AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Isabelle Autissier (580)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Soudain, seuls

Louise et Ludo sont sur un bateau.

Personne ne tombe à l'eau mais ce qui capote en revanche, c'est putôt leur escapade improvisée sur une île déserte, perdue quelque part à l'est de la Patagonie (54°09′S/36°41′O, s'il y a des navigateurs parmi vous).



Partis pour un tour du monde en amoureux qui promettait d'être mémorable, les deux tourteraux parisiens décident en effet de braver l'interdit et de faire escale clandestinement sur ce bout de caillou protégé, abandonné des hommes et réinvestis par les bêtes. C'est le début des ennuis. Sévères, les ennuis.

Effroyables, même, puisqu'une tempête soudaine entraine leur bateau par le fond et contraint le jeune couple à chercher refuge dans les décombres d'une vieille station baleinière (c'est comme une station balnéaire mais en plus froid, sans les touristes, sans les transats et sans les cabines de plage).

Très vite ils doivent se rendre à l'évidence : personne ne viendra les sauver. Il faut s'organiser, chercher de la nourriture, se livrer à de sanglantes chasses au manchot (beurk), dépecer de l'otarie (re-beurk), s'accrocher fermement à la moindre lueur espoir, puiser dans les ultimes ressources physiques et mentales.



Si la thématique du naufragé solitaire et de la survie en conditions extrêmes n'est pas nouvelle en littérature, Isabelle Autissier y adjoint son expérience de navigatrice chevronnée, plusieurs fois revenue des cinquantièmes hurlants, et sa plume d'écrivain non moins talentueuse. Une double casquette pour un double plaisir de lecture, sans compter que cette robinsonnade antarctique présente l’originalité de livrer aux éléments déchainés non pas un, mais deux rescapés, un couple pareil à ceux sauvés du déluge.

C'est une chance, pensez-vous, que d'être accompagné dans l'épreuve par son conjoint ? Pas si sûr, si l'on en croit les dissensions qui bientôt se font jour entre Louise et Ludovic... Quand chaque décision implique l'autre tout autant que soi-même, quand il faut composer avec la personnalité de son coéquipier et essayer simultanément de dompter ses propres états d'âme, quand les avis divergent et que personne ne peut trancher, la complicité se fissure et le malheur va grandissant.

D'une écriture sûre, fluide et puissamment évocatrice, dans le cadre effrayant de cette terre désolée et de cette ville fantôme balayée par les vents, Isabelle Autissier nous propose une aventure hors du commun. Elle soumet ses personnages à des cas de conscience draconiens, les dépouille presque de leur humanité et tire au maximum sur leurs ressorts psychologiques sans jamais perdre en crédibilité ni verser dans le sensationnalisme ou le rocambolesque.



La première moitié du récit, sobrement intitulée LA-BAS (où tout est neuf et tout est sauvage, libre continent sans grillage, etc...) est particulièrement aboutie et nous offre, derrière le drame des deux naufragés, derrière le froid, la faim, le délabrement des corps et des esprits, de superbes descriptions et de majestueux panoramas. le lecteur attentif y trouvera aussi, en filigrane, une critique à peine voilée des infâmes chasses au phoque et à la baleine d'antan, et de toute l'industrie mortifère de surexploitation de l'environnement dont témoigne encore la base désaffectée, "vaste poubelle à ciel ouvert où seul le vent se charge d'effacer les traces pathétiques des hommes".



La deuxième moitié du livre, ICI, m'a un peu moins emballé. Elle tranche radicalement avec la dimension épique et le souffle glacial de la première partie. Curieux épilogue à mon goût.



Pas de quoi amoindrir, heureusement, l'émotion de cette lecture forte et tragique, ni l'intensité de cette "confrontation primitive avec la vie, celle qui pousse à agir au-delà de tout code et de toute règle, et même au-delà de ses propres sentiments".
Commenter  J’apprécie          202
Soudain, seuls

Captivant d'un bout à l'autre !

Ecrit simplement, avec une excellente réflexion sur la nature humaine.

Belle étude de deux caractères plongés dans le même milieu hostile, à chacun sa manière de s'en sortir...la survie ou la mort.
Commenter  J’apprécie          200
L'amant de Patagonie

J'ai été très étonnée de constater la différence de style entre L'Amant de Patagonie et Soudain, seuls que j'avais lu quelques semaines plus tôt.

J'avais apprécié l'intrigue du deuxième et la tension ressentie à la narration des conditions de survie des naufragés.

Mais la plume m'avait semblé un peu simple.

Par contre, dans L'Amant de Patagonie, Isabelle Autissier fait preuve d'une belle qualité d'écriture.

J'ignore si elle a navigué dans ces eaux de la Terre de Feu mais la manière dont elle en parle le laisse penser.



Elle nous conte là une histoire dramatique dans tous les sens du terme qui s'inscrit dans le triste tableau de la colonisation de ce qui devint l'Argentine.

Colonisation, avec son lot de mépris pour les peuplades autochtones et leurs coutumes.

Cette terrible arrogance des "gens bien pensant" envers des êtres aussi humains qu'eux et qu'ils considèrent pourtant comme des sauvages.



