas dire que celles de ce livre sont mauvaises. Les difficultés que j'ai éprouvées à situer tous les personnages et les lieux de l'intrigue viennent peut-être en partie de mon mode de lecture fractionné plutôt que du style de narration de Balzac.

Là s'arrêtent mes tentatives de bonne foi et commencent les critiques que je juge plus honnêtes. Déjà, j'ai trouvé que les hors sujets auxquels est souvent prône l'auteur sont particulièrement sensibles dans ce livre et en diluent beaucoup l'intérêt. Entre les explications, certes pittoresques mais un peu longues, sur la campagne et la culture Bretonne, et les considérations politiques de Balzac, on finit par se rendre compte que l'intrigue à proprement parler n'est pas aussi conséquente que l'épaisseur du bouquin ne le laisserait penser.

J'ai également trouvé la plupart des personnages assez ennuyeux, et souvent tellement "grandioses" qu'ils en devenaient comiques. Le duo central est particulièrement gratiné. Entre Marie de Verneuil qui s'entiche de sa cible, change d'avis comme de chemise et semble à deux doigts de la crise de folie tant ses émotions la gouvernent, et son amant incroyablement beau-courageux-fier-fort-insérezadjectiflaudatifici, j'avais de quoi m'amuser ! D'autant que la majeure partie de leur entourage les vénère comme des divinités et se pétrifie d'admiration devant leurs moindres faits et gestes.

L'intrigue, menée par ces personnages soit grotesques soit ternes, est donc assez décevante. Les batailles se suivent et se ressemblent, les trahisons sont prévisibles, les conversations sont plates et sans saveur.



Je suis dure avec ce livre, mais je n'ai vraiment pas apprécié ma lecture alors que j'aime beaucoup Balzac d'habitude. Un autre lecteur aura peut-être plus de chance, moi je repose ce bouquin avec soulagement.
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Les Chouans

J'avais acheté ce livre par pure curiosité chez un bouquiniste en me disant que je ne risquais pas grand chose pour 1 euro et ... je n'ai pas été déçu.



Les chouans présente une romance entre deux personnages que tout sépare quelques années après la révolution française alors Charette est tombé.



Alors que dire ? Déjà l'introduction. Non mais sérieusement faut arrêter avec ce genre d'intro. Personne ne s'est dit à un moment que spoiler l'histoire avant de la lire ce n'était pas une bonne idée ? Le pire étant que l'on une introduction ET une postface de la même personne mais que l'intro spoile le plus. Je vais finir par ne plus lire les introductions de livres anciens parce que c'est récurrent cette habitude de raconter l'histoire.



Bref, le côté romantique à outrance n'est pas forcément ce que je préfère et le roman partait donc plutôt négativement pour moi. Toutefois rapidement certains éléments ont amené du sens à ma lecture.

Le côté historique est bien présent. Même si Balzac prends un parti pris républicain ( enfin en intro il est expliqué qu'il vira plus royaliste sur la fin de sa vie et qu'il a corrigé le texte dans ce sens ) il est intéressant de voir comment les personnes de l'époque sont dépeintes. La guerre fait rage, Napoléon qui a repris le pouvoir ne peut se permettre de mener à la fois la guerre à l'extérieur et à l'intérieur. Il laisse donc le pouvoir aux localités pour matter les rebellions. Ce qui rétrospectivement est parfaitement stupide, ça laisse la bride ouverte à toutes les folies mais bon passons.

La république arrive donc avec ses gros sabots ( mais non cloutés, ça c'est pour les chouans ) et en face les chouans s'organisent pour résister. Enfin résister, les chouans sont dépeints comme des sauvages, meurtriers et sans scrupule. D'ailleurs vis à vis du traitement de circonstance il est amusant de voir que la fin rapproche les républicains des chouans dans leur barbarie.

