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Critiques de Hugo Pratt (571)
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Un été indien

Une histoire de fureur (viol, influence néfaste du clergé, affrontements entre colons et indiens, portée par le trait inspiré de Manara. Et comme c’est du Manara, il y a -évidemment- des scènes lascives et/ou sensuelles, mais l’impudicité ne l’emporte pas sur l’histoire, complétée par des notes d’Hugo Pratt, en fin d’ouvrage. Même parfois dérangeante, cette BD fut néanmoins une bonne lecture.
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J'avais un rendez-vous

Sublissime ouvrage réalisé en 1994 aux derniers jours d'Hugo Pratt. La réédition chez Trípode (2020) vaut son pesant.



L'auteur raconte en textes et en images (aquarelles, cartes d'époque, croquis, extraits de Corto Maltese etc...) son dernier voyage dans les îles du Pacifique (de Râpa Nui aux Îles Samoa en passant par les Bismark). Il retrace l'histoire de navigateurs célèbres, pirates, brigands, écrivains, métisses, chefs tribaux... Bref, il reconstitue des parcours entre réalité historique et légende. On sent toute sa sincère admiration pour R.L. Stevenson. Il explique aussi comment toute cette mythologie a nourri le parcours de son Corto.

La fin de l'ouvrage est écrit par Patricia Zanotti, son assistante argentine. Elle joint des photos de leur périple dans cet océan, qui selon Pratt, n'avait rien de tout à fait Pacifique mais qu'il aimait beaucoup.



Dans le top 10 de mes découvertes 2021.
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A l'Ouest de l'Eden

La patrouille du lieutenant Abel Robinson s'enfonce dans le désert somalien en 1931 à la poursuite de la bande d'un rebelle: le Vengeur. Soudain, une tempête de sable sépare Robinson de ses hommes pour le précipiter dans un autre univers à l'Ouest de l'Eden...



Hugo Pratt renoue une fois de plus les liens qu'il entretient avec la corne de l'Afrique, ses histoires et ses mystères. Dans ce récit aux multiples facettes se mêlent aventure, mythe et surnaturel. Entre rêve et réalité, le lecteur peut se perdre. Cependant, l'auteur garde une parfaite maîtrise de l'histoire pour nous révéler un final à la hauteur.
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Saint-Exupéry : Le dernier vol

Hugo Pratt est à la bande dessinée ce que Picasso a été à la peinture ou encore Jules Verne au roman d'aventure. Je ne fais que constater un fait indéniable ; après on aime ou on n’aime pas... Le dernier vol est la dernière oeuvre du Maître qui s'en est allé après ce titre bien prémonitoire.



En l'occurrence, il raconte les derniers instants vécus par Antoine de Saint-Exupéry alors qu'il effectuait une mission en Méditerranée pour le compte des Forces Alliés le 31 Juillet 1944. Le personnage est connu par ses talents d'aviateur et également pour son "Petit Prince", conte pour enfants qui a fait le tour du monde.



Alors qu'il est pourchassé par deux chasseurs allemands, il se remémore les moments les plus importants de sa vie : son amitié avec Mermoz, sa rencontre avec Consuelo Gomez Carrilo lors d'un tango en Argentine, son crash dans le désert saharien ainsi que son sauvetage par des bédouins, ses faits d'arme lors de la guerre d'Espagne, une rencontre hypothétique avec sa soeur Simone, son opération au Guatemala lors d'un énième accident, le sauvetage de Guillemet dans la cordillère des Andes... On sait que la fin est inéluctable ce qui rend le récit d'autant plus attachant et mélancolique. Dans cette espèce de délire, on croisera même le petit prince et des nuages en forme de moutons comme un ultime clin d'oeil.



J'ai beaucoup d'admiration pour Antoine de Saint-Exupéry que je considère comme un vrai héros national. On a beaucoup critiqué son patriotisme au moment de la France de Vichy qu'il quitta pour les Etats-Unis sans tomber dans l'escarcelle du Général de Gaulle. A la fameuse phrase du Général : "Nous avons perdu une bataille mais pas la guerre", il répondait : "Dites la vérité Général, nous avons perdu la guerre. Nos alliés la gagneront !"



En effet, il ne veut pas accepter que qui que ce soit se déclare le chef d'une France libre qui divise le pays qui devrait rester un et uni. Il s'agirait le cas échéant de méditer sur cette opinion peu commune alors que nos livres d'histoire dresse l'antagonisme d'une France contre l'autre : celle des héros contre les vendus.



