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Critiques de Marc Fernandez (207)
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Mala Vida

L'on célèbre, ici et là, dans les rues animées, la victoire aux élections de l'Alliance pour la majorité populaire, l'AMP. Faut-il donc croire que les Espagnols ont la mémoire courte ? Que la dictature de Franco ne leur a pas suffi ? Toujours est-il que Diego Martín, journaliste à Radio Uno, n'en a pas cru ses oreilles à l'annonce des résultats. Depuis 6 mois que l'AMP est au pouvoir, le pays est plongé dans une sorte de torpeur. Exit les présentateurs et journalistes trop proches des socialistes ou trop virulents envers le nouveau gouvernement. Seul Diego semble avoir échapper à cette purge médiatique. Il sévit toujours le vendredi soir. Malgré des sujets souvent brûlants et une chronique d'un procureur qui tient à rester anonyme et qui dénonce les incohérences du pouvoir en matière de justice. le journaliste va d'ailleurs revenir, dans sa prochaine émission, sur l'assassinat d'un jeune élu de l'AMP, le soir-même des élections. Avec l'aide de son amie, Ana, ancienne prostituée, transsexuelle, reconvertie en détective privée, et de David Ponce, un juge devenu son ami, il va tenter d'y voir plus clair dans ce dossier. Il va également s'intéresser de près à cette sombre affaire des bébés volés, affaire qui ressurgit suite à la déclaration d'Isabel Ferrer, une avocate et porte-parole de l'Association Nationale des Enfants Volés...



Marc Fernandez, journaliste longtemps chargé de suivre l'Espagne et l'Amérique latine pour le Courrier International, met en avant, dans ce roman, cette sordide affaire de bébés volés, un scandale qui secoua l'Espagne dans les années 80. À partir des années 40, sous Franco, 300000 bébés auraient été enlevés à leurs parents au seul prétexte que ceux-ci s'étaient opposés au régime ou alors étaient trop à gauche. Une pratique qui aurait perduré bien après le décès du caudillo. Aujourd'hui, encore, ce sujet reste tabou. Des plaintes ont été déposées et les parents espèrent toujours des suites judiciaires. C'est donc au coeur de ce sujet passionnant et méconnu que nous plonge Marc Fernandez. Un journaliste, une avocate et un juge vont donc s'allier pour tenter de faire éclater au grand jour cette affaire et, surtout, la faire porter devant des tribunaux. de par son sujet, ce roman est captivant de bout en bout et l'on peine à croire que tout cela soit vrai. Les personnages sont très attachants, notamment le journaliste et le juge, celui de la tueuse en série moins crédible. L'auteur nous offre un roman noir d'actualité et bien documenté, servi par une écriture peut-être un peu formelle et journalistique, et qui manque parfois de profondeur.
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Mala Vida

« Amis du noir, bonsoir ».

Cette annonce habituelle de Diego Martin éternel provocateur et célèbre animateur d’une radio madrilène restitue pleinement l’atmosphère du roman de Marc Fernandez.



Franco est mort, les franquistes pas encore… Ils reviennent au pouvoir.

Pour Isabel avocate Franco-Espagnole, l’histoire poignante de la vie de sa grand-mère ne peut rester secrète.



Elle s’aidera des médias afin de dénoncer une odieuse tragédie :

Les enfants volés du Franquisme.



Dans ce roman, l’intrigue bien menée relate la liaison entre une sordide manipulation de la dictature franquiste et une enquête policière où l’opiniâtreté des protagonistes à révéler une ignoble réalité le dispute à l’oppression politique et à l’extrémisme religieux.



J’ai une nouvelle fois découvert avec épouvante les exactions dont peuvent être capables les hommes dans leurs folies d’élimination et de tyrannie.



« Un trafic de mômes ? ce ne sont pas quelques gamins placés dans des familles aisées que l’on va plaindre tout de même… »



Il est désespérant et révoltant de constater qu’aujourd’hui encore, toutes les variétés de terreur et de haine peuvent être systématiquement reconduites malgré toutes les souffrances et les déchirements qu’elles engendrent.



Jamais l’humanité ne tirera donc les conséquences salutaires et bienfaisantes qui stopperaient définitivement les cruautés, les bestialités et la sauvagerie qu’elle fait subir à ses semblables ?



J’ai parfois l’impression d’évoluer dans un engrenage d’anxiété sans fin où les funestes rouages dévastateurs de la « Mala Vida » viennent inexorablement laminer la joie de vivre.



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Mala Vida

« Mala Vida » ,est un roman policier centré sur le drame des bébés volés qui a commencé sous le régime de Franco mais qui a perduré bien après sa mort avec la complicité du clergé et des membres du corps médical.

L’Espagne qui nous est décrite ici est de ce fait une Espagne meurtrie qui renoue avec un gouvernement de droite proche du franquisme.

Diego, journaliste « rouge » a réussi à ne pas se faire virer du journal malgré l’arrivée de cette droite. Il anime une chronique à la radio plutôt subversive et le sujet qu’il est amené à exposer va être explosif puisqu’il s’agira donc des bébés volés.

Au-delà de la sympathie immédiate que l’on éprouve pour Diego, le sujet des bébés volés et la réflexion qui en découle sur la politique, la liberté d’expression, la loi du silence qui s’apparente à la loi de l’omerta, font de « Mala Vida », un roman vraiment agréable à lire. Ce n’est pas un policier classique, il s’agit plus d’un roman social dénonçant le système.

En tout cas, j’ai passé un très bon moment et le petit plus c’est que Marc Fernandez nous emmène avec lui dans les quartiers de Madrid, dans les rues qu’il n’hésite pas à nommer. J’ai ainsi pu me projeter sans problème et visualiser les endroits ce qui est très plaisant.



