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Critiques de Paul Morand (209)
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Fouquet ou Le Soleil offusqué

Je ne pense pas qu'il faille attendre de cet auteur une vérité historique, mais il sait si bien embarquer son lecteur dans le grand siècle qu'on prend un réel plaisir à lire ce livre. et comme lui, on prend parti pour Fouquet (avec La Fontaine et Madame de Sévigné) contre Louis XIV et surtout Colbert.

L'image de mon livre d'histoire, d'école primaire, de Colbert se frottant les mains avant de se mettre au travail pour le bien de la France et de son roi en a pris un sérieux coup. Pour Paul Morand, si Colbert se frottait les mains, c'etait surtout pour amasser une fortune personnelle, pour lui et ses enfants.

L'écrivain saura émerveiller son lecteur par la description de la fête donnée à Vaux pour le Roi, le passionner par le récit du procès qui tint en haleine la France des lettres de ce temps, et enfin l'émouvoir en lui racontant le sort de celui qui fut poursuivi par l'injustice royale.
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L'allure de Chanel

"Coco" est à la mode. Pour en savoir un peu plus sur ce "personnage", le livre de Paul Morand fourmille en découvertes, en anecdotes, en témoignages et en coups de g... de la grande dame de la couture.



En 1946, l'écrivain passa quelques temps dans le même hôtel de Saint-Moritz avec la couturière.

S'ensuivirent des conversations que Paul Morand retranscrivit et qui devinrent des années plus tard ce "L'allure de Chanel" considéré comme "la plus flamboyante des oeuvres consacrées à Chanel".



On y croise de nombreux artistes de l'époque comme Diaghilev, Picasso... On y trouve évoquées les amours de la dame : Boy Capel, Westminster...

On y lit les conceptions prônées en matière de mode et qui révolutionneront l'art d'habiller la femme.

On y découvre une femme intelligente, âpre, dure, orgueilleuse (elle insiste beaucoup sur cette vertu), autoritaire et méprisante mais seule, terriblement seule...



Un témoignage d'une époque, d'un monde et d'une femme qu'on pourrait se prendre à détester tant ses certitudes sont dérangeantes.



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L'homme pressé

Récit relatant l’histoire d’un dandy évoluant dans la société bourgeoise du Paris de l’avant-guerre. Antiquaire, accessoirement archéologue, le temps s’écoule et l’obsède. Vivant sans cesse dans l’agitation, il rencontre la personne idoine susceptible de le poser, lui donner l’assise qu’il n’a jamais pu trouver.

En somme Morand nous fait le portrait d’un homme aux prises avec les éléments existentiels de la vie. La prospérité, l’amitié, l’amour et la postérité…tout ceci animé par la plume d’un académicien controversé, non pas pour ses qualités littéraires mais pour son passé. Je ne reviendrai pas sur l’histoire d’un ancien collabo passé entre les gouttes de l’épuration au grand dam de Céline qui lui, estimait avoir payé le prix fort. Leur seul point commun restant d’avoir été antisémites, la question étant : mais pourquoi ? Un effet de mode ? Dans l’ouvrage, un médecin juif errant et allemand diagnostique le comportement effréné de Pierre NIOX, devient cet ami qui lui annoncera plus tard une mort prochaine.

Ce qui m’a surpris le plus dans cette lecture, c’est le détachement de l’auteur face aux évènements de la période 40 durant laquelle la France subit un cataclysme incomparable dans son histoire. Comment le personnage de Pierre NIOX arrive à survivre dans la débâcle, tant d’humiliations, de renonciations liées à la politique de l’entre-deux-guerres et assumées par le vainqueur de Verdun. Même si l’histoire demeure intemporelle et peut se dérouler dans le début des années trente, les mots, les phrases, le souffle de l’auteur ne semblent pas affectés par l’entrée des troupes allemandes dans Paris.

Elle reflète en vérité l’état d’esprit des français en général qui dans Les Décombres après tout, disent pourquoi pas à l’Allemagne de Hitler et sa politique de conquête, et cela majoritairement… Lui Morand, l’angliciste devenu anglophobe, refuse la main tendue de De Gaulle qui n’aura de cesse de le lui faire payer jusqu’à la fin de son existence en lui barrant la route qui mène au siège des immortels.