A la fin de sa vie, il déclarera qu'il avait prouvé aux Etats-Unis (pays où il avait un lien très privilégié) qu'on pouvait être bon français, antinazi, antiraciste, et ne pas plébisciter cependant le futur gouvernement de la France par le parti gaulliste.



Le 30 juillet au soir, il avait laissé deux lettres sur la table de nuit de sa chambre dont l'une à un ami qui disait: "Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien. La termitière future m'épouvante. Et je haïs leur vertu de robots. Moi, j'étais fais pour être jardinier". Modeste, le gars ! Je précise que tout ces détails ci-dessus ne sont pas racontés par la bd en question (ce n'est donc pas un spoiler) mais cela permet peut-être de se faire une idée de ce qu'était Saint-Exupéry pour lequel Hugo Pratt vouait également la plus grande admiration.



A bien y regarder les qualités sont les mêmes pour ces deux hommes d'exception : conteur infatigable d'aventure et profondément humaniste.
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Saint-Exupéry : Le dernier vol

L'album de Pratt retrace le dernier vol de l'aviateur Saint-Exupéry. Le 31 juillet 1944, le commandant Antoine de Saint-Exupéry, 44 ans, quitte dans son Lightning P38 l'aérodrome de Borgo, en Haute-Corse, pour une mission de reconnaissance en Savoie. Il ne regagnera jamais la base. En 2003, les morceaux de l'épave de l'avion sont remontés au large de Marseille. La bande dessinée à travers ses dessins et ses textes est remplie de poésie. Saint-Exupéry revit ses souvenirs.
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Junglemen

les éditions glenat réunissent en un seul

volume de 262 pages les aventures de David foran et des junglemens qui sont parue en feuilleton en Italie. les junglemens sont des militaires australien

chargé de la sécurité dans la jungle nous sommes en 1946 et la paix ne régner pas

encore entre les tribus Papous.

et on fait la connaissance de personnages qu'on retrouvera plus tard

dans d,autres album de prat ,comme Kowalski qu'on retrouvera dans les scorpion du désert, où Anne qu'on a déjà

vu quand elle était adolescente dans l,

album Anne de la jungle.

il y a de l,action,du suspense,de la romance.

tout le talent d , Hugo prat pour une histoire plaisante.de quoi passé un bon moment.
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Corto Maltese, tome 12 : Mu la cité perdue

Dernier opus de Corto à la recherche du continent perdu, on y retrouve de nombreux protagonistes de ces aventures précédentes dont Raspoutine le pire ami qui soit … L’un des opus de Corto les plus oniriques que j’ai eu l’occasion de lire avec des références aux civilisations précolombiennes (mayas, olmèques, aztèques ..), Saint-Brandan et sa fameuse île, les templiers, le jardin d’Eden, Socrate et Platon, les moais de l’île de Pâques, la civilisation minoenne et évidemment le continent disparu de Mû…

Un récit, sous le signe du labyrinthe, où la frontière entre rêve et réalité est abolie et qui englobe de nombreuses légendes et croyances populaires, déjà évoquées pour certaines dans les tomes précédents.

Quand on aime Corto, on se complait à se perdre dans ces méandres de la géographie des contes et légendes populaires …

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Corto Maltese, tome 1 : La Ballade de la me..

Il y a trèèès longtemps, profitant d’un séjour chez ma tante, j’avais lu certains albums. Mais depuis, j’ai oublié toutes les histoires et je n’avais pas les albums. Comment ? Pas d’album de Corto Maltese dans ta bédéthèque ? Ben oui. Enfin plutôt non, plus depuis cette semaine. J’ai profité de mon regain d’enthousiasme pour les bad boys maritimes pour m’acheter –ENFIN- mon premier album d’Hugo Pratt à moi.



Et quoi de mieux que de commencer avec le premier, La ballade en mer salée ? Publié pour la première fois en 1967 dans un magazine, c’est la première aventure au cours de laquelle le lecteur fait connaissance avec Corto. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne le découvre pas à son avantage : barbu, attaché à un radeau de fortune et livré aux flots après la mutinerie de sa goélette (à cause d’une histoire de femme !). C’est Raspoutine (brrr, il me fait froid ans le dos !) qui le récupère à bord de son catamaran.



Le ton est donné : nous sommes en 1913, et ces hommes-là ne font pas dans la dentelle. Ils travaillent pour un mystérieux chef, « le moine », homme dont le visage est toujours dissimulé sous l’ample capuchon de sa robe de bure, et qui dirige une organisation secrète de piraterie et qui s’est mis au service des Allemands qui préparent la guerre.



Et dans toute cette petite compagnie, l’irruption inattendue de deux naufragés supplémentaires, Pandora Groovesnore et son jeune cousin Caïn, va apporter son lot de retournements et rebondissements.



