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Critiques de Honoré de Balzac (3271)
Splendeurs et misères des courtisanes

Il y a quelques semaines j’avais entrepris la lecture de « Le Père Goriot » et de « Illusions perdues ». Lectures enthousiasmantes. Aussi me fallait-il conclure avec Splendeurs…

On abandonne alors quelque peu le monde des parvenus pour un monde plus glauque: celui des brigands et des prostituées, élégamment nommées courtisanes.

« Une peinture des moeurs » de l’époque comme se plait à le souligner Balzac lui-même.

Cette facette de « La Comédie Humaine » est pour ce qui me concerne moins intéressante. Je n’ai pas retrouvé toute la puissance et l’élégance des précédents récits. Ici, on a tendance à se perdre rapidement dans le fouillis d’une intrigue aux ressorts rocambolesques et dans une foison de personnages aux noms multiples. Un polar du XIXème siècle.

C’est bien sûr toujours le monde du paraître et des parvenus, mais surtout le monde du faux: fausses dettes, faux évènements, faux témoignages, faux personnages; mais vrais tourments pour Lucien…Tout est manipulation orchestrée par le bagnard Collin alias Vautrin alias Carlos Herrera, personnage central du roman.

La portée politique de ce volet est nettement moins évidente que les récits précédents; on assiste plutôt à une chronique de faits divers et judiciaires. Les cibles désignées de Balzac sont cette fois les aristocrates qui ne sont nobles que par le nom et les bonnes âmes philanthropiques.

Voilà pour mon appréciation, cette fois tempérée, au premier degré de ce roman. Reste inégalables le style de Balzac et son art de la description de toutes choses.
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Illusions perdues

Lucien Chardon, jeune poète angoumoisin ambitieux, se lancera avec un certain succès dans une carrière journalistique à Paris où il apprendra, à ses dépens, les sombres pratiques d’un milieu fait de trahisons et de perfidies. Plus tard, il déchantera face à l’attitude hypocrite et sournoise d’une coterie de monarchistes qui précipitera sa chute. Déçu et ruiné, il perdra définitivement ses illusions de gloire et retournera à Angoulême. Cependant, toujours possédé par un irrésistible besoin de renommée, il renouera avec une élite locale de petits bourgeois et de faux amis, qui abuseront de sa crédulité, blessant son amour propre et mettant à mal la sincérité de ses sentiments.

A la faveur d’une écriture talentueuse dans le plus pur style littéraire du 19ème siècle, Honoré de Balzac fait référence à des évènements réels et marquants de son existence qu’il nous fait revivre de manière romancée, sous les traits du personnage de Lucien.



J’ai beaucoup apprécié ce roman dans lequel tout le machiavélisme de l’être humain, dans ses aspects les plus méprisables, est passé au crible et dénoncé dans un récit qui n’épargne personne, pas plus le journaliste immoral que le politicien vénal ou le banquier véreux. Dans un jugement sans appel, le romancier emploie même parfois le ton de la diatribe, laissant transparaître les sourdes colères qui l’habitent face à une injustice sociale qui écrase les faibles et fait triompher les riches.

Tout au long de son œuvre immense, Balzac n’aura de cesse de révéler la grandeur et la décadence, les splendeurs et les misères de la condition humaine du 19ème siècle. Je vous suggère de lire ou relire ce classique de la littérature qui a fait l’objet d’une sublime adaptation cinématographique, au mois d’octobre 2021.

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Le Cousin Pons

La régalade avec ce Balzac ! Dans le Paris XIXeme siècle, Sylvain Pons vit petitement, se dédiant entièrement à ses tableaux, son estomac et son ami Schmucke. De ces trois "collections", chacune sera instrument de sa perte. Son estomac d'abord, qui le pousse à s'avilir pour pouvoir dîner à la table de sa lointaine famille qui le méprise. Sa collection ensuite, qui éveillera le pire dans toutes les personnes de son entourage, quand l'envie, la jalouse, la cupidité dévoilent toute leur cruauté. Son ami enfin, si doux, si incapable de s'imaginer la noirceur humaine qu'il se fera avoir jusqu'à l'os et sera dépouillé sans qu'il ne s'en rende compte. Un roman désespérant donc, ponctué de superbes leçons sur les manies des collectionneurs et de pamphlets bien solides sur les business autour de la mort ou autour de la gastronomie. Balzac voit tout, dit tout, s'exclame, c'est beau toute cette complexité humaine, cette comédie humaine.
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Béatrix

Dans les Scènes de la vie privée, Béatrix est le roman le plus long à bien des égards. Constitué en trois parties qui ne furent pas écrites dans la continuité, le roman ne présente pas une unité très solide.



