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Citations de J.M.G. Le Clézio (1811)


Il fallait quitter l'enfance, devenir adulte. Commencer à vivre. Tout cela, pour quoi ? Pour ne plus faire semblant, alors. Pour être quelqu'un, devenir quelqu'un. Pour s'endurcir, pour oublier.
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On allait vers d'autres ports, d'autres embouchures. Manna, Setta Krous,Tabu, Sassandra, invisibles dans les palmes sombres, et les îles apparaissant, disparaissant, les fleuves roulant leurs eaux limoneuses, poussant vers la mer les troncs errants comme des mâts arrachés dans un naufrage, Bandama, Comoe, les lagunes, les immenses plages de sable fin.
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A la poupe et à la proue, les hommes pagaient. Matantaré écoute le bruit régulier des rames qui plongent en même temps dans la mer, un bruit qui coupe le sifflement du vent et le fracas des vagues.
Le vent a poussé constamment sur la voile quand ils ont quitté la grande terre, et ils ont cru que le voyage vers Raga ne durerait qu'un instant. Puis le vent a tourné, il souffle du sud et de l'est, il fait claquer la voile et grincer le mât, il pousse de grandes vagues sur les bords de la pirogue, il creuse comme une douleur, et, quand elle se couche pour dormir, Matantaré entend le glissement de l'eau contre sa joue, elle rêve qu'elle se noie.
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Il respirait de toutes ses forces ,pour sentir le souffle,et c'était comme si la mer et l'horizon gonflaient ses poumons,son ventre,sa tête et qu'il devenait une sorte de géant .
Il regardait l'eau sombre ,au loin, là où il n'y avait pas de terre ni d'écume mais seulement le ciel libre ,et c'était à elle qu'il parlait , à voix basse , comme si elle avait pu l'entendre;il disait: «viens! Monte jusqu'ici, arrive ! Viens!»
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* Il faudrait être oiseau pour retourner là-bas. C'est évident. Les miradors, les barbelés n'empêchent que les animaux terrestres, les êtres humains. Les oiseaux et les insectes, et peut-être même les serpents et les grenouilles, ne se laissent pas arrêter par les frontières.
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Nuages, nuages doux, tranquilles, étranges, nuages gris aux formes ductiles, corps de femmes, chevelures , visages d'enfants, dragons, îles. Nuages, je vais vers vous, je me mêle à vous et je file, moi aussi, changeant sans cesse mon corps et mon visage.
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Je n’aurai plus jamais à tromper l’ennui du monde, je suis libre. Sans doute plus très jeune, plus très vaillant, mais prêt à prendre une place, n’importe quelle place. Tout est dans le jeu des déplacements. Tu bouges un caillou, l’adversaire propose un brin d’algue, une plume de cormoran, une écaille d’huitre. Et tu as trouvé d’un coup, d’un seul, la pierre noire, lisse, nue, lourde, qui te donne la victoire.
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Ainsi, un jour, après avoir vécu tant de tueries et tant de gloires, il est revenu sur ses pas et il a défait ce qu'il avait créé, pour être enfin libre.
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Le petit garçon n'était pas pressé de partir, alors il s'est amusé d'abord à apprivoiser les arbres. Pour cela, il marchait doucement à l'intérieur de la forêt, en faisant attention à ne pas faire trop de bruit. Puis il s’asseyait par terre, au centre d'une clairière, et il attendait. Quelquefois il sifflait doucement, parce que les arbres aiment bien la musique qu'on fait en sifflant. Ils n'ont jamais peur des oiseaux ni des cigales, ils aiment bien le bruit des sifflements doux.
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Lullaby était pareille à un nuage, à un gaz, elle se mélangeait à ce qui l'entourait. Elle était pareil à l'odeur des pins chauffés par le soleil, sur les collines, pareille à l'odeur de l'herbe qui sent le miel. Elle était l'embrun des vagues où brille l'arc-en-ciel rapide. Elle était le vent, le souffle froid qui vient de la mer, le souffle chaud comme une haleine qui vient de la terre fermentée au pied des buissons. Elle était le sel, le sel qui brille comme le givre sur les vieux rochers, ou bien le sel de la mer, le sel lourd et âcre des ravins sous-marins.
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Je t'écris sur une toute petite plage, elle est vraiment si petite que je crois que c'est une plage à une place, avec un embarcadère démoli que lequel je suis assise (je viens de prendre un bon bain). La mer voudrait bien manger la petite plage, elle envoie des coups de langue jusqu'au fond et pas moyen de rester sèche.
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C'était dans ces endroits-là qu'il pouvait trouver des gens à qui parler, pour leur dire simplement :
"Est-ce que vous voulez bien m'adopter ?"
C'étaient des gens un peu rêveurs, qui marchaient les mains derrière leur dos en pensant à autre chose. Il y avait des astronomes, des professeurs d'histoire, des musiciens, des douaniers. Il y avait quelquefois un peintre du dimanche, qui peignait des bateaux, des arbres, ou des couchers de soleil, assis sur un strapontin.
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Pourtant, parfois, je marche dans les rues d'une vile, au hasard, et tout d'un coup, en passant devant une porte au bas d'un immeuble en construction, je respire l'odeur froide du ciment qui vient d'être coulé, et je suis dans la case e passage d'Abakaliki, j'entre dans le cube ombreux de ma chambre et je vois derrière la porte le grand lézard bleu que notre chatte a étranglé et qu'elle m'a apporté en signe de bienvenue.
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La Compassion