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Mala Vida

"Peut-être que ce que je vais vous révéler maintenant va vous surprendre, mais c'est pire que tout ce que vous pouvez imaginer. Je veux parler de vols de bébés. D'enfants retirés de force à leurs familles "rouges" dans le but d'éradiquer les antifranquistes. Il n'est pas question ici d'un enlèvement ou deux, mais bien d'une véritable organisation criminelle chargée par tous les moyens d'arracher ces gamins à leurs parents." Voilà comment Isabelle Ferrer, française d'origine espagnole qui a quitté son pays d'origine où l'attendait pourtant une brillante carrière d'avocate, crée l'évènement en annonçant la création de l'ANEV, une association pour retrouver les enfants disparus pendant et après le "règne" de Franco.

Dans un contexte politique compliqué, où l'AMP, parti politique espagnol proche du franquisme vient d'être élu, Diego est surpris d'avoir toujours son poste de chroniqueur radio. Conscient qu'il sert de "bonne conscience" au parti au pouvoir (du genre : "on ne licencie pas tous les opposants au régime en place, regardez, Diego officie toujours" ) et habitué à dénoncer les vicissitudes des politiques et autres hommes de pouvoir, la création de l'ANEV lui apparait comme une bombe sur laquelle il compte bien s'appuyer pour faire monter l'audience de son programme hebdomadaire à Radio Uno. Il décide de se rapprocher de la belle et mystérieuse Isabelle, qui semble parfois s'évaporer dans la nature. Pour cela, il n'hésite pas à faire appel à son amie transsexuelle Ana, sans doute la meilleure détective d'Espagne, qui a travaillé récemment pour elle. Et pour faire bonne mesure, un déjeuner avec son ami David Ponce, juge de son état, lui permettra de prendre la température de la tempête soulevée par l'ANEV.



Lala lala lalalala... Tu me estas dando mala vidad ! Mal de vivre ou mauvaise vie ? Je me suis toujours posée la question. En l’occurrence, je trouve les deux traductions adaptées au titre fort bien choisi de ce premier roman de Marc Fernandez.

J'avoue être un peu tombée des nues (oui oui, je suis très candide...) en découvrant le sujet au centre de Mala Vida. Pour moi, les bébés volés pour des causes idéologiques, c'était l'Argentine de Videla, pas l'Espagne de Franco ! Et bien, il semble que les dictateurs qui se suivent se ressemblent également : si l'on prend une bonne dose de personnel hospitalier complice, quelques politiques qui veulent s'enrichir, une bonne caution de la religion, quelques notaires à acheter, et bien sûr des républicaines enceintes à qui l'on ment, on se retrouve avec un commerce bien lucratif de vente de bébés ! Le tout sur un air de Manu Chao.

Bref, ce roman noir (et pas policier, puisque le lecteur, omniscient, sait bien qui fait quoi et notamment qui commet ces meurtres sur d'anciennes personnalités qui participaient à ce trafic monstrueux) a pas mal de qualités à son actif : il traite d'un sujet finalement pas si connu que ça, et pose la question toujours intéressante de ces lois d'amnistie sensées entériner meurtres, tortures, enlèvements, déportation... des coupables. Parce que, somme toute, il y a des choses qui ne s'oublient pas, et qui, une fois dites, ne peuvent rester sans réponse.

J'ai moins adhéré à la forme que prend ce roman... D'abord, on ne sait pas ce qui est véritablement historique et ce qui relève de la fiction pure, sur un tel sujet, c'est dommage. Les personnages principaux sont à la limite du stéréotype : le chroniqueur radio engagé et désabusé veuf depuis que son épouse a été assassinée par sa faute, la jolie blonde intelligente et fragile, et championne du tir à l'arme à feu, le seul juge de tout le pays qui a les "cojones" pour porter le dossier des enfants volés auprès de la justice, et même la transsexuelle Ana, meilleure détective du pays et argentine d'origine. On trouve également dans Mala Vida quelques répétitions (par exemple, sur les habitudes insomniaques du héros), un zeste de maladresse

Bref, tout ça, c'est bien dommage, parce que le sujet plutôt original est traité avec un angle d'attaque intéressant, il n'y a pas de temps mort dans la trame de l'histoire, les explications et techniques du métier de chroniqueur radio apportent du plus à l'ensemble, et les personnages sont somme toute attachants !



A souligner, parce que je trouve que c'est une initiative géniale : les éditions Préludes nous recommandent quelques ouvrages à la fin de notre lecture pour continuer sur le sujet. Et ça, ça me parait être une vraie bonne idée !

Un grand merci donc aux Editions Préludes et à Babelio pour cette découverte.
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Le nouveau western

« Rodrigue, as-tu du cœur ? »

Ah ah ! Est-ce que cela vous rappelle un petit quelque chose ? J’espère bien !



Corneille l’a glorifié au 17e siècle.

L’Espagne le magnifie depuis le 11e siècle, en particulier depuis « El cantar de Mio Cid », la plus vieille chanson de geste espagnole relatant ses exploits.

Marc Fernandez lui a rendu hommage en 2019 en parcourant la route « El camino del Cid » à vélo, en 12 jours.



Et nous voilà plongés dans l’Espagne médiévale, avec ses « taifas », petits royaumes musulmans créés après le morcellement de « Al-Andalus ». Le nord de l’Espagne comprend lui aussi ses petits royaumes, chrétiens cette fois.

Rodrigo Diaz de Vivar, appelé Le Cid (Sid ou Sidi signifie « seigneur » en arabe), est un chevalier plein de fougue et de courage, qui vole très souvent au secours du roi de Castille ; mais lorsque celui-ci le bannit en raison d’une sombre histoire d’ingérence, il est contraint de quitter sa Chimène et leurs deux filles afin d’éviter les foudres de ce roi ingrat. A coups de batailles, d’alliances, de tolérance aussi, Rodrigue, « el Cid campeador », le seigneur toujours victorieux, arrivera à Valence la musulmane dont il deviendra le prince, le chef incontesté.



Si vous êtes allergiques aux récits de batailles, rassurez-vous, il ne s’agit pas du tout de cela ici.