Dévoiler le reste de l’histoire serait gâcher la découverte de l’album pour ceux qui n’auraient pas encore fait connaissance à l’univers de Pratt. J’ai adoré m’y replonger, et même si j’avais dû probablement déjà lire cet album, j’ai eu l’impression de le lire pour la première fois. Le synopsis est riche, et c’est un bonheur de voir évoluer le personnage de Corto.



Les relations entre les différents protagonistes sont loin d’être simples, d’autant que l’Histoire rattrape les personnages à leur arrivée sur l’île d’Escondida puisque la première guerre mondiale vient d’éclater : le prisme des sentiments se brise au travers des camps qu’il faut choisir ou auquel on a prêté allégeance.



Corto, c’est donc de l’Aventure, avec un grand A. C’est foisonnant et passionnant. Et l’humour n’est en reste, avec quelques traits de temps en temps.



Bon, eh bien il ne va pas falloir que je m’arrête en si bon chemin. Tous les autres albums m’attendent maintenant, et il faudra bien qu’ils rejoignent les rangs des étagères…



En tout cas, le Corto, il a la peau dure : avec tout ce qui lui arrive dans cet album, bien d’autres auraient ployé. Mais Corto n’est pas tout le monde. La preuve, ça doit bien être le seul personnage à avoir fait une pub pour le parfum de Dior :



Beau gosse, beau parleur, beau joueur… il a taillé lui-même sa ligne de chance dans la paume de sa main. Eh bien il ne s’est pas loupé !
Lien : http://fabulabovarya.canalbl..
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Corto Maltese, tome 5 : Les Ethiopiques

Ma première lecture de Corto Maltese. Était- ce le meilleur ? Est-ce toujours comme celui-ci ? Le constat est que je ne sais pas trop si j’aime bien…

Ma première réaction a été pour les dessins en noir et blanc. Non, pas que je n’aime pas ce style, seulement, au début de la lecture, j’avais du mal à reconnaître le personnage principal. D’autant plus, qu’il portait un habit traditionnel de la péninsule arabique. Bref. Je m’attendais aussi à des dessins en couleur, aquarellés comme annoncés sur les pages de couvertures … Au fil des pages, cela va mieux, même si je retrouve un peu ce problème avec Cush, l’ami de Corto Maltese. Soit dit en passant, j’ai bien aimé leur relation. On voit une évolution au fil des 4 histoires. Et ça m’a bien plu, notamment leur humour autour du thé avant 17h… (ceux qui l’auront lu me comprendront).

Ma seconde réaction a été pour les 4 histoires différentes. Je m’attendais a une histoire suivie, tels les tomes de Tintin à qui j’associais un peu le style. Et même si les histoires ont un lien entre elles, elles racontent à chaque fois une histoire différentes, sur un autre territoire, avec à chaque fois des ellipses entre elles.

J’arrive finalement à la fin de ce tome, et je ne sais pas trop sur quel pied danser. Les histoire sont plaisantes, mais sans plus je dirais. Ai-je aimé ? Est-ce que j’en garderai un souvenir ? J’ai encore du mal à comprendre l’engouement que certaines personnes peuvent avoir avec cette BD. Peut être, est-ce mes attentes qui me bloquent...

Je pense que je vais persévéré, le mystère Hugo Pratt m’intrigue. Le second tome qu’on m’a prêté, comme étant un très bon tome, est « la maison dorée de Samarkand». Affaire à suivre.
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Le Désir d'être inutile

« Je connais treize façons de raconter ma vie. Aujourd'hui je choisis la septième (...) Et je ne sais pas s'il y en a une de vraie ou si l'une est plus vraie que l'autre. »



Ainsi commence à peu près le portrait de Hugo Pratt rédigé par Dominique Petitfaux. C'est en 1990 sous forme d'entretiens entre les deux hommes qu'a pu voir le jour « Le désir d'être inutile » une autobiographie vivante, ce qui la rend d'autant plus intéressante à lire. En parallèle paraît sur son oeuvre « De l'autre côté de Corto ».

Trente ans plus tard, reparaît le premier ouvrage augmenté d'une postface consacrée aux quatre dernières années d'Hugo Pratt, dans une très belle édition illustrée de nombreux dessins et aquarelles. Ce livre est composé de deux parties, la première, la vie de Pratt de sa naissance à sa disparition ; la seconde, son monde intérieur, ses influences culturelles, ses rencontres (innombrables), la religion, les femmes, l'ésotérisme, la mythologie... Au total un superbe ouvrage de 300 pages dont il est singulièrement ardu de rédiger une critique, tant la richesse des thèmes abordés et la quantité d'anecdotes sont importantes. Je vais cependant essayer d'en extraire la substantifique moelle, comme disait Rabelais...



