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Critiques de Isabelle Autissier (580)
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Seule la mer s'en souviendra

Peter March, ingénieur en petite électronique de marine, n’a qu’un rêve : faire de sa vie un exploit. C’est pour cela qu’il s’inscrit à la course en solitaire autour du monde et sans escale, organisée par le Sunday Times. Marin, il l’est mais navigateur solitaire et affronter les océans du monde sont d’autres défis auxquels il devra faire face...







Nous, lecteurs, confortablement installés dans notre fauteuil préféré, suivrons jour après jour, et pendant environ huit mois (d’octobre 1968 à juin 1969), le parcours de ce navigateur solitaire face aux éléments et à lui-même. Pour cela, deux narrations nous seront nécessaires, d’abord celle du journal de bord de Peter March relatant ses états d’âme et ceux de son trimaran et celle de sa fille, Eva, à travers son journal personnel. Deux versions pour une même traversée. Deux versions pour comprendre ce qui a poussé Peter March à enfreindre une loi : tricher sur ses positions.







Un très bon roman d’Isabelle Autissier, que j’ai eu plaisir à suivre à nouveau, bâti à partir d’une histoire vraie, celle de Donald Crowhurst.



Une histoire pour comprendre la complexité d’un individu et la part de rêve qui sommeille en chacun de nous.


Lien : http://mespetitesboites.net
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Oublier Klara

Les oiseaux de Mourmansk



Isabelle Autissier construit, roman après roman, une œuvre forte et attachante. Après «Soudain, seuls» voici l’enquête menée à Mourmansk par Iouri, de retour en Russie après 23 ans pour tenter de retrouver sa mère Klara.



On avait quitté Isabelle Autissier avec «Soudain, seuls», ce combat glaçant et émouvant pour la survie mené par Louise et Ludovic, échoués sur l’île australe de Stromness. Un excellent roman – dont on se réjouit de voir l’adaptation cinématographique – comme l’est ce nouvel opus qui nous mène cette fois à Mourmansk. C’est là, au nord du cercle polaire arctique, que Iouri débarque un jour de 2017. Il a fait le voyage d’Ithaca, État de New York, «pour assister, vraisemblablement, à la mort de son père.» même s’il était parti 23 ans plus tôt, en se jurant de ne pas revenir et de couper les ponts avec ce père qui le maltraitait.

Sans doute pressent-il qu’en retrouvant la ville de son enfance, il pourrait faire ressurgir quelques souvenirs, reconstituer une partie du passé de sa famille et par conséquent le sien. Une intuition confirmée par Irina, sa belle-mère, qui l’accueille avec ces mots: «Heureusement que tu es là. J’ai prié pour cela. Tu dois le voir. Il faut qu’il te parle. Il a des choses à te dire. Vas-y vite avant…»

Arrivé à l’hôpital où son père est alité, il constate qu’il est déjà trop tard, avant de se rendre compte que Rubin respire encore, qu’il aimerait évoquer avec lui la vie de sa mère Klara.

S’il a tant à dire, c’est parce que jusqu’à présent le sujet était tabou, qu’il ne fallait même pas évoquer son nom, de peur de perdre une liberté déjà restreinte et de protéger la famille.

La construction du roman, qui visite tour à tour les trois générations, nous permet de comparer tout à la fois les régimes politiques, le poids de l’Histoire et les personnages de la famille: «une grand-mère énergique et sensible jusqu’à l’imprudence; un grand-père aimant, mais faible et veule; un père tenu de se battre dont la brutalité avait dévoré la vie; une mère inexistante qui s’était dévolue aux objets, puisque les êtres la décevaient. Et au final lui, Iouri, dont l’enfance avait été imprégnée de ces espoirs, de ces combats, de ces renoncements. Un destin identique à celui de millions de familles tourmentées par les soubresauts de l’Histoire, qui cachaient un cadavre dans le placard, croyant ainsi se faciliter la vie.»

