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Critiques de Isabelle Autissier (580)
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Soudain, seuls

Voici un ouvrage fort, prenant, bouleversant, étonnant, glaçant !



Un roman dense, un roman " voyage" fascinant, tout en tension, frissonnant, captivant, remarquablement écrit, lu d'une traite .....une force psychologique qui nous tient en haleine, d'une manière angoissante au sein d'un cruel et décisif huit- clos au départ d'un voyage riche et prometteur de belles émotions positives !



Comment résister, survivre au froid, à l'épuisement, à la faim, à la solitude ?

Comment sauver sa peau loin de tout ? Que ferions - nous dans une telle situation?

Comment s'organiser, lutter contre le désespoir? Apprendre les gestes de survie dans une nature aimée devenue aride et hostile ? En compagnie des otaries et des manchots ? Comment rester "normal "face à soi et à l'autre "dans des conditions extrêmes ? Comment ne pas régresser ? Se laisser aller ?

Comment recommencer à vivre si l'on s'en sort ?

Comment grandir dans les épreuves ?



L'écriture est sobre et élégante, simple et aérée , travaillée au millimètre à l'aide de magnifiques descriptions, au plus près des sentiments intimes qui traduisent l'effroi, la douleur, la peur ,le piège funeste de ce couple d'amoureux parti pour rêver dont l'odyssée vire au cauchemar ......

L'auteur s'investit avec une belle sensibilité , une analyse remarquable, beaucoup de doigté ......

Je n'ai pas l'habitude de lire des romans d'aventures mais celui-ci nous oblige à une réflexion incroyablement enrichissante sur les réflexes de survie dans un milieu hostile, sur le sens de la vie, sur le face à face avec l'autre, surtout , surtout avec nous- même......



Un livre coup de poing réussi que l'on va garder en soi ....pourtant j'ai hésité à le lire car il était encensé par la presse , ce dont j'ai tendance à me méfier.....
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Soudain, seuls

Les voilà soudain seuls sur l'île, Jason a disparu, l'ancre a probablement chassé avec le coup vent de la nuit, laissant filer leur bateau. Le merveilleux tour du monde tourne au cauchemar, car l'aventure est implacable pour les deux jeunes parisiens en mal de sensations.



Perdue au milieu de l'Atlantique sud, l'ancienne station baleinière où ils ont atterri est déserte, et ses ressources sont pauvres. Ils n'ont que quelques otaries, manchots et autres pétrels à se mettre sous la dent, et encore, ils vont devoir se battre pour les tuer et les conserver. Face aux écueils de ce milieu hostile, la tension va crescendo. Le couple s'empêtre dans ses dissensions ; l'amour devient haine, la folie le guette.



Isabelle Autissier nous livre un conte cruel sur les difficultés des citadins à survivre dans une nature sauvage. Elle met à mal les rêves d'aventure de ceux qui veulent tout quitter pour une vie à laquelle ils ne sont pas préparés. Bien que le sujet ait été de multiples fois traité, la navigatrice romancière parvient à nous happer avec force, tout en délivrant un message écologique nécessaire.

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L'amant de Patagonie

Si Aneki avait pu raconter, ce roman se serait appelé « La maitresse d’Ecosse » mais c’est impossible : « sauvage un jour, sauvage toujours ». Comment aurait-il pu s’exprimer, relater les faits ce mauricaud d’un peuple aujourd’hui quasiment disparu, les Yamanas ?

Pourtant, grâce à lui et comme avec nul autre j’aurais dégusté la complicité avec la nature indomptée, reniflé les vents aussi violents que les sentiments, assimilé le profond respect des êtres et des animaux, connu l’humilité…

C’est dans les yeux d’Emily l’orpheline écossaise que l’autrice a choisie de faire découvrir la Patagonie et c’est dans un schéma Vernien que s’engage cette histoire.

D’abord le voyage, la découverte de ces terres rudes, puis les luttes contre ces autochtones primitifs que nous sommes venus socialiser, aider, pacifier, évangéliser avec nos idéaux tout beaux qui masquent notre soif de colonisation et notre faim de profit d’européen.

Cette démarche classique aurait été bien triste si Emily n’avait pas eu le soleil nuit et jour dans les yeux de l’amour…

Dans sa fuite éperdue, tout s’embrase, la rudesse devient délicatesse, l’obscurantisme mute en lumière, dans ce pays de fractures, le froid se fait chaleur humaine…

L’adaptation en milieu hostile sera-t-elle belle et sereine ?

