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Critiques de Paul Morand (209)
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Champions du monde



Curieux roman que celui-là. Ecrit en 1929. Son titre, obscur une fois qu’on a lu le contenu, n’aide en rien à comprendre ce que Paul Morand a voulu faire. Sinon peut-être à nous montrer qu’il connaît la mentalité anglo-saxonne, celle des américains en particulier, et qu’elle est significativement différente de notre mentalité européenne (continentale) et plus spécifiquement française. Le témoin qui raconte est Français, mais les quatre personnages principaux qu’il fréquente sont des « spécimens » américains.



Ecrivain antisémite, qui a frayé avec Vichy pendant la guerre et a dû s’exiler en Suisse après celle-ci, il a finalement été élu à l’Académie Française en 1968, élection dont le simple objectif paraît d’avoir voulu ajouter une preuve supplémentaire au fait que cette assemblée vermoulue est un ramassis de vieux réactionnaires.



Parmi les 4 personnages, il y a un juif (Brodsky) et son épouse Nadine. On pourrait s’attendre au pire, mais l’antisémitisme est noyé ou dilué dans les conceptions essentialistes de Morand qui s’appliquent à tous les personnages du roman. Rien à voir avec certains pamphlets de Céline, par exemple. Ici, ces deux juifs sont certes des juifs avec la psychologie et l’atavisme qui vont avec, mais sont également des êtres humains comme les autres, avec leur force et leur faiblesse. Il n’en demeure pas moins que Nadine, l’épouse Brodsky, est coupable de trahison envers son pays en dérobant un document important et en le donnant à une puissance étrangère…



L’écriture se veut moderne, mais nous sommes en 1929, et Morand est une personne éduquée, très imbibé de culture classique. On le constate par certaines tournures de phrases. Par des références aussi, qui nécessitent d’avoir fait ses « humanités » pour être comprises. Quoi qu’il en soit, même si l’homme écrit bien, le roman est très décousu, sans ligne directrice, son seul intérêt étant son étrangeté.



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L'homme pressé

Je ne connaissais Morand que de nom et ne me souvenais pas d’avoir lu un livre de sa plume, très décriée par les bien-pensants qui ont toujours préféré les crapuleries de Sartre au génie de Camus. Ayant noté cette œuvre dans le pavé “1001 livres à lire avant de mourir”, j’ai remplacé mon étonnement par de la curiosité. Bien m’en a pris. La première impression, immédiate, c’est le style, étonnant. Un régal de maniement de notre belle langue agrémentée de la richesse du vocabulaire, richesse passée de mode, par ignorance de nos rebouteux de la chose écrite. Une belle pratique du zeugme que ne renierai pas les membres de l’Oulipo, pourtant pas du même bord de la Seine ni d’ailleurs. L’idée, support du livre, va jusqu’à son logique achèvement. Il n’y a pas que le personnage qui est pressé, la faucheuse aussi. Au-delà de la peinture des mœurs de l’époque de la bourgeoisie oisive, assez vieillie, on goute un délicat fumet d’un autre temps.
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Ouvert la nuit

Il s'agir d'un recueil de huit nouvelles, publies par Paul Morand au début des années 1920. L'ambiance est celle d'un Europe qui, assommée par une guerre meurtrière, tente de s'en relever en oubliant les drames et en cherchant à vivre une vie normale, faite de contacts et de plaisirs. Quitte à pratiquer une absurde fuite en avant.

La grand mérite de ce livre est son écriture: fine, subtile, faite de tournures et de qualificatifs aussi pertinents qu'inattendus: un véritable régal. Plus personne, aujourd'hui, ne sait ainsi utiliser la langue française, ou alors, personne ne se donne la peine d'égaler ces auteurs de la première moitié du XX° siècle, hélas.

Au-delà, on pourra juger les thèmes abordés, et leur contexte, un peu, ou beaucoup, surannés. La relation homme-femme notamment, si on la juge au travers du "progressisme" de ce XXI° siècle, parait aujourd'hui simpliste. Mais, quoiqu'on en pense, l'homme ne faisait déjà que se soumettre à la décision finale et fatale de l'objet de son désir, qui détenait ainsi le pouvoir suprême.