Le cadavre en question, c’est la condamnation de Klara à 25 ans de camp pour espionnage et propagande contre le pouvoir soviétique. Avec Anton, elle était arrivée à Mourmansk avec leur bébé pour assurer la victoire du régime communiste en mettant leurs compétences de géologues au service de la recherche de minerai radioactif. «Ils bénéficiaient de bons de nourriture et surtout de charbon. Aussi, le soir, les visiteurs étaient nombreux, autant pour se tenir au chaud que pour profiter de l’ambiance. Car Rubin décrivait sa mère comme une optimiste invétérée, une femme énergique, aimant s’entourer, régner sur un aréopage d’amis.»

Un bonheur fugace pour le petit garçon qui se retrouve bientôt séparé de sa mère, en proie à un père de plus en plus irascible, de plus en plus violent et qui ne voit d’autre carrière pour son fils que la sienne, celle de marin-pêcheur.

Mais Iouri veut étudier, s’intéresse à l’ornithologie et surtout, sacrilège suprême aux yeux de son géniteur, éprouve une inclinaison très forte pour les hommes. Pour donner le change, il suivra le parcours traditionnel des pionniers, rencontrera Luka avec lequel il a ses premiers émois amoureux, et montera à bord du chalutier confié à son père en tant que mousse. Une expérience aussi traumatisante que formatrice et qui s’achèvera de façon dramatique.

Après la chute de l’URSS et le retour de prisonniers des camps, un nouvel espoir de revoir Klara naît.

Mais le nouveau régime charrie aussi avec lui lenteurs administratives et jugements arbitraires. Isabelle Autissier montre fort bien que la peur ne s’envole pas d’un jour à l’autre et que l’économie de marché provoque aussi de grands bouleversements, surtout dans ces régions reculées. Un roman fort, à hauteur d’hommes qui tisse des liens entre les générations et qui démontre combien il est difficile de s’évader, de vouloir fuir un destin ancré dans les gènes.




Lien : https://collectiondelivres.w..
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Soudain, seuls

Un beau récit d’aventure, plutôt de mésaventure. Histoire captivante pour ce couple qui échoue, durant 8 mois, sur une île australe. Livre en deux parties. La première est la difficulté de vivre en autarcie avec, pour obsession première, trouver à manger. La deuxième partie nous montre les médias, la foule. On y trouve comme thème la nature, la mer, la montagne, le sport, les animaux, l’écologie. J’ai un peu pensé au Mur invisible de Marlen Haushofer : comment ferions-nous pour survivre sans cette société de consommation qui nous rend dépendant ? Une réussite de la navigatrice pour ce Robinson Crusoé au féminin. Pour tout public.
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Soudain, seuls

En accostant sur l'île interdite de Stromness, témoin du massacre industriel des grands mamifères marins qui peuplent cette terre australe classée désormais réserve naturelle, Louise et Ludovic ne se doutaient pas qu'elle serait un lieu de rédemption.



Partis en voilier pour faire le tour du monde en rompant délibérement toute liaison technique avec l'extérieur, leur voyage amoureux vire au cauchemar.

Devant la force et la brutalité des évènements qui s'enchaînent très vite et demandent une décision rapide, la solidité du jeune couple est mise à rude épreuve ainsi que la confiance qu'ils ont l'un envers l'autre.

Leurs tempéraments opposés, rêveur et aventurier pour Ludovic, analytique et prudent pour Louise déjà aguerrie aux dures conditions de l'alpinisme, peuvent s'accomoder dans une société d'abondance. Mais sur cette île fouettée par les 50ièmes rugissants avec pour seuls habitants des familles d' otaries et de manchots, cette divergeance les met en péril, d'autant qu'ils ne possédent plus les codes pour s'adapter à un environnement sauvage.



Par un roman d'aventures extrêmes palpitant et bouleversant, la grande navigatrice Isabelle Autissier et Présidente WWF France engage une refléxion sur la capacité de l'espèce humaine à survivre dans un milieu naturel totalement deserté par la civilisation "plus que la solitude, c'est l'éloignement du monde civilisé qui les dévaste".



Là-bas et ici, les deux chapitres du livre sont non seulement la vision d'un monde sauvage et beau devenu terrifiant parce que inconnu mais aussi l'acceptation de notre part d'ombre qui commande l'instinct de survie.



Je remercie vivement Babelio et les éditions stock pour ce très beau moment de lecture dans le cadre de Masse Critique.



