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Citations de Junichirô Tanizaki (471)


Je ne suis pas dépourvue de passion, mais, dans mon cas, elle est de nature a se concentrer au plus profond de moi-même, elle ne s'extériorise pas. Si je me contrains à l'extérioriser, alors elle disparaît à cet instant même. Mon mari refuse de comprendre que ma passion est comme une braise, qu'elle ne s'enflamme pas.
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Il est vrai qu'en matière de paysages, les goûts varient selon les dispositions de chaque spectateur, et il s'en trouverait sans doute pour dénier toute valeur à ce lieu. Quant à moi, des montagnes et des cours d'eau ordinaires sans rien de grandiose ou d'inattendu, tels que ceux-ci, m'invitent à une douce rêverie et me donnent l'envie de m'attarder indéfiniment auprès d'eux. S'ils ne surprennent pas l'oeil et ne ravissent pas l'âme, de tels paysages attirent le voyageur par leur abord amène et souriant. A un regard rapide, ils ne livrent rien, mais celui qui s'attarde longuement auprès d'eux se sent entouré de chaleur et d'une douce affection, comme dans les bras d'une tendre mère. Dans la solitude du soir, surtout, on voudrait se fondre dans la fine brume qui flotte au-dessus de l'eau, et qui semble de loin nous faire signe.
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Jusque-là, je m’agitais et je saisissais toutes les occasions de sortir pour un concert ou autre, mais depuis que vous m’aviez reçue, Monsieur, j’avais changé du tout au tout, et je passais mes journées chez moi à peindre ou à faire des exercices de piano, ce que mon mari commentait ainsi :
— Depuis quelque temps, tu es devenue plus féminine.
Chapitre 1, p7
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La beauté ne se réfléchit pas. C'est quelque chose que l'on ressent à la première vue, immédiatement, selon des modalités extrêmement simples. Et plus ces modalités sont simples, plus "l'effet" de la beauté doit avoir de la force.
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Nouvelle lune
Jadis, quand étais-ce donc?
Le mont de l'Homme.
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Le papier est, nous dit-on, une invention des Chinois; toujours est-il que nous n'éprouvons, à l'égard du papier d'Occident, d'autre impression que d'avoir affaire à une matière strictement utilitaire, cependant qu'il nous suffit de voir la texture d'un papier de Chine, ou du Japon, pour sentir une sorte de tiédeur qui nous met le coeur à l'aise. A blancheur égale, celle d'un papier d'Occident diffère par nature de celle d'un hôsho ou d'un papier blanc de Chine. Les rayons lumineux semblent rebondir à la surface du papier d'occident, alors que celle du hôsho ou du papier de Chine, pareille à la surface duveteuse de la première neige, les absorbe mollement. De plus, agréables au toucher, nos papiers se plient et se froissent sans bruit. Le contact en est doux et légèrement humide, comme d'une feuille d'arbre.
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Lorsque je restais appuyé à la balustrade de la véranda, la vue des carpes et des gardons qui nageaient dans l'étang me faisait soupirer après maman, et le bruit de l'eau qui cascadait dans la bascule de bambou me faisait languir d'elle. Mais c'était surtout le soir, une fois couché dans les bras de ma nourrice, que la nostalgie me saisissait avec une intensité impossible à décrire. Pourquoi ne revenait-il pas, tout ce monde de rêve doux et blanchâtre dans la tiédeur de son sein, avec ses effluves où le parfum de sa chevelure se mêlait à l'odeur du lait ! La disparition de maman signifiait-elle l'anéantissement de ce monde ? Cet univers, où donc l'avait-elle à jamais emporté ?
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Il faut donc que je note ici, grosso modo, quel aspect physique présentait Naomi sur la plage de Kamakura, au mois d’août, quand elle avait quinze ans. Elle devait mesurer à l’époque trois ou quatre centimètres de moins que moi. (Ici je dois signaler que, si j’étais solide comme un roc, je faisais un peu moins d’un mètre soixante : un petit bout d’homme.) Mais le trait le plus marquant de sa constitution était qu’avec un tronc court, mais des jambes longues, elle apparaissait à distance comme nettement plus grande qu’elle ne l’était en réalité. Ce tronc, de dimension réduite, se creusait, s’étranglait à un point extraordinaire avant de rebondir dans sa partie inférieure en une croupe aux rondeurs pleinement féminines. La ligne d’ensemble faisait penser à un S. (…) Elle en était très fière, de ses jambes. « Jôji, comment trouvez-vous mes jambes ? Pas arquées, n’est-ce pas ? » disait-elle, marchant, s’arrêtant pour juger de l’effet, s’étirant de tout son long sur le sable, se contemplant elle-même avec une visible satisfaction.