Après le régal de cette découverte littéraire, il me reste une chose simple à faire, d'urgence: lire la suite, "Fermé la nuit".
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L'homme pressé

Superbe leçon de philosophie et de savoir-vivre. Dans les années 1920/1930, Pierre, antiquaire réputé, gâche tout par son attitude et son désir de tout optimiser et en particulier le temps. Nous le suivons dans ses activités frénétiques puis dans sa rencontre avec son antithèse Hedwige, créole, qui prend son temps, baigne dans une atmosphère familiale chaleureuse. Il s'avère un mari épris et attentionné mais son hyperactivité maladive le fera passer à côté de sa vie. Très belle écriture, riche à croquer de Paul Morand.
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Ouvert la nuit

Paul Morand né en 1888 et décédé en 1976, s’est fait connaître en tant qu’écrivain avec ce livre Ouvert la nuit écrit en 1922. Diplomate de formation il voyage beaucoup et s’imprègne de l’air du temps. La Grande Guerre s’est achevée il y a peu, l’Europe est en effervescence, les hommes et les femmes de cette époque ne savent pas encore ce que l’Histoire leur réserve mais le pressentant inconsciemment évacuent leurs angoisses par un relâchement des mœurs. Ce livre, recueil de huit nouvelles, sous couvert de la relation de conquêtes amoureuses aux quatre coins de l’Europe, évoque l’inquiétude de l’entre deux guerres et les permissivités que s’offrent certaines classes de la société. Une écriture et un style, tout le charme de Paul Morand qui finira académicien en 1969.
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Fouquet ou Le Soleil offusqué

Paul Morand livre dans cet ouvrage un hommage ému à Fouquet (1615-1680), dont on dit pour résumer qu'il a chuté après avoir offusqué Louis XIV, le Roi Soleil, en construisant le château de Vaux-le-Vicomte et en y organisant les fêtes les plus brillantes. Après une telle bande-annonce, le Médiévaliste se doit d'enquêter.



Né d'une famille d'armateurs bretons dont la devise est "Quo non ascendam" (jusqu'où ne monterai-je pas ?), Nicolas Fouquet s'est enrichi après avoir redressé les finances de la France malmenées par la Fronde, guerre civile de 1648-1653.



Fouquet est proche du Cardinal Mazarin, qui dirige l'éducation du jeune roi Louis XIV, et donc le royaume de France.



En 1653, Fouquet est nommé surintendant des finances. Il s'attend naturellement à succéder à Mazarin à sa mort, et à être nommé premier ministre. En 1661, Mazarin décède et "la face du théâtre change": le roi déclare "Messieurs, jusqu'à présent j'ai bien voulu laisser gouverner mes affaires par M. Le Cardinal; il est temps que je les gouverne moi-même. Vous m'aiderez de vos conseils quand je vous le demanderai".



Il ajoute à l'intention de Fouquet: "Je vous prie de vous servir de Colbert, que feu Monsieur le Cardinal m'a recommandé. [...]



La face du théâtre change; j'aurai d'autres principes dans le gouvernement de mes Etats et dans la régie de mes finances". C'est le début de la chute de Fouquet, qui se croyait dans les grâces du roi, sans avoir pris conscience que le roi développait à son égard depuis quelques années une solide jalousie.



Jalousie ? Fouquet est brillant, il a accumulé une fortune considérable, et tient les clés des finances ce qui le rend puissant. Il est raffiné, a du goût, charmeur, il a du succès avec les femmes.



Fouquet découvre et finance de nombreux artistes : Molière, La Fontaine, Corneille, le décorateur Le Brun, l'architecte Le Vau, le jardinier Le Nôtre, Scarron, Lully, etc.



La somme des talents de Fouquet prend forme à Vaux-le-Vicomte, château dont la construction a démarré en 1653. Fouquet y organise des fêtes somptueuses, dont celle, fameuse, du 17 août 1661.



Louis XIV, alors âgé de 23 ans, s'y rend accompagné de 600 courtisans. Selon La Fontaine, "Tout combattit à Vaux pour le plaisir du roi, La musique, les eaux, les lustres, les étoiles", ou encore "Vaux ne sera jamais plus beau qu'il ne fut cette soirée-là".



Paul Morand écrit : "Près du roi, un sucrier d'or massif, que Louis XIV contemple avec envie, de ses gros yeux bleux. - Quel beau vermeil, dit le roi, se retournant vers le maître de maison. - Pardonnez, Sire, ce n'est pas du vermeil, c'est de l'or. - Le Louvre n'a rien de semblable...". Selon Paul Morand "le 17 août, à six heures du soir, Fouquet était le roi de la France; à deux heures du matin, il n'était plus rien".