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Oublier Klara

Iouri est un russe exilé aux États-Unis. Il reçoit un message d'une voisine de son père lui disant que celui-ci est mourrant et qu'il voudrait lui parler. Iouri rentre donc à Mourmansk,sa ville natale , pour voir son père avec lequel il n'a pas gardé beaucoup de liens car c'était un père violent et peu aimant . Rubin, le père ,parle à Iouri de sa grand-mère Klara et lui demande de retrouver sa trace. Iouri est surpris car on lui avait dit qu'elle était morte jeune de la tuberculose. Klara et son mari étaient des géologues de renom ,klara était directrice de département. Une nuit des hommes de la police de Staline sont venus et l'ont arrêtée et on ne l'a jamais revue .Iouri va entreprendre des recherches pour essayer de trouver une trace de Klara.

L'auteure revient sur la jeunesse de Rubin puis de Iouri.Partant de rien avec une force de caractère extraordinaire ,Rubin a réussi à se faire une place en devenant patron d'un bateau de pêche.

Le recit s'oriente ensuite sur la vie de Klara et l'auteure fait la lumière sur ce qui s'est passé.

Un récit tres intéressant,extrêmement bien documenté sur les conditions de vie des pêcheurs ,on y découvre (même si on le savait déjà )la monstruosité du régime stalinien ,les déportations au goulag .la bureaucratie invraisemblable comme dans un roman de Kafka .

Ce roman comme les autres romans d'Isabelle Autissier que j'ai lu "seuls au monde ""l'amant de Patagonie "et "le naufrage de Venise "m'a beaucoup plu .
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Soudain, seuls

Soudains , seuls d'Isabelle Autissier , lecture en audio guide , la lectrice est Elisabeth Ventura .

Avant de commencer cette lecture , je ne connaissais pas du tout Isabelle Autissier et sa passion pour la navigation .

Soudain , seuls , c'est l'histoire d'un naufrage catastrophique , sans aucune lueur d'espoir , c'est un endroit inhumain ou échoue le couple de Robinsons malgré eux .

Ils sont différents et leur différence va s'accentuer au fil des jours jusqu'au point de non retour .

C'est une lecture âpre , difficile , on perd espoir avec Louise et Ludovic dans cet environnement hostile .

Ça avait pourtant bien commencé , au début j'ai été enchantée par ma lecture et puis ça a dérapé , trop sombre , trop pessimiste pour moi , alors que dire de la deuxième partie qui ne m'a vraiment pas plu .

Qu'est ce que l'auteur veut nous dire avec ses gros sabots ?

Que les femmes sont plus résistantes ?

Heureusement la voix de la lectrice de ce roman m'a beaucoup plu , c'est grâce à elle que j'ai terminé ma lecture , j'ai adoré sa voix nuancée qui a un peu réchauffé l'atmosphère.

Beaucoup de critiques très élogieuses , la mienne sera un peu dissonante malgré tout une lecture que je ne regrette pas , une lecture qui secoue ça fait du bien dans la vie d'une lectrice .

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Soudain, seuls

Quelle épopée pour ce jeune couple !

Partis faire un tour du monde en bateau, ils accostent dans une ancienne base baleinière interdite d'accès.

Le lendemain matin, la baie est vide, le bateau a disparu.

S'ensuivent huit mois de survie.

C'est haletant, superbement exprimé.

Après des mois de courage et de désespoir, le retour à la civilisation n'est guère plus simple, avec la cohorte de journalistes et les remises en question personnelles.

Isabelle Autissier a réussi un livre puissant, impressionnant de réalisme.

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Oublier Klara

Lorsqu’il avait quitté la Russie en 1994, 23 ans auparavant, Iouri s’était juré que c’était pour toujours et le voilà, le nez collé au hublot regardant sa terre natale se rapprocher de plus en plus.

A 46 ans, Iouri a passé la moitié de sa vie aux Etats Unis, il y a construit sa vie avec son compagnon et sa passion pour les oiseaux dont il a fait son métier.



Dès la sortie de l’aéroport, il se sent agressé par les pubs pour I phones, les magasins regorgeant d’articles de mode aux tons flashy.