Né en Italie en 1927 dans une famille “poly-culturelle” et de religions variées, le jeune Ugo Eugenio Prat (de son vrai nom) grandit à Venise dont il s'imprègne des traditions, et d'une grande liberté de mouvement qui lui permet très jeune de croiser tant de gens issus de nationalités multiples. Élevé dans un fascisme d'état auquel une grande majorité d'italiens adhère avec sincérité et par nationalisme, ce n'est que beaucoup plus tard que la véritable nature de ce fascisme clivant du côté du nazisme lui apparaît avec clarté. À dix ans il rejoint, avec le reste de la famille, son père qui travaille en Éthiopie. Alors commence pour le tout jeune Ugo une vie faite de découvertes et d'amours qui vont le faire “grandir” de façon exceptionnelle. Rentré à Naples en 1943 il assiste à la chute du fascisme, et se forge « une nouvelle éthique, loin de la patrie, du drapeau, des idéologies ». Endossant avec ses amis d'alors toutes sortes d'uniformes militaires il survit dans une joyeuse insouciance entre jazz, rugby, prison, filles, et commence à dessiner. Les voyages aussi sont au programme, Autriche, Angleterre, France, Yougoslavie et fin 1950 c'est le grand départ pour l'Argentine. À partir de là sa véritable carrière de dessinateur prend son essor tout en mêlant aventures sentimentales, expéditions dans tout le continent américain avec au passage une escale d'un an en Angleterre, et enfin le retour à Venise avec une tentative de vie “stable” si l'on précise que sa femme d'alors vivait à Paris avec leurs deux enfants.

Il serait ensuite fastidieux de relater toutes ses rencontres professionnelles comme amoureuses, au cours de tant de périples qui lui ont fait faire le tour du monde. C'est à partir du début des années ‘70 qu'avec la publication de Corto Maltese vient enfin la consécration. Paru en France en épisodes dans Pif, d'obédience communiste, ce qui ne manque pas de piquant quand on sait les débuts d'Ugo sous l'uniforme fasciste ! Et les voyages, encore et toujours, permettant à notre homme d'enrichir sa culture et d'amasser des milliers de livres dans tant de langues, lui qui en pratique six ou sept. Ses dernières années, Hugo Pratt les passera en Suisse et surtout dans sa bibliothèque qui lui sert de maison, repartant encore à l'étranger pour recevoir les hommages et les honneurs, au cours des salons, et particulièrement des rencontres avec ses lecteurs.



Abordons la seconde partie de l'ouvrage. Sous forme de sept chapitres intitulés sept portes pour pénétrer l'homme intérieur.

- La première « le voyage du pèlerin », consacrée aux voyages. Embarqué dès l'enfance pour l'Éthiopie (il y rencontre Henry de Monfreid), sans doute ce premier voyage lui donnera des ailes aux pieds. Partout où ses pas l'emmèneront, il n'aura de cesse d'aller sur les traces (les tombes) de personnalités atypiques.

- La deuxième « Culture et cultures » où l'on aborde le rapport de l'homme et de ses cultures, livresque, universitaire, militaire, ésotérique, toutes sans hiérarchie n'en faisant qu'une en n'allant toujours qu'à ce qui est fondamental. On y croise Chrétien de Troyes, Winsor McCay, Cocteau, Pétrarque ou Rimbaud. Kipling, Shakespeare et tant d'autres. Stevenson bien sûr, dont il adaptera l'Île au trésor en BD.

- Troisième porte « Une éducation ésotérique ». Au coeur de Venise, carrefour des civilisations et des religions. Juif du côté de sa mère, catholique du côté de son père (lequel s'intéressait également à la franc-maçonnerie et au mouvement rose-croix), Pratt se passionnera pour la Kabbale et sera en plus initié au culte vaudou. Tout un programme !

- Quatrième porte « Mythes et métaphysique » très différente de la troisième, elle ouvre précisément sur les mythes de l'ancien testament Caïn, Lilith ; Satan, Dieu, leur existence et ce qu'en tirent les religions, et bien sûr le rapport à la foi.

- Cinquième porte « Un monde au féminin ». Cette porte pourrait être à elle seule un chapitre conséquent, tellement Hugo Pratt en a connu et aimé des dizaines ! Quels que soient leur origine, leur milieu social, leur nationalité, leur physique, sans doute on pourrait tirer un portrait de “macho”, alors qu'il ressort de ces rencontres un immense respect et des souvenirs émus... Une abondance d'aquarelles et de portraits illustre avec bonheur cette porte.