Pragmatique, individualiste, égoïste, vénal, il sera l’ambassadeur de l’Etat français à Bucarest jusqu’à la fin du conflit et se réfugiera en Suisse pour échapper à la vindicte. Morand, homme pressé et insaisissable préférant le faste et les nœuds papillons, mais surtout l’argent, demeure néanmoins un grand défenseur de la langue de Corneille.

Son style un peu daté, certes, mais construit et nuancé fait appel à un vocabulaire très riche que l’on ne rencontre presque plus dans la littérature d’aujourd’hui.

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Hécate et ses chiens

Entre deux avions, alors qu'il fait escale en Afrique, un vieil homme se remémore l'homme qu'il fut et devint, ici même, il y a trente ans, par le commerce qu'il entretint avec Clotilde, une jeune femme, pour le moins mystérieuse. Frais émoulu de l'Inspection des Finances, il prenait poste dans une banque. D'éducation protestante, il en avait la rectitude et la conformation d'esprit. Sentant bien qu'il lui manquait dans son existence le principal, c'est à dire l'amour et une certaine aptitude à jouir des plaisirs plus immédiats que la vie peut offrir, il décidait de prendre maitresse. Ce qu'il considérait comme une sorte de formation sentimentale et charnelle devint peu à peu une déformation, un gauchissement de l'âme et des sens.



Œuvre d'un vieil homme jadis peu fréquentable, cette histoire est souverainement déplaisante. L'allusif dans la turpitude est une forme achevée de lâcheté. Comment un homme, en temps de colonie, va chasser les petits "indigènes", pour apporter, comme en hommage, le fruit de ses coupables recherches sur l'autel d'une femme qui lui est foncièrement inaccessible. Hécate était une déesse inexorable qui mangeait des chiens, Clotilde est une femme qui avoue ou prétend des appétits immondes. On ne sait si elle dit vrai ou si elle affabule, mais l'intention de l'homme est là et sa chasse bien réelle. Elle n'est peut-être que le support de la jalousie du narrateur, ou le prétexte aux déportements moraux de ce dernier, énervé par une quête du plaisir qui se révèle insatisfaisante. Hécate et ses chiens est un des avatars d'une certaine littérature qui revendique que tout peut être dit. Certes, mais les prestiges de l'écriture n'occultent en rien le contenu; l'auteur est suspect de faire trop de style sur une matière nauséabonde. Loin de moi l'intention du censeur, je préfère la licence à la moraline, mais ces raffinements-là ne sont pas mon ragoût.
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L'homme pressé

Quelle plume remarquable ! Paul Morand joue entre le fond et la forme pour donner de l'action à son héros. Les phrases sont parfois courtes pour marquer l'action et la course effrénée de son personnage.

L'écriture est un petit bijou : l'héros est parfois sans morale ...
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Le flagellant de Séville

je ne ferais pas une critique, d'autres en ont faites et mieux que moi mais juste un mot car j'ai beaucoup apprécié ce livre

L’écriture est magnifique, tout au long du livre on a l’impression de voir le personnage principale tel qu’il est tellement les descriptions sont bien faites bien que concises, mais il n’y a pas que lui car tout l’environnement devient aussi comme un film qui se déroule au fil de la lecture.

L’histoire aussi est très bien structurée.

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Venises

« Est-ce la destinée, ou est-ce ma faute ? J’arrive toujours quand on éteint »



Ce constat désabusé est celui de Paul Morand dans « Venises ». Une Venise plurielle comme l’est la vie et plus encore sa vie.

Diplomate-écrivain, ambassadeur nommé par Vichy et révoqué par de Gaulle, contraint à l’exil puis modèle de cette nouvelle génération d'écrivains qu'on appellera par la suite les Hussards, Morand ne laisse pas indifférent.



De loin en loin au gré des fortunes diverses de son existence, Morand sera toujours fidèle à Venise qui résume si bien dans son espace contraint la durée de toute vie, quoi qu’on fasse en suspens au milieu du vide, entre les eaux fœtales et celles du Styx.



