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Critiques de Paul Morand (209)
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La dame blanche des Habsbourg

Avis aux lecteurs qui viennent s'égarer sur cette page :

"Prenez garde !

La dame blanche vous regarde,

La dame blanche vous entend. "

Non, il ne s'agit pas ici de la dame blanche de l'opéra de Boeldieu, inspirée de romans de Walter Scott, censée protéger le château dans lequel elle erre depuis quelques centaines d'années.

Non, la dame blanche des Habsbourg est d'une toute autre farine. Figurez-vous qu'elle n'apparaît qu'au moment de la mort prochaine d'un des membres de la famille impériale, indiquant ainsi, ô sage prévoyance, qu'il convient d'ouvrir rapidement un nouveau sarcophage dans la crypte.

Et je ne vous raconte pas le boulot qu'elle a eu rien qu'au 19è siècle, car "les Habsbourg ne sont pas une famille d'assassins, comme les Atrides ; plutôt une famille d'assassinés". Et Paul Morand d'en faire la macabre énumération ... puis de s'arrêter sur le destin de certains des membres de cette illustre famille.



Bien entendu, il vous contera le destin tragique de la plus célèbre de tous, l'impératrice Elisabeth, dite Sissi, poignardée à Genève, ainsi que celui de son fils Rodolphe, le suicidé de Mayerling, sans oublier le catastrophique trépas de l'archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, dont je pense inutile de rappeler ici les calamiteuses conséquences !

Il vous offrira encore d'autres bons moments de lecture, intéressants sinon joyeux, mais je ne m'arrêterai ici que sur la destinée de Marie-Louise, la seconde épouse de Napoléon et la triste vie du malheureux Aiglon, leur fils, qui n'a pratiquement pas connu son père et fut, son existence durant, prisonnier de la Hofburg, le sinistre palais des Habsbourg à Vienne, victime des tentatives de son entourage de le "défranciser" si je puis dire !

Quant à Marie-Louise, la pouliche autrichienne, choisie par Napoléon, non par amour, bien entendu, mais pour de diplomatiques considérations et pour sa supposée capacité à assurer à l'Empereur une nombreuse progéniture, elle s'est retrouvée bien perdue parmi tous les arrivistes de la Cour Impériale, parvenus nouveaux riches, bruts de décoffrage, alors qu'elle venait d'une Cour guindée jusqu'à l'excès.

Napoléon, qui apparemment, d'après l'auteur, l'a vraisemblablement aimée, dira d'elle à Sainte-Hélène :" Marie-Louise était une bonne petite épouse, timide, qui avait toujours peur d'un milieu qui avait assassiné sa tante".

Timide peut-être, mais surtout profondément mal à l'aise dans ce milieu si différent du sien, à tel point qu'elle rejoindra vite, vite son Autriche natale, dès l'abdication de l'Empereur, qu'elle s'empressera d'oublier ainsi que son fils, dans les bras d'un certain Neipperg. Le dit Neipperg lui fera rapidement quelques enfants et elle se laissera négligemment ballotter dans l'existence, au gré des événements, fidèle à sa nature indifférente "affaissée et langoureuse".

Tout ceci est fort bien mené, conté avec style et élégance, dans une belle langue savoureuse, telle que pratiquée au début du 20è siècle.

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Paris

Chacun a son Paris en tête. Les écrivains bien sûr, mais aussi les peintres et les photographes, ont tenté d'exprimer cette attraction mystérieuse, voire mystique que la cité-coeur de France a exercé sur eux. Les vers de Baudelaire, d'Apollinaire, et de Villon avant eux, ont défriché cette sensation étrange et subtile qui fait de Paris un rêve de ville, un lieu magique, un carrefour de souvenirs enfouis, une mélancolie en action. Ce sentiment, les plus talentueux piétons de Paris -d'Aragon à Fargue, de Breton à Calet- l'ont mis en mots, Manet, Utrillo et autres Monet en peinture, Atget, Doisneau et Brassaï en images.

Le duo André Dunoyer de Segonzac-Paul Morand s'inscrit dans cette prestigieuse lignée, les eaux-fortes du premier se mariant admirablement au récit du second. Morand a balisé son projet. Son livre écrit au début des années 70 caresse l'ambition de "descendre dans les siècles" avec pour objectif d'être "un Parisien de toujours". Son admiration sourd de cette remarque : "Existe-t-il une autre ville au monde offrant semblable stratification de siècles?"