Agréable lecture !
Commenter  J’apprécie          205
Soudain, seuls

Louise et Ludovic ont décidé de faire un long voyage en bateau et d’explorer le monde pour échapper à Paris, à leurs vies trop bien réglées et pour tenter une belle aventure. Mais la malchance s’en mêle : alors qu’ils ont illégalement fait escale sur une île isolée et abandonnée, leur bateau disparaît. Sans moyens de communication, ils sont pris au piège. « S’ils ne retrouvent pas le bateau, cette île est une prison, une prison sans autre gardien que des milliers de kilomètres d’océan. » (p. 27) Les jours passent, puis les mois. Louise et Ludovic organisent une survie faite de privations et de renoncements. « Ils ne sont pas seulement abandonnés sans feu ni lieu, ils sont condamnés l’un à l’autre, l’un avec l’autre, ou l’un contre l’autre. Quel couple résisterait à ce genre d’enfermement ? » (p. 46) L’instinct primaire prend le dessus : il faut vivre encore un jour, un jour de plus et peut-être faire des choses qui sont impossibles à raconter. Parce qu’il faudra bien raconter quand le retour sera possible. Survivre, revenir, raconter, réapprendre à vivre : ce sont autant d’épreuves et d’aventures pour lesquelles Louise et Ludovic n’étaient pas prêts.



Alors que je suis une grande adepte des robinsonnades, je n’ai pas vraiment accroché à ce roman qui m’a semblé surtout triste. Il n’y a certes aucune grandeur dans le massacre de manchots ou d’otaries, mais ici l’instinct de vie n’est pas magnifié, ni vraiment célébré. J’ai eu le sentiment d’assister à un long naufrage. Le style de l’auteure est un peu trop simple pour moi et les personnages ne m’ont pas vraiment émue. Lecture sans enthousiasme et qui ne me laissera vraisemblablement pas un souvenir impérissable.

Commenter  J’apprécie          200
L'amant de Patagonie

Donc Isabelle Autissier n'est pas qu'une grande navigatrice en solitaire, c'est aussi un écrivain ! Jolie découverte pour moi !

Elle nous présente là un bon roman d'aventure qui dépayse bien, émouvant, bien écrit, distrayant ; je ne l'ai cependant pas sentie aussi à l'aise dans l'histoire d'amour qui m'est apparue parfois un peu mièvre que dans sa manière de conter la Patagonie, les us et coutumes de ses peuples .
Commenter  J’apprécie          192
Soudain, seuls

Soudain, voilà le mot essentiel. Se retrouver seul on connaissait, par exemple McCandless dans Into the wild mais ici il s'agit d'un couple, et c'est soudain !



Au départ on est dans un mélange de Vendredi ou les limbes du Pacifique et de KohLanta. Mais c'est moins bucolique, et surtout moins ludique. On est au sud de la Patagonie, quelque part entre Ushuaïa et le Cap Horn, dans les 50ème, dans le grand sud. L'environnement est hostile.



Et soudain on a plus rien : plus de moyen de locomotion, plus de confort, plus de communications, plus de nourriture, plus rien. Plus que ce couple parti à l'aventure et que personne ne peut localiser. Perdu dans un endroit où personne ne passe, loin des routes maritimes fréquentées.



Il leur reste l'amour et l'espoir dans les ruines d'une station baleinière désaffectée depuis les années '50.



Mais peu à peu l'espoir s'en va. Et l'amour peut-il être plus fort que le désespoir ? Car ici on est pas dans l'aventure solitaire, l'autre permet de tenir, mais il faut aussi, en permanence, supporter l'autre.



Isabelle Autissier ne se contente pas d'un roman d'aventure, c'est aussi une réflexion profonde sur l'amour, sur la survie, sur l'essentiel. Les personnages et les situations sont fouillés. Un vrai grand roman.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
Commenter  J’apprécie          190
Soudain, seuls

Je tiens à remercier Babelio et les Éditions Stock pour cette belle lecture.

Ludovic et Louise, couple trentenaire très amoureux, faisaient un long voyage en bateau et avaient décidé se s'arrêter sur une une île sauvage, perdue entre la Patagonie et le Cap Horn. Lors d'une tempête, ils ne peuvent rejoindre leur navire et décident de s'établir pour la nuit dans l'ancienne station balnéaire abandonnée. Au petit matin, le rêve tourne au cauchemar. Leur navire n'est plus là! Ils sont donc coincés sur cette île, avec peu de matériels, avec pour seule compagnie, les manchots, les phoques et les rats!

Après la survie, vient le retour à la civilisation! Un retour à son humanité. Il faut se confier aux journalistes, se préparer à être assailli de tout côté, affronter les difficultés du retour à la vie normale, affronter les proches et plus que tout, se confronter soi-même à ce qu'il s'est passé sur l'île.



Le style de l'auteure est agréable, il y a une certaine poésie dans les descriptions. Chaque mot est percutant. Le thème est dur, on ne peut s'empêcher d'être touché, d'être mal à l'aise. Il y a peu de dialogues mais ce n'est pas plus mal. J'ai vraiment eu un gros coup de cœur pour la plume de l'auteure.

J'ai apprécié les descriptions, les explications du site baleinier abandonné depuis le XIX siècle, site qui va devenir la "maison" du couple, ce qui donnait une petite touche historique (Âge d'Or de la chasse aux animaux marins, l'effondrement de cette industrie de masse).

J'ai trouvé que Louise et Ludovic se sont ressaisis un peu trop vite face à leur situation car dès le lendemain de leur perdition, ils se sont mis à l’œuvre pour tenter de survivre.

Ludovic est dynamique, il est le pilier de Louise, lui qui a complétement changé sa vie, l'entraînant dans ses lubies.

Louise est plus solitaire à la base, sa passion: l'escalade, l'alpinisme, elle a donc une petite expérience de la vie dure dans la nature, elle semble si fragile...

Mais cette mésaventure, qui durera 8 mois, les changera profondément, donnant une image totalement à l'opposé de ce qu'ils étaient avant.

