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Critiques de Robert Badinter (259)
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Idiss

« ... je regrette de ne pas lui avoir dit plus souvent combien je l'aimais. » Ainsi parle Robert Badinter d'Idiss, sa chère grand-mère maternelle. Une femme qui, avant la Première Guerre mondiale sous la pression de l'antisémitisme, a quitté son shtetel en Bessarabie, alors province de l’Empire russe, pour rejoindre, avec son mari et sa fille (la future mère de Robert) ses deux fils en France. Idiss et sa famille y connaîtront un embourgeoisement progressif, un certain bonheur aussi, anéanti par la montée du nazisme et la Seconde Guerre mondiale.



Robert Badinter, dans ce qui est un très beau témoignage d'amour à sa grand-mère et à sa mère, revient sur la tragique destinée des juifs d'Europe centrale qui, fuyant les pogroms, après quelques décennies de répit sont à nouveau persécutés sur leur terre d'accueil. Une histoire terrible, universelle et singulière, racontée par le célèbre avocat avec beaucoup de pudeur et retenue (trop peut-être, au point que sa famille apparaît parfois idéalisée) qui explique beaucoup de son engagement contre la peine de mort, et ne peut que nous toucher.
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Idiss

Ayant déjà lu l'adaptation d'Idiss en BD, dessinée et mise en couleur par Fred Bernard, scénarisée par Richard Malka, j'ai eu moins de surprise à découvrir cette destinée singulière qu'a été la vie de la grand-mère maternelle de Robert Badinter, Idiss Rosenberg, née dans la Bessarabie tsariste, dans ce qu'on appelle le Yiddishland, un monde aujourd'hui disparu, qui fuit l'empire tsariste pour se réfugier à Paris en 1912. En effet, il faut reconnaître que le roman graphique est resté très fidèle à ce magnifique témoignage d'amour tout autant que récit historique écrit par celui qui incarne l'abolition de la peine de mort en France, son petit-fils, Robert Badinter.

C'est avec beaucoup de sensibilité, de tendresse que l'ancien garde des Sceaux livre ce récit touchant qui rend hommage à celle qui n'a pas eu la chance d'apprendre à lire et à écrire, l'éducation étant réservée aux garçons. L'analphabétisme restera d'ailleurs, tout au long de sa vie, son premier problème. Sa revanche, elle l'aura en premier lieu avec sa fille Chifra qui pourra intégrer dès son arrivée l'école primaire gratuite et républicaine, conformément à la loi française puis, avec ses petits-enfants. Robert Badinter rend d'ailleurs un hommage vibrant à ces instituteurs de la République, ces militants de l'école laïque animés par un idéal, celui de « faire reculer l'ignorance et les préjugés, et d'ouvrir ces jeunes esprits au monde de la connaissance et aux beautés de la culture française », de les transformer en citoyens de la République.

Robert Badinter montre bien également que l'appartenance des Juifs à des classes sociales différentes l'emportait sur l'identité religieuse commune. «Ainsi, avant la guerre, les juifs de France constituaient une société de classes, du Yid du Marais à l'aristocrate faisant courir sous ses couleurs des pur-sang à Longchamp. Qu'y avait-il de commun entre l'un et l'autre ? Simplement, tous deux étaient juifs. Les nazis allemands et les fascistes français allaient le leur rappeler brutalement. »

Bientôt, la guerre allait mettre fin à ce bonheur précaire. Ils devront tenter d'échapper à la montée xénophobe et antisémite, connaîtront les restrictions sur le droit des juifs, les lois et décrets du gouvernement de Vichy et les mesures allemandes sont d'ailleurs publiées en annexe, nous rappelant les horreurs de cette période.

Idiss est un récit sobre dans lequel la tendresse et la douleur s'entrelacent pour offrir au lecteur un livre à la fois intime et universel, superbement bouleversant.

À noter qu'au centre du bouquin, quelques photos de la famille et quelques documents personnels permettent de rendre encore plus vivant cette belle et terrible histoire, à la fois romanesque et tragique.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Idiss

Mon admiration est sans bornes pour Simone Veil et Robert Badinter . J'ai toujours trouvé à ces deux personnages une classe folle et un incroyable charisme , sans parler , bien entendu de leurs rôles respectifs pour ce qui restera des avancées majeures de notre société. Aujourd'hui , Simone Veil repose , et c'est sa place , au Panthéon et Robert Badinter nous montre encore quel homme il est au travers de ce superbe livre consacré à l'arrivée de sa famille en France et , plus particulièrement à Idiss , sa grand - mère, figure tutélaire , aimée et aimante , lien indéfectible entre les générations.

