Jean Graton

Ce 59eme tome des aventures de Michel Vaillant commence par une scène un peu surnaturelle, qui fait référence à un vieil album : le fantôme des 24 heures.

Je n’en dirai pas plus pour ménager le suspens, mais franchement cette première partie d’album est excellente et originale.

Changement de décor ensuite pour la seconde partie de l’album : on quitte Le Mans pour le Tibet, où Steve et Michel vont essayer de retrouver Ruth, avec l’aide de Bob Cramer, dont les interventions dans cet album se révèlent aussi décisives qu’amusantes.

Ces deux parties très différentes donnent un album de bonne facture au scénario fouillé. Quant au dessin, on a à la fois des scènes de courses, des paysages superbes au Tibet, et des vues spectaculaires des ateliers Leader.

Un seul regret: la brièveté de l’album car les dernières pages présentant les voitures Leader à travers les âges m’ont fait l’effet d’un remplissage.

Avouons que cet album ne présente pas un grand intérêt.

Néanmoins il est assez drôle et illustre bien le proverbe Tel est pris qui croyait prendre.

Il met également bien en avant les trésors conservés au Musée national de l’automobile de Mulhouse, en particulier les Bugatti.

Vroum-Vroum au Kénya.



L'occasion de rendre hommage à Mr Graton, qui vient de nous quitter, à pas loin de la 100aine. Une belle place d'honneur à l'arrivée, pour qui a consacré sa vie aux compétitions sur circuit.



Mais ici, Vaillante a décidé de quitter les bitumes, pour s'attaquer au monde du rallye.

Bien sûr, ils ne choisissent pas n'importe lequel, autant se faire la main sur le plus dur du circuit mondial, le Safari.



Et petites surprises pour leur souhaiter la bienvenue, on leur envoie des miniatures de leurs autos façon maraboutage, avec un coup les pneus crevés par des aiguilles, un coup calcinée, accidentée, etc.

Jusqu'à une lettre explicite d'un "grand sorcier", qui va clairement leur indiquer que ce n'est une dent qu'il a contre Michel, Steve et leurs petits copains, mais une belle mâchoire de fauve bien dentelée et bien puissante...



Un classique de la série, correct, avec des voitures de course d'époque finement croquées bien sûr, mais surtout l'un des plus dépaysant, grâce à ces grands espaces.



Comme tous les héros ayant débuté à la fin des années 50 (pour cette série, dès le premier N° de "Tintin"...), il y a eu deux périodes.

Jusqu'aux années 70 c'était bien propret, pas forcément emballant, après on a eu le plaisir de découvrir des albums plus débridés, plus vivants.

Et ce voyage en Afrique est déjà bien encré dans cette transition, malgré les défauts d'époque sur lesquels certains pourraient tiquer (non, on ne dit plus "noirs", ni "indigènes"... les bulles ont probablement changé dans les versions plus récentes).



Bon, l'intrigue n'est pas digne d'un prix "Le Point du polar européen" (oui, je l'aime bien celui-ci...), mais il faut reconnaître que dans l'ensemble, Jean se donnait du mal pour essayer de varier les scénarios.

A relire de temps en temps un Michel Vaillant pour la nostalgie, plutôt ceux des années 70-80 comme celui-ci (1975).

Cet album n’est pas le meilleur de la série, mais une fois qu’on a dépassé la couverture hideuse, l’histoire est plutôt amusante, avec un riche américain, Stanley Newton, qui, après avoir gagné les 500 miles d’Indianapolis, se lance dans la formule 1 au Grand Prix de Francorchamps et se comporte comme un goujat.

Michel, Steve et Julie sont à Bruxelles pour le Racing Show. Ils y croisent Bob Cramer, puis c’est Ruth qui réapparaît. Et elle va essayer de reconquérir Steve.

Dans cet album qui joue beaucoup sur les sentiments des personnages, on assiste à la rédemption de Bob Cramer, ainsi qu’à une lutte entre Julie et Ruth. On ne s’ennuie donc pas une minute et c’est plutôt une réussite.

Champion du monde est la suite de Des filles et des moteurs, et sans spoiler puisque le titre en lui-même est suffisamment explicite, on peut dévoiler qu’au bout de 26 albums, Michel Vaillant y décroche enfin le titre de champion du monde!

C’est donc un album clé de la série, même si on aurait pu s’attendre à quelque chose d’un peu plus brillant pour cette consécration.

Dans ce 21eme tome, la série se modernise avec un démarrage à couper le souffle dans les installations ultramodernes du Leader. À côté, l’attitude un peu paternaliste des Vaillant semble datée et on se demande qui sortira vainqueur de l’affrontement, qui aura visiblement lieu dans le tome suivant puisque la fin nous laisse en plein suspens.

Michel Vaillant et Steve Warson sont en vacances sur la Côte d’Azur, et comme ils ne courent pas cette année, ils vont donner un coup de main à Benjamin Vaillant, l’oncle de Michel qui dirige une entreprise de transport routier et est confronté au problème de chauffeurs débauchés par un concurrent. Benjamin demande également à Michel d’aider le jeune Yves Douleac qui est en train de mal tourner.