« Il avait laissé l’URSS en noir et blanc, la Russie était passée à la couleur ».



Une fois quitté le centre-ville, il retrouve son quartier inchangé, sinistre avec ses barres de béton hautes de dix étages, aux façades plus lépreuses que jamais.



C’est à la demande de son père mourant que Iouri a fait ce voyage.

Le vieil homme sur son lit d’hôpital, lui raconte la nuit où la police stalinienne a arrêté Klara, sa mère, alors qu’il n’était qu’un enfant, le laissant seul avec Anton, qui l’a élevé tant bien que mal sans chercher à comprendre.



Iouri se livre à une enquête minutieuse et avec tout son talent Isabelle Autissier nous plonge dans une histoire familiale qui se mêle à la grande histoire de l’Union Soviétique aux heures les plus sombres.

Elle fait alterner les voix de chacun de ses personnages sans jamais lasser ni perdre le lecteur.



« Oublier Klara » est l’histoire d’une femme mais surtout l’histoire de trois hommes ballottés par des évènements qui les dépassent dans un pays où il est préférable de se taire.



Avec ce nouveau roman, Isabelle Autissier confirme son talent d’écrivaine. Elle décrit magnifiquement les paysages hostiles mais néanmoins sublimes et nous montre tout un peuple meurtri par une époque douloureuse.



Merci à NetGalley et aux Editions Stock

#OublierKlara #NetGalleyFrance





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Soudain, seuls

Mettre les voiles avec Isabelle Autissier c'est toujours l'assurance de faire un beau voyage. Et, une fois de plus, j'ai embarqué ...

Une île déserte, deux Robinsons : j'avoue m'être demandé au début, comment elle parviendrait à tenir le lecteur en haleine tout au long du récit , même si la Patagonie a encore un parfum d'exotisme et d'aventure.

Car , une fois passés en revue les moyens de survie, il arrive un moment où le quotidien va tomber dans la routine , où on risque d'être noyés dans des descriptions ennuyeuses de tâches répétitives alternant avec des bulletins météo ! non ?



Mais, c'était mal connaître notre navigatrice !

Une trame habilement construite offre un récit pigmenté des rebondissements inattendus .



C'est aussi le prétexte pour sensibiliser le lecteur à la cause environnementale . Pour dénoncer certains comportements irresponsables, piétinant la protection établie après bien des luttes pour satisfaire leurs désirs très personnels.

Un thème cher au coeur d'Isabelle Autissier qui n'a de cesse de dénoncer les dégâts subits par le milieu marin.

C'est donc aussi un livre militant censé susciter une certaine forme d'introspection .

Comment voyager "intelligent" semble t-elle nous susurrer ?



Et, voilà comment Madame Autissier nous propose encore un bon bouquin !

Un texte riche, qui va au-delà des mots, subtile , émaillé de poésie et de sensibilité.

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Oublier Klara

Isabelle Autissier est une femme accomplie.

Outre ses exploits de navigatrice, ses recherches, ses multiples activités, elle se révèle être un très bon écrivain.

Elle nous offre avec « Oublier Klara » une plongée dans l’enfer du stanilisme et du goulag.

Elle a l’art du récit bien mené, de la construction, de l’intrigue qui vous tient.

L’art de nous plonger dans un pan de l’histoire soviétique que l’on suit avec passion.

Ses recherches sont poussées, sont tout sauf rébarbatives, et mêlées à une histoire de famille captivante.

L’art aussi de nous emmener dans d’autres paysages.



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Soudain, seuls

Soudain, seuls.

Soudain renvoyés à eux-mêmes.

Le contexte de ce roman est extrême : un couple isolé sur une île au bout de monde, sans possibilité de s'échapper ni de signaler sa présence.

Mais la question est : Dans la difficulté, qui sommes-nous vraiment ? Une fois que cela nous a sauté aux yeux avec une violence telle que l'on ne peut plus en faire abstraction, que fait-on de cette connaissance difficile. Comment survit un individu face à lui-même et comment survit du coup, un couple face à cette découverte ?

On suit cet homme et cette femme, dans leur détresse, dans la honte d'être seulement eux-mêmes, de ne pouvoir se conduire en héros, d'être juste un homme et une femme, la peur au ventre, l'instinct de survie débordant sur tout le reste.