Malheureusement, « Une culture remplace l’autre, lentement, inexorablement ».



C’est le troisième roman d’Isabelle Autissier que je savoure, je ne me lasse pas de son style élégant et généreux, de cette écriture délicate et parfois brute qui dispose du charme de transmettre aussi adroitement les meurtrissures et les traumatismes de l’existence que les plénitudes et les fiertés que la vie peut provoquer.

Par instant et, c’est un compliment, je me suis retrouvé dans « les naufragés du Jonathan » ce roman de Jules Verne peu connu paru posthume sous le titre « En Magéllanie » qui oblige les hommes à se convertir à l’humanité pour éviter un naufrage encore, celui de la civilisation.

Mais aujourd’hui, j’ai préféré réchauffer ma vie au soleil d’Emily où sa mélancolie devenait joie de vivre.



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Soudain, seuls

Profondeur du titre. Excellente construction du roman, dont il est très difficile de parler sans en trahir le ressort. Habituellement, c'est sur la mer qu'on est en danger. Ici, c'est la terre ferme qui est menaçante, parce qu'inhospitalière et qu'elle transforme un lieu de liberté, la mer, à son tour en prison.Lui le navigateur et elle l'alpiniste ont l'habitude des situations où le corps plein de santé est sollicité à l'extrême dans le sport. Très vite, les corps sont éprouvés dans leur capacité à vivre et bientôt à survivre.Et chacun expérimente combien le psychisme (le "mental" des sportifs) est fondamental pour soutenir le corps défaillant.

Louise et Ludovic passent d'un moment à l'autre dans l'envers du décor. La nature n'est plus la toile de fond de leur quête d'authenticité et de liberté, mais le cadre indifférent de leur propre struggle for life. Redevenus prédateurs parmi les prédateurs, ils perdent le lien social réduit à sa plus simple expression: celle du duo, ou du couple. Chacun, seul.

Le style de ce livre est d'une fluidité et d'une force évocatrices extraordinaires.

Il y avait longtemps qu'un livre d'aventure ne m'avait autant passionnée, et je l'ajoute à ma liste: le livre que rien ne m'a fait lâcher avant le mot "fin"

Il y avait longtemps qu'un livre ne m'avait autant fait réfléchir sur les rapports de l'homme et de la nature, et les rapports des hommes entre eux..

Sans hésitation, cinq étoiles, et la certitude que je relirai ce voyage au bout de la condition humaine.
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Soudain, seuls

« Soudain, seuls », c’est un voyage de rêve devenu désastre.

C’est Louise qui se métamorphose en Mike Horn au Cap Horn, c’est l’agonie en Patagonie.

Maladroitement, je galéje sur un sujet pourtant sensible, sérieux et parfaitement traité mais je préfère en rire qu’en pleurer.

Que feriez-vous si, vous l’avez compris, vous vous retrouviez seuls, avec votre compagnon à des centaines de milles de toutes traces de vie, au beau milieu de milliers de manchots ?

Je ne vous conseille pas de l’être…

Lisez ce roman, ne serait-ce que pour les réflexions personnelles qui fleuriront en vous.

Elles seront immortelles, intemporelles, irréelles.

Enfin, seuls, c’est un choix, un cocon souhaité, un moment cosy.

« Soudain, seuls », c’est gérer l’ingérable, c’est se retrouver dans une situation insupportable, insurmontable, tout votre univers usuel, familier disparaît, tout ce qui a fait votre humanité explose. En un clin d’œil la mort vous colle au corps. Que devient alors l’amour de l’autre ? L’estime de soi ? Même l’amour propre devient sale…

Maintenant, supposons qu’après mille épreuves répugnantes, exténuantes, il faille gérer un retour, digérer de l’otarie ça n’a pas été une plaisanterie mais réintégrer sa vie de fonctionnaire dans le 15ème arrondissement, c’est carrément surréaliste, voire suicidaire.

Que faire ? Sa star devant les médias! Celle qui est revenue d’où personne ne revient.

Louise, prends-garde, tu vas te perdre bien plus loin que cette putain de Patagonie, dans un pays bien plus moche et bien plus grand, l’Avanie.