Et ces strates, il va les parcourir, les remuer, les tamiser pour y pêcher les visions de Musset, Balzac, Verlaine et de tous les plus grands qui ont hanté les rues et quartiers de Paris, s'en sont inspirés, les ont transformés en mirages éblouissants.

Morand ne néglige nullement l'envers du décor, et la perte de rayonnement de la cité à son époque -donc en 1970- car "ce qui compte à Paris, dit-il, c'est le négatif du film qu'on y tourne.". Pour autant, conclut-il "J'allais être ingrat : Paris m'a donné la vie". En tout cas, son petit livre et les sept gravures tendres et dépouillées de Dunoyer de Segonzac méritent toute notre gratitude d'amoureux de Paris.
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L'homme pressé

Pierre est antiquaire et vit à cent à l’heure. Chacun de ses gestes est étudié dans le but de gagner du temps, il met ses chaussures tout en nouant sa cravate et a banni les pantalons à boutons pour ceux à fermeture Eclair. Il court, toujours, sans que lui-même ne sache trop pourquoi et finalement sa fébrilité maladive ne lui apportera que tourments. D’abord par son ami et bras droit Placide qui l’abandonnera fatigué par l’énergie vide de sens de Pierre, ensuite quand rencontrant l’Amour avec Hedwige, malgré ses efforts pour adopter un rythme de vie « normal » il ne pourra contenir sa nature, allant jusqu’à demander à sa femme enceinte, de consulter la Médecine pour accélérer de trois mois la naissance de leur enfant, tant son impatience est grande. Bien sûr, sa femme finira par s’éloigner de ce mari invivable. L’issue est prévisible, Pierre dans sa course avec le Temps n’a aucune chance de remporter le challenge et la Mort viendra lui rappeler par une première crise cardiaque non fatale « que la moralité de cette histoire, montre l’Impatient plus souvent puni que récompensé ». Ecrit en 1940 ce roman est étonnamment très moderne et stigmatise certains travers de notre époque avec style en ponctuant le texte de quelques mots rares (séton, ménade, déhiscent etc.). Un très bon roman qui donna lieu en son temps à une adaptation cinématographique très quelconque avec Alain Delon.
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Fouquet ou Le Soleil offusqué

C’est un livre déjà ancien, publié en 1961 chez Gallimard, que je termine et que je ne peux que conseiller. Il est de Paul Morand et est consacré à Fouquet : »Fouquet ou le soleil offusqué ». On le trouve dans la collection de poche « folio histoire ».

C’est donc un essai sur Fouquet et sur sa cruelle destinée puisqu’a prés avoir eu une carrière éblouissante avec Mazarin, il devait être ruiné et fait prisonnier après la fameuse réception de Louis XIV à Vaux-le-Vicomte.

Paul Morand revient sur le détail de cette vie et sur le caractère de Fouquet qui dit-il a pâti plus de ses qualités que de ses défauts. Fouquet aimait le beau mais à un point tel qu’il rendit Louis XIV jaloux et on connaît la suite.

Ce qui étonne c’est que Fouquet, pourtant averti par de nombreux amis, n’ait pas pris quelques précautions et surtout qu’il soit tombé dans le piège qui lui fut tendu par Colbert. En effet, du moment qu’il accepta de vendre sa charge de Procureur Général du parlement qui lui accordait des immunités, il fut perdu.

Intéressant aussi, la manière dont il se défend à son procés, intelligement, ferme sans arrogance. Brillant.

Voilà un livre d’histoire écrit avec talent par un romancier, ce sont les meilleurs

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Les Extravagants : Scènes de la vie de bohème c..

premier roman de cet auteur

un peu ennuyeux au début puis l'histoire nous entraîne

ce jeune homme va t-il trouvé un grand amour en France

en Europe ? le suspens dure !

cela donne envie de lire l'oeuvre de Paul Morand et ses

nouvelles ouvert la nuit, la folle amoureuse,

les écarts amoureux

le roman de Morand le flagellant de Séville
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Lewis et Irène

Morand était un esthète. Ses phrases sont merveilleuses et leur enchaînement un triomphe. Il me laisse penser que Sagan, sans nul doute, a dû s'en imprégner puis s'en inspirer pour écrire ses propres romans.

