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Critiques de Pablo Neruda (160)
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Chant général

Décrire le chant général, c'est comme raconter une encyclopédie poétique à la gloire de l'Amérique latine et de ses peuples. Au travers d'un monumental recueil, Pablo Neruda en lutte permanente pour la liberté de ce continent et de son pays, le Chili plus particulièrement, évoque le combat pour la démocratie qu'il mène inlassablement. En revenant aux fondamentaux et aux origines de la nation sud-américaine, de son histoire durant les siècles passés, de ses espérances, de ses déceptions, issues des tumultes des événements successifs, il s'attache à montrer pour chaque époque, la beauté des choses, la nature originelle en premier lieu, la communion des peuples primaires avec les éléments et leur culture. Puis, arrive le temps des violences avec les conquistadors, le choc des civilisations, la renaissance et un nouvel essor enfanté souvent dans la douleur. Après, le poète narre l'époque moderne avec la première libération de la nation sud-américaine et les désillusions qui s'ensuivirent. Enfin, les grands noms de la lutte contre les oligarchies, les dictatures, l'occupation étrangère au travers d'intérêts économiques voraces, apparaissent, tels que Marti, Sandino, etc...La description des tyrans et de leurs alliés, elle aussi est précise, montrant ô combien, l'omniprésence de l'influence américaine sur l'économie et la politique de tous ces pays est prégnante et néfaste. Pablo Neruda, s'il est le chantre de tout un continent, n'en oublie pas de se recentrer sur son pays et ses souffrances, ainsi que sur lui-même, en relatant dans des vers majestueux son long parcours et son combat incessant partout où il fut, pour la liberté, de la guerre d'Espagne au Chili, en passant par le Mexique et Cuba. Lutte qui pour lui hélas, finira tragiquement en 1973 au Chili, sous la chape de plomb d'un coup d'Etat militaire avec l'aide des Américains.
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Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée : ..

J'ai un attachement particulier à ce petit livre de Pablo Neruda publié par les Editeurs Français Réunis avec sa couverture tissée violette car il m'a été offert par ma marraine dans ma jeunesse.

J'aurais aimé avoir une version bilingue car je trouve toujours difficile de traduire de la poésie et même si je ne maîtrise pas vraiment l'espagnol j'ai quelques notions de cette langue si chantante.

Les mots qui font chant caractérisent bien ce recueil de jeunesse "Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée" du grand poète chilien lauréat du prix Nobel de littérature 1971 qui a aussi été ambassadeur à Paris ("Les vers du capitaine" ne figure pas dans cette édition plus ancienne que l'édition bilingue de Gallimard).

Très tôt il écrit des poèmes et son langage vrai est d'un grand lyrisme.

Il sait dire les émotions de l'amour ainsi que son naufrage avec la sublime Chanson désespérée mais j'aime avant tout celui qui écrit à la femme aimée "Pouvoir te célébrer par tous les mots de joie."

Et puis comment ne pas apprécier le poète engagé qu'est Pablo Neruda qui aime à dire que les poètes ont toujours changé le monde même sans le savoir.





Challenge Riquiqui 2024

Challenge Cœur d'artichaut 2024

Challenge XXème siècle 2024

Challenge Nobel illimité

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La Centaine d'amour

mon avis est que c un superbe livre j’ai bien aimer que le sens de rangement des poème on un sens et que il parle d’amour avec ça femme . j’ai bien aimer le poème a la page 53 car il fait tout pour ça femme aussi j’ai aimer les poème page 203 et 209 car il dit à quelle point il serais triste si il perd ça femme. mais 3 vers préfère son « mais je n’écoute que ta voie et elle monte » page 117 « Qui sont ils , ceux qui comme nous se sont aimés ? » page 207 et « montait l’amour avec les droits de la rosée. »
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Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée : ..

Pablo Neruda (1904-1973), prix Nobel de littérature en 1971, est surtout connu pour sa grande œuvre poétique "Canto General", un grandiose tableau de l’Amérique Latine, où l'auteur ne cache pas son opposition à l’impérialisme U. S. Les "vingt poèmes d’amour" sont un peu postérieurs (1952), et probablement moins connus. Pourtant, on peut y trouver d’admirables vers qui chantent les corps et l’amour. Je n’ai pas pu résister au plaisir de mettre en citations plusieurs extraits qui sonnent encore très bien après avoir été traduits en français.
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La solitude lumineuse

Je vais pas m'étaler, c'est Pablo Neruda, un poète dont j'adore l'œuvre poétique, lue en espagnol lors de mes années d'étude. Ce court recueil de mémoires de ses années de consulat, où il a vécu une "solitude lumineuse", je l'ai sorti de ma PAL à un moment où je m'intéressais justement aux côtés positifs de la solitude - l'adjectif "lumineuse" est décidément plus beau que le trop moderne "positive".