Echappe-toi, va t’en encore, va vider ta détresse, ton trop-plein d’enfer dans des territoires dépouillés qui amplifient ta hardiesse et apaisent ta souffrance, vers la délivrance.



Si seulement ce roman n’était que bien écrit, mais il est aussi crédible, plausible et, pour moi ce rendu authentique n’est dû qu’à la carrière, au cran et au charisme de cette grande dame de la navigation qu’est Mme Autissier.

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L'amant de Patagonie

J’aime les espaces infinis que décrit Isabelle Autissier, la force des éléments, le bruit et l’odeur qu’ils génèrent. Quand je lis ses livres, je suis irrésistiblement transportée dans ces décors fabuleux d’un monde que je ne conçois qu’avec ses mots. Une nature qui me bouleverse à chaque fois. Et si la téléportation existait, c’est là assise sur la montagne que je me plongerais avec délice dans ce roman. J’observerais « l’entrelacs de golfes et de caps, de glaciers, de prairies, de forêts, la couleur des eaux allant du turquoise au bleu nuit, la houle qui s’enroule à chaque pointe pour rentrer dans les baies... »



Que ce pays est beau !

C’est Aneki, un indien Yamana, qui le murmure à Emily. Emily, cette jeune écossaise envoyée en Patagonie pour être gouvernante des enfants du révérend Bentley. Emily qui ne connaît rien de ces tribus indiennes et les regardent avec l’oeil condescendant d’une occidentale, mais qui au fil des jours va s’ouvrir à ce peuple et ces coutumes. Subjuguée par la beauté des lieux et amoureuse d’Aneki, elle finit par s’enfuir avec lui pour vivre pleinement son amour, qui n’a pas lieu d’être vis a vis de la communauté protestante sur place. Mais on ne s’affranchit pas ainsi du poids des traditions...



Voilà un roman remarquable par la qualité des recherches effectuées par l’auteure sur l’histoire d’Ushuaia, autrefois Ouchouaya. On y apprend l’arrivée de l’homme blanc et sa progression dans les paysages argentins. On y découvre son impact néfaste sur les populations autochtones, sous couvert de la parole d’un dieu apportant la bonne parole et le bon comportement. Toujours cette supériorité maladive du bon Blanc qui dispense ses pensées « positives » pour obtenir des biens et des terres sans contrepartie et sans autorisation. Que d’outrages commis envers les peuples et la terre-mère ! Heureusement, l’auteure sait apaiser la colère par la description des lieux, une nature exubérante, foisonnante et au pouvoir curatif exceptionnel. Enfin, c’est ainsi que je l’ai ressentie...
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L'amant de Patagonie

M'étant décidée à piocher un peu dans ma PAL avant d'acheter de nouveaux ouvrages, mon regard s'est attardé sur celui-ci et j'ai bien fait en le piochant au hasard.



Ici, l'on découvre la vie d'Emily, une jeune fille d'origine écossaise qui, après avoir vu mourir son père ainsi que sa mère dont elle se sent responsable de la mort puisque celle-ci est décédée en la mettant au monde, Emily doit se séparer de son frère tout d'abord pour devenir gouvernante dans une bonne famille du coin. Cependant, elle est encore loin de s'imaginer qu'ils vont partir et pas n'importe où, à l'autre bout du monde dans un petit pays qu'Emily ne connaît pas et qui s'appelle la Patagonie, pour y exercer des œuvres humanitaires auprès de ceux que le révérend chez qui elle a élu résidence mais aussi tous les Européens de cette fin de XIXe siècle appellent les "sauvages". Si certains veulent les étudier, d'autres veulent simplement leur apprendre leur mode de civilisation afin de les "humaniser". Foutaises que tout cela et Emily le comprend très vite : elle tombe non seulement sous le charme de ce pays qui l'accueille et dans lequel elle se sent enfin livre mais aussi sous celui d'un jeune Yamana, un autochtone du nom d'Aneki. Le pasteur qui a pris en charge Emily s'opposant farouchement à leur union qu'il juge contre-nature, nos deux amants comprennent qu'ils n'ont pas d'autre solution que la fuite. Ici l'adage "Pour vivre heureux, vivons cachés" n'a jamais été aussi vrai mais pour combien de temps ?