Si ce livre lui est en partie consacré, il dépasse largement le simple portrait d'une femme pour déborder largement sur la société de l'époque avec toutes ses horreurs et ses tourments envers des hommes et des femmes dont le seul tort était d'avoir une religion "différente " , " leur religion" .On découvre l'ascension sociale de familles laborieuses venues d'ailleurs , le danger qui les guette , la spoliation de leurs biens , leur extermination....Tout est rapporté avec pudeur , " discrétion" , sans aucune haine mais avec force et sous le très beau regard de cette grand- mère dont le seul vrai bonheur est de vivre parmi les siens et de leur donner tout son amour.C' est un ouvrage qui n'a rien de "spectaculaire" , plutôt un beau plaidoyer pour la tolérance , le respect de l'autre ,l'amour des siens et de la vie .Il s'en dégage des émotions particulièrement fortes car retenues , sans pathos mais exprimées avec justesse et précision. Certes , le "recul" fait que monsieur Badinter n'a rapporté que des souvenirs idéalisés de cette grand- mére , j'ai cru le lire dans la très belle critique d'un ami babeliote , mais , finalement , ne se forge-t-on pas une personnalité qu'en gardant le meilleur de tous les êtres chers qui nous ont aidés à nous construire ?

J'ai adoré l'indulgence ou la remise au point quant au comportement de la population française vis à vis des juifs. Entendre Badinter déclarer qu'il n'y avait pas plus d'antisémites " qu'avant " , dans les lycées, notamment , aurait été porteur d'espoir et réconfortant , mais....Quant au rôle de la police de l'époque ......

Il est des livres qui , malgré la gravité du sujet qu'ils abordent , font du bien .Qu'ils soient écrits par des hommes ou des femmes d'une telle classe les place en haut de la pyramide de l'intelligence humaine .Idiss restera gravée dans ma mémoire , en tant que grand- mère, certes , mais plus sûrement en tant que symbole d'une époque qu'on aimerait savoir révolue. Respect .

PS: je profite de cette lecture pour vous conseiller celle de " Mayrig " d'Henri Verneuil .C'est aussi , pour moi , un autre chef d'oeuvre .(mais cela , bien sûr n'engage que moi )

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Contre la peine de mort - Ecrits 1970-2006

Badinter, avocat & ancien Garde des sceaux, a mené bien des combats : pour l’amélioration des conditions carcérales, pour la réinsertion des condamnés, pour les droits des homosexuels, la mémoire de la Shoah, mais on se souvient surtout de sa victoire contre la peine de mort. Cette peine, ce fils de déporté ne la souhaite pour personne y compris les tortionnaires nazis.


« Tout ce qui peut encore sauver un homme, ce sont des mots ». Et c’est bien de mots qu’il s’agit ici. Car l’avocat, brillant certes, ne disparait jamais tout à fait derrière l’intellectuel engagé. C’est tout l’intérêt et la limite du propos, entre sincérité et effets de manche, la formule rhétorique est quasi pure chimiquement, difficile parfois de faire la part des choses.



Montesquieu l’avait pressenti « toute peine qui ne relève pas de l’absolue nécessité est tyrannique », Beccaria s’y est essayé « si je démontre que la peine de mort n’est ni utile, ni nécessaire, j’aurai gagné la cause de l’humanité » et bien sûr Hugo a grandement popularisé le combat abolitionniste « la peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie ».

Mais en France, c’est finalement Badinter qui a aboli la peine de mort après avoir convaincu François Mitterrand, encore candidat socialiste à l’élection présidentielle, de soutenir cette mesure alors que l’opinion publique y était majoritairement défavorable.



Cet ouvrage revient sur les longues années de combat de Robert Badinter contre la guillotine, à travers une compilation d’entretiens.

Certains donnés à la presse à l’occasion notamment de procès dans lesquels l’auteur défendait des accusés à mort comme Patrick Henry au milieu des années soixante-dix, de débats avec d’autres intellectuels comme Foucault ou des praticiens du droit. On trouve aussi des discours prononcés, notamment à l’Assemblée Nationale en septembre 1981.

Enfin le combat s’internationalise pour Badinter dans les années qui suivent de la Convention européenne des droits de l’Homme à Amnesty International en passant par une critique des années Bush.



Je ne sais pas si le « crime » est un invariant des sociétés humaines, l’ethnologie pourrait peut-être y répondre, mais l’engagement abolitionniste de Badinter lui n’a pas varié. La peine de mort est abolie, son abolition n’a fait ni augmenter ni diminuer le crime, cette décorrélation est la preuve que Badinter avait raison.



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Idiss

Robert Badinter, abandonne son habit d'homme au destin pas banal pour se pencher sur l'histoire de sa famille mais plus précisément celui d'Idiss, sa grand-mère maternelle.

Née en Bessarabie, au sud de la Russie, elle a quitté sa région, poursuivie sauvagement en tant que juive.

D'abord, ses deux fils sont venus vivre à Paris au début des années 1920. Ensuite, son mari et enfin Idiss avec sa petite Chifra qui sera appelée Charlotte en France.

