AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Kazuo Ishiguro (469)


C'est drôle d'évoquer maintenant ce que c'était au commencement, car lorsque je pense à ces deux années aux Cottages, la peur et l'affolement du début ne semblent pas cadrer du tout avec le reste du séjour. Si quelqu'un mentionne aujourd'hui les Cottages, je pense à des journées insouciantes où nous passions nonchalamment d'une chambre à l'autre, à la langueur de l'après-midi qui se fondait dans le soir, puis dans la nuit. Je songe à ma pile de vieux livres de poche aux pages tremblotantes, comme si elles avaient autrefois fait partie de la mer. Je pense à ma manière de les lire, allongée sur le ventre dans l'herbe les chauds après- midi, mes cheveux - que je laissais pousser alors - retombant toujours en travers de mes yeux. Je pense aux matins où je me réveillais dans ma chambre au sommet de la Grange noire en entendant les voix des élèves dehors, dans le champ, en train de discuter de poésie ou de philosophie ; ou aux longs hivers, aux petits déjeuners dans les cuisines embuées, aux discussions filandreuses sur Kafka ou Picasso autour de table. C’était toujours ce genre de choses au petit déjeuner ; jamais avec qui vous aviez couché la veille, ni pourquoi Larry et Helen ne se parlaient plus.
Commenter  J’apprécie          120
Octobre 1948

Si,par une belle journée, vous gravissez le sentier qui part,en pente raide,du petit pont de bois que l'on continue d'appeler,par ici," le pont de l'Hésitation ",bientôt ,entre deux cimes de gingkos,vous apparaîtra le toit de ma maison.(Page 11).
Commenter  J’apprécie          120
Puis il hocha la tête, et je l’entendis murmurer : « Mauvais. Mauvais. La banalité est un vice irrémédiable. »
Commenter  J’apprécie          120
Après tout, on ne peut plus faire tourner les aiguilles dans l’autre sens, maintenant. On ne peut pas s’attarder sans cesse sur ce qui aurait pu exister. Il faut bien voir qu’on a un sort aussi bon, et peut-être meilleur, que celui de la plupart des gens, et en être reconnaissant.
Commenter  J’apprécie          120
[...] Mais Gisaburo ne prisait pas moins ces nuits plus que tout. Les plus belles choses, disait-il toujours, vivent une nuit et s' évanouissent avec le matin. C'est ce que les gens appellent le monde flottant : c'était un monde, Ono, dont Gisaburo connaissait toute la valeur.

Novembre 1949, p. 247
Commenter  J’apprécie          120
En vérité, pourquoi le nierais-je ? Malgré les tristes souvenirs qui s'y associent, lorsqu'il m'arrive aujourd'hui de me remémorer cette soirée, je m'aperçois que j'éprouve, à y repenser, un sentiment de triomphe.
Commenter  J’apprécie          120
- Vous avez remarqué le nez de mon père, Miss Kenton ?
- Oui, à mon grand regret, Mr Stevens. Avant-hier soir, j’ai regardé votre père se diriger très lentement ver la salle à manger avec son plateau, et j’ai observé sans doute possible, j’en ai bien peur, une grosse goutte suspendue au bout de son nez, au-dessus des assiettes à soupe. Il me semble que ce style de service n’est peut-être pas de nature à stimuler l’appétit.
Commenter  J’apprécie          120
– Mais comment est-ce possible, Ivor ? demanda Béatrice. Est-ce encore la brume qui leur a fait oublier le récit des horreurs que l'enfant a subies il y a si peu de temps ?
– Si seulement c'était vrai, madame. Mais cette fois ils semblent ne s'en souvenir que trop. Les païens ne voient pas plus loin que leur superstition. Ils ont la conviction qu'une fois mordu par un monstre le garçon on deviendra un bientôt et fera des ravages dans nos murs. Ils le redoutent et, s'il devait rester ici, il subirait un sort aussi terrible que ceux à qui Wistan l'arraché la nuit dernière.
– Mais Monsieur, dit Axl, il y a sûrement ici des personnes assez avisées pour raisonner avec plus de bon sens.
– Si c'est le cas, nous sommes en nombre insuffisant, et même si nous parvenons à imposer la retenue un jour ou deux, les ignorants ne tarderont pas à arriver à leurs fins.
Commenter  J’apprécie          120
Je pense toujours à cette rivière quelque part, avec cette eau qui coule vraiment vite. Et tous ces gens dans l'eau, qui essaient de se raccrocher les uns aux autres, qui s'accrochent aussi fort qu'ils peuvent, mais à la fin c'est trop difficile. Le courant est trop puissant. Ils doivent lâcher prise, se laisser emporter chacun de son côté.
Commenter  J’apprécie          120