La famille du Guénic est de vieille noblesse bretonne, installée à Guérande elle vit chichement mais en harmonie autour de son trésor : le jeune Calyste qui est l'espoir de toute la lignée.

Ces royalistes farouches vivent encore dans les guerres de Vendée et les progrès politiques ou matériels ne les ont pas encore atteints. Pour leur malheur Félicité des Touches revient dans sa propriété voisine de Guérande abandonnant le monde parisien où elle a brillé, entre autres sous son nom de plume Camille Maupin.



Evidemment Calyste qui a atteint l'idéal de Jacques Brel à savoir être beau et con à la fois va tomber comme un fruit mûr sous le charme de la belle parisienne qui pourrait presque être sa mère.

Arrivera ensuite la non moins séduisante Béatrix de Rochegude et la possession du coeur du beau Calyste devient l'objet d'un combat de titans entre deux femmes oisives qui maîtrisent l'art de la séduction et de l'intrigue à la perfection. Au jeu de l'amour il n'y a que des victoires de courte durée et à la fin tous les combattants auront eu leur part de souffrance.



Le meilleur et le pire De Balzac se mélangent allégrement dans Beatrix : des descriptions brillantes voire somptueuses mais qui deviennent, à la longue, fastidieuses (le pays de Guérande, la maison des du Guénic, les toilettes de ces dames ...), des dialogues d'une finesse et d'une habileté redoutable mais au service d'une intrigue amoureuse un peu vaine, le mépris de Paris pour la Province, l'admiration sans nuance du roturier Balzac pour l'art de vivre de la Noblesse.

Celui-ci fait aussi dans le poeple : Camille Maupin est bien sûr inspirée de Aurore Dupin (George Sand) quant à Béatrix elle serait Marie D'Agoult qui, comme elle, avait abandonné mari et enfants pour suivre Franz Liszt qui ne serait autre que Conti l'amant de Béatrix dans le roman.



Si le roman aurait gagné à être plus ramassé et plus cohérent (Béatrix de Rochegude est rebaptisée, sans raison, Béatrix de Rochefide dans la troisième partie, la plus réussie), il nous laisse quand même un très beau personnage avec Félicité des Touches qui montre un esprit de sacrifice et une bonté d'âme émouvants. C'est aussi une figure que l'on pourrait qualifier de féministe du XIXème siècle même si son choix de vie final n'est pas vraiment dans l'air du temps.

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Traité des excitants modernes

Ne serait-ce pas une œuvre de commande qui n'a de principal intérêt que d'avoir pour signature celle de Balzac... ? Je ne vais pas faire une longue critique, tout comme Balzac n'a pas produit un long texte.

Balzac a beaucoup, beaucoup écrit avant de pouvoir vivre de sa plume en vendant sa grande œuvre, et il a toujours eu besoin d'argent. Il acceptait des œuvres de commande, sous son nom ou sous divers pseudonymes. Lorsque Baudelaire écrit sur les Paradis artificiels, c'est du Baudelaire, il y met son style, son écriture. Ici, peu de choses évoquent l'écriture de Balzac sur le plan stylistique.

On sent la volonté de scientiser son propos, en reprenant des expériences médicales, en citant des médecins, en utilisant un vocabulaire qui se veut scientifique. Aujourd'hui, tout ceci est totalement dépassé. Il y a bien quelques anecdotes, mais sans l'esprit spirituel et la finesse des analyses psychologiques de la Comédie Humaine.

Il vaut mieux lire Balzac par ses grands romans ou ses nouvelles de la Comédie Humaine...
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Étude de femme

Décidément les nouvelles De Balzac sont toujours savoureuses même lorsqu'elles sont extrêmement courtes comme celle-ci. Etude de femme fait à peine vingt pages mais ça n'empêche pas qu'elle soit à la fois vive et dynamique.