Un roman extrêmement bien écrit dans lequel le lecteur découvre certaines des us et coutumes de ceux que l'on appelait encore "indiens" mais qui, se laissant coloniser contre leur gré, se sont malgré tout plier à ce que le monde occidental leur a apporté avec ses bons mais aussi ses mauvais côtés - et ici, nous en voyons surtout les extrêmes et pas forcément des meilleurs ! A découvrir et à faire découvrir !
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Soudain, seuls

Soudain, prendre une année sabbatique, faire une croisière autour du monde, le cap Horn, le cap de Bonne espérance, ça te tente...

Allez ! On y va, se dirent Louise et Ludovic, la trentaine sans enfants, c'est le moment idéal, une façon de découvrir le monde tout en tissant de forts liens entre eux, d'abnégations, de peurs et d'intimité. A bord de Jason.



Soudain, une île au milieu de la Patagonie. Des oiseaux, le soleil derrière, une légère brise marine, les flots bleus noirs, bleus purs. Un panorama magnifique. J'opte pour ce regard que l'on porte vers le large, loin des hommes. Un clin d’œil à l'aventure, cette île interdite. Notre couple s'y accoste et découvre les décombres métalliques d'une station baleinière abandonnée depuis des décennies.



Soudain, les premières lueurs de l'aube. Un vent a soufflé toute la nuit, les vagues se sont fracassées sur le rivage. Le temps s'est calmé, après le souffle furieux du grand Sud, il ne manque que l'odeur du café pour démarrer la matinée dans cette version enchantée du paradis australe.

Soudain, Jason a disparu de son mouillage.

Soudain, des regards, des reproches, des inquiétudes.

Soudain, seuls.



Et seuls, ils vont affronter le temps, la faim, leur courage, les rats. Ils vont aussi s'affronter, les reproches, la faim. Ils firent un feu, en Terre de Feu, fumées de détresse qui s'élèvent dans le ciel, mais la tempête est encore là, le blizzard, la neige, le froid. Comme un sentiment de fin du monde au bout du monde. Que reste-t-il de leur rêves, ou même de leurs pensées ? Manger des manchots. Léthargies et abandons, dans l'odeur nauséabonde de la graisse d'otarie.
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Seule la mer s'en souviendra

C'est la première fois que je ne sais pas comment commencer une critique. Isabelle Autissier est une grande dame, elle a vécu la mer ; moi aussi, à un petit niveau ( voile côtière) ; donc, ce roman me prend aux tripes !

La supercherie, la folie et le drame de Donald Crowhurst, lors de la première course à la voile en solitaire et sans escale en 1968, est connu. Isabelle Autissier, en changeant les noms, a fidèlement repris ces événements, mais en ajoutant, avec un style brillant et émouvant, les pressions médiatiques, ainsi que les conséquences psychologiques et financières dramatiques pour l'entourage du navigateur.

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J'ai lu des ouvrages des protagonistes décrits dans ce livre : le rigoureux Francis Chichester, ou l'homme libre Bernard Moitessier qui est une personne que j'admirais ado...

J'ai subi une très forte tempête entre Guernesey et Cherbourg... On pense autrement après ça ;

avec ancre flottante et à sec de toile, notre voilier de 13 mètres "Tigre" était une coque de noix sur la Manche déchaînée ...

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Je ne sais pas quoi écrire, j'aurais mille détails à souligner, mais je suis sous le choc ...

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C'est pas l'homme qui prend la mer...
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Soudain, seuls

Contrairement à la majorité ayant apprécié haut les mains ce roman, ce ne fut pas mon cas.

L’histoire est celle d’un jeune couple, Louise et Ludovic perdus sur une île déserte. Ils nourrissaient l’envie d’un tour du monde et leurs seules aventures se passeront sur cette île, seuls au monde.

Pourquoi n’ai-je pas adhéré ?

L'écriture ne m’a pas séduite. Je n’ai pu ni m’attacher à l’histoire ni aux personnages. Une écriture que j’ai trouvée simplette, dénuée d’images, d'émotions, de sensibilité.

Une histoire qui m’a beaucoup ennuyée dés le début faute à l’écriture moyenne sûrement.

Tout cela m’a semblé plat et sans grand intérêt.

En fin de compte, un roman pas pour moi, plutôt adepte aux jolies descriptions, à des personnages fouillés et travaillés, en quête d'émotions et de palpitations de l'âme. Pas grave, d’autres lectures m’attendent.
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Soudain, seuls

« Il y a un an exactement, Jason, embouquait le canal de Beagle, emmenant deux gosses enivrés de bonheur vers une île prometteuse. »



Cette phrase résonne comme un incipit enchanteur, comme une invitation au voyage, comme une bouffée de liberté et de joie.

