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Citations de Jean Rolin (139)


... on nous a collé dans la voiture deux soldats particulièrement repoussants, complètement saouls, dont l'un transportait un jerrican de vingt-cinq litres, en plastique, rempli d'un liquide jaunâtre que je présumais être de l'essence. Au bout de quelques kilomètres, comme l'imbécile fumait cigarette sur cigarette -- des miennes, naturellement --, je lui fis comprendre par gestes qu'il risquait de foutre le feu à la voiture, et là-dessus, grommelant, il déboucha le jerrican et me le colla sous le nez afin que je puisse vérifier qu'il s'agissait d'alcool de prune. rien ne prouve, d'ailleurs, que cet alcool de prune fût beaucoup moins inflammable que de l'essence.
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(A cheval sur les pages 179 et 180)

Quant à l’épave, plus nous nous en rapprochions et plus je lui trouvais l’allure d’un navire de guerre en activité - d’autant qu’à quelque distance, bien visible sur l’horizon évoluait solitairement (ou peut être de concert avec un sous-marin en plongée) un patrouilleur de type Houdong comme si j’étais condamné, quoique je fasse, à me retrouver toujours, et sans l’avoir cherché, à proximité de l’un d’entre eux -,et pendant quelques instants je soupçonnai le nakhoda, en dépit de la bienveillance qu’il n’avait cessé de me manifester (faisant même un large détour pour se porter à la hauteur d’un boutre de pêche en train de relever un filet rempli à ras bord de chinchards), de m’avoir attiré dans un piège, comme pouvait le supposer la présence de ce patrouilleur, quant à lui incontestablement bien vivant, dans le voisinage de l’épave, ou de la pseudo-épave, vers laquelle nous nous dirigions maintenant à vive allure.
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Willy était noir, incidemment, mais ce qui ressortait de sa conversation, ou de sa manière d’être, c’était à quel point le sentiment d’appartenir pleinement et sans restriction à l’espèce humaine – ce sentiment assez rare, finalement – l’emportait chez lui sur toute considération de race ou de genre.
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C’était un des petits plaisirs ménagés par la guerre, à sa périphérie, que de pouvoir emprunter le boulevard de Sébastopol pied au plancher, à contre-sens et sur toute sa longueur.
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De cet aumônier, je m'étais formé sans le connaître une opinion défavorable, pour avoir lu(...) un texte dans lequel il expliquait comme un bon père catholique - ou un père bon catholique -, s'il se trouvait, pendant une tempête, à bord d'un navire en train de couler, en compagnie de son fils, lui-même catholique, et d'un ami athée de celui-ci, devait en priorité (...) se porter au secours de l'ami athée, abandonnant son fils à la noyade, dans la mesure où ce dernier, puisqu'il était croyant, était déjà sauvé, tandis que l'athée risquait non seulement de périr mais d'être damné : une fable - qui se concluait naturellement par la noyade du fils et la conversion au catholicisme de son ami athée, lequel finissait même par devenir prêtre - qu'il prétendait lui avoir été inspirée par des fait réels, et qui témoignait en tout état de cause d'une conception assez frustre de la religion que professait l'aumônier.
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p.23/On nous dit : les voyages, ah ! les voyages ! Et celui qui revient se donne l'air d'avoir beaucoup à dire. Mais sitôt que l'on a fait seul le tour d'une ville étrangère, que l'on a observé ce qui plus particulièrement y rendait les femmes attrayantes, s'étant heurté à cette vieille impossibilité de les aborder gracieusement, sans faire le sagouin, pour laquelle on se trouve ici, du moins, l'excuse de la langue, on tourne en rond, on s'assoit sur un banc, on essaie deux ou trois débits de boisson, on grimpe sur la hauteur, s'il s'en trouve une, on redescend, enfin c'est inouï ce que l'on peut s'emmerder. Pour peu que, comme ici, la ville au sortir de l'hiver frémisse de cette ferveur printanière si poignante dans les pays du Nord, il suffit que passe un souffle tiède et vous êtes soudain transi, empoisonné par cette douceur dont vous ne savez que faire, cette douceur qui vous poisse.