Le narrateur c'est Horace Bianchon, le jeune médecin qu'on avait croisé notamment dans Le père Goriot ou La peau de chagrin, ici il va nous raconter l'énorme bourde commise par son ami Eugène de Rastignac. Ce dernier rédige une lettre d'amour à une femme mais l'envoie par inadvertance à une autre femme et se trouve à deux doigts de ruiner sa réputation. Les premières pages dans lesquelles Balzac nous fait le portrait de cette comtesse, archétype de la restauration, était particulièrement tranchantes et très plaisantes à lire.

J'ai adoré retrouver Eugène pour qui j'avais eu un coup de coeur dans le père Goriot, on le retrouve ici tout aussi nonchalant et séducteur qu'on l'avait laissé. Horace nous raconte la courte histoire de cette méprise dont il fut le témoin avec une pointe d'humour et sa personnalité sympathique qu'on avait pu aussi voir chez lui.

Bref, Balzac sait faire long comme il sait faire court et c'est toujours un délice.
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Le Père Goriot

Un très bon roman,

On entre très vite dans l’histoire, après quelques chapitres,l'intrigue devient captivante, et le livre se laisse lire sans aucun problème.

Balzac dépeint magnifiquement les caractères humains. Les thématiques sont très fortes : on y retrouve des intrigues familiales, on dénonce les injustices, les inégalités,...

L’auteur fait également une critique d’un certain arrivisme social.

J’ai apprécié retrouver l’ambiance et l’atmosphère du Paris de l’époque. Balzac manie l’art de la description à la perfection.

Un classique à lire !
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La Peau de chagrin

Je n'ai pas lu l'intégralité de la Comédie Humaine (loin de là) mais la "peau de chagrin" reste, à ce jour, mon préféré.

Il présente sa conception de l'existence pour un Homme.

Et ce qui m'a particulièrement plu, c'est que dans ce roman, il aborde toutes les facettes de la Société à la fin de la Restauration. Du pauvre étudiant dans sa mansarde décrépie, au cercle de jeux et même les orgies de la vie parisienne des plus riches sans oublier le monde rural.

Et sa morale : en cherchant à amasser le plus d'argent possible et en s'amusant sans cesse, les gens dépensent toute leur énergie à vivre. C'est là tout le drame de l'être humain qui n'a pas la capacité de renoncer au pouvoir voire au vouloir.

Cela n'a pas pris une ride, à mon avis !!!



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Le Bal de Sceaux

Avant le thème chère à Balzac de " faire un bon mariage", le Bal de Sceaux (1830) est avant tout le témoignage d'une réflexion historique et social sur les heurts et les mutations de la Restauration. C'est une période que Balzac connaît bien car il en subit le contrecoups ( son père étant engagé dans la Restauration)



En 1834, le Bal de Sceaux inaugurait les Etudes de moeurs au XIXe siècle, Balzac avait initialement pour ambition de proposer des leçons aux mère mauvaises éducatrices et aux filles inexpérimentées. Ce ne fut pas le cas finalement, mais le Bal de Sceaux est né de cette idée de prévenir les passages dangereux de la vie.



Le Bal de Sceaux c'est un lieu de rencontre entre passé et avenir, aristocratie et peuple, des manoirs où l’on conserve et de ceux qui viennent des champs et des bureaux ou des boutiques où l'on acquiert.



Selon toute vraisemblance, Balzac s'inspire ici d'Orgueil et Préjugés de Jane Austen écrit quelques années plus tôt, il est question d'enfant gâtée et le cadre et les péripéties sont trop proche pour être une coïncidence. Ici, Balzac dénonce l'influence néfaste de sa mère sur l'éducation de ses soeurs et son frère.



Ce livre est très intéressant pour son aspect politique, il permet de mieux comprendre la politique de compromis qu'à pratiqué Louis XVIII " prince philosophe". On y voit le développement du réalisme politique de Balzac, pragmatisme à l'honneur, il fait le point en une conjoncture donnée et impose des solutions viables, adaptées au moment et conformes aux lois du devenir historique. Pour cette raison, Balzac approuve tout à la fois Machiavel, Metternich, Catherine de Médicis, Robespierre Napoléon et Louis XVII car ils ont le mérite de poser comme unique fin à leur politique l’intérêt de l’Etat, au mépris des arguments théoriques ou sentimentaux.



Pour Balzac donc, le réalisme est un tout, une forme de pensée pas seulement un principe.



