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Critiques de Jean Giono (1499)
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Batailles dans la montagne

Voilà un Giono intimidant... D'abord parce qu'il fait ses six-cent-cinquante pages en petits caractères, détail qui ne me semble pas si fréquent dans l'œuvre de l'auteur. Ensuite parce qu'il s'écarte assez nettement de ses premiers romans paysans (la trilogie de Pan). Enfin, parce que Giono lui-même l'a plus ou moins renié, ce qui complique un peu l'éloge...

L'action se déroule dans le Trièves, tout au sud de l'Isère. On ne se situe plus sur les plateaux ou les collines des Alpes de Haute-Provence, mais déjà en haute-montagne, celle que Giono retrouvera plus tard pour Un roi sans divertissement. Ni cigales ni débauche de soleil, ici : rien que les brumes pénétrantes de l'automne. Un automne inquiétant, trop humide, pas assez froid pour que le gel fasse son œuvre de salubrité. Et tout cela sous la menace d'un monstre : le glacier qui culmine là-haut, au-dessus d'une poignée de villages isolés. Or le glacier fond ; il travaille et prépare un mauvais coup, il a déjà pris des hommes du village, autrefois. Voilà le décor planté, sombre, grandiose et oppressant.

Si le style de Giono reste inimitable, il est aussi transplanté dans un univers différent. Peut-être est-ce l'origine de cette impression d'étrangeté que j'ai ressentie tout au long de ma lecture. Les mots avec lesquels l'auteur peint la nature sont toujours aussi extraordinaires, c'est le tableau qui a changé : le livre entier est placé sous le signe de l'ombre, de l'eau et de la boue, dans un pays où le soleil ne se lève jamais. L'étrangeté peut même confiner au fantastique, lorsque le glacier se rompt brutalement et que son lac interne dévaste la vallée en un cataclysme qui épouvante le lecteur. L'eau monte et engloutit les villages ; les survivants fuient comme ils le peuvent, se rassemblent et se réfugient sur un promontoire cerné de toutes parts. Il faut s'organiser pour survivre dans le dénuement absolu. A la faveur de l'angoisse générale, de vieilles tensions refont surface. Ces paysans, néanmoins, peuvent bien s'avouer écrasés par la puissance de la nature : ils la connaissent aussi comme leur poche et n'ont pas encore basculé dans l'individualisme. Leur sens pratique et leur vieux fond de solidarité leur permettront de s'en tirer, grâce notamment au courage et au dévouement du personnage qui s'impose, page après page : Saint-Jean. La plume de Giono atteint à mon avis des sommets dans la peinture de cette apocalypse froide, où l'eau indifférente se transforme en un néant proprement terrifiant, et où la petite communauté contemple, désemparée, la disparition de son univers.

Je ne vais pas en rajouter dans l'analyse, ni gloser sur la lecture biblique, et même christique, que l'on peut faire du livre. Je ne m'interroge pas non plus sur la place qu'il faut attribuer à ce roman dans le panthéon de Giono. Non : ce qui m'a frappé pendant ma lecture, tandis que nous avons entendu parler tout cet été de canicule, de sécheresse, de forêts en feu, de débâcle record au Groenland, etc, c'est l'actualité finalement sidérante de ce texte. Nous aussi regardons monter la menace, inexorable. Mais que nous reste-t-il de notre connaissance de la nature, et de notre adaptabilité à ses excès ? Quelles ressources trouverons-nous dans ce qui nous reste de sens pratique, et quelles valeurs de solidarité conserverons-nous enfin pour faire face ?
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La trilogie de Pan, tome 1 : Colline

Travaillant actuellement sur le deuxième tome du livre "La Provence de Giono en peinture" avec une association dont je suis adhérente, je ne pouvais pas ne pas me plonger enfin un peu dans des lectures gionesques. J'ai découvert Jean Giono à l'âge de six ans avec "L'homme qui plantait des arbres" et j'avoue que c'est précisément cet ouvrage qui m'a donné le goût à la lecture (et cela, je le dois bien sûr à la manière dont cela m'a été enseigné). Giono...j'y suis revenue plus tard, alors adolescente, mais, ayant lu des ouvrages qu''il avait écrit durant la fin de sa vie, j'ai été déçue et enfin, j'y reviens maintenant. Grâce aux conseils avisés d'un amoureux fou des œuvres ainsi que de la vie de Jean Giono, je me laisse tout doucement reconquérir par cet écrivain, originaire de chez moi d'ailleurs, avec sa fabuleuse "Trilogie de Pan".



Dans ce premier tome, "Colline", le lecteur découvre la vie de fermiers de ceux que l'on appelle Jaume, Gondran, Arbaud ou encore Maurras aux Bastides sur la montagne de Lure, montagne située aux alentours de la ville de Manosque dont est originaire Jean Giono et qui se situe dans les Alpes-de-Haute-Provence (04). Mais en plus d'eux, il y a aussi les femmes, le vieux Janet et la jeune Marie. Tout ce petit monde se côtoie mais sans forcément s'entraider jusqu'au jour où la source qui alimente la fontaine du hameau se retrouve à sec. C'est dans ces moments de crise que l'on voit que ces paysans sont néanmoins soudés car d'autres malheurs suivront et tous y feront face comme un seul homme, eux tous contre celle qu'ils croyaient être leur amie, à savoir La Colline.

Mais là encore, peut-être se trompent-ils ? Peut-être que cette terre qu'ils labourent tous les jours et qu'ils ont appris à connaître, à parler sa langue...peut-être cette colline-là veut-elle simplement leur transmettre un message, tout comme à nous, lecteurs ?