Fouquet, que l'on dit naïf, toujours confiant dans l'amitié du roi à son égard, n'agit pas. Il est arrêté le 5 septembre 1661, par un d'Artagnan hésitant, au point de demander à son roi des ordres écrit pour confirmer l'arrestation ! Oui, ce même d'Artagnan qu'Alexandre Dumas a plus tard pris pour héros. Le procès est instruit par une cour spéciale constituée par le roi du plus grand nombre d'ennemis personnels de Fouquet. Le dossier à charge est rédigé par Colbert, qui accumule patiemment depuis des années des preuves contre Fouquet.



Les preuves sont tellements fausses, partiales et manipulées, que malgré l'insistance du roi, l'issue du procès vacille. Fouquet parvient à rédiger et à faire éditer ses Défenses sur tous les points de mon procès, que j'aurais à proposer si j'étais devant mes juges naturels. Fouquet a de nombreux amis, l'opinion vacille, le procès pourrit sur place.



Turenne déclare "Au début, il eu suffit d'une ficelle pour étrangler le Surintendant; à présent la corde serait trop grosse pour le pendre". Toute la littérature est pour Fouquet, le procès est chansonné:



Hérault dit : Vous avez grand tort

Et quand il n'aurait fait que Vaux,

N'a-t'il pas mérité la mort

D'avoir tant dépensé en eaux ?



Le roi ne parvient pas à faire condamner Fouquet à mort ! Le procès prend fin en décembre 1664, Fouquet est banni. Souhaitant le museler, le roi utilise son droit régalien, et fait exceptionnel, il aggrave la peine et la transforme en prison à perpétuité.



Le roi suit ensuite le chemin ouvert par le surintendant : il entame les travaux du château de Versailles en 1661, l'architecte est Le Vau, le jardinier, Le Nôtre, le peintre, Le Brun. Louis XIV devient un brillant mécène, et organise à Versailles les fêtes les plus somptueuses.



source : http://leker.typepad.com/medievaliste/2005/11/fouquet_ou_le_s.html
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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L'homme pressé

Je ne sais pas au fond si le Style est de droite ou s'il existe un style réactionnaire, en revanche il existe dans un livre des ingrédients que l'on pourrait identifier comme des marqueurs probables en la matière.

A ce titre le regard que porte dans un premier temps, « l'Homme pressé » sur certains de ses personnages relève d'avantage du portrait anthropométrique et de l' aveuglement misogyne ; du docteur juif au « nez en crosse d'évêque » au gynécée , ou gravite nécessairement dans un entre-soi consanguin et misandre , les personnages féminins du récit.

Curieux livre en vérité qui dans un second temps semble se délester de ses considérations problématiques et acrimonieuses et de ces aphorismes un peu fabriqués, pour leur substituer une narration dont la dynamique semble épouser, aller à l'amble de la fébrilité survoltée de son personnage principal.

Cette légèreté tire alors le livre vers quelque chose qui se rapprocherait presque de l'univers de la BD. , ou qui par le biais de son personnage –titre pourrait prendre la figure virevoltante d'un Belmondo chez De Broca.

Pour autant Morand ne fait pas grand-chose de cet homme pressé et de quoi est-il finalement le nom .

Rien dans le livre ne s'approche de cette ambition qui se contente de ne faire de ces pérégrinations, qu'une curiosité pathologique singulière sans perspective réelle.

Pourtant malgré une dernière partie plus sombre ou Morand semble pour la forme admettre que son héros échevelé et déjà dans l'après, est en train de passer à coté de sa vie, c'est quand même avec ce livre écrit dans la foulée du Blitzkrieg Allemand, entre novembre 1940 et Mars 1941 et avec cette figure de l'Homme affranchi des limites de l'espace-temps qui s'impose au commun des mortels, la projection plus douteuse de la figure du héros nietzschéen ,qui vient à l'esprit

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Ouvert la nuit

Paul Morand a été diplomate et a donc eu l'occasion de parcourir le monde. Ouvert la nuit est un recueil de nouvelles, publié au début des années 20. Chacune relate la relation du narrateur avec une femme, à chaque fois dans un pays différent. Nous irons ainsi en Turquie, en Espagne, en Suède...

