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Critiques de Maud Mayeras (957)
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Les Monstres



Le Terrier et ses habitants, une mère et ses deux enfants, un Ogre qui règne en maître.



Ce roman, je l'ai lu en apnée, d'une traite.

Ce roman, je l'ai lu avec les tripes, comme une expérience sensorielle convoquant tous mes sens, exacerbés comme jamais, à l'affût de la moindre émotion qui sera convoquée jusqu'à vibrer de partout.



Terriblement immersif. J'ai humé l'air irrespirable du Terrier et l'odeur d'une libération qui n'en est pas une. J'ai écarquillé les yeux jusqu'à ce que des images imprègnent mes rétines. J'ai ressenti des textures. J'ai entendu les cris, les espoirs, la colère, la peur des habitants du Terrier. J'ai eu envie de hurler. J'ai pleuré aussi.



En seulement 300 pages d’une rare densité, Maud Mayeras plonge dans les tréfonds de la psyché humaine, dans ce qu’elle a de pire ( séquestration, viols, conditionnement mental, cruauté ) mais aussi de plus beau ( innocence, enfance ) : les passages sur l’amour filial, maternel et fraternel sont absolument magnifiques et déchirants de justesse, la plume, déjà remarquable, prend toute son ampleur alors. La façon dont elle scrute le mental d’êtres qui ont connu l’extrême est époustouflante de justesse et de singularité.



Surtout Maud Mayeras déploie un talent évident à déranger, à questionner sans chercher à cogner ou choquer en versant dans du trash facile. Le cheminement de son récit est tellement subtil, même lorsqu’il lève le voile sur des thématiques tabous rarement abordées, que ce soit dans les médias ou dans la littérature, notamment sur l’après-séquestration, sur la libération des victimes qui n’est pas que joie et qui ne met pas fin à l’histoire pour soulager la société. Et son choix de décrocher de son récit en y insérant des courts extraits de contes métaphoriques terribles ne fait qu'accroître le sentiment d'étrangeté et d'oppression qui grandit depuis le début de la lecture.



Une auteure puissante que je découvre avec ce roman original et oppressant qui m’a vrillée d’émotions les plus diverses. J'entame direct la lecture de Reflex, son précédent, dont je pressens qu'il va énormément me plaire.



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Reflex

Put*** de bor*** de mer** !!! J'ai commencé "Reflex" lundi matin et je n'ai plus su le poser, le terminant au soir, lisant sans interruption de 18h à 22h30... Voilà pourquoi je n'étais pas sur le Net lundi 27 janvier soir, je bouffais, je dévorais, je m’empiffrais de ce livre qui m'a transporté ailleurs...



Monsieur Ernotte et son "C'est dans la boîte" m'avait déjà ébahie et collé un coup de pied dans les fesses, me laissant sans voix (un exploit), mais madame Mayeras vient de faire encore pire...



Âmes sensibles, attention ! Reflex n'est pas qu'un simple thriller, c'est aussi un roman noir. Un roman au-dessus de la moyenne et qui se lit d’une seule traite, la peur vous nouant le ventre. Certains passages, d’une rare violence, pourraient mettre les lecteurs les plus sensibles très mal à l’aise. Les plus aguerris aussi.



Le personnage principal, Iris Baudry, est photographe à l’Identité Judiciaire. La mort fait partie de sa vie quotidienne puisque son travail consiste à photographier les scènes de crimes avec ce qu'elles comportent de cadavres ensanglantés ou à l'état de putréfaction.



Notre Iris est une espèce de marginale, une frêle jeune femme qui chevauche une SuperDuke (moto), le petit bijou de chez KTM. Une pure machine à rouler sans aucun compromis, un naked bike de dingue, un moteur V2 débordant de puissance parfaitement maîtrisée ! La SuperDuke, c'est la terreur des Superbikes avec un châssis aussi maniable que précis. Pardon, je me laisse aller...



Dans son domaine photographique, Iris est une vraie "pro". On l'appelle et elle arrive sur son destrier au moteur ronflant. Bizarre comme vie, non, de ne pas avoir vraiment de vie ? Si Iris flashouille les cadavres avec autant de verve, c’est sans doute pour oublier la mort brutale de son fils Swan, assassiné il y a 11 ans par un dingo qui purge depuis une longue peine.



Et voilà notre Iris de retour non loin de sa ville natale, celle qu'elle a fui et où elle aurait aimé ne jamais revenir à cause des mauvais souvenirs. C'est à sa terrible mère, un espèce de croque-mitaine maléfique, qu'elle doit un bégaiement.



Mais voilà, le croque-mitaine est à l'asile, plus légume qu'autre chose. Ce ne serait-il pas le bon moment pour lever enfin tous ces secrets ??



Bien que le début du livre soit assez "lent", impossible de s'ennuyer, on suit l'histoire, on suit les déboires d'Iris, on échafaude des théories, on tente de comprendre ce qui a bien pu se passer dans le passé.



Mon esprit étant pervers, je pensais dur comme fer avoir trouvé la solution et c'était toute contente de ma trouvaille que j'avais poursuivi la lecture, me disant que "savoir" ne faisait que renforcer le sentiment d'oppression présent dans le livre et je crispais mes mains de plus en plus fort sur les pages.



Constamment renouvelé le suspense augmente au rythme des courts chapitres - 3 ou 4 pages - dont de nombreux commencent par la même formule "je n’aime pas" souvent annonciatrice d’un nouveau drame.



J'ai été de surprise en surprise avec les chapitres intitulés "Silence", débutant en 1919 avec l'histoire de Julie, de son viol, de sa sa mise au ban de la société suite aux rumeurs, de sa grossesse, de son arrivée dans un orphelinat tenu par des peau de vaches de sœur, et la naissance de Lucie et sa vie dans l'orphelinat... On se demande où l'auteur va nous entraîner et ce fut captivant de passer d'époque en époque et de suivre les personnages.



Niveau personnages, ils sont tous travaillés à la serpe, possèdent une part d'ombre et l'habit ne fait pas toujours le moine...