J'ai beaucoup aimé, j'enlève une étoile pour le court passage d'agression sexuelle de la femme qui vient tous les jours remplacer son seau d'excrément - oui, elle lui plait, donc il lui saute dessus, et même s'il se considère comme méprisable juste après, il n'empêche que ça ne le tracasse pas plus que ça et qu'il passe rapidement à autre chose, notamment d'autres affaires de batifolages.

C'est dingue comme on trouve ces "anecdotes" partout dans la littérature ! j'ai l'impression de le relever régulièrement dans mes critiques... Quelle tristesse, quand même...

Bref c'est tout de même un très beau texte.
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La solitude lumineuse

Grâce au challenge riquiqui, ma première lecture de Pablo Neruda (dont j'ai pourtant déjà entendu parler depuis de nombreuses années, on s'en doute) ... et certainement pas la dernière. Il semblerait que cette "solitude lumineuse" soit finalement des extraits de son livre auto-biographique beaucoup plus long intitulé "j'avoue que j'ai vécu".

Et effectivement il a vécu mille vies ce Pablo.

Nommé consul du Chili en Asie dès l'âge de 24 ans, ce livre nous narre quelques tranches de vie, principalement des solitaires (ou alors je dirais mal accompagnées), voilà sans aucun doute le pourquoi du titre et le choix d'agréer différents textes dans un même ouvrage.

La langue est splendide, les réflexions sur le cours de sa vie, sur ses rencontres, ses expériences, sont enrichissantes, nous permettent d'entrer en introspection même si nous n'avons évidemment pas vécu en Asie, ni à cette période, ses réflexions peuvent être universelles.

Comment se sent on quand on repense à nos premières expériences, à nos premières amours, quelle est la nostalgie qui nous enveloppe quand nous écoutons un morceau de musique classique ??

Voilà autant de souvenirs / évocations qui m'ont enchantés et m'ont permis de beaucoup me souvenir moi aussi.

Un petit livre dense, qui pourrait se lire en 2 heures, sauf si on ne s'en tient pas aux mots, si l'on y entre à pieds joints comme dans le grand livre de la vie.
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Résider sur la terre: Œuvres choisies

Un recueil dense, fourni, des oeuvres de Pablo Neruda, pour le cinquantenaire de sa disparition en 1973 .... Publié aux superbes Editions Quarto...la beauté des textes .. et celle, merveilleuse, de l'objet. Cette richesse permet d'apprehender plus globalement l'Homme Emblématique qu'il fut . Authentique, Visionnaire, audacieux..

Poétique

De son origine modeste à sa fulgurante carriere ( Diplomate international puis Senateur en son pays) ... jusqu'au Nobel de Litterature en 1971 ..Et sa disparition tragique., empoisonné qq jours apres le coup d"Etat de Pinochet.

"Il faut écouter les poètes. C'est une des leçons de l'Histoire" écrivait il ....

Il est toujours temps...

De rattraper nos manquements;

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Les vers du capitaine - La centaine d'amour

C'est à Naples, en 1952, qu'est paru un livre étrange intitulé Los versos del capitán (Les vers du Capitaine). Ce recueil de poèmes sans nom d'auteur chante et célèbre un amour nouveau où apparaît le portrait d'une femme jamais nommée mais présente dans chacun des textes du recueil.

Il faudra attendre novembre 1963 pour que l'auteur du recueil, sans raisons particulières, se fasse connaître. Il se révélera être Pablo Neruda et l'inspiratrice des poèmes, une jeune chilienne nommée Matilde Urrutia, avec laquelle le poète venait de débuter une liaison secrète (plus tard mariés, il lui dédiera en 1959 un autre des ses recueils, La Centaine d'amour).



Les Vers du Capitaine sont découpés en cinq parties : L'amour, le désir, Les rages, Les vies et Odes et germinations. Cinq parties qui contiennent chacune un flot de sensualité et d'éblouissement mais aussi en germe son revers, un mouvement fait de déchirements, de jalousie et de désillusion.