En théorie, ce petit tour d'Europe avait pour me plaire. Impossible de me rappeler qui m'avait recommandé ce livre mais je suis presque certaine qu'on m'en avait dit beaucoup de bien. Or, je n'ai absolument pas accroché. Il est vrai que je ne suis pas amatrice de nouvelles et celles-ci m'ont presque toutes paru vaines et creuses, à tel point qu'il m'a fallu plus d'une semaine pour venir à bout de ces 220 pages ! J'ai finalement terminé Ouvert la nuit et vais m'empresser de l'oublier.



Challenge XXème siècle 2024
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New York

Paul Morand (1888-1976) commence en 1913 une carrière de diplomate qui le conduira aux quatre coins du monde. Révoqué après la seconde guerre mondiale pour proximité avec le régime de Vichy, il est rétabli dans ses fonctions d'ambassadeur en 1953 et mis à la retraite des Affaires étrangères en 1955. Elu à l'Académie française en 1968 il est considéré comme l’un des pères du « style moderne » en littérature, il s'est imposé comme l'un des grands écrivains français du siècle dernier.

Morand s'est rendu à New York quatre fois entre 1925 et 1929 et en a tiré ce récit paru en 1930, « Je me suis efforcé de demeurer le plus étranger possible, pour mieux expliquer à des étrangers » nous dit-il. Guide touristique alliant les points forts du Guide Bleu et celui du Routard mais écrit avec beaucoup plus de style, reportage pointu et détaillé sachant sortir des sentiers battus des guides, étude sociologique, tout, tout, tout, vous saurez tout sur le New York de ces années-là et de « l’électricité new-yorkaise », un livre référence sur cette ville à nulle autre pareille.

Paul Morand était à New York vers 1930, j’y suis allé au début des années 90, télévisions et autres médias nous en donnent des images d’aujourd’hui, les époques diffèrent mais globalement rien ne change vraiment, et à suivre les déambulations de l’écrivain sur les lieux que j’avais foulés, j’ai retrouvé mon émerveillement d’alors et mes émotions devant ce trop de tout.

Morand a l’œil américain comme dit l’expression, perçant et scrutateur, il voit tout et nous en fait profiter. Tous les quartiers sont visités à l’intérieur de Manhattan surtout, tous les milieux sociaux et ethniques explorés, des hôtels et restaurants de luxe entre gens du monde aux bouis-bouis cosmopolites des quartiers Russes, Chinois, Juif, Italien etc. Il goûte à toutes les nourritures, fréquente les salles de jeux ou les tripots. Tout est prétexte à nous instruire, que ce soit quand il va au théâtre (« un divertissement cher ; par contre, pas de pourboire, pas de strapontins et le programme gratuit », ou quand il visite musées ou bien les coulisses d’un grand journal new-yorkais et même la prison de Sing Sing !

Texte cultivé mais pas indigeste du tout, les références littéraires abondent, l’architecture est omniprésente bien sûr, gratte-ciel, ascenseurs vertigineux, les ponts dont celui de Brooklyn particulièrement (et ce n’est pas Woody Allen qui le démentira !). Impossible de lister tous les sujets abordés dans ce livre. Sans exagérer ce point, je ne peux omettre de signaler que quelques lignes ici et là feraient hurler nos contemporains d’aujourd’hui quand il est question des « nègres » ou des Juifs mais ne prenez pas ce prétexte pour ne pas lire ce bouquin.

Excellent.

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Correspondance (1961-1963)

Jacques Boutelleau s'est imposé dans l'industrie de l'édition française avant de commencer dans les années 1920 à écrire des romans sous le pseudonyme de Jacques Chardonne. Les romans de Boutelleau se concentrent principalement sur les aspects psychologiques des relations domestiques et de la vie. Il est surtout connu pour sa saga familiale Destinées Sentimentales, qui a d'abord été publiée en trois romans distincts : La femme de Jean Barnery, Pauline et Porcelaine de Limoges. L'histoire tourne autour de la vie de famille au début du XXe siècle et de l'évolution du monde moderne. Il se concentre principalement sur le fils d'un propriétaire d'entreprise qui traverse des mariages ratés et plusieurs carrières, commençant au tournant du siècle et le suivant à travers la Grande Dépression. La saga a été adaptée en film par le réalisateur Olivier Assayas.

Jacques Bouteleau, était par ailleurs, ami de Paul Morand, autre grande figure de la soumission au correspondant français du régime hitlérien, à savoir Pétain;

tous deux s'écrivirent pendant des années,

malgré le dégoût qu'on peut avoir à les fréquenter, on peut lire leur correspondance où l'on trouvera des choses à hurler de rire,

(c'est Chardonne/Boutelleau qui écrit) 'Nous, les deux plus grandes intelligences françaises...'