Par goût et par fonction, Morand fut un grand voyageur. Mais pour lui, le centre du monde c’est Venise. « Au sommet du Campanile j’embrassais Venise, aussi étalée que New-York est verticale, aussi saumonée que Londres s’offre en noir et or. L’ensemble est lavé d’averses, très aquarellé, avec des blancs rompus, des beiges morts, relevés parle cramoisi sombre de façades pareilles à la chaire de thon. Un air violent secoue la lagune, poussant des nuages aussi légers que ces nouvelles voiles en nylon des régates, au Lido ».



En cette fin des années 60 nous sommes dans les pas de Morand et de Maurice Rheins, le célèbre commissaire-priseur, « au front d’intellectuel, et la taille d’un sous-lieutenant, l’œil précis et ingénu ». Ils se rendent à la vente du Labia, le dernier palais vénitien à dégorger ses richesses. Il y a quelque chose d’une fin de vie dans ce vieux palais désormais dépouillé de ses tableaux dont les plafonds désertés par les lustres monumentaux, comme percés de trous de rats, révèlent la décrépitude ; toute une vie refluant en une escadre hétéroclite et désordonnée de vases de chines, de girandoles et de canapés sinueux .La vente faite, il ne subsiste que la « cohue des déesses peintes à fresque pour toujours, désormais maîtresses d’un Labia désert, au rire éternel, comme celui des filles du Rhin ».



Morand finira sa destinée pas très loin, dans le cimetière de Trieste, veillé par la foi orthodoxe, auprès de sa femme, d’origine grecque.

Au bord de la lagune, toujours s’enfonçant, la vie continue, « un peu comme une pièce de Beckett jouée dans les arènes de Nîmes ».
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Venises

Relire Venises à Venise, comme lire Ulysse à Dublin. Un plaisir un peu égoïste. Paul Morand n’est pas si daté que ça, peut-être un peu trop mondain parfois. Mais ses descriptions de Venise et les anecdotes valent la lecture. Le ton est léger et l’humour partout. Un régal.
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Le flagellant de Séville

Peut-être le plus beau roman de Morand, surtout connu et apprécié comme le maître de la nouvelle et du récit de voyage. A travers les tribulations d'un aristocrate espagnol tenté par une collaboration avec l'occupant français sous Napoléon, on peut voir un écho de son attitude sous l'occupation, mais surtout une superbe évocation de la guerre d'Espagne et de l'horreur de la guerre, en particulier de la guerre civile, qui ne laisse à l'individu dépassé et ballotté aucune issue, entre deux camps également criminels.

Une langue classique très fluide, un style superbe, une intrigue maîtrisée; on ne s'ennuie jamais, malgré plus de 500 pages.
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Venises

Morand se raconte à travers ses séjours à Venise. C'est à la fois une confession pudique, un portrait de ville et un témoignage nostalgique sur le crépuscule d'une Europe bourgeoise éprise de culture, par un des plus grands écrivains français du vingtième siècle. Sans doute le chef d’œuvre de Morand. A lire sans modération. Je recommande sans réserve.
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Tendres stocks

J'avais quelque part dans ma mémoire la lecture d'extrait de "L'homme pressé" de Paul Morand. J'avais quelque part dans ma mémoire un Académicien, diplomate, homme politique à la renommée ambiguë et aux positions controversées. J'avais dans ma mémoire un style moderne, allégé de tout superflu de la langue française, un style précis, un style efficace où les mots choisis laissent toute la place à la pensée, à la philosophie.



J'ai tiré "Tendres Stocks" de l'étagère de la bibliothèque, par hasard sans doute parce que je me baladais dans l'allée des M.



"Tendres Stocks" est venu à moi.



3 portraits, 3 femmes, 3 rencontres, 3 profils, 3 personnalités, 3 destins.



Londres . 1914 . La guerre.



Clarisse . Delphine . Aurore.



La première est passionnée, voluptueuse, libertine, mystérieuse. L'amante.



La seconde est encarcannée, pieds et poings liés dans les conventions, déroutée sur les chemins de la débauche. La Folie .



La troisième est étrangère, sauvage, féline et épurée . La Liberté.





Trois femmes à la rencontre d'un homme que l'on peut supposer le même tour à tour, se révélant en miroir de ces trois apparitions.