Dans cet album, on quitte le monde de la course automobile et des voitures de sport pour celui des camions et du transport routier, mais Jean Graton se montre tout aussi à l’aise pour donner vie à ces deux milieux. L'enquête policière est également menée tambour battant.

J’ai bien aimé la façon dont cet album mettait en lumière la solidarité entre les routiers , mais j’ai par contre été gênée par son ton très paternaliste.

La dernière fois que j'avais lu Michel Vaillant, je devais avoir 12 ou 13 ans et je n'avais pas franchement accroché.

C'est donc avec beaucoup d'appréhension et avec un long soupir que j'ai ouvert ce tome (que ne ferai-t-on pas pour le challenge BD?).

Et bien, je dois dire que j'ai passé un bon moment.

Certes, les personnages sont terriblement clichés. Michel Vaillant est d'une perfection quasi écœurante, bourré de bons sentiments et jamais une mauvaise pensée ne le traverse! Le père est sévère mais aimant et bienveillant, le frère est attentif est gentil, la mère est angoissée et reste chez elle et Steve Warson, adversaire froid mais loyal, devient bien sur le meilleur ami-concurrent de ce bon Michel.

Le dessin, très ligne claire, est bon dans son style et le rendu des voitures est très réussi. Certains personnages sont très similaires (Michel et son frère surtout) et cela nuit parfois à la compréhension de l'histoire.

Malgré ça, j'ai bien aimé. L'histoire est rythmée et, même si elle reste d'un classicisme presque académique, elle est intelligente et prenante. On sent que c'est le travail d'un passionné qui fait passer, dans son histoire, toute l'essence du sport qu'il aime.

Le dernier Grand Prix de la saison se déroule à Adelaide en Australie, et le titre va se jouer entre Vaillante, Williams-Renault et Benetton. Le suspens est à son comble, et même Henri Vaillant a fait le déplacement pour assister à la course.

Dans les stands, les équipes se préparent pour les essais, mais des sabotages commencent à avoir lieu chez les adversaires de l’écurie Vaillante, sur qui se portent les soupçons.

Henri et Françoise Vaillant vont donc tenter de mener leur enquête pour disculper la famille, mais cela ne sera pas sans risque.



Le scénario est bien conçu avec une intrigue originale et plus de suspens que d’habitude.

J’ai bien aimé aussi le rôle un peu plus important accordé à Henri Vaillant, et surtout à Françoise qui sort enfin de sa passivité (on retrouve la Françoise des premiers albums avant son mariage, et cela préfigure son rôle dans la nouvelle série).

La scène finale est également assez touchante avec une réapparition surprise.

Jean Graton, dessinateur – scénariste qui avait lié l’essentiel de sa carrière à un personnage de fiction, Michel Vaillant, très ancré dans la réalité du sport automobile, est décédé le 21 janvier 2021. Une occasion de relire cette (très) longue série BD, très représentative de l’école franco-belge.



Ce neuvième tome date de 1975. Avec ce tome, Graton revient aux fondamentaux : la course automobile, ses risques, les accidents, l’angoisse des proches… Il y ajoute un bon gros secret qui réunit deux des intervenants réguliers de la série. Cette trouvaille scénaristique est proche de ce que les auteurs de séries télé d’aujourd’hui utilisent quand les épisodes finissent par tourner un peu en rond : faire surgir du passé un lien relançant les relations des personnages. A part ça, l’album est moyen.

Cet album commence par un petit clin d’oeil de l’auteur à Angoulême, puisque cet album se déroule dans la cité de la bande dessinée.

Une course de voitures anciennes se déroule tous les ans sur les remparts de la ville, et cette année la marque Vaillante est à l’honneur.

C’est donc l’occasion de retrouver tous les modèles emblématiques de la marque et de se souvenir des albums où ils apparaissent. On retrouve aussi des pilotes des différentes époques de la série. C’est une séquence nostalgie bien agréable.

Il y a aussi quelques scènes amusantes, notamment celle où Madame Vaillant conduit le pace car d’une des courses.

Au niveau de l’histoire, l’intrigue est assez prenante puisque quatre mystérieux pilotes se faisant appeler les quatre as défient les Vaillant, on se demande pendant tout l’album qui ils sont, et c’est là le seul bémol que je mettrais à cet album, car la chute est un peu décevante.

Michel Vaillant va courir un rallye à la Réunion sur Ford Escort, mais derrière cette nouvelle étonnante se cachent des essais pour un nouveau moteur Vaillant.

L’histoire aurait pu être intéressante si certains aspects avaient été plus développés, notamment les personnages et rituels locaux, mais cela n’est pas le cas et seule la beauté des paysages sauve l’album.

Michel Vaillant prend une semaine de repos après sa victoire au Grand prix de France quand il est informé de la présente d’un inconnu ressemblant à Steve Warson au rallye des mille pistes. Espérant retrouver son ami, il se précipite au camp militaire de Canjuers où se déroule cette épreuve originale. Mais arrivé sur place, il découvre un Steve Warson méconnaissable qui lui lance un défi stupide.