Ou alors, ce sont plutôt des batailles contre les cols, contre le vent, contre la douleur dans les mollets et dans les mains, car Marc Fernandez nous raconte avec autodérision et plein d’anecdotes son odyssée à vélo, de Burgos à Valence, dans les pas du Cid, en compagnie d’un autre journaliste.

961,21 kilomètres en douze jours de souffrance et d’exaltation.

Fernandez est un journaliste et écrivain français d’origine espagnole, et il profite de la tâche assignée par ses deux éditrices – accomplir la route du Cid à vélo et en relater l’expérience – pour retrouver avec émotion Valence et sa région où il a passé et passe encore ses plus beaux moments.



Paysages à couper le souffle, ceux de « L’Espagne vide, une Espagne qu’on ne montre jamais » et qui ressemblent à ceux d’un western, réminiscences d’une époque représentée dans notre imaginaire collectif par chevaliers, rois, musulmans, chrétiens, châteaux-forts, et monastères…

J’ai lu avec grand intérêt ces aventures à cheval et à deux roues, anciennes et modernes, d’un Cid mythique et d’un journaliste attachant.

Merci aux éditions Paulsen et à Babelio dans son opération Masse Critique pour m’avoir offert ce mélange de tradition et de modernité.





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Guérilla Social Club

Diégo, journaliste d'investigation à la radio, Ana, détective privée et ancienne opposante à la dictature argentine, et David, juge d'instruction devenu avocat, ont l'habitude de se retrouver à Madrid au Casa Pepe, le bar de leur ami Carlos, un réfugié chilien ancien combattant contre les dictatures sud-américaines.

A Paris, à Madrid, à Buenos-Aires ou à Santiago du Chili, les ex compagnons de lutte de Carlos disparaissent puis sont retrouvés torturés et assassinés. Carlos lui-même est menacé. Ses amis décident de mener l'enquête, avec l'aide de leurs informateurs dans les polices espagnoles et d'Isabel et Léa en Argentine. Tout semble indiquer que des nostalgiques des dictatures cherchent à se venger...



Marc Fernandez livre un roman noir de politique-fiction où la solution de l'énigme apparaît progressivement, et dont le grand mérite est de nous replonger dans les dictatures sud-américaines des années 1970-1980 et leurs exactions.

L'histoire est bien construite, peut-être pas si improbable que ça, à l'heure du populisme renaissant, mais les personnages sont un peu trop caricaturaux, trop entièrement bons ou méchants... L'écriture est alerte et la lecture fluide. Ce livre a donc beaucoup de qualités.

Pourtant, je tourne la dernière page avec un sentiment d'insatisfaction, avec l'impression qu'on m'a conté une bonne histoire, quelque peu sordide, dans laquelle je ne suis pas réellement entré, que je n'ai pas vécue. Cela vient sans doute du vocabulaire et du style, un peu trop directs, un peu trop froids et techniques... Je ne suis pas parvenu à m'identifier à l'humanité des personnages principaux. Dommage, le sujet s'y prêtait bien !
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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Mala Vida

Mala vida, célèbre chanson de Manu Chao qui a inspiré le titre de ce premier roman de Marc Fernandez.

Mala vida, avec sa couverture qui en dit long sur le sujet du livre.

Un landau sur fond de drapeau espagnol.

Un livre qui parle de bébé ?

Oui, mais un livre qui parle de bébés volés.

Une affaire qui démarre sous la dictature du général Franco, Chef d'État pendant près de 40 ans, du milieu des années trente jusqu'à sa mort en 1975. Avec la complicité de l'église notamment, des bébés de familles d'opposants auraient ainsi été enlevés à leur naissance pour être remis à des familles proches du régime en place.

De nos jours, alors qu'un gouvernement de droite dure (pour ne pas dire extrême) vient d'être élu,  une jeune avocate, pour le compte d'une association mais aussi à titre personnel, aidée, d'un journaliste, d'une détective privée et d'un juge va tenter de révéler et de faire condamner les responsables de ces actes qui ont meurtri à jamais tant de familles espagnoles.

Dans le même temps, un mystérieux tueur élimine des personnalités.

Les deux affaires sont-elles liées ?

Mettant leur vie et leur carrière en danger, les protagonistes réussiront-ils à faire éclater la vérité et à conduire les coupables devant un tribunal ?

J'ai été embarqué dans ce roman que j'ai dévoré en quelques heures.

Pas facile d'aborder un tel sujet.

Pas facile d'en faire un roman.

On est happé par le destin de ces presque "héros", ces David qui tentent de terrasser Goliath.

Marc Fernandez n'en a pas fait un livre pesant, noir, il y a mis du rythme et du suspense comme dans un bon polar.

Son but n'était pas de faire pleurer dans les chaumières.

Son but n'était pas non plus d'accuser trop ouvertement quelques institutions.

Il y a quand même quelques messages.

Comme le rôle de l'Opus Dei dans la société, ou comme ces idées franquistes que l'on croyaient révolues mais qui semblent n'être qu'en sommeil.

Un de ces excellents romans qui, tout en vous distrayant, vous amène à réfléchir et vous pousse à consulter votre média préféré...

A lire...









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Mala Vida

Fiction ou réalité ? Difficile de trancher pour ce roman. Fiction flirtant avec la réalité, c'est une évidence. En France, l'on sait finalement bien peu de choses de l'Espagne. Comme si le monde s'était arrêté à la Liga et aux duels Barça / Madrid, à la plage et à la crise économique qui dévaste le pays.



L'on se souvient vaguement d'une dictature qui s'est achevée avec la mort de Franco, mais cela ne va pas plus loin. Le passé est le passé, il n'a rien à voir avec le présent. Cruelle erreur que de penser cela. Un pays se construit sur son passé et l'Espagne n'en a pas fini avec le sien. La loi d'amnistie en est le principal frein. C'est ce que nous rappelle ce roman qui oscille entre roman noir, thriller et roman introspectif en nous offrant sous couvert de fiction, un roman assez proche de ce qui se passe en terres ibères.