Il y a dans ce recueil des Vers du Capitaine, une vision très personnelle, très subjective de l'idéal féminin. La muse tient par le pouvoir des mots et par tout ce qu'ils suscitent. le temps, l'espace, la terre, l'Histoire et la vie des hommes, l'injustice, l'espoir, la fraternité, la solitude,… Tout est décrit à l'aune du personnage féminin, avec tout ce qu'il incarne et suscite de désir, comme un autre soi imaginaire du poète.



« [...]

J'ai dormi avec toi

toute la nuit alors

que la terre en sa nuit tournait

avec ses vivants et ses morts,

et lorsque je me réveillais

soudain, par l'ombre environné,

mon bras te prenait par la taille.

La nuit ni le sommeil

n'ont pu nous séparer.



J'ai dormi avec toi

et ta bouche, au réveil,

sortie de ton sommeil

m'a donné la saveur de terre,

d'algues, d'onde marine,

qui s'abrite au fond de ta vie.

Alors j'ai reçu ton baiser

que l'aurore mouillait

comme s'il m'arrivait

de cette mer qui nous entoure. »*



Comme souvent chez Pablo Neruda, ses poèmes sont emplis de générosité et d'emphase, de maîtrise stylistique. En vers libres, les textes rendent compte de la tension intérieure qui a été celle du poète, de l'inspiration exaltée qui a été la sienne au moment de les écrire.

Les vers du capitaine sont ceux d'un homme en exil, en prise avec sa volonté et ses contradictions, avec un temps qui pour lui s'en va s'amenuisant. Restait à trouver l'espoir, il est venu du regard et de la présence d'une femme.



« LA BRANCHE VOLÉE



Dans la nuit nous allons entrer

voler

une branche en fleur.



Nous allons franchir le mur,

dans les ténèbres du jardin de quelqu'un d'autre,

deux ombres dans l'ombre.



L'hiver n'est point parti encore

et l'on dirait que le pommier

brusquement s'est changé

en cascade d'étoiles parfumées.



Dans la nuit nous allons entrer

jusqu'à son tremblant firmament,

et tes petites mains avec les miennes

voleront les étoiles.



Alors, et en catimini,

chez nous,

dans l'ombre et dans la nuit,

entrera avec tes pas

le pas silencieux du parfum

et avec des pieds constellés

le corps lumineux du printemps. »





(*) extrait de « La nuit dans l'île » - p.141



.

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Chant général

Publié en 1950 à Mexico, Chant général (Canto general) de Pablo Neruda est une œuvre poétique monumentale qui, plusieurs mois après sa lecture, continue de résonner en moi.

Neruda commence l’écriture du Chant général en 1938. Dans ce long poème épique composé de quinze chants et de plus de quinze mille vers, le poète chilien dresse un portrait saisissant de l’Amérique latine, traversant son histoire avec ses lignes de partage et de rupture.



Entre héritages amérindiens et européens, entre passé et contemparanéité, Pablo Neruda tente le rapprochement entre Histoire et poésie. De la Création viennent les premières variations des paysages, l’évocation des premiers habitants du continent, puis la venue d’Europe des explorateurs, des Conquistadores, temps lourd de bouleversements et de drames pour les peuples amérindiens. Leurs biens, leurs ressources sont spoliés, exploités, rentabilisés. L’industrie fait naître une classe ouvrière, c’est l’heure des premiers combats politiques et syndicaux, de l’unité populaire face à la répression du pouvoir et des exploiteurs.



« À tous, à vous,

les êtres de la nuit et du silence

qui avez pris ma main dans les ténèbres, à vous,

lampes

de la lumière impérissable, lignes d’étoile,

pain des vies, mes frères secrets,

à tous, à vous,

je dis : Point de merci,

rien ne pourra remplir les coupes

de la pureté,

rien ne peut

contenir tout ce plein soleil sur les drapeaux

du printemps invincible,

comme vos muettes dignités.

Pourtant

je pense

avoir été peut-être digne de tant de simplicité,

digne d'une fleur aussi pure,

et que je suis peut-être vous, oui, cela: vous,

cette mie de terre, de farine et de chant,

cette pâte naturelle qui sait

d'où elle sort et où se tiennent ses attaches.