Je vous recommande évidemment cette lecture,
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La Cousine Bette

Voilà un moment que ma route littéraire s'était légèrement écartée de Balzac. Il faut dire que les derniers romans, quasiment exclusivement portés sur l'argent et les entourloupes financières avaient fini par me lasser. J'ai donc pris mon courage à deux mains pour retenter ma chance balzacienne et cette fois, jackpot ! On retrouve dans la Cousine Bette tous les ingrédients qui font les chefs d'oeuvres du réalisme. Dans la famille tourmentée des Hulot, une vieille cousine aigrie est bien décidée à pourrir la vie des gens avec deux arguments : le sexe et l'argent ! La voilà qui manigance pour jeter le patriarche dans les bras des Lorettes et pour amonceler les montages financiers ruineux. Face à cette figure, la cousine honnête semble impuissante et bien mal armée avec ses lamentations tournées vers Dieu. Balzac est décidément un juge sévère de notre société et nous offre peu de raisons d'espérer. Jusqu'à la dernière ligne, l'intrigue fourmille de rebondissements, à lire au moins une fois dans l'aventure de la Comédie Humaine.
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Les Chouans

Les chouans (1829) est un roman d'Honoré de Balzac, scènes de la vie militaire de la Comédie humaine. 1799, sous le Concordat. Les pays bretons s'arment pour le retour du roi et contre les troupes républicaines. Marie de Verneuil, espionne républicaine, est chargée de capturer leur chef, le marquis de Montauran. Une belle histoire d'amour sur fond de roman historique et politique.
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La Maison du Chat-qui-pelote

Ce texte ouvrant l’ensemble romanesque qu’est La Comédie Humaine, il se devait d’être absolument et nécessairement introductif de la pensée et du procédé de son auteur. Honoré de Balzac n’a pas besoin de voir sa réputation s’agrandir, mais ce texte est vraisemblablement des moins connus de son Œuvre. Le très court roman dont je parle ici fut paru en 1830 et n’avait pas été pensé pour ouvrir l’ensemble – ce n’est qu’après sa parution qu’il l’a été. Nous suivons toute une famille et ses relations, les Guillaume, et tout tournera autour du mariage ô combien redouté entre la cadette et le peintre Théodore de Sommervieux. Mariage redouté car il n’est pas commun de marier la cadette avant l’ainée, et cela chagrine le père Guillaume qui reste très réticent lorsque Sommervieux vient lui demander la main de sa fille. La jeune fille et Sommervieux passeront alors deux premières années d’un bonheur flagrant, mais qui va vite se décliner de la pire des façons qui soit. Ce texte ouvra non seulement l’ensemble de La Comédie Humaine, mais il ouvre également le sous-ensemble des « Scènes de la vie privée », et je pense que c’est un terme très justement choisi pour désigner ce drame qui se profile dans la famille Guillaume : un drame de la scène privée qu’est le mariage, le lien entre la famille et le gendre. Balzac se fait très bon sociologue ici, et ouvre avec brio l’ensemble romanesque le plus conséquent de la langue française ; il se fait sociologue de la littérature, historien de la politique des mœurs humaines de son temps, et ici des mœurs intra-mariages. La morale de ce texte date de son temps : les époux ne peuvent pas descendre de deux milieux sociaux différents, sinon tout se perd, et j’ai aimé trouver ce débat que l’on retrouve dans le Débat De Folie Et D’Amour de Louise Labé ! Selon la pensée de notre époque, il est évident que l’inverse se prouve et sait fonctionner pour certains cas, mais j’ai trouvé fortement plaisant de voir la perdition dans laquelle se trouve la jeune roturière, héroïne de cette œuvre, victime des frasques de Théodore de Sommervieux qui vit sa vie de peintre avec toutes les obscurités que cela puit lui apporter. C’est un texte brillant qui se finit mal pour celle qui aime le plus, comme dans la vraie vie. Aussi, petite mention spéciale pour le personnage absolument fabuleux qu’est la Duchesse de Carigliano aux mœurs bien légères, que j’ai, bien évidemment, adoré, et dont j’ai trouvé une lumière follement amusante de cynisme et de pouvoir.