(p. 38)
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Il était habitué à la vie de bohème depuis son jeune âge, ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait s'abîmer dans la neurasthénie du solitaire; n'empêche, les gares suscitent toujours ce sentiment ambivalent, inhérent aux voyages, comme lorsqu'on regarde le soleil couchant loin de son pays natal, surtout quand la nuit est froide comme ce soir.
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Nos ancêtres tenaient la femme, à l'instar des objets de laque à la poudre d'or ou de nacre, pour un être inséparable de l'obscurité, et autant que faire se pouvait, ils s'efforçaient de la plonger tout entière dans l'ombre ; de là ces longues manches, ces longues traînes qui voilaient d'ombre les mains et les pieds, de telle sorte que la seule partie apparente, à savoir la tête et le cou, en prenait un relief saisissant.
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Une moitié de moi-même déteste violemment mon mari, mais une autre l'aime tout aussi violemment. Nous ne sommes en réalité pas faits pour nous entendre, mais je ne suis pas pour autant disposée à aimer quelqu'un d'autre. Je suis engluée dans de vieux idéaux de fidélité, et par nature incapable de les transgresser. Certes, cette façon perverse et insistante de me caresser m'est insupportable, mais, d'un autre côté, comme il est évident qu'il m'aime à la folie, je me sentirais coupable de ne pas le récompenser d'une manière ou d'une autre.
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Même chez une femme mauvaise, la méchanceté ne doit pas apparaître crûment. Il y a là une condition absolue : plus la méchanceté est grande, plus elle doit être contrôlée.
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Rassemblant toutes ses forces, Shinsuke avait saisi dans ses mains le bras droit de son adversaire, et s'acharnait à le tordre de plus belle, cherchant furieusement à s'emparer de son arme. Tandis qu'il résistait, emporté dans le maelström de cette lutte à mort, il fut soudain envahi d'une force terrifiante, dont il ne se savait pas capable. Plus soûl que lui, Santa ne parvenait pas à utiliser pleinement sa force brutale et finit par perdre son poignard. Malgré tout, il lui fit vaillamment face, sans fléchir, mais Shinsuke le projeta immédiatement au sol, et se jetant à califourchon sur son adversaire, lui enfonça sa propre lame dans la nuque. Il y eut un bruit sec, comme un grignotement de souris : sans résister davantage, Santa avait trépassé.
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A l'époque de Gen Kyu (1204), Sa Majesté [l'empereur Go Toba] y [dans sa villa de Minase] passait le temps à composer des poèmes :

La montagne disparaît
Dans les brumes de la rivière Minase
Et ce soir on ne songe plus
Qu'à l'automne.

p.108
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Ce qui désormais existait entre nous, ce n'était ni une pure tendresse d'amoureux, ni de l'affection conjugale; tout cela s'était évanoui comme un rêve ancien. Qu'est-ce qui m'attachait donc encore à cette femme infidèle et souillée ? Son attrait physique, uniquement son attrait physique, qui me menait à la longe. Cela scellait l'avilissement de Naomi mais aussi le mien.
page 194
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Elle revoyait dans sa mémoire le coin de la maison d'Osaka où tous ces objets étaient placés. Il n'était pas douteux que Tsourou ko avait sorti tout exprès ces objets pour permettre à Satchi ko de revoir des souvenirs des années de prospérité d'Osaka et, en en outre, pour orner un peu cette pièce si terne. Mais cette exposition était inutile dans ce salon et produisait un effet inverse de celui qui avait été prévu. Elle faisait ressortir la pauvreté de la pièce et Satchi ko trouvait étrange de retrouver les choses qu'avait aimé son père dans ce faubourg de Tokyo. C'était l'image de la condition médiocre qui était maintenant celle de Tsourou ko.
- Comme tu as bien réussi à tout caser, Tsourou ko !

(Extrait de "Quatre sœurs", p 477)
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Il y a des visages sans intérêt qu'on oublie généralement une heure ou deux après les avoir quittés.
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La beauté n'existe que dans le regard du spectateur, et pour certains ce paysage n'aurait aucun sens. Pour moi, la plus banale des collines, la rivière la plus ordinaire ont un attrait puissant et, en ce lieu, elle m'induisaient à une contemplation si captivante que j'aurais pu rester là de longes heures.
L'obscurité qui tombait me tira pourtant de ma rêverie.

"Ashikari
une coupe dans les roseaux"
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Les occidentaux.../..., s' agitent sans cesse à la poursuite d' un état meilleur que le présent.(p66)
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Le bol de laque au contraire, lorsque vous le découvrez, vous donne, jusqu'à ce que vous le portiez à la bouche, le plaisir de contempler, dans ses profondeurs obscures, un liquide dont la couleur se distingue à peine de celle du contenant et qui stagne, silencieux, dans le fond. Impossible de discerner ce qui se trouve dans les ténèbres du bol, mais votre main perçoit une lente oscillation fluide, une légère exsudation qui recouvre les bords du bol, vous apprend qu'une vapeur s'en dégage, et le parfum que véhicule cette vapeur vous offre un subtil avant-goût de la saveur du liquide, avant-même que vous en emplissiez votre bouche. Quelle jouissance dans cet instant, combien différente de ce que l'on éprouve dans une assiette plate et blanchâtre de style occidental ! Il est à peine exagéré d'affirmer qu'elle est de nature mystique, avec même un petit goût zennique.
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