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Critiques de Philippe Forest (205)
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L'oubli

Le moins que l’on puisse dire est que l’on a affaire à un auteur sacrément rusé. Et culotté. Voire les deux.

Je m’explique. Philippe Forest réussit l’exploit de faire publier un écrit vide. La couleur est annoncée : le noeud de l’histoire est un oubli. L’oubli d’un mot. Lequel? Bien évidemment, on n’en sait rien et l’auteur non plus puisqu’il l’a oublié (l’histoire est connue : j’ai perdu mes clefs. Où? Je ne sais pas, sinon elles ne seraient pas perdues). Et autour de ce drame, quelques réflexions pseudo-psychanalytiques qui relèvent souvent de la brève de comptoir. Comme par exemple, cette phrase, en exergue entre deux paragraphes :



« La mer c’est bien ».



Voilà, voilà. Tout est dit. Autrement dit : on s’ennuie ferme.



Mais pire que ça, alors que pour m’occuper en tournant les pages, j’imaginais déjà ce que j’ pourrais écrire dans cette chronique, je tombe sur un paragraphe qui correspond exactement à l’argumentaire que je prévoyais, dans une sorte de mise en abyme qui tient plutôt du chien qui poursuit sa queue :



« Sans aucun doute, c’était le cas de celui-là. Le roman ne comptait pas d’autre personnage que l’homme qui y racontait son histoire et dont la parole remplissait toutes les pages. L’intrigue était inexistante, dotée de plus d’une vraisemblance fort douteuse. Passé le milieu du livre, elle se délitait complètement et tournait à une sorte de méditation passablement abstraite à laquelle l’auteur lui-même ne paraissait pas croire et dont il n’avait pas l’air de savoir où elle le mènerait. Surtout, le lecteur éprouvait la désagréable et exaspérante impression que l’écrivain ne lui disait jamais les choses qu’à demi, entretenant une sorte de suspense artificiel, se refusant à lui livrer le secret qui, seul, aurait peut-être donné un peu de prix à son récit. Il en manquait la moitié. 

Le héros du roman – mais nul ne l’aurait pris pour un héros et le livre ne se présentait pas comme un roman – racontait l’expérience singulière qui avait été la sienne. Un matin, il s’était réveillé, persuadé d’avoir égaré un mot dans son sommeil. Une idée délirante s’était emparée de lui. Il avait acquis la conviction que le langage, sous ses yeux, était en train de disparaître et qu’il ne pourrait arrêter l’hémorragie verbale dont l’univers était victime qu’à la condition de retrouver dans sa mémoire le mot qui d’abord lui avait fait défaut. Il se lançait alors dans une longue enquête incohérente parmi ses souvenirs afin de reprendre possession de celui qu’il avait égaré. Et lorsqu’il mettait enfin la main sur lui, au lieu de révéler au lecteur le mot de l’énigme, il annonçait sa décision de renoncer à lui, de l’abandonner à l’oubli qui seul, disait-il, saurait le conserver en vie.»





Voilà, je ne l’aurais pas mieux dit.

Ce qui me conforte aussi dans mon hypothèse que tout cela est volontaire et un peu pervers. Contre la page blanche, écrivons n’importe quoi, et avouons le à la fin.



Il me reste une chose à faire : oublier cette lecture. Ce ne sera pas le plus difficile.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Le chat de Schrödinger

…Vous qui vous apprêtez à lire cet avis, sachez que pour le rédiger, j’ai :



1 - fait l’impasse sur le souper…

2 - du coup, j’ai compromis la paix du ménage…

3 – fait l’impasse également sur la diffusion de « Game of Thrones »…

4 – ce qui rétablit l’intégrité du couple…



…Vous qui vous apprêtez à lire cette avis,



1 – prévoyez un café, une tisane, un verre de vin, une cloppe, un prozac,…

2 – prévoyez un peu de temps car je risque d’être un peu longuet…

3 – sinon passez directement à la conclusion… (Avec ou sans café, tisane, verre de vin…)

4 – excusez moi pour le nombre de citations postées…et encore, ai du me faire violence

5 – prévoyez aussi dans la foulée un éventuel Kleenex…



Par où commencer ?

Comment l’exprimer ?

Comment le partager ?



Jamais livre ne m’a paru au départ aussi étrange, détrônant même « Le Mystère de la Patience » de Jostein Gaarder (fabuleux)



Il faut dire que j’ai abordé ce livre en étant complètement vierge :

pas lu d’avis, même pas lu le 4eme de couverture, auteur que je ne connaissais pas, ai juste vu « Le Chat de Schrödinger », comme un néon clignotant…souvenir de physique et du chat mort et vivant à la fois, j’achète…un chat dans un sachet si je puis dire…même pas capté qu’il s’agissait d’un roman, non, le titre en lui-même monopolisait mon esprit, comme un mantra.



Etrange et époustouflant moment de lecture et expérience unique ! Presque 2 nuits blanches…et m’est d’avis que cette nuit, ce récit va encore me hanter.et hanter les autres « mois » dans les autres univers parallèles…



Me suis fugitivement demandé si, comme les fabriquant de cigarettes, Gallimard incluait des additifs dans le papier pour rendre l’addiction plus forte. Mais nul besoin d’additifs, le livre se suffit O combien à lui-même.



Il m’a envouté, captivé, hypnotisé, transporté…même si au départ et pendant une bonne partie de la lecture, je ne savais pas dans quelle catégorie classer ce livre, mais cela n’était en soi, nullement important : j’étais bien, en phase, je prenais du plaisir à me laisser emporter-je ne savais pas où j’allais mais je m’en foutais !! Voyage en terre inconnue, goutant avec délicatesse et voracité ce moment de félicité- comme je l’ai dit précédemment, la lecture suffisait à elle même, le style, la gymnastique intellectuelle, les mises en abimes, l’ambiance,…



La Beauté de ce livre…



la Beauté émouvante, celle qu’on ne peut exprimer ou faire comprendre, celle qui prend aux tripes, les yeux embués quand on découvre une œuvre d’art, la Nature, une étoile filante, un air de musique, que sais je…enfin si je sais, juste pour vous alors, si je puis me permettre, une petite perle de youtube qui me transporte et me fait monter les larmes aux yeux Max de Paolo Conté sur un court métrage en noir et blanc :



http://www.youtube.com/watch?v=i9Bljfo94rs



Et merde, revoilà que je chiale…sorry



Mélange de biographie, de physique quantique, de philosophie, de réflexions, expérience existentielle hors du commun…et puis, d’un coup, tout s’explique, tout se met en place…sauf que, avec le recul, tout est déjà mis en place, depuis longtemps…La Claque !!!! (Ai eu cela avec un excellent film dont je tairais le nom car cela pourrait aussi déflorer ce merveilleux livre)



J’ai encore bien d’autres choses à rajouter mais là aussi, je risque de déflorer l’histoire.