Mais ce serait trop facile. D'ailleurs, ce n'est pas l'incipit de ce roman mais son excipit.



Jason, c'est le nom d'un bateau, un voilier plus exactement. Un voilier « lourdaud et ventru » mais « leur bateau, leur maison, le véhicule de leur liberté. »

Le bateau de Ludovic et Louise, couple de trentenaires, partis à l'aventure, heureux, libres, amoureux.

Lorsqu'ils accostent sur cette île déserte, qui n'est autre que l'île de Stromness, située entre la Patagonie et le Cap Horn, ancienne station baleinière laissée à l'abandon, les deux aventuriers sont ravis.



«  C'est si simple, si beau, quasi indicible. La baie encerclée de tombants noirâtres, l'eau qui scintille comme de l'argent brassé sous la légère brise qui se lève, la tache orangée de la vieille station et le bateau, leur brave bateau, qui semble dormir, les ailes repliées, pareil aux albatros du matin. »



Cet endroit du bout du monde est idyllique. Et pourtant, le rêve ne sera bientôt plus qu'un cauchemar.





Un an plus tard, l'aventure de Louise et Ludovic fait la une des journaux.



Les gros titres sont parlants :



« Échappée de l'enfer », «  La rescapée du froid » , « Louise Flambart : la mort en face », «  Elle survit au bout du monde ».



Autant d'articles qui évoquent le froid, la faim, la solitude...





Que s'est-il passé ?

C'est cette histoire-là que nous raconte Isabelle Autissier. La navigatrice en solitaire s'adonne également aux plaisirs de l'écriture. Pour le plus grand plaisir du lecteur.

Elle n'a pas son pareil pour décrire les sensations et sentiments éprouvés lorsqu'on se retrouve soudain, seuls, au bout du monde, coupés de tout, tels Robinson sur son île déserte, avec pour seule compagnie : des manchots, des otaries, et des rats. Compagnie qui ne tardera pas à devenir le seul moyen pour ne pas mourir de faim.

Elle n'a pas son pareil également pour décrire cette lente mais inexorable progression vers le retour à l'état sauvage. Quand plus rien ne compte que sa propre survie...





C'est une fiction bouleversante et qui sonne terriblement vrai !
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Oublier Klara

Oublier Klara ! Ce serait oublier Anton son piètre mari, Rubin son fils à la vie de rudesse et de hargne, marin sur chalutiers soviétiques et ce serait surtout oublier Iouri son petit fils, ornithologue, revenu des Etats-Unis pour accompagner les derniers jours d’un père qui lui reproche de ne pas lui ressembler et qu’il n’a jamais aimé.

Oublier Klara, ce serait oublier Irina, la voisine-tendresse de Rubin, Luka l’ami de jeunesse de Iouri et surtout Annia de la tribu des Nenets sœur de chaleur et de larmes de Klara.

Et ça c’est impossible pour moi tant le verbe d’Isabelle Autissier a su tisser des liens indéfectibles d’humanité et de fraternité avec les personnages de son roman.

A Mourmansk, l’amour manque sans es-poir de réveil. L’amour y a définitivement été balayé, aspiré par Staline qui a su cacher sous l’immense tapis de l’Urss des millions de vies en poussières.

Des années plus tard, Iouri rattrapera sa fuite et exhumera les vestiges du passé éteint.

Ce roman recèle la densité du malheur, la force de l’obstination pour ne pas s’asphyxier dans cette vie asthmatique, des soucis plein les bronches. Ce pays est un piège où les années sont des siècles. Il en faut du courage pour amnistier le passé, oublier tout ça…mais pas Klara.



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Soudain, seuls

Un "page Turner" .Une expression souvent synonyme d'écriture facile ,destinée au "grand public", rayon livres des supermarchés

Autissier nous raconte une histoire palpitante et sombre

Ici, pas de tropiques à explorer mais une nature difficile et austère , un tableau pessimiste et cruel dans sa première partie

C'est le propre de l'aventure de pouvoir virer au drame

S'il y a un peu d'Eros au début du livre, c'est rapidement Thanatos qui prend le dessus

La seconde partie du livre, "retour à la civilisation", est passionnante et le fin n'est pas celle qu'on imagine

Inutile d'en dire plus. Lisez ce livre .Vous ne le regretterez pas

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Soudain, seuls

On vit les uns avec les autres, lala lala lalalala… mais au bout du compte on se rend compte qu’on est toujours tout seul au monde.