Que dire de celui-ci ? Qu'il nous décrit les lendemains de la Grande Guerre sous le prisme de la finance et des amours. Il est intéressant de lire les pages qui décrivent le Paris de la Belle Époque : c'est le côté "sensas" du roman. Ce qui l'ancre dans une intemporalité étourdissante, c'est la description des relations amoureuses de l'époque, bien que la condition féminine ait bien évolué, encore heureux (pas encore assez mais bon, on en prend le chemin). La description d'une femme d'affaires aussi talentueuse à l'époque devait faire grand bruit, faut-il le préciser.

Bref, il faut lire ce petit roman luisant d'ingénuité et se laisser bercer par sa légèreté équivoque.

Lisons les auteurs oubliés et leurs romans.
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Fouquet ou Le Soleil offusqué

Je vais régulièrement à Vaux le Vicomte où se situe le chateau, le domaine construit par Fouquet. C'est toujours une visite magnifique, car on est moins dans un musée que dans un lieu de vie. On y croit. (Voila un peu de publicité qui ne rapporte rien, mais vous pouvez programmer une sortie)

Ce livre, avec beaucoup d'autres, permet de compléter l'information recueillie sur les lieux. C'est de l'histoire qui vit.
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New York

Une promenade érudite dans le New York de 1930, d’une étonnante actualité ou tout du moins qui nous fait toucher les racines de notre modernité.



Morand nous fait passer de quartier en quartier, de rue en rue, de blocks en blocks par d’imperceptibles transitions qui donnent à son texte une fluidité très intéressante et agréable.



Et l’on comprend mieux le mélange unique qui façonne cette ville mosaïque. Une histoire urbanistique unique dont Paul Morand nous livre les clés qui aide à imaginer ce que fut Manathan, d’où Wall Street tire son nom, comment Broadway s’est érigée etc…



Un foisonnement perpétuel où tout se mélange, s’entrechoque, s’interpénètre, se rejette et s’agite aussi bien dans les bas-fonds que dans les quartiers huppés où l’argent coule à flot, ou encore dans les lieux de plaisirs et de spectacles agités par les lumières clignotantes et multicolores qui pavoisent les gratte-ciels omniprésents dans tout le texte.



C’est aussi plus subtilement une réflexion sur le lien ambigu à l’Europe que nourrit l’Amérique et réciproquement.



Une lecture que je recommande, moi qui n’aime pourtant pas cette ville.
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Ouvert la nuit

Huit nouvelles, huit portraits de femmes, huit pays différents.

Paul Morand nous fait voyager dans l'Europe de l'après première guerre mondiale en compagnie d'un narrateur guidé par son amour des femmes.

D'une terroriste espagnole à une aristocrate russe en exil en passant par une lolita anglaise, le lecteur est emporté dans des univers à chaque fois différents et surprenants qui reflètent l'ambiance si particulière de cet entre-deux guerres où l'insouciance et la désespérance font la pair.

Ce livre est un pur joyau stylistique ! Mais ce besoin de conquête féminine inlassable m'a un peu déçue.
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Fouquet ou Le Soleil offusqué

Est-ce une biographie ? C'est en tout cas le récit de l'aventure de Fouquet, passé du cabinet de Mazarin aux splendeurs de Vaux-le-Vicomte puis au cachot de Pignerol.

On a beau connaître la chute, on découvre avec émotion un ami des arts imprévoyant, un homme confiant dans les moeurs de l'époque qu'il ne voit pas changer. Son procès truffé d'irrégularités traîne en longueur, mais reste plus vivace que son incarcération solitaire durant deux décennies.

Le style est enlevé, bien documenté. L'époque est dépeinte avec moult détails, artistiques aussi bien que politiques. Une lecture instructive et distrayante.
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Éloge du repos

Né à Paris en 1888, Paul Morand commence en 1913 une carrière de diplomate qui le conduira aux quatre coins du monde. Révoqué après la seconde guerre mondiale, il est rétabli dans ses fonctions d'ambassadeur en 1953 et mis à la retraite des Affaires étrangères en 1955. Elu à l'Académie française en 1968 il décède à Paris en 1976. Considéré comme l’un des pères du « style moderne » en littérature, il s'est imposé comme l'un des grands écrivains français du siècle dernier. Eloge du repos date de 1937, un texte assez court, genre d’essai, écrit rapidement après l’adoption de la loi sur les congés payés par le gouvernement du Front Populaire.