Il m'a été impossible de relever des citations au cours de cette lecture tant les phrases qu'utilise Giono sont chantantes en elles-mêmes, elles nous vont droit au coeur, nous font sourire parfois et il aurait fallu citer des chapitres entiers pour vous montrer comment l'écriture de Giono est une mélodie en elle-même.

Une lecture que je ne peux donc que vous recommander car celle-ci vous donnera un petit goût de ma Provence...mais surtout celle de Jean Giono !
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Que ma joie demeure

Dans les Alpes de Haute Provence, sur le plateau de Grémone, quelques paysans vivent là, isolés les uns des autres. Des vies simples mais sans joie, rythmées par le passage des saisons.

Par une nuit limpide, illuminée d’étoiles, un homme, Bobi, saltimbanque, va apparaître et s’installer chez Jourdan, paysan résigné. A son contact les gens du plateau vont découvrir le plaisir d’être ensemble, la solidarité, le partage, la beauté des choses. L’homme n’a pas besoin que de blé, il a besoin de joie, il a besoin d’amour, de poésie…

Un très beau texte, magnifiquement écrit, et qui reste d’actualité, sur notre rapport à la nature, aux animaux sauvages et domestiques, aux autres, à notre propre vie. Sur la nécessité de l’inutile, l’éveil au monde qui nous extrait de notre ennui, la fête qui nous rapproche de nos semblables. Mais l’aspect tragique de l’existence humaine reste présent malgré une volonté d’optimisme : la violence des éléments climatiques, la solitude, le désespoir, la mort volontaire, le handicap, le combat permanent qu’il faut mener car la joie sans cesse nous échappe…

Un livre lumineux à méditer .

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Le chant du monde

Ceci n’est pas une critique !

D’ailleurs je n’en ai ni la légitimité ni les compétences. Quand bien même, devant un tel livre, les mots sont difficiles à trouver pour donner un avis définitif (et péremptoire, forcément). Je veux juste à travers ce “commentaire” vous faire partager mon émotion.



Oh que c’était beau ! Une fois encore je suis tombé sous le charme… Sans me retenir. Je me suis laissé emporter au fil de l’eau et des saisons comme les hommes et les femmes qui peuplent ce récit.



On ne présente plus Jean Giono. Cet auteur naturaliste, pilier de la littérature provençale, qui en a inspiré tant d’autres depuis, et qui est capable de vous tirer les larmes des yeux à la simple lecture d’une page décrivant l’arrivée du printemps en montagne, entre le givre craquant sur les branches, le soleil étincelant à travers les sapins, les sautillements des oiseaux dans la neige fragile et légère, le chant des ruisseaux courant sous la glace, les petits mammifères qui s’ébrouent dans le matin frais après un long sommeil… Bref, un hymne à la nature, loin des contingences humaines et des turpitudes de nos sociétés. Mais ce n’est pas seulement cela. Le Chant du Monde, c’est aussi une histoire d’hommes et de femmes, plus durs les uns que les autres avec leurs parts d’ombre et de lumière, leurs envies, leurs jalousies et leurs crimes, leurs amours et leurs douleurs, leurs espoirs et leurs déceptions, leur vie et leur mort. C’est aussi un voyage initiatique d’un homme seul vers un groupe, d’un père vers son fils, d’une femme vers son homme.

Il est tellement ardu de ne pas se prendre au jeu du lyrisme lorsqu’on s’exprime sur un livre pareil. On voudrait dire, faire lire et montrer, aux autres, à vous, faire partager la jouissance qu’on a eu à boire d’un long trait ce texte écrit avec autant de talent à enchaîner les mots.

Faites-moi juste plaisir, lisez les quelques extraits que j’ai voulu partager avec vous.

Pour ceux parmi vous qui connaissent Giono, ce sera une joie de le retrouver ; pour les autres ce sera certainement un plaisir tout neuf de le découvrir et sans doute de plonger plus avant dans cette littérature.



Un chef d’œuvre.
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La trilogie de Pan, tome 3 : Regain

Ils quittent un à un le pays

pour s’en aller gagner leur vie

Loin de la terre où ils sont nés



chante le poète



Dans le petit hameau, Panturle est bien seul depuis que Gaubert le forgeron a rejoint ses enfants. La Mamèche lui a promis qu'elle lui trouverait une femme, car elle sait que le solitude est une souffrance, elle qui a perdu homme et enfant. Il faudra du temps pour que Panturle comprenne comment elle a tenu sa promesse.

Le courage et la détermination, ainsi que le désir de rendre la vie plaisante pour sa jeune femme conduisent Panturle à redonner vie au village, à la sueur de son front. De la femme et par la femme, la vie surgit : en lui offrant le pain issu de son travail, Panturle jette les bases d’un renouveau :



«  je vois que la terre d’Aubignane va repartir. L’envie de pain, la femme… Je connais ça, ça ne trompe pas. Ça va repartir de bel élan et ça redeviendra de la terre des hommes ».



Au cœur de la Provence , si les hommes vivent de peu, au rythme lent des ânes et des chevaux pour essayer de faire survivre les maisons et les terres peu à peu désertées, la nature elle, règne en maître. C'est un personnage en soi, au cœur de ce récit du terroir : vent et pluie sont plus vivants que les survivants d'une époque révolue :



« il y eu d’abord un grand peuplier qui s’est mis à leur parler. puis ça a été le ruisseau des Sauneries qui les a accompagnés bien gentiment en se frottant contre leur route, en sifflotant comme une couleuvre apprivoisée ».



La mythologie transparait à travers les thèmes abordés : ce n’est pas un hasard si les trois romans Colline, Un de Beaumugnes et Regain sont rassemblés sous l’égide de Pan.