Bref, un style magique, lucide et hermétique, œuvre au noir, Le Solve Coagula de la 15eme lame du tarot, un conte entre folie et réalisme, spirale vertigineuse, une fable existentielle, une parenthèse enchantée, un cheminement doux amer, un livre d’une beauté, d’une sensibilité rare, d’une justesse, une perle, un trésor, un moment de béatitude, limite mystique…une apothéose dont j’ai encore du mal à m’en remettre et à atterrir, une boule toujours coincée dans la gorge, les yeux brouillés.



Cœur et âme marqués au fer rouge…pour toujours et dans toutes les réalités.



Maintenant, je pense que ce livre risque de partager:soit ça passe et on adhêre à 100%, soit ça casse et il est grillé...bref, il ne laissera pas indifférent...à suivre donc.



En tout cas,mon coup de cœur 2013, celui qui éjecte mon grand copain Mickey des livres pour une ile déserte…sauf si les Démiurges de Babelio décident d’augmenter la taille du sac de voyage…avec la miniaturisation, pourquoi pas ;-)



Fred-Fichetoux-Beg…en toute humilité

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Le chat de Schrödinger

Il m'arrive parfois d'emprunter des livres à la médiatheque pour une raison bien précise (challenge Babelio, auteur dont j'ai entendu parler...) puis d'oublier ensuite totalement la raison qui m'avait fait les choisir. Il arrive aussi assez souvent que mes lectures résonnent particulièrement vivement avec ma vie personnelle. Et parfois ces deux occurrences se produisent successivement.





C'est le cas avec ce chat de Schrodinger (animal dans le titre ? Non vraiment je ne sais plus) qui s'est trouvé sous mes doigts dans le sac rempli à la va vite pour mon voyage de retour vers la famille du Nord où je m'en allais partager quelques moments avec ma mère qui s'apprêtait à nous quitter. Il m'arrive parfois de lever un pan du voile sur ma vie personnelle dans mes chroniques et j'ai beaucoup hésité à le faire ici de peur d'être impudique mais c'était tellement l'occasion de parler de ce lien que nous entretenons avec les livres dans les moments charnières que nous traversons que je me suis autorisé à le faire.



Si on devait donner le sujet principal de ce livre on n'évoquerait peut-être pas le deuil. On parlerait sans doute de vulgarisation scientfico-psychologique mélangée à de l'auto-fiction dont l'auteur est apparemment un des maîtres et précurseurs. Et c'est bien dans cette part autofictionnelle que ce deuil apparaît, deuil d'un enfant malade qui traverse à ce que j'en ai compris toute l’œuvre de l'auteur.



J'ai trouvé ce livre très bien écrit, diablement intelligent et totalement bienvenu pour moi dans ces moments où on vient s'interroger sur le sens de sa vie et au delà de LA vie. Cela m'a permis, tout en restant focalisé sur les pensées qui m'habitaient, de décaler mon regard, de nourrir ma réflexion, de m'enrichir de l'érudition et de l'expérience d'autrui. le ton est très humain, bienveillant, modeste, tout ce dont j'avais besoin dans ces moments où la lecture devient parfois complexe tant la tête est embrumée.



Commencée à l'aller, ma lecture s'est terminée dans le train du retour. Cette critique est écrite dans le train du voyage qui me fait de nouveau revenir pour les obsèques, merci donc chaleureusement à Philippe Forest de m'avoir épaulé dans ces chemins ferroviaires et intérieurs, me permettant ainsi de ne pas m'égarer dans les méandres des idées noires.
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Le nouvel amour

« Vertige de l'amour, désir fou que rien ne chasse.

Vertige de l'amour… »

Vous l'entendez ce célèbre refrain d'Alain Bashung ?

Il colle bien je trouve à la réalité de l'auteur-narrateur du roman le nouvel amour qui se tient au bord du gouffre depuis que sa fille Pauline est morte à l'âge de trois ans.

Face à l'incompréhensible néant, il y a deux possibilités : sombrer ou « ne pas donner raison à la mort » et « s'arranger afin de lui échapper le plus longtemps possible ». Alors, si la vie reprend le dessus, il est possible que l'amour réapparaisse.



« Tant que dure la vie, tout peut recommencer. Et ce recommencement est une grâce aussi. »



C'est le propos de ce récit : la naissance d'un nouvel amour, incarné par Lou, tandis que persiste celui pour sa femme Alice, la mère de Pauline. Insolite situation qui n'a cependant rien à voir avec une cohabitation ou un banal adultère. À vous de le découvrir !



Infiniment tendre et sincère, l'auteur n'occulte rien de l'évidence amoureuse du début, des embrasements de la passion jusqu'aux prémisses du déchirement. Ce sont d'ailleurs, selon moi, les deux premiers tiers du récit qui valent le détour et font que ce texte est tout sauf banal.

Tour à tour poétiques, poignantes, sensuelles, sexuelles voire franchement crues, les variations de la passion sont prenantes, sonnent incroyablement juste et questionnent sur le pourquoi de l'amour, la mort, la vie finalement.



Un petit bémol cependant : la fin du roman m'a paru un peu moins limpide, plus centré sur la justification de l'écriture d'un tel ouvrage. Mais comme le fait si bien remarquer le narrateur : « Nous avions fait ce que nous avions pu »,  « Nous avions tenté de rester vivants. »

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Tous les enfants sauf un



Philippe Forrest a perdu une petite fille de 4 ans, cancer, et il écrit, non pas par calcul littéraire ou par fascination morbide. Pour écrire sur son chagrin, celui de sa femme, celui de son père, celui des soignants, celui, plus général et indiscutable, de ceux qui partagent « l’extraordinaire immobilité du chagrin, l’effarement inaltéré devant la vérité. »

La plupart des médecins pratiquent pourtant, à force de voir mourir, une politique volontariste de la bonne humeur masquant une « interminable tristesse. »



Philippe Forrest analyse : pourquoi la mort d’un enfant ? Autant on peut imaginer qu’une mauvaise vie, un pessimisme récurrent, des problèmes pas résolus et latents, le désir inconscient de mourir, justifient pratiquement le cancer, autant la pensée, quand il s’agit d’innocents, est stoppée. Le cancer, dit Forrest, « frappe aveuglément sans se soucier de savoir qui est digne de vivre et qui mérite de mourir ». De plus, dit-il, les exhortations à lutter contre la maladie en fait une sorte de mythe dénoncé par Suzan Sontag. Non, il n’y a pas de justice quant on parle de la mort, pas de culpabilité à avoir, pas de pardon à demander, pas d’attitude propice à la guérison.



Cela advient.

La mort , surtout celle d’un enfant, alors que l’on voudrait absolument la partager , en parler, car c’est ainsi que je comprends les livres de Philippe Forrest, tournant autour de cette infamie, touche cependant aux règnes du sacré, dans les sociétés primitives étudiés par Frazer, comme dans notre société qui se prétend moins primitive.

La mort, tabou, mieux vaut s’en éloigner, l’enfouir pour éviter la contagion.

Le chagrin porte en lui une réprobation devant l’insouciance des vivants, mais comment pouvez vous continuer à danser, comme si ce qui vous attend n’existe pas ?



Pourtant, ce livre ne reproche rien à personne, lui aussi a continué de vivre, et d’écrire ; il affirme que le chagrin de la perte d’un enfant ne se guérit jamais, mais on continue.