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p.112/Un peu après 11 heures, à l'heure où le combat s'engage enfin, par une intense canonnade suivie d'assauts infructueux contre la ferme fortifiée d'Hougoumont, je décidai de faire mouvement vers la porte de la Chapelle. A mon avis, le grondement du périphérique offrait un équivalent acceptable des bruits de la bataille, et j'avais le sentiment qu'en explorant toutes les facettes de l'échangeur, qui en compte beaucoup, je parviendrais à dénicher un bout de terrain, si possible herbu, qui fût susceptible de jouer dans ma dramaturgie le rôle du plateau de Mont-Saint-Jean, sur lequel Wellington a solidement enraciné le centre de son dispositif.
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p.32/ Assis sur les premières marches du monumental escalier de l'Arche, adossé à son pilier sud (ou plutôt à une infime partie de ce pilier), bien calé dans le marbre et saturé de blanc étincelant, exposé au soleil et rafraîchi par le vent, je regarde sur l'esplanade des mères de famille de diverses couleurs pousser dans des landaus trop lourds, à grandes roues, des kyrielles d'enfants promis à un avenir incertain, et dans le ciel des nuages se hâter d'un bord à l'autre de mon champ de vision (en gros de la tour Bull à la tour Worms), et pour la première fois au cours de ce voyage circulaire, qui se mord la queue - ce voyage sans destination - je me sens aussi bien, aussi lointain, aussi absent, aussi soulagé de mon bât que je pourrais l'être à Kowloon, par exemple, contemplant depuis l'embarcadère du Star Ferry les tours de Central District.
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Selon les estimations, la population actuelle de Peleliu varie entre cinq cents et sept cents habitants, regroupés pour la plupart au nord de l'île dans le village de Kloulklubed (un nom que même après plusieurs années de résidence, certains de ses habitants philippins ne parviennent toujours pas à mémoriser).
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Ce qui compte surtout, s'agissant de Denis Sassou Nguesso, c'est l'excellente réputation dont il jouit auprès de l'industrie pétrolière. Qu'il soit parvenu (ou revenu) au pouvoir par la force, au prix de plusieurs dizaines de milliers de mort et de la destruction partielle de la capitale du pays, Brazzaville, qu'il s'y soit maintenu en faisant massacrer d'anciens opposants de retour dans cette capitale, après leur avoir promis la vie sauve, ou qu'avant de s'enrichir démesurément il ait proclamé pendant longtemps son adhésion au marxisme-léninisme, dans l'ignorance probable du contenu réel de cette doctrine, tout cela ne compte pas, ou très peu. Car nombre de chefs d'Etat africains, ou non africains, sont dans le même cas, et c'est généralement sous eux que gisent les réserves de pétrole ou de gaz les plus fructueuses.
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La mort mystérieuse de Pete Ellis survenue en 1923 à Koror capitale de l'archipel des Palaos , peut on l'envisager comme le premier acte de la guerre americano-japonaise dans le pacifique? Pete Ellis de son vrai nom Earl Hancock Ellis, naît en 1880 dans une petite communauté rurale et presbytérienne du Kansas. .......
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La veille du jour où ils m’avaient hébergé, ils avaient ainsi vu venir sur la route un automobiliste ensanglanté, dépourvu de son automobile et presque entièrement dévêtu, auquel, m’avait dit l’officier, ils n’avaient pu prodiguer que des soins rudimentaires avant de lui enjoindre de repartir, à pied, dans la direction d’où il était arrivé, faute d’instructions de leur état-major sur ce qu’ils devaient faire dans un cas de ce genre. D’autant que l’homme ensanglanté et à demi-nu était dans l’incapacité de justifier de son identité. « La FINUF, avait ajouté l’officier, a reçu un mandat précis, et elle n’a pas vocation à secourir toutes les misères, surtout quand elles n’affectent qu’un individu isolé.