La lecture peut être déroutante car le vocabulaire est d’un autre temps, le temps d’un savoir-faire disparu. Ne pas s’y attarder, c’est ce qui donne une tonalité authentique au récit.



C'est un chant d’amour pour la terre et une quête désespérée d’un ancrage en ce temps où l’obsolescence programmée n’était perceptible qu’à l’échelle d’une génération, créant un illusoire sentiment de permanence.


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Un roi sans divertissement

J'ai été déçue par ce roman. L'histoire partait sur des enlèvements et des assassinats suivis d'un meurtre... nous en restons-là, et Giono nous entraîne par la suite dans une traque au loup... puis au presbytère pour y voir les chasubles du prêtre et d'éventuels trésors religieux... ensuite chez une brodeuse de talent dont on peut penser qu'elle craint un danger... enfin le héros veut qu'on lui trouve une épouse... Aucuns liens entre ces divers épisodes, j'ai été perdue en cours de route au fil de l'histoire qui n'en est pas une. J'avais lu de meilleurs livres de Giono. Dommage si je suis passée à côté d'un livre, d'un talent que je trouve là bien caché.
Lien : http://araucaria.20six.fr
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Le chant du monde

Après le pays des collines arides, Giono nous fait découvrir la "haute vallée noire", pays des montagnes noires peuplées "d’arbres noirs", et traversé par un fleuve dont "l’eau [voyant] la forêt large étendue là devant, abaisse son dos souple et entre dans les arbres".

Tel un dogme, la nature nourrit encore et toujours l’écriture de Giono dans ce roman : dotée d’un corps et d’une âme, elle s’accapare un rôle prépondérant sans toutefois décider du destin des hommes. Car pour une fois, c’est un roman d’hommes.



Deux amis, Tonio l’homme du fleuve et Matelot l’homme de la forêt, partent à la recherche du fils disparu du second, appelé le Besson, jamais revenu du pays des montagnes noires.

En remontant le fleuve jusqu’à ce pays sombre, ils feront des rencontres qui bouleverseront leur destinée.

Dans ce pays mystérieux malgré tous les repères géographiques cités par l’auteur, on plonge dans une épopée mais une épopée paysanne, où les personnages taillés à la faux luttent sans cesse pour tout et pour rien dans la rigueur de l’hiver. Les pieds dans l’eau mais aussi les mains dans le sang, ils causent peu mais basculent dans la violence sans aménité aucune. Et pour quelle raison ?

Par amour : c’est l’amour filial de Matelot le bûcheron qui mène cette expédition laquelle va révéler à Tonio le pêcheur, trop longtemps immergé dans l’eau verte du fleuve, l’amour d’une femme. L’amour illumine le récit mais de manière contenue, à l’image de ces gens aux pieds bien campés dans la terre.



Sans conteste, Giono utilise les mêmes ressorts que pour ses œuvres précédentes mais avec une tonalité différente.

La nature fleurit joliment dans la langue de Giono, empruntant diverses formes vivantes. Elle témoigne d’un émerveillement permanent de la part de l’auteur, allant même jusqu’à façonner le corps et l’esprit de ses personnages, ils sentent plus qu’ils ne savent : "Antonio toucha le chêne. Il écouta dans sa main les tremblements de l’arbre. […] ‘’Ça va?’’ demanda Antonio. L’arbre ne s’arrêtait pas de trembler. ‘’Non, dit Antonio, ça n’a pas l’air d’aller.’’

Toutefois, l’auteur n’expose pas une nature enthousiaste aux couleurs chatoyantes : point d’été avec sa chaleur écrasante, mais les pluies incessantes de l’automne et le souffle glacial de l’hiver. Et ce d’autant plus que l’auteur a choisi de conduire nos deux compagnons armés de leur solide amitié en direction de la ville, dominée par un effet de clair-obscur à travers des ruelles sombres et étroites.

On prend alors conscience que Giono use de cette palette de couleurs pour marquer la progression du récit. La trame obéit au rythme des saisons : avec le froid mordant de l’hiver le fleuve se trouve prisonnier des glaces, c’est le temps de l’inquiétude, de l’impuissance, de l’attente des hommes jusqu’à la survenue du printemps lequel sort de terre avec le réveil des orgueils et des instincts de vengeance des hommes. Le printemps découvre une terre "sanguine ", des "torrents musclés" et insuffle une formidable énergie non seulement aux hommes, mais également à l’intrigue quelques peu ensevelie sous la neige. Lorsque le printemps s’annonce, tout s’accélère, bercé dans une atmosphère d’abord féroce puis lyrique et sensuelle. Giono démontre ainsi sa parfaite maîtrise du rythme, rendant la lecture captivante.

Comme toujours, l’homme et la nature sont unis par des liens profonds chez Giono. Mais cette fois, ils chantent à l’unisson : "le monde commençait à chanter doucement sous les arbres", la nature accompagne de son chant les personnages au gré de leur périple. Pas de lutte entre l'homme et la nature.