Ecrire l’a-t-il sauvé ? NON.

Peut-on le consoler ? NON.

Cependant, dit-il, « que vaudrait un livre sec et sans larmes ? »

Philippe Forrest nous donne un livre de philosophie, avec ses doutes, sur, en premier, la question de si écrire plusieurs livres sur la mort de sa fille ne cachait pas un désespoir plus profond, celui de vivre.

Doutes du philosophe.

Ce livre, au moment où je pleure la mort d’un de mes meilleurs amis, Jean Paul, et où je choisis de partager mon chagrin, m’émeut encore plus à sa relecture.

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Napoléon : La fin et le commencement

Le jeune Bonaparte, puis Napoléon Ier, de son sacre en 1804 à sa défaite à Waterloo en 1815, a fait l'objet d'une littérature abondante, à laquelle se rajoutent de nombreux ouvrages à l'occasion du bicentenaire de son décès, le 5 mai 1821 sur l'île Sainte-Hélène.

Avec « Napoléon, la fin et le commencement », Philippe Forest se livre à un exercice intéressant et interroge ce personnage complexe qui a fait couler beaucoup d'encre depuis deux siècles, étant parfois considéré comme héritier de la Révolution qu'il prétendait exporter dans toute l'Europe, mais plus souvent comme un despote ambitieux et sanguinaire. Peu d'hommes ont connu dans l'Histoire moderne une gloire comparable à celle de Napoléon Ier. Son destin s'est accompli en moins de vingt ans, de son départ pour l'armée d'Italie (1796) à celui pour Sainte-Hélène (1815). Parfois encensé, souvent méprisé et détesté, l'homme encombre et rares sont ceux qui osent aujourd'hui se revendiquer de son héritage.

Napoléon a enflammé l'imagination des écrivains mais est-il vraiment celui qui est si souvent décrit ? Forest n'essaie pas de répondre à cette question, et loin de partir à la recherche du vrai Napoléon, nous fait découvrir ce héros tragique à partir de ses propres lectures, à travers divers auteurs : Hugo, Stendhal, Chateaubriand, Nietzsche… ou plus récemment Philippe Tesson.

Napoléon a été l'homme de grandes victoires et surtout de terribles défaites et d'horribles carnages, mais Forest prend soin de ne pas prendre parti. On apprend ainsi que Napoléon était passionné de lectures, dont celle de Jean-Jacques Rousseau, et aimait la tragédie où la fin ne pouvait être que la mort du héros. En citant ces vers de Cinna (1643), Forest nous fait comprendre pourquoi Corneille était l'auteur préféré de Napoléon :

J'ai souhaité l'empire, et j'y suis parvenu ;

Mais, en le souhaitant, je ne l'ai pas connu :

Dans sa possession, j'ai trouvé pour tous charmes

D'effroyables soucis, d'éternelles alarmes,

Mille ennemis secrets, la mort à tout propos,

Point de plaisir sans trouble, et jamais de repos.

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Crue

Ça aurait pu donner une nouvelle d'une cinquantaine de pages intéressante. Cette immersion d'un narrateur, qui, après le deuil de sa fille, survit plus qu'il ne vit, dans un quartier fantomatique, l'atmosphère qui se dégage du lieu, la transformation du quartier qui se scinde en deux, ville-haute et ville-basse, la rencontre avec deux personnages mystérieux aussi bien que tourmentés, la thématique de la disparition, la thèse de l'épidémie... Tout ça, c'était de la bonne matière.



Bon, pas de chance, une bonne partie de ces thèmes ont déjà été traités par d'autres auteurs, et, en particulier, de façon assez magistrale en bande dessinée dans le cycle des Cités obscures de Benoît Peeters et François Shuiten (la ville qui semble un artifice, la propagation d'un syndrome lié à la cité, , la perte d'identité, la ville scindée en deux, etc.) Il ne restait qu'à Philippe Forest de faire aussi bien, tout en proposant autre chose. Hum.



Et il en a fait autre chose, c'est certain. D'ailleurs, lui-même prétend jouer ici avec les codes du fantastique. Alors, je veux bien qu'il flirte de loin avec le genre, mais enfin, n'est pas Lovecraft qui veut et tout le monde n'est pas capable de le renouveler, ce genre. Malheureusement, ici, le fantastique se limite à une simple ambiance de fond, à un vague prétexte, qui s'efface vite au profit d'une métaphore grandeur nature un peu trop tape-à-l'oeil. L'apogée est atteinte lorsque la montée des eaux coïncide avec les larmes, jusque-là refoulées, du narrateur. Ce n'est pas que je sois sans coeur et insensible à la douleur des autres, mais je serais bien hypocrite de taire l'ennui qui m'a tenue pendant presque toute la lecture du roman, première partie exceptée.



Crue, c'est aussi un constat, prenant l'urbanisation pour support, sur les changements de la société. Mais de ce côté, ça regorge un tout petit peu de platitudes et de passages moralisateurs, le narrateur se défendant constamment, et à grand bruit, de porter un jugement moral sur la société. Or ce jugement, il le porte pourtant bel et bien. Pas forcément à tort (le sort des clochards, des travailleurs immigrés), mais ça ne va pas bien loin, vu qu'il a visiblement peur de s'engager sur cette voie-là. Et les saillies faciles sur l'art contemporain en milieu urbain ou autres sujets, là non plus pas forcément à côté de la plaque, mais qui sentent tout de même leur petit côté beauf et réac, je pense qu'on aurait pu s'en passer. Ça n'apporte strictement rien au sujet principal. Pire, ça l'appauvrit.



Un mot sur le style. Un rien pompeux, agaçant. Philippe Forest nous prend par la main pour nous faire comprendre que le langage est sournois et traître, et qu'il est difficile de mettre en mots la pensée. Que rien n'est dit qui ne puisse se dire différemment. D'où le recours incessant à un procédé fastidieux ; il écrit une phrase, qu'il fait suivre d'un "ou :", d'un "ou encore : ", d'un "ou bien :", d'un "je veux dire :", locution qui est elle-même suivie d'une autre phrase qui reformule la première. Par exemple (oh, mon Dieu, voilà que j'écris comme Philippe Forest !) : "Car telle était encore plus ou moins la physionomie de la ville quand je m'y suis installé. Ou plus exactement : elles étaient en train de changer." Bon, on a vite compris l'intention, donc l'émaillage constant du texte par cet artifice devient rapidement éprouvant.



Donc, nous voilà avec sur les bras un livre qui distille une ambiance brumeuse, ce qui est plutôt réussi, un livre sur le deuil, la perte, avec un propos que l'auteur tente de rendre universel - c'est dit avec beaucoup d'insistance - mais qui se compromet peut-être trop du côté de l'autofiction pour me toucher. Et un récit qui s'étire, qui s'étire, qui s'étire encore et encore, à tel point qu'il finit par se déliter complètement. Alors certes, cette utilisation de la désagrégation dans l'écriture est voulue, l'histoire tendant vers une conclusion qu'on voyait venir depuis le début : tout, tout le monde, disparaît. Philippe Forest prétend avoir capté une vérité. Oui, il ose.



