AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Patrick Modiano (1616)


Il ne faut jamais se fier aux témoins. Leurs prétendus témoignages sur des personnes qu’ils auraient connues sont inexacts, la plupart du temps, et ils ne font que brouiller les pistes. La ligne d’une vie disparaît derrière tout ce brouillage. Comment démêler le vrai du faux si l’on songe aux traces contradictoires qu’une personne laisse derrière elle ? Et sur soi-même en sait-on plus long, si j’en juge par mes propres mensonges et omissions, ou mes oublis volontaires ?
Commenter  J’apprécie          262
Mais tout ce passé était devenu si translucide avec le temps... une buée qui se dissipait sous le soleil.
Commenter  J’apprécie          260
Une affiche était collée au tronc de l'un des grands arbres qui nous abritent de leur feuillage jusqu'à l'entrée des jardins, là-haut, à Saint-Michel. "Cet arbre est dangereux. Il va être abattu prochainement. Il sera remplacé dès cet hiver." Pendant quelques instants, j'ai cru que je faisais un mauvais rêve. Je demeurais là, pétrifié, à lire et relire cet arrêt de mort. Un passant est venu me dire :"Vous vous sentez mal monsieur ?", puis il s'est éloigné, sans doute déçu par mon regard fixe. Dans ce monde où j'avais de plus en plus l'impression d'être un survivant, on décapitait aussi les arbres... J'ai poursuivi ma marche en essayant de penser à autre chose, mais c'était difficile. Je ne pouvais pas oublier cette affiche et cet arbre condamné à mort. Je me demandais comment étaient les têtes des membres du tribunal et celle du bourreau.
Commenter  J’apprécie          252
Les souvenirs d'enfance sont souvent de petits détails qui se détachent du néant.
Commenter  J’apprécie          250
Il ne savait plus quel homme il était.Il m'a dit qu'au bout d'un certain nombre d'années nous acceptons une vérité que nous pressentions mais que nous nous cachions à nous-même par insouciance ou lâcheté: un frère, un double est mort à notre place à une date et dans un lieu inconnus et son ombre finit par se confondre avec nous.
Commenter  J’apprécie          250
Plutôt que de toujours soumettre les autres à un interrogatoire, il vaut mieux les prendre en silence tels qu'ils sont.
Commenter  J’apprécie          250
Ce sont des personnes qui laissent peu de traces derrière elles. Presque des anonymes. Elles ne se détachent pas de certaines rues de Paris, de certains paysages de banlieue, où j'ai découvert, par hasard, qu'elles avaient habité. Ce que l'on sait d'elles se résume souvent à une simple adresse. Et cette précision topographique contraste avec ce que l'on ignorera pour toujours de leur vie - ce blanc, ce bloc d'inconnu et de silence.
Commenter  J’apprécie          250
Elle me souriait et ne me quittait pas des yeux. Quelque chose se dilatait du côté gauche de ma poitrine, et j'ai décidé que ce jour était le plus beau de ma vie.
Commenter  J’apprécie          240
Il faut longtemps pour que ressurgisse à la lumière tout ce qui a été effacé. Des traces subsistent sur des registres et l(on ignore où ils sont cachés et quels gardiens veillent sur eux et si ces gardiens consentiront à vous les montrer. Ou peut-être ont-ils oublié tout simplement que ces registres existaient.

Il suffit d'un peu de patience. P 15

Commenter  J’apprécie          240
Parfois, le cœur se serre à la pensée des choses qui auraient pu être et qui n'ont pas été
Commenter  J’apprécie          240
Oui, le lecteur en sait plus long sur un livre que son auteur lui-même. Il se passe, entre un roman et son lecteur, un phénomène analogue à celui du développement des photos, tel qu'on le pratiquait avant l'ère du numérique. Au moment de son tirage dans la chambre noire, la photo devenait peu à peu visible. A mesure que l'on avance dans la lecture d'un roman, il se déroule le même processus chimique.
Commenter  J’apprécie          232
J’ai pensé de nouveau à ces tableaux près des guichets du métro. À chaque station correspondait un bouton sur le clavier. Et il vous fallait presser le bouton pour savoir où vous deviez changer de ligne. Les trajets s’inscrivaient sur le plan en traits lumineux de couleurs différentes. J’étais sûr que, dans l’avenir, il suffirait d’inscrire sur un écran le nom d’une personne que vous aviez croisée autrefois et un point rouge indiquerait l’endroit de Paris où vous pourriez la retrouver.
Commenter  J’apprécie          234
De ce livre, je connaissais des phrases par cœur. L'une d'entre elles me revient en mémoire : " Cet enfant m'apprenait que le vrai fond de l'argot parisien, c'est la tendresse attristée. "