Je ne suis pas campane si lointaine,

ni cristal si profondément enseveli

que tu ne puisses le déchiffrer, je suis

peuple et rien d'autre, porte cachée, pain obscur,

et quand tu me reçois c'est toi

que tu reçois, cet hôte si souvent malmené

et si souvent

ressuscité.



À tout, à tous,

à ceux que je ne connais pas, à tous ceux qui

jamais

n'ont entendu mon nom, à ceux qui vivent

au long de nos longues rivières,

au pied de nos volcans, à l'ombre

sulfurique du cuivre, aux pêcheurs et

aux paysans,

aux Indiens bleus sur le rivage

de lacs étincelants comme des vitres,

au cordonnier qui en cet instant s'interroge

en clouant le cuir, de ses vieilles mains,

à toi, à celui qui sans le savoir m’a attendu,

j'appartiens. Je vous reconnais et je vous chante. »





Édifiante, généreuse, fraternelle, engagée, l’écriture de Pablo Neruda est attentive à toutes les variations du temps, des paysages, des luttes, des idéaux portés par le peuple ouvrier et les paysans. Dans ce long poème, le poète y intègre une dimension autobiographique, se mêle au mouvement de l’Histoire, ce flux qui le dépasse mais dont il veut être le témoin en quête de sens.



J’ai été touché par cette longue lecture, par cette poésie chargée d’histoire, de contrées lointaines, d’un temps ancien plein d’évocations, de combats, de luttes et d’espoir.



« - Testament premier



Je laisse aux syndicats

du cuivre, du charbon et du salpêtre,

ma maison des flots à Isla Negra.

Je veux qu'ici reposent les bafoués, les malmenés

de ma patrie, pillée par les haches et les traîtres,

profanée dans son sang, écartelée,

consumée en guenilles volcaniques.



Je veux qu'avec le clair amour qui parcourra

mon domaine, l'homme lassé se défatigue,

que les obscurs à ma table s'assoient

et que les blessés dorment sur mon lit.



Frère, voici ma maison. Entre dans un monde

fleur marine et de pierre étoilée

que j'ai bâti en luttant dans ma pauvreté.

Ici, le son est né à ma fenêtre

comme dans une conque qui grandit;

ensuite il a fondé ses latitudes

sur le tohu-bohu de ma géologie.



Tu viens des corridors brûlants comme des braises,

des tunnels mordus par la haine

ou par le bond sulfurique du vent :

trouve ici la paix que je te destine

avec l'espace et l'eau de mon océanie. »

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Résider sur la terre: Œuvres choisies

Tout Pablo Neruda semble se concentrer là, dans cette réconciliation.
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Antología poética / Poetic Anthology

J'espère Pablo, ton indulgence pour ma modeste traduction



Arte poetica





Entre sombra y espacio, entre guarniciones y doncellas,

dotado de corazón singular y sueños funestos,

precipitadamente pálido, marchito en la frente

y con luto de viudo furioso por cada día de vida,

ay, para cada agua invisible que bebo soñolientamente

y de todo sonido que acojo temblando,

tengo la misma sed ausente y la misma fiebre fría

un oído que nace, una angustia indirecta,

como si llegaran ladrones o fantasmas,

y en una cáscara de extensión fija y profunda,

como un camarero humillado, como una campana un poco ronca,

como un espejo viejo, como un olor de casa sola

en la que los huéspedes entran de noche perdidamente ebrios,

y hay un olor de ropa tirada al suelo, y una ausencia de flores

-posiblemente de otro modo aún menos melancólico-,

pero, la verdad, de pronto, el viento que azota mi pecho,

las noches de substancia infinita caídas en mi dormitorio,

el ruido de un día que arde con sacrificio

me piden lo profético que hay en mí, con melancolía

y un golpe de objetos que llaman sin ser respondidos

hay, y un movimiento sin tregua, y un nombre confuso.