Cet album présente trois qualités :

- on y retrouve enfin Steve Warson

- la course qui sert de théâtre à l’intrigue est originale

- la fin est excellente et offre des perspectives intéressantes.

C’est donc plutôt un bon cru que ce tome 37.

Cet excellent album est en fait la suite directe du secret de Steve Warson, même si 5 albums de moindre intérêt avec des histoires relativement indépendantes se sont intercalés entre temps. Et le résultat est à la hauteur de l'attente puisque ce tome est très réussi.



En cours de championnat, des voitures Leader réapparaissent, plus mystérieuses et plus fortes que jamais.

Steve recroise également la route de Ruth, et malgré ses tentatives pour l'éviter, succombe une nouvelle fois à son charme. Leur histoire a-t-elle une chance malgré le secret qui les sépare? Cet album apporte une réponse, sur la teneur de laquelle le titre offre un indice...

Cet album est l’un de mes préférés de la série, car il commence par un heureux événement qu’on attendait depuis longtemps : le mariage de Michel et Françoise. On suit également les débuts d’un autre couple : celui formé par Yves Douleac et Gabrielle Spangenberg.

Bref, il mérite bien son titre (même si ce dernier est un peu macho!) car il y a des filles et des moteurs ! Cocktail explosif qui donne un album réussi, première partie d’un diptyque avec Champion du monde.

Rush est la suite du tome précédent et se déroule entièrement pendant la course du siècle, le raid Canada-terre de feu.

Les Vaillante affrontent les Leader des ignobles Kramer et Hawkins, avec pour arbitre la Kamikaze des frères Perez.

C’est aussi l’occasion de traverser de beaux paysages et c’est sans doute ce que j’ai préféré dans ce tome qui n’est pas formidable.

Cet album partait d’une bonne idée : un rallye au Portugal avec des équipages mixtes, mais Jean Graton n’a pas du tout creusé ce filon. Il ne se passe rien entre Michel et Françoise, alors qu’habituellement leurs échanges sont assez savoureux, et les relations entre les coéquipiers ne sont pas du tout développées. Seuls les personnages de Betty et Bobby relèvent un peu l’histoire, mais de manière presque caricaturale.

Bref, un album plutôt décevant.

Nulle trace de course automobile dans cet album, mais plutôt une enquête policière sur les traces de Steve Warson.

Michel tente de retrouver son ami, dont la disparition a visiblement un lien avec le FBI, et vole à son secours quand il l'appelle à l'aide depuis Amsterdam.

C'est l'occasion pour Jean Graton de dessiner des bateaux au lieu des voitures, et c'est plutôt réussi.

Quand je pense à la série Michel Vaillant, je ferme les yeux et je vois des visages qui se ressemblent tous... C'était mon ressenti quand j'étais ado. Je n'accrochais pas. Steve Warson, c'est Michel Vaillant en blond. Le père Vaillant, en gris. La mère Vaillant... non, j'exagère. Pourtant, Jean Graton est un as de la caricature. Dans tous les albums, Vaillant ou Warson côtoient les plus grands de la discipline. Ici, Peter Collins, par exemple, court aux côtés des héros fictifs, il aura une carrière courte, décédant en 1958. Comme Jean Graton le montre, il courut sur Ferrari ou Vanwall.



La seconde pensée, ce sont les pavés à lire. C'est la façon de faire à l'époque. C'est le reproche que j'adresse également à Blake et Mortimer. Des cases où on voit une porte s'ouvrir, avec comme légende "Soudain, la porte s'ouvrit". Ou Michel Vaillant dépasse Steve Warson avec la légende "Michel passe en tête"... Bref, le triomphe de la légende inutile, ou du dessin qui ne se suffit pas à lui-même.



Puis il y a les bolides. Et on sent la passion de Jean Graton qui emporte tout. Il aime les courbes et les formes des mécaniques. Mais, contrairement à beaucoup d'auteurs passionnés, Jean Graton arrive à faire partager cette passion, plutôt que de faire peur aux lecteurs ou de le faire fuir sur l'air du "qui trop embrasse, mal étreint". Jean Graton parle avec bienveillance de l'Argentine, d'Indinanapolis de la Belgique et de son Francorchamps, du Nurbürgring, et du Mans, bien sûr. C'est cela aussi la marque Jean Graton. Une pensée positive, de belles valeurs, de l'amitié virile, etc.



C'est daté. Mais cela fonctionne. Et en plus, plonger dans un album de Michel Vaillant de 1959, c'est aussi faire de l'ethnologie, de la sociologie... la société, la place laissée aux femmes, le départ des 24 heures du Mans...



Mais le scénario, ce n'est pas le point fort des épisodes de Michel Vaillant. C'est honnête, sans excès. Ici, une revue automobile lance un défi aux pilotes. Cinq courses, et que le meilleur gagne. Je pense que si on dessinais cette histoire aujourd'hui, Michel Vaillant ne terminerait pas la 5è course qui lui donne la victoire, mais s'arrêterait pour porter secours à Steve Warson (comme dans Cars des Studios Pixar).



Enfin, je m'incline devant la longévité et le succès, même si je ne suis pas fan.