Dans ce roman, chaque rebondissement nous égare un peu plus... Oubliez vos théories, vous ne trouverez pas. Mon raisonnement était pervers, mais l'auteure l'était encore plus que moi. Je pensais avoir "déduit"... Tu parles, Charles ! Tiens, prends-toi ça dans les dents !



Lorsque j'ai découvert toutes les révélations subtilement dosées dans les dernières pages, j'en suis restée muette durant quelques minutes, bouche ouverte, dans un "oh putain" muet. Comme si mes jambes avaient été taclées d'un coup. Sur le cul, j'étais. Sonnée, groggy, soufflée, taclée brutalement, K.O.



D'ailleurs, je ne me suis pas encore remise du livre. En plus d'avoir été "sonnée" violemment, faut encore atteindre la dernière page, quasiment la dernière ligne pour comprendre tout le fin mot de l’histoire.



En tout cas, bravo à l'auteure, parce que c'était de la balle, son roman !



Pourtant, avec une narration au présent (ce que je déteste par-dessus tout), des phrases très courtes, commençant souvent par "je" (ce qui aurait pu être casse-gueule sans un certain talent d'écriture) et sans trop d'action au départ (ce qui aurait pu m'endormir), le pari était risqué...



Malgré ces petits détails qui dans d'autres livres m'énervent prodigieusement, ici, rien de tout cela ! J'ai été aspirée directement dans le livre. Je me demande d'ailleurs s'il n'y a pas des formules magiques dans les pages qui vous envoûtent et vous empêchent de le refermer... Une sorte d'Alien qui sort ses tentacules pour rentrer en vous...



Ce livre, c'est fort, ça percute et ça t’uppercutte (celle-là, je mets un copyright).



Une tuerie, ce livre !! Une putain de saloperie de tuerie... un truc de fou, un coup de cœur doublé de je ne sais combien de coups de pieds au cul et de décharge de chevrotines dans mes tripes...



Maintenant que je l'ai dit, je me sens mieux...



Là, pour faire plus calme, j'ai entamé "L'enfant des cimetières" de Sire Cédric : Bisounours et petits poneys garantis !!



Belette Retournée


Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Hématome

N’ayant pas assez de temps pour lire tous les ouvrages récents qui m’intéressent, je ne me tourne que très rarement vers des publications plus anciennes. Cependant, certains auteurs que je découvre sur le tard me séduisent tellement, que la tentation d’aller découvrir leurs œuvres précédentes devient presque irrésistible. C’est le cas de Maud Mayeras, dont j’ai adoré « Reflex » et surtout « Les Monstres » et dont j’avais donc envie de découvrir ce premier roman intitulé « Hématome ».



Le roman s’ouvre en compagnie d’Emma, allongée sur un lit d’hôpital. À ses côtés, un homme avec un bec de lièvre…qui s’avère être son compagnon. Excepté quelques flashs très courts, Emma ne se souvient en effet de rien. Pourtant, les douleurs qu’elle ressent dans le corps, ne laissent que peu de doute : elle a visiblement subi un traumatisme particulièrement violent… reste à découvrir quoi !



Utilisant une narration à la première personne, Maud Mayeras nous plonge immédiatement dans le cerveau embrumé d’Emma, nous invitant à tenter de combler les vides en sa compagnie. Comblant progressivement les trous de mémoire de cette héroïne amnésique, l’autrice nous livre un thriller psychologique au rythme soutenu, à l’aide de chapitres courts qui font habilement monter la pression.



Malgré quelques invraisemblances et certains détails qui ne manqueront pas d’en choquer certains, Maud Mayeras livre donc un excellent premier roman, pourvu d’une fin remarquable, tout en laissant déjà entrevoir cette noirceur presque naturelle qui accompagne ses autres romans.
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Les Monstres

LES MONSTRES



« - Vous savez pour quelle raison le grand méchant loup ne pourra jamais vous dévorer les enfants ?

- Nous l'ignorons Aleph.

- Parce que c'est vous le grand méchant loup. »



Le ton est donné. Les fauves sont lâchés et impossible pour moi, de poser ce roman avant de l'avoir terminé.



Une histoire de monstres.



Les monstres, pourtant, ça n'existe pas, non ?



Maud Mayeras t'attrape par le colbac, te saute à la gorge et ne te lâche pas, pas une seule seconde. Tu veux comprendre, tu veux savoir qui sont ces monstres, qui sont les monstres …



De l'histoire, il ne faut rien révéler. Juste évoquer un terrier dans lequel ne vit aucun lapin blanc et où Alice n'aurait jamais mis les pieds…



Chapitres courts, haletants, où chaque page hurle de tourner la suivante pour tenter de pénétrer plus profond dans le noir. J'ai lu ce livre comme on fuit en forêt, en pleine nuit, une lampe torche à la main. Tu ne sais pas où tu vas, tu flippes pas mal, tu n'y vois rien, tu te prends des branches dans la tronche mais tu avances, coûte que coûte et peu à peu l'ombre grandit, jusqu'à tout envelopper. Jusqu'à tout comprendre, dans un cri d'effroi.



Pour les amateurs de noir, ce roman est un incontournable de cette année, je lui dois ma dernière nuit blanche et ma tronche de déterré au matin. Un roman effroyable, un thriller presque gothique, comme un conte satanique, où les fées ne trouveront jamais leur chemin.



