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EAN : 9782846821674
352 pages
P.O.L. (08/01/2009)
3.17/5   27 notes
Résumé :
Au début de 'Moby Dick', Ismahel, sur le point d'embarquer observe que le capitaine du Péquod porte le nom d'un roi biblique qui était 'fameusement impie', et dont le corps fut livré aux chiens. Nombreux sont les héros de la guerre de Troie qui n'échappèrent que de justesse au sort. Ainsi les rapports entre l'homme et le chien ne se bornent-ils pas à cette gentille histoire, aux circonstances controversées, de la domestication de l'un par l'autre : autant que la lit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
En exergue:
"Dans son livre, le Mythe de l'homme, Bounce demande : Si l'Homme avait suivi une autre route, n'aurait-il pas pu, avec le temps, connaître un aussi grand destin que le chien?"

Clifford D. Simak (Demain les chiens)

Dès le premier chapitre ( est-ce la motivation de cet ouvrage, on n'en sait rien, si on sait que les récits divers portent sur une douzaine d'années, c'est difficile d'en connaître la chronologie, mais c'est possible , parce qu'il situe cette première histoire dans les dernières années du XX ème siècle), l'auteur se fait attaquer par un chien au Turkménistan..
On le retrouve tout de suite après en 2006, écrivant une lettre à un photographe tanzanien, John Kiyaka, auteur de la photo de couverture dans l'édition Folio et demandant des détails sur la présence de chiens féraux en Afrique. Et comme il n'a pas d'autre support d'écriture, il le fait sur la page de garde d'un livre qu'il lit, de Philip Gourevitch sur le génocide rwandais, intitulé "Nous avons le plaisir de vous informer que demain, nous serons tués avec nos familles". Quel titre... Occasion de se souvenir que ce même Gourevitch avait été surpris, au Rwanda, de l'absence presque totale de chiens. Abattus, en effet, car ils dévoraient les morts..

Je m'arrête tout de suite, car tout cela est énoncé sur quelques pages seulement, et le reste est à l'avenant. Alors je comprends très bien que ce livre puisse sembler indigeste, tant il fourmille de détails jetés au fil de chapitres que l'on peut relier à des présences ( dans quel but?) dans des pays différents, et à un thème commun, ces fameux chiens errants.
C'est un livre que j'ai lu lentement, chapitre après chapitre, je ne suis pas certaine que j'aurais été capable de le lire d'une traite sans accuser très vite une sensation de trop , ou de pas assez, ou même d'ennui. Comme quand quelqu'un vous raconte ses histoires de voyage, ou de guerre, que ça fourmille de détails, mais que vous, vous êtes tellement en dehors , et lui, tellement encore dedans.

Seulement, déjà il y a le style, l'écriture et la façon, dans chaque chapitre-tableau , de faire apparaitre ces chiens comme s'ils surgissaient soudain, sans prévenir ,et je connais un peu, où j'habite , le problème des chiens errants est loin d'être résolu . Les chiens errent moins que le lecteur, d'ailleurs, à la poursuite de l'écrivain , eux sont implantés dans tous les lieux où il évolue , on les sent à l'affût , pas loin des hommes,et généralement les hommes pas les mieux lotis par la vie, leur but est d'ailleurs le même, survivre.

Errance géographique, donc, et errance littéraire. Dans tous les livres lus ( ou relus pour l'occasion?) Rolin a relevé, traqué des histoires de chien. Et ses souvenirs littéraires parsèment les récits, donnant lieu d'ailleurs à quelques notations assez drôles ( il est toujours aussi ironique envers lui-même!). Bien sûr, parmi les nombreux écrivains cités, on retrouve Flaubert :
«Parmi les auteurs français qui au XIXème ont sacrifié au rite du voyage en Orient, et qui tous ont écrit sur les chiens errants, peu l'ont fait avec autant d'insistance que Flaubert

Et l'idée de Jean Rolin:
"J'avais formé le projet de réaliser un film muet , composé uniquement de longs plans fixes, intitulé Gustave Flaubert chasse le chien au Caire. Tel que je me le représentais, ce film était appelé à ne toucher qu'un rare public" ..Ah, vraiment? :)
Ou encore cette histoire en Australie de la découverte d'un bélier mort , soi-disant victime d'un chien sauvage ou d'un dingo. Mais… fin observateur , Jean Rolin note que le reste du troupeau n'a pas l'air effrayé d'une part, et qu'en plus , l'abdomen du bélier est très dilaté. Quel rapport? Et bien si.. Car là, eurêka, Jean Rolin dont les connaissances en bétail sont assez limitées, il le reconnait , a des souvenirs littéraires par contre très précis. Et dans un roman de Thomas Hardy, Loin de la foule déchaînée , des moutons présentaient le même symptôme et avaient été sauvés par l'héroïne, Bathseba..
Pour Rolin, même diagnostic, le bélier est mort de maladie et non d'une attaque canine. CQFD, j'imagine l'oeil de l'éleveur s'il a développé sa théorie…

