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Citations de J.M.G. Le Clézio (1806)


Je ne sais pas si cette île existe. Je sais seulement que le monde est grand, que personne ne possède rien, hormis ce qu'il a fait. Je sais que notre seule certitude est dans le ciel et non pas sur la terre, parce que le ciel que nous voyons, avec le soleil et les étoiles, est celui que nos enfants verront. Que pour le ciel nous sommes à la fois des vieillards et des enfants.




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C'était comme s'il n'y avait pas de noms, ici, comme s'il n'y avait pas de paroles. Le désert lavait tout dans son vent, effaçait tout. Les hommes avaient la liberté de l'espace dans leur regard, leur peau pareille au métal. La lumière du soleil éclatait partout. Le sable ocre, jaune, gris, blanc, le sable léger glissait, montrait le vent. Il couvrait toutes les traces, tous les os. Il repoussait la lumière, il chassait l'eau, la vie, loin d'un centre que personne ne pouvait reconnaître. Les hommes savaient bien que le désert ne voulait pas d'eux: alors ils marchaient sans s'arrêter, sur les chemins que d'autres pieds avaient déjà parcourus, pour trouver autre chose. L'eau, elle était dans les aiun, les yeux, couleur de ciel, ou bien dans les lits humides des vieux ruisseaux de boue. Mais ce n'était pas de l'eau pour le plaisir, ni pour le repos. C'était juste la trace de sueur à la surface du désert, le don parcimonieux d'un dieu sec, le dernier mouvement de la vie. Eau lourde arraché au sable, eau morte des crevasses, eau alcaline qui donnait la colique, qui faisait vomir. Il fallait aller encore plus loin, penché un peu en avant, dans la direction qu'avaient donnée les étoiles. Mais c'était le seul, le dernier pays libre peut être, le pays où les lois des hommes n'avaient plus d'importance. Un pays pour les pierres et pour le vent, aussi pour les scorpions et pour les gerboises, ceux qui savent se cacher et s'enfuir quand le soleil brûle et que la nuit gèle.
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L'Afrique, c'était le corps plutôt que le visage. C'était la violence des sensations, la violence des appétits, la violence des saisons.
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Bai Juyi

Bai Juyi appartient à une autre époque. Né en 772, bien après Li Bai et Du Fu, il n'a pas connu les années terribles de la guerre civile au temps d'An Lushan.Mais il a été témoin dans son enfance des conséquences de cette guerre, le désordre, la famine, l'insécurité sur les routes.(...)
Contre la guerre, Bai Juyi n'écrit pas à propos des généraux, ni des grands héros. (...)

La longue série des guerres et des crimes de la dynastie Tang, et sutout la cruelle injustice des affaires publiques, le peuple accablé de taxes et de conscriptions tandis que la cour impériale vit une ère de plaisir et d'intrigues de sérail, inspirent la révolte des poètes de la fin de ce règne, dont Bai Juyi est le héraut.Ainsi ,cette fable critique dans laquelle il met en scène le peuple sous l'aspect d'un bœuf attelé à une lourde charette, obligé de travailler jour et nuit (...)

" Le bœuf tire à grand peine le lourd chariot, il suerait du sang
Mais l'assistant du Chancelier a comme seul souci de gouverner
Son affaire c'est de bien mettre en harmonie le Yin et le Yang
Le coup du boeuf se casserait en deux qu'il resterait indifférent ! "

( p.133)
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La lumière brillait en faisant un chemin de feu sur la mer, là où le soleil allait se coucher.
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La nuit est tombée et le ciel s'est rempli d'étoiles qui tanguaient et roulaient au rythme des vagues.
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Une nuit d'automne, près du Mont Wu, s'envolent des lucioles
Traversant le rideau elles se posent sur les habits de l'homme assis
Celui-ci ressent soudain le froid qui touche déjà le luth et les livres
Et voit à travers leur agitation quelques étoiles au bord du toit
Il sort et les suit jusqu'au puits où elles dansent avec leurs reflets
Sur le passage elles s'attardent et illuminent les étamines des fleurs
Cheveux blancs, fatigué des fleuves, l'homme se lamente : " Regarde-toi
Vieil homme, seras-tu toujours là à contempler ces lucioles, l'an prochain ?"

("À la vue des lucioles", poème de Du Fu, 712-770) - p.85
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Lentement, sans cesser de tourner, Lalla s'écroule sur elle-même, glisse sur le sol vitrifié, pareille à un mannequin désarticulé. Elle reste un long moment, seule, étendue par terre, le visage caché par ses cheveux, avant que le photographe ne s'approche d'elle, tandis que les danseurs s'écartent, sans comprendre encore ce qui leur est arrivé.
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Il fait nuit à présent, j'entends jusqu'au fond de moi le bruit vivant de la mer qui arrive.
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J.M.G. Le Clézio
Ouvrir un livre, c'est comme ouvrir une fenêtre et entrer dans un monde qui ne va pas vous ressembler mais vous changer. Les livres donnent cette impression de la possibilité d'un voyage, d'un départ, de devenir quelqu'un d'autre.