Les monstres n'existent pas mais les hommes, oui, et ils peuvent être le plus terrible des cauchemars…
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Reflex

Professionnelle et reconnue dans son milieu, Iris Baudry est photographe à l'identité judiciaire. Munie de son reflex, elle fige les scènes de crime, les cadavres, au plus près et minutieusement. Aussi quand le lieutenant Reisse avec qui elle travaille régulièrement l'appelle pour immortaliser une nouvelle scène, la jeune femme, toujours disponible, ne pose pas de question et se rend à l'endroit indiqué. Cette fois, elle prend la direction de sa ville natale, le trou du cul du monde. Elle reconnaît les lieux instantanément, ces rues, ces trottoirs, cette gare. Autant d'endroits qu'elle a quittés et qu'elle s'est jurée de ne plus approcher depuis la mort de son fils, Swan, 11 onze plus tôt. Enlevé tragiquement, retrouvé mutilé, un bout de peau lui ayant été enlevé et recouvert de boue. Aussi, lorsqu'elle croit entrevoir un morceau de chair manquant sur le cadavre, elle ne peut s'empêcher de repenser à son enfant. Reisse lui remet alors gentiment les esprits en place. Mais, elle n'est malheureusement pas au bout de ses surprises lorsqu'un collègue du lieutenant lui apprend que sa mère est internée à Bellevue, un hôpital psychiatrique ou plus exactement une sorte de mouroir d'où personne ne sort vivant. Bien malgré elle, Iris ne peut s'empêcher d'aller la voir, contempler sa déchéance, peut-être pouvoir se moquer et rire d'elle. Cette rencontre va plus que jamais bouleverser la vie de la jeune femme. Dans cette ville asséchée, sous un soleil de plomb, les secrets enfouis et les souvenirs refont surface, témoins des drames passés et des vérités trop longtemps tues...



Même si Iris est photographe à l'identité judiciaire, on est bien loin d'un polar classique. Très peu de détails nous sont en effet fournis sur son travail. Maud Mayeras s'est penchée sur la vie d'Iris, jeune femme bègue qui bute sur la vie comme elle bute sur les mots, au caractère fort, discrète, un peu secrète, qui semble ne pas avoir de vie depuis que son fils a disparu tragiquement. Elle nous décrit en parallèle le destin de Julie Carville, jeune fille de bonne famille qui, après avoir été violée, se retrouvera enceinte. Des années 20 à aujourd'hui, nous suivons ses déboires et ses mésaventures. Evidemment, l'on se doute qu'un lien étroit unit ces deux histoires mais là encore Maud Mayeras tient le lecteur en haleine. Cette construction narrative, alternant les deux époques dont l'une intitulée "Silence", donne un rythme certain, accroît la tension et titille le lecteur qui est plongé dans une atmosphère angoissante et étouffante. De son écriture calculée, presque froide mais terriblement efficace, une fois la dernière page tournée, l'auteur nous montre qu'il ne faut se fier à personne et nous livre un roman profond, original et captivant.



Reflex...c'est dans la boîte!
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Reflex

Si vous pensez avoir tout vu en matière de thriller et de roman noir. Oubliez…



Si vous pensez qu’un bouquin ne se parcoure qu’avec les yeux ? Oubliez…



Ce roman n’est pas juste un simple bouquin, c’est une véritable expérience sensorielle. Par sa plume, Maud Mayeras a un don unique pour donner forme, couleur, goût, odeur et sonorité à la moindre parcelle de son intrigue. Cette histoire ne se feuillette pas, elle se vit !



Reflex est une plongée en immersion totale dans l’âme humaine avec ce qu’elle peut avoir de plus vile et de plus fort. Un monstre à plusieurs têtes, une histoire de mort mais aussi d’amour, d’un amour totalement ébranlant.



Un récit à la structuration réellement audacieuse et innovante. On se retrouve plus souvent qu’à son tour à quatre pattes (voire les quatre fers en l’air), hébété et estomaqué que l’auteure retombe aussi incroyablement sur ses pattes à elle.



Un roman profondément empathique, du genre à vous rendre apathique voire aphasique durant quelques instants, tant Mayeras vous chamboule de l’intérieur et vous met la tête à l’envers.



Une écriture d’une expressivité sans pareille, capable de souffler le chaud et le froid en une courte phrase, sans jamais tomber dans les excès et la surenchère. Une « simple » phrase d’une telle force d’évocation qu’elle vous tourne dans la tête en boucle. Raccrochée à d’autres phrases chocs, je vous laisse imaginer l’enchevêtrement de boucles… Ce roman balance des horreurs avec une telle subtilité que ça en renforce immensément son pouvoir.



C’est bien simple, des thrillers, j’en ai lu des valises et des pelletées entières. Mais des comme celui-ci : pas beaucoup, vraiment pas beaucoup…



D’ailleurs le terme « thriller » est impropre (même si je comprends qu’il faille bien coller une étiquette à cette œuvre atypique). Le rythme de l’intrigue est lent, déstructuré, syncopé et pourtant son emprise est totale, étouffante, terriblement prenante.



Ce livre vibre entre vos mains (ou alors sont-ce vos mains qui tremblent ?), doué d’une vie propre. Votre cœur pulse de plus en plus vite à longueur de pages (ou est-ce le livre qui s’anime de lui même ?), jusqu’au long final qui vous laissera exsangue.



Je ne me souviens pas avoir lu un roman aussi lentement, cherchant mon souffle à chaque réplique, m’extasiant devant la forme et le fond, dégustant la prose de cette auteure incroyable.



Une véritable expérience sensorielle vous dis-je, une lecture organique entre ténèbres et lumière, du genre de celle qui vous marque au fer rouge pour très longtemps.
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
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Les Monstres

Le terrier, c'est ici que vivent Eine, son petit frère, Jung, et leur Maman. Dans l'obscurité, isolés et coupés de tout, aussi bien du soleil qui pourrait leur brûler la peau que des humains, ces êtres si différents d'eux. Le seul contact est Aleph, le père protecteur qui leur apporte de quoi manger et boire, qui s'occupe de leur éducation, aussi bien physique qu'intellectuelle, qui vide les seaux pour uriner et déféquer. Aleph, ce seul repère pour les deux monstres. Mais, un jour, il ne revient pas. Dehors, des pluies torrentielles s'abattent, une sirène retentit au loin... et une voix d'humain s'approche. Si les deux monstres sont terrifiés et vont aussi aussitôt se cacher, leur Maman, elle, appelle à l'aide...



