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Citations de Patrick Modiano (1622)


A cette heure-là, l'avenue était déserte et silencieuse. On entendait le bruissement des arbres. A mesure que nous avançions, nous n'étions plus éclairés que par la pleine Lune.
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Comme ce serait étrange si les enfants connaissaient leurs parents tels qu'ils étaient avant leur naissance, quand ils n'étaient pas encore des parents mais tout simplement eux-mêmes.
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Patrick Modiano
Les jours passaient. Nous ne quittions plus ce café. Nous nous laissions envahir par une sorte d'accablement. Nous connaissions encore des instants d'espoir et d'euphorie, avec la certitude que nous allions partir. Mais les saisons changeaient. Bientôt, il n'y eut plus autour de nous qu'un brouillard tendre, traversé par la silhouette
de moins en moins précise de George Wo.
P. 42
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Le train glissait à travers le paysage blanc de neige. Comme il était doux, ce paysage, et amical. J'éprouvais une ivresse et une confiance que je n'avais jamais ressenties jusque là à voir ces maisons endormies.
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Ce qui nous rend la disparition d'un être plus sensible, ce sont les mots de passe qui existaient entre lui et nous et qui soudain deviennent inutiles et vides.
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Babilée, Adamov et le docteur Vala étaient fidèles à leur jeunesse,à ce que l'on pourrait appeler du beau nom mélodieux et désuet de " bohème ".
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Je ne puis pas donner la réalité des faits, je n'en puis présenter que l'ombre.
Stendhal
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Les chambres des palaces font illusion, les premiers jours, mais bientôt, leurs murs et leurs meubles ornes dégagent la même tristesse que ceux des hôtels borgnes. Luxe insipide, odeur douceâtre dans les couloirs, que je ne parviens pas à identifier, mais qui doit être l’odeur même de l’inquiétude, de l’instabilité, de l’exil et du toc.
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Les veilleuses du dortoir. Les retours au dortoir après les vacances. La première nuit est pénible. On se réveille et on ne sait plus où on est. Les veilleuses vous le rappellent brutalement. Extinction des feux à 21 heures. Le lit trop petit. Les draps qu'on ne change pas pendans des mois et qui puent. Les vêtements aussi. Lever à 6 h 15. Toilette sommaire, à l'eau froide, devant les lavabos de dix mètres de long, abreuvoirs surmontés d'une rangée de robinets. Etude. Petit déjeuner. Café sans sucre dans un bol en métal. Pas de beurre. A la récréation du matin, sous le préau, nous pouvons lire, par groupes, un exemplaire du journal L'Echo Liberté. Distribution d'une tranche de pain sec et d'un carré de chocolat noir à 16 heures. Polenta pour le dîner. Je crève de faim. J'ai des vertiges.
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A l'école du Montcel se trouvaient des enfants mal-aimés, des bâtards, des enfants perdus. Je me souviens d'un Brésilien qui fut pendant longtemps mon voisin de dortoir, sans nouvelles de ses parents depuis deux ans, comme s'ils l'avaient mis à la consigne d'une gare oubliée. D'autres faisaient des trafics de blue-jeans et forçaient déjà des barrages de police. Deux frères, parmi les élèves, ont même comparu, une vingtaine d'années plus tard, en cour d'assises. Jeunesse souvent dorée, mais d'un or suspect, de mauvais alliage. La plupart de ces braves garçons n'auraient pas d'avenir.
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« L’autre jumelle avait rapproché sa tête de celle de sa sœur et leurs fronts se touchaient. J’étais effondré.
— Alors, que faire, madame ? demanda Koromindé.
Elle avait décroché le téléphone et composé un numéro à deux chiffres.
Elle demandait si le prénom « Zénaïde » figurait « sur la liste ». La réponse était : NON.
— Vous ne pouvez pas donner ce prénom.
Je vacillai, la gorge serrée.
Le moustachu s’approcha à son tour et prit le formulaire.
— Mais si, mademoiselle, chuchota Koromindé, comme s’il dévoilait un secret. Nous pouvons donner ce prénom.
Et il leva la main, très lentement, en signe de bénédiction.
— C’était le prénom de sa marraine.
Le moustachu se pencha et appuya son front de bélier contre les grillages.
— Dans ce cas, messieurs, il s’agit d’un problème particulier, et la chose est tout à fait différente.
Il avait une voix onctueuse qui ne correspondait pas du tout à son physique.