À propos du livre de Jean Genet, Miracle de la Rose.
Commenter  J’apprécie          230
Il arrive que les enfants éprouvent des exigences plus grandes que celles de leurs parents et qu'ils adoptent devant l'adversité une attitude plus violente que la leur. Ils laissent loin, très loin, derrière eux, leurs parents. Et ceux-ci, désormais, ne peuvent plus les protéger.
Commenter  J’apprécie          230
Cette année-là, l'automne est venu plus tôt que d'habitude, avec la pluie, les feuilles mortes, la brume sur les quais de la Saône. J'habitais encore chez mes parents, au début de la colline de Fourvière. Il fallait que je trouve du travail. En janvier, j'avais été engagée pour six mois comme dactylo à la Société de Rayonne et Soierie, place Croix-Paquet, et j'avais économisé l'argent de mon salaire. J'étais partie en vacances à Torremolinos, au sud de l'Espagne.
J'avais dix-huit ans et je quittais la France pour la première fois de ma vie.
Sur la plage de Torremolinos, j'avais fait la connaissance d'une femme, une Française, qui vivait là depuis plusieurs années avec son mari et s'appelait Mireille Maximoff. Une brune, très jolie. Elle et son mari tenaient un petit hôtel où j'avais pris une chambre. Elle m'avait expliqué qu'elle ferait un long séjour à Paris, l'automne prochain, et qu'elle logerait chez des amis dont elle m'avait donné l'adresse. Je lui avais promis d'aller la voir à Paris, si j'en avais l'occasion.
Au retour, Lyon m'a paru bien sombre. Tout près de chez moi, à droite, sur la montée Saint-Barthélemy, se trouvait le pensionnat des Lazaristes. Des bâtiments construits à flanc de colline et dont les façades lugubres dominaient la rue. Le portail était creusé dans un grand mur.
Pour moi, Lyon de ce mois de septembre-là, c'est le mur des Lazaristes. Un mur noir où se posaient quelquefois les rayons du soleil d'automne. Alors, ce pensionnat semblait abandonné. Mais sous la pluie, le mur était celui d'une prison et j'avais l'impression qu'il me barrait l'avenir.
Commenter  J’apprécie          220
Il n'y avait pas de passé, ni d'étoile morte, ni d'années-lumière qui vous séparent à jamais les uns des autres, mais ce présent éternel.
Commenter  J’apprécie          220
J'ai eu la certitude que j'étais revenu dans le passé par un phénomène que l'on pourrait appeler l'éternel retour ou, simplement, que pour moi le temps s'était arrêté à une certaine période de ma vie.
Commenter  J’apprécie          222
Un jour, sur les quais, le titre d’un livre a retenu mon attention. Le temps des rencontres. Pour moi aussi, il y a eu un temps des rencontres, dans un passé lointain. À cette époque, j’avais souvent peur du vide. Je n’éprouvais pas ce vertige quand j’étais seul, mais avec certaines personnes dont justement je venais de faire la rencontre. 
Commenter  J’apprécie          220
Aux heures creuses de la journée, au retour du bureau, et souvent dans la solitude des dimanches soir, un détail me revient. De toute mon attention, j’essaye d’en rassembler d’autres et de les noter à la fin du cahier de Bowing sur les pages qui sont demeurées blanches. Moi aussi, je pars à la recherche des points fixes. Il s’agit d’un passe-temps, comme d’autres font des mots croisés ou des réussites.
Commenter  J’apprécie          220
Pour la première fois, ces souvenirs venaient la visiter, à la manière d’un maître chanteur dont vous êtes certain qu’il a perdu votre trace depuis longtemps et qui, un soir, frappe doucement à votre porte.
Commenter  J’apprécie          220



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Patrick Modiano Voir plus

Quiz Voir plus

Patrick Modiano, presque...

La place de ... ?

l'étoile
la comète

5 questions
175 lecteurs ont répondu
Thème : Patrick ModianoCréer un quiz sur cet auteur

{* *}