En dehors de l'aspect historique c'est le comportement des personnages qui m'est apparu intéressant. Si l'on mets de côté la romance des deux personnages principaux tout le reste fait assez vrai. Les personnages ne sont ni parfait ni gentils. Ils agissent selon leur code moral et ce qui leur arrive. Pas de grands héros ici ni de charge héroïque où tombent les grandeurs.



Comme je l'ai écris à plusieurs reprises, je ne suis pas archi fan des romances mais celle ci par ses rebondissements m'a bien plu. C'est peut être un peu fleur bleue par moment mais je trouve que ça permet de contrebalancer la folie ambiante ( ou ajouter une touche d'une autre folie, ça dépends du point de vue ). On notera la romance de la servante qui sert à l'intrigue mais n'est pas plus développée que cela. Celle ci est déjà plus froide.



Au final, un bon roman qui a bien vieilli. Ca se lit tout seul et j'ai du le finir en 2 jours. Je suis étonné que le roman n'ait pas plus marché que ça à sa sortie alors que Balzac livre un récit bien ficelé.
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Eugénie Grandet

Vraiment, Balzac n'a pas son pareil pour dépeindre l'âme humaine. Ce que j'aime de cet auteur c'est que ses personnages restent fidèles à leur nature jusqu'à la fin; pas de changement de personnalité improbable ou de retournement insensé. Ainsi le père Grandet meurt comme il a vécu, Eugénie reste fidèle à son coeur et finit sa vie comme elle a été élevée et Charles qui a été gâté dans sa jeunesse se comporte de fa façon logique avec ce que son éducation a fait de lui.Une chose cependant m'a particulièrement frappé: c'est la façon dont le père Grandet feint la pauvreté alors qu'il est riche à millions. J'ai déjà observé ce comportement dans la vraie vie de la part de personnes avaricieuses et ça m'a toujours fasciné. Je me suis demandé pourquoi ce comportement alors que chacun sait que cette pauvreté est feinte. Peut-être est-ce pour écarter les quémandeurs ou est-ce la peur de perdre le moindre sous.



Balzac demeure mon auteur favori dans la littérature classique et je ne suis pas à veille d'avoir tout lu ce qu'il a publié. Des heures de bonheur de lecture devant moi.
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Eugénie Grandet

C'est modeste mignon qui m'a ouvert à ce bouillant début 19ème siècle. Pourtant à l'époque le style d'écriture m'avait quelque peu déstabilisé. Louis Lambert avait renforcé ce sentiment d'hermétisme vis-à-vis de cet écrivain.

Je suis bien content d'avoir surmonté ces apprioris pour retenter l'aventure balzacienne et quelle aventure!

La version scolaire que j'ai eu, comporte des illustrations et photographies du saumurois, qui m'ont grandement aidé à apprécier la description du cadre de vie de l'intrigue pour l'époque.



Ce tableau d'un morceau de l'Anjou m'a plus donné le sentiment d'être témoin plus que simple spectateur de l'histoire. Me voilà tour à tour, ce voisin médisant sur un nouveau venu, ce marchand jaloux d'un adversaire, ce prétendant plus intéressé qu'intéressant. On se prête facilement au jeu des querelles de mariage, et on en vient presque à féliciter M.Grandet d'éliminer habilement des personnes gênantes pour lui, sans se mouiller.



Puis on retombe dans la froideur pure et malsaine de ce vieux logis ou la passion du maître emporte toutes les autres, sans état d'âme. Trois femmes puisent l'une sur l'autre ce soutien moral nécessaire, leur combat sera souterrain, résignées mais résilientes.

J'ai vraiment apprécié cet esprit critique de la société en puisant tantôt dans les mœurs campagnardes tantôt dans ce nouveau monde qui doit aller plus vite.



Je terminerai par ce passage qu'il à écrit en puisant de Jean de la Fontaine qui interroge directement le lecteur : avez vous beaucoup changé ?



" Il est dans le caractère français de s'enthousiasmer, de se colèrer , de se passionner pour le météore du moment, pour les bâtons flottants de l'actualité. Les êtres collectifs, les peuples seraient-ils donc sans mémoire ? "
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