Paul Morand assoit sa réflexion sur un constat simple : si on apprend un métier, on devrait aussi apprendre à se reposer et à prendre des vacances ! Et Morand s’y connait en « vacances » puisque ce petit bouquin a été écrit après onze ans de voyages autour du monde, entre sa mise en congé du quai d’Orsay (1926) peu avant son mariage avec la riche princesse Soutzo et son retour à la diplomatie (1938).

L’oisiveté doit s’apprendre, le repos véritable est dans la tête et tout l’argent du monde n’y changera rien, le repos de l’esprit ou de l’âme ne s’achète pas. L’auteur donne des conseils aux Français lorsqu’ils voyagent à l’étranger (ils ont des devoirs). Les temps libres permettent aussi la pratique de sports ou d’activités physiques (un esprit sain dans un corps sain). Mais la grande vérité reste dans « la vie intérieure, maîtresse de notre vrai repos. »

Je ne vais pas vous vendre ce bouquin comme étant exceptionnel ou à lire toutes affaires cessantes, néanmoins le lecteur qui s’y penchera sera étonné par la modernité de son écriture et surtout de son contenu qui reste souvent d’actualité. J’ai souligné un nombre invraisemblable de phrases ou coché des paragraphes me laissant pantois d’étonnement devant leur aspect visionnaire. Seule critique, au détour d’une phrase ou d’une autre, un nationalisme discret peut agacer le lecteur…

Réflexions sur les Français (« Il craint de ne pouvoir s’adapter au lendemain parce qu’en effet il a l’adaptation lente ; de là sa peur de l’avenir qui n’est qu’un excès de doute en face de tout devenir »), sur la mode (« dont on croit qu’elle invente, tandis qu’elle ne fait que s’adapter puis surenchérir »), sur son époque (« Notre époque est asphyxiée par la peur »), le monde littéraire (« les auteurs ont peur de la critique, les critiques ont peur des éditeurs, les éditeurs ont peur du lecteur et le lecteur a peur du miroir grimaçant que lui tendent les auteurs »), sur l’éducation scolaire… Quant aux voyageurs d’aujourd’hui, « Si les gens, actuellement, se déplacent tant, c’est qu’ils son malheureux : d’où les voyages d’agrément. » Enfin, sans condamner la vitesse, ce qui serait malvenu de la part de cet homme pressé ( !), il nous met en garde néanmoins contre elle, « puisque la mort c’est l’immobilité, le mouvement c’est la vie ; d’où beaucoup concluent que la grande vitesse, c’est la grande vie. »

Ce texte est loin d’être le plus connu de Paul Morand mais si vous tombez dessus n’hésitez pas à y jeter un œil : il se lit très vite et vous serez très étonné/amusé par sa clairvoyance et son actualité.



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L'allure de Chanel

"Je ne suis pas une héroïne. Mais j'ai choisi ce que je voulais être et je le suis. Tant pis si je ne suis pas aimée, et pas agréable."



J'ai trouvé cet ouvrage dans une boîte à livres quasi désertée, je me demande s'il ne m'attendait pas ! 😉

Je connaissais de nom ce livre depuis longtemps, mais avais l'impression qu'il allait être trop imposant pour moi. Le hasard a bien fait les choses.



La collaboration avec Paul Morand :



Dans un article tout récent je vous ai déjà partagé une page complète de ce bouquin, où la créatrice Gabrielle Chanel, qu'on ne présente plus, parle de son amour pour les romans.



Ou plutôt Paul Morand diplomate et écrivain né en 1888, amis des grands de ce monde et d'écrivains, lui prête sa plume pour qu'elle nous raconte, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, sa vie depuis son enfance.



J'ai beaucoup aimé cet ouvrage, même si parfois Chanel m'agace à théoriser comme une vieille insitutrice ! Oui on peut être agacée, même par les génies, mais aussi admirative dans le même temps de cette femme qui avait un avis sur tout vraisemblablement, mais qui a été cet esprit de génie !