J'ai beaucoup aimé ce recueil de récits. Le style tient sa promesse de donner au lecteur des images rapides, comme on regarde des diapositives et où l'oeil de perçoit que l'essentiel.



Un livre dense et condensé.



Un livre où parfois, au gré d'un paragraphe, on ne peut réprimer un soupir de plaisir tellement l'idée est vraie!



Du bon et du grand Morand pour ce recueil.
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New York

Diplomate et grand voyageur, Paul Morand a écrit des essais sur plusieurs villes : Londres, Bucarest, Venise et donc New-York. Morand écrit cet ouvrage en 1929, il a déjà fait deux voyages aux Etats-Unis.

Dans la préface, Philippe Sollers explique que la ville de New-York est quasi-absente de la littérature française. Il ajoute que Morand est l'un des seuls écrivains européens à décrire la saisissante modernité de la ville, à comprendre qu'elle a amorcé un profond changement urbanistique, architectural, technique et qu'elle s'impose de plus en plus comme le centre économique du monde.

Morand commence par nous relater de façon vivante la naissance de la ville et son développement jusqu'en 1929. Puis, nous guidant, il nous offre un itinéraire extrêmement complet du sud au nord de Manhattan. L'ouvrage se clôt sur un panorama de New-York. Décrivant, analysant, livrant ses impressions, Morand nous offre une promenade et un reportage sociologique passionnants. Le tout dans un style alerte.

Le seul bémol est l'antisémitisme et le racisme se dégageant de quelques passages...



Un ouvrage à lire en rentrant d'un séjour dans Big Apple afin de raviver les souvenirs.
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L'homme pressé

comment tout gacher par un empressement de tous les instants;...parfois l'impression de m'y retrouver...D'où mon attirance pour cette histoire soutenue par une écriture classique et élégante!
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Montociel

Beaucoup de bonheur à la lecture de ce livre, qui n’est pas l’un des plus connus de Paul Morand. Les Indes « pré-britanniques », à l’aube du XIXe siècle, y sont décrites avec saveur et humour, à la manière d’un conte. Des exilés de toutes nations – mais en particulier des Français – y trouvent refuge et y deviennent mercenaires ou conseillers auprès de flamboyants rajahs plus vrais que nature. Des émigrés royalistes y côtoient des sans-culottes, y guerroient dans une jungle hostile contre les stipendiés de la perfide Albion et se lamentent quand les réserves de vin sont à sec… Vraiment on ne s’ennuie pas !

Et puis, si on se plait à décortiquer le pourquoi des choses, on pourra toujours trouver, sous la plume talentueuse et aristocratique de Morand, une subtile critique de l’occidentalisation (déjà !) de ces terres lointaines…

A comparer, dans ce dernier point de vue, à Claude Farrère (le plus grand !), Jules Harmand et d’autres, comme, plus près de nous aussi, Morgan Sportès ou Éric Miné.
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L'allure de Chanel

C'est en 1921 que Paul Morand fera la connaissance de la toute jeune Coco Chanel. Il aura le privilège de faire partie du groupe restreint de ses compagnons de route. Se faisant l'écho des souvenirs de Chanel, Paul Morand nous relate - à la 1ère personne - le destin exceptionnel de cette petite modiste aux origines humbles qui allait bouleverser le monde feutré des grandes maisons de couture établies et réinventer l'éternel féminin.



La vie de Chanel sera - avant tout - le parcours d'une solitaire. Si un adjectif peut la résumer, la caractériser, c'est seule, isolée, abandonnée, recluse. Seule, de sa naissance jusqu'à sa mort. Seule, au point de faire d'un cimetière de campagne son refuge, sa retraite, son lieu de confidence pour ses joies et ses peines d'enfant.
Lien : http://dunlivrelautredenanne..
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L'homme pressé

Pierre Niox, 35 ans, est antiquaire, spécialiste de l'art mérovingien. Il est si pressé en toutes choses, qu'il en est insupportable. Placide, son ami de toujours finit par le laisser tomber, ainsi que Chantepie, son valet de chambre. Un jour, il rencontre Hedwige, une jeune femme originaire de la Martinique, la fille de M. de Boirosé à qui il a racheté une magnifique chartreuse du XIème siècle, juste avant que celui-ci ne rende l'âme.