Comment rejoint-on le monde normal après ça, comment vit-on avec cette part d'ombre qui l'on ne peut plus nier ?



Un livre tellement puissant que j'en ai rêvé la nuit.

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Soudain, seuls

Attention, cette lecture est déconseillée si 1) vous envisagez prochainement de larguer les amarres histoire de respirer, de retrouver la vraie nature, etc (vous voyez très bien de quoi je parle), 2) vous pensez qu'un couple uni vient à bout de tous les problèmes, il suffit de le vouloir 3) vous croyez dur comme fer que c'est l'amour qui compte, quoi qu'il arrive. Réfléchissez bien. Parce que si vous ouvrez ce livre, vos envies et vos certitudes vont en prendre un coup.



Prenons un couple, donc. Louise et Ludovic s'aiment, leurs différences se complètent de façon presque idéales. Lui, grand, charmeur, rêveur, aventurier, un job dans la communication et des envies d'ailleurs. Elle, petite souris aux muscles fins sculptés par l'escalade, sa passion dont on ne fait pas un métier (dixit les parents), sérieuse, un job tranquille dans le service public, heureuse de retrouver son foyer et les bras de son Ludovic chaque soir. C'est lui qui lance l'idée, la relance, la fait vivre jusqu'à ce que Louise accepte plus par peur de le perdre que par réelle envie. Va pour une année sabbatique, loin de la civilisation à en profiter par tous les sens. Ce sera un bateau, la mer, la découverte de terres peu explorées. C'est encore Ludovic qui a l'idée d'accoster sur cette île de l'hémisphère sud, Stromness, entre la Patagonie et le cap Horn. Une ancienne base baleinière désormais protégée et interdite au tourisme dont quelques missions scientifiques sont encore les seules et rares hôtes. Interdit n'est pas français, n'est ce pas. Qui le saura ? C'est l'affaire de quelques heures, une jolie randonnée avant de reprendre la mer. Sauf que les éléments en décident autrement (on y réfléchira à deux fois, après, à défier la nature, hein.). Louise et Ludovic se retrouvent coincés sur l'île, leur bateau disparu, sans vivres, sans autres vêtements que ceux qu'ils portent et avec pour seule compagnie des milliers de manchots, des otaries, des éléphants de mer et des rats. S'abriter et se nourrir deviennent leurs préoccupations principales. Les réflexes de survie prennent le pas sur les modes de vie adoptés pendant des années... Sans espoir de secours rapide, ils sont tout simplement livrés à eux-mêmes.



On ne va pas trop en raconter car le récit est passionnant à suivre, bien mené par l'auteure qui connaît bien la nature (et sait très bien en parler) sous ces latitudes où elle s'est souvent frottée aux éléments lors de sa carrière de navigatrice. Elle transforme la tranquille aventure imaginée par ce couple bobo en un véritable cauchemar où l'être humain est ramené à ses instincts primaires et où seules les espèces sachant le mieux s'adapter peuvent survivre. Peut-on demeurer un couple dans ce cas ? Que reste t-il du couple et de chaque individu hors du carcan social qui les cimente ? Faut-il miser sur l'entraide ou écouter la petite voix qui incite à se débarrasser du plus faible ? Ce sont toutes ces questions qui permettent à Isabelle Autissier de livrer un texte plus complexe qu'un simple roman d'aventure et notamment une subtile analyse de la psychologie du couple. Un intérêt relancé dans une seconde partie qui confronte cette aventure à la vision qu'en ont les gens de l'extérieur. Édifiante.



Allez, lancez-vous mais sachez que ce livre peut changer la perception que vous avez de votre conjoint et sur les aventures que vous avez envie de partager avec lui. Bon voyage...
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Passer par le Nord : la nouvelle route mari..

Hommage aux marins, explorateurs, aventuriers découvreurs de nouvelles terres...

Hommage à tous les peuples qui ont su s'adapter aux contraintes du milieu arctique et polaire.

Dès les premières pages, l'embarquement vers la nouvelle route maritime du Nord et ses nombreux passages est immédiat: d'abord son histoire, sa géographie mais aussi ses enjeux, économiques, géopolitiques et environnementaux...