Le premier texte de la très célèbre Comédie Humaine de Balzac. La première composante des « Scènes de la vie privée » pour un drame du mariage et du lien amoureux qui s’effrite. J’ai trouvé ce texte absolument sympathique et très plaisant, avec des personnages particulièrement bien ciblés. Balzac se présente d’ores et déjà comme sociologue de l’humanité. Et certaines figures sont immenses. {17}
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Les Secrets de la princesse de Cadignan

À presque 40 ans, la princesse de Cadignan (ou duchesse de Maufrigneuse) avoue à sa meilleure amie que si elle a eu de nombreux amants, elle n’a pas connu l’amour. En effet, ruinée après une vie dissolue, la princesse s’est résignée à se retirer du monde parisien, mais avec l’appui de la marquise d’Espard, elle jette son dévolu sur Daniel d’Arthez, un écrivain au succès grandissant (et à la fortune assurée, ce qui n’est pas négligeable). Malgré l’avertissement de Rubempré et autres hommes du sérail, d’Arthez est rapidement ferré.

La princesse va alors s’efforcer de séduire l’homme en réécrivant complètement sa vie : de femme libertine, elle devient rapidement une femme victime. Victime des hommes, de la société, des années, de l’Histoire. Une fiction racontée à un professionnel de la fiction. Une imposture pour accoucher d’un véritable amour, le pari est osé.

Dans cette nouvelle, Balzac y décrit une femme maîtresse de son destin, qui mène les hommes par le bout du nez pour arriver à ses fins, sans pour autant la juger. Délicieux.
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Eugénie Grandet

Eugénie Grandet, j'ai bien aimé. C'est maintenant le second ouvrage de Balzac que j'écoute et me voilà convaincue : j'aime les ouvrages de Balzac! Comment cela se fait-il que je n'ai pas lu des ouvrages de cet illustre auteur avant mes 36 ans? J'ai vu passer Montpassant, Molière, beaucoup de Molière, Voltaire et tant d'autres lors de mes études. Mais jamais on ne nous a proposé Balzac. Et c'est bien dommage!



Eugénie est la fille du père Grandet, un père radin qui possède une fortune indécente et qui pense qu'il sera enterré avec son argent. Un père manipulateur et près de ses sous, tellement près de qu'il fait froid chez lui en hiver, que les repas servis sont juste ce qu'il faut et que les réparations à faire dans la maison, ça peut bien attendre. Mais un père calculateur pour avoir le maximum de gain. Un père qui aimait plus sa fortune que sa famille.

La mère d'Eugenie est une femme effacée, praticante et obéissante mais qui aime indéfiniment sa fille unique. Et Eugénie qui vit dans cet environnement sans se poser de question. C'est ce qu'elle a toujours vécu et elle ne connaît rien d'autre. Elle s'en satisfait.

Tout va bien jusqu'au jour où le cousin de Paris est envoyé chez Grandet par le frère de celui-ci. Voilà qui va faire bouger un peu les choses dans ce manoir provincial où la vie s'écoulait au même rythme que la Loire : tout doucement et sans remous vous l'aurez compris!



Si d'autres comme moi ne connaissent pas ce grand auteur de classique, allez y, après les descriptions de début de roman, l'histoire s'installe petit à petit jusqu'à cette fin dont on peut tirer une morale intéressante, deux même. Mais je ne vous en dirais pas plus sous peine d'en dévoiler trop. Bonne lecture !
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Modeste Mignon

Un texte classique d'Honoré de Balzac: une description de notables d'une petite ville de province coincés dans leurs préjugés, une héroïne confrontée à un choix cornélien. Mais aussi une touche d'originalité dans les choix de Modeste. On adhère sans problèmes grâce à l'écriture et aux personnages bien campés et une fin "morale"
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Le Père Goriot

Se pose à moi une question face à une immensité : par où entamer l'ascension d'une oeuvre de plus de 80 romans, avec des destinées qui se croisent, des personnages que l'on retrouve ici et là. Avec la résolution du guide de créer non pas juste une suite de sommets, mais un monde, un univers, pas un massif mais une chaîne. Et pas juste en se « contentant de romancer », mais en oeuvrant comme un quasi scientifique (sociologue ? Anthropologue ? Voire entomologiste ?)

Par où entamer telle ascension ? En choisissant la voie chronologique ? En y entrant par les plus fameux de ces sommets ? Et si l'on s'engage, doit-on en parcourir chaque étape, y passer alors des années ? Quid alors de tout ce que la littérature mondiale a à offrir aux gens assoiffés de voyages et rencontres ? Ou est-il possible d'entrer en Balzaquie ici où là, juste en touriste inexpérimenté et mal équipé qui ne connaît les cimes qu'en images ou par ouï-dire ? Et prétendre quand même alors, n'y faisant qu'une ballade, entrevoir ce que peut être cet Himalaya ? Peut-on alors présumer un avis sur une oeuvre en simple touriste, sans en connaître toute la circonférence, sans décennies d'études littéraires ?