Un homme qui a fait fonction de président de la république aimait beaucoup Chardonne...

Paix à leurs âmes.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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L'homme pressé

Un roman sur le rapport au temps ,au temps qui passe , trop vite ! l'homme est pressé mais c'est le temps, aussi,qui est pressé . Nous voudrions que parfois il s'arrête , le voir couler plus lentement pour en profiter ,de temps en temps .Le héros lui veut le remplir ce temps ,à toute vitesse ,certainement pour ne pas avoir l'impression de le perdre ! Mais à toujours courir il ne savoure plus l'instant ...
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Ouvert la nuit

Trois étoiles et demi pour le style, pour cette écriture associative limite surréaliste mais fluide et qui reste traçable. En effet, peu d'auteurs actuels ont encore un style, comme des Morand, des Celine, des Vialatte, et j'en oublie, tous ces auteurs du passé qui nous filent des claques quand on s'ouvre à leurs pages.

Sinon ces nouvelles sont étranges, certaines finissent mal, certaines finissent un peu en eau-de-boudin, certaines ne finissent pas.

C'est plutôt triste une ville la nuit, pour paraphraser un autre type étrange.
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À vos marques !  Nouvelles sportives

Recueil de textes au sous-titre trompeur puisqu'il ne s'agit pas au sens strict de nouvelles mais de textes courts qui forment une unité.



Le choix des textes est assez hétéroclite et un peu daté mais a un petit goût d'ancien pas désagréable - même si c'est très phallo-centré quand même, bien que de 2014.



J'ai bien rigolé avec la saynète absurde de Roland Dubillard sur le ping-pong, où le jeu intègre le langage et inversement.



J'ai adoré le poème de José-Maria de Heredia "le coureur" qui est une ode à la sculpture donnant vie à son modèle.



Ça m'a bien fait plaisir de trouver une nouvelle de Jean-Bernard Pouy dans son style loufoque et enlevé (un joueur de hockey victime de hoquet...).



J'ai découvert avec plaisir l'écriture de Paul Morand dans cette nouvelle où un jeune homme drague celle qui se trouve être la petite amie d'un fameux coureur cycliste sur piste durant la course des "Six-Jours".



Je n'ai pas vraiment accroché à la nouvelle de Marcel Aymé où deux élus locaux se déchirent le pouvoir autour de deux clubs sportifs qu'ils instrumentalisent ; ni à celle d'Hemingway sur un champion de boxe en fin de carrière.



J'ai trouvé un peu convenus les textes de Denis Grozdanovitch et de Philippe Delerm déplorant ou dénonçant dénaturation et marchandisation du sport, de l'acte sportif et du sportif lui-même.



Chacun de ces textes rend prégnantes les différentes activités sportives mentionnées et donne assez envie de s'y mettre - ou de se caler devant la télé pour en regarder ;-)
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L'homme pressé

Pierre Nioxe est la quintessence de l'homme pressé, l'auteur fait tout pour que le style épouse cette caractéristique fondamentale de son personnage, des phrases courtes, des termes parfois recherchés, mais toujours assenés avec vigueur, des changements de sujet rapides... Bien que ce roman ait des visées philosophiques, les personnages ont plus de profondeur qu'on ne le pense, et j'ai été saisi d'une véritable émotion à la fin. Si vous avez l'édition "l'imaginaire Gallimard", ne lisez surtout pas la quatrième de couverture, vous gâcheriez un excellent moment de lecture.
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Lewis et Irène

Etrange roman que celui-ci, je ne sais pas vraiment quoi en penser. De Paul Morand, je ne connaissais que sa réputation d’après guerre, peu flatteuse, « Lewis et Irène » est son premier roman écrit au début des années 1920.

On oscille sans cesse entre le monde des affaires et celui de l’amour. Deux personnages atypiques qui finiront par former un couple sans pour autant qu’une sorte de compétition ne subsiste entre eux. Ils devront choisir ce que sera leur destin.