- La sixième « Héros et guerriers » est forcément plus grave que la précédente. Lui qui a connu, et fait, la guerre dès l'âge de treize ans, il ressort de cette expérience personnelle une distance particulière. Ses héros ne sont pas des “Rambo”, et s'il reconnaît la connerie de la guerre, il ne nie pas qu'en certaines situations, la politique et la diplomatie n'ayant été que du temps perdu « le problème est que parfois il faut la faire, ou que parfois on se retrouve obligé de la faire ».

- «Le désir d'être inutile » Cette septième et dernière porte s'ouvre sur un genre de bilan de l'oeuvre de Pratt (autour de la création de Corto Maltese) placée dans le contexte de l'histoire de la deuxième partie du XXe siècle. le monde occidental, en partie libéré des conflits mondiaux, peut se livrer à des considérations politico-philosophiques qui n'engagent et surtout n'intéressent que ceux qui s'y livrent, à savoir des groupes d'intellectuels qui n'ont d'autre ambition que de catégoriser la population en fonction de ses préoccupations. Or donc la bande dessinée n'est considérée que comme un art mineur et ses auteurs n'ont d'autre utilité que d'amuser les enfants et le “vulgum pecus”, alors que d'un bout à l'autre du XXe siècle, des témoins et non des moindres, de Goethe avec Töpffer à Michel Serres avec Hergé, se sont penchés avec le plus grand intérêt sur le désormais “9e Art”. D'où la satisfaction amusée de Pratt quand il fut porté au pinacle par ceux-là même, les « intellectualloïdes », qui, 20 ans auparavant l'avaient considéré comme inutile.

« Alors vis-à-vis d'eux, je n'ai pas eu le plaisir d'être inutile, mais aussi le désir d'être inutile »



C'est avec un plaisir infini que j'ai lu et relu ce portrait autobiographique de l'immense auteur que fut et restera à jamais Hugo Pratt. D'abord par la connaissance que j'ai maintenant de sa vie étonnante en tous points : artistique, intellectuel, humain, philosophique, drôle, grave, aventureux, amoureux... Tant de qualificatifs peuvent s'appliquer à lui. Cet homme avait réellement un côté attachant et Dominique Petitfaux son biographe et interlocuteur privilégié a réussi un ouvrage d'une qualité au moins égale au sujet qu'il a traité, et Dieu sait que c'était un travail énorme. Je remercie les Éditions Robert Laffont et Babelio pour m'avoir permis de découvrir un homme hors du commun raconté par un autre à la plume talentueuse.

Une question reste cependant à trancher : Hugo Maltese ou Corto Pratt ? Je n'ai pas encore trouvé la réponse...
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La lune

La Lune est mini recueil publicitaire. Hugo Pratt y évoque la Lune vue par différentes civilisations. Les courts textes sont accompagnés par des illustrations du maître. Ce n'est pas forcément indispensable mais la lecture est instructive et les dessins magnifiques.
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Corto Maltese, tome 1 : La Ballade de la me..

Je redoutais ma rencontre avec ce marin légendaire dont l’image est placardée même sur les pyjamas homme de nos surfaces commerciales. J’ai maintes fois repoussé la lecture des œuvres d’Hugo Pratt. J’avais peur de trouver une œuvre plate emplie de poésie de façade et baignant dans un ésotérisme niais. J’avoue que je croyais fermement que le récit des aventures de Corto était totalement dépassé par toutes les productions actuelles. Certaines critiques très cinglantes de ce site avaient totalement achevé de me convaincre. Et pourtant…



Comme il ne me restait plus grand chose à lire et à emprunter à mes bibliothèques, je me suis dit qu’il fallait quand même que je prenne mon courage à deux mains. Corto déchaîne les passions. C’est un fait. Après ; il faut se faire soi-même son idée. Je découvre un héros mythique pas du tout stéréotypé comme je me l’imaginais. Dans « la ballade de la mer salée », il n’est pas montré à son avantage ce qui rend le personnage intéressant. En effet, il écume les mers du Sud au profit des forces navales allemandes qui préparent la guerre en 1913.



On fait la connaissance de méchants plutôt charismatiques et qui ont une logique de raisonnement. Ils peuvent même paraître attachants par moment. Les liens qu’entretiennent les personnages entre eux sont souvent complexes. Cela ajoute au fait que cela rend cette série passionnante à souhait. Les aventures nous entraînent dans tous les coins du monde. Il y a toujours un contexte historique et on prend plaisir à découvrir les modes de vie des différentes peuplades sans être abasourdi par des explications trop détaillées.