L'AMP, un parti franquiste est au pouvoir, le spectre de la dictature et de ses méthodes pointe le bout de son nez, un sourire carnassier sur les lèvres. La presse est muselée, la justice est ficelée, mais la résistance s'organise. Diego, Ana, le juge David Ponce, chacun résiste avec les armes qui sont les siennes, jusqu'à ce qu'Isabel croise leur route.



Avec elle, un scandale éclate, et pas des moindres : celui des enfants volés pendant la dictature. Mais tout cela s'est produit en Argentine et au Chili, pas en Espagne, ce n'est pas possible dans un pays comme l'Espagne, peut-on lire. Comme si l'Espagne était au-dessus de cela, comme si la dictature de Franco n'avait pas été aussi effroyable que celle de Videla ou Pinochet, comme s'il n'y avait pas des gens « bien » impliqués dans le négoce de ces 30 000 enfants volés.



Commence une course contre la montre contre la police, la justice, le contrôle des médias pour faire éclater la vérité. Et au milieu de tout cela, des assassinats. Quel est le lien ?



C'est avec une certaine fascination que j'ai suivi ce récit aux reflets cinématographiques. La connaissance de l'Espagne contemporaine de l'auteur m'a bluffée, certains risques aussi dans cette dénonciation qu'il fait des évènements. Son analyse sur la raison de ces vols d'enfants est criante de pertinence. Je n'ai pas pu m'empêcher au fil des pages de faire des parallèles avec des éléments récents de l'histoire de l'Espagne. Les bébés volés ont bel et bien existé, le franquisme est toujours là, il vit sous un vernis démocratique, l'Opus Dei n'a pas disparu et continue de tirer certaines ficelles, l'on se débarrasse toujours de juges gênants (le juge Garzón en est un excellent exemple) et l'on a beaucoup de mal à se réconcilier avec son passé.



L'on pourra reprocher une intrigue parfois trop facile, des moments d'introspection qui font retomber parfois la tension narrative, mais j'ai vraiment, vraiment savouré ce roman. J'ai refermé la dernière page en me disant que ça serait bien qu'il franchisse la frontière et ravive un peu les mémoires sur ce que l'on veut oublier là-bas. Après tout, c'est aussi l'un des rôles de la littérature.


Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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Mala Vida

Mala vida, le mal de vivre, celui d’Isabel, petite-fille de républicains espagnols auxquels on a retiré leur fils le jour de sa naissance, officiellement mort-né. Aujourd’hui, alors que la droite conservatrice est revenue au pouvoir, Isabel a imaginé une vengeance à la hauteur de la souffrance de ses grands-parents et de tous ceux qui ont vécu le même drame. Après la création d’une association de victimes, pour faire reconnaître les préjudices subis malgré la loi d’amnistie votée à la mort de Franco, secrètement elle va infliger un châtiment que beaucoup penseront inexcusable.



Ce roman, ni vraiment historique ni vraiment policier, est largement inspiré d’un épisode de l’histoire espagnole, celui de l’affaire des bébés volés après la guerre civile. Pour des raisons idéologiques, des enfants de républicains étaient vendus à des familles bourgeoises avec la complicité de médecins et de religieuses. Les franquistes prétendaient sauver les âmes des enfants de "rouges" en les confiant à des familles proches du régime. Une pratique, que l’on retrouve en Argentine pendant la dictature militaire de 1976 à 1983 avec le vol de bébés d'opposants politiques, qui perdurera en Espagne même après la mort de Franco.



Marc Fernandez, ex-journaliste à Courrier International spécialiste de l’Espagne et de l’Amérique latine, créateur de la revue Alibi consacrée au polar, signe ici son premier roman en solo. Un essai réussi qui, même s’il n’approfondit pas le sujet des enfants volés, évoque la souffrance de ces victimes du franquisme.



Merci à Babelio et aux Editions Préludes pour cette agréable lecture.

PS : il est dommage que l'auteur, que j'ai rencontré grâce à Babelio, manque singulièrement d'humilité.
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Le nouveau western

Ce que j’ai ressenti:



En avant, Tornado!



En ce moment, on ne va pas se mentir, toute aventure est bonne à prendre! Même virtuelle, même imaginaire, l’aventure a toujours ce pouvoir attractif. Une virée en vélo à travers l’Espagne sur les traces du Cid, je vous l’avoue ça me tente bien, là tout de suite! Mais bon, je dois me contenter, pour le moment, de pédaler sur mon vélo d’appartement et suivre la folle expédition de Marc Fernandez en lecture! Et quelle virée! On sent qu’il a adoré ce défi, même si ça ne c’est pas fait sans douleurs…900 kilomètres et un timing plutôt serré, c’est un parcours osé que l’auteur s’impose pour revivre un peu de la vie de ce grand héros qu’est Le Cid. Entre carnet de voyage personnel et revisite des œuvres littéraires autour de ce grand chevalier, on explore avec Marc Fernandez, la beauté des terres espagnoles, en 14 étapes. C’était intéressant, surtout que j’ignorais presque tout de ce combattant légendaire, donc cette virée à vélo, m’a apporté un espace d’évasion et encore plus de curiosité par rapport à ce héros qui en a inspiré plus d’un!



"Nous repartons nous aussi et roulons quelques kilomètres dans un paysage qui nous renvoie mille ans en arrière."



Démarches aventurières.



Depuis quelques mois, j’ai plaisir à découvrir les parutions de la maison d’éditions Paulsen. Elles me permettent de voyager en lecture, en Corée ou en Amérique du Nord, et maintenant en Espagne avec celui-ci. À travers leurs écrits, les auteurs nous entraînent dans des défis complètement fous, et j’adore les suivre! Ce qui rend leurs voyages encore plus beaux, c’est leurs ouvertures d’esprits et leurs bienveillances. En ces temps compliqués, ces lectures sont de belles fenêtres ouvertes sur le monde et ses richesses, une manière différente de vivre par les Hommes, pour un temps…Je compte bien ne pas m’arrêter en si bon chemin, et j’ai hâte de pouvoir lire d’autres aventures Paulsen.