Voilà, je sens que je vais me faire des amis chez Gallimard, moi...







Masse Critique privilégiée
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Le chat de Schrödinger

"L'expérience du chat de Schrödinger fut imaginée en 1935 par le physicien Erwin Schrödinger, afin de mettre en évidence des lacunes supposées de l'interprétation de Copenhague de la physique quantique, et particulièrement mettre en évidence le problème de la mesure."

"Erwin Schrödinger a imaginé une expérience dans laquelle un chat est enfermé dans une boîte avec un dispositif qui tue l'animal dès qu'il détecte la désintégration d'un atome d'un corps radioactif ; par exemple : un détecteur de radioactivité type Geiger, relié à un interrupteur provoquant la chute d'un marteau cassant une fiole de poison — Schrödinger proposait de l'acide cyanhydrique, qui peut être enfermé sous forme liquide dans un flacon sous pression et se vaporiser, devenant un gaz mortel, une fois le flacon brisé.

Si les probabilités indiquent qu'une désintégration a une chance sur deux d'avoir eu lieu au bout d'une minute, la mécanique quantique indique que, tant que l'observation n'est pas faite, l'atome est simultanément dans deux états (intact/désintégré). Or le mécanisme imaginé par Erwin Schrödinger lie l'état du chat (mort ou vivant) à l'état des particules radioactives, de sorte que le chat serait simultanément dans deux états (l'état mort et l'état vivant), jusqu'à ce que l'ouverture de la boîte (l'observation) déclenche le choix entre les deux états. Du coup, on ne peut absolument pas dire si le chat est mort ou non au bout d'une minute.

La difficulté principale tient donc dans le fait que si l'on est généralement prêt à accepter ce genre de situation pour une particule, l'esprit refuse d'accepter facilement une situation qui semble aussi peu naturelle quand il s'agit d'un sujet plus familier comme un chat."

Merci Wikipédia!





Prenons maintenant une lectrice d'une quarantaine d'années, ni brillante, ni complètement stupide, bref une lectrice normale (c'est à la mode) et enfermons-la dans une boite (ou dans son salon, elle aime son petit confort) avec ce livre entre les mains...Nul besoin de gaz mortel ou autre poison à l'état solide, liquide ou gazeux pour savoir qu'elle est morte. Car, oui, ne rien comprendre tue! Aussi sûrement qu'un marteau relié à un interrupteur lui-même relié à un compteur Geiger, etc. Et la lectrice ne comprend rien. Elle s'accroche pourtant. Elle lit, revient en arrière, relit, mais rien y fait, elle est totalement hermétique, imperméable, bouchée quoi! Alors dans un réflexe de survie bien naturel, elle pose le livre et abandonne là une lecture qui tenait plus de la torture que du plaisir.

Le chat de Schrödinger ou le livre qui explique pourquoi on n'a jamais pris 5 minutes pour s'intéresser à la physique quantique. Parce que c'est c..... tout simplement!





PS. Le livre ne se concentre pas autour de l'expérience de Schrödinger. Il y a aussi un homme dans son jardin, le soir, qui observe un chat surgi de l'ombre, enfin plus spécialement quelque chose "qui a pris la forme d'un chat" et qui certains soirs sort de l'obscurité du fond du jardin....
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L'enfant éternel

L'enfant éternel, c'est Pauline, la fille de l'auteur, atteinte d'un ostéosarcome à l'âge de trois ans. Son récit est un mélange de ses moments à trois, d'une douce mélancolie, de la construction d'un fort souvenir. Philippe Forest rapporte avec beaucoup de précisions les mots d'enfants de son enfant, la force de caractère de cette petite fille qui croit au Père Noël et en Peter Pan. Les espoirs donnés et repris, les petites joies éphémères : la visite d'Eurodisney, l'acquisition d'un petit animal... Beaucoup d'émotions dans ce témoignage sur ces moments difficiles, on sent tout l'amour porté par les parents de Pauline mais aussi de tous ceux qui se retrouvent dans ces situations impossibles. Bouleversant.
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Crue

« Est enim magnum chaos ».



Le monde de Philippe Forest est un monde dévasté par le deuil, hanté par la perte et la disparition : le premier tiers du livre nous engloutit d’abord dans une immense dépression, celle du narrateur qui vit comme un zombie depuis la mort de son enfant , morte à quatre ans - comme l’auteur lui-même qui, de livre en livre, ne cesse , avec opiniâtreté et une grande cohérence, de creuser le sillon de ce deuil de toutes les façons possibles et dont l’œuvre se définit et s’origine dans cette catastrophe. La même perte a laissé le narrateur de CRUE sans foi dans l’existence.



J’ai tout de suite été comme magnétisée par cette écriture blanche sans pathos, sans ironie et pourtant si profonde, si viscéralement juste, que j’avais l’impression à chaque ligne d’apprendre des choses fondamentales sur moi …et sur tout le genre humain.



Mais c’était presque trop : j’ai laissé mijoter ce premier tiers, et coupé court à mon vertige en lisant d’autres livres. Mais j’y suis revenue aujourd’hui, et j’ai tout lu d’une traite, fascinée, touchée, emportée.



Submergée serait le terme plus juste, puisqu’il s’agit d’une crue, la crue centennale d’une ville spectrale, de toute évidence Paris, dans un quartier en pleine rénovation où j’ai cru reconnaître le XIIIème du côté du quai de la gare, où quelques immeubles anciens se dressent encore comme une vigie du temps passé sur le relief futuriste des tours et le vaste océan des zones bétonnées et des chantiers chaotiques…



Une crue annoncée, incantée, prophétisée, mais à laquelle l’homo urbanicus ne veut croire, jusqu’à ce qu’elle arrive, telle un déluge punitif envoyé par la Nature outragée.



Sauf que, pas plus que le roman n’est une confidence sur le deuil, la perte irréparable d’un enfant, CRUE n’est pas non plus un roman écologiste. Pas du tout, même.



Il est question de croire, (crue est aussi le participe passé de ce verbe, qui revient comme un leit-motiv dans cette fable mi-intimiste, mi-philosophique) - et c’est d’ailleurs sous cette forme sémantique que le mot « crue » , malicieusement, clôt le livre.



Quand on ne croit plus à rien, quand on croit que le rien , le néant grignote notre vie , il est tout à fait étrange que soudain des choses nous arrivent qui semblent porteuses de sens, qui semblent même nous faire signe.



Surtout dans un univers happé par le vide, dans un monde où les enfants meurent, les mères disparaissent, où les chats s’évaporent, où les foyers de réfugiés brûlent provoquant la disparition de leurs hôtes, happés par le vide des rues sans abri, dans un quartier désert et sans âme où seules brillent deux lumières et où résonne le clavier d’un unique piano.



Et il est encore plus étrange que ces deux lumières correspondent à deux présences, à deux rencontres, à deux histoires, surtout quand ces histoires, ces rencontres adviennent à notre narrateur désenchanté…



Dès lors cette femme, cet homme rencontrés et fréquentés, successivement, chaque nuit, pendant dix jours semblent porteurs d’un message.