Entre ombre et espace, entre garnisons et soubrettes,

avec mon cœur singulier et mes rêves funestes,

précocement blanchi, le front flétri

et le deuil d’un vieux furieux chaque jour de la vie,

hélas, pour l’eau invisible que je bois en somnolant

et pour tous les sons que j’accueille en tremblant,

j’ai la même soif absente et la même fièvre froide

une oreille qui nait, une angoisse indirecte,

comme si approchaient des voleurs et des fantômes,

et en une coquille fixe dans sa profondeur,

comme un serveur humilié, comme une cloche un peu fêlée,

comme un vieux miroir, comme l’odeur d’une maison vide

où les habitants rentrent la nuit, ivre-morts,

et il y a une odeur de vêtements jetés sur le sol, et une absence de fleurs

-peut être moins mélancolique autrement -,

mais, à la vérité, ce vent qui me frappe la poitrine,



les nuits d’infinie substance envahissaient ma chambre,

les bruits d’un jour qui brûlent avec le sacrifice

me demandent les prophéties en moi, avec mélancolie

et le bruit du choc des objets qui appellent sans qu’il n’y ait de réponse

et un mouvement perpétuel et un nom confus.
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Vaguedivague

Neruda

Y fue a esa edad... Llegó la poesía

a buscarme. No sé, no sé de dónde

salió, de invierno o río.

No sé cómo ni cuándo,

no, no eran voces, no eran

palabras, ni silencio,

pero desde una calle me llamaba,

desde las ramas de la noche,

de pronto entre los otros,

entre fuegos violentos

o regresando solo,

allí estaba sin rostro

y me tocaba.



Yo no sabía qué decir, mi boca

no sabía

nombrar,

mis ojos eran ciegos,

y algo golpeaba en mi alma,

fiebre o alas perdidas,

y me fui haciendo solo,

descifrando

aquella quemadura,

y escribí la primera línea vaga,

vaga, sin cuerpo, pura

tontería,

pura sabiduría

del que no sabe nada,

y vi de pronto

el cielo

desgranado

y abierto,

planetas,

plantaciones palpitantes,

la sombra perforada,

acribillada

por flechas, fuego y flores,

la noche arrolladora, el universo.

Y yo, mínimo ser,

ebrio del gran vacío

constelado,

a semejanza, a imagen

del misterio,

me sentí parte pura

del abismo,

rodé con las estrellas,

mi corazón se desató en el viento.







Et ce fut ce temps…vint la poésie

me chercher. Je ne sais, je ne sais pas d’où

elle arriva, de l’hiver ou d’une rivière.

Je ne sais comment ni quand,

non, il n’y avait aucune voix, il n’y avait pas

de mots, ni de silence,

mais d’une rue elle m’appela,

des rameaux de la nuit,

abruptement entre les autres,

entre des feux violents

ou dans mon retour solitaire,

elle était là sans visage

et me touchait.



Je ne savais quoi dire, ma bouche

ne savait

nommer,

mes yeux étaient aveugles,

et quelque chose me frappa en mon âme,

fièvre ou ailes perdues,

et je fis ma route seul,

déchiffrant

cette brûlure,

et j’ai écrit la première ligne approximative,

approximative, sans substance, pure

sottise,

pur adage

de celui qui ne sait rien,

et je vis soudain

le ciel

égrené

et ouvert,

les planètes,

plantations palpitantes,

l’ombre perforée,

criblée

de flèches, de feu et de fleurs,

la nuit retentissante, l’univers.



Et moi, être de si peu,

enivré du grand vide

constellé,

à la ressemblance, à l’image

du mystère,

je me sentis pure partie

de l ‘abîme,

je roulais avec les étoiles,

mon cœur se défit au vent.
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Mémorial de l'Île-Noire - Encore

Parmi les moments que j'appréhende le plus dans mes lectures, il y a ceux où je rencontre un poète pour la première fois. Surtout quand l'orfèvre des mots en question est de la trempe de Pablo Neruda, une des figures les plus importantes de la poésie sud-américaine du XXème siècle.



Ce recueil englobe des poèmes d'une foudroyante beauté. Une sensibilité aigue émane de ses vers qui font penser, avec l'eurythmique de leur agencement, aux couleurs délicates des coquilles rosées et aux perles nacrées, infrangibles, mystérieuses, nichées dans les profondeurs océaniques, tantôt insondables, tantôt limpides, de son être. Il est à lui seul la Patagonie toute entière.



Dans ces poèmes, il revient sur son passé. Il pleure la mort de sa mère partie quelques peu après sa naissance; il déclame l'amour des femmes ; il crie la nostalgie de sa patrie, le Chili, comme un morceau de chair qu'on lui aurait arraché et qu'aucun lieu étranger, même dans sa richesse, ne put le consoler de l'exil douloureux qu'on lui imposa. Mais encore, de loin, il chante l'avenir de cette contrée équatoriale qui ne demande qu'à se libérer et à s'épanouir comme une fleur de gazania s'ouvrant en plein soleil.