L’écriture est belle, je pense que l’auteur est à découvrir. Pour ma part, je n’hésiterais pas s’il croise à nouveau ma route.
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L'homme pressé

Pierre Niox est un homme pressé. Doux euphémisme, c'est un frénétique. Une seule direction connue : la ligne droite. Attendre relève pour lui du supplice chinois : il trépigne, il s'agite, il piaffe. Le retard lui est inconcevable; la plus révolutionnaire des créations humaines : la montre. Le sommeil est un vol manifeste de son temps précieux, il rêve déjà de ce qu'il fera demain. Il sait faire plusieurs choses à la fois, il est capable de se vêtir et de se déshabiller en même temps, une vraie danse de Saint Guy. Il mélange entrée, plat principal, et dessert dans une même bouchée ; il boit le vin avant qu'il ne soit tiré. La procrastination relève d'une maladie invalidante. S'il marche c'est d'un bon pas, obligeant qui le suit à trottiner, plus volontiers il court, il bondit. Arriver est un nouveau départ. Un point B n'a de sens que s'il est précédé d'un point A et qu'il mène à un point C. Hinc et nunc est une philosophie qu'il ignore, il ne conjugue qu'au futur. Sa femme étant enceinte, il lui accorde 7 mois pour accoucher. Il ne goutte pas la vie, il la traverse. Mais à bien y réfléchir cet élan hystérique, cette fièvre n'est qu'aliénation. Le temps se savoure, il faut le prendre, il faut en donner, à vivre dans la crainte de le perdre, on le gaspille.



L'homme pressé est plus que jamais d'actualité. Le productivisme et la croissance à tout prix, segmente notre vie, emporte notre temps libre dans une fatigue sans recours. On se repose, on se change les idées, on n'a plus le temps de réfléchir et de jouir de la vie.
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Venises

Venises, le s dit tout.

A différentes périodes de sa vie, Paul Morand y passa, y vécut.

Tout un monde, évanoui dans le Temps, défile sous nos yeux.

Des noms, un monde dans le monde, des excentriques, des artistes, des politiques se côtoient dans une Venise qui n'appartient qu'à un cercle de privilégiés dans le premier quart du vingtième siècle.

L'auteur évoque son enfance, son éducation, ses rencontres, ses rêves, son désir continu de la Sérénissime.

Entre évocations historiques, anecdotes, descriptions de la ville, souvenirs personnels, Paul Morand mêle les Venises qu'il a connues et celle du moment où il écrit ce livre : 1971.

Le ton y est différent, l'amertume s'y ressent.

Quelques phrases font mouche, d'autres heurtent et puis l'homme n'est pas toujours plaisant tant l'appartenance à une caste transparaît, semblant figée à jamais, tenant difficilement compte de l'évolution de la société si ce n'est dans sa description amère des hippies et de Venise devenue trop accessible...

Un document sur une époque révolue et sur le mode de pensée d'un privilégié.
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Éloge du repos

Le titre séduit le paresseux et le style le lettreux. Paul Morand, qui fut en son temps un oisif professionnel, propose un mode d'emploi du temps perdu, un apprentissage du ne rien faire. Il réduit les voyages à leur essence, raccourcit les distances, ralentit la fuite en avant. Il évoque des sports tranquilles, champêtres, actifs sans l'être trop. Il calme le jeu. Le repos n'est pas la mort ni le sommeil. Il est l'activité contrôlée, la course qui s'arrête en chemin, la maîtrise de soi. Le rappeler n'est pas inutile.
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Venises

Personnage douteux, convaincu de collaboration avec l'occupant, réputé antisémite et homophobe (ce qui n'apparaît pas dans cet ouvrage, loin de là !), entré à l'Académie Française en 1968 après que le Général de Gaulle a levé son veto, Paul Morand signe un très grand livre, sans doute ce qui m'a été donné de lire de plus passionnant sur la cité des Doges.

Mais l'ouvrage ne se réduit pas à cela : c'est un formidable panorama sur les grandeurs et misères de la première moitié du 20ème siècle, toujours rapportées à la Sérénissime où l'auteur, comme aujourd'hui Philippe Sollers, vient et revient se reposer des tumultes de l'époque.

Seule réserve, tout finit mal : le "vieux con" apparaît dans les dernières pages :

ah, ce monde moderne ! Ah, ces hippies noirs de crasse qui souillent le paysage ! Ah, Venise accessible à tous !

Indispensable néanmoins.
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Tendres stocks

Je n'avais encore jamais rien lu de Paul Morand, si si, ça arrive..., et ces trois nouvelles m'ont séduit. Ou peut-être les héroïnes? Quoi qu'il en soit l'atmosphère Belle Epoque allié avec l'exotisme de l'outre-Manche, font de ce petit volume une excellente porte d'entrée dans son oeuvre.
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