Louise est clairement l'héroïne du roman. Elle n'abandonne pas même si elle aimerait, pour que tout s'arrête. Étrangement, on aurait pu penser que Louise souffrirait le plus, étant donné sa petite corpulence, mais c'est Ludovic qui a le plus pâti de la situation.

Le couple éclate, les émotions sont exacerbées (colère, peur...), puis se soude à nouveau, plus fort dans l'épreuve mais le fil peut se rompre à tout instant. La survie passe avant tout le reste. Leur humanité disparaît peu à peu, leur sociabilité s'effrite et les sentiments finissent pas s'estomper. Il faut se fixer un but pour ne pas se laisser aller au désespoir car la vie est extrême, très rude: le froid, l'hiver approchant, il faut tuer des animaux locaux (manchots, otarie...), il faut lutter contre les nuisibles (rats), vivre avec ses souvenirs de la vie passée, la solitude, les nerfs à vif, l'épuisement, les disputes, la faim, les maladies, la pêche, la construction de leur "nid" au sein de la station balnéaire, le dépérissement, l'affaiblissement et les tempêtes...



Ce livre est terriblement dur et prend aux tripes. Vivre seuls sur une île, c'est faire des choses qu'on n'aurait jamais imaginé faire en temps normal, des choses répugnantes parfois mais qu'il faut faire pour survivre. Et vous? Laisseriez-vous l'instinct de survie prendre le dessus sur votre humanité?
Commenter  J’apprécie          190
Soudain, seuls

J'ai commencé cette lecture, vierge de toutes critiques, avis, ... J'étais juste tombée sur Isabelle Autissier, un soir sur France 3 ou Arte, qui nous présentait son livre. Très discrète, humble même ...

Au départ, pas trop fan des récits "seuls au monde" et des marins qui se disent écrivain, elle avait réussi à me donner l'envie de me lancer dans l'aventure et bien m'en a pris !



Un roman assez court finalement, mais d'une force rare ...



Je ne vais pas revenir sur l'histoire "à la mode Robinson" (voir le quatrième de couverture). Elle est dure, physique, humaine, elle vous prend aux tripes ... Mais cette histoire en cache une autre. moins physique, plus cérébrale, émotionnelle mais tout aussi puissante, prenante et qui fait réfléchir sur soi-même.



Je ne vais pas vous "spoiler" votre bonheur de lire ce bouquin, mais sachez qu'à travers sa plume magnifique, on ressent la douleur, la joie, la solitude, l'amour ... La vie quoi !

Tous les mots, toutes les phrases sont d'une justesse absolue, même lorsqu'elle nous parle "paysage" ! Et dieu sait si je ne suis pas amatrice de descriptions "guide du routard et autres Lonely Planet" !



C'est un bouquin que je pourrai relire ... Pour bien assimiler tous ces sentiments, ces ressentis, ces émotions qu'Isabelle nous livre.



Une très belle découverte que l'écriture de cette navigatrice qui est en fait, bien plus que ça !








Lien : http://lesbl.blogspot.be/
Commenter  J’apprécie          182
Passer par le Nord : la nouvelle route mari..

La route maritime du Nord, celle qui permet de relier l'Atlantique au Pacifique en longeant les côtes de Sibérie dans l'Océan Arctique, éveille bien des convoitises. Elle permettrait de diminuer les durées d'acheminement des marchandises entre Europe et Asie et aussi de diminuer les coûts en énergie.

Cette zone arctique intéresse depuis longtemps la Russie:

Déjà le tsar Pierre le Grand avait envoyé l'explorateur Bering à l'assaut de cette zone. Son successeur, l'Impératrice Catherine avait quant à elle envoyé le baron von Wrangel qui donnera son nom à l'île de la Mer des Tchouktches.

De nos jours cette zone arctique intéresse en premier lieu les Russes mais aussi les Américains, les Canadiens, les Norvégiens.

Un Conseil de l'Arctique a été créé en 1996.

D'autres pays se sentent concernés, ainsi les Chinois aimeraient se fournir en gaz pour pouvoir être moins dépendants du charbon, hautement polluant.



Cette région est hautement stratégique en raison des réserves de gaz et de pétrole qu'elle contient. On estime que le quart des réserves mondiales de gaz se trouve dans cet eldorado septentrional.

Oui mais les contraintes climatiques et écologiques sont importantes.

Du fait du réchauffement du climat, les sols arctiques laissent suinter du méthane qui a un pouvoir en termes d'effet de serre de 23 fois supérieur à celui du CO2.

C'est la rapidité du réchauffement surtout qui pose problème, la banquise d'été disparaîtra vraisemblablement d'ici 2030, et les espèces animales n'ont pas le temps d'évoluer.

Erik Orsenna et Isabelle Autissier, après avoir exploré le Grand Sud et l'Antarctique en 2006, ont exploré cette zone arctique qui suscite tant de convoitises.

Leur livre est passionnant et nous permet de découvrir les tenants et les aboutissants de cette course à l'Arctique.

Nous découvrons aussi la faune, les types de bateaux qui circulent, les peuples autochtones.

C'est un travail remarquable à la fois travail d'écrivain et d'explorateur.

A trois reprises ils ont fait ce parcours pour mieux nous montrer que les enjeux importants vont passer par le pôle Nord.

Excellent ouvrage d'information et de géopolitique.
Commenter  J’apprécie          180
Kerguelen : Le voyageur du pays de l'ombre

À l'époque des grands explorateurs du XVIIIème, la majorité des terres du globes avaient été découvertes ou aperçues. Mais les géographes argumentaient que les terres émergées connues étant beaucoup plus importantes dans l'hémisphère nord que dans l'hémisphère sud, il y avait nécessairement un continent austral à découvrir dont la masse rétablirait l'équilibre des masses. Sinon, comment expliquer que la rotation de la planète n'en fut pas déséquilibrée ? C'est à la recherche d'un tel continent, et surtout, à la recherche de nouvelles souverainetés territoriales que les monarques, Anglais et Français surtout, dépêchèrent leurs explorateurs dans les mers australes des océans Indien et Pacifique. Kerguelen fut l'un d'entre eux.