Et c'est probablement en raison de cette harmonie que la nature exerce moins d’emprise sur le récit que dans les romans précédents. Avec une certaine pudeur qui sied à la vie paysanne, l’auteur pose alors un regard tour à tour compatissant et admiratif sur ses héros, guidés par leurs sentiments et l’abnégation ou la désillusion qui en découlent. Tous ne reviendront pas de ce voyage avec ce qu'ils recherchaient.
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Mort d'un personnage

Amour et devoir

OU

Le chevalier servant



D'abord j'ai fait fausse route. Je ne comprenais pas ce roman et je suis allé voir quelques critiques. Aussi un peu de matériau biographique concernant Giono. Difficile pour le lecteur débutant de ne pas trop se laisser influencer ! J'ai voulu voir dans Mort d'un Personnage la traduction des ennuis de Giono, peu après la seconde guerre mondiale. Ennuis juridiques et sans doute aussi ennuis créatifs ( le Giono des deux manières). Mais ca ne me menait nulle part. J'ai alors eu une petite discussion avec une amie, et je me suis rendu compte qu'il ne faut pas toujours vouloir voir des thèses dans un classique, qu'il ne s'agit pas, non plus, de toujours chercher les événéments dans la vie personnelle de l'auteur qui seraient retraités par l'écriture. Il y a de ca, mais ... si on laissait le livre parler pour lui-même ? Cannetille considère les livres comme des amis et elle les écoute. Moi, débutant enthousiaste, je les soumets à la question. Parfois, j'en rencontre qui résistent.



Alors, si l'on écoute ce livre, qu'entend-on ? Un lointain écho. celui du Hussard sur le Toit. Vous vous souvenez,, Angelo ( Angelo I), jeune homme fougeux, idéaliste et Piémontais, fait un crochet par la Provence dans le cadre de ce que l'on pourrait appeler une mission de renseignement. C'est qu'il travaille pour les nationalistes. Pris au dépourvu par une épidémie de cholera, la foule enragée voulant le lyncher, il se réfugie sur les toits de Manosque, et cherche quelque chose à faire qui ait un sens. Angelo est un homme dont la vie s'épanouit dans le cadre d'une mission, un service. Un de ces hommes à l'âme d'argent dont parlait Platon. L'autre écho est celui de la marquise de Theus. Une créature fabuleuse, aristocrate vaguement pré-marxiste, immensément riche, soutenant les nationalistes piedmontais ,se moquant de son environnement social naturel, amoureuse d'Angelo ...



C'est bien de cette marquise qu'il est question en ce troisième et dernier tome du Hussard. Angelo (I) est mort, et son fils est un adulte qui ne déroge pas à la tradition familiale : il se choisit une mission. Les temps ont changé, et sa mission est humanitaire : transformer un asile pour aveugles en domicile, les conforter, les aimer. Il s'y ruinera, et il le sait. Même avec l'argent provenant de la vente des immenses domaines de la marquise. Celle-ci n'est pas un Pardi : elle ne vivait pas pour une mission mais pour un homme, et sa mort vide l'existence de la marquise de toute substance. Esseulée, elle vend tout et part vivre chez son fils. Ensemble, ils font le bonheur des indigents...



La Mort d'un Personnage introduit la troisième génération d'Angelo Pardi. De ses prédécesseurs, il a hérité la fougue, le courage, et le sens du devoir. Un devoir à choisir librement. Et il prend pour mission d'accompagner la marquise, très agée, et son propre père vieillissant, sur la route qui leur reste à faire. Là encore, il y a des parallèles avec le tome premier : la maladie ( l'épidémie de grippe qui affecte Marseille et les maux de la haute vieillesse qui affligent la marquise), la mort ( qui frappe la jeune aveugle qui complétait le ménage) , les toilettes ( non pas de morts du cholera , mais du corps défaillant de sa grand-mère), le besoin de servir ( non plus un peuple, mais une très vieille femme) .



Quand l'on a écouté ce livre, que ressent-on ? D'abord le froid, le froid humide d'une nuit glauque. C'est la nuit dans laquelle s'enfonce la marquise, traquant son Angelo, qu'elle rejoindra dans la mort. Nuit, image du dépouillement de la très haute vieillesse. Nuit de l'absence. Nuit littérale, puisque la voilà aveugle. Le froid, de cette solitude que l'on peut avoir même entouré, même aimé par quelques êtres chers. Un seul vous manque et .. Glauque, l'interminable alternance des jours et des nuits qui mène , tel un escalier monumental, vers cette issue qui se dérobe toujours. Les forçats, au moins, connaissent le terme de leur peine.



Dans cette nuit, quelques lumières. L'aide discrète, effacée de son fils. Puis le secours du petit-fils. Et, dans les tout derniers jours, les ambrassades d'un grosse fille de la campagne piedmontaise, qui vient "faire" le linge et la serre dans ses bras. Petite poupée comme de verre et de carton, qui salit les langes, et dit " j'ai besoin d'un calin" .



Nous voilà très loin des exploits d'un hussard. Très loin, aussi, du soleil de la Provence. L'été glorieux de la vie est passé, les feux de l'automne aussi, et l'hiver est tout ce qui nous reste. Non, il reste plus, il reste "nous". La marquise a beau être sourde et aveugle, elle n'es pas folle, sauf au sens ou l'on peut être fou de solitude et de désir, ce désir de l'être absent. Elle n'est pas sénile, si elle dit et fait des choses étranges, c'est que la solitude l'y contraint. Mais elle reste cette créature fantasque, farouchement rebelle, têtue, qui ne sera jamais qu'à Angelo. Et c'est ainsi que la mort la délivre d'une vie d'absence.



C'est un conte, plus qu'un roman. Comment tirer la conclusion d'un conte ? S'ils sont immortels c'est bien parce que chacun peut en tirer la sienne. A vous de jouer maintenant.



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Le Hussard sur le toit

J'ai visionné le film de Jean-Paul Rappeneau ( Sorti en 1995) plusieurs fois, la dernière tout récemment, mais n'avais pas lu ce livre qui fait écho à La Peste de Camus ( on y retrouve l'épidémie qui se déchaîne, qui foudroie, le désordre, l' exode ,l'exil, la quarantaine, les crémations...) , car note Giono « Le choléra est un révélateur , un réacteur chimique qui met à nu les tempéraments les plus vils ou les plus nobles » ( égoïsme, lucre, luxure, avidité, cruauté, dévouement, générosité...) . A la fois roman d'aventure , de cavalcade, fresque historique, témoignage réaliste glaçant d'une épidémie, et roman d'amour, d'amitié, de fraternité. La figure du « jeune français » ce médecin qui cherche à sauver, qui réconforte, c'est le double de Tarrou, comme lui, il succombera au fléau.