Pierre finit par épouser Hedwige, promettant de devenir raisonnable. Mais son impatience revient au galop : il oblige sa femme à faire une radio rien que pour apercevoir les contours de son enfant à naître. Ensuite, il exige qu'elle accouche 2 mois en avance. C'est en trop. Hedwige repart auprès de sa mère et de ses soeurs vivre le reste de sa grossesse. Et Pierre oublie l'absence de sa femme chérie dans le voyage. Un jour, il a une crise cardiaque. le premier coup de semonce de la vie. le premier coup de gong qui sonne l'heure de sa mort toute proche.



********************

Quelle classe ! Quelle style ! Après les contes à dormir debout de Nathalie Rheims, me voilà plongée dans le bain que je préfère : les bons mots, là où il faut. C'est à dire, tout partout.



Je découvre Paul Morand, cela ne m'étonne pas qu'il ait été élu à l'académie française. Paul Morand est dans l'administration au moment de la défaite de 1940 et se retrouve à la retraite d'office par le gouvernement de Vichy. Il publie, entre autres ce livre en 1941. Aucun indice de sa propre vie dans ce roman, mais il est toutefois question de Regencrantz, un médecin juif polonais qui peine à trouver un pays d'asile.



Maintenant, le livre. L'homme pressé, c'est moi. Autant dire que j'ai un faible pour lui et que je lui trouve bien des excuses. Il est même assez souvent comique.



Un véritable coup de cœur pour cet homme pressé qui a une âme. Quoiqu'en pense son entourage, il a conscience de son état, mais ne peut s'empêcher, c'est une sorte de malade, incapable de se prendre en charge (cf à la fin de la page 94, et aussi en page 99 au restaurant avec les deux sœurs). Personne ne l'aide réellement au fond. Même sa femme l'abandonne. Du coup, il s'en éloigne, au point de n'oser entrer dans la chambre où sa fille vient de naître.



Pierre se rend compte à quel point il gâche son temps mais il sait encore s’émouvoir de la prononciation d’une lettre dans la bouche de celle qui lui fait battre le cœur. Pierre voit dans la même journée partir son ami et associé. Il s’interroge (p.117) ce qui prouve qu’il n’est pas si dupe de son état. Un livre, découvert, je ne sais comment et acheté en 2006. Des fois, le hasard fait bien les choses.



A noter : il existe une adaptation au cinéma, un film d'Edouard Molinaro, avec Alain Delon et Mireille Darc.
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Journal de guerre: Roumanie, France, Suisse

Morand résume lui-même l’origine de ce Journal de Guerre : « A Londres, j’avais trois chemins devant moi : rester à Londres ; rentrer avec assez d’économies pour vivre quatre ans à Paris, oublié ; faire ce que j’ai fait. Deux routes sur trois étaient bonnes ; j’ai pris la troisième.

De fait, nous avons là beaucoup plus qu’une erreur de parcours. On patauge souvent dans l’ignoble. Morand n’est pas seulement un représentant des élites fourvoyées. Il s’est trompé, se trompe, mais il assume, comme on dit aujourd’hui pour faire croire qu’on n’est pas seulement un imbécile. Jean d’Ormesson a écrit, au sujet du « Journal Inutile » du même auteur : « D’un bout à l’autre de l’ouvrage, le lecteur d’aujourd’hui balance entre nausée et bonheur, entre stupeur devant tant d’aveuglement au bord de la sottise et l’admiration enthousiaste pour un grand écrivain. » Pour ce Journal de Guerre, retranchez « bonheur » et « admiration », vous aurez les sentiments que j’ai éprouvé à la lecture de ce livre.

J’ai du mal à écrire cette critique. D’un côté, je souhaite sincèrement vous convaincre de lire ce tome 2 du Journal de Guerre, reconstitué, comme le premier tome, à partir du fonds documentaire que Morand a lui-même légué à la Bibliothèque Nationale.

