AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Pascal Bruckner (592)


Dès l'abord, elle fut pour moi de ces êtres essentiels qui vous portent aux limites, quand les autres, nous le devinons, ne nous dépayseront jamais. Elle avait un air fou et caressant, prêt à tout pour me plaire, elle rayonnait avec une façon de s'abandonner en se mettant hors de mon atteinte qui me chavirait. Cette distance subtile, à laquelle je prêtais des desseins extravagants, avait le don de me captiver en m'inquiétant. Qu'importe, je la faisais rire, inventant des bon mots, célébrant l'opulence des faits les plus anodins, tirant de la banalité une faculté de renouvellement infinie.
Les vrais rencontres nous jettent hors de nous-mêmes, nous mettent en état de transe, de création permanente.
Commenter  J’apprécie          50
Il y a l'humanité qui prospère et l'humanité qui piétine.
Commenter  J’apprécie          50
Une fois reconnue la différence de l'autre, encore faut-il ne pas réduire l'autre à sa différence.
Commenter  J’apprécie          50
L'obscénité de la guerre, c'est l'inévitable complicité qu'elle finit par tisser entre des ennemis qui croient n'avoir rien en commun et se ressemblent de plus en plus.
Commenter  J’apprécie          50

le miracle de l'amour, c'est de resserrer le monde autour de l'être qui vous enchante, l'horreur de l'amour, c'est de resserrer le monde autour d'un être qui vous enchaîne
Commenter  J’apprécie          50
« Avouons l’existence du mal sans ajouter encore aux laideurs de la vie l’absurde complaisance de les nier. » Voltaire
Commenter  J’apprécie          50
Construire un couple sur la seule base du coeur,c'est bâtir sur du sable.
Commenter  J’apprécie          50
En ce sens la paranoïa, dangereuse passion politique, est un merveilleux moteur fictionnel : elle éveille des puissances enfouies dans le quotidien, densifie la routine en l'élevant au niveau d'un complot. L'état d'exception y devient la norme. Elle nous installe dans l'univers de la sommation, du choix entre la vie et la mort. C'est tout de suite qu'il faut se mobiliser sous peine de périr. Le discours apocalyptique n'est jamais que la transposition dans la sphère politique des règles du cinéma d'épouvante. Ce pourquoi, les Etats-Unis, obsédés par l'imaginaire de la conspiration, en dépit de leur optimisme affiché, ont aussi fabriqué tous les classiques de l'horreur et restent un des grands laboratoires narratifs du monde en ce domaine.
Commenter  J’apprécie          50
La question n'est pas de minimiser les dangers qui nous guettent. Elle est de savoir pourquoi tant de têtes pensantes, tant de grandes intelligences se mettent, au nom des meilleures intentions, à raisonner comme les plus basiques scénarios hollywoodiens : Le Jour d'après, Independence Day, 2012 ?
Commenter  J’apprécie          50
Dans le kit de base de la critique verte, le cataclysme est requis ; les prophètes de la décomposition pullulent et nous somment d'expier sans tarder.
Commenter  J’apprécie          50
La plupart des gens, pour changer de monde, doivent s'exiler, rompre avec leur milieu. Moi je n'avais qu'à traverser la Seine et je ne blessais personne.
Je m'endormais mari, me réveillais fonctionnaire, me rallongeais catin.
Commenter  J’apprécie          50
L’hédonisme dominant, tout à son escamotage du négatif, renforcé ce qu »il voulait dissimuler : la terreur omniprésente de la douleur physique et morale. La société du bonheur obligatoire est aussi celle qui parle en permanence le langage de la détresse.

Ce qui a changé par rapport aux siècles précédents n’est pas la somme des fléaux dont nous pâtissons mais notre disposition d’esprit vis vis d’eux.
La tragédie commence dès la Renaissance avec l’espérance d’un monde meilleur, à la seule charge de l’homme qui devient comptable de ses échecs. Cette promesse de construire un Eden raisonnable avec les armes de l’Etat-providence, de l’Instruction et du Droit reste, par nature inachevée donc décevante.









Les métiers difficiles sont réservés aux étrangers qui ne mesurent pas leur peine. Il faut des esclaves aux enfants gâtés qui répugnent à se salir les mains tout en proclamant leur solidarité avec les “exploités“, surtout quand ce choix professionnel va de pair avec celui de ne pas faire d’enfants pour ne rien sacrifier de son confort
Commenter  J’apprécie          40
Ma vie est une aventure exceptionnelle : petit déjeuner le matin, un plouf dans la piscine, la première dent du bébé, des centaines de like à chaque fois, je suis le maître du monde, le capitaine de mon destin. Jadis on se terrait chez soi pour ne pas être vu, désormais on se cache pour mieux se montrer, se déployer sur tous les réseaux. Youtubeurs, influenceurs, blogueurs récoltent de coquettes sommes pour promouvoir leurs conseils beauté ou mode. Je suis le héros d'un récit extraordinaire : moi-même, par moi-même et pour moi-même et je vous invite à m'admirer.
Commenter  J’apprécie          40
Le renoncement aux passions devient passion du renoncement.
Commenter  J’apprécie          40
Le plus beau des portables ne peut donner que ce qu’il a. Mais l’écran est vide à force de pléthore, de trop-plein. L’addiction qu’il produit vient de ce qu’avec lui, l’évènement n’est pas vécu mais reçu.