Et enfin, où veut-il en venir.. je n'en sais rien non plus, en fait , ce qu'il me raconte me fascine par la façon dont il le fait, et c'est suffisant. Il parle de la vie, de la survie, des hommes, des chiens et de tout ce qui les entoure, c'est vaste!
Et si, citant Malaparte, il écrit:
"Il n'y a pas de voix humaine qui puisse égaler celle des chiens dans l'expression de la douleur universelle. Aucune musique, pas même la plus pure, ne parvient à exprimer la douleur du monde aussi bien que la voix des chiens."
Il en revient quand même toujours à l'homme, citant Vassili Grossman dans Carnets de guerre, dans une scène qui, pour lui, manque quand même de chiens(!!) sa visite éclair à la propriété de Tolstoï, en pleine débâcle de l'Armée rouge:
"Sortant de la maison, Grossman se dirige alors vers le jardin , vers la tombe de Tolstoï: " Au-dessus d'elle les avions de chasse hurlent, les explosions sifflent. Et cet automne majestueux et calme. Comme c'est dur. J'ai rarement ressenti une douleur pareille."
Mais aucune voix de chien ne vient exprimer cette douleur mieux que la voix humaine ne saurait le faire."


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Quel drôle de livre... le fil conducteur est le chien errant; et l'auteur parcourt le monde à la rencontre de meutes de chiens, que ce soit dans des grandes métropoles ou dans des zones défavorisées ou en proie à la guerre.
Au fil de ses pérégrinations, Jean Rolin apporte des explications sur le modèle du chien errant (le chien féral ou féralisé, soit un animal domestique retourné à l'état sauvage), avec commentaires d'experts sur la possible filiation entre chien et loup, des références littéraires (Flaubert en Egypte...), ou journalistiques (reporters au Sud-Liban).

Jean Rolin a certes écrit là un livre fort "érudit" sur le thème du chien errant, qui fourmille de références géographiques, historiques, et profite du regard de journaliste professionnel et grand baroudeur de l'auteur ...
Toutefois, à la fin des premiers chapitres, j'ai trouvé que le thème était vraiment léger et, à la longue, le récit devenait rébarbatif : - l'auteur cherche et trouve les chiens errants, - souvent à proximité des dépôts d'ordures - il se fait parfois menacer ou attaquer par un spécimen... - puis s'envole pour un autre pays autour du même canevas !
Et l'enchainement de certaines "histoires" semblait confus, anecdotique (la mention de la découverte d'une oreille desséchée de chien au centre d'Athènes (!).

MAIS heureusement, j'ai persisté dans ma lecture et terminé le livre finalement sans m'en rendre compte, car les pérégrinations devenaient peut-être plus intéressantes, ou le récit plus vivant, mieux construit.
Dans tous les cas, cette quête du chien errant s'accompagne de descriptions intéressantes des pays traversés et de leur contexte politique, et l'écriture de Jean Rolin est fluide, précise, agréable à lire. "Un chien mort après lui" étant le premier livre que je lisais de l'auteur (frère cadet d'Olivier...).
En résumé: ce livre s'adresse surtout aux adeptes de l'auteur et/ou aux personnes intéresssées par le thème si particulier des chiens errants (!), ou les amateurs de récits de voyages originaux !

J. Rolin nous emmène ainsi au Turkmenistan, à Moscou, à Bangkok, au Chili, au Sud-Liban, à Haïti, en Tanzanie, à Miami... En Australie, nous apprenons beaucoup sur le dingo et la clôture érigée sur 5400 km pour protéger le bétail en s'inspirant de la clôture anti-lapins.
En littérature, Gustave Flaubert serait un des écrivains qui ont le plus décrit les chiens errants (Salammbô, Voyage en Egypte) : plutôt des chiens libres que divaguant, à poils jaunes, immondes, dévorant les charognes de chameaux ou de cheval en commençant par les parties molles.

La suite sur mon blog : http://coquelicoquillages.blogspot.com/2012/03/jean-rolin-un-chien-mort-apres-lui.html
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Où je me promène

Les romans de Jean Rolin, sont toujours des moments de lecture particuliers pour moi. Depuis que je l'ai découvert avec le Ravissement de Britney Spears, j'essaie, avec régularité et non sans un certaine délectation de lire ses autres romans.

Ici, nous accompagnons le narrateur dans sa quête internationale des chiens errants, voire les chiens féraux, ces chiens autrefois domestiqués et qui pour une raison ou une autre se retrouvent abandonnés, livrés à eux-même. Un sujet si peu attirant qu'il pourrait friser l'inconsistance - à moins d'être cinophile averti où comme le narrateur ambitionner l'élaboration d'un ouvrage sur la question, mais aussi projetant de réaliser « un film muet, composé uniquement de longs plan fixes, intitulé Gustave Flaubert chasse le chien au Caire ».