C'est en approchant l'archipel qui porte aujourd'hui son nom, que ce noble breton crut avoir trouvé le fameux continent et un avenir rayonnant bien que ces rochers inhospitaliers lui inspirèrent toujours une terreur irraisonnée.



Ce roman est l'histoire de naufrages ; financier d'abord, si l'on regarde le coût prohibitif de la seconde expédition. Le naufrage d'espérances également, notamment celles d'étendre les possessions françaises sur le globe. Le naufrage d'une mission ensuite, en raison de mauvaises décisions prises, d'une météo défavorable et surtout un projet saboté dès son départ par les intrigues de cour de cet Ancien Régime crépusculaire. Enfin, naufrage d'un homme, raillé, mis à l'écart, qui laissa son nom à cet archipel battu par les vents et les flots, qui porte également le nom... d’Îles de la Désolation.
Commenter  J’apprécie          181
Salut au Grand Sud

Un voyage en Antarctique en 2006 .D’un côté, Erik Orsenna, passionné de voile mais surtout écrivain.De l’autre, Isabelle Autissier ,d’abord une navigatrice de niveau mondial , tour du monde en solitaire, ingénieur agronome,enseignante à l’ École Maritime,qui , au fil des années, deviendra aussi une excellente auteure. Lire Soudain seuls, vous comprendrez.

Ici, il s’agit d’un voyage de deux mois , en voilier, en compagnie de scientifiques en Antarctique. La partie navigation est intéressante la crainte des icebergs, les quarts de nuit, la mer agitée et incompréhensible, la peur de se retrouver bloqué pendant plusieurs mois ,comme tant d’autres, le retour sur les premiers explorateurs de la zone (Schakelton,Amundsen ,Weddell, Scott et d’autres) , l’ évocation du massacre des phoques, le problème de la survie même de ce continent hostile, tout cela se lit avec grand plaisir malgré le ton un peu pédant d’ Eric Orsenna

En 2019, notre perception à beaucoup changé.Nous croulons sous les informations sur le réchauffement climatique

Ce récit reste cependant agréable pour sa partie navigation et ses références historiques , plus pour les passionnés de là mer et d’ aventure que pour les écologistes à la recherche de données scientifiques récentes



Commenter  J’apprécie          170
Salut au Grand Sud

Voilà, je suis partie. J'ai attendu la fenêtre. Je suis passée. Voilà. Je n'en suis pas revenue.

« Salut au Grand Sud »… l'Antarctique. L'autre continent.

Nous sommes comme les icebergs, de la même eau. Accrochés, décrochés, dérivant, morcelés, partagés, voyageant, dérivant, déchirés, dansant, livrés , délivrés, fondant, renaissant.

Nous sommes de la même étoile.

Si l'Antarctique est peuplée de glace, taillée de mille dangers, elle est aussi pleine d'archipels.

Là où le tremblement des archipels d'Édouard Glissant rencontre l' « Iniji » d'Henri Michaux et « Mydriase » de le Clézio. A ces trois immenses plumes je dois de très beaux voyages.

A Isabelle Autissier et Erik Orsenna je dois ma première navigation en Antarctique.

Prendre cette route c'est changer de pôle, quitter sa branche , se mettre la tête à l'envers pour voir le monde au bon endroit.

Les mers australes sont dites inhospitalières, disons que c'est le seul endroit au monde où l'homme sait qu'il se doit de revêtir sa peau d'homme, où ce qu'il fera et dira ne supportera pas l'a peu près, l'arbitraire, là bas les mots responsabilité, humilité, force, intelligence, innocence, courage seront des seules armes. .

Des mots grands comme la grande voile : amitié, rêve, espoir, beauté.

A aucun moment au cours de cette lecture , le mot adversité n'est apparu.

L'antarctique n'est pas une ennemie, elle n'est pas à conquérir. L'Antarctique je la vois, je la perçois, je l'entends , la vis, et l'écris au féminin. Alors je comprends très aisément qu'Isabelle Autissier déploie avec tendresse et avec fierté l'elle de son navire : l'Ada.

Là bas une seule loi : passer le cap est une possibilité pas une victoire.

Il faut glisser vers le sud, passer la Terre de feu, jusqu'au bout de l'Argentine et puis tendre ses rêves, ses yeux vers les glaces. L'Antarctique est le seul continent qui ne fut jamais habité. Seules deux fleurs peuvent y pousser. Là bas les oiseaux ne sont pas de terre mais de mer. Grand comme 26 fois la France c'est une pays de montagne, de cratère, de lac. C'est le plus grand désert du monde. C'est une planète. « A ceux qui n'ont pas peur de la vie, il n'est pas de limites ». Voilà la coque des marins ! « à six nous partîmes, à six nous revînmes », voilà leur honneur.

Des personnages incroyables : Isabelle, Agnès, Erik, Joêl, Fabrice et Olivier.

Et Ada... , la magnifique et courageuse Ada.

Ada c'est bien plus qu'un bateau, c'est une odyssée !

Des noms beaux comme des gemmes, comme je les aime : le détroit de Drake, la cap Horn, la mer de Weddell, le soufflet de Neptune, l 'île Verne, l'île Hugo, la terre Adélie, lîle Levingston….

Charcot et son Pourquoi pas, Nordenskjöld et ses mains enflées par le froid.