(Entretien sur France Culture, émission La Grande Table, 11 juin 2019)
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Encore aujourd'hui, je la perçois, l'odeur âcre des lauriers, des écorces, des branches cassées qui cuisaient à la chaleur du soleil, l'odeur de la terre rouge. Elle a plus de force que le réel, et la lumière que j'ai amassée à cet instant, dans le jardin, brille encore à l'intérieur de mon corps, plus belle et plus intense que celle du jour.

" Villa Aurore"
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A mon sens, écrire et communiquer, c'est être capable de faire croire n'importe quoi à n'importe qui.
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Il suffit d’un changement dans l’existence, et d’un coup ce que vous ignoriez devient terriblement visible, et vous envahit.
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Ils marchaient lentement vers l’eau des puits, pour abreuver leurs bouches saignantes …

Le monde étincelait aux yeux des voyageurs : plaines de roches coupantes, montagnes déchirantes, crevasses, nappes de sable qui réverbéraient le soleil. Le ciel était sans limites, d’un bleu si dur qu’il brûlait la face. ….

Mais c’était leur vrai monde. Ce sable, ces pierres, ce ciel, ce soleil, ce silence, cette douleur, et non pas les villes de métal et de ciment, où l’on entendait le bruit des fontaines et des voix humaines.
C’était ici, l’ordre vide du désert, où tout était possible,
où l’on marchait sans ombre au bord de sa propre mort.

Les hommes bleus avançaient sur la piste invisible,
libres comme nul être au monde ne pouvait l’être.


(p23)

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Elles se sont embrassées rapidement. Ethel a remarqué le nouveau parfum de Xénia, ou plutôt, a-t-elle corrigé mentalement, l'odeur de son visage, un peu âcre, de la poudre sur ses joues, ou le shampoing à la menthe dans ses cheveux. Une odeur de pauvre, une odeur d'âpreté, de nécessité d'y arriver. C'est ce qu'elle a pensé en marchant vite le long de la rue de Vaugirard et, à l'instant même où cette évidence lui est apparue, confirmée par le contact du corset dur qui se cachait sous la blouse de Xénia, elle a senti ses yeux se remplir de larmes, de honte ou de dépit, des larmes amères en tout cas.
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Ethel attendait avec impatience ces parenthèses, elle s'asseyait au piano et elle jouait pour accompagner son père à la flûte, ou au chant. Alexandre Brun avait une belle voix de baryton et, quand il chantait, son accent mauricien s'estompait, se fondait dans la musique et elle pouvait s'imaginer l'île des origines, le balancement des palmes dans les alizés, le bruit de la mer sur les récifs, le chant des martins et des tourterelles au bord des champs de cannes. La cathédrale engloutie devenait un vaisseau sombré au large, dans la baie du Tombeau peut-être, et la cloche qu'on entendait était celle de la dunette sur laquelle un marin fantôme sonnait les quarts.
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Les femmes entraient dans l'eau transparente, elles riaient. Leur peau très blanche luisait au soleil, les chevelures mouillées se balançaient lentement, jetant une pluie de gouttes brillantes.
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Il y a tellement de robots et d’hommes-machines, de poupées et de mannequins. Il y a tellement d’hommes-chiens, d’hommes-chacals et d’absents, tellement de zombies et de momies. Tellement d’aventuriers et de faussaires. Je remarque que la société humaine en est largement composée. Mais lui, c’est un être humain.
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Quand on meurt, dit la rumeur, ce qu'on ressent n'est pas douloureux, bien au contraire, c'est doux comme du miel dans la gorge, c'est enivrant comme une fumée parfumée qui emplit la poitrine, et la porte qui s'ouvre au fond du cerveau est pareille à l'entrée du paradis. Ensuite l'âme s'échappe du corps par tous les pores de la peau, par les yeux et par les oreilles, par les cheveux et par les narines, pour s'éparpiller dans le vent, voyager sur les vagues de la mer, à travers les plaines des eulalies et sur les feuilles des lotus, au milieu des nuages aussi légers que les Dragons, jusqu'à ce qu'elle rencontre une forme à laquelle elle pourra se joindre, une forme vivante, une herbe, un arbre, une libellule, ou un chat.
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Tout être humain est le résultat d'un père et une mère. On peut ne pas les reconnaître, ne pas les aimer, on peut douter d'eux. Mais ils sont là, avec leur visage, leurs attitudes, leurs manières et leurs manies, leurs illusions, leurs espoirs, la forme de leurs mains et de leurs doigts de pied, la couleur de leurs yeux et de leurs cheveux, leur façon de parler, leurs pensées, probablement l'âge de leur mort, tout cela est passé en nous.
J'ai longtemps rêvé que ma mère était noire. Je m'étais inventé une histoire, un passé, pour fuir la réalité à mon retour d'Afrique, dans ce pays, dans cette ville où je ne connaissais personne, où j'étais devenu un étranger. Puis j'ai découvert, lorsque mon père, à l'âge de la retraite, est revenu vivre avec nous en France, que c'était lui l'Africain.
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