Nous avons une œuvre intelligente et mâture compte tenu de l’époque de publication. La violence cruelle est présente ce qui tranche totalement avec une série naïve comme Tintin par exemple. Je regrette maintenant d’avoir découvert aussi tard les aventures de Corto. C’est incroyable comme cela peut nous faire rêver. Je dois bien avouer que je serai passé à côté d’un véritable monument de la bande dessinée.



Même les versions colorisées ne me font pas horreur, au contraire. Je ne trouve pas le dessin brouillon comme certains lecteurs ont pu le considérer. J’ai vu bien pire avec le style minimaliste qui s’est imposé sur la bande dessinée ces dernières années. Graphiquement, c’est même beau.



Au final, je vais rejoindre ceux qui pensent que Corto aura influencé incontestablement la bd moderne et qu’il restera toujours un personnage mythique. Son créateur aujourd’hui malheureusement décédé a d’ailleurs adopté une position inverse d’Hergé car il souhaite que Corto vive toujours même sous la plume d’autres auteurs. On attend la suite avec impatience.
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Corto Maltese, tome 11 : Les helvétiques

Corto Maltese Les Helvétiques... Ou l'histoire d'un marin perdu en Suisse... et puis ailleurs aussi...



Alors bon je ne vais pas ni présenter Corto, ni présenter Hugo Pratt, je crois que de nos jours tout le monde connaît, pour une raison ou pour une autre, même de loin... Enfin j'espère. Vu que quand même ils sont devenus des références dans le monde de la bd ( qu'on aime ou pas d'ailleurs, là chacun fait comme y veut)..



Perso j'aime, et cet album est un de mes préféré, sans doute... Et ce n'est pas par celui-là que j'ai rencontré Corto ( souvent quand on aime vraiment, c'est coup de foudre avec le premier.. là non pour plein de raisons, et la première celle de l'âge.. genre découvrir la ballade la mer salée à 8 ans, j'aimais bien mais je comprenais pas tout...)



Avec les Helvétiques, j'étais grande ado, et comme beaucoup d'ados, j'étais romantique, me croyais un brin sorcière ( une optique de carrière qui ne me déplaisait pas..) et je me retrouve avec cette histoire entre les mains.

Une histoire à la lisière, comme souvent avec Corto, une histoire d'ailleurs, mais là est le sujet premier...



La lisière du monde du rêve et de la réalité. Ou quand les êtres de l'ailleurs et de l'autre côté viennent nous faire des révélations dans les songes..

Une histoire pleine de symboles, pleine d'idées, pleine de danses et pleine d'humour.. d'amour aussi. Même si l'amour et Corto c'est un peu compliqué... vu que pour moi il est la représentation de l'amoureux contrarié. Il le dit lui même ( je ne sais plus si c'est dans ce tome là) "Je suis amoureux de l'amour".. l'idée de l'amour, l'idée du début de l'amour... il est comme Agripine au final, ou comme tous les ados romantiques..



Dans les Helvétiques, il est question de pureté, de quête du Grall, de fleur alchimique, de passages et peut-importe où il nous mènent...

C'est un album tendre, tendre comme les couleurs de l'aquarelle, de la Suisse, et de l'amitié.. on retrouve Steiner, le savant alcoolique qui se perdait à Paramaribo à la pension de madame Java...

Il question aussi de ce que l'on traîne, de ce côté sombre qui est en chacun de nous, et qui va peut-être nous empêcher d'arriver à la fin de la quête, et au final quelle qu'elle soit...

Corto n'a pas peur, il n'a peur de rien, il ne juge jamais ( non aucun souvenir de jugement de la part de Corto dans ses albums).. il fait avec, ou ne fait pas, il passe.. Et puis c'est un pirate, il ne faut pas l'oublier.

Et là le pirate des mers salées, des trains russes, des guerres turques, et des recherches de trésors... se perd en Suisse et se retrouve confronté à lui même en rêve, à ses choix, à ses désirs, à son passé... il ne lutte pas, il regarde tout cela avec un regard détaché, amusé....

Après tout ce n'est qu'un rêve.. Non?...

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Corto Maltese, tome 9 : La jeunesse

Hugo Pratt nous raconte la rencontre de Corto Maltese, étonnamment absent dans cet album avec Jack London et Raspoutine. Au milieu du conflit russo-japonais en 1904 en Mandchourie, les caractères des jeunes protagonistes sont déjà bien affirmés.
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Corto Maltese, tome 11 : Les helvétiques

Tout d'abord, précisons que j'ai lu une version couleur. Etant fan de Corto en noir et blanc, cela ne m'a pas gêné, en fait. C'est la Suisse, les jaunes dominent, avec les vert prairie, les ocres... C'est paisible... dans le visuel.