"Une sensation de bien-être, que j’ai rarement ressenti, m’envahit. Ce voyage en vélo me procure un sentiment de liberté. Si le Cid chevauchait vers son rêve, nous faisons de même. Presque mille ans nous séparent, mais comment ne pas se sentir bien devant le spectacle que nous offre ce parc naturel de toute beauté?"



En bref, il me reste de cette aventure, la poésie de Emmanuel de Saint-Albin, une envie de rencontre avec le Cid, quelques courbatures et des images de paysages que je ne verrai sans doute pas dans l’immédiat…Il me reste une bouffée d’air frais avec Le Nouveau Western. Et puis, cette soif d’aventures et de liberté…Merci Marc Fernandez d’avoir fait la route pour nous…





Ma note Plaisir de Lecture 8/10


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Mala Vida

Après trente-six années de franquisme et quatre décennies de répit relatif, les nostalgiques du 'caudillo' reviennent au pouvoir, 'grâce' à la crise économique qui touche sévèrement l'Espagne depuis 2012.

On imagine les conséquences : une république en marche... arrière. Le vent de liberté qui a soufflé avec la Movida semble bien loin, les médias sont muselés, on garde quand même quelques soupapes pour faire illusion. Diego Martin est l'un de ces journalistes qu'on laisse s'exprimer, même si les lièvres qu'il soulève avec des complices bien informés dérangent beaucoup dans les hautes sphères...



Parce que la menace est réelle, des auteurs imaginent l'accession au pouvoir de l'extrême droite dans des pays d'Europe. François Durpaire et Farid Boudjellal ont fait l'exercice pour Marine le Pen en France (trilogie BD 'La Présidente'), le journaliste Marc Fernandez pour l'AMP (mouvement populiste plus ou moins fictif) en Espagne avec ce roman policier.



J'ai d'autant plus apprécié ce récit de politique-fiction qu'il m'a appris des éléments de l'Histoire espagnole que j'ignorais (des méthodes de 'redressement idéologique' proches de certaines utilisées par les nazis, la loi d'amnistie votée en 1974, les rancoeurs qui en résultent sur des comptes mal réglés...).

Si l'intrigue, ses ingrédients, ses personnages et son rythme lent risquent de décevoir les passionnés de littérature policière, le contexte est en revanche passionnant. Et rien que pour ça, ce roman mérite vraiment qu'on s'y arrête. ♥



♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=qWV2kM1laIc

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Mala Vida

Depuis la victoire aux élections espagnoles de l'Alliance pour la Majorité Populaire (AMP), une série de meurtres inexpliqués et non revendiqués touche le pays. Est-ce que les crimes commis sont des actes isolés où est-ce qu'un lien peut être établi entre des victimes aux profils très différents ?



Dans ce premier tome au titre faisant un clin d'œil au groupe Manu Chao, Marc Fernandez nous offre un roman actuel et d'actualité qui revient sur une période sombre de l'histoire espagnole.



Alors que je m'attendais à découvrir une enquête policière où l'intrigue se déroulait en Espagne, j'ai été heureuse d'en apprendre plus sur la dictature franquiste et sur une affaire qui hante encore les populations actuelles : celle des milliers de bébés volés sous Franco et jusqu'au début du XXIème siècle... Après la lecture de ce livre, j'ai eu l'occasion d'en discuter avec des proches d'origine espagnole et j'ai pu me rendre compte à quel point ceux-ci ont été marqués par ces actes.



J'ai beaucoup apprécié le personnage de Diego Martin, un journaliste de radio qui va oser mener l'enquête alors même que celle-ci reste un sujet encore tabou.



En lisant Mala Vida, j'ai trouvé que celui-ci faisait écho au livre Avant elle de Johanna Krawczyk qui traite de ce thème mais sur le sol argentin.



Il me tarde maintenant la prochaine Nuit Blanche des Livres organisée par Nathalie de la librairie des Mots en Marge de La Garenne-Colombes pour retrouver Marc Fernandez et pour échanger avec lui sur ce livre et en profiter pour acquérir les deux autres tomes de la série :-)
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Mala Vida

La tragédie des "bébés Robados" débute en 1939 avec la dictature franquiste . Un psychologue,Antonio Vallego Nagera revient de l'Allemagne nazie avec une théorie aussi ridicule qu'ignoble: les femmes républicaines seraient porteuse du " gêne marxiste". Cette théorie est adoptée par Franco qui décide d'éradiquer ce gêne en éloignant les enfants de leurs familles d'origines. C'est le début d'enlèvements d'enfants avec la mise en place d'un dispositif légal qui facilite le changement d'identité,la mise sous tutelle et l'adoption pour des familles phalangistes. Certains enfants seront aussi éduqués dans des centres religieux dans la rigidité. Il semblerait que cet odieux trafic n'ait pas totalement cessé après la mort de Franco.

Marc Fernandez dénonce ce scandale dans son roman Mala Vida à travers l'histoire de quatre personnages qui vont mener une enquête pour révéler au peuple espagnol cette page sombre de leur histoire. Il y a Diego,journaliste de radio ,,Ana une détective grande amie de Diego, David procureur,et Isabel avocate et initiatrice de cette démarche car touchée intimement par le sujet.

L'auteur aurait pu développer beaucoup plus ce sujet et en faire un roman historique mais ce n'est pas le choix qu'il a fait. Il offre une lecture facile et agréable sur le ton du polar mais dont l'efficacité est certaine pour susciter la curiosité et inviter ses lecteurs à se documenter pour en savoir davantage. Ce qui a été mon cas car j'ignorais totalement cette histoire . J'avais en tête le drame similaire en Argentine et le mouvement des grands mères, mais il est peut-être plus simples de voir ce qui est loin que ce qui se passe tout près de nous?