Soudains seuls, comme un constat, une évidence que nos vies altérées d’inutile, de futile, font perdre de vue. Je sais déjà que demain matin dès 4h30 je serai le premier à disserter avec les autres sur la victoire du PSG et le maintient ou non de Lorient en ligue 1, que je serai crevé car peu dormi pour être allé voir le match, le tout devant un café et une clope avant de bosser comme un con pour du vent. Joli programme que celui de la civilisation, mais je m’égare…

Un naufrage, un drame qui met chacun face à soi même. Le tête à tête est forcément périlleux, se voir tel qu’on est, avec ses forces et surtout ses faiblesses, l’estime de soi qui en prend un coup devant nos lâchetés. On n’en ressort pas indemne. A quoi serions nous prêts, jusqu’où serions nous capables d’aller quand la survie est en jeu? L’animal qui est en nous retrouve ses instincts primitifs. Lui ou moi ? Qui peut affirmer qu’il se sacrifierait?

Soudain seuls? Toujours seuls. Seuls devant ses choix, seuls devant ses actes, seuls devant la culpabilité, seuls devant la mort.

La mise en danger fait reprendre conscience, conscience qui repart aussi vite qu’elle est venue quand tout redevient « normal ». La futilité revient au galop.

Un naufrage, un rescapé et les médias en font un héro, une star. Mieux que de la télé réalité, ça va faire du papier, des émissions de télé débiles, du FRIC. L’autre n’a fait que survivre, ce qu’aurait fait tout le monde comme il aurait pu mais nous sommes friands de sensationnel, de drames, de sang frais. Le rescapé qui ne mérite que notre respect et notre compassion devient un produit de consommation. Tellement entouré et pourtant si seul…

J’ai eu du mal à entrer pleinement dans ce naufrage. Pourtant certaines conditions étaient réunies pour essayer de me mettre en situation (pas les plus extrêmes heureusement). La plage déserte de Gâvres, les vagues, une marée montante à fort coef, le bruit de l’océan, un mec en combi que j’ai pris un instant pour un manchot, la bretonne qui m’a fait quitter Paris. Je n’ai pas pu m’empêcher de la regarder en me demandant ce qu’elle aurait fait. M’aurait-elle laissé? Et moi qu’aurais-je fait ? Pour tout dire, j’ai renoncé à chercher une réponse. Courage fuyons.

C’est bien écrit, c’est vrai. La tension est palpable à chaque page avec cette loi contre laquelle nous ne pouvons rien, cette fin inéluctable, oui nous sommes tous condamnés à plus ou moins court terme à disparaitre.

J’ai aimé ma lecture mais… Mais je n’ai pas ressenti comme j’aime ressentir (oui c’est vague mais je ne sais pas comment l’exprimer). Rien ne m’a parlé au point de mettre une citation, rien ne m’a arrêté dans ma lecture en me donnant des frissons contrairement à certains bouquins que je pourrais citer en intégralité tant je suis dedans. C’est le seul (oui on n’en sort pas, encore seul) regret que j’ai par rapport à cette première rencontre avec Isabelle Autissier qui ne sera pas la dernière.

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L'amant de Patagonie

Challenge ABC 2016-2017



Il y a moins d'un an, j'embarquais mes godasses de rando, destination la Patagonie, Ushuaïa et le canal de Beagle, au bout du bout du monde.

Le 26 mars 1880, Emily, seize ans et orpheline, charge sa « petite malle sur la diligence de Glasgow, en route vers le Nouveau Monde ». Destination : Ouchouaya, à l'époque petite mission évangélisatrice composée de quelques catéchistes, implantée au milieu des Indiens Yamanas.

A l'arrivée, la foudre a frappé, tant pour moi que pour Emily. Les montagnes, la mer, les glaciers, les arbres pliés par le vent, la végétation rare mais tenace, les sommets enneigés, le soleil, la pluie, le ciel... On ne peut résister à cette beauté intimidante, parfois flamboyante, parfois glaciale, fascinante.