Charlotte deviendra la maman de Claude et Robert Badinter.

Simon Badinter , le mari de Charlotte, venait lui-même de la même région que la famille d'Idiss.

L'auteur se concentre sur le personnage d'Idiss qui était tellement heureuse de vivre parmi les Parisiens, qui en avait adopté les tenues vestimentaires, qui admirait la France malgré les remarques antisémites qu'elle et sa famille n'ont pas arrêté d'entendre de temps à autre.

Elle se croyait hors de danger. C'était sans compter sans l'arrivée du nazisme et d'un antisémitisme cruel et sauvage.

On voit Idiss, jusque-là très courageuse, complètement éteinte. Elle qui croyait en avoir fini avec la persécution des juifs.

Robert Badinter confie à ses lecteurs : mes 12 ans ont vu arriver la fin de mon enfance avec les souffrances de l'envoi dans les camps des hommes de la famille.

Le côté intéressant du livre se situe dans l'explication des faits mais sans trop nous lasser, de façon très claire et intéressante.

Une bel hommage envers cette grand-mère tellement pourchassée.
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Idiss

J'ai été très très émue par l'émission La Grande Librairie consacrée à Robert Badinter au moment de la parution de ce livre. On a tendance à voir en cet homme, le combattant, le défenseur des droits dont la bataille et la victoire emblématiques furent bien sûr l'abolition de la peine de mort. Mais là, au cours de ce très beau moment de télévision, c'est le petit-fils d'Idiss qui est apparu avec, parfois, le regard de l'enfant qu'il fut. Le petit-fils d'Idiss et, le fils de Simon, arrêté en 1942 par Klaus Barbie, déporté et jamais revenu. Alors j'ai eu envie de me plonger dans le récit de cette période d'avant 1942, qui permet de mieux comprendre les fondations qui ont présidé au parcours de cet homme que l'on ne peut qu'admirer.



Et l'histoire commence en Bessarabie, une région dont les contours et les rattachements ont beaucoup varié avec l'histoire (fait actuellement partie de la Roumanie) entre Russie et Moldavie. C'est là qu'est née Idiss, là encore qu'elle tombe amoureuse de Schulim et qu'ils auront trois enfants, Avroum, Naftoul et la petite dernière, Chiffra qui deviendra Charlotte lorsque la famille décidera de s'installer à Paris en 1912. Histoire représentative de celles de nombreuses familles juives d'Europe centrale, chassées par la violence de l'expression de l'antisémitisme à travers les pogroms, et qui voyaient en la France une terre de libertés et de tolérance. C'est à Paris que Charlotte rencontre Simon ; ils auront deux fils, Robert et Claude. Simon se révèle un excellent entrepreneur, faisant fructifier une entreprise de négoce international dans le domaine de la fourrure. Et la famille grimpe les échelons, s'installe dans un quartier bourgeois tandis que bruissent déjà les prémices du conflit à venir...



La figure d'Idiss est bien sûr omniprésente, elle qui ne parle pas français, ne sait ni lire ni écrire, habite avec Simon et Charlotte et constitue donc une chaleureuse présence pour ses petits-enfants. Dans les mots de Robert Badinter, on sent tout l'amour pour cette grand-mère que la famille a dû quitter pour fuir en zone libre, Idiss étant trop faible pour être transportée. Toute la douleur aussi, sous-jacente, au moment d'aborder le destin de son père. Dans les souvenirs de ce que lui ont transmis son père et sa grand-mère, on découvre ce qui a servi de "tuteur" au jeune Robert, et l'on mesure peut-être mieux comment se forge une telle personnalité. Car ce récit, pour intime qu'il soit, ne manque jamais d'apporter une contribution à notre connaissance de l'Histoire de France et plus particulièrement de cette période précédant la seconde guerre mondiale.



Il y a beaucoup de choses dans ce livre, beaucoup d'émotions. Je suis sortie de ma lecture le cœur serré, à la fois reconnaissante pour ces confidences jamais impudiques et émue par la blessure encore si présente. Et d'ailleurs impossible à effacer. Et surtout, encore plus impressionnée par la posture de cet homme. Un grand homme.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Idiss

Robert Badinter rend hommage à Idiss, sa grand,mère, juive originaire de Bessarabie, dont les trois enfants, fuyant les pogroms et la misère,  choisirent la France.



Issue du " Yddishland",  elle était analphabète et parlait un français hésitant, mêlé de yiddish et de russe. Elle ne demanda jamais sa naturalisation mais elle aida enfants et petits enfants à réussir ĺeur propre intégration par le travail et l'école.



Sa fille, la mère de Badinter, épouse un juif originaire comme elle de Kichinev, naturalisé français et fervent républicain.



 Ils élèvent leurs deux  fils dans l'amour des valeurs laïques et républicaines, et voient dans leur intégration et leur réussite une parfaite illustration de cette méritocratie républicaine qu'ils admirent