Une écriture sombre et lumineuse, magnifique, enrichie de métaphores, un grand périple sous un soleil implacable, pétrie de poésie malgré cet effrayant choléra décrit de façon très réaliste,

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La trilogie de Pan, tome 1 : Colline

Qui délire ? Un homme de trente-deux ans qui en savait trop se glisse dans la carcasse d'un alcoolique agonisant de quatre-vingt-quatre. Janet-Giono, Giono-Janet parle libre quand les autres « déparlent ». Sous l'immunité du glas, il profère les insanités, les grossièretés, scande les mots parlés qu'on ne saurait confier à la littérature française de 1929. Qui blâmera un vieillard au seuil de sa vie? « Une avait le cul comme une meule de paille et la poitrine comme un tire-vin, a se tortillait que ses longs nichons en claquaient pire que des banderoles et flic et floc et je t'en fous (…). J'ai lancé mes mains dessus. M'a pissé dessus la salope… ». Janet souffle entre les dents ce qui suffoque Giono. Il a pas fait l'école, on l'a envoyé à la guerre. Au Chemin des Dames! Et la suite donnera des raisons à la colère de Janet: la guerre, encore! Et après la deuxième, la taule ! Et pourquoi ? Pour le punir de mieux écrire que les types de Saint Germain ?

« -Couillon

-…

- Couillon, je te dis. Et ça veut commander, ça. (…)

- Vous êtes foutus

- Ne dis pas ça, Janet. On dirait que tu en es heureux.

- Je suis bien content ; des couillons comme vous il y en a toujours trop »

Traduit dès 1929 aux Etats-Unis, ami de Chester Himes et pen-friend d'Henry Miller, Giono crée le roman moderne américain, celui des héros ruraux sans grade et sans cités, ceux qui ont tout perdu sauf leur langue, LA langue. Dans Colline comme dans Prélude de Pan (1935), le héros est l'émissaire de Pan. Ce qui signifie qu'en littérature, Giono c'est Pan lui-même.

« Et c'est là qu'il s'est mis à parler, comme s'il avait été la fontaine du mystère. Ça s'est tout construit : un monde né de ses paroles. Avec ses mots il soulevait des pays, des collines, des fleuves, des arbres et des bêtes; ses mots, en marchant, soulevaient toute la poussière du monde. »

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La trilogie de Pan, tome 3 : Regain

♬ Ils quittent un à un le pays

Pour s'en aller gagner leur vie, loin de la terre où ils sont nés ♬



Regain est ce court roman de Jean Giono qui vient conclure la trilogie de Pan. Je vous ai déjà chroniqué les deux premiers volets, Colline et Un de Baumugnes. Les trois récits peuvent se lire dans un autre ordre que celui proposé par cette trilogie et indépendamment les uns des autres. Ce sont trois histoires différentes, avec des personnages que l'on ne retrouve pas d'un récit à l'autre, sauf un seul : la nature dans ce décor à la fois éblouissant et rude de Provence...

Et puis, avec le recul de ces trois lectures, j'aperçois la beauté d'une fresque paysanne qui se dessine, magnifique et sensuelle, où la terre se désire et se livre dans les gémissements du vent et l'équilibre instable du ciel.

À force, les gens de là-bas ont fini par être façonnés par la nature, par lui ressembler. Ainsi, je ne suis pas prêt d'oublier Panturle qui ressemble à un morceau de bois et lorsqu'il ouvre les bras béants, il devient un arbre. Dire que sa mère n'était pas plus grande qu'une sauterelle !

Je ne suis pas prêt d'oublier non plus la vieille Mamèche. Elle sait qu'il faut une femme pour Panturle afin qu'il reste ici... Elle ne s'en ira pas avant... Un jour, elle s'efface et disparaît derrière le paysage comme par enchantement, elle devient une feuille morte qui glisse sous la porte, au moment de transmettre la suite de l'histoire. C'est une passeuse...

Ni Arsule, ni le vieux Gaubert, ni L'amoureux, ni Alphonsine, ni Gédémus...

Je crois les revoir défiler devant moi une dernière fois au moment où je referme ce livre qui clôt La trilogie de Pan. Je voudrais les emporter dans mes souvenirs.

Ce sont des personnages pétris d'amour et de fraternité, taiseux, secrets, suspendus à leurs destins.

Même ceux qui n'ont pas la bonté naturelle en eux se laissent parfois assaillir par la grâce d'un instant, le chant d'une fontaine, le feu dans l'âtre, un geste qui comprend et apaise...

On sent que les personnages sont habités par quelque chose de plus grand qu'eux.

Et puis, surtout, on y retrouve aussi le style inimitable de Giono : mystique, solaire, animal.

Regain, c'est une terre qu'on croyait ancienne, éteinte, peu à peu oubliée des femmes et des hommes, comme ce village qui s'appelle Aubignane, qui se vide et qui se meurt.

Ici, le tranchant d'un plateau cisaille le paysage en deux, avec des maisons qui se tiennent désormais presque au bord d'un vide sidéral, celui de l'oubli...

C'est un pays renfrogné, qui s'endort, balayé par des vents parfois enragés.

Savez-vous que la terre s'endort si des gestes doux et ancestraux finissent par s'éloigner d'elle ? Elle a besoin qu'on lui parle, qu'on la remue tranquillement, pas outrageusement...

