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Citations de Jean-Michel Maulpoix (395)


Tant de couleurs pour rien, de cordages dénoués, de mouchoirs sur les quais, de navires en détresse et de laborieux remorquages. Tant de rimes riches et de vers boiteux, de bouffées lyriques et de chansons grises. On a usé le bleu jusqu’à la corde.
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Peut-être l’horizon est-il la ligne de partage de l’âme.
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L’infini nous colle aux paupières et nous fait un visage enfariné de clown.
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Poème : cendre ou poussière sur quoi les mots tombent en pluie
Nul ne m'a présenté à Dieu je ne connais que son nom vide
Son absence extrême de visage son silence obtus de vieux sourd
Et la plainte sur la croix du fils abandonné qui ne renaîtra pas
Je ne le cherche plus comme autrefois dans les églises ni dans les gares
Ni même sur le visage stupide des statues ou des filles de joie
Je n'aspire pas même à y croire mourir est une occupation qui me convient
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"Ne croyez pas que la neige efface toutes les couleurs : elle fait éclater violemment l'azur, électrifie les branches et les plumes des corbeaux, mais surtout apporte avec elle une incertaine palette de roses et de bleus très clairs qui sont les teintes de ses reflets et de ses ombres, sa timide floraison d'hiver, ses lys et ses pivoines, le soin très délicat qu'elle prend des bouquets de lumière. Tout baigné de lueurs d'église, c'est alors que le paysage tient blotties l'une contre l'autre en sa froideur l'idée de la fin et l'idée du commencement. Quiconque marche à la nuit tombante sur un chemin de campagne entre de grands arbres noirs et nus poudrés de neige sait ce qu'il reste de croyance possible au cœur humain. Il n'a besoin ni de prêtre ni de chapelle ; il marche, et chacun de ses pas répète qu'il n'a rien à ajouter."
(p. 51 et 52)
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ll ya dans l'amour un je ne sais quoi de fin du monde. PAUL VALÉRY
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Ce bleu me colle aux lèvres.

Celui qui bien tard a compris qu'il ne saura jamais le pourquoi ni le comment des choses, et dont le cceur mangé dérive entre deux eaux, enfouit dans les étoffes de la mer son amertume et son désir. Encore espère-t-il du large un secours, des rafales de ciel, un peu de sang neuf, ce qu'il faut de chair pour chauffer ses os, et peut-être même, les beauX soirs, trois milligrammes d'éternité qui fondent lentement sur la langue.
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La mer est la vacance des dieux. Nous y respirons leur halecine et buvons d'un trait leur pensée. Nous sommes une parcelle oisive de leur sang, une miette de pain béni tombée de leur repas. Pourtant nous n'y croyons pas, ou guère, distraitement, comme à ce mauvais rêve que nous sommes et dont il faudra que chacun se réveille un jour. Sans cesse, notre désir fraye avec le cicl, avec la mer. Auprès de l'horizon, il s'empresse, il se fait valoir.
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C'est un peu comme si les freins de ton vélo avaient lâché au sommet de la côte. Irrésistiblement, tu prends de la vitesse. Le temps qui file à toute allure te blanchit les tempes. Tu ne roules plus, tu glisses. Ta vie est de neige, de sable et d'eau courante.

L'inconnu est de plus en plus proche. Il ne se déguise plus en terres lointaines, en azurs, en chimères. Assis là, sur la chaise, il t'attends devant la porte.

Que lui dire ? La misère n'est précise qu'en sa phrase démunie. La machine du cœur continue son travail. Au-dehors, la campagne dort. Là-bas, la pluie est silencieuse. Il n'est de chant possible qu'un bâillon sur la bouche.

Tu attends, toi aussi, derrière la porte, l'oreille déjà collée contre le bois. Tu as pris rendez-vous. Ton tour viendra bientôt. Tu ne guériras pas de cet abîme.

Viendra-t-elle à minuit, quand la lune est bien ronde, ou dans l'aube en même temps que la pluie ? Nue, gracile, mais froide, la pointe des seins dure comme la pierre ? Peut-être même un reste de rêve dans le regard ? Et je ne sais quel sourire encore sur les lèvres...

- Appelons cela, si vous voulez bien, la douceur ou la douleur de disparaître.

Qu'elle entre donc par la fenêtre, un matin ou un soir d'été, avec la lumière du soleil et le souffle du vent, tandis que je lirai un livre, la tête pleine de rumeurs, si elle ne brise pas tout à coup ma plume, arrêtant mon geste.