Surtout quand leur conjointe disparition précède de peu la grande catastrophe..



Non, Crue n’est pas non plus une sorte de roman gothique à l’anglaise- encore que la référence à un roman gothique anglais ne soit pas si inappropriée.. mais je vous laisse découvrir en quoi- c’est un roman poétiquement fantastique, d’un fantastique intérieur, une sorte de fantastique « mental ».



En le lisant j’ai souvent pensé à Solaris , un très beau film russe, de Tarkovsky, je crois, assez impénétrable mais très pénétrant, où une planète-océan charriait, comme une sorte de cerveau liquide, , toute la nostalgie et les souvenirs des hommes dans ses replis et ses énormes tourbillons…



La ville imaginée par Philippe Forest est comme déréalisée par le désespoir de celui qui l’habite, et son improbable rencontre avec un désir -la femme- et avec une prophétie - l’homme- redonne soudain à sa vie la foi qui lui manquait : quelque chose lui arrive, enfin, pendant dix jours, et c’est beaucoup.



Une foi hésitante, rien à voir avec la religion, une foi en soi-même peut-être, en son pouvoir d’user des mots..



Il ne sait comment la nommer, mais la catastrophe annoncée a bien lieu.



La crue, littéralement, le fait croire à une fable, à une fiction, comme à une vérité « toute crue ».



Cette crue, il en réchappe : il est mûr pour d’autres rencontres, pas si anodines qu’elles en ont l’air, pour d’autres échanges, plus apaisés.



Et pour un livre peut-être…



CRUE est un livre –gigogne, plein de sens, d’apologues, de richesse. Pas toujours facile à lire- la dépression du début demande un cœur bien accroché. Mais un livre puissamment original, follement bien écrit, qui fait rêver , qui fait penser.



Un des meilleurs livres de cette rentrée 2016, pourtant assez riche en bonnes surprises, en ce qui me concerne.

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Le siècle des nuages

Philippe Forest nous propose de traverser le temps et de trouer l'épaisseur des nuages pour évoquer les 77 ans d'une vie d'homme, celle de son père, aviateur - pilote de chasse pendant la seconde guerre mondiale puis la paix revenue, commandant de bord pour Air France, mais aussi de  retracer L Histoire universelle mouvementée du XXè siècle à travers l'histoire de l'aéronautique. On y croise rapidement ou plus longuement les figures héroïques de l'aviation Ader, Blériot, Nungesser, Lindbergh, Mermoz, Saint Exupéry… Une lecture bien trop hâtive, qu'il me faudra reprendre, peut être un jour, pour en apprécier toute la profondeur et la quintessence de l 'écriture .
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L'enfant éternel

La petite Pauline se plaint d’une douleur au bras par moment. Rien de bien inquiétant, mais lors d’une visite de routine chez sa pédiatre, cette dernière juge plus prudent de s’assurer que l’enfant ne souffre pas d’autre chose… Après une radiographie et des examens complémentaires, le couperet tombe : Pauline est atteinte d’un cancer des os.



Philippe Forest raconte la perte de son enfant, des quelques mois précédant l’annonce de la maladie jusqu’à la fin, pour qu’il reste une trace de sa toute petite fille qui n’a pas eu le temps de grandir. Au lieu de larmes, ce sont des mots qui coulent, des mots qui veulent mettre sur le papier la vie de Pauline, ses rires, ses peurs, ses apprentissages, ses joies, sa passion pour Peter Pan qu’elle finira par rejoindre au Pays Imaginaire, là où les enfants ne grandissent jamais.

Le monde hospitalier est également très présent dans le livre, décrit comme un monde à part, qu’on ignore superbement jusqu’à ce que l’on soit contraint d’y passer ses journées au chevet de son enfant. Les sonneries des machines remplacent le chant des oiseaux et les murs de l’hôpital se dressent comme des blindages sur lesquels le monde extérieur se heurte indéfiniment.

Par le biais des réflexions de l’auteur sur le sujet, la littérature est aussi présente dans ce roman, notamment Hugo et Mallarmé qui ont beaucoup écrit sur le thème de la perte d’un enfant.



Philippe Forest tente de faire de sa fille « un être de papier » et nous livre un récit très personnel, intime, qui fait revivre Pauline l’espace de quelques centaines de pages dans les cœurs et les esprits des lecteurs.

Loin des livres de type « témoignage » racoleurs, l’Enfant Eternel est taillé dans une matière douce et délicate, remplie de poésie. Sobre et d’un style très littéraire, ce roman décrit avec sensibilité et pudeur la vie qui s’en va… ce sont juste les mots d’un homme profondément accablé par la perte de l’être le plus précieux du monde pour lui.



En tournant la dernière page, j’ai quitté Pauline et cette tragédie familiale le cœur serré, mais j’ai été également touchée par la grâce et la beauté de cet hommage.

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Sarinagara

Philippe Forest nous fait voyager à travers le temps avec son roman Sarinagara. A travers des interludes à Tokyo, Kyoto et Kobe, l'auteur nous partage dans ce roman très autobiographique le deuil de sa fille unique qu'il l'a conduit à rechercher un nouveau sens à sa vie au Japon. Ces trois différents voyages sont entrecoupés par trois parties distinctes qui correspondent à trois portraits d'hommes japonais qui ont su marquer l'histoire de leur pays. On y découvrira Kobayashi Issa, grand maître haïku de la fin de la grande période Edo (XIXe siècle), Natsume Sôseki, considéré comme le précurseur du roman contemporain japonais (fin XIXe siècle et début Xxe) et dont on retrouve le visage sur les billets japonais et Yamahata Yosuke, photographe connu pour ses photos de l'après-Nagasaki. Ces trois portraits nous amènent de nombreuses réflexions autour de la mort et du deuil. Ces trois hommes ont le point commun d'avoir vu leur vie ébranlée par la perte de proches ou par des visions de morts très difficiles.



En plus d'être très intéressant et enrichissant par les différents portraits qu'il présente, Philippe Forest nous propose, avec ce roman très personnel, une plume fabuleuse. Il utilise les mots de façon très belle et très poétique. Loin de vouloir nous en mettre plein la vue, Philippe Forest utilise les mots pour nous toucher directement au cœur. Même en n'ayant pas été touché par la même tragédie, on ne peut qu'être ému par ce texte. Ce roman ne cherche pas à nous faire couler les larmes, loin de là, c'est un roman plein de sérénité et d'apaisement.



Sarinagara est un roman pris complètement par hasard sur les étagères de la bibliothèque que je fréquente. N'ayant jamais entendu parler de ce roman, je suis heureuse d'être tombée dessus et je le recommande vivement.
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Le siècle des nuages



Un fils connait il son père, peut il entrer dans son histoire, comprendre le sens que celui ci a donné à sa vie, deviner ce qui le tient debout? Pour Philippe Forest, la réponse est non, et, puisque, l’âge étant venu avec aucun espoir que cela s’arrange, son père déclarant : « la vieillesse, un naufrage » il recherche les dates de sa naissance, de la rencontre romanesque avec sa mère, de leur mariage, il reconstitue ce qu’a pu être la vie de son géniteur, après le naufrage définitif, cependant en n’étant sûr de rien, en n’écartant pas d’autres vies possibles, en essayant de s’approcher le plus possible du vraisemblable.