Là bas c'est une histoire très ancienne.

Le premier craquement de l'oeuf monde.

Là bas le monde ne cesse jamais de casser sa coquille.

«  Quand notre planète n'était que enfant, il y a trois cents millions d'années, elle ne portait qu'un continent unique : La Pangée », depuis ce jours tous les rêves ont voyagé.

Beaucoup sont venus, certains avec le coeur en pavillon, d'autres, très nombreux massacreront phoques et baleines. Et puis le temps, les guerres, les coutumes des hommes quitteront le paysage, leur souvenir dévoré par les glace, recouverts par la lave sur l'île de la Déception.

Ce que fit l'humanité à l'Antarctique fut un massacre, un gâchis, une tragédie. L'Antarctique dernier continent découvert a subi mille barbaries.

Mais elle est là, présente, régnante, survivante.

Naviguer est une science, un savoir, c'est lire l'horizon comme s'écrit une légende.

C'est chercher un passage, un ancrage, c'est tenter de comprendre où se trouve le bon chemin, la bonne halte.

C'est l'Antarctique qui vous reçoit, vous n'y ferez jamais votre loi.

La glace sera bleue, blanche, couleurs de cendre, couleur rouge soleil. C'est un diamant, un joyau, L'Antarctique allumera devant vous ses feux. Feux de route, feux parfois de détresse lorsque que des chaloupes pleines de vieux touristes pleins aux as viennent débarquer leur cargaison comme on promène un stupide troupeau d'oie d'élevage.

Le courant circumpolaire… Je viens de réaliser que l'océan Atlantique, Pacifique, et l'Océan Indien mélangent leurs eaux autour de ce cercle austral. Ils tournent, se mélangent, forment un courant, glacial. Ils dansent autour d'une terre de glace et la protège.

Ce courant né de leurs amours est un des acteur majeur de notre climat. L'océan austral...

Il forme un « immense fleuve, le plus grand de la planète. Mille kilomètres de large, vingt quatre mille de long, charriant cent cinquante millions de tonnes d'eau à la seconde, cent cinquante fois plus puissant que tous les fleuves du monde réunis. Il luis faut trois ans pour faire le tour de la Terre ». Tout là-bas relève de l'espace, du cosmos. Les limites humaines sont emportées comme des fétus de paille.

Le 1er décembre 1959 à Washington, fut signé par douze pays, puis par trente trois autres , le traité de L'Antarctique.

Voici le préambule :

«  Les gouvernements de l'Argentine, de l'Australie, de la Belgique, du Chili, de la République Française, du Japon, de la Nouvelle-Zélande, de la Norvège, de l'Union Sud Africaine, de l'Union des républiques soviétiques, du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord, et des Etats Unis d'Amérique , reconnaissant qu'il est de l'intérêt de l'humanité toute entière que l'Antarctique soit à JAMAIS réservé aux seules activités pacifiques et ne devienne le théâtre ni l'enjeu de différends nationaux.. ». *

« C'est ainsi que le continent antarctique est devenu un royaume sans roi, une nation sans hymne et drapeau, une étendue sans frontières, le seul lieu du monde où personne ne peut vous demander vos pa piers.Une immensité, bien de l'humanité, consacrée à la Science et à la Paix ».

Le protocole de Madrid, de 1991, mené par Jacques-Yves Cousteau , ratifiera le fait que toute activité relative aux ressources minérales autre que la recherche scientifique est interdite. Cela jusqu'en 2041...N'oublions pas de nous réveiller à temps !

« Quatre mille mètres accumulés de glace permettent de remonter neuf cent mille ans en arrière. L'Antarctique est la lus grande bibliothèque du monde. Une prodigieuse mémoire. Elle retient 90 % des glaces du monde et 10 % de son eau douce. Même les noms sont notre mémoire. « On dirait les morceaux mélangés d'innombrables histoires, comme si le vent s'était engouffré dans la mémoire des explorateurs ou dans leurs bibliothèques et avait tout dispersé ».

Royaume de la Baleine à bosse et du krill, du plus grand au plus petit organisme, c'est un continent où l'homme n'est qu'un invité. A lui d'en respecter les usages.

Pays de glace, de nuit polaire, de demi jour, de jour sans nuit, de bleu étourdissant, de silence, de choc, de basculement, de chevauchement, de mouvement. Tout semble pourtant immobile Suspendu. Un espace bien plus qu'un continent. Un pays au choeur stellaire, où toute prière vient du ciel.Un paradis blanc en quête d'une étoile.

Ils n'atteindront pas l'Ile Marguerite. Ainsi en a décidé l'Antarctique. Mais ils ont atteint notre coeur.

Voilà le voyage accompli. « L'échec, crée le désir, le désir fou de revenir un jour ». Que serait un chemin sans désir ? ...une impasse.

L'Antarctique garde ses secrets, comme les navigateurs. Il est des lieux qu'on ne nomment pas, que l'on n'indique pas. On les garde. Les navigateurs savent raconter mais ne trahissent jamais.

C'est une loi de la Nature. La respecter, c'est tous nous protéger.

Merci à ces six exploratrices et explorateurs, merci d'avoir pris le temps de nous embraquer à bord de leur récit. D'avoir partagé leur heures de quart, leur heures d'éblouissement, d'émerveillement, leurs craintes, leurs heures d'espoir et cette seconde de renoncement dont nous soupesons toute la valeur.

Merci aux navigateurs qui gardent certains secrets.

Là bas le temps n'est pas le notre.

Là bas , un secret garde l'éternité.

Nous passons et l'Antarctique nous regarde.

En 1991, Isabelle Autissier devient la première femme à réaliser un tour du monde en solitaire en 139 jours et 4 heures.