Mode, couple, artistes, embonpoint, contrefaçons, vous verrez, tout y passe !



Sa vie, ses relations, "sa" mode :



On se doute que pour avoir fait son chemin dans le monde de la mode et dans le monde tout court de cette époque, elle ne pouvait avoir qu'un caractère très fort.

C'est ce qu'on comprend à la lecture de ce livre, qui est captivant de bout en bout, quand elle y parle de son enfance, de son arrivée à Paris, de ses débuts, de la rue Cambon, ou de tous ses nombreux amis artistes ou têtes couronnées tous plus exotiques les uns que les autres !



Elle est acerbe mais lucide, avec les autres et souvent avec les femmes, mais également avec elle-même. Souvent je l'ai trouvée rosse, dure, impitoyable, mais vu qu'elle applique tout à elle-même avant tout, on la pardonne.



Sa vie était, comme elle le dit elle-même, une vie de dictateur : avec le succès et la solitude !



Grâce à ce bouquin on parcours une belle partie du 20ème siècle, et même si on pourrait "déifier" cette période avec le recul, même si cela se passe dans le monde du grand luxe, elle y parle aussi beaucoup de ses ouvrières, des femmes de la rue, de ses amours déçues, de son amour Boy Capel mort dans un accident, et elle a su garder son âme d'auvergnate.



J'ai dès le début pensé en parallèle à la vie d'une femme comme Colette, et il se trouve que Chanel la lisait, et parle d'elle à plusieurs reprises dans ce bouquin. Elles avaient en commun au minimum le meme prénom, le même fort caractère, l'intelligence et le charme des femmes fortes.



Ce recueil pourrait être pratiquement un livre d'aphorismes, tellement les phrases sont imposantes, et là on peut remercier la plume de Paul Morand.



Un livre à relire, tellement il est riche, et je suis certaine qu'une 2nde lecture m'apportera encore plus.



Un livre pour les amoureux de Gabrielle, de la mode, du début du 20ème siècle, des grands parcours, de la simplicité, des grandes possibilités, un livre à l'image de Chanel, en tout cas celle que je me fais. 😉

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Hécate et ses chiens

La découverte du désir et du plaisir dans les colonies des années 20...

Ajoutez une dose de perversité et vous pourriez obtenir un récit quelque peu lourd en descriptions complaisantes et vulgaires mais c'est sans compter la plume de Morand qui sait inciser dans l'action et faire jouer l'imaginaire grâce aux ellipses et parenthèses.



Tout comme le jeune héros, le lecteur est possédé puis fasciné par Clotilde, Hécate sensuelle, et ses secrets.

Par de courts chapitres (1 à 3 pages), le drame qui se joue devient une mécanique implacable du désir et de la perversité qui ne perd pas son mystère à la fin du texte.
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Le Prisonnier de Cintra

« Le prisonnier de Cintra », un recueil de cinq nouvelles de la part de Paul Morand, grand amateur du genre ; et qui déclare en avant-propos : « La nouvelle est un saut périlleux ; elle ne pardonne pas. C’est plus qu’un tour de main, ce serait plutôt un tour de force. »

Cinq nouvelles, donc :



« Le prisonnier de Cintra » : une illustre famille « prisonnière de Cintra », anglophile comme le sont souvent ces familles portugaises… Le fils s’évadera…



« A la fleur d’oranger » : Mademoiselle Briséchalas ne pense qu’à lire et néglige quelque peu son agence matrimoniale…



« Histoire de Caïd, cheval marocain » : le noble art qu’est l’équitation…



« Le coucou et le roitelet » : entre snobisme et jalousie…



« Un cheval nommé Gaston » : l’histoire de « Chat Botté » traitée en satire contre l’ogre moderne qu’est le fisc…



Cinq nouvelles sous la belle prose « classique » de Paul Morand…

Je ne sais pas vous, mais moi, j’aime bien…



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L'homme pressé

Paul Morand a la plume des Quarante : le sujet de l'homme pressé incarné par Pierre Noix est parfaitement maîtrisé. On le lit comme un essai parabolique sur le temps, la vie, l'action, l'amour, la mort et les (re)générations...