Si le premier tome était un document assez formidable, et de première main, sur la constitution et le fonctionnement de l’Etat Français de Pétain, celui-ci, beaucoup plus littéraire (il y a des pages entières d’aphorismes sur les chats ou de réflexions souvent brillantes sur Balzac, Fontenelle, Victor Hugo, la littérature russe..), couvre les années 1943-1945, pendant lesquelles Morand devient très brièvement ambassadeur en Roumanie puis en Suisse, et se retrouve finalement exilé dans ce dernier pays en attendant que les choses se décantent en France. Il y vivra dix ans, en alternance avec Tanger.

Il faut absolument lire ce livre, car il montre d’une façon presque clinique comment Morand met en place un mécanisme de déni qui lui permet d’ignorer l’énorme démenti que l’histoire vient d’infliger à ses convictions, d’échapper à tout sentiment de culpabilité, et probablement sauvegarder ainsi son équilibre psychologique.

Il multiplie les élucubrations géostratégiques et les analyses erronées, se complait dans les rumeurs fallacieuses et ce qu’on appelle aujourd’hui les fake news, c’est-à-dire les informations mensongères allant dans le sens de ses opinions. Il remâche sa rancœur, se prétend victime d’injustice, se réjouit des malheurs de la France libérée et lui prédit le plus sombre des avenirs dans son désir éperdu d’avoir eu raison malgré tout. En mai 45, il se demande encore quelle leçon laissera « Monsieur » Hitler pour l’histoire, et prédit que « Gaulle » (c’est ainsi qu’il orthographie, par haine, le nom du Général de Gaulle) va installer une dictature en France.

On comprend alors qu’on se retrouve devant un mécanisme mental archétypique, celui adopté par les élites de tous temps et de tous pays pour échapper à la réalité et continuer leur chemin au milieu des décombres qui s’accumulent autour d’eux.

D’un autre côté, la lecture de ce livre est parfois presqu’insupportable à cause de ce qu’elle révèle de la faiblesse morale de l’auteur, de sa morgue grand-bourgeoise, de sa lâcheté. Morand est snob comme un pot de chambre, égocentrique, imbu de son rang social et de son intelligence. Il faut lire, page 327 : « Mais cela n’empêche qu’il y a, à la pauvreté, liée une idée d’insuccès qui éloigne la masse amorphe, l’opinion, etc. ». C’est beau comme du Macron, non ?

Et puis surtout, il y a cette germanophilie crasse, et cet antisémitisme intolérable qu’aucune leçon de l’histoire ne semble pouvoir entamer : « Le nazisme aura peut-être appris au monde ce qu’est un juif ». Ce qui, au demeurant, ne retient pas Morand de dresser à plusieurs reprises la liste des juifs en faveur desquels il a pu intervenir pendant la guerre, bien petitement d’ailleurs, et sans beaucoup d’effet, mais on ne sait jamais, au cas où cela pourrait servir. A vomir..

Et puis, ses jérémiades incessantes sur ce qu’il appelle son expérience de la misère, alors qu’il vit en Suisse avec un budget annuel équivalent à 200 000 de nos Euros, et sur sa situation personnelle qu’il trouve inconfortable alors qu’il ne sera que très marginalement inquiété dans toute cette période d’après-guerre. Céline écrit quelque part : « Et Paul Morand donc ! Même pas inculpé ! Qui se balade fort librement en Suisse ! Charmant Jean-foutre deux fois ambassadeur de Pétain ! Grands seigneurs évidemment… auxquels la loi rigoureuse ne s'applique pas comme aux voyous de mon espèce ! »

Voilà ! Difficile de résumer mille pages en quelques lignes. Mais j’espère que je vous aurais donné envie de lire ce livre. Il le mérite. Pendant le printemps 1945, Morand relit la « Comédie Humaine » de Balzac. Il y a un peu de ça dans ces pages.

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Fouquet ou Le Soleil offusqué

On a beau connaître le destin tragique de Fouquet, sous le règne de Louis XIV, le récit de sa vie et de sa descente brutale aux enfers fascine toujours, plus de 3 siècles après cette terrible affaire.

Dans « Fouquet ou le soleil offusqué" - livre au joli titre - Paul Morand décrit de façon minutieuse et précise, la façon dont Louis XIV et Colbert vont mener de façon diabolique à une chute brutale et vertigineuse, le surintendant des finances.