Je réponds juste « oui » (de ma cabane flottante quelque part sur un fleuve de France, de ma vie de SDF atypique qui se balade aux grès des rencontres et imprévues…) parce que après tout c'est Balzac qui a cette arrogance extraordinaire de me proposer sa lecture !

Et ce n'est pas parce que le monde est fait d'une multitude de lieux, de pays, d'îles et continents, que l'on ne peut pas faire le globe-trotteur juste ici... Qu'il ne s'agit jamais d'un engagement à faire le tour entier de la comédie humaine, le tour d'un monde... alors…



Il est de belles écritures avec lesquelles on s'ennuie pourtant fermement, de belles lettres qui ne disent rien, ni de l'émotion, ni du sens, ni de l'aventure. Pas ici. Pas avec Balzac.

Dans « le Père Goriot », on a pas juste de belles et longues phrases (non pas qu'on les voulut longues, convaincus que c'est là le secret d'une « grande littérature » façon auteurs aujourd'hui, mais parce que c'est ainsi qu'elles devaient être et que leur cadette sera elle toute menue) mais de l'aventure, de l'action, du suspens, de l'envie de tourner les pages, (Balzac, page turner?) de savoir où toutes ces vies entrecroisées vont mener ces insectes éblouis… On est au théâtre parfois, avec de longues tirades comme celle du Père Goriot sur son lit de mort (véritable cabotinage ! ) , au cinéma quand la caméra s'approche lentement d'une façade.

Le Père Goriot s'ouvre par la présentation de la pension Vauquier... avec une impression de mouvement de caméra qui fait d'abord un grand angle pour situer la demeure dans son quartier, puis à travers des plans de plus en plus serrés , précis... La description en question doit faire une dizaine de pages, mais l'écriture est si nourrie que les pages passent sans la moindre difficulté : le plaisir est déjà là.

Vient ensuite le temps de présenter les personnages. Et là encore ! Que de romanesque, de regard acéré sur le fourmillement de tous ces êtres... car il faut bien admettre qu'il y a pas grand monde "à sauver" dans cette faune parisienne !

Il nous présente donc décors et personnages "haut en couleurs", tout en faisant en parallèle des commentaires sur cette "comédie humaine"... Avec ici et là quelques interpellations directes du lecteur, comme un acteur dans un film qui s'adresserait directement aux spectateurs, enfreignant ainsi toutes les règles de bienséances cinématographiques...

Le discours de Madame de Beauséant à Rastignac sur le « comment réussir à Paris » résume à lui tout seul tout ce qu'il y a de sales, de pervertis, dans ce tout Paris de bienséance. Toute la souillure derrière une aristocratie des apparences et une bourgeoisie pourrie. Personne ne semble y être à sauver (sauf peut-être le fameux Trompe-la-Mort, bagnat et brigand en fuite, assassin, voleur et manipulateur)

« Vous saurez alors ce qu'est le monde, une réunion de dupes et de fripons ».

« Aller dans le monde et porter des gants propres »

Tous ces personnages « glorieux » », si pressés de faire vengeance du mépris qu'ils ont l'impression de constamment subir, dans tous regards, paroles et actes, participent allègrement de cette boue sauvage, malodorante, ils sont incapables de voir que c'est eux-mêmes qui créent la boîte de Pétri pour la mise en culture du mépris de classe, ce mépris aristocratique, qui lui donnent son importance et sa réalité. Chacun y travaille à son propre malheur.

C'est en ça que je ne suis pas entré totalement dans le roman, tant cet univers est loin du mien : avec juste deux doigts de sagesse, juste un pas de côté, ils auraient pu savoir que pour ne pas souffrir de ce manège infernal, il suffit de ne point y monter. Que les vers se moquent bien de l'ambition et de la « réussite », du lustre, des banquets et des bals auxquels on a enfin été invités, quand le seul banquet qui nous attend se passe trois pieds sous terre. Que cette « postérité » n'a que le goût de la viande avariée. Cette « haute » société » qui n'a de grande que dans le regard des êtres rampants autour qui rêvent d'en faire partie, qui en acceptent avidement les codes immoraux et l'injustice. Vient alors cette peur, cette terreur du « déclassement « des parvenus », l'aversion totale de la vie simple qui ne se réclame de rien et ne réclame rien, où en guise d'ambition suprême, il y a juste celle de regarder le soleil se lever sur sa cabane, synonyme pour eux de pauvreté et déchéance...