Astrid Shriqui Garain
Commenter  J’apprécie          170
Oublier Klara

Qu'est-il arrivée à Klara, scientifique arrêtée par la police stalinienne ? C'est ce que Iouri, son petit-fils, va essayer de découvrir soixante-dix ans plus tard. Et cela va nous conduire à suivre l'histoire de cette famille dans l'URSS arbitraire de Staline et au-delà. Les difficiles conditions de vie des russes, les arrestations au petit matin, les pressions psychologiques, les dénonciations, les camps dans lesquels meurent les prisonniers, ... il y avait moins d'écart entre les comportement du moustachu de l'Est et de celui de l'Ouest que de différence de taille entre leurs moustaches.

Un beau roman montrant les diverses stratégies d'adaptation des hommes à leur environnement et leur résilience.
Commenter  J’apprécie          160
L'amant de Patagonie

Quand une ingénieure agronome devient navigatrice, première femme à faire le tour du monde en solitaire, puis Présidente de la branche française de WWF et qu’en parallèle elle écrit… On imagine parfaitement que son récit sera une ode à la nature sauvage et à la préservation de l’environnement.



Comme elle est magnifiquement décrite cette Patagonie, Terre de Feu, d’eau et de vent ! « Je ne saurais dire pourquoi la fascination que j’avais ressentie à mon arrivée me tient toujours. Il y a ici une puissance des éléments qui peut en affoler certains, mais se communique à d’autres, à ceux qui l’acceptent et l’accueillent ».



Au-delà des paysages, c’est également une plongée dans l’Histoire - de la fin du 19e siècle, début du 20e siècle - avec l’arrivée des premiers Européens dans le pays des Yamanas, des Onas et des Alakalufs.



On va suivre Emily, petite paysanne Écossaise orpheline, qui embarque pour un long voyage et devient « gouvernante » chez un pasteur dans une mission de Patagonie, avant de faire face aux difficultés d’une « Indienne blanche », trait d’union entre les anciens et nouveaux habitants de cette région. Quelle vie pleine de rebondissements pour cette femme tellement robuste dans les tempêtes de l’existence !



Emily rêve d’une société mélangée, partageant une double culture, mais est-ce possible ? La vie sédentaire des nouveaux arrivants peut-elle coexister avec le « règne de l’impermanence » des autochtones ? Les richesses et convoitises peuvent-elles permettre malgré tout au peuple de l’eau et de la forêt de vivre avec celui de l’acier ? Les croyances indiennes, sur Lejuwa-l’ibis qui peut déclencher une tempête de neige, Lufénia-la chouette, qui indique qu’il y aura de la viande pour le lendemain ou encore Hainola-l’orque qui règne sur la mer, sont-elles conciliables avec la notion de Dieu unique, la prière, le péché et la rédemption des chrétiens ?



Isabelle Autissier nous emmène dans des paysages grandioses, pour suivre une protagoniste à laquelle on ne peut que s’attacher, avec un goût d’aventure propre aux premiers pionniers et des questionnements sur la colonisation… L’amant de Patagonie est une romance magique, à découvrir !



Commenter  J’apprécie          166
Seule la mer s'en souviendra

Les Anciens affirmaient que le monde est peuplé de vivants, de morts et de marins. La navigatrice, Isabelle Autissier, en tant que marin, nous rapporte, dans Seule la mer s’en souviendra, l’histoire de l’un des siens, Peter March.



Les évènements se déroulent à la fin des années 60. Peter est ingénieur. C’est un homme toujours enjoué qui fait en permanence le pitre. Il vit dans le sud de l’Angleterre avec sa femme, sa fille aînée et deux garçons. Il travaille dans une entreprise fabricant des équipements électroniques pour les bateaux. Peter aime l’innovation et croit au dieu de la technologie. Alors quand il découvre que l’on peut s’inscrire librement à la première course au large, en solitaire et sans escale, il passe le pas, convaincu que ses capacités d’ingéniosité lui permettront de fabriquer un navire révolutionnaire qui lui permettra, peut-être pas d’arriver premier mais d’être le plus rapide sur le trajet. Alors Peter s’investit et investit. Il s’endette malgré les sponsors pour partir à temps. Il sait naviguer dans la Manche. Seulement c’est une chose de régater dans la baie, cela en est une autre de naviguer des mois au large seul et sans assistance.



Il partira avec son trimaran, bateau à l’époque décrié pour ne pas tenir la mer. Appareillant en automne, il va affronter rapidement les premières tempêtes, celles du golfe de Gascogne. Petit à petit, Peter se met à douter. Aspiré par ce milieu rugueux, il ne peut compter que sur lui-même. Au fur et à mesure qu’il avance, nous découvrons l’homme véritable. Celui qui utilise l’humour pour cacher ses secrets et ses frustrations. Son passé a créé en lui une volonté de reconnaissance et quand les réalités maritimes prendront le dessus sur ses rêves, ses fantasmes, alors il ne lui restera que le mensonge pour protéger les siens, mais surtout, à mon avis, pour protéger sa propre estime.



Pour raconter cette histoire vraie, Isabelle Autissier alterne les passages du journal de bord de Peter et le carnet intime d’Eva, sa fille aînée, qui rapporte le vécu de ceux qui attendent à terre. L’auteure décrit un milieu qu’elle connaît bien, l’Océan, et les sentiments qui assaillent ceux qui naviguent en solitaire. Elle sait qu’il faut la technique et le savoir-faire du navigateur pour composer avec les courants et les vents. Elle sait que le marin doit se faire accepter par les éléments s’il veut, lui, le perturbateur, tracer sa route sain et sauf. N’est-ce pas parfois ainsi dans la vie ? Alors nous suivons un Peter, pas encore mort mais qui sait qu’il n’est pas marin, errer sur l’Océan, navigant entre mensonge et envie de vérité, entre peine, angoisse et joie pour tenter de rester parmi les vivants.