Parfois il faut un peu de vie pour combattre la fatalité.

Regain, c'est une terre qui attend qu'on la délivre de l'oubli et du silence des landes.

Aubignane attendait peut-être ce peu de vie pour retenir ces pierres au bord du vide, écarter le genêt, affuter le soc d'une charrue... Aubignane attendait peut-être quelqu'un comme Panturle... ou d'autres encore...

Regain, c'est une joie qui dévale plus forte qu'un ruisseau.

Ce sont des chevaux qui tournent brusquement leurs têtes étonnées vers ces lointaines formes éblouissantes qui apparaissent dans le paysage, un vert pâturage hallucinant qui s'allume comme un brasier et enflamme le printemps. Comme j'ai aimé cette image ! Je ne connais que Giono capable de décrire un tel instant sidérant...

C'est une chanson serrée dans les lèvres de Panturle, entassée dans sa gorge et qui ne demande qu'à s'envoler...

Ce récit a quelque chose de magique et de mystérieux, d'attachant aussi, il y a une odeur de genêts, de pain chaud, de désir qu'on étreint dans la lumière de Provence.
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Jean le Bleu

Jean le bleu est un roman de Jean Giono publié en 1932 .

L ' auteur narre ses souvenirs d 'enfance et d 'adolescence

dans sa ville natale , Manosque en Haute-Provence .Il nous donne avec beaucoup de sincérité et simplicité tous les détails de cette tranche de sa vie .L 'auteur est le fils de gens modestes : le père est cordonnier et la mère est lingère .Les gens de l 'époque étaient souvent pauvres mais ils sont très dignes .On y trouve l 'entraide et la solidarité .

On retient surtout l 'amour du fils pour son père . Ce père

est généreux et manifeste un grand humanisme et

n ' hésite jamais à aider ou porter secours à autrui d 'où la grande estime du fils pour ce bon père .Ce dernier est

d 'origine italienne .C 'est un carbonaro qui a quitté son

pays pour s 'installer en France .

Mais n 'oublions pas que l 'auteur qui a l 'âme de poète nous décrit de fort belle manière la nature et tout ce qui l'entoure avec minutie : on sent l 'odeur ou l 'arôme des

fleurs et l 'attention qu 'il porte aux fleurs et la flore d'une façon générale .

Une bonne lecture et le récit est écrit avec beaucoup de

simplicité et sans aucun artifice !

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La trilogie de Pan, tome 3 : Regain

Je suis une nouvelle fois tombé amoureux fou de cette écriture qui vous enlace et vous agace les sens, c'est "ce vent, page 48, qui entre dans son corsage comme chez lui. Il lui coule entre les seins, il lui descend sur le ventre comme une main ; il lui coule entre les cuisses ; il lui baigne toutes les cuisses, il la rafraîchit comme un bain. Elle a les reins, les hanches mouillées de vent."





Clôturant la trilogie de Pan, Jean Giono nous livre avec Regain, à travers des fresques magnifiques, ce délice de langage, une sensualité vibrante, un récit qui vous prend aux tripes, un monde qui nous invite à redécouvrir la terre, comme à flâner dans l'herbe sous le murmure du vent.



"C'est, d'abord, un coup de vent aigu et un pleur de ce vent au fond du bois ; le gémissement du ciel, puis une chouette qui s'abat en criant dans l'herbe.

Voilà l'aube. Page 81."



L'ayant lu à mon adolescence, je l'ai repris à l'occasion d'une virée autour de Manosque, j'ai retrouvé l'ambiance chaude et parfumée des collines de Haute-Provence, de ce pays balayé par les vents, doux ou ardents qui vous distillent une musique à vous donner des frissons.





Regain comme renouveau, comme une renaissance, comme une métamorphose, comme les herbes qui repoussent après la première coupe, plus puissante alors, celle qui va s'épanouir tout le printemps.



Le regain n'est pas seulement une image il est l'essence même de la trilogie de Pan.



Dans ce roman, nous percevons dans la première partie tout un passé qui s'éteint, un passé très lourd, où les hommes ont fini par baisser les bras devant une nature rebelle âpre sauvage, balayée par des vents qui dessèchent les âmes et assèchent les ruisseaux.





Mais la magie de ce roman, est de nous prendre à témoin, nous conter comment revivifier cette terre, la rendre de nouveau nourricière, imaginant une autre façon d'être et de vivre en harmonie avec cette nature, en la respectant, en la faisant s'épanouir.



On a parlé ironiquement d'un retour à la terre, ce n'est pas un retour, c'est la suite et le point d'orgue des deux premiers romans de la trilogie de Pan, réinventer la vie. le destin de Panturle et d' Arsule sera de créer un art de vivre en communauté, restaurer un ordre immuable, revivifier la façon d'être avec les éléments naturels qui les entourent, le rythme de la terre vivante et perceptible par tous nos sens.



Dans "Colline" les 12 personnages et le simplet sombrent dans la peur et l'affrontement, dans leur perception d'une nature hostile qui va tout emporter, comme l'affirme Janet le personnage central des Bastides Blanches, inlassablement il prédit la fureur de la nature, le déchaînement des éléments. le vieux Janet devenu invalide, les yeux fixés sur le calendrier, annonce les futures catastrophes



Dans le deuxième roman, "Un de Baumugnes", c'est l'écoute qui devient le fil conducteur de l'intrigue, l'écoute d'Albin, son chant intérieur qui le ronge, l'écoute du vent comme une plainte que seuls les amours savent dévorer. L'écoute des bruits de la Douloire, comme celui de la flûte de Pan, va produire l'effet le plus extraordinaire, devant Pancrace le vieux va s'effondrer pour laisser place à ce quelque chose que l'on pourrait appeler la compréhension ou l'acceptation.