Son père était pilote de ligne, au moment de la création de l’aviation, au moment où l’aviation cesse d’être un art de la guerre, une machine meurtrière destinée à terroriser, pour devenir un voyage à travers les nuages, les merveilleux nuages, un symbole de la liberté et de l’unification du monde. Et cette vie dans les nuages, par sa complexité, devient irracontable, le père est plus souvent en l’air que sur terre avec la famille qu’il a fondé. D’ailleurs, lorsque les enfants entendent parler d’Anchorage et de Karachi, ils savourent la poésie du nom, mais ne cherchent pas plus loin. Impossible dialogue entre parents et enfants, communication sans mots, et qui trouve un dénouement tragique quand une des petites filles de 4 ans meure, nous savons que c’est la fille de Philippe Forest, crucifié par ce drame qu’aucune raison ne peut accepter, la mort d’un innocent.



Philipe Forest, en un langage digne de Proust, qu’il connait parfaitement, tisse l’histoire de ce père lointain -qui très certainement est mort à cause de la mort de sa petite- avec l’histoire de l’aviation, de ses différents héros, de l’anti héros(Lindbergh, lui aussi ayant perdu son fils, et devenu nazi, )de ses dangers, des crashs divers et des disparitions sans explication ainsi qu’avec l’histoire qui a ponctué le siècle dernier en France: l’exode, les bombardements, l’occupation.



Proust n’est pas nommé par hasard, lui qui a offert à son amant un aéroplane, amant qui s’est tué en mai 1914 ( les dates, toujours, puisqu’ on ne s’accroche pas à l’espérance d’une vie après la mort, il faut s’accrocher aux dates de cette vie ci, pas une autre.)Et Proust écrit Sodome et Gomorrhe ; lorsqu’il aperçoit dans l’or et le bleu du ciel un avion « à ses yeux comme un fantôme ami dont le pathétique passage dit à la fois , et c’est cet « à la fois »qui compte, l’adieu irréparable à la vie et le salut célébrant la nécessaire et nouvelle naissance du monde », commente Forest.



Forest, avec son chagrin intégral, la perte, prie sans mot, puisqu’il n’espère aucune consolation donnée par les mots, puisqu’il ne croit pas en un autre monde de salvation, aucun secours non plus en la croyance en un autre monde, cependant ne serait ce que « sous la forme mutique d’une prière faite par n’importe qui et pour personne, » les mots doivent être dits.



D’où son roman, pas facile au premier abord, un peu comme les différentes expériences que nous faisons d’autrui. Philippe Forest essaie de faire connaissance avec son père, se souvient même de petits gestes ( faire une croix sur la miche de pain, pleurer son chien « et pleurant sur l’insignifiance pathétique de cette mort comme pour témoigner, un instant et pour l’éternité, du long, amer et inexpiable chagrin de la vie ».) et nous présente un livre bouleversant.

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Napoléon : La fin et le commencement

Lors de l'avant-dernière masse critique, il y avait un nombre important de livres traitant de Napoléon. Bicentenaire de la mort de l'empereur oblige !

Pour qui s'y intéresse, il n'y avait que l'embarras du choix...

J'avoue que j'ai eu beaucoup de chances de choisir l'essai de Philippe Forest et d'avoir été sélectionnée. J'en profite pour remercier Babelio et les éditions Gallimard.



Napoléon , La fin et le commencement n'est pas vraiment une biographie à proprement parler. C'est un essai qui interroge plutôt sur l'identité de cet homme "légendaire " , sur cette image de lui tant controversée et dans une moindre mesure sur l'héritage qu'il laisse à la France.



Qui était donc Napoléon ?

Se sentait-il Corse, Italien, Français ?

Se prenait-il pour Jésus, pour Alexandre ? Ou était-il juste disciple de César, ou élève de Machiavel ?

Etait-il le successeur de Robespierre, tyran au service des idées de la Révolution ou plutôt plus royaliste que le roi lui-même ?

A quel moment devint-il Napoléon reniant Bonaparte ?



Autant de questions passionnantes auxquelles Philippe Forest répond avec intelligence et sans parti pris, étayant largement ses propos à travers les écrits de grands écrivains, comme Balzac, Stendhal, Chateaubriand, Victor Hugo ...

J'ai trouvé intéressant de se fier à la parole des écrivains sans pour autant négliger celles des historiens. L'Histoire en tant que discipline est tellement complexe et biaisée et on a tellement tout dit sur Napoléon - tout et son contraire - qu'aborder ce sujet sous un angle littéraire est une très bonne idée !



Pour moi qui n'avait jamais lu de biographie sur Napoléon, cet essai m'en a donné l'envie.

L'envie aussi de relire Les Misérables et de passer un peu moins vite sur le livre premier de la deuxième partie !





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Crue

Magnifique, un vrai coup de coeur pour moi ! Quelle belle langue, quel univers, quelle atmosphère, quelle musicalité !

Je suis à contre courant, il me semble, d'après les avis que j'ai entraperçus de ce roman...

J'ai aimé l'écriture fluide, les descriptions vives, pointues et brillantes qui m'ont fait plonger dans ce décor désolé, le fait que l'auteur prenne le lecteur à partie, le suspense que l'auteur entretient parfaitement, les réflexions qui sont nées de cette lecture sur le comportement humain, sur les jugements arbitraires des hommes entre eux, naturels en somme, je crois, par souci d'autoprotection peut-être, sur les impacts des actions des hommes sur la nature et l'environnement.

J'ai aimé le regard que l'auteur pose sur la mort, sur la perte d'un enfant, d'une mère, les sentiments, la douleur, les réactions qui en découlent...j'ai bu ces courts passages, ravivant des souvenirs chez moi et rendant cette lecture douloureuse parfois, mais à la fois si belle. Certains aspects, certaines attitudes que l'auteur décrit ont sonné tellement justes pour moi.

«Une minuscule contrariété suffit parfois. Tout l’échafaudage mental que l'on a construit au cours de sa vie et qui confère son apparente solidité à la structure de son cerveau semble vaciller. Une petite pièce manque quelque part à l'ensemble qui se met à branler et menace de basculer de tout son long. C'est ainsi que l'on devient fou, le crois. Littéralement : pour rien.»

Enfin, j'ai adoré l'atmosphère irréelle et étrange dans laquelle l'auteur nous plonge, «Il donnait à qui le contemplait l'impression de se tenir devant un paysage qui fût en même temps d'avant la création et d'après la fin du monde.», «Tout paraît faux. Et c'est parce que tout est vrai.», la justesse de l'analyse des comportements humains, quand par exemple, l'auteur évoque l'incrédulité ressentie face à une catastrophe. quand les hommes deviennent spectateurs heureux, jouissant devant un "spectacle" tragique, des hommes qui sont justement comme au spectacle alors que se joue un véritable drame devant eux.