"Miss Kenton, je vous en prie, ne me croyez pas grossier de ne pas monter voir mon père dans son « état de décès à ce moment précis. Vous comprenez, je sais que mon père aurait souhaité que je continue mon travail maintenant. " p 124
Commenter  J’apprécie          120
"Je m'appelle Kathy H. J'ai trente et un ans, et je suis accompagnante depuis maintenant plus de onze ans. Je sais que cela paraît assez long, pourtant ils me demandent de continuer huit mois encore, jusqu'à la fin de l'année. Cela fera. Cela fera alors presque douze ans. Si j'ai exercé aussi longtemps, ce pas forcément parce qu'ils trouvent mon travail formidable. Je connais des accompagnants très compétents qui ont été priés d'arrêter au bout de deux ou trois ans à peine. Et je connais le cas d'un accompagnant au moins qui a poursuivi son activité pendant quatorze ans alors qu'il ne valait rien. je ne cherche donc pas à me vanter. pourtant je sais de source sûre qu'ils ont été satisfaits de mon travail, et dans l'ensemble, je le suis aussi."
Commenter  J’apprécie          120
Nous parvînmes à nous extraire de la foule du théâtre, M. Vance nous guidant vers le restaurant, et Miss Helen se hâta de le rejoindre pour marcher à côté de lui. Rick et moi suivions les adultes quelques pas en arrière, et retrouvant l’espace et l’air frais, je pus m’orienter de nouveau. Lorsque je me retournai, je fus surprise de constater qu’à part la grappe de gens serrés autour du réverbère, la rue était calme et obscure. À mesure que nous nous éloignions, cette foule – dont j’avais fait partie un instant plus tôt – m’apparut comme l’une de ces nuées d’insectes que j’avais vues au-dessus du champ, planant dans le ciel, chaque bestiole virevoltant dans tous les sens pour changer de position et en choisir une meilleure, mais ne s’égarant jamais au-delà de la limite définie par la forme de son groupe. J’aperçus Josie un peu en retrait de la foule, me saluant de la main d’un air perplexe, et la mère debout derrière elle, une main posée sur chacune des épaules de sa fille, le regard vide.