Pour qui aime Madrid, Mala vida est aussi l'occasion de se balader dans ses rues,de se remémorer ses lieux cultes. Très belle lecture.
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Mala Vida

Diego est animateur radio et l'arrivée au pouvoir de l'AMP, parti proche du courant franquiste l'inquiete au plus haut point. Le soir même,un dirigeant de ce parti est assassiné à bout pourtant.

Parallèlement,Isabel, avocate, dont la famille a fui l'Espagne en 46 pour la France revient en Espagne et s'apprête à bouleverser le pays en appuyant une association luttant contre le vol de bébés sous Franco.



Roman relativement court qui traite d'une part des scandales du vol de bébés et d'autre part d'une série de meurtres ,dont on connaît le meurtrier.

On est ici avec des personnages aux cojones bien accrochées, refusant la pression du pouvoir ou allant aux bouts de leurs idéaux.

Les quatre personnages centraux sont le miel de ce roman. Ils ont tous des comptes à régler mais le font chacun par des biais différents, avec des conceptions differdiffé de la vengeance.

Pour l'histoire, autour du sujet très dur du vol de bébés, j'ai trouvé un petit manque de profondeur, un manque de suspense que l'on peut s'attendre à trouver dans ce genre de livre.

Il y a une belle satire des arcanes du pouvoir, de la politique en général, l'église est habillée pour des décennies, mais..



LectiLe sympathique.
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Mala Vida

Quelle bonne idée d’avoir crée cette collection « Préludes ». Je ne connais pas encore la totalité de cette sélection de premiers romans, mais tout ce que j’ai lu jusqu’à maintenant m’a véritablement séduit. Et une fois de plus, grâce à Babelio, j’ai élargi mon domaine de lecture.



Dans une Espagne qui aurait remis au pouvoir un gouvernement d’extrème droite, quelques personnages atypiques vont mettre en œuvre, pour des desseins différents, des stratégies destinées à mettre au grand jour un scandale des « années Franco » : l’enlèvement à la naissance d’enfants de républicains pur les confier à des familles Franquistes, avec la complicité de bien des autorités (politiques, locales, religieuses, etc.). Tout ceci afin de soustraire ces enfants à leur milieu et ainsi les sauver du « péril rouge ».

Ces personnages sont :

-Diégo, un journaliste un peu hors-normes et qui œuvre sur une radio d’état de droite avec des émissions « subversives » (Une sorte de Daniel Mermet Espagnol ).

-Anna, détective Argentine et transsexuelle qui semble n’avoir pas grand-chose à perdre et s’engage à fond dans ses enquêtes.

Isabel Ferrer, avocate formée en France et qui décide avec la bénédiction de sa grand-mère de mettre les pieds dans le plat en ce qui concerne cette affaire d’enlèvement d’enfants. Elle souhaite ainsi, implicitement (et dans les actes aussi) venger sa famille.



Tout cela est écrit dans un style simple, rapide et agréable, très rythmé, comme si l’on était dans une série télévisuelle. Mais cela reste un bouquin qui se situe entre le thriller et le polar.



L’environnement politique est extrêmement présent (comment faire autrement ?) et le départ de l’intrigue est volontairement « extrême gauche ».

En réalité on se rendra comte au fur et à mesure de la lecture que l’on est conduit à suivre une de destin des différents personnages.



Ce roman présente une part historique, mais on ne sait pas s’il est vraiment historique. (Peut-être est-ce le propre du roman ?)



En tout cas, ce livre est captivant, prenant et comme toujours c’est au lecteur de se faire sa propre opinion.

Donc : Lisez-le C’est le mieux que l’on puisse conseiller dans un commentaire comme celui-ci.

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Mala Vida

Si je devais qualifier ce roman en peu de mot, je dirais qu’il est glaçant et addictif.



L’Espagne se réveille avec la gueule de bois car la Droite Dure a gagné les élections et remis la Gauche Molle dans les cordes.



L’AMP est au pouvoir et ici, ça ne signifie pas Agence et Messagerie de la Presse.



On entre dans une ère sombre car les nostalgiques de Franco sont toujours là et prêt à faire revivre les grandes heures du caudillo.



Les peuples ont toujours la mémoire courte ou alors, ils ne retiennent jamais que le "bon" côté de la chose, comme cette dame d’origine espagnole qui me dit, un jour, qu’au moins, sous Franco, personne n’aurait osé te voler ta bouteille de lait sur ton perron.



Les morts apprécieront, les disparus encore plus, quant aux torturés, ça leur fera une belle jambe de savoir qu’on n’aurait jamais osé leur piquer leur bouteille de lait. Quand je vous dis que certains ont la mémoire courte (et les idées encore plus rabotées).



Un qui n’a pas la mémoire courte, ni sa langue en poche, c’est Diego Martín, journaliste à Radio Uno qui aime piquer là où il faut, profitant de son émission pour égratigner le pouvoir en place et parler des injustices commises. Il a des cojones et préfère enquêter longuement afin d’être sûr de son info que de sauter directement dessus, comme le font les médias de nos jours.



Ceci est un roman policier noir et politique où le nom de l’assassin est connu directement. Pas besoin de chercher si c’est le colonel Moutarde ou le professeur Olive qui a assassiné l’élu de Droite, on a directement son prénom et ensuite, on fait le lien entre l’assassin et un personnage qui entre en scène.



Il nous manque juste le mobile, mais puisque les assassinés ont tout de la crapule, personne ne les pleurera. Quant au mobile, sans avoir fait des hautes études en science criminelle, on le trouvera assez vite, en déduisant sans se faire mal aux neurones.