Le narrateur évoque les faits avec distance dans un premier temps, donnant une idée générale de ce qui est entrain de se dérouler, pour mieux ensuite s'inclure dans ces événements, s'y immerger, nous faire partager son ressenti, son analyse de ce qu'il nous a donné dans un premier temps à observer...et, par ce procédé, donne au lecteur l'impression de les vivre aussi.

On pourrait avoir le sentiment de redite, ce ne fut pas mon cas ;-)



Un grand moment de lecture, magique, un pur bonheur, des sensations, des frissons, des souvenirs ... une plongée dans le "fantastique" cycle ... de la vie.

Un grand MERCI M. Forest !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Je reste roi de mes chagrins

-Roman qui aurait pu être un essai philosophique, mais qui est écrit et présenté comme une

pièce de théâtre sur laquelle plane l'ombre de Shakespeare...

-1954

-une scène de théâtre, un vieil homme assis vu de dos; lui faisant face un peintre devant une

grande toile.

-Ph.Forest démontre que les évènements de la vie se renouvellent toujours de la même

manière pour les individus, la manière de les raconter diffère seulement, et ce à travers les

siècles, comme toute pièce de théâtre.

-la seule chose importante qui reste lorsque tout et dit et répété, c'est le chagrin que chaque

individu ressent et qu'il est impossible de partager.

Ce livre exigeant mais très beau raconte donc la création d'un portrait de W.Churchill : il a

80ans et va se retirer dans son domaine de Chartwell, le gouvernement anglais va lui offrir à

Westminster ce portrait commandé à un peintre à la mode de l'époque Graham Sutherland.

Une relative complicité va s'établir entre les 2 hommes, jusqu'à parler de leur immense

malheur intime: ils ont tous deux perdu un jeune enfant (Ph. Forest également).

Le Vieux Iion s'épanche, raconte ses échecs, ses victoires, ses regrets.

Pendant ce temps, le peintre produira un tableau dégradant aux yeux de son modèle et il

sera même réputé "infamant", il aura d'ailleurs conscience de trahir l'homme qui lui fait

face. Il épouse l'art à la mode à cette époque, et puis il sera grassement payé...

Le portrait revenu à Chartwell a probablement été brûlé par Mme Churchill, mais il en reste

une photo que le lecteur trouvera facilement sur Internet.

Ce livre est écrit comme une pièce de théâtre , un prologue remplace la préface, puis les

actes et les scènes se succèdent , comme différents chapitres.

"Mais si le monde est une scène, si nous y sommes tous des comédiens, y tenant notre place

jusqu'à ce que s'éteignent les dernières chandelles et que s'achève ce conte plein de bruit et

de fureur qu'un idiot raconte et en quoi consiste l'existence humaine, la seule manière juste

qui soit de montrer la vie consiste sans doute à lui donner-ou plutôt-; à lui restituerl'apparence

vraie, chaotique, incohérente et somptueusement insensée qui est ainsi la

sienne."

Il n'est pas facile d'entrer dans ce roman, l'adaptation se fait lentement, mais ensuite le

charme agit , et voilà le genre de livre qui ne s'oublie pas facilement.
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L'enfant éternel

"Non pas la mort dans son abstraction acceptable d'emblème... Mais ce corps précis avec son épaisseur de chair hier caressée, embrassée, avec ce visage dont le doigt pouvait suivre le dessin, avec autour de lui comme un écho persistant de mots, de rires, de promesses. Comment le laisser s'en aller ? Et vers où ? Vers quelle impossible dissolution ? Dans quelle solitude ?"



"L"enfant éternel" ce sont les mots insistants, légers et aimants offerts à un enfant, à une petite fille de 3 ans qui les redonnait tous à ses parents, ce sont les jeux, les lectures, les histoires (elle aimait imaginer Wendy s'envolant avec Peter Pan dans la nuit de Londres), tous les moments partagés, l'amusement, l'étonnement, l'insouciance, les rires,... C'est aussi l'histoire de leur lente et inexorable dissolution, disparition vers l'incompréhensible, le non-sens. C'est aussi tout le récit des thérapies, des opérations longues et lourdes, de la douleur qui s'immisce, la fièvre, la fatigue, les chambres d'hôpital, le personnel soignant, les médecins, l'espoir d'une chance, encore une... et cette douleur encore, ces racines noires et profondes d'un mal qui s'étend, jamais en sommeil.



"L'enfant éternel" est un récit des plus intimes, des plus touchants qui soit.

C'est une lecture que l'on ne peut appréhender sans une certaine disposition d'esprit. En découvrant l'histoire de Pauline et de sa maladie, j'ai souvent tenté de la maintenir dans sa réalité objective, dans un rapport distant pour mieux entretenir une proximité avec le récit, avec le quotidien de cette petite fille touchée par un mal profond et celui de ses parents tout proches, du ressenti de son père ici. Je le concède, cette distanciation de la lecture, cette mise en retrait n'a pas toujours été possible tant l'émotion vous emporte face à certains passages difficiles du livre.



C'est un livre que j'ai trouvé d'une profonde justesse et d'une pudeur remarquable. Philippe Forest déploie son récit dans une écriture tout à la fois objective et subjective, mêlant réalisme et intimité d'une manière très subtile.

"L'enfant éternel" est un livre qui confond autant son auteur que le lecteur avec lui-même. le quotidien, la séparation, la douleur, il était nécessaire pour Philippe Forest de les écrire, de les décrire pour donner un peu de sens à ce qui n'en a pas ou si peu : la longue maladie et la disparition d'un enfant.



Un livre bouleversant.
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Sarinagara

Un livre superbe que Philippe Forest baptise roman mais qui apparaît comme un objet littéraire qui tient tout autant de l’essai, de la biographie ou du journal.

Dans un roman précédent L’enfant éternel l’auteur a raconté comment Pauline leur fut enlevée à l’âge de 4 ans après des mois de souffrance.

Après ce deuil « Le Japon nous est apparu naturellement comme le lieu vers où aller au lendemain de la mort de notre fille ».

Ce voyage et ce séjour au Japon va servir de fil rouge à ce livre, fil rouge qui va réunir un poète, un romancier et un photographe japonais.



Trois hommes, trois vies qui sont elles aussi ébranlées par la perte de proches, d’enfant, ou par la position de témoin

Le premier le poète Kobayashi Issa le maître du haïku qui vit dans un Japon « qui a fermé ses frontières » dont la « vie est une longue errance, les voyages à travers le pays, la poésie, des poèmes par centaines et à côté d’eux, tout juste le labeur banal du malheur, de la misère. »

Philippe Forest nous présente le poète qui fait face au malheur, à l’écoulement du temps car « la poésie est le sentiment du temps » et qui cependant va être « le poète de la vie, des enchantements d’enfants et des éveils émerveillés dans la nature »



Nous sommes au monde

Et nous marchons sur l’enfer

Les fleurs le répètent



Toute sa vie de vagabond, de père attendri et meurtri, entre dans ses poèmes car dit Issa « si la poésie ne parle pas de ce monde alors elle n’est rien. »



Venons maintenant au romancier, Natsume Sôseki le père du roman japonais jamais remis de la mort de son premier enfant, évènement qui va inspirer son travail.