Quand on ne sait prendre le temps, où court-on si vite ? Ailleurs qu'à sa perte ? Paul Morand répond à cette question que nous tous - sauf si nous sommes de belles filles martiniquaises connues pour être languissantes à souhait (mdr) - nous tous emportés par le tourbillon de la vie, ignorons allégrement le présent jusqu'à ce que le futur ne soit plus une route pour nos fuites en avant.



L'écriture de l'académicien parvient à montrer les changements de vitesses, les calages et redémarrages d'une vie trop rythmée subito, subito ! L'homme pressé est drôle, attendrissant, dépaysant, rafraîchissant mais bien aussi tragique. En un tour de main, ce roman devient une leçon de vie. Je recommande !
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Fermé la nuit

Fermé la nuit est le pendant masculin d’Ouvert la nuit (six nouvelles sur six personnages de femme) avec quatre nouvelles qui toutes, nous restitue l’ambiance des années 20 dans divers lieux. Dans toutes Paul Morand s’est plus ou moins inspiré de personnages bien réels, ce qui fait que ces nouvelles ont une forte coloration d’époque.

La nuit de Portofino Kulm, la plus longue des nouvelles, centrée sur le personnage d’O’Patah, irlandais excentrique, se déroule en fait en quatre lieux, d’abord New York, puis Dublin et Venise, pour finir à Portofino. A travers le opinions d’O’Patah sur le patriotisme l’auteur exprime ses propres opinions, ses convictions pacifistes.

La nuit de Charlottenburg rend apparemment très bien l’atmosphère du Berlin des années 20 tout en ayant une petite tendance à coller au stéréotype perçu en France à l’époque : influence orientale, slave, communiste, romantisme, courants influencés par l’orient (psychanalyse et expressionnisme sont perçus comme d’origine juive ou russe). C’est un peu caricatural (mais il dénonce aussi l’hypocrisie des Français), tout en étant assez proche de récits de voyageurs de l’époque (ambiance des cafés, cabarets et casinos).

La nuit de Babylone est une scène de la vie politique, inspirée de la démission réelle d’un politique suite à un scandale. Elle met en scène la nouvelle génération d’hommes politiques de l’époque, jeunes et auxquels l’expérience de la guerre rend insupportables les lenteurs politiques parlementaires.

La nuit de Putney est centrée sur Habib, fils d’un berger libanais, devenu la coqueluche de toutes les femmes de la bonne société londonienne. Ce personnage de charlatan, Paul Morand l’admire pour sa réussite, sa façon de saisir sa chance, et le méprise à la fois, pour sa vulgarité et sa vantardise. Dans ce texte on voit percer des changements sociétaux, sur la vague de la peur du vieillissement et de la mort.

Le style de Morand est remarquable avec des descriptions jamais ennuyeuses, pleines de détails précis, d’images étonnantes, et avec des phrases au rythme calculé. La lecture est un régal et c’est une belle plongée dans ces années-là.
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La dame blanche des Habsbourg

La période estivale est propice, entre autre, à la lecture des sagas historiques. C’est tout naturellement que je me suis plongé dans ce roman de Paul Morand qui m’était totalement méconnu il y a peu (merci Bruno !). Ce n’est pas vraiment une saga, plutôt un ensemble de portraits d’une des plus grandes familles d’Europe, les Habsbourg de Lorraine, dont le dénominateur commun serait une espèce de destin contrarié parsemé des drames.



Fidèle à la tradition populaire, Paul Morand se sert de l’image de la dame blanche (qui serait apparue à chacun d’eux à quelques heures des grands bouleversements) comme fil d’Ariane, très ténu toutefois pour ceux qui seraient attirés par un côté ésotérique du récit. Car Paul Morand est un auteur de poids, très terre à terre. Il est aussi un homme de conviction. A titre d’exemple son « affection » pour Napoléon 1er (Marie Louise était une Habsbourg de Lorraine), lui concédant un parcours héroïque magnifié, qui trouve son pendant dans sa fervente aversion contre Napoléon 3 (tripatouilleur funeste dans l’exécution de Maximilien empereur du Mexique).