La comparaison s'arrête là, j'en suis revenue après trois semaines de voyage, Emily ne sait pas combien d'années elle y passera. Mais peu lui importe, avide de nature et d'indépendance, elle a choisi de se lancer dans cette aventure. Destinée au poste de gouvernante des enfants du pasteur d'Ouchouaya, elle découvre les Yamanas, les « sauvages », qu'elle trouve tout d'abord hideux. Ceux-ci se sont regroupés autour de la mission, travaillant pour les colons – pardon, les missionnaires, contre de la nourriture et des vêtements, quitte à abandonner leur mode de vie ancestral et à oublier leurs techniques de pêche. de cours d'anglais en distribution de chiffons, Emily apprend à connaître et à apprécier les Yamanas. Surtout Aneki. La foudre frappe à nouveau, mais l'histoire est impossible et s'achève inévitablement en drame.

Au-delà de cette histoire d'amour improbable, il s'agit surtout de la confrontation entre « état de nature » et « civilisation », qui tourne au profit de cette dernière. Avec ses bons sentiments, son « progrès », ses maladies, son alcool, sa surexploitation des ressources ou, au besoin, sa puissance de feu, elle anéantit les rares velléités de résistance des Yamanas, mais aussi des Onas ou des Alakalufs, aboutissant, en quelques décennies, à une extermination presque totale.

Désabusé, ce plaidoyer pour un respect de la Nature montre l'attachement de l'auteur pour cette mythique Terre de Feu, faite aussi d'eau et de vent, et ses doutes pour l'avenir d'Ushuaïa, « ville-pieuvre », qui repousse ses pauvres « en haut dans des taudis qui mitent les bois des collines ».

Il y a moins d'un an, je traînais mes godillots autour d'Ushuaïa, émue par les paysages grandioses, malgré les glaciers qui reculent et qui menacent l'approvisionnement en eau d'une ville qui ne cesse de s'étendre. Quel gâchis... Et comme il est étrange de lire que, pour les Yamanas, le blanc est la couleur du malheur...
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Oublier Klara

Isabelle elle aime bien le froid. En la suivant dans « Soudain seuls » par exemple, je me souviens m'être singulièrement caillé les miquettes au beau milieu de l'Antarctique.



Avec « Oublier Klara » Isa nous entraîne cette fois à l'autre extrémité du globe, direction Mourmansk, riant port de pêche où là aussi le plan bikini motif tropical, tu peux oublier. Mais les océans y font quand même et toujours partie du décor, fidèles équipiers de notre navigatrice aux multiples talents, fascinée depuis toujours par les eaux extrêmes de ces contrées perdues.



Une passion pour la mer et la nature qui ouvre tant bien que mal un sentier vers la liberté, voilà le dénominateur commun des trois destins contés ici. Klara, son fils Rubin, son petit-fils Iouri, trois silhouettes fondues dans la grande Histoire, de l'URSS de Staline à la Russie de Poutine. Trois générations bâties sur des zones d'ombre que Iouri, dernier de la lignée, tentera vaillamment d'éclairer.



A travers ces vies intensément fragiles, à la fois romanesques et ordinaires, Isabelle cause aussi bien de résilience, de mémoire familiale, de politique ou de préoccupations environnementales, dans cette fresque intelligente, poétique et foisonnante que j'ai eu bien du mal à quitter. Car en dépit de l'injonction du titre, Klara je ne suis pas près de l'oublier.




Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
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Soudain, seuls

Je connaissais Isabelle Autissier plus pour ses exploits en mer que pour son talent littéraire. Je me souviens encore de son naufrage dans le Pacifique-Sud lors d’une course en solitaire autour du monde. Après 24 heures d’angoisse elle fut sauvée par le skipper italien Soldini. En commençant "Soudain seuls" je m’attendais donc à un livre qui relatait en forme romancée ses aventures. Ce fut donc une belle surprise de me retrouver dans une histoire qui m’a captivé et de trouver en Isabelle Autissier une vraie romancière.

Louise et Ludovic ont décidé de partir pour un tour du monde à la voile. Après une tempête qui engloutit leur bateau, nos deux héros se retrouvent bloqués sur une île de l’Atlantique-Sud. Commence pour eux une vie de Robinson Crusoé dans un environnement hostile où chaque jour est un combat pour la survie, un combat contre le froid, pour rapporter de la nourriture, un combat contre le désespoir qui les guette mais où l’homme retrouve une force inconnue pour survivre. Le retour à la civilisation n’en sera que plus difficile avec son lot de questions commun à tout rescapé d’une tragédie.