Un dessous des cartes de l'Arctique et de ses pays riverains (Russie, Finlande, Suède, Norvège, Danemark, Islande, Canada, Etats-Unis) nous est dessiné.

Un dessous des cartes où de nos jours les protagonistes sont en Mer de Barents la Norvège et la Russie, et en Mer de Bering, les Etats-Unis et bien sûr encore les Russes..

Une alerte sur les risques de déséquilibres écologiques de ces écosystèmes fragiles multipliés par les effets papillons: menaces du réchauffement climatique, de l'exploitation pétrolière, gazière et halieutique...

Le message des auteurs: "Nous sommes tous des "Artics users", des utilisateurs de l'Arctique, et aussi ses protecteurs ou ses destructeurs du seul fait de nôtre rôle dans le réchauffement climatique".

Une leçon sur le monde arctique à méditer, une mine de connaissances sur ses spécificités permettant une meilleure compréhension des économies des pays nordiques.

Un plaidoyer pour s'engager.
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L'amant de Patagonie

Roman historique, d'aventure, d'amour, ce livre nous entraîne en Patagonie avec comme personnage principal Emily. Jeune fille orpheline envoyée en Amérique du Sud, sur une terre hostile qu'elle ne connaît pas. Elle va seconder la famille nombreuse d'un pasteur.

Dans cette contrée sauvage, elle fera la connaissance d'Aneki et du peuple indien. Elle tombera amoureuse de leur culture et du jeune indien. Rattrapée par la réalité, son rêve de liberté, de vie sauvage, va se heurter à un choc culturel, avec d'un côté un peuple blanc colonisateur et de l'autre les indiens avec leurs modes vie traditionnelles spécifiques.



Isabelle Autissier nous transporte littéralement en Patagonie à travers le personnage d'Emily dans lequel on peut facilement s'identifier. Jeune fille un peu sauvage qui aime et veut défendre la nature et ses convictions quitte à s'opposer au reste d'un peuple blanc conservateur et borné.

Elle est l'une de seules à s'intéresser à la culture indienne, à son fonctionnement. Elle apprend leur langue, s'intègre peu à peu à eux. Elle s'improvise même enseignante en apprenant l'anglais aux plus petits.



Au delà, d'un livre d'amour, j'y ai surtout retenu l'histoire d'un peuple massacré par la volonté des blancs d'imposer leurs idées, leurs religions et leurs modes de vie alors qu'il ne souhaitait rien d'autre que de continuer à vivre comme il l'avait toujours fait en respectant la nature.

D'où pour moi, ce sentiment d'énervement, on ne peut pas imposer systématiquement nos volontés, chacun devrait pouvoir rester libre de choisir.



Excellente découverte!
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Soudain, seuls

Peut naître parfois d'une rencontre, l'étincelle.

Notre navigatrice commence ainsi son histoire. Les deux amoureux quitte le monde des massacreurs de rêves pour réaliser le leur. Épris de liberté, ils lâchent leur appartement et leur vie toute tracée pour des kilomètres de mer à la voile.

A chaque escales, ils savourent ces explorations nouvelles à découvrir. Leur voyage se termine sur une île peuplée de phoques et de manchots, une terre hostile qui ne leur fera pas de cadeaux. Un couple de Robinson des temps modernes qui n'échappera pas à la métamorphose des âmes perdues.

Isabelle Autissier ne ménage pas le suspens, et dépeint avec talent le côté trouble de ses personnages.



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Soudain, seuls

A priori, j'étais plutôt sceptique. Un livre d'une navigatrice, ça sentait un peu l'exploitation d'une notoriété. Et puis, j'ai lu de bonnes critiques, j'ai appris qu'elle était initialement agronome, mon premier métier aussi, j'ai voulu voir et je ne le regrette pas. Le style est clair et efficace, le suspense parfaitement maitrisé et surtout, le drame psychologique que vivent ces Robinsons est captivant et suscite la réflexion sur les limites de l'altruisme. Un livre bien fait, écrit simplement, passionnant à lire et suscitant la réflexion, que demander de plus.
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Soudain, seuls

Si vous avez envie d'une bonne claque, un grand bol d'embruns et une dose de frissons, jetez-vous vite sur ce magnifique roman d'Isabelle Autissier !