Après la fronde et la peur, après l'acceptation de l'autre après l'acceptation de la nature parfois rebelle, parfois prophète, que faire ? Sinon planter la vie, tailler la terre et semer les graines.





Demain un enfant, le blé, et le bon pain seront portés par la présence de Pan , appelé parfois vent de printemps, pour investir complètement la nature, la joie entrouverte faire jaillir le regain l'émerveillement d'un couple de paysans.

Panturle l'exprime par ces mots, « je l'ai revue je l'ai comprise, cette quête mystérieuse de l'enfant ; ce besoin qui me faisait regarder en face le coin du ciel d'où naissait le vent ».

Ou encore, "je l'ai comprise cette terreur, et pourquoi dans la colline, j'arrêtais mon pas, je regardais peureusement derrière mon épaule pour saisir l'étrange présence, et seul, le large dos de Lure montait au fond de l'horizon."





Éblouissement des gens de la terre semble peut-être puéril pour ceux qui s'imaginent encore, que la nature est belle et docile. C'est un tombereau de clichés pourraient dire certains, qui ne s'en privent pas, mais qui n'ont jamais, travaillé la terre, comme un paysan. Est-ce un cliché, d'exprimer page137, "celui de s'attendrir devant le premier tranchant de l'araire, quand la terre s'est mise à fumer. C'était comme un feu qu'on découvrait là-dessous."





Dans les pas de Giono, Serge Joncour a créé avec Chien-Loup une véritable symphonie autour de la découverte du bonheur de côtoyer un village déserté, très haut sur les collines, à Orcières, et d'affirmer que ces lieux encore préservés, invite à des relations harmonieuses, mais aussi à instaurer entre les hommes des relations fondées sur le respect de la parole donnée.





Giono appellera cela, la civilisation paysanne. Face à la barbarie des temps modernes la civilisation paysanne a encore des valeurs à partager, mais pour cela, il est impératif de ne plus parler de cliché.
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L'homme qui plantait des arbres

Elzéard Bouffier ou Lazare le bouvier

Peu importe si tu n'es qu'un être de papier

Ton projet obstiné de créer une forêt

Hante notre imaginaire bel élan vert germé

Les chênes arbres sacrés s'élèvent grâce à toi

Le murmure de leurs feuilles adoucit le vent froid

Les bouleaux et les hêtres, le tilleul aux fontaines

Sources d'espoir jailli éblouissant les rêves

Oubliée d' Elzéard, la guerre parait si loin

Impassible nature qui glisse entre ses mains

Milliers de graines semées en profusion magique

Une fable écologique, une parabole mystique ?

Pour moi, c'est avant tout une aventure humaine

Un bel ancrage de l'homme à la terre sereine

Généreux dans le geste, inoubliable don

Chacun à notre façon, nous aussi , semons!
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La trilogie de Pan, tome 3 : Regain

Le petit village d'Aubignagne se meurt. Les uns après les autres les villageois l'abandonnent laissant leurs maisons s'écrouler et les éléments reprendre leurs droits. Aujourd'hui c'est Gaubert, le forgeron, qui remballe son enclume, plus de toc … toc … toc, le cœur du village s'en va vivre chez son fils. Reste que la mamèche, quatre-vingts ans au compteur et Panturle qui est encore dans la force de l'âge. La mamèche lui promet une femme puis elle disparait.

Gédemus est rémouleur, Arsule l'accompagne et tire la meule. Ils font halte à Aubignagne et frappent à la porte de "Panturle" qui ne répondra pas. C'est en voulant les suivre qu'il tombera dans un ruisseau, et lorsqu'il revient à lui, Arsule et à ses côtés. Ensemble ils commenceront tout doucement à faire revivre ce petit village.

Sur le thème de la désertification, Jean Gionio nous livre un récit plein de poésie avec des paroles qui chantent la vie d'un autre temps. Beaucoup de dialogues nourrissent notre imaginaire, surtout celle de faire revivre Fernandel et Oranne Demazis, me rappelle plus le troisième. Une histoire simple avec des gens simples, mais c'est le talent de conteur qui fait de ce livre une œuvre incomparable, nous plongeant dans une Provence baigné de soleil ou je crois même avoir entendu quelques cigales.

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L'homme qui plantait des arbres

En Provence, dans une région aride un berger solitaire plante des milliers d'arbres, au fil des ans les collines nues reverdissent, les rivières asséchées coulent à nouveau, les maisons en ruines sont retapées, les familles s'installent dans les villages abandonnés qui reprennent vie.



Cette nouvelle écrite par Jean Giono en 1953 est un récit humaniste et écologique qui résonne encore plus aujourd'hui. Une narration brève, simple et généreuse, le portrait émouvant d'un berger planteur d'arbres et un hymne à la nature. Jean Giono disait que c'était un de ses textes dont il était le plus fier, il ne lui avait pas rapporté un centime, car il avait abandonné ses droits et c'était pourquoi il accomplissait ce pour quoi il avait été écrit. Un message clair, une forêt se cultive, la forêt régularise l'eau, elle influence le climat, elle protège les sols de l'érosion par l'eau et le vent. La forêt est source de vie. Beaucoup d'enseignants font encore aujourd'hui étudier ce texte.



Philippe Torreton explique dans son dernier roman « Une certaine raison de vivre » que cette nouvelle de Giono a été la genèse de son livre. Après avoir terminé le roman de Philippe Torreton, la lecture de la nouvelle de Giono s'est imposée naturellement à moi.



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L'homme qui plantait des arbres

Un hymne à la forêt dans une histoire de l'Entre Deux Guerres.