Pour ce chantre tellurique, c'est dans la nature que réside l'éternité. Lui, le plus terrestre des poètes. Il s'anime dans les heures d'éveil de la nature, et dans le sublime perpétuel renouveau du jour. C'est par le prisme de la poésie qu'il conçoit le monde qui l’entoure, elle est cette lentille qui lui permet de chanter la beauté de la vie, et de pleurer les malheurs des jours sombres au temps de l'injustice et de la guerre.



Selon moi, Neruda est un poète dualiste dans le sens où il cherche à exprimer les contradictions et les dilemmes inhérents à la condition humaine en mettant en contraste des idées, des émotions ou des forces opposées. On peut illustrer cela à travers les thèmes évoqués tels que le bien et le mal, l'amour et la haine, la lumière et l'obscurité, la vie et la mort. Dans sa poésie, il utilise des images, des métaphores et des langages symboliques pour imager ces oppositions tout en explorant la dualité intérieure de l'individu, les conflits entre les aspirations et les différentes réalités, et enfin, les tensions entre la nature et la société.



En somme, la poésie de Pablo Neruda suscite une réflexion profonde sur la nature complexe de l'existence humaine et les forces contradictoires qui la façonnent. En explorant ces dualités, ce poète cherche à révéler des vérités universelles et à inviter le lecteur à se questionner sur les paradoxes de la vie et de l'expérience humaine. D'ailleurs, on comprend mieux pourquoi il est surnommé 'le poète universel'.
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Mémorial de l'Île-Noire - Encore

Un 31 mai, je me tiens silencieux, le regard perdu dans les rêves sur ce quai de gare. Prochain train vers le Sud, la pampa. Le sourire verdoyant de ses « collines ». Prêt à m’embarquer vers de profondes aventures, comme une ardente patience. Il est 7 heures du mat, des odeurs de café noir chatouillant mon esprit. Des hommes se précipitent dans les wagons, entassement de bêtes dociles. Un brouhaha amplifié par les charpentes métalliques de la gare. Épris d’un ardent désir, je suis prêt à m’embarquer vers cette nouvelle vie, ce buisson ardent, avec en son cœur le silence, l’amour et la poésie. Je regarde mon téléphone portable, attendant patiemment un message pour me donner le signal d’embarquer vers ce monde nouveau. En attendant, je feuillette un bouquin, des poèmes de Pablo Neruda écrits sur l’île Noire, les mémoires de Pablo, qui me ramène forcément à une ardente patience d’un autre chilien Antonio Skarmeta.



Depuis ce 31 mai d’une autre année, d’un monde d’antan, je feuillette ce recueil, piochant un jour-ci une poésie d’amour, un autre jour une poésie de mort, des instants de nature, de sel ou de silence. Ce mémorial de l’Île Noire me sert d’échappatoire chaque fois que je me retrouve devant un train, bleu ou pas, sous la lune, bleue ou pas, dans le silence – ou le brouhaha d’une vie plus que poussiéreuse et abjecte.



Au milieu de la nuit, je me réveille comme une envie. Le désir de regarder ces grands espaces chiliens, cet amour pour l’amour, ces frissons procurés par les vagues et l’écume éjaculatoire qui tapisse de sa mousse blanche le rivage de ma vie. Mes nuits sont ainsi, pensées de tristesse, d’amour et de désir. Et ce plaisir de déboucher une bouteille de vin, chilien en l’occurrence, juste pour rendre hommage à la prose d’un romancier dont au final je ne connais encore rien de ses écrits.



Et au réveil, les yeux fermés par la poussière balayée par le vent, de long en large sur ces grandes plaines de pierres et de sel, je décapsule une nouvelle bière, entame une nouvelle poésie, des années que ce recueil me suit, c’est que dans la vie comme dans l’amour, il faut savoir prendre son temps pour savourer chaque instant, chaque moment de plaisir, d’un sourire ou d’une giclée de sperme.