Ecrivain géographe, il nous fait parcourir le monde, du Liban au Mexique, dans un hôtel ou chez un généreux logeur, du lac Tanganyika au désert d'Australie. Un cousinage avec Patrick Deville, qu'on ne s'étonne pas de voir dans la liste des remerciements à la dernière page. Si les chapitres se suivent en saut de puce d'une destination à l'autre, sans plus de détails que l'ici et maintenant, il n'en fait pas moins la part belle à de courtes descriptions des lieux peu touristiques où son projet nous entraîne. Et comme l'auteur à la plume affutée s'enthousiasme de nous conter la fois où il a failli être dévorer par les chiens, comme la chorégraphie de piétons traversant un carrefour, on profite à chaque instant d'un humour sourcilleux. L'objectif ne semblant jamais vital, le narrateur traverse l'histoire comme un fin observateur - pour ma plus grande joie - et en croque deux ou trois décors pour nous fournir une sensation du lieu, une atmosphère qui y règne.

J'ai gratté ces phrases en écoutant Nicolas Jules qui chantait « Temps de Chien »
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Ce livre est un récit de voyages qui se présente comme une sorte de reportage sur les chiens errants à travers le monde. Les chiens errants forment un fil conducteur en pointillé car ils sont finalement peu visibles . Ces chiens ne sont finalement qu'un "pré-texte" pour offrir au lecteur de multiples digressions, parfois superficielles et , parfois profondes. Cela va d'une remarque triviale sur les passagers d'un bus embourbé profitant de l'incident pour pisser dans la nature environnante aux réflexions plus élaborées sur les conflits religieux en Thaïlande ou sur la situation politique au Turkmenistan. Tout ceci est parsemé de références à de glorieux anciens (Flaubert, Malcolm Lowry...)
Les phrases de Rolin sont parfois un peu alambiquées mais la lecture de ce libre est agréable. Il en ressort un subtil parfum poétique extrait du quotidien, une douce ironie mêlée à une certaine candeur dans la rencontre de l'Autre, de l'imprévu, de la beauté et même de la sauvagerie. C'est un livre sur la beauté de l'errance, de l'échec (à l'image de ce chasseur australien incapable de viser le dingo immobilisé dans les phares de son 4x4), du vain et de l'humble. Rolin a un talent de conteur pour nous captiver par de menus détails, même les plus anodins.
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Lire ce livre est une expérience très étonnante!

Le narrateur, obsédé par les chiens errants, profite de ses nombreux voyages pour aller les contempler aux quatre coins du monde, et collectionne les citations d'auteurs qui leur sont consacrées...

Quand on a dit ça on a tout dit et on n'a rien dit.

Car ce qui est fascinant dans ce court récit est le rapport du narrateur au monde et à son obsession, sorte d'impuissance étonnée, de distance sans recul, le tout imprégné d'un humour doux et un un peu triste.

Depuis que je l'ai lu il y a quelques années, je ne peux plus croiser un chien errant sans être replongé dans l'ambiance de ce livre.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
(C'est pendant mon séjour chez les Frères Moraves que je devais achever la lecture des Bienveillantes. Tout d'abord, je ne m'étais lancé dans cette entreprise qu'après avoir lu quelque part - à moins que je n'ai inventé l'anecdote suivante de toutes pièces - que le projet de ce livre avait été aspiré à Jonathan Littell par une photographie prise pendant le siège de Leningrad et représentant le corps d'une jeune femme en partie dévorée par des chiens. L'épaisseur du livre de Littell le rendait peu propice à une lecture ambulante, dans des autocars, ou d'autres moyens de transport, je l'avais découpé, au cutter, en deux parties égales, qu'avant de les de les abandonner sur ma table de chevet je pris soin de réunir, mais tête-bêche, et l'une d'elle amputée de la page où figurait la scène de la jeune femme des chiens, avec l'idée qu'un tel dispositif éveillerait dans l'imagination du personnel quelque soupçon de sorcellerie. D'autant que là où je l'abandonnai, ainsi reconstitué, le livre de Littell voisinait avec l'inévitable Bible offerte par les Gédéons.)
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A force de rechercher dans des textes les occurrences de chiens errants,on finit par développer, ou par s'imaginer que l'on développe, une sorte d'instinct, ou d'expérience, qui à plusieurs lignes de distance vous fait pressentir leur apparition imminente. Mais il arrive parfois que les signes avant-coureurs soient trompeurs et que cette attente soit déçue, la scène ou le passage concerné donnant alors l'impression qu'il manque des chiens.
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"Avec 5400 kilomètres, lisait-on sur la quatrième de couverture, la clôture des chiens est un des plus longs ouvrages construits par l'homme sur la terre" (ce qui pouvait suggérer qu'il en avait construit de plus longs ailleurs)
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