C'est un court roman, joliment illustré par Willi Glasauer dans l'édition ancienne que j'ai sous la main.

En 1913 le narrateur qui s'exprime à la première personne rencontre dans les Alpes provençales un berger d'une cinquantaine d'années qui vit dans la solitude et plante chaque jour des glands, espérant voir pousser une forêt. Peu à peu il variera les espèces d'arbres. Le pays traverse les deux guerres mondiales, mais cet homme poursuit sa tâche inlassablement. Au bout de quelques années, la forêt jeune modifie le paysage et permet à de petits ruisseaux de se remettre à couler.



J'ai aimé l'écriture toute en douceur et en images de Jean Giono. On ressent son amour pour cette région et encore plus pour la nature. Ne nous délivrerait-il pas là une façon d'accéder au bonheur, le meilleur car le plus simple?

L'ouvrage est accompagné d'un dossier fort intéressant sur la forêt et les espèces d'arbres.



Un livre à lire et faire lire car encore d'actualité à mon sens!
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La trilogie de Pan, tome 2 : Un des Baumugnes

Quel talent ce Giono ! Quelle authenticité ! Qui n'est pas sans rappeler d'autres auteurs ou artistes célèbres ...



Il y a du Brassens dans sa façon de croquer ses personnages, du Brel dans ses envolées tragiques, du Pagnol dans sa Provence, du Fernandel dans son terroir ...



Que dire de plus ?

Que j'aime sa simplicité, son amour de la terre, son honnêteté.

Que j'ai aimé retrouver dans ce récit toute la rusticité qu'on trouvait autrefois dans nos campagnes, toute la rudesse de la vie paysanne sous laquelle se dissimulait bien souvent une tendresse bourrue, une maladresse touchante.



Si le premier volet de la Trilogie de Pan rendait un bel hommage à la nature en la personnifiant, ce deuxième roman, lui, offre une part belle à l'amitié et à l'amour...J'ai hâte de voir ce que me réserve le troisième !

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Le grand troupeau

Jean Giono choisit d’évoquer la guerre en n’en parlant pas. Sur le front, elle s’étale comme un gigantesque carnage, anime les crânes dénudés et redonne vie aux cadavres recouverts de mouches noires ; à l’arrière, ses échos se font entendre à travers la chair avide des femmes esseulées. De l’un à l’autre, le grand troupeau des bêtes chemine -la faute au meneur !





Jean Giono nous fait comprendre les pertes engendrées par la guerre en abaissant l’harmonie qui unit son peuple rural à la terre et aux animaux. L’amour, la faim et le travail ne s’évoquent plus qu’en termes d’appétits morbides voués à la destruction. A la manière des surréalistes, il brandit ses cadavres dans des visions hallucinatoires. Il fait connaître la guerre à ceux qui l’ignorent dans des éclairs de lucidité foudroyants. La technique est d’autant plus efficace que l’écriture de Giono ménage une part considérable de mystère. Ses constructions semblent correctes mais en les observant bien, on relèvera des ellipses ou des attributions étonnantes qui laissent de côté, à moins qu’elles n’induisent le malaise. Le Grand troupeau a été amputé dès l’achèvement par son auteur pour n’en garder que l’essentiel, dans une volonté d’épuration et de franchise qui semble hériter de la brutalité des événements. Et malgré tout ça, Jean Giono reste en-deçà de la réalité. Sa manière de surprendre devient rapidement une ritournelle aussi désagréable que la violence à démasquer, et le mystère frôle souvent l’opacité.





C’est à ce moment-là qu’on peut le mieux apprécier le chant rural du Grand Troupeau. Mes références champêtres sont réduites : il me semble pourtant retrouver les ambiances de Georges Sand et de ses romans ou les récits de ceux de mes aïeux qui ont vécu dans la montagne avec les bêtes et les champs. C’est une mélancolie que distille alors Jean Giono, comme s’il avait compris dès la fin de la guerre qu’il ne serait plus possible de vivre comme les paysans de son histoire. La guerre ne serait pas vraiment la responsable mais plutôt un symptôme parmi tant d’autres indiquant la perte des valeurs propres à une communauté et à une époque dépassée. Le bélier devient alors le représentant médiatique de l’ancien temps, brandi comme un dieu à l’usage des nouvelles générations. Le Dieu de Justice pourrait enfin s’affirmer… Ni optimiste, ni pessimiste, Giono semblerait plutôt soumis au temps, à ses variations et aux peuplades qui subissent et réinventent à chaque fois les artefacts de leur passé. Lire le Grand troupeau aujourd’hui confirme cette intuition que nous avançons toujours en sacrifiant une certaine forme de bonheur primitif.


Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Le chant du monde

Le fils du bûcheron Matelot a disparu depuis plusieurs mois. Matelot convainc son ami Antonio de partir à la recherche de son corps pour le ramener et l’enterrer. Ils remontent le fleuve en guettant les troncs d’arbre que le besson était chargé de convoyer et qui seraient passés par là.

L’intrigue, qui se rapproche de celle de la guerre de Troie, est forte, mais elle s’évanouit sous les descriptions et les personnages. J’ai eu assez peu envie de savoir ce qui allait leur arriver.

Lire Le chant du monde, c’est plonger dans un style flamboyant à l’extrême, dans une nature fantasmée et dans des dialogues parfois mystérieux. Alors que Regain est un des livres que j’emporterais sur une île déserte (il me faudrait peut-être une immense caisse, pour emporter tous mes livres préférés), j’ai trouvé cette lecture difficile. Un chef-d’œuvre, je veux bien en convenir, mais difficile.


Lien : https://dequoilire.com/le-ch..
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