En fait, dans ce roman, ce n’est pas vraiment l’identité de l’assassin qui nous importe mais l’autre enquête, celle sur les bébés volés et vendus à d’autres parents, des braves gens qui n’avaient rien de Rouge ou d’opposants au régime…



Choquant et révoltant de se dire que des êtres humains (??) ont trouvé cette idée brillante et que ce ne fut pas quelques bébés qui furent volés mais des milliers, la loi d’amnistie faite après le décès de Franco ayant enterré ces dossiers brûlants et rendu le sujet hautement tabou.



Et moi qui pensais qu’il n’y avait eu ce genre de pratiques horribles qu’en Argentine… Djézus, je dois encore avoir un fond de petite fille naïve, il était plus que temps de me coller deux baffes et de m’expliquer violemment que ces horreurs avaient eu lieu aussi en Espagne, sous Franco et après Franco… Froid dans le dos, je vous dis.



Un journaliste qui a des cojones, un procureur qui en a aussi et Ana, une ancienne prostituée transsexuelle devenue détective privée (qui a en a eu avant). Un trio couillu, qui marche bien ensemble, sorte de groupe d’incorruptibles, dont Ana est le personnage le plus attachant.



Le roman est captivant, difficile à lâcher, tout en étant glaçant. L’auteur nous livre une enquête bien ficelée, prenante, historique, bien documentée



Mon seul petit bémol sera pour la personne qui assassine, pas super crédible dans son rôle (personnage trop parfait), mais comme je vous l’ai dit, la résolution des crimes est accessoire, elle ne sert qu’à lancer Le sujet puisque ce sera une passerelle entre les affaires de meurtres et les enfants volés.



Le comportement du journaliste, Diego Martín, m’a surprise à la fin. Que l’identité de l’assassin lui fasse un coup, je peux comprendre, mais c’est lui qui avait lancé cette théorie, les flics étant toujours dans le noir total. Par contre, qu’il nous la joue boudeur, choqué, horrifié, là, je tique un peu, même si se faire justice sois-même est interdit et dangereux, sa réaction est anormale. Mais bon…



Un voyage glaçant sur les flots houleux des quartiers madrilènes, dans une Espagne qui a mis la barre sur Tribord dure (droite), avec les nostalgiques de Franco qui hissent les voiles pendant que ceux qui sont à voile et à vapeur serrent les fesses, dans cette galère où tout ce qui n’est pas "espagnol catho pur" est jeté par-dessus bord.



Et puisqu’un jour, un capitaine a décidé qu’il fallait amnistier tous les coupables qui ont profité de la dictature, afin de repartir sur le bon pied, il est clair que sortir une affaire aussi explosive des cales poussiéreuses de l’Histoire, ça risque d’amener des mutineries.



Un super roman policier, plus que noir que policier, glaçant. Une leçon d’Histoire afin de ne pas oublier (ou d’apprendre), le tout porté par des personnages sommes toute un peu stéréotypés (sorte de Chevaliers Blancs) mais attachants.



♫ Tu me estas dando mala vida

yo pronto me voy a escapar ♪


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Tapas nocturnes

Avant de lire le dernier tome de la trilogie, je me suis penchée sur le préquel, sorti après les autres.



Ce préquel nous présente les personnages que nous croiserons dans les romans suivants, posera les bases.



Moins drôle, il nous fera vivre l’assassinat d’un personnage, dont nous avions déjà appris la disparition brutale dans les romans suivants.



Diego Martín est un journaliste comme on en fait encore peu : il ne cherche pas le scoop, croise ses données, ne s’occupe pas des potins, du menu fretin, mais adore soulever les tapis, ouvrir les placards, pour aller chercher les cadavres en dessous. Politiciens véreux, gare à vous. Dictateurs, pareil. Vous aussi, les narcos.



Ici, il vise Don Fernando, le patron d’un cartel mexicain qui se cache derrière une activité d’entrepreneur très clean. Diego est parti l’interviewer à Ciudad Juarez et il en est revenu assez vite, le numéro deux ayant montré les dents.



Ce roman est très court, mais lui aussi est percutant. Autant par son scénario qui ne laissera rien au hasard, que par ses personnages attachants (pas les narcos, hein !).



Diego est libre dans sa tête (oui, elle était facile), Ana, une amie à lui, était un homme avant et a fui la dictature au Chili, le patron du bar a fui celle d’Argentine. Ils sont amis, se serrent les coudes, se soutiennent.



Ce roman noir, très noir, est aussi la preuve que lorsqu’on ne respecte pas les règles, quand on prend une décision sans l’aval du grand chef, on court à sa perte. Comme une pièce chutant dans un domino et entrainant les autres, lentement au départ, puis de plus en plus vite ensuite.



Ou comment on peut se tirer une balle de pied et se rendre compte, trop tard, qu’on a déconné grave et que maintenant, les cognes corrompus ne rigolent plus. Y a rire et rire, mais leur pisser dans le dos et dire qu’ils transpirent, les flics n’appellent plus ça rire.



Un roman noir fort, percutant, violent, sans concessions, avec beaucoup de chagrin et qui pose les bases de ce que sera Diego dans les autres romans, qui expliquera son caractère, sa personnalité, sa ténacité.



Un préquel qui se lit tout seul et peut être lu indépendamment des trois autres. Entre nous, ne vous contentez pas que de celui-ci, lisez les autres, ils sont super bons.


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Le nouveau western

Ce petit récit de voyage sur les routes du Cid de Burgos à Valence est un magnifique dépaysement, doublé d’un voyage au XI éme siècle dans la péninsule ibérique.



Marc Fernandez a choisi de suivre les pérégrinations de Rodigo Diaz de Vivar, chevalier castillan, meilleur guerrier de son roi, Alphonse VI de Leon, mais banni en 1081 par celui-ci suite à l’attaque non autorisée d’un territoire maure. Voilà Rodrigue, qui deviendra des siècles plus tard le héros de la pièce de Corneille, errant avec sa petite armée, qu’il va mettre au service des camps opposés jusqu’à devenir le seigneur de Valence.