Maud Mayeras prend son temps pour dépeindre, sur des dizaines de pages, le quotidien peu ordinaire de ces deux enfants, les monstres comme ils sont certains d'être, et leur Maman. Un quotidien ponctué par les visites d'Aleph. Entretemps, un homme est admis aux urgences et une catastrophe naturelle s'abat sur la ville. L'on comprend très vite qu'il s'agit d'Aleph. La vie des deux enfants va alors soudainement basculer. Si ce climat oppressant et anxiogène est le point fort de ce roman, les relations entre les deux enfants mais aussi avec leur maman sont magnifiques. Envers et contre tous, telle pourrait être leur devise. Si le sujet est dur, parfois violent, l'auteure le traite avec une grande justesse, ne pêchant pas dans l'excès. Ce roman nous fait passer par bon nombre de sentiments, aussi bien la surprise, la colère, l'émoi, l'horreur, l'incompréhension, le malaise que l'effroi... même une fois la porte de ce terrier fermée...
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Hématome

J’avais envie d’un petit thriller psychologique et c’est vers ce roman que je me suis tournée.



Le thème de l’amnésie étant assez récurrent dans ce type de livres, j’étais tout de même curieuse de découvrir comment cette auteure pouvait le traiter.

On retrouve ici un fil conducteur habituel avec une femme fragilisée par un traumatisme. Se réveillant à l’hôpital sans aucun souvenir, elle va devoir tenter de retrouver la mémoire auprès de son compagnon.

Mais on se doute que son passé cache bien des mystères.

Pourquoi l’agression d’Emma s’est-elle déroulée alors qu’elle était en compagnie de Karter, son petit ami ? Était-ce le fruit du hasard ?



La lecture se fait très rapidement et sans difficulté. Ce récit à la première personne nous permet de plonger au cœur des pensées d’Emma. Avec des bribes de souvenirs, on reconstitue peu à peu les événements qui ont marqué son existence. C’est assez prenant.

Certains faits sont durs et déroutants.

L’auteure se laisse parfois aller à des détails très sanglants.

Par contre, j’ai trouvé dommage que le récit soit complètement focalisé sur la restitution des souvenirs d’Emma et que celle-ci ne s’interroge pas plus sur l’identité de son agresseur.

Certains aspects de l’histoire sont prévisibles et d’autres complètement inattendus.



Malgré tout, Maud Mayeras a réussi à me surprendre à la dernière page.



Un bon moment passé avec ce roman. Je renouvellerai l’expérience avec Reflex, qui est apparemment très apprécié des lecteurs.
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Lux

2016. Après 20 ans d'absence, Antoine Herelde débarque à Ceduna, en Australie. Le parfum lourd de terre sèche le saisit aussitôt le pied posé. Malgré la fatigue et le décalage horaire, il s'éloigne de la côte et se dirige vers la campagne. Là, imposante, une maison verte habitée par un couple âgé. Derrière elle, des silos à grains et des champs à perte de vue. Aussitôt, les souvenirs de cet été 1996 ressurgissent. Son amitié avec Hunter, ces après-midis joyeux et le drame qui s'est joué et qui a bouleversé sa vie à tout jamais. L'heure de la vengeance a aujourd'hui sonné...



Voilà un roman original au déroulement imprévisible... Malgré les 20 années qui séparent le drame de cet été-là à aujourd'hui, Antoine n'a rien oublié de l'amitié mais surtout de la cruauté des hommes et est revenu se venger. Une vengeance implacable. Dans ce désert aride de l'Australie, Maud Mayeras nous convie à un voyage pour le moins étrange. À la fois thriller où les flashbacks reviennent en force, roman apocalyptique de fin du monde ou bien écolo, ce Lux fascine aussi bien qu'il déroute d'autant que les trois grandes parties qui composent ce roman manquent de liant. La galerie de personnages est particulièrement troublante notamment Cookie, ce géant défiguré et un peu dérangé. Les décors sont parfaitement décrits ainsi que cette ambiance étouffante et oppressante, les chapitres très courts accentuant le rythme et intensifiant la dramaturgie. Un roman original, surprenant mais décousu. Un conte noir et cruel...

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Hématome

Elle se réveille, endolorie, des douleurs dans le corps, une lumière aveuglante et des murmures qui lui parviennent. Que fait-elle ici ? Et où est-elle ? Un homme avec un bec de lièvre se penche vers elle et tente de la rassurer autant qu'il puisse le faire dans pareille situation. Elle s'appelle Emma, c'est ainsi qu'il s'est adressée à elle. Et il lui annonce de but en blanc qu'elle s'est faite violer puis tabasser dans la rue. Alors que lui venait d'être assommé, il n'a rien pu faire pour lui venir en aide. Un policier est venu prendre leurs dépositions mais aucun souvenir probant n'aurait pu l'aider à retrouver le malfaiteur. Au cours de l'interrogatoire, elle apprend de la bouche de son petit ami, Tuker, que son petit frère est mort, que sa mère s'est suicidée et qu'elle ne parle plus à son père depuis des années. Quel choc pour elle ? Qui a-t-elle dans la vie à part cet homme au bec de lièvre qui semble fou amoureux d'elle ? Bien vite, elle se rendra compte qu'elle a également perdu l'enfant qu'elle portait. Mais, bientôt, le retour à la maison et avec lui son lot de surprises. Un endroit qu'elle ne reconnaît pas, des objets étrangers et qui pourtant lui appartiennent. Quand des sons lui reviennent par bribes, des images soudaines telles des flashs la ramènent à son passé, Emma n'a qu'une idée en tête : savoir qui elle est, qui est cet homme auprès d'elle et pourquoi on s'en est pris à elle...