Deux trentenaires, Louise et Ludovic, décident d'abandonner leurs confortables vies parisiennes pour un tour du monde à la voile. Jusqu'ici rien de très extraordinaire, sauf que leur voyage les conduit non pas sur des plages paradisiaques mais dans sur les rivages désolés de la Terre de Feu et de l'Atlantique Sud, là où les tempêtes ne sont jamais loin. Et puis c'est le détour de trop et la conjonction des petits détails qui font les grandes catastrophes : une halte sur une petite île déserte normalement interdites aux navigateurs, une randonnée loin du bateau sans beaucoup d'équipement, la météo qui tourne vite, très vite, comme elle sait le faire dans ces régions et au matin, pffuit, plus rien, le bateau s'est envolé et les voilà coincés sur cette terre hostile.

On sent qu'Isabelle Autissier sait de quoi elle parle : en peu de mots et quelques descriptions précises, elle rend parfaitement l'ambiance de cette île de Patagonie, sauvage, hostile, abandonnée des hommes. On ressent le froid et l'isolement avec ce jeune couple et surtout la sidération qui est la leur au début. C'est un de grands points forts du roman pour moi : ce couple se retrouve d'un coup plongé dans une ambiance "naufragés sur une île déserte" qui pour eux (comme pour nous ! ) était jusqu'ici synonyme de romans d'aventures ou de film de fiction et qu'ils n'auraient jamais pensé vivre un jour. On frissonne et on tremble avec eux et on tourne les pages à toute allure en se disant que ce n'est pas possible, que l'auteur ne va pas oser, que tout va s'arranger... eh bien non !

Une fois passée la surprise initiale, il va bien falloir trouver des solutions et là aussi j'ai trouvé ce livre très réussi : tout sonne juste, l'auteur nous décrit parfaitement comment la survie s'organise quand on n'a plus le choix et qu'il faut faire beaucoup avec si peu de moyens. Je n'ai pas réussi à lâcher ce roman, j'étais littéralement happée dans ce récit, me demandant à chaque page comment tout cela allait pouvoir finir.

Et justement, la dernière partie du livre aborde encore une autre thématique : placé dans une situation extrême, comment va-t-on réagir ? Quelles facettes de notre caractère vont se révéler et comment affrontera-t-on l'adversité sans se décourager ? Et puis enfin, l'ultime question : et s'y on s'en sort, comment revient-on à une vie normale après une telle expérience ? Est-on le même ou définitivement changé ?

Je n'en dis pas plus... mais pour moi ce roman répond brillamment à toutes ces questions, réussissant à la fois à être un vrai plaisir de lecture au suspens éprouvé et une réflexion pertinente sur le couple et le sens de la vie.

Je n'avais encore rien lu de cette auteure mais je vais maintenant m'empresser de découvrir ses autres romans en espérant avoir d'aussi bonnes surprises.
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Soudain, seuls

Je souhaite remercier Milllie lectrice de Babelio qui a sélectionné ce roman dans ma PAL pour le Challenge Multi-défis. C'est un choix judicieux et je partage son enthousiasme pour "Soudain, seuls" d'Isabelle Autissier.

Pourtant c'est un roman assez effrayant puisqu'il s'agit du naufrage d'un jeune couple parti à l'aventure qui se retrouve en mode survie sur une île alors que personne n'est au courant et qu'ils n'ont aucun moyen de communiquer. C'est assez anxiogène car on peut s'identifier à Louise et Ludovic perdus au bout du monde et se demander comment cela peut arriver aujourd'hui. Et pourtant, l'histoire est crédible grâce à la précision des détails.

Ils sont jeunes et sportifs tous les deux mais leur condition physique ne va pas être suffisante pour ne pas souffrir de froid et de faim.

Ces Robinsons en milieu hostile vont devoir se nourrir de manchots ou d'otaries en les tuant avec ce qu'ils ont sous la main et la description est surprenante de réalisme.