Cet écrivain, contemporain de Proust et de Kafka, écrit des livres étranges en particulier pour nous européens, romans qui témoignent d’ « une sorte d’effarement devant le mouvement s’accélérant du temps » .

Sôseki qui connaît l’exil en Europe, se marie de retour au Japon et « comme le malheur est patient » il voit disparaitre la plus jeune de ses filles, mort qu’il raconte dans un roman dont le sens du titre est « à l’équinoxe et au-delà (…) car il n’y a pas de raison pour un romancier que tout s’achève avec la vie. »



Le troisième homme est photographe, Yamahata Yosuke fut envoyé à Nagasaki immédiatement après l’explosion atomique et il rapporta des photos des ruines et des victimes.

Le 6 août est son anniversaire, il a vingt huit ans, il est affecté à une base comme photographe, parviennent des rumeurs de choses terribles qui se seraient produites, il n’est qu’à 160 km de Nagasaki et ses supérieurs l’y expédient pour faire des photos qui témoignent de l’explosion.

Il atteint « l’extrême limite au delà de laquelle plus rien n’existe »

Yamata « dut éprouver à quel point paraissent irréelles les choses les plus vraies »

Il fait des clichés des vivants et des morts, il dit n’avoir éprouvé aucune émotion, aucune pitié « c’est seulement plus tard que sont venus la souffrance et la honte ».

Ces photos furent longtemps tenues cachées, mais Yamata décida de les conserver, de les sauver.

A travers ses trois vies bouleversées par la perte, l’écriture ou les photos servirent de planche de salut comme l’écriture servit de tuteur à Philippe Forest.



Le titre de ce livre grave sarinagara signifie : pourtant, cependant, chute d’un des haïkus les plus célèbres d’Issa Kobayashi.

Ce livre exigera de vous un effort de lecture, il délivre un message non d’oubli mais d’apaisement. Une écriture portée à la fois par une douleur indicible et par la volonté de choisir le chemin de la sérénité.


Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Le deuil: Entre le chagrin et le néant

Entretiens de 2015, entre Vincent Delecroix, philosophe, spécialiste de philosophie des religions et Philippe Forest, essayiste, biographe, professeur de littérature contemporaine, et surtout écrivain depuis la mort de sa fille, de maladie, à l’âge de quatre ans.



Echanges sur ce que le deuil peut, « sinon signifier, du moins dire à chacun de nous ». Mais aussi sur la place que la société lui réserve, ou lui refuse, sur le sens que les religions, en particulier la religion catholique, donnent à la mort, sur les rites du deuil qu’elles ont élaborés, sur la « sagesse » prônée à l’heure où les religions périclitent.



Après avoir rappelé que le deuil est à chaque fois, pour chacun, une expérience singulière et « incommensurable » alors qu’elle est pourtant la plus fatalement partagée, Ph. Forest et V. Delecroix soulignent l’injonction faite par la société actuelle à l’endeuillé, de se remettre le plus vite possible ; car le deuil serait un accroc au tissu social, une atteinte à la cohésion, au confort, aux performances de son milieu. On aimerait qu’il sache faire, rapidement, pour le bien-être de la collectivité, l’économie de comportements affectés. Alors on serine « travail de deuil », « résilience » etc…

« Le discours psychologisant, par la généralisation qu’il implique, est dans la négation de ce singulier à quoi tient l’endeuillé et qui fait sens pour lui. »

«… on nous invite de toutes parts non pas à entretenir un commerce juste avec les morts (…) mais, afin de conjurer le malheur, à nous débarrasser d’eux comme s’ils constituaient un fardeau ou une menace. »



Dans un chapitre intitulé « Deuil collectif et devoir de mémoire », les deux interlocuteurs s’interrogent sur la fonction des commémorations, panthéonisations, hommages officiels aux grands hommes ou aux victimes de tueries, de génocides. Un deuil peut-il être collectif ?

Mais ils s’accordent sur le fait qu’ils exècrent les prétentions de certains auteurs à s’approprier « des évènements du passé pour se donner à eux-mêmes et donner à leurs lecteurs l’illusion gratifiante qu’ils en ont été les témoins directs (…) spéculant sur l’horreur à laquelle d’autres qu’eux ont été livrés, contrefaisant une vérité dont ils ignorent tout ». Je ne suis pas mécontente de voir confirmer et expliquer mon impression scandalisée d’indécence à la lecture de certains romans actuels…



V. Delecroix et Ph. Forest évoquent ensuite la difficulté de notre comportement « auprès de l’endeuillé ». Même s’ils constatent notre « impuissance essentielle » à consoler, ils reconnaissent la nécessité de la pitié et de la compassion, en redonnant la définition de ces belles notions qu’ils préfèrent à l’empathie, qui par son sens étymologique : « souffrir depuis l’intérieur, autrement dit ressentir la souffrance de l’autre depuis sa place » se révèle impraticable…



Ils s’intéressent au sens donné à la mort par les religions, la chrétienne en particulier. Et ils en constatent le déclin, ainsi que de la spiritualité de façon générale, s’inquiétant de l’espace ainsi laissé à « la résurgence agressive d’un religieux hyperviolent : une soif spirituelle dévastatrice, des réponses pauvres, une haine de la raison ».



Quant à la « sagesse » - à la fois résignation et jouissance - qu’il est à la mode de vouloir nous inculquer, ils la liquident en quelques phrases : imposture qui ne sert qu’à faire vendre des livres !



En revanche, ils se penchent ensemble sur ce que la philosophie peut nous dire de sage sur le deuil, et plus généralement, sur la perte et le mal. Ils se réfèrent surtout à Hegel et Kierkegaard qui ont des visions très différentes. Mais comme je n’ai aucune connaissance en philo, ils m’ont perdue assez vite… Toutefois, du peu que j’ai compris, j’aurais une préférence, comme Ph. Forest, pour l’approche de Kierkegaard qui pense sa réflexion à partir du « je », pour qui « seul compte l’individu, tout le reste est pour lui abstraction ». Car comment parler du deuil en oubliant l’individu ?



Ces entretiens confortent les idées que j’avais sur ces notions dont on parle à tout va : « travail de deuil », « résilience », « devoir de mémoire », « sagesse », « empathie » etc… Elles voudraient édulcorer et faire rentrer dans un rang bien aligné, applicable à tous, respecté par tous, des sentiments et des comportements qui ne sont pourtant, en aucun cas, réductibles à des préceptes de « feel good ». Il faudrait vivre petitement, sans éclat, sans violence intime, peine maîtrisée.

Qu'on le veuille ou non, la mort continue de l’interdire.



L’ouvrage s’achève sur les commentaires, en accord, des deux interlocuteurs, sur cette phrase extraordinaire de Faulkner qui mériterait peut-être un livre à elle seule : « Entre le néant et le chagrin, je choisis le chagrin ».



Les échanges de V. Delecroix et Ph. Forest confirment des perspectives, en ouvrent d’autres, sur ce que le deuil recèle de significations et de nuances. Un livre qui méritera d’autres relectures !

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