Et ce côté « j’aime », « je n’aime pas », s’inscrit également dans chacun des portraits retracés. Expédier François-Ferdinand en six pages, alors qu’il fut à l’origine d’un des plus grands conflits mondiaux, semble un peu sectaire. Toutefois, parce qu’il mêle habilement Histoire et Alcôve, Morand redonne vie à ces personnages historiques, dont certains détails m’étaient inconnus. Nous sommes ici dans un style plus proche Joseph Roth que de Jean des Cars (tous deux biographes des Habsbourg). De François 2 le souverain résigné à Charles et Zita , en passant par le duc de Reichstadt (l’Aiglon), Elisabeth d’Autriche et son mari (dont la vie fut aussi terne que long son règne), c’est un siècle d’histoire qui est brassé, étudié, analysé.



Ce roman qui date de 1963 est une belle entrée en matière de ce que fut la puissance de l’Empire Austro-hongrois et des chambardements de l’Europe d’alors et bien évidemment une mise en évidence biographique intelligente de souverains que l’on croit tous connaître (le cinéma étant venu pervertir un peu les choses). Un bon livre de vacances !
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Éloge du repos

Ecrit en 1936, au moment des premiers congés payés, l’auteur, un oisif voyageur, propose au peuple laborieux des conseils pour occuper leurs nouveaux temps libres. Son titre d’origine est d’ailleurs « apprendre à se reposer », titre assez provocateur dans notre contexte actuel de manque d’emploi endémique ... Et dans l’ensemble, c’est tout l’ouvrage qui a plutôt mal vieilli.

L’auteur dresse d’abord le portrait de la société de cette époque, une société où l’on ne se réjouit plus, où le mot joie semble avoir été oublié. Une société faite d’ « enfants gâtés » (ce qui n’est pas sans rappeler un essai récemment paru), qui évite toute prise de risque et qu’on pourrait taxer d’immobilisme. Ensuite, il passe en revue différentes façons d’occuper ce temps, plaçant sous l’étiquette de « sport », les balades en forêt, le camping, la nage en rivière et le canotage, de quoi sourire aujourd’hui … Avec naïveté, il espère que le sport fera passer au bon peuple le goût des révoltes, voire qu’il démodera les guerres, à quelques petites années de la deuxième guerre mondiale !!!

Enfin il termine par le constat que le vrai repos c’est avec soi-même, dans la retraite intérieure, loin de toute agitation qui ressemble à des travaux forcés, simulacre pour échapper à nos questionnements, à notre pesanteur, à nous-mêmes … et fait le procès de la vitesse, seuls points sur lesquels le lecteur de notre temps pourra trouver matière à réflexion.

C’est cependant joliment écrit et agréable à lire.

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Tendres stocks

Misogyne Paul Morand ? Je ne sais pas si ces trois portraits, ces trois nouvelles, ces trois rencontres londoniennes, sont des signes d’admiration. Assimiler trois femmes aux stocks de marchandises venant de tout l’empire britannique, même s’ils sont tendres, c’est tout de même réduire la femme à un simple objet. Certains argueront que Paul Morand à l’esprit de son époque, que cela n’avait alors rien de navrant. Soit, mais le regard de Morand sur ces femmes, par de petites phrases anodines, n’est pas exempt de mépris et de suffisance. Cela n’enlève rien toutefois à la beauté du recueil. Ces portraits féminins sont aussi des représentations d’une ville, Londres, en pleine effervescence, secouée par la Grande Guerre. Comme quoi, on peut être puant et écrire divinement bien.

NB : Marcel Proust a rédigé la préface de ce recueil, il y règle encore ses comptes avec Sainte-Beuve (et, au passage, Anatole France), elle vaut le détour.

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L'homme pressé

le patient use toujours l'impatient !

à la lecture de la 4ème de couv., j'ai été tout de suite attiré :

"Pierre gâche tout, l'amitié, l'amour, la paternité, par sa hâte fébrile à précipiter le temps. A cette allure vertigineuse, il ne goûte plus ce qui fait le prix de la vie, ni les moments d'intimité que sa femme Hedwige lui ménage, ni la poésie des choses. Il se consume et consume les siens en fonçant vers un but qu'il renouvelle, chaque fois qu'il l'atteint ..."

bien sûr le choix d'un livre, de l'aimer ou pas; il y a toujours un peu de soi là dedans. la lecture même de ce livre nous fait prendre le train en route, aller vite, descendre du train, partir - revenir jusqu'à la prochaine page qui fera tourner l'autre encore et encore; alors drôle ou burlesque mais tragique !
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