C’est un très beau roman, adapté au cinéma, que je vous conseille.
Commenter  J’apprécie          160
Soudain, seuls

Soudain, c’est l’imprévu, soudain, ils se retrouvent seuls, sur une ile déserte et inhospitalière en plein Atlantique Sud.



Tout partait d’un rêve, d’une irrésistible envie d’évasion. Enfin, c’était surtout son rêve à lui, Ludovic, jeune trentenaire parisien. Il voulait s’évader de ce quotidien morne et monotone, car comme il l’avait si bien dit : « On ne peut pas être perpétuellement sérieux, il faut vivre, au moins une fois, intensément ». Louise, sa compagne, s’est laissé séduire petit à petit par cette folle idée de voyage en voilier autour du monde. Effectivement, Ils vont vivre intensément, au-delà même de ce qu’ils avaient imaginé.



Dans cette fiction, l’auteure, grande navigatrice, nous fait voyager en terre australe et nous permet de voir, à travers une belle langue descriptive, toute la beauté et la dangerosité d’une île inhabitée et à mille lieux de toute présence humaine.

« Soudain, seuls » est aussi un roman qui inclut une dimension philosophique et nous poussent à nous poser un certain nombre de questions comme la connaissance de soi-même, la fidélité, la culpabilité, la solitude, la mort, l’adaptation à notre société moderne et la rupture du lien avec la nature.



C’est le premier ouvrage d’Isabelle Autissier que je lis et cela a été une belle découverte. Malgré le thème, j’ai pris plaisir à m’immerger dans cette histoire et c’est, notamment, grâce aux mots d’Autissier, qui réussissent à nous faire ressentir les fortes émotions des protagonistes dans cette malheureuse expérience autarcique.
Commenter  J’apprécie          161
Soudain, seuls

Est passé sous mes yeux en ce début d’année, un roman que je souhaitais lire depuis un moment.. L’auteure est une femme que j’admire, forcément !



Deux jeunes trentenaires parisiens amoureux, Louise et Ludovic partent faire un tour de l’Atlantique à la voile. Ils décident de faire une escapade à terre, près de la Patagonie, sur une île protégée et pourtant interdite au public. Un violent orage accompagné d’un fort vent les surprend. C’est au retour de cette ballade qu’ils vont s’apercevoir que leur voilier à disparu de la baie. Abandonnés sur cet îlot de terre au milieu du monde, ils vont devoir réagir.



Après la colère et les discussions opposées qui n’aboutissent à rien, il faut vite s’organiser. C’est grâce à leurs tempéraments respectifs d’alpiniste et de navigateur, qu’ils font le nécessaire pour trouver un abri, de quoi se couvrir, chercher à manger ou faire du feu. Une ancienne usine baleinière en ruine leur sert de refuge, avec par chance, quelques vieux meubles et matériels rouillés pour système D. Finalement, ils « s’adaptent » plutôt rapidement à la situation et peu de choses les rebutent. Aventuriers, on ne laisse pas une situation critique dégénérer plus qu’elle ne l’est : pas le temps de philosopher sur les fleurs qui poussent ou un trou dans la coque : action / réaction.



Pour nous lecteurs, ce n’est pas la même limonade : certaines scènes sont brutes, les parties de chasses au manchots ne laissent pas de place aux états d’âmes, le sang, les rats et la boucherie non plus. La plume est franche et imagée, mais jamais de surenchère. Les faits sont tels qu’ils sont dans la vraie vie quand il est question de survivre, vous êtes prévenus.



Louise et Ludovic, bien qu’amoureux, sont différents : l’un fougueux, l’autre tranquille et réfléchie. C’est dans des situations comme cela que l’être humain doit se révéler intelligent, sinon c’est un couple non plus uni dans la galère mais l’un contre l’autre, qui doit survivre.



Dès les premiers jours sur cette île, ils avaient pourtant des divergences d’opinions bien trempées quand ils s‘agissait de chercher à se secourir : quand l’un préfère attendre les secours – tranquillement, pensant que leur disparition sur les radars inquiétera les autorités, l’une pense qu’il est préférable d’aller explorer l’île pour tenter de rejoindre un éventuel poste de secours. Il y en avait forcément un pour les personnes qui travaillaient ici avant. Après une ou deux expéditions infructueuses, ils décident donc de s’établir dans leur nouveau cocon défraîchi, comme si leur vie était désormais actée comme cela. Cette survie durera environ 7 mois, elle sera malheureusement très survolée dans le roman. Un jour, un bateau de croisière passe au large : une énième dispute concernant une technique de S.o.s efficace à employer et c’est à nouveau le couple qui éclate.



Louise, lasse et prise de l’ultime instinct de survie, décide de parcourir cette terre à la recherche de n’importe quoi pouvant les sauver, contre l’avis de Ludovic. Elle profite d’un moment de faiblesse et d’une nuit de sommeil de son homme pour quitter leur refuge. Louise reviendra le chercher, il comprendra, c’est leur dernière chance…



Un passage est particulièrement violent, non pas dans les actes de barbarie sur les manchots, mais bien sur la psychologie d’un des personnages. Je me suis vue un instant dans un passage de Sukkwan Island, là où les mœurs de l’humain seront jeté en pâture au jugement.



Ce n’est pas toujours le plus gaillard qui s’en sort mais bien celui qui s’adapte le mieux..