Il faut dire qu'Isabelle Autissier a une grande connaissance des milieux naturels et une l'expérience de la mer et de la montagne. J'en profite pour rappeler qu'elle a été la première femme à avoir fait le tour du monde à la voile en solitaire.

Mais au-delà de l'organisation de leur survie, le jeune couple va vite se déchirer. Alors qu'ils s'adoraient, ils vont se détester en se renvoyant la faute de leur situation désespérée notamment quand ils aperçoivent un cargos au loin, ils ne réussiront pas à se mettre d'accord sur la façon de se signaler.

C'est donc un regard sur le couple que j'ai trouvé assez cruel mais l'intérêt du roman est l'analyse psychologique de ces deux êtres humains. Isabelle Autissier montre que l'instinct de survie est supérieur à tous les autres.

Et puis, il y a une fin à laquelle on ne s'attend pas.





Challenge Entre-deux 2023

Challenge Coeur d'artichaut 2023

Challenge Plumes féminines 2023

Challenge Multi-défis 2023

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Soudain, seuls

Livre audio, lu par Elisabeth Ventura - Durée 5 h 50



Je pense que les 4* sont en bonne partie dues à la lecture d'Elisabeth Ventura qui a su manier les pensées, les humeurs et les comportements du couple parce que je suis certaine que je me serais énervée à cause de leurs comportements irresponsables !!



Isabelle Autissier a mis en scène Ludovic et Louise qui décident de prendre une année sabbatique et partir en voilier faire le tour du Monde. Au sud de la Patagonie ils font escale sur une île déserte, protégée et interdite d'accès ! le temps tourne à la tempête et Ludovic, enfant gâté, et Louise, transparente n'osant s'affirmer n'embarquent pas immédiatement et ne sont ni équipés, ni préparés pour ne serait-ce que passer la nuit sur l'île !



Après la tempête il n'y a plus de voilier dans la baie ! Leur canot, même motorisé, ne leur permet pas de rallier un endroit habité, personne ne sait où ils sont et ils n'ont pas de balises de détresse ! Ils s'installent dans l'ancienne base baleinière et vont devoir faire ce qu'ils n'auraient jamais imaginer avoir à faire pour survivre.



J'ai envie d'appeler tout ce qui vient ensuite “une étude de caractères” car les actes et les réactions sont dépendants de la personnalité des deux individus mis en danger et devant un choix à faire à un moment ou à un autre : se sauver soi-même ou ne sauver personne !



Je trouve qu'Isabelle Autissier a réussi l'exercice malgré des personnages stéréotypés et falots mais qu'Elisabeth Ventura l'a magnifié avec sa lecture sensible et les musiques accompagnatrices. J'en recommande l'écoute plus que la lecture.



#Soudainseuls #NetGalleyFrance



Lecture THEMATIQUE juillet 2021 : En voyage !
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Oublier Klara

Quand le hasard s'en mêle! Une couverture qui invite au voyage et à la découverte , une réflexion : tiens Isabelle Autissier écrit ! parce que ce nom évoquait celui d'une très grand navigatrice, un tour du monde en solitaire ...

Et 300 pages plus tard une lectrice convaincue du talent d'auteur d'Isabelle Autissier.

Mourmansk. Iouri , ornithologue prestigieux , revient dans sa ville natale, son père mourant a demandé après lui. Iouri vit aux U.S.A depuis presque 30 ans, il a saisi l'occasion d'une bourse universitaire pour aller étudier aux U.S.A et y rester.

Revenir à Mourmansk c'est réveiller ses souvenirs, c'est remonter dans l'histoire de sa famille, des années 50 sous la férule stalinienne, faire renaitre les images des camps , des goulags et peut-être enfin découvrir l'indicible et lever l'interdit sur Klara la femme que les hommes en noir sont venus arrêter en pleine nuit, la femme que chacun, Anton,l'époux, Rubin ,son fils le père de Iouri ont voulu coûte que coûte oublier pour pouvoir continuer à vivre.

Roman sombre sur une période encore plus sombre de l'ex-U.R.S.S . L'écriture d'Isabelle Autissier de belle et "pudique" quand elle parle des hommes, devient somptueuse quand la nature l'interpelle et passionnée quand la mer occupe tout l'espace.

Un bien beau roman.
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