Et en ce 31 mai, le téléphone ne sonna point, préservant ainsi le silence de la pampa. Je restai ainsi à quai, sans prendre le train de nuit – ou de jour – mais je découvris ainsi une poésie qui m’a souvent fui de mes envies, étant plus prose, plus terre que ciel, plus mer que terre. J’aime l’écume sur le rivage, ces vagues qui s’échouent, comme une vie qui se fracasse contre une falaise. Je suis sur l'Île Noire, un coin encore sauvage du Chili, en 1969, une année érotique parait-il...
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Chant général

Le titre d'emblée nous annonce le monument, l'œuvre universelle. Le poids du volume également : 550 pages de vers au contenu lourd de sens, riche en métaphores et criant de revendications. La voilà l'Amérique du Sud dans son chant général, parcourue de part en part par les mots colorés et vibrants de Neruda.



C'est la terre qu'il chante, la montagne, la roche et ce qu'on en extrait, les métaux et la joaillerie; c'est la mer aussi, le paysage marin et ce qui s'y cache; c'est l'histoire souvent cruelle d'une terre envahie par l'appât du gain, l'histoire de peuples et de pays exploités par les trusts soutenus par les gouvernements corrompus et violents.



C'est l'avènement de ce continent que Neruda s'applique à décrire, la naissance de sa nature et ses paysages incomparables. C'est un chant large comme cette terre de Cuba au Détroit de Magellan qu'il décrit tissant de petite phrases, des périodes simples, de traits de pinceaux où rutilent les vagues, les métaux extirpés de la mine ou les fruits de la terre.



Il s'applique surtout à conter la vie de son peuple, comment l'injustice s'est faite mode de gouvernement, le destin de ces hommes devenus suie, sable ou sueur. C'est à leur libération que travaille Neruda.



C'est cela le chant général, celui qui s'adresse à tous, que liront les petites gens quand il y aura "des écoles et du pain". C'est un projet, c'est un legs, c'est une promesse.

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Le livre des questions

Considéré comme le testament poétique de Pablo Neruda, ce livre est constitué d'une série de questions sur la vie, la mort, les saisons, les astres, la nature…

En voici un florilège :

« COMBIEN LE JOUR A-T-IL D'ABEILLES ? »

« NE VAUT-IL MIEUX JAMAIS QUE TARD ? »

Un bel album illustré par les collages et sculptures de l'artiste Isidro Ferrer, à la manière du petit théâtre de Calder. Comprend aussi un index bien attrayant.



Avis :

Une invitation à la poésie grâce à la magie de Pablo Neruda. Un livre recommandé par l'Éducation Nationale pour le cycle 3 (en classe de CM1-CM2-6e).
Lien : https://delicesdelivres.go.y..
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L'Espagne au coeur : Hymne à la gloire du peu..

Voici la seconde partie, librement traduite, d’un poème de Pablo Neruda. Dans la première il évoque la vie quotidienne, tranquille et paisible dans le Madrid de la preguerre civile. Et voici que, soudain, surgit la guerre...et ses atrocités. Mutatis mutandi, voyez comment cette poésie s’applique bien aux événements que vivent les Ukrainiens au quotidien. Universalité de la poésie.



Et un matin tout était en feu

Et un matin les flammes

Sortaient de terre

Dévorant les vivants,

Et depuis lors ce fut le feu,

Ce fut la poudre depuis lors,

Et depuis lors ce fut le sang.

Des bandits avec des avions, avec des Maures,

Des bandits avec des bagues et des duchesses,

Des bandits avec de sombres moines bénissant

Venaient du ciel pour tuer les enfants,

Et dans les rues le sang des enfants

Coulait simplement, comme du sang d’enfant.{...]



Face à vous j’ai vu le sang

De l’Espagne se lever

Pour vous noyer dans une seule vague

De fierté et de couteaux !

Militaires,

Traîtres,

Regardez ma maison morte,

Regardez l’Espagne brisée :

Mais de chaque maison morte surgit un métal ardent

Et non des fleurs,

Mais de chaque trou de la terre d’Espagne

Surgit l’Espagne,

Mais de chaque enfant mort surgit un fusil perçant

Mais de chaque crime naissent des balles

Qui un jour vous frapperont

En plein cœur. {…]



Vous allez demander :

Pourquoi votre poésie ne parle-t-elle pas du rêve, des feuilles,

Des grands volcans de votre pays natal ?

Venez donc voir le sang dans les rues,

Venez voir

Le sang dans les rues,

Venez voir

Le sang dans les rues !



NB : Remplacez l’Espagne par l’Ukraine, les Maures par les Tchéchènes, les bandits avec des bagues et des duchesses par les oligarques et les nantis, les moines par les patriarches et les popes et vous ne serez pas loin de la vérité.
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La Centaine d'amour

Saveurs des traductions. Quel exercice difficile !