Une seconde partie de roman s’ouvre, plus solitaire, plus en introspection, moins Robinson puis qu’il s’agit du retour sur terre. J’ai beaucoup moins aimé. Anticonformiste, la société se jetant avidement sur un fait divers et le malheur des gens me débecte allègrement. Dans ce deuxième chapitre, la psychologie de l’humain est mise à l’épreuve. le retour porte beaucoup sur la remise en question, sur la nécessité de se vendre à la presse, au monde de voyeur. Tourner la page, dire la vérité, cacher pour mieux s’en sortir. Qui sommes nous au fond ? On croit se connaître mais face à des situations inédites, on se découvre et c’est une part de nous qui se révèle. Cette part, c’est celle que nous sommes vraiment. Parfois la meilleure, d’autre pas. Notre « moi » profond agit et nous surprend. L’être humain ne comprend que lorsqu’il est au pied du mur. Et c’est un peu dire dans leur situation.



D’autres personnages feront leur apparition, notamment le journaliste, égal à lui-même. Intrusif, prêt à tout pour avoir l’info le premier. Lui aussi assure sa survie professionnelle.. Les personnages sont vraiment bien représentés, chacun est détestable pour les raisons qui nous seront propres. Notre expérience fera le choix qui nous ressemble. Tourbillons d’émotions aux retrouvailles des familles, là aussi encore, comment se comporter face à cette expérience solitaire traumatisante que personne ne pourra comprendre.



Qu’aurions nous fait à la place de Ludovic et Louise ? C’est la grande question de ce roman.



Isabelle Autissier, grande navigatrice, femme de poigne et d’aventure, de courage et d’abnégation que j’admirais déjà forcément pour avoir été la première femme à réaliser un tour du monde à la voile en solitaire.. Je découvre une auteure qui me plaît et que j’ai hâte de lire une nouvelle fois.
Lien : https://felicielitaussi.word..
Commenter  J’apprécie          164
Soudain, seuls

Se réveillant sur l'île antarctique oú la tempête les a séquestrés, Ludovic et Louise, soudains seuls, constatent la disparition de leur voilier, emporté...



Débutant comme un roman d'aventure, cela devient vite un roman psychologique car

Commenter  J’apprécie          162
Soudain, seuls

Isabelle Autissier possède un talent manifeste pour la narration, notamment celle des paysages maritimes dont ce livre est imprégné. Elle possède également une finesse psychologique lorsqu'elle évoque le parcours de ce jeune couple parisien, parti faire le tour du monde en bateau pour "s'aérer" et se distraire de la monotonie du quotidien, et qui va se trouver, brutalement et totalement, coupé du monde....., cela à l'ère des téléphones portables et de l'Internet.

Mais ce roman va bien au-delà d'une histoire rocambolesque à la "Robinson Crusoé"; c'est un livre qui parle du couple, des rapports des êtres humains avec la nature, et du combat intime entre l'instinct de survie et la part d'humanité qui réside en chacun.

Le lecteur comprend assez vite que l'un des deux protagonistes ne survivra pas à cette aventure, et la 2ème partie du récit est consacrée à "l'après" pour celui qui reste.

Il fallait bien terminer un roman comme celui-ci, et Isabelle Autissier ne s'en est pas mal "tirée".

Commenter  J’apprécie          150
Soudain, seuls

Et si on se retrouvait soudain seuls, avec son conjoint, un ami, un frère sur une île déserte, hostile, tout en sachant qu'on ne nous recherche pas,... est-ce qu'on aurait encore la volonté de survivre? Dans quel but? Jusqu'où pourrions-nous aller pour sauver notre peau? Jusqu'à quel point l'instinct joue-t-il un rôle sur nos destinées et nos capacités d'adaptation? Est-on fort quand on est démuni? Est-on vraiment seuls à deux?



C'est bien indépendamment de leur volonté que Ludovic et Louise vont trouver, ou pas, les réponses à ces questions.



Isabelle Autissier nous entraîne au fin fond de l'Atlantique, entre la Patagonie et l'Afrique du Sud; mais aussi au fond du cerveau reptilien, au fond de notre âme, là où le coeur ne bat plus. L'autrice nous décrit une nature sauvage, fière de son bon droit, où les manchots et les otaries sont rois. Et on s'y plonge, on s'y perd, on s'y noie... La plume est belle, incisive et sans concession pourtant; riche et limpide, et particulièrement addictive.



J'imagine Isabelle Autissier, seule en plein océan, s'imaginant elle-même comment se serait d'être seuls à deux. La navigatrice doit sans doute avoir réfléchi plus d'une fois au fait de savoir si ces décisions auraient été les mêmes si elle n'avait pas que sa vie à s'occuper dans des moments clés, quand la tempête est là, que le mât rend l'âme, quand la mer est en furie et que la nature exige de reprendre ses droits.

Comme un face-à-face avec soi-même, Soudain seuls met le doigt où ça fait mal, et appuie, encore et encore et encore...
Commenter  J’apprécie          152




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Isabelle Autissier Voir plus

Quiz Voir plus

Bernie Gunther, un privé chez les nazis...

"Je ne suis pas un nazi. Je suis un Allemand. Ce n'est pas la même chose. Un Allemand est un homme qui arrive à surmonter ses pires préjugés. Un nazi, quelqu'un qui les change en lois" On m'a viré de la Kripo en 1934, et comme il faut bien vivre, je me suis retrouvé déguisé en privé dans l'établissement le plus select de Berlin :

Hôtel Savoy
Hôtel Berlin
Hôtel Regent
Hôtel Adlon
Hôtel Otto

10 questions
123 lecteurs ont répondu
Thème : Philip KerrCréer un quiz sur cet auteur

{* *}