Et puisque l’homme se substitue à Dieu comme fondement de la loi, lors de la Révolution française, la vie quotidienne y gagne une certaine autonomie. Son sens n’est plus écrit à l’avance.
Nous voilà libre en quelque sorte d’innover : il dépend de nous et de nous seuls que notre existence aille quelque part.. Elle peut donc improviser, elle peut aussi se répéter et se limiter à un éternel …
Ainsi nait la banalité, cette maladie d’un temps qui ne va nulle part et se reproduit avec une constance de disque rayé. Cette reproduction a un prix et prélevé sur nous un tribut exorbitant : elle nous ennuie autant qu’elle nous exténue. Notre vie est d’autant plus harassante qu’il ne s’y passe rien

La grande question religieuse était hier : y a-t-il une vie après la mort ? Lagrande question des sociétés laïques est à l’inverse : y a-t-il au moins une vie avant la mort ?Avons nous assez aimé, donné, prodigue, caresser, embrasser ?
Commenter  J’apprécie          40
Mon intuition, dès 1983, au moment du "Sanglot de l'homme blanc", d'une société occidentale qui ne s'aime pas et cultive le doute mortifère, se vérifie chaque jour. Se détester, c’est préparer sa disparition, et la France y parviendra bien assez tôt. Toute une partie de nos élites veut le suicide ou du moins l’effacement de l’Europe, pour expier nos crimes d’antan. S'abstraire du monde, quitter l'histoire, tel est notre idéal. Mais c'est nous qui nous éteignons tandis que les autres peuples se réveillent.
Commenter  J’apprécie          40
(p. 160)
Le contraire de la sexualité n'est pas l'abstinence, c'est la fatigue de vivre. Comme le disait le grand Saint Augustin, "Donnez-moi la chasteté mais pas tout de suite". La vie dit oui à la vie, l'être vaut mieux que le néant, le désir est préférable à l'apathie. Dès qu'Éros et Agapé se taisent, Thanatos a déjà gagné.
Commenter  J’apprécie          40
Le quotidien compose aussi un néant agité : il nous épuise par ses contrariétés, nous dégoûte par sa monotonie. Il ne m'arrive rien mais ce rien est encore trop : je m'éparpille en mille tâches inutiles, formalités stériles, vains bavardages qui ne font pas une vie mais suffisent à m'exténuer. C'est cela qu'on baptise le stress, cette corrosion continue à l'intérieur de la léthargie qui nous grignote jour après jour. Comme si l'insignifiance elle-même réclamait son tribut. Sous le calme trompeur de nos vies décolorées se joue une guerre sournoise où l'anxiété, les soucis nous plongent dans un état de tension sans intention. Risible malheur qui ronge n'importe lequel d'entre nous et ne constitue pas une tragédie. «La vie s'en va par le cerveau et les nerfs (...) La nervosité moderne est le cri de l'organisme qui lutte avec le milieu» (Rosolino Coella). Les mille désagréments supportés ne forment même pas un événement mais suffisent à nous plonger dans cet état moderne par excellence, la fatigue. Une fatigue abstraite qui n'est pas la conséquence d'efforts particuliers car elle jaillit du simple fait de vivre, fatigue qu'on aurait tort de chasser avec du repos puisqu'elle est elle-même fille de la routine. Le quotidien ou la réquisition permanente : l'intimation à toujours répondre présent, au bureau, en voiture, en famille et même dans nos rêves. Et quel meilleur exemple de cette urgence que le portable : dès la première sonnerie il convie chacun à se ruer sur son sac, ses poches pour attraper le petit animal clignotant et bourdonnant. C'est d'ailleurs tout le développement technologique qui met en demeure ceux qui n'y adhèrent pas d'être écartés du groupe. Il faut souscrire ou périr, surtout chez les adolescents.
Autant de rappels, d'enrôlements qui nous dé¬tournent de nous-mêmes, nous mobilisent en permanence. Bardé de son bip, de son portable, de son baladeur, de ses oreillettes et bientôt de micro¬puces dans le cerveau, d'écrans dans les yeux, le nouvel homme prothétique, dégainant à chaque instant, relié à l'ensemble du monde, a tout d'un soldat qui mène une guerre sans fin. Epuisement et surmenage, nos vices modernes, disait Nietzsche. En lutte continue avec des fantômes, nous sommes victimes de dommages incalculables, grands blessés de la grisaille. Et le contraste est saisissant entre la morosité de notre vie et l'allure trépidante des images et des médias : le train rapide du monde accentue le train-train de mon existence. Tout bruit d'exploits et de drames et ma vie est si plate. C'est un étrange paradoxe qui veut que la banalité vienne à nous sous les traits du désordre et que l'asthénie s'impose sous le masque de la vitesse et du tour¬billon.
Commenter  J’apprécie          40
Je vous salis ma rue, pleine de crasse.
Commenter  J’apprécie          40
Le seul mot que nous devrions prononcer chaque matin, en reconnaissance du cadeau qui nous a été fait, c'est : Merci
Rien ne nous était dû.
Merci pour cette grâce insensée.
Commenter  J’apprécie          41



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pascal Bruckner (2375)Voir plus

Quiz Voir plus

Un sac de billes

qui est le frère de Joseph

Maurice
Roman
Ferdinand
Jacques

5 questions
45 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}