— Certains prénoms se transmettent dans les familles, et si curieux fussent-ils, nous n’avons rien à dire. Absolument rien.
Il moulait ses phrases et chaque mot sortait de sa bouche imprégné de vaseline.
— Va pour Zénaïde ! »
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Quelque temps plus tard, je l'ai croisé vers neuf heures du soir quand je sortais de l'immeuble où se trouvait ma chambre, rue Chauveau-Lagarde.
"Alors, vous êtes content de votre chambre ?"
Je n'osais lui dire que le radiateur était défectueux. Et l'hiver approchait.
"Vous êtes libre ce soir ? Je vous emmène à La Boite à Magie."
Je cherchais un mot de m'excuse pour prendre congé.
Mais sans me demander mon avis il ouvrit la portière droite de sa voiture et me fit signe d'y monter. Il resta silencieux pendant le trajet qui me sembla très long. Enfin, il tourna dans une rue étroite, juste avant le boulevard Pereire.
"Voilà ... Nous arrivons ..."
Une salle de restaurant éclairée faiblement par de petites lampes sur les tables. Un bar à l'entrée. Une estrade, tout au fond, près du bar. Il m'entraîna vers une table de restaurant où se tenaient deux jeunes gens.
Il me fit signe de m'asseoir à la table et prit place lui aussi, à côté de moi. Il paraissait très bien connaître ces deux personnes.
"Un ami qui travaille dans la chanson, dit-il à la fille en me présentant.
- Ah oui ? Dans la chanson ?
Et je crois qu'elle me regardait avec un sourire ironique.
"Elle, c'est une très grande danseuse, vous savez", me dit Verzini.
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Mille et mille sosies de vous-même s’engagent sur les mille chemins que vous n’avez pas pris aux carrefours de votre vie, et vous, vous avez cru qu’il n’y en avait qu’un seul.
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Les gens avaient quitté Paris au mois de juillet. Le soir ils se rassemblaient une dernière fois aux terrasses des Champs-Elysées et du Bois de Boulogne. Jamais mieux qu’en ces instants, je n’avais goûté la tristesse de l’été. C’est la saison des feux d’artifice. Tout un monde prêt à disparaître jetait ses derniers éclats sous les feuillages et les lanternes vénitiennes. Les gens se bousculaient, parlaient très fort, riaient, se pinçaient nerveusement. On entendait les verres se briser, des portières claquer. L’exode commençait. Pendant la journée, je me promène dans cette ville à la dérive. Les cheminées fument : ils brûlent leurs vieux papiers avant de déguerpir. Ils ne veulent pas s’encombrer de bagages inutiles. Des files d’autos s’écoulent vers les portes de Paris, et moi je m’assieds sur un banc. Je voudrais les accompagner dans leur fuite mais je n’ai rien à sauver.
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Patrick Modiano
Le livre n'appartient plus à celui qui l'a écrit, mais à ceux qui le lisent.
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Et au milieu de toutes ces lumières et de cette agitation, j'ai peine à croire que je suis dans la même ville que celle où se trouvait Dora Bruder et ses parents, et aussi mon père quand il avait vingt ans de moins que moi. J'ai l'impression d'être tout seul à faire le lien entre le Paris de ce temps là et celui d'aujourd'hui, le seul à me souvenir de tous ces détails. Par moments, le lien s'amenuise et risque de se rompre, d'autres soirs la ville d'hier m'apparaît en reflets furtifs derrière celle d'aujourd'hui. (p. 50 - 51)
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… au bout d'un certains nombre d'années nous acceptons une vérité que nous pressentions mais que nous nous cachions à nous même par insouciance ou lâcheté …
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Dans mon souvenir, ce quartier de la Chapelle m’apparaît aujourd’hui tout en lignes de fuite à cause des voies ferrées, de la proximité de la gare du Nord, du fracas des rames de métro qui passaient très vite au-dessus de ma tête… Personne ne devait se fixer longtemps par ici. Un carrefour où chacun partait de son côté, aux quatre points cardinaux.
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Personne ne répond jamais aux questions qui vous tiennent à coeur.
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Et pourtant, sous cette couche épaisse d'amnésie, on sentait bien quelque chose, de temps en temps, un écho lointain, étouffé, mais on aurait été incapable de dire quoi, précisément. C'était comme de se trouver au bord d'un champs magnétique, sans pendule pour en capter les ondes. Dans le doute et la mauvaise conscience, on avait affiché l'écriteau "Zone militaire. Défense de filmer ou de photographier".
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