(...) Du Fu, l'amoureux des beaux chevaux qui l'ont conduit vers l'aventure autrefois, dans sa jeunesse, regarde son fidèle compagnon qui va mourir- est-ce la première fois qu'un poète parle de son cheval, comme le fera plus tard Francis Jammes de son âne ?
Il écrit ce huitain:

" Mon cheval malade

Je t'ai monté depuis bien longtemps
Sous les grands- froids, vers les passes militaires
Vieux, dans la poussière, tu ne ménages jamais tes forces
La saison est froide, et tu es malade, que cela est triste!
Tu n'as pas une résistance physique plus forte que les autres
Toujours est-il que tu es plus fidèle à ton maître
Un cheval est peu de chose mais ton sentiment est si profond
Tu m'émeus tellement que je compose pour toi ce poème. "

( p.105)
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On oublie que dans un plat servi, chaque graine contient les sueurs des laboureurs

Li Shen
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Lullaby ne pensait même plus à l'école. La mer est comme cela : elle efface ces choses de la terre parce qu'elle est ce qu'il y a de plus important au monde.
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Si mon père était devenu l’Africain, par la force de sa destinée, moi, je puis penser à ma mère africaine, celle qui m’a embrassé et nourri à l’instant où j’ai été conçu, à l’instant où je suis né.
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La ville est mon île maintenant, que ne borde pas la mer, mais les autoroutes qui ronflent et grognent avec le bruit des vagues sur les récifs, les falaises blanches des immeubles de douze étages, aux milles fenêtres, les terrains vagues et les talus du chemin de fer, les ponts noircis par la suie, les forêts hérissées où s’accrochent les sacs en plastique
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Je veux fuir dans le temps, dans l'espace. Je veux fuir au fond de ma conscience, fuir dans la pensée, dans les mots. Je veux tracer ma route, puis la détruire, ainsi, sans repos. Je veux rompre ce que j'ai créé, pour créer d'autres choses, pour les rompre encore. C'est ce mouvement qui est le vrai mouvement de ma vie: créer et rompre. Je veux imaginer, pour aussitôt effacer l'image. Je veux, pour éparpiller mieux mon désir, aux quatre vents. Quand je suis un, je suis tous. J'ai l'ordre aussi, le contre-ordre, de rompre ma rupture, dès qu'elle est advenue. Il n'y a pas de vérité possible, mais pas de doute non plus. Tout ce qui est ouvert, soudain se referme, et cet arrêt est source de milliers de résurrections. Révolution sans profit, anarchie sans satisfaction, malheur sans bonheur promis. Je veux glisser sur les rails des autres, je veux être mouvement, mouvement qui va, qui n'avance pas, qui ne fait qu'énumérer les bornes.
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C'était menaçant, à peine réel. La guerre n'a pas de sens pour les enfants. D'abord ils ont peur, puis ils s'habituent. C'est quand ils s'habituent que cela devient inhumain.
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