We emerged from the theater crowd, Mr Vance leading the way towards the diner, Miss Helen hurrying to walk alongside him. Rick and I followed the adults a few steps behind, and as the emptiness and cool air moved in around us, I felt my orientation returning. When I looked back, I was surprised to see how dark and quiet the street actually was, aside from the single dense cluster of people around the streetlight. In fact, as we moved ever further away, this crowd – of which I’d so recently been a part – appeared like one of those insect clouds I’d seen in the evening field, hovering against the sky, each creature within it busily changing position, anxious to find a better one, but never straying beyond the boundary of the shape they made together. I saw Josie, waving with a puzzled expression from the crowd’s edge, and the Mother, standing behind her, a hand on each of Josie’s shoulders, watching us with empty eyes.
Commenter  J’apprécie          112
- M. Capaldi pensait qu’il n’y avait rien chez Josie qu’on ne puisse continuer. Il a dit à la mère qu’il avait cherché et cherché sans rien trouver de particulier. Mais je suis convaincue maintenant qu’il cherchait au mauvais endroit. Il y avait bien quelque chose de très spécial, mais pas chez Josie. C’était dans le cœur de ceux qui l’aimaient. C’est pourquoi je pense maintenant que M. Capaldi se trompait et que je n’aurais pas réussi. Donc je suis contente d’avoir pris cette décision.
Commenter  J’apprécie          110
En y repensant aujourd'hui, je comprends que nous étions précisément à l'âge où nous savions deux ou trois choses sur nous-mêmes - sur qui nous étions, en quoi nous étions différentes de nos gardiens, des gens du dehors - mais n'avions pas encore saisi ce que cela signifiait. Je suis sûre qu'à un moment donné de votre enfance vous avez aussi connu une expérience du genre de la nôtre ce jour-là, similaire sinon dans les détails factuels, du moins de l'intérieur par les sentiments. Car peu importe au fond le mal que vos gardiens se donnent pour vous préparer: exposés, vidéos, discussions, mises en garde, rien de tout cela ne peut vous en faire réellement prendre conscience. Pas quand vous avez huit ans, et que vous êtes tous ensemble dans un endroit tel que Hailsham; quand vous avez des gardiens comme ceux que nous avions, quand les jardiniers et les livreurs plaisantent et rient avec vous, et vous appellent "mon coeur".
Commenter  J’apprécie          112
- [...] Toutes ces années, tu as vu en moi un être méprisable. Peut-être que je le suis, mais c'est ce que le monde fait des hommes. Je n'ai jamais voulu devenir ainsi.
Commenter  J’apprécie          110
 À un moment, je tombai sur trois chiens qui déchiraient sauvagement quelque chose avec leurs crocs, et je sortis mon pistolet, tant j'étais sûr qu'ils allaient m'attaquer ; mais même ceux-là me regardèrent passer d'un air soumis, comme s'ils avaient appris à respecter le carnage dont est capable un humain. 
Commenter  J’apprécie          110
- Mon Dieu, Stevens. Vous m’avez fait un choc. Je croyais que ça commençait à s’agiter un peu, là-bas.
- Je suis vraiment désolé, monsieur. Mais en fait, je suis chargé de vous dire quelque chose.
- Mon Dieu, sérieusement, vous m’avez fait une belle peur.
- Si vous me permettez d’en venir tout de suite au fait, monsieur. Vous remarquez ces oies, non loin de nous.
- Des oies ? » il regarda de tous les côtés, l’air un peu ahuri. « Ah oui. En effet, ce sont des oies.
- Ainsi que les fleurs et les arbustes. Ce n’est pas, en fait, la meilleure période de l’année pour les voir dans toute leur splendeur, mais vous pouvez vous douter, monsieur, qu’à l’arrivée du printemps, ce lieu tout entier sera l’objet d’un changement – un changement d’un genre bien particulier.
- Oui, je suis certain que le parc, actuellement, n’est pas aussi beau qu’il pourrait l’être.
Commenter  J’apprécie          110
Les grands majordomes sont grands parce qu’ils ont la capacité d’habiter leur rôle professionnel, et de l’habiter autant que faire se peut ; ils ne se laissent pas ébranler par les événements extérieurs, fussent-ils surprenants, alarmants ou offensants. Ils portent leur professionnalisme comme un homme bien élevé porte son costume : il ne laissera ni des malfaiteurs ni les circonstances le lui arracher sous les yeux du public ; il s’en défera au moment où il désirera le faire, et uniquement à ce moment, c’est-à-dire, invariablement, lorsqu’il se trouvera entièrement seul. C’est, je l’ai déjà dit, une question de « dignité »
Commenter  J’apprécie          110
"Je pense toujours à cette rivière quelque part, avec cette eau qui coule vraiment vite. Et tous ces gens dans l'eau, qui essaient de se raccrocher les uns aux autres, qui s'accrochent aussi fort qu'ils peuvent, mais à la fin c'est trop difficile. Le courant est trop puissant. Ils doivent lâcher prise, se laisser emporter chacun de son côté. Je pense que c'est ce qui nous arrive, à nous. C'est dommage, Kath, parce que nous nous sommes aimés toute notre vie. Mais, à la fin, nous ne pouvons pas rester ensemble pour toujours."
Commenter  J’apprécie          110
Le public ne lui a pas lancé les fauteuils à la tête, mais j'imagine que c'était uniquement parce qu'ils étaient fixés au sol !
Commenter  J’apprécie          110



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Kazuo Ishiguro Voir plus

Quiz Voir plus

Connaissez-vous...😁

La chérophobie est la phobie:

de manger de la viande
de dépenser de l'argent
du péché de chair
du bonheur

1 questions
13 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}