Grâce à ses expériences l’auteur réussit à nous captiver et à dépeindre l’état psychologique des personnages, la résignation de l’un, le combat de l’autre.



"Soudain seuls" fut une belle surprise, Isabelle Autissier dans une écriture simple nous propose un roman d’aventure palpitant et touchant. Un livre qui ne vous lâche jusqu’à la fin.

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L'amant de Patagonie

L'amant de Patagonie trônait sur ma pile depuis de nombreuses années, attirant mon regard et m'invitant au voyage et aux grands espaces. Maintes fois, après avoir relu sa quatrième de couverture, je l'ai reposé, avec délicatesse préférant attendre le moment opportun pour plonger dans ce petit livre que je pressentais être un trésor. Je ne voulais en perdre aucune miette. Je ne voulais pas que les parasites que je nomme stress, sur-activité et dispersion ne s'invitent dans l'aventure.

Bien m'en a pris. J'ai attendu le bon moment. J'ai surtout trouvé deux acolytes voyageurs passionnés et passionnants, Fanny1980 et Pancrace. Ils m'ont accompagnée lors de ce voyage littéraire au bout du monde.

Bon, il faut dire qu'ils ont voyagé vite avec leur bateau de colons aux voiles étincelantes tandis que je pagayais maladroitement, tentant de trouver la berge où m'installer en Terre de Feu. Je commençais à peine le livre qu'ils le terminaient déjà. Pas grave. L'aventure était lancée. J'ai fait la course presque en solitaire réfrénant mon envie d'aller lire leurs chroniques certainement superbes. (Je me suis toujours promis de lire les chroniques des talentueux Babeliotes uniquement après avoir écrit la mienne pour éviter d'être trop influencée).



En parlant de talent... C'est surtout celui d'Isabelle Autissier qu'il faut acclamer ici. Son écriture est délicieuse. On sent la pâte de l'aventurière, de la navigatrice qui au cours de ses périples s'est intéressée aux peuples, aux pays et à leur histoire. Son texte est habité. Il est empreint d'expérience, d'émerveillement, de fascination et de contemplation.



L'amant de Patagonie, c'est la rencontre de deux peuples, de deux cultures, de deux manières de vivre. C'est un saut dans le monde onirique et ancestral des peuples de la terre, de ceux de la mer, de ceux que la technologie n'avait pas encore abimés.

C'est un saut dans le monde des blancs, persuadés de détenir la vérité, annonçant à grands coups d'eau bénite et de domestication, la Bonne Parole pour offrir le paradis aux ignorants, aux sauvages.

Entre deux, Emily. Touchée au coeur par l'Amour d'Aneki, autochtone yamaha. Touchée à l'âme par Dame Nature que seuls des êtres sensibles et sensuels peuvent appréhender totalement.



Le voyage au pays de l'Amant de Patagonie n'est pas romantique. Il est initiatique. Tantôt lumineux, tantôt douloureux. Immensément intense !



« Voyager vous laisse d'abord sans voix, avant de vous transformer en conteur. » – Ibn Battuta



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Oublier Klara

Je ne connaissais pas Isabelle Autissier en tant que romancière, et je ne suis pas déçue d’avoir découvert cette facette de la navigatrice.

L’histoire est très intéressante, bien documentée, les personnages attachants.

La nature est omni présente, comme une peinture en toile de fond. Le lecteur y retrouve l’attachement de l’auteure pour la mer.

Un bon moment de lecture.

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Soudain, seuls

Je sors de cette lecture d'autant plus éblouie que j'avais des a priori négatifs, tout à fait injustifiés je l'avoue, à l'encontre de ce roman. Je me méfie toujours de gros succès éditoriaux mais je dois bien reconnaître que celui-ci est mérité.

Je suis restée scotchée dès les premières phrases et ce jusqu'à la dernière. Quelle bonne surprise ! Je ne m'attendais pas à ce qu'une navigatrice puisse également être une romancière de talent. L'écriture simple, dépouillée de tout artifice inutile convient parfaitement à ce genre de récit de survie et Isabelle Autissier doit en connaître un bout en la matière…

Son roman donne une autre vue de la vie sur une île déserte, à des lieues de celles que l'on a l'habitude de lire sur le sujet. Et franchement, ça de donne pas du tout envie de vivre ce genre d'expérience.

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