- Je croiserai les bras, effondré sur la table. Comme un voleur de nuit cachant ce qu'il dérobe.
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Il n'a rien vécu qui vaille, mais seulement perdu son temps, celui qui n'a rapporté de ses errances le sentiment d'une joie dont l'extinction lui est à présent si intolérable qu'il lui faudra creuser profond afin de la commémorer et de l'enfouir. Et ses mots non plus ne valent pas grand-chose s'ils n'exaspèrent le désir de la vie plus vivante. C'est toujours d'une chimère à l'autre qu'il s'agit de s'en aller : d'un rêve à son congé, de son hiver à son printemps, naître et mourir de plus en plus étroitement serrés l'un contre l'autre.
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On voudrait le jardiner ce bleu, puis le recueillir avec des gestes lents dans un tablier de toile ou une corbeille d'osier. Disposer le ciel en bouquets, égrener ses parfums, tenir quelques heures la beauté contre soi et se réconcilier.
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COMÉDIES DE LA SOIF



II

Sous le feuillage
Où bat la pluie
La poésie écoute fredonner le paysage
Tournesol ou souliers blessés

Elle a pris le chemin du soleil
Et porte un nuage accroché à sa voix.


p.56
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COMÉDIES DE LA SOIF



I

Écrivant (naguère) des poèmes
J’attendais que la langue
Se mit à couler
Comme un ruisseau d’eau claire

Je guettais, j’espérais encore
Mais ce n’était jamais jamais
Qu’un mince filet de signes sombres
Que pouvait-il donner à boire ?


p.56
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Nos amours les plus belles touchent à des êtres qu'il ne nous fut jamais donné d'étreindre, ou si peu, si vite, poignet pressé, main un instant serrée ou posée sur l'épaule de qui déjà recule et se détache. Là, au bout de nos doigts, et plus intensément que les mots les plus justes à la pointe de la plume la plus fine, se rassemblent tout le désir et tout le désespoir, tout le rêve éconduit, le temps entier de notre coeur. En cet être sans doute nous avions rêvé une autre vie, la vraie vie bien sûr, puisque la chimère le veut ainsi, et voilà qu'à peine apparu, enfin rejoint après des mois ou des années, cet être là vous quitte, emportant avec lui ce qu'il vous restait de rêve. (L'instinct de ciel, p. 212)
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Carnet : « petit cahier de poche, destiné à recevoir des notes », dit le dictionnaire. Il en est de toutes sortes, formats et qualités. Ce ne sont souvent que des outils dérisoires, cornés et griffonnés. Faits pour les rudiments, les ébauches, les amorces, les esquisses… Destinés à se faire la main ou à garder la main, d’un usage un peu maniaque, de l’ordre du secret.
Pourtant, le simple fait qu’un tel parallélépipède de papier trouve sa place dans une poche, qu’il en sorte puis y rentre, au gré des humeurs et des intempéries, et accompagne de près les mouvements du corps du marcheur, aussi bien que ses perceptions, ses sensations et ses pensées, mérite que l’on s’y attarde…
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Emma aimait le bleu.

Celui des robes et des rubans que vendent les camelots de passage, ou des stores de soie que l'on tire aux fenêtres des calèches. Celui qui recouvre les livres où l'on parle d'amour.

Celui que laisse dans la tête la musique après que l'on y a dansé.

Elle n'avait pourtant jamais vu la mer.
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Convalescence du bleu après l'averse...

Le ciel se recolore. Les arbres s'égouttent et le pavé boit. La ville aussi essaie des phrases. Rires mouillés et pluie de pieds nus. On dirait que le paysage est tout éclaboussé de croyance.

On voudrait jardiner ce bleu, puis le recueillir avec des gestes lents dans un tablier de toile ou une corbeille d'osier. Disposer le ciel en bouquets, égrener ses parfums, tenir quelques heures la beauté contre soi et se réconcilier.

(extrait) p.35
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À présent qu'ils ont franchi le seuil, j'imagine ce vieil homme et cette vieille femme se retrouvant au fond du grand Jardin, délivrés de leur longue fatigue , oublieux de la laideur de leur nudité, gourmands de pêches, de poires et de melons, près de l'arbre à désir, à savoir et à poèmes.
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Là comme ailleurs en perdition, je traîne des solitudes empoisonnées au bord de flaques d'eau bleue carrelées, dorées de lumières fausses. Je bois des mojitos en regardant la mer, puisque cette vie n'est qu'une écume, ou passe au large comme un navire vers lequel chacun fait en vain des gestes fous de naufragé.
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Il est un point, difficile à atteindre, une espèce de terrasse à laquelle très peu accèdent, où la vie entière devient paysage. Pareil au voyageur qui a grimpé sur la montagne, le passant de sa propre vie se retourne et peut tout revoir: les chambres où il s'est endormi, le jour de sa naissance et celui de sa mort, ses noces, ses amours manquées, tous les chemins qu'il n'a pas pris et où poussent à présent mauvaise herbe et chardons.
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