Les Helvétiques, c'est un tome intérieur, ésotérique, bourré de symboles et de références. Pratt alternait souvent les tomes. Il ne mélangeait pas les scènes action/réflexion au sein d'un même tome. Il consacrait plutôt un tome à 100% l'aventure ou 100% à l'ésotérisme (une exception, d'après mes souvenirs est le tome consacré à Venise).



Corto accompagne un vieil ami, Steiner, versé dans l'alchimie et la kabbale, en Suisse pour un congrès à Sion. Ils font un détour chez Herman Hesse. C'est là que Corto fait un rêve largement empreint d'éléments issus de la réalité. Il va plonger dans une quête existentielle où il boira à la fontaine de jouvence dans le Saint Graal... II sera ensuite jugé par un tribunal composé de tortionnaires et autres visionnaires, parmi lesquels on a Gilles de Rais ou Jeanne d'Arc... mais aussi l'inévitable Raspoutine, son meilleur ennemi juré.



Les tomes ésotériques sont souvent un peu longuets, inégaux et forcément lassants... Ici, ce n'est pas le cas, il y a une tension, un sens du récit, un fil rouge qui attire le lecteur et le captive. Evidemment la présence de Raspoutine y est pour quelque chose. Ainsi que la très bonne introduction, très éclairée, illustrée de magnifiques photos du Valais. Signée d'un certain Steiner, elle permet une meilleure compréhension du tome. Un bon Corto.
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Corto Maltese, tome 13 : Sous le soleil de ..

Je suis fan de BD mais je ne connais pas bien ni l’œuvre d’Hugo Pratt ni celle de son héros Corto Maltese. J’ai acheté ce dernier opus justement parce qu’il constitue la reprise, vingt années après, d’un mythe : celui du marin nonchalant adepte de l’ « understatement », à l’aise partout – et surtout là où ça châtaigne – et, finalement, nulle part. Ses vraies attaches sont auprès de ses acolytes, même les plus insupportables comme Raspoutine, de ses amis écrivains, au gré de ses rencontres. Et la résurrection des personnages de bande dessinée m’intéresse, à la fois pour son côté « tiroir-caisse » mais aussi son aspect très souvent « casse-gueule ».



Ce 13ème épisode nous ramène à l’année 1915. Tandis que l’Europe s’écharpe, Corto se retrouve dans le pays de Croc-Blanc, inspiré par son ami Jack London, parcourant les neiges de l’Alaska parmi les Irlandais et les Inuits, à la poursuite d’un trésor dont, finalement, il refusera le bénéfice. Une façon de remplir une zone géographique jusqu’ici non « couverte » par l’activité aussi violente que détachée du marin né à Malte d’une maman cartomancienne – juste évoquée ici - qui arbore la même élégante silhouette ciselée d’ombres tranchées, de pays en pays et d’année en année.



Je ne prétends pas juger de la fidélité de cet opus à la tradition prattienne, car je l’ai lu comme si c’était ma première fois. En réalité, j'avais seulement apprécié, et il y a trop longtemps, « La maison dorée de Samarkand », dont je gardais le souvenir très vif du personnage d’Enver Pacha. Dans cette histoire-ci, découpée en courtes scènes un rien abruptes, je trouve le graphisme plutôt réussi, le scénario hardi, les protagonistes foisonnants, les répliques bien senties.



En revanche, je n’apprécie pas trop la dégoulinade de bons sentiments si peu en accord avec l’esprit qui régnait à cette époque, même si le personnage de l’Esquimau lecteur assidu de Robespierre m’a bien amusée.



Bref, un bilan plutôt favorable pour ce travail d’interprétation fidèle aux codes du genre. Et qui me donne l'envie de décliner un de ces jours les albums authentiques.


Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Corto Maltese, tome 8 : La Maison dorée de Sa..

Ma première – et pour l’instant la seule – incursion dans le monde d’Hugo Pratt. Une histoire à tiroirs, qui ne sont que des prétextes, mais surtout un graphisme inimitable. Corto Maltese est vraiment un héros déconcertant. Pas vraiment à côté de ses pompes, mais pas tout à fait d’équerre non plus. Mais beau et calme, et surtout très malin.