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(C'est pendant mon séjour chez les Frères Moraves que je devais achever la lecture des Bienveillantes. Tout d'abord, je ne m'étais lancé dans cette entreprise qu'après avoir lu quelque part - à moins que je n'ai inventé l'anecdote suivante de toutes pièces - que le projet de ce livre avait été aspiré à Jonathan Littell par une photographie prise pendant le siège de Leningrad et représentant le corps d'une jeune femme en partie dévorée par des chiens. L'épaisseur du livre de Littell le rendait peu propice à une lecture ambulante, dans des autocars, ou d'autres moyens de transport, je l'avais découpé, au cutter, en deux parties égales, qu'avant de les de les abandonner sur ma table de chevet je pris soin de réunir, mais tête-bêche, et l'une d'elle amputée de la page où figurait la scène de la jeune femme des chiens, avec l'idée qu'un tel dispositif éveillerait dans l'imagination du personnel quelque soupçon de sorcellerie. D'autant que là où je l'abandonnai, ainsi reconstitué, le livre de Littell voisinait avec l'inévitable Bible offerte par les Gédéons.)
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A la réflexion, il m’apparait que cette manière de filmer, la caméra orientée vers le sol, procédait aussi d’une volonté de ne pas agresser les gens, qui sans doute auraient accepté moins facilement d’être filmé de face.
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Et la Burj Khalifa, la tour la plus haute du monde –et l’une de celles dont le chantier fut le plus coûteux en vies humaines-, est-ce qu’elle ne sort pas de l’ordinaire ? La Burj Khalifa ? Si, bien sûr, elle n’est pas non plus sans attraits… Surtout la nuit, quand au tournant de chaque heure elle ruisselle de lumières scintillantes, tandis que sa pointe effilée se perd dans les nuages, s’ils sont bas.
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Après sa disparition, je me suis introduit dans la chambre de Wax à l’hôtel Atilar afin d’y inventorier ses affaires. C’était assez peu de chose : quelques vêtements légers, dont ceux, mis à sécher sur des cintres, qu’il avait pris soin de laver, la veille de sa tentative, comme il le faisait chaque soir, bien que l’hôtel disposât d’un service de blanchisserie, avec une ponctualité exaspérante à la longue. Une trousse de toilette dont je ne détaillerai pas le contenu, par discrétion, mais dont il me semble important, pour la compréhension de ce qui va suivre, de noter qu’elle renfermait, à côté de ce que l’on s’attend à rencontrer dans un accessoire de ce genre, tout un assortiment de fétiches ou de porte-bonheur, tels que des petits cailloux, des plumes, des perles de verre, ou d’autres menus objets témoignant de la survivance, chez Wax, d’un mode de pensée qui généralement se résorbe à l’âge adulte. Sur un carnet à spirale, des notes éparses, sans queue ni tête, qu’il me destinait afin que je les mette en forme dans ce grand récit de son exploit qu’il me payait pour écrire .
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J'ai toujours eu un faible pour tout ce qui assure un service continu, tout ce qui préserve au cœur de la nuit une forme quelconque de vie, qu'il s'agisse d'un bar ou d'une chapelle consacrée à l'adoration perpétuelle du Saint-Sacrement, même si j'ai fréquenté les premiers, il faut en convenir, plus assidûment que les secondes.
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À quiconque mettrait en doute a priori la vraisemblance des menaces d'enlèvement ou d'assassinat pesant sur la chanteuse, j'objecterai qu'il n'est guère plus absurde - et plutôt plus facile - de s'en prendre à Britney Spears qu'aux tours du World Trade Center, et que la valeur symbolique de la première, aux yeux du public américain, et à peine moindre que celle des secondes.
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Mais, ce jour là, caressant la signée de ses codes marqués de traces déjà estompées de piqures, elle me fit part de son projet de subir une opération bénigne afin de le faire disparaître, tant elle était décidée à bannir jusqu’’au souvenir de s’être droguée.
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Lorsque finalement je me casse la gueule, comme je m’y attendais depuis un bon moment, c’est un peu de propos délibéré, m’étant accroché, pour franchir un dénivelé important, à une sorte de liane dont je sentais qu’elle ne me supporterait pas jusqu’au bout, et que cette entreprise se terminerait presque inévitablement par une chute.
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