Sonnet XVI by Pablo Neruda

______________________________

Amo el trozo de tierra que tú eres,

porque de las praderas planetarias

otra estrella no tengo. Tú repites

la multiplicación del universo.



Tus anchos ojos son la luz que tengo

de las constelaciones derrotadas,

tu piel palpita como los caminos

que recorre en la lluvia el meteoro.



De tanta luna fueron para mí tus caderas,

de todo el sol tu boca profunda y su delicia,

de tanta luz ardiente como miel en la sombra



tu corazón quemado por largos rayos rojos,

y así recorro el fuego de tu forma besándote,

pequeña y planetaria, paloma y geografía.



______________________________________



Oui, j’aime ce morceau de terre que tu es,

moi qui, parmi toutes les prairies planétaires,

ne possède pas d’autre étoile. L’univers

c’est toi qui le répètes et qui le multiplies.



En tes larges yeux il y a la lumière

qui des constellations vaincues vient jusqu’à moi,

ce sont les chemins qui palpitent sur ta peau

parcourus par le météore dans la pluie.



Tes hanches furent toute la lune pour moi,

le soleil, les plaisirs de ta bouche profonde,

et l’ardente lumière et tout le miel dans l’ombre



ce fut ton cœur brûlé par de longs rayons rouges :

je parcours de baisers la forme de ton feu,

ma petite planète, géographie, colombe.



________________________________



I love the handful of the earth you are.

Because of its meadows, vast as a planet,

I have no other star. You are my replica

of the multiplying universe



Your wide eyes, are the only light I know

from extinguished constellations;

your skin throbs like the streak

of a meteor through rain.



Your hips were that much of the moon for me;

your deep mouth and its delights, that much sun;

your heart, fiery with its long red rays,



was that much ardent light, like honey in the shade.

So I pass across your burning form, kissing

you – compact and planetary, my dove, my globe.









Pablo Neruda, La Centaine d’amour.
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La solitude lumineuse

Un challenge de lecture centré sur les auteurs  récipiendaires du Prix Nobel de Littérature.



Un challenge de lecture demandant un titre évoquant le solitude ou l'enfermement.



Deux bonnes raisons pour me plonger dans ce titre où Pablo Neruda évoque les années passées en Inde, puis à Ceylan, à Singapour et Batavia où il exerça les fonctions de consul du Chili dans les années 20 du XXème siècle.



Années de découvertes, des senteurs, parfums et plaisirs charnels , de complicité avec une mangouste animal de compagnie, et d'expériences, notamment de l'opium dans une fumerie.



Des textes où l'auteur montre son désir de découverte, de soif de connaître les autochtones et d'expérimenter leur style de vie, de goûter à leur nourriture, visiter leurs maisons ... Au contraire des colons anglais qui ne font que les dominer.



Belle découverte d'un monde et d'un auteur qui me donne envie de lire d'autres de ses œuvres.



A suivre, donc !
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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La Centaine d'amour



Hier, dans une émission, on demandait à la chanteuse et poète Juliette quel était son mot préféré. Elle a répondu" amour", pour sa belle sonorité et parce qu'elle trouvait génial qu'il soit masculin au singulier et féminin au pluriel.



Les cent sonnets d'amour de Pablo Neruda à la femme qu'il aime, Mathilde Urratia, célèbrent ce mot avec ferveur, passion, imagination fabuleuse. Comme si le temps n'était régi que par son amour, les poèmes suivent le rythme d'une journée.



" Mon Andine, vraie montagnarde de Chillan,

viens déchirer l'obscur des couteaux de ton rire,

la nuit et le matin, et le miel du midi"



Des images obsédantes reviennent, celles du pain, de l'épée, de l'eau et surtout du feu, qui peut être source de lumière, mais aussi consumer le corps:



" les lettres de ton nom sont l'eau d'une rivière

qui viendrait se jeter en mon coeur calciné."



J'avoue que certains vers m'ont assez décontenancée , ou même fait sourire comme ceux-ci:



" Cher coeur, reine du céleri et de la huche,

petite panthère du fil et de l'oignon"



Mais l'ensemble du recueil nous communique son embrasement amoureux, nous enflamme le coeur, et fait danser un feu de joie en nous! De très belles étincelles demeurent après lecture...







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