Tout ici, au final, n'est question que de narcissisme chez ces personnages grotesques, de ce qu'ils n'ont jamais su s'arracher de ce qu'on leur a appris, de ce qu'on leur a dit, au regard de la société, de cette absence sans faille du soupçon, du doute, les normalisations à l'oeuvre, il en va des mouvements de troupeaux comme des mouvements de vagues : plutôt être misérable au sein du troupeau qu'à sa lisière heureuse.

Des gens qui ne doutent pas, comme en témoigne la lettre de Rastignac aux siens pour demander de l'argent, sans détour, sans pudeur et sans réel remord. Ou comme le discours de Vautrin sur la façon de « réussir » en écrasant les autres. Au nom d'un idéal dérisoire et misérable (tenter de « faire sa place » dans le marécage des « hautes sphères sociales »)

Quid du sage, des humbles, des « gens simples » qui ne recherchent ni le sucés, ni la gloire, ni la lumière, ni même le regard d'une société, et dont on fait rarement récit ?

Malgré toute l'acuité, la profondeur de l'oeuvre, Je m'étonne de ce qu'il a de fascination De Balzac pour ce monde qu'il ne cesse de vilipender, sur ces corruptions qui ressemblent très certainement aux siennes, au point d'en faire l'oeuvre d'une vie. Son obsession.

L'auteur s'inclue-t-il dans cette détermination à «réussir» coûte que coûte, en utilisant les autres, en les écrasant, en les trompant ?

Quel que soit l'ampleur de cette comédie humaine, c'est au final un regard limité à un monde, comme si l'auteur ignorait une autre façon de vivre, loin de ce tumulte, loin de ces simagrées sociales et humaines. Comme si la simplicité d'une vie, sans ambition dévorante, démesurée, sans cette volonté farouche et ininterrompue de faire partie de « la haute société » n'existait pas.



Si encore aujourd'hui toute cette comédie humaine, cette foire ridicule, est pleinement d'actualité, elle n'est que le malheur de ceux qui y croient, qui s'y noient, à vouloir vaincre une « condition première méprisable » : « s'élever » ! On peut vivre loin de cette vanité humaine...

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Un Contrat de Mariage

Le couple et l'argent sont les piliers de la Comédie Humaine et ce n'est pas le contrat de mariage qui fait exception, bien au contraire.

Les dames Evangélista mère et fille aussi séduisantes qu'intéressées ont mis la main sur le jeune comte Paul de Manerville. Dans la bonne société bordelaise Paul est un parti enviable et Natalie Evangelista une remarquable beauté qui fait chavirer les coeurs. Le mariage du riche et de la belle parait une évidence pour tous. D'autant que Paul est amoureux fou de Natalie, qui si elle ne brille pas d'intelligence, a bien compris que son avenir est d'épouser une fortune. Car les dames sont dépensières et l'héritage de la veuve mère se réduit comme peau de chagrin.



Comme dans un thriller financier les deux camps vont s'affronter par notaires interposés pour établir un contrat de mariage favorable. le naïf Paul a la chance d'avoir à ses côtés le madré maître Mathias pour tenter d'éviter de se faire plumer. Le suspens est total mais le contrat sera signé, une des deux parties s'en sort à son avantage mais le combat n'est pas terminé. Le mariage peut réserver bien des surprises et la vengeance se dégustera froide.



Balzac est à son affaire, les montages financiers n'ont pas de secret pour lui et le lecteur doit admettre qu'il est aussi peu compétent que le malheureux Paul et que les arcanes juridiques lui font tourner la tête. Quant au mariage le tableau qu'il en fait dégouterait tous les Roméo et Juliette de la planète. Ce rapport de force qui commence au lendemain de la nuit de noces, est fait de fourberies, mensonges et autres caprices où le plus faible est châtié. L'amour bien sûr n'a rien à faire là et devient même un grave handicap pour celui qui en est frappé. Le malheureux Paul n'y verra clair que lorsqu'un ami lui aura ouvert les yeux.



Roman noir d'un grand pessimisme sur la nature humaine dans une société riche et brillante mais d'une méchanceté implacable.