Tout y est décrit de façon fouillée, dans un style haletant et rythmé : les origines de Fouquet, son ascension brillante, rapide, et fastueuse, son intelligence, son aisance, mais aussi son ingénuité, et sa grande propension à utiliser l'argent d'État à des fins personnelles et amicales.



Mais Mazarin n'a-t-il pas lui-même, avant lui, appauvri le royaume pour son propre compte?

Et les ministres de l'époque, ne trempaient-ils pas tous de façon coutumière, dans les mêmes travers ?



La lecture de l'ouvrage permet de mesurer le chemin parcouru et les progrès colossaux de notre système judiciaire, concernant la protection des individus contre l'arbitraire d'État.

On est pétrifié et révolté devant la description de ce procès inique (constitution de fausses pièces sur ordre de Colbert, mensonges, trahisons...), au cours duquel Fouquet, sans aucune aide, se défendra néanmoins brillamment.



L'érudition et la connaissance de ce siècle par l'auteur nous apprennent beaucoup sur un des aspects obscurs du règne de Louis XIV.



Cependant la lecture de l'ouvrage nous laisse quelque peu interrogatifs sur certains aspects :

- Comment Fouquet, pourtant averti par plusieurs de ses amis, n'a-t-il pas soupçonné la machination implacable et très bien organisée, en marche contre lui ?

- Ne s'est-il pas perdu du fait, d'une trop grande confiance en lui et même d'une certaine suffisance ?

- Et puis, pourquoi tant de haine notamment de la part du monarque, certes jeune mais mature, qui aurait pu du haut de sa stature, prendre plus de recul ?

- Enfin, on peut se demander si sans ces 20 années de mort lente , au fond de la prison de Pignerol, Fouquet serait lui aussi devenu un grand homme d'État, à l'instar de Mazarin, Colbert, et Louis XIV ?
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Correspondance, tome 1 : 1949-1960 - Paul M..

Jacques Chardonne

L'un des pires écrivains de France -

le pire ? Pas sûr...

Parmi les multi récompensés,

les multi-loués,

les très vendus ,

il y en a tant d'aussi pitoyables –

je ne citerai aucun des sept cent et plus

(uniquement depuis un siècle),

noms qui me viennent spontanément sous les doigts,

dans ce voyage au bout des particules médiocres

de mots élémentaires.

Il était – semble t'il – l'auteur

(ou l'un des auteurs) préférés

d'un chef de notre république,

qui en son temps partageait les mêmes orientations politiques...

Lisez l'incroyable correspondance avec Paul Morand,

dans laquelle l'un et l' autre estiment

qu'ils sont les phares de la France...
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Correspondance (1961-1963)

Troisième volume de la correspondance Morand - Chardonne. 3 volumes de plus de mille pages chacun. Il y a de quoi faire. J'en lis une petite heure par ci par là : après, il faut prendre l'air.



Chardonne ne m'intéresse pas trop (quelque chose qui fait charme m'irrite - et sa pente grand bourgeois charentais un peu fat, un peu veule, un peu (passe-)plat).



Morand lui est un monstre. Et un styliste hors pair. Un oeil d'aigle, une patte de tigre, un coeur de bronze. Il y a des fulgurances à chaque lettre, des saillies, des contrastes, des bonheurs. Et des horreurs : on les lit en s'exclamant Oh non mais c'est aussi pour ça qu'on les lit.



Entre des précipités sur des auteurs entrés ou entrant dans l'oubli (Cocteau, Mauriac, Giraudoux, Maurois, Nimier, Galey, Nourrissier...) et des dépaysements suisses, anglais ou normands, ce qui frappe est ceci : rien ne va. Entendez : rien ne va plus. C'est le Muppet Show sauce Vichy. De Gaulle, encensé par nos politiques, est descendu en flèche. Caudillo d'opérette. Produit Télé. Fantoche à képi. Ça change avec ce qu'on entend aujourd'hui. Autre chose que CNews. On n'ose imaginer (et encore moins écrire) ce que Paul Morand penserait de Pécresse, le Pen ou Zemmour.



Qu'on se le dise : la France a vraiment (et épouvantablement) été de droite...
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