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Citations de J.M.G. Le Clézio (1806)


La mer est une route lisse pour trouver les mystères, l'inconnu. L'or est dans la lumière, autour de moi, caché sous le miroir de la mer. Je pense à ce qui m'attend, à l'autre bout de ce voyage, comme une terre où je serais déjà allée autrefois, et que j'aurais perdue. Le navire glisse sur le miroir de la mémoire. Mais saurai-je comprendre, quand j'arriverai? Ici, sur le pont du Zeta qui avance doucement dans la lumière alanguie du crépuscule, la pensée de l'avenir me donne le vertige. Je ferme les yeux pour ne plus voir l'éblouissement du ciel, le mur sans faille de la mer.
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Je me souviens du regard de l’enfant qui était avec nous. Il me brûlait d’une question sans réponse. Je sais maintenant ce qu’était cette question. Il me demandait, comment peut-on tuer ce qu’on aime ?
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Quand le disque du soleil jaillissait, un éclair aveuglant entrait dans ses yeux et emplissait tout son corps, c'était magique, douloureux. Alors la mer devenait transparente, couleur de topaze, un champ d'étincelles... et les grandes voiles semblaient se gonfler de cette lumière qui les poussait vers l'autre extrémité du monde.
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Pour les Mélanésiens, les plantes sont des êtres vivants. Elles ont été pareilles aux humains à un moment de leur existence. Elles n'existent pas seulement pour nourrir les hommes et les soigner, elles forment une partie de l'ensemble vivant. C'est pourquoi elles poussent en liberté, mêlées aux herbes et aux broussailles.
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Les Africains ont coutume de dire que les humains ne naissent pas du jour où ils sortent du ventre de leur mère, mais du lieu et de l'instant où ils sont conçus.
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Ensuite, mes oncles et mes tantes Zayane sont venus de la montagne, pour ramener ma mère, parce qu’ils voulaient lui trouver un autre mari, et me garder avec eux. Ma mère a dit oui, et une nuit elle s’est échappé, elle s’est cachée dans un fondouc jusqu’à ce que ses frères et ses sœurs se lassent de la cacher. Alors, elle a décidé de partir, elle aussi. Elle m’a mise dans une boite en carton, et elle a voyagé en camion et en autocar. Dans les marchés, elle s’asseyait par terre, la boite à côté d’elle, et elle attendait qu’on lui donne à manger.
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J.M.G. Le Clézio
Cet âge où l’on quitte l’enfance et où l’on se mesure au monde est l’un des moments les plus extraordinaires de la vie. Le second, c’est quand on a des enfants soi-même. Après, tout le reste, ce sont des souvenirs.

* Joyeux anniversaire Monsieur Le Clézio, 80 ans aujourd'hui*
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Je me suis arrêté près d’un vieil arbre contorsionné, au bord de la Seine. Avec ses branches basses, je trouve qu’il ressemble à un animal, une sorte de reptile sorti de la boue du fleuve. À son pied, entre les racines, de longues algues noires ondulent comme des cheveux. (...) Je comprends qu’il n’est pas nécessaire d’aller plus loin. L’histoire des disparus, c’est ici qu’elle est plantée, pour toujours.
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« Raconte-moi la suite, s'il te plaît, Onni ! »
Salomé m'a appelée onni, sa sœur aînée, comme moi autrefois avec Mi-kyeong, d'une voix plaintive de petite fille, et je comprends d'un seul coup ce qu'elle est devenue pour moi, dépendante de mes mots et de mes rêves, ma sœur cadette, ma créature ! Je ne sais pas pourquoi, cette découverte qui devrait me satisfaire me trouble plus que de raison, elle me donne une sorte de vertige. Les rôles sont d'un coup renversés, moi qui étais sa servante, son employée, payée en billets de 50 000 à l'effigie de la vieille dame digne, je suis devenue sa maîtresse, celle qu'elle doit suivre aveuglément à travers les méandres de l'imagination, à la merci de mes mots et de mes désirs, j'ai ce pouvoir de continuer ou d'interrompre le flux qui ajoute du temps à sa vie et retarde l'heure de sa mort.
Page 147
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J.M.G. Le Clézio
Comment peut-on faire le tri ? [...]
Comment faire la différence entre les demandeurs d'asile au titre du danger qu'ils encourent dans leur pays, et ceux qui fuient leur pays pour des raisons économiques ? Est-il moins grave de mourir de faim, de détresse, d'abandon, que de mourir sous les coups d'un tyran ? Est-ce que ces tyrans, que la France a souvent soutenus, encensés, qu'elle a choyés et auxquels elle a généreusement ouvert ses frontières lorsqu'un coup d'Etat les jetait à bas, est-ce que ce ne sont pas ceux-là justement qui menacent la vie de leurs concitoyens les plus pauvres ? Est-ce que la France n'a pas une responsabilité dans le système dont elle a profité longtemps, et dont elle profite encore ?

On parle de budget, de limites dans le partage. Sans doute, mais où est le partage quand un pays extrêmement prospère, qui bénéficie d'une avance remarquable dans toutes les techniques, d'un climat modéré, d'une paix sociale admirable, refuse de sacrifier un peu de son pactole pour permettre à ceux qui en ont besoin de se ressourcer, de reprendre leurs forces, de préparer un avenir à leurs enfants, de panser leurs plaies, de retrouver l'espoir ? [...] Comment laisser entendre que ces gens qui se jettent sur les routes, traversent les déserts, s'embarquent sur des radeaux au risque de leur vie [...] comment laisser croire que ces gens ont un choix ? [...]