Dans cet épisode, paru en Italie en 1980, Corto part à la recherche d’un manuscrit devant lui permettre de retrouver le trésor de Cyrus volé par Alexandre le Grand et caché quelque part dans les environs immédiats de la Maison dorée de Samarkand, qui n’est autre qu’une abominable prison. Une intrigue des plus classiques. Mais rien n’est simple : nous sommes en 1922 et se rendre de Rhodes, où débute la quête, jusqu’aux frontières de l’Afghanistan et de la Bactriane n’est pas simple. C’est encore la guerre entre Russes, Turcs, Khurdes, Arméniens, Bolcheviks, et chez les Turcs, on suit le destin d’Enver pacha, général qui fut l’ami de Mustapha Kemal puis le trahit, avec pour objectif la création d’une entité pan-turque, de l’Anatolie à la Chine.

Tout le monde tue, tout le monde trahit, chacun est l’ennemi. Rien de très nouveau en cette année 2011, dans cette région confuse. Pour rendre le propos plus piquant, Corto découvre qu’il a un sosie presque parfait en la personne d’un général turc pas très clean, Chevket Bey. Et Corto est persuadé que rencontrer son double est mortel, ainsi que le lui a prédit sa mère. C’est sans compter sur l’incroyable roublardise et cruauté de son ami Raspoutine, prisonnier à la Maison Dorée et qu’il veut délivrer.

Rêves éveillés, délire de narghilés, combats de soudards, crépitement des mitraillettes, uniformes rutilants maculés de boue, tronches de soldatesque aux yeux injectés de sang, neige au mois d’août… Les contrastes et l’utilisation du noir par grands à-plats est démoniaque. Chaque case est en soi un tableau plein de fureur. Cette édition donne aussi quelques hors-textes et aquarelles très belles, d’un trait rageur et précis, une œuvre en soi.

Je n’ai pas lu d’autres aventures de Corto Maltese, mais j’y songe ….


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Corto Maltese, tome 5 : Les Ethiopiques

Ainsi que l’explique Didier Platteau dans son introduction à la BD, Les éthiopiques retracent la rencontre de Corto avec Cush, ce guerrier couchite dévoué à la cause du Mullah dans la Corne d’Afrique. Nous sommes entre 1916 et 1918 : alors que les puissances coloniales italienne, française, britannique et allemande occupent la Corne de l’Afrique, Corto Maltese débarque au Yémen, traverse la Somalie et l’Ethiopie pour finir sa course en Afrique orientale allemande (actuelle Tanzanie). Parti sur les traces d’Arthur Rimbaud qui a abandonné la poésie pour se convertir dans le trafic d’armes, notre héros fera la rencontre de personnages aux cultures diverses dont il deviendra un ami...



De tous les périples de Corto Maltese que j’ai lu, celui-ci a une résonnance particulière : ayant voyagé dans la Corne d’Afrique, j’ai tout comme Hugo Pratt et Corto Maltese, marché dans les pas de Rimbaud, notamment au Yémen à Aden où la légende voudrait qu’il ait fait du commerce de café dans l’un des hôtels aujourd’hui miteux de la ville. Les bergers, nomades ou chefs de tribus rencontrés lors de ces voyages m’ont toujours évoqué Les éthiopiques et c’est avec d’autant plus d’enthousiasme que je redécouvre Hugo Pratt au travers de cette oeuvre.
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Corto Maltese, tome 1 : La Ballade de la me..

LE Pratt. Le dessin n'est pas encore très assuré (ou parfois bâclé?) mais l'ambiance est là, l'histoire longue (172 pages) originale, captivante, dépaysante, romantique...

Du tout bon et a longtemps été dans mon top 5.
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Corto Maltese, tome 1 : La Ballade de la me..

Deux adolescents perdus en mer du sud sont recueillis par un pirate antipathique. Un autre, sympathique, erre sur l'océan, fiché sur des bouts de bois comme sur un rouet... Tous ces personnages et bien d'autres apparus ici, sont différents mais aucun n'est étranger à la vie ou au destin de l'autre. Leurs histoires vont se mêler et révéler des héros puissants et inspirants. La Ballade de la Mer Salée signe la naissance de Corto Maltese, qui est à la bande dessinée ce que Ulysse est au récit et la littérature. Hugo Pratt impose, comme sa signature inspirée de celle de son maître Milton Caniff, sa patte au scénario et une certaine vision de la vie. Tout à la fois absolue et dérisoire. Corto, pirate sympathique, est un rebelle qui comprend tout, ou pour le moins l'essentiel, du monde qui l'entoure. Celui, officiel, des puissants qui se font la guerre - celle de 14-18 qui démarre dans cet album - et celui, moins officiel ou plus intime, des luttes cachées et des émois secrets. Le dessin peut ne pas être toujours parfait, rien ne dépasse ces cases où on peut plonger des heures et ce temps si différent que le récit nous impose. Unique et absolu.
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