Fernandez, journaliste qui se dit non-sportif, chemine à VTT avec un des collègues espagnol sur 960 kilomètres en douze jours. Pour mesurer l’exploit sportif, imaginez les paysages de cette partie centrale de l’Espagne, assez désertique, avec du relief, du soleil, et quelques kilos d’affaires dans les sacoches. On sue avec Fernandez lors de ses efforts dans les cols (11 000 mètres de dénivelé positif cumulé quand même…). On découvre des parcs nationaux et des canyons, des villages aujourd’hui bien peu peuplés, des restes de châteaux forts et d’abbayes... Le trajet fait revivre l’épopée du Cid Campeador, ce guerrier habile, malin, prêtant son épée à ceux qui savaient le récompenser, seigneurs catholiques ou roi de la taïfa musulmane de Sarragosse. Il voit petit à petit ses troupes grossir, jusqu’à pouvoir se tailler son propre territoire autour de Valence.

Fernandez fait aussi revivre El Cantar de Mio Cid, cette chanson de geste du XII éme siècle, en pointant ce qui reste aujourd’hui de cette époque dans ces paysages désertiques.



En cette période de nouveau confinement, ce livre renvoie des images de ces paysages arides de Castille ou d’Aragon, où les éoliennes ont remplacé les moulins. Marc Fernandez emmène le lecteur sur le porte-bagage de son fier VTT entre le onzième siècle et les efforts sportifs. Merci à lui pour ce voyage par procuration.
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Mala Vida

Avec ce roman, Marc Fernandez nous fait découvrir une période les plus noires de l’histoire d'Espagne. Pendant 40 ans, le régime Franco vola près de 300 000 nourrissons à des mères dites républicaines afin de les faire adopter par des parents plus adéquats. Retiré dès la naissance, on dit aux mères que leurs bébés sont décédés pour ensuite les vendre aux plus offrants …. Des médecins, infirmières, religieuses ainsi que des notaires et avocats étaient dans le coup. Il semble que ces événements ont eu lieu jusqu'en 1980.



Des meurtres sont perpétrés à différents endroits d’Espagne et sur des gens qui ne semblent pas être liés. Un journaliste radio découvre que ces meurtres cachent quelque chose loin d’être sans intérêt …



Un thriller brillant, sur une histoire vraie et bien triste …

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Bandidos

Dernier volet de la trilogie consacrée aux enquêtes de Diego Martín. Cette fois-ci, nous ferons le grand écart entre l’Espagne et l’Argentine, où ont eu lieu deux crimes similaires, à 20 ans d’intervalle.



Les romans de Marc Fernandez n’hésitent pas à sortir les cadavres des malles de l’Histoire, les squelettes des placards des dictatures sud-américaine ou espagnole.



C’était un véritable plaisir de retrouver les personnages avec lesquels j’ai déjà partagé des aventures dangereuses, mais des plus instructives, notamment avec les bébés volés sous les dictatures.



Ici, on parlera plutôt de liberté de presse, d’assassinats de journalistes, de censure, d’intimidations et de politiciens qui font la pluie et le beau temps.



Puisque nous irons en Argentine, l’auteur nous fera repasser par les locaux de l’Asociación Madres de la Plaza de Mayo (Les Mères de la place de Mai). Il ne faut pas les oublier non plus !



Dans les romans de Marc Fernandez, il est toujours question de corruption, de pouvoir absolu, de dictatures, qu’elles soient anciennes ou d’époque.



N’allez pas croire que ses bouquins sont les mêmes, bien qu’ils se ressemblent, qu’il y ait des leitmotivs qui reviennent, qu’ils possèdent des sujets communs, ils ont tous un ADN différent, bien qu’issu de la même origine : les exactions des dictatures. Et on aura toujours à dire sur le sujet.



Diego va devoir fouiller dans un passé sordide que certains ne veulent pas voir remonter à la surface et qui feront tout pour le laisser dormir.



D’ailleurs, ce roman réserve quelques surprises de taille. J’en avais vu une venir de loin, par contre, la suivante, elle m’a pris par surprise.



Diego est un journaliste pugnace, il ne lâche jamais rien, il est intrépide, un peu fou, il aime la vérité par-dessus tout et surtout, recouper ses infos !



Dans un monde où il faut aller de plus en plus vite afin d’être le premier et de faire le buzz, se permettre le luxe de vérifier et de recouper ses infos, c’est presque se tirer une balle dans le pied. Heureusement que Diego fait encore son travail, qu’il est libre dans sa tête (♫).



Mon seul léger bémol sera pour la manière dont sont présentés une partie des dialogues… Au lieu de faire parler ses différents personnages, l’auteur a choisi de garder la forme de la narration neutre avec "Il lui demanda" et "elle lui répondit", ce qui casse un peu le rythme et donne l’impression d’avoir des dialogues aseptisés.



Hormis cette petite critique, j’ai apprécié le roman qui s’en va fouiller dans les poubelles pour déterrer les cadavres bien planqués des dictatures.



Dans le roman, rien n’est tout à fait noir, rien n’est tout à fait blanc, c’est nuancé et on sent bien que tout le monde ne fait pas toujours ce qu’il aimerait faire, que les libertés sont contrôlées en Amérique du Sud, obligeant certains à manger à la table du Diable, où la longue fourchette ne sert à rien.



Un roman dont le récit alterne entre l’Espagne et l’Argentine, une enquête dangereuse, un méchant mégalo qui racontera tout à Diego à la fin (un peu cliché, mais bon), des amis qu’il fait bon d’avoir auprès de soi, de la corruption politique (oxymore), des squelettes dans les placards et des personnages que l’on n’a pas envie de quitter à la fin de sa lecture.



Merci à toi, Diego Martín, de m’avoir fait découvrir ton univers de journaliste d’investigation, tes amis fidèles et le petit café où vous vous réunissez tous et toutes. N’oublie pas de rester prudent, mon cher Diego et d’embrasser ton père littéraire qui a fait en sorte que j’aille me coucher moins bête après avoir lu 4 de ses romans.


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