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La Femme de trente ans

Quand on commence La Femme de Trente Ans, on ne peut plus s'arrêter de lire. Le thème de l'émancipation féminine est abordé avec tant de finesse et de grâce, et c'est avec un esprit détaché des conventions de son temps que Balzac ose toucher à un sujet tabou, le désir féminin. L'auteur se moque de la morale et fait dire à son héroïne que le mariage est une prostitution légale. Julie est déçue par son union et connaîtra l'amour à un âge où les femmes étaient considérées fanées.
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Le Père Goriot

La lecture de cette oeuvre emblématique est extrêmement plaisante et instructive,

ne serait-ce que dans une perspective historique. C'est sans doute le roman balzacien par excellence, à la fois dans sa forme et dans ses thèmes.



Sur la forme, on débute par une longue description des lieux principaux de l'intrigue, représentatifs de l'atmosphère du roman, à laquelle succède la description des personnages à la faveur d'interactions habituelles. le récit proprement dit, beaucoup moins laborieux à lire que les premières pages, se construit ensuite autour de grandes journées décisives dans l'apprentissage du monde parisien par Eugène de Rastignac, le personnage principal, archétype du jeune ambitieux qui monte à Paris, aussi prompt à se résoudre aux sacrifices nécessaires à la réussite qu'à céder aux artifices onéreux de la vie mondaine. Tout le roman est bâti sur cet affrontement psychologique entre le bon sens commun, fait d'empathie et d'abnégation, et la fatuité inhérente à la bonne société parisienne, faite de cynisme et d'opulence, à laquelle Rastignac aspire sans toutefois s'y abandonner totalement.



Deux thèmes majeurs s'imposent dans l'apprentissage de Rastignac : l'argent et les femmes. La tragédie de l'histoire du père Goriot illustre la place démesurée de la question financière, omniprésente dans l'existence par-delà la mort elle-même, et dont on connaît la criticité dans la vie De Balzac. La dignité la plus infime devient un luxe, sans parler des enjeux de l'apparence dans un microcosme où chacun recherche avec avidité le moindre indice de ruine ou de désespoir chez son voisin. Sur cette question, le roman n'est pas manichéen en termes de classes sociales : la veuve Vauquer est aussi odieuse dans sa rapacité que les gendres snobs du vieil homme. Rastignac mesure par ailleurs la mainmise des femmes sur la bonne société. L'argent et les femmes se renvoient mutuellement la cause du succès : les hommes riches sont aimés des femmes, les hommes aimés des femmes sont enrichis. Les femmes en elles-mêmes, à l'image des filles du père Goriot, sont obsédées par l'image qu'elles renvoient en société au point de se lancer dans des dépenses astronomiques, ruineuses pour ceux qui tiennent à elles. Je me mets par ailleurs à la place des étrangers qui sont amenés à lire ce roman, et qui doivent croire halluciner de cette espèce singulière du Parisien qui entretient une maîtresse au su de tous, y compris de sa propre femme, dont il reçoit lui-même très civilement l'amant. L'institution du mariage est traitée ici avec un désabus terrible. Rastignac, poussé par l'étrange mais néanmoins réaliste personnage de Vautrin, est lui-même soumis à la tentation d'une alliance intéressée.



Cette oeuvre est loin d'avoir usurpé sa place dans notre littérature classique, par la profondeur des archétypes d'ambition et d'amour paternel qu'elle expose, ou encore par la perspicacité du regard de l'auteur, tantôt ironique, tantôt furieux, toujours passionné, sur le coeur humain.
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Le Cousin Pons

Un excellent roman, comment pouvait-il en être autrement de la part d'un si grand peintre de la "comédie humaine", mais si déprimant que j'ai souvent failli abandonner sa lecture.

Un honnête homme, simple et doux se voit dépouillé sans scrupule par une cohortes de mauvaises gens de toutes conditions et notoriétés.

Le roman est daté, et "le juif" ou "l'auvergnat" sont des caricatures que personne n'oserait aujourd'hui mettre en scène, mais finalement très contemporain dans sa représentation d'un monde abjecte de profiteurs.

Sûr que si Balzac vivait de nos jours, il dépeindrait les actionnaires de grandes sociétés prompts à licencier des pauvres gens pour augmenter leurs dividendes.

Une édifiante lecture qui, si on transpose au monde d'aujourd'hui, est si affligeante que j'enchainerai par un feel-good histoire de ne pas déprimer.

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