Il n'est pas question ici de sentimentalisme, ni d'apitoiement facile. Regardons-les, ces migrants, sur le pont des navires, couchés sur le sol, brûlés par le soleil, desséchés par la soif et la faim, regardons-les. Ils ne nous sont pas étrangers. Ils ne sont pas des envahisseurs. Ils sont nos semblables, ils sont notre famille.

[...] La pauvreté et la faim sont des états de guerre. Ceux qui les fuient ne sont pas des réfugiés, ni des demandeurs d'asile. Ils sont des fugitifs.

Soyons clairs et pragmatiques, puisque c'est le mot d'ordre. Mais prenons garde [...] à ne pas nous habituer justement à "toute la misère du monde" comme si nous vivions sur une sorte d'île parfaite, inaccessible. [...]
Il est encore temps d'agir. [...] Que l'invraisemblable budget qui sert à alimenter la machine de guerre à travers le monde accorde une part, une miette seulement, pour aider les citoyens des pays en détresse, pour l'eau potable, l'éducation, la médecine, la création d'entreprise, l'équilibre - la justice.

L'Obs, n°2775, 11 janvier 2017, p.24-25
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Les noms apparaissent, disparaissent, ils forment au-dessus de moi une voûte sonore, ils me disent quelque chose, ils m'appellent, et je voudrais les reconnaître, un par un, mais seule une poignée me parvient, quelques syllabes dérisoires, arrachées aux pages des vieux bouquins et aux dalles des cimetières. Ils sont la poussière cosmique qui recouvre ma peau, saupoudre mes cheveux, aucun souffle ne peut m'en défaire.
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C'est de la lumière que vient la lumière. Elle est en moi, elle bouge comme une flamme. Elle n'est pas le savoir, ni la conscience, ni rien de ce que le langage ou la raison peuvent donner. C'est une flamme simplement, une flamme qui brille et brûle tout le temps à l'intérieur de mon corps.
Je regarde le soleil, les étincelles sur la mer, les étoiles, les reflets. Je regarde les champs éclairés, les hautes montagnes qui brillent comme du verre, le ciel immense où il n'y a rien d'autre que la lumière ; alors la flamme au fond de moi grandit et brûle plus fort.
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Le silence est plus fort que les bruits, il les avale, et tout se vide et s'anéantit autour de nous. Nous restons immobiles sur la varangue. Je grelotte dans mes habits mouillés. Nos voix, quand nous parlons, résonnent étrangement dans le lointain, et nos paroles disparaissent aussitôt.
Puis vient sur la vallée le bruit de l'ouragan, comme un troupeau qui court à travers les plantations et les broussailles, et j'entends aussi le bruit de la mer, terriblement proche. Nous restons figés sur la varangue, et je sens la nausée dans ma gorge, parce que je comprends que l'ouragan n'est pas fini. Nous étions dans l'oeil du cyclone, là où tout est calme et silencieux.
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Mon coeur bat lentement, je ne sens plus la peur, je ne sens plus la faim, ni la soif, ni le poids de l’avenir. Je suis libre, je sens en moi la liberté du vent, la lumière. C’est la première fois.


(Folio, p.180)
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C’est peut-être un défaut propre aux écrivains, celui d’écrire sans cesse les mêmes choses, de remettre sans cesse en scène ce qui les hante et ce qui les a motivés.
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La forêt enserrait, enfouissait, noyait.
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À présent, le moindre arpent de terre jusqu'au cœur de la selve amazonienne, jusqu'aux canyons gelés de l'Antarctique, a été examiné, photographié, analysé par l'œil froid du satellite. S'il reste un secret, c'est à l'intérieur de l'âme qu'il se trouve, dans la longue suite de désirs, de légendes, de masques et de chants qui se mêle au temps et resurgit et court sur la peau des peuples à la manière des épars en été.
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C'était comme s'il n'y avait pas de noms, ici, comme s'il n'y avait pas de paroles. Le désert lavait tout dans son vent, effaçait tout. Les hommes avaient la liberté de l'espace dans leur regard, leur peau était pareille au métal.
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C'est ce silence, qui entre en nous au plus profond de notre corps, ce silence de menace et de mort que je ne pourrai pas oublier. Il n'y a pas d'oiseaux dans les arbres, pas d'insectes, pas même le bruit du vent dans les aiguilles des filaos. Le silence est plus fort que les bruits, il les avale, et tout se vide et s'anéantit autour de nous. Nous restons immobiles sur la varangue. Je grelotte dans mes habits mouillés. Nos voix, quand nous parlons, résonnent étrangement dans le lointain, et nos paroles disparaissent aussitôt.
Puis vient sur la vallée le bruit de l'ouragan, comme un troupeau qui court à travers les plantations et les brousailles, et j'entends aussi le bruit de la mer, terriblement proche. Nous restons figés sur la varangue, et je sens la nausée dans ma gorge, parce que je comprends que l'ouragan n'est pas fini. Nous étions dans l'oeil du cyclone, là où tout est calme et silencieux. Maintenant j'entends le vent qui vient de la mer, qui vient du sud, et de plus en plus fort le corps du grand animal furieux qui brise tout sur son passage.
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Le silence est revenu encore, plein d'ivresse et de lueurs. Par moments, la musique des chalumeaux s'élançait à nouveau, glissait, puis s'éteignait.
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