Maud Mayeras a pris le parti d'employer une narration à la première personne du singulier. Dangereux quand la maîtrise n'est pas là mais palpitant quand c'est réussi. le choc n'en est que plus violent. L'on se laisse entrainer par Emma et avec elle, l'on suit pas à pas le cheminement qui la conduit vers les siens mais surtout vers son passé. Ce roman habilement construit, avec des chapitres très courts qui apportent un rythme certain, où la pression monte au fil des pages, montre que Maud Mayeras a un certain don pour nous faire frissonner. La neige drue et le froid glacial créent une atmosphère sombre et oppressante. le style est particulièrement nerveux, les passages aux descriptions plutôt glauques auraient de quoi en faire pâlir plus d'un et l'on suit avidement les plongées d'Emma dans sa mémoire. Maud Mayeras signait là son tout premier roman. Remarquable !



Hématome... Hema-eue !...
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Les Monstres

Mayeras ne me laisse jamais indifférent.

Soit j'adore, soit je déteste.



Elle réussit ici à me faire passer d'une furieuse envie d'abandon à un plaisir de lecture affirmé.



Mais que le début fut laborieux.

Le bestiau affiche 300 pages au compteur, loin d'être incontournable, alors pourquoi s'évertuer à faire du surplace durant les 100 premières, hein, dis ?

D'autant que la quatrième de couv' bave allégrement sur le déroulé quasi statique de ce premier tiers.



J'suis pas content.

Pas content d'assister à une master-class de broderie, moi qui suis plutôt adepte du pied sur la pédale et c'est pas ma Brother CS10s qui vous arguera du contraire.



Au-delà de ces considérations toute personnelles, mais que je partage dans leur immense majorité, il est indéniable que Mayeras touche sa bille pour développer un univers légèrement anxiogène.



Des monstres tapis au fond d'un terrier.

On tape direct dans le conte névrotique.

Mais totalement abject et barbare au regard de la plausibilité déjà rencontrée de telles déviances.



Les Monstres est le miroir d'une déshumanisation totale et durable qu'il conviendra d'appréhender une petite boite de xanax à portée de pogne, on ne sait jamais.



Merci, Maud, pour l'élan d'allégresse et d'optimisme insufflé en cette période si trouble.
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L'amour maternel

Je ne raffole pas des nouvelles jusqu’ici. Mais mon regard risque fort de changer au vu de ces nouvelles pépites de L’amour maternel.



Plusieurs écrivains qui ont le vent en poupe se sont penchés sur ce sujet pour écrire des petites histoires tantôt lumineuses tantôt plus sombres mais toutes ont un point commun : elles grouillent et fourmillent d’amour. Elles sont toutes mères d’ici ou d’ailleurs, d’aujourd’hui ou d’hier et crient avec espoir ou désespoir. Elles crient l’enfant perdu, le petit enfant qu’on refuse aux bras d’une grand-mère, l’enfant malade, l’enfant en danger, l’enfant qui ne réveille aucune fibre. Ces nouvelles ont un fol goût d’amour, de folie brute, d’imprudence, de vengeance, de sacrifice. Elles se lisent sans temps mort, elles vont droit au but, certaines détendent, d’autres marquent comme un stigmate sur l’âme.



J’ai particulièrement aimé l’imagination et la sensibilité des nouvelles de Mélissa Da Costa, Solene Bakowski, Marin Ledun, Maud Mayeras ou Romain Puértolas.



N’hésitez pas à découvrir ce merveilleux livre, d’autres auteurs ont écrit des nouvelles sur l’amour maternel à fleur de peau comme Adeline Dieudonne, Antoine Dole, Isabelle Dusquesnoy, Johana Gustawsson, Carène Ponte.

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Hématome

Emma est une jeune femme au passé tumultueux et totalement flou, surtout après ce qui vient de lui arriver. Violentée jusqu’au bout de l’horreur, elle sort du coma quatre jours plus tard, le cerveau en bouillie, amnésique. Son corps est en miette, elle qui était enceinte, tout est vide et noir.

C’est auprès de son compagnon Kay qu’elle tente de rassembler les puzzles de sa vie. Qui est-elle ? La lumière clignote au hasard des flashs qui lui reviennent, éclairant un tableau des plus ténébreux de son passé. Pour Emma, retrouver la mémoire n’est pas une aubaine, les souvenirs ont parfois des allures diaboliques.



Ma maigre expérience en terme de polars noirs explique peut-être mon ressenti mitigé. J’ai été perdue dans ce roman, certaines invraisemblances m’ont dérangée, l’héroïne dans sa quête aux souvenirs se désintéresse royalement de son agresseur, elle semble également peu souffrante. Après un tel drame, un peu de cris et de larmes de colère auraient trouvé une juste place selon moi.

À côté, il y a tout de même une thématique liée à la femme et aux traumas de l’enfance bien agencée. La fin est surprenante avec un habile jeu de mots. Emma-tome...

Un roman noir, glauque à souhait, des chapitres courts et addictifs, une trame un peu décousue, mais qui se lit avec avidité.
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Écouter le noir

C’est en errant dans les rayons de livres que je suis tombée par hasard sur ce recueil de nouvelles. En voyant tous ces grands noms du thriller tels que Barbara Abel, Karine Giebel, Maud Mayeras, Cédric Sire et bien d’autres, je ne pouvais que m’enthousiasmer à l’idée de lire une de leurs histoires.

Le thème principal de l’ouvrage est « l’audition ».



Deaf :

Une histoire de braqueurs en fuite avec une femme en otage. En parallèle, un jeune couple sourd s’échappe d’un centre pour vivre librement son amour. Les deux histoires se croisent avec le drame qui les guette...

J’ai beaucoup aimé l’ambiance générale de cette nouvelle écrite par Barbara Abel et Karine Giebel. Les personnages d’Anne et David sont attachants. Même si l’histoire est courte, elle est très immersive. Par contre, la fin est assez prévisible. 4,5/5



Archéomnésis :

Dans un futur lointain, deux personnes communiquent dans une réunion privée sur le passé de la planète terre...

Je n’ai pas pris de plaisir à lire cette histoire de science fiction. Cependant, le thème de l’audition prend tout son sens à la fin de la nouvelle. Jérôme Camut et Nathalie Hug ont une manière assez originale d’avoir traité le thème. 2/5



Tous les chemins mènent au hum :

Le hum, un bruit d’acouphènes qui survient en touchant une très faible partie de la population. Paul va tenter de s’en débarrasser car les messages qui lui sont envoyés sont plutôt dérangeants...

J’ai apprécié cette courte histoire de Sonja Delzongle. On suit Paul, un père de famille qui souffre de ce bruit permanent dans sa tête. L’horreur de la situation est bien décrite par l’auteure. Je ne m’attendais pas à cette fin. 3,5/5



Ils écouteront jusqu’à la fin :

Un violoniste réputé s’apprête à faire un voyage en Russie pour aller voir une chose extrêmement rare. Mais elle peut se révéler dangereuse...

Je découvre l’écriture de François-Xavier Dillard et j’ai beaucoup aimé son style. Son histoire m’a happée au début, mais j’ai ressenti une baisse d’intérêt vers la fin. 3,5/5



Bloodline :

Une infirmière soigne un homme à la suite d’un accident. Elle ne semble pas encore remise de la perte de sa sœur jumelle dans des conditions dramatiques quelques temps auparavant. Une histoire de rancune et de manipulation...

Je n’ai pas spécialement accrochée avec cette nouvelle de R.J. Ellory. Je me suis ennuyée à la lecture de celle-ci en ayant hâte de passer à la suivante. 2/5



Un sacré chantier :

Une femme doit se rendre au commissariat pour répondre à une convocation suite à un drame qu’elle a vécu. Sa confrontation ne se passe pas très bien et le bruit du chantier alentour perturbe davantage la situation...

Je découvre encore un auteur que je ne connaissais pas. Cette fois il s’agit de Nicolas Lebel. L’histoire se lit bien et le message de l’auteur est très clair, sauf que la fin est un peu trop abrupte à mon goût. 2,5/5



Zones de fracture :

Une femme vit une histoire extra conjugale. Elle veut annoncer à son mari qu’elle souhaite divorcer. Mais le destin va en décider autrement...

Une nouvelle très bien écrite par Sophie Loubière. Sa façon de raconter est originale en traitant les différents points de vue des protagonistes jusqu’à la chute finale. Une de mes histoires préférées du recueil. 4,5/5



Échos :

Un petit garçon Charlie, a une audition très sensible. Il a perdu son petit frère Lucas. Malgré son absence, il semble ressentir des choses que ses parents ne perçoivent pas...

Une nouvelle assez courte de Maud Mayeras. Elle décrit bien le sentiment de solitude que vit Charlie. La fin est imprévue et surprenante. Agréable à lire mais sans plus. 3/5



La fête foraine :

Un couple décide de passer quelques jours de vacances aux Îles Canaries. À distance, ils font d’abord la location d’un appartement sur un site de particuliers. Arrivés sur place, ils vont avoir quelques surprises...

J’ai vraiment aimé cette nouvelle, surtout en imaginant que c’est une histoire en partie vraie comme le précise l’auteur au début. Je l’ai trouvée à la fois amusante et touchante. Mais étant donné le thème principal de l’ouvrage, on se doute de la fin. Une des histoires qui m’a le plus marquée et qui m’a donnée envie de découvrir d’autres écrits de Romain Puértolas. 4,5/5



Quand vient le silence :

Alors qu’il a trop bu, un homme renverse une jeune femme sur la route un soir. Sa vie conjugale n’est pas au beau fixe et le drame va tout compliquer...

J’ai aimé l’ambiance au début de cette nouvelle de Laurent Scalese, jusqu’au départ de la famille à la montagne. La tournure de l’histoire avec le côté extrasensoriel ne m’a pas convaincue. 2,5/5



Le diable m’a dit... :

Un écrivain de best sellers doit vivre avec le souvenir de sa femme assassinée. Mais douze ans plus tard le passé le rattrape...

Cette nouvelle se lit très bien et on reconnaît le style de Cédric Sire. Le rebondissement final est surprenant. L’auteur traite bien le thème de l’audition à sa manière avec une ambiance sombre, comme à son habitude. 4/5



Les différentes définitions de l’audition sont bien respectées par tous les auteurs.

Chacun traite le thème en restant fidèle à son propre style (pour ceux que je connaissais).

Mais comme dans beaucoup de recueils de nouvelles, les histoires restent assez inégales dans l’ensemble.
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Reflex

Premier reflex, la vache, c'est long.

Comme le vague sentiment d'avoir loupé le 14h56, celui qui vous embarque direct au pays du thriller chiadé.

Puis survient le 14h72. Vous l'avez pas vraiment vu venir çui-là. Et vous le prenez pleine tronche, presque heureux d'avoir eu à patienter aussi longtemps.



C'est qu'elle a finalement de la gueule cette enquête.

Même si les atermoiements légitimes d'Iris Baudry sur la perte de son gamin commençaient sérieusement à me courir sur le flageolet, reflex est de ces bouquins qui se dévoilent sur le long terme.



Comme bien souvent, deux récits concomitants.

Difficile d'appréhender leur filiation au vu des éléments dévoilés.

Le rythme est lent, Maud prend son temps pour abattre ses cartes.

Moi, pauvre pomme avec ma grosse paire de 7, j'pensais vraiment l'avoir au bluff.

C'était sans compter sur cette héritière de Machiavel et sa propension diabolique à vous balader en des contrées jusqu'ici inexplorées.

Car c'est bien de cela qu'il s'agit en définitive.

De cette habileté fascinante à retranscrire l'indicible (final parfum uppercut) en tissant habilement une toile dans laquelle vous finissez par vous engluer immanquablement, au point de vous y complaire.



Une entrée en matière poussive, très largement compensée par un plat de résistance consistant et un dessert aux faux airs de "reviens-y tout de suite ou je me défenestre du rez-de-chaussée !".

Les Duran Duran ont bien eu raison de bêler ses louanges !
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Lux

Ce que j’ai ressenti:…Un océan de sensations….



(Je retourne en enfance…).Clapotis, clapotas dans la mer, juste au bord de l’eau…Je regarde l’océan qui borde l’Australie, je respire ce souffle étrange des déserts arides, je goûte ce parfum d’éternité dans ces lignes…



Le ressac fait doucement son va-et-vient, je me berce à ce doux son, me prend d’affection pour ses trois mômes que je vois crapahuter sur les reliefs de Ceduna…



Et puis la vague Mayeras arrive…Le tsunami Maud s’empare de cette espèce de tranquillité pour mieux la ravager…Clap de fin sur l’enfance, clap de fin sur le monde…



Le monde est fini.



Elle ensevelie toute l’innocence et la beauté dans leurs yeux, elle te mitraille les entrailles à force de situations épouvantables, te fait ressentir toutes les failles de l’être humain, te les expose dans chaque interstice où l’eau peut s’infiltrer…Les monstres se réveillent dans ces paysages d’apocalypse, ils prennent plus de pouvoir dans ce chaos. Chaque goutte à la force titanesque, à l’instar de ses mots qui ont la puissance de t’atteindre, de t’envoyer chaque fois plus profondément dans tes retranchements…Et toi, pauvre lecteur, tu essayes de respirer entre deux chapitres courts, tu as de la chance l’auteure te les a fractionnés minutieusement, de reprendre ton souffle dans la déferlante de cette vague dévastatrice, de surnager dans ce flot de sensations contradictoires qui t’assaillent…Je te laisse te débattre dans la vague, moi j’ai préféré me laisser porter, me laisser submerger, lâcher prise, et laisser le roulement MaudMayeras me chambouler, la sentir me prendre la main dans ses ténèbres, et tenir comme le plus précieux des trésor, Lux…



La vague s’est retirée, certes… Mais elle te laisse un traumatisme à l’intérieur de ton esprit…Tu reposes ce livre encore chancelant, mais tu t’inclines encore une fois devant ta Reine de ton univers livresque…



Maud Mayeras se paye encore le Lux de faire un troisième sans faute à mes yeux…Coup de cœur!!!


Lien : https://fairystelphique.word..
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Toucher le noir

Après Écouter le noir et Regarder le noir, Toucher le noir est un nouveau recueil de nouvelles sous la direction d'Yvan Fauth.

Je ne sais pas si c'est parce que le toucher est un sens moins développé chez moi que les autres sens, mais cette lecture m'a plutôt déçu.

Je n'ai pas retrouvé le rythme et le dynamisme des précédents opus. Pourtant, les auteurs ont trouvé des idées originales, parfois même très astucieuses, pour illustrer le thème ; mais cela ne m'a pas suffi...



- J'ai beaucoup aimé : No smoking de Michaël Mention

- J'ai bien aimé : Retour de soirée de Valentin Musso ; Doigts d'honneur de Danielle Thiéry ; Une main en or de Jacques Saussey ; Zeru Zeru d Maud Mayera ;

- J'ai moins aimé : Signé de Benoît Philippon ; 8118. Endroit de Franck Thilliez et Laurent Scalese

- Je n'ai pas aimé : 8118. Envers de Franck Thilliez et Laurent Scalese ; L'ange de la vallée de Solène Bakowski ; Mer Carnage de Éric Cherrière ; L'ombre de la proie de Ghislain Gilberti.


Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Hématome

Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler de moi.



Durant la lecture de Reflex, le second roman de Maud Mayeras, j’ai su rapidement que je tenais un authentique chef d’œuvre entre mes mains. Au final, ce n’est rien de moins que LE thriller de ce début du XXI° siècle, pour moi.



Pour me plonger dans le premier roman de l’auteure, sept ans en arrière, j’ai donc décidé de faire table rase du passé (ou plutôt du futur, c’est compliqué cette affaire). Opération amnésie et regard neuf sur ce récit, donc, comme si je ne connaissais pas ce qui allait suivre.



Ça tombe plutôt bien, l’amnésie est au cœur de l’histoire que nous compte Maud Mayeras dans Hématome. Un thème connu, mais n’oublions pas que le roman date de 2006, avant la sortie de certains succès qui ont surfé sur la même thématique.



Hématome : partie visible d’un traumatisme à la suite d’un choc. Je dois avoir une drôle de tête actuellement, la dernière page tournée, après avoir reçu un tel choc en pleine face…



Car ce récit est un thriller psychologique de haut vol, mais surtout (oui surtout !), une lecture qui se transforme rapidement en vraie expérimentation. J’ai eu l’impression de vivre une expérience de sortie du corps et de me retrouver tel un fantôme, assis à coté d’Emma, l’héroïne.



Je n’ai pas juste lu ce sombre roman, j’ai vécu avec Emma et j’ai été bouleversé avec elle (et par elle), comme par un transfert d’émotions directement des pages à mon cerveau. Des pages qui ont littéralement pris vie entre mes mains, souffrance et émotions entremêlées.



C’est bien ça qu’on appelle l’empathie, non ? Et bien, petit fantôme d’un jour, j’ai vécu en empathie totale avec ce personnage (féminin !), à travers ses (més)aventures. Ses ressentis ont fait totalement écho au plus profond de ma chair et ses émotions m’ont à ce point explosé les synapses que je me présente devant vous pantelant.



Dans le cadre d’un premier roman, une telle capacité d’évocation est proprement stupéfiante. Si j’osais, je parlerais même d’invocation, tant l’émanation d’Emma flottait au dessus des pages, son esprit (frappeur) matérialisé devant mes yeux écarquillés. Est-ce de la littérature ou une quelconque sorcellerie ?



Comme meilleur ingrédient à cette magie (noire), il y a le style de la jeune Mayeras, direct et particulièrement vivant. Une plume qui colle excellemment bien au contexte et à cette histoire qui a l’art de toujours surprendre autant que de remuer les boyaux. Les mots sonnent si juste, le ton est si bien trouvé, qu’un tel récit ne demandait pas davantage de fioritures.



Hématome, les premier pas d’une très grande auteure, ou comment se faire du bien en se faisant violemment mal.
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
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Les Monstres

Je n'avais pas l'anthologie de Desproges à portée de main, ni même de Xanax, (clin d'oeil à @Crossroads), mais je me suis tellement immergée dans cette très sombre histoire que je n'ai pas eu le temps de prendre mes précautions.

Il faisait grand soleil à Céret, je lisais sur la terrasse d'une très vaste maison, mais j'ai tout oublié de mon environnement pour me cacher avec Eine et Jung au fond du conduit, au-dessus de la gazinière, le coeur battant, alors que les humains forçaient notre porte et allaient envahir notre terrier. Quelle angoisse ! Ils allaient certainement nous traîner dehors, là où les éléments nous empoisonneraient, la lumière nous brûlerait et leurs miasmes nous contamineraient, nous les monstres, si purs, si préservés...

J'étais Eine, je protégeais mon petit frère avec toute ma farouche détermination, mais où était donc passé Aleph, notre père si fort et si puissant ?

Cette fois Aleph ne reviendra pas à temps, et les monstres se retrouveront livrés à eux-mêmes, leur maman emmenée par les humains. Eine nous fera partager leur tribulations dans ce monde hostile où l'eau menace de tout envahir, et parallèlement nous suivrons la difficile renaissance de leur mère, et nous descendrons dans les tréfonds de l'âme torturée d'Aleph.

Vous avez sans doute déjà croisé des familles dysfonctionnelles dans vos lectures, mais des comme celle-ci certainement pas ! Et ces monstres sont tellement émouvants, tellement solidaires dans la tourmente que vous ne pourrez pas rester indifférents face à leur destin. Maud Mayeras, que je découvre ici, a su dépeindre un univers en même temps atroce et touchant, où on se laisse glisser sans résistance au bout de quelques dizaines de pages, une fois le décor planté. Les chapitres concernant le destin des monstres sont narrés par Eine au présent, ce sont les plus poignants, on vit et on ressent en même temps qu'eux. Ceux concernant la mère décrivent bien le processus très difficile de la sortie d'un traumatisme, surtout quand il s'est étendu sur une très longue période. Je ne dirai rien d'Aleph, je vous laisse le soin de le découvrir.

Au fil des pages, le lecteur est interpellé par une série de contes très symboliques, extraits des livres que les monstres ont lus tout au long de leur enfance. J'ai d'abord été un peu agacée par cette interruption de l'histoire, trouvant que cela cassait le rythme, mais ensuite j'ai trouvé que ces insertions se mariaient parfaitement avec la narration.

"Les monstres" restera une de mes lectures marquantes de cet été, et même de l'année. Amateurs de noirceur et de psychés tordues, précipitez-vous ! Ames trop sensibles, tenez-vous à l'écart du terrier...
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Reflex

Un bouquin qui commence en citant Rage Against The Machine peut-il être un mauvais bouquin ? Maud, c'est dur de nous soudoyer dès la première page...



Maud Mayeras commence une bonne palanquée de ses chapitres en énonçant ce que n'aime pas son héroïne. Ce qui immerge le lecteur de façon stupéfiante et quasi-immédiate dans la psyché du personnage principal. Un gimmick littéraire fascinant. Comme un couplet incandescent de votre morceau de rock brut préféré.



"Je n'aime pas les lueurs vives du matin, celles qui rendent vos peurs moins visibles. Elles les planquent jusqu'à la nuit tombée, où elles vous abandonnent avec délectation à vos terreurs délaissées."



"Je n'aime pas les voix des fous. Elles frôlent votre peau, elles sont crasseuses. Et tout le savon du monde ne vous en débarrasse pas."



"Je n'aime pas les devinettes, vous perdez chaque fois."



Voilà qui pose un roman, d'autant que chaque chapitre correspond à une ambiance musicale, une playlist de 58 fabuleux morceaux qui vous attend à la fin du livre et il est fort probable, je ne l'ai pas fait, que l'expérience sensorielle livresque s'en trouve décuplée.



L'écriture est sublime, un véhicule à émotions qui conduit aux profondeurs de l'âme.



L'écriture est aérienne, vous fait prendre votre envol, vous élevant de votre forme astrale pour tenter d'approcher le soleil. Ca brûle...



L'écriture est torturée comme ces corps que l'on maltraite et dépèce. Une scarification dans votre chair.



L'écriture est souple, sanguine, une intubation de sensations déglinguées.



L'écriture est poétique, soignée, racée. Maud polit ses mots d'un onguent magique qui projette des étincelles dans les yeux.



L'intrigue est lente, se construit longuement. Un vrai jeu de patience. Maud alterne les fausses pistes et les faux-semblants. Si j'étais un Petit Poucet, elle planquerait mes cailloux pour mieux me perdre.

Et c'est ce qui se produit d'ailleurs...



Autant l'écriture et le style m'ont embarqué, vous l'aurez bien compris, autant je n'ai à mon grand regret accroché ni à l'héroïne ni à l'histoire. Les relations distordues mère/fille n'ont pas trouvé d'échos dans ma part de féminité et l'apathie de l'héroïne m'a agacé. Sans compter des personnages secondaires trop vite délaissés...



Et c'est une déchirure car je la désirais ardemment cette rencontre, la repoussant sans cesse, laissant le désir enfler jusqu'à me consumer. A ce petit jeu, je me suis brûlé.

Comme un rendez-vous manqué, une panne provoquée par un trop plein d'amour. Et pourtant je voulais l'aimer ce livre. Mais il ne faut jamais rester sur une frustration.



Donnons-nous donc vite un autre rendez-vous Maud, sur "Hématome" par exemple, pour tenter de nouveau la magie d'une rencontre.



En attendant, je vous invite pour contrebalancer mon propos à lire un autre avis, beaucoup plus élogieux, celui de Gruz. Mon père m'a appris que si tu veux trouver la vérité, chaque matin lis un quotidien de gauche ET un quotidien de droite. Soustrais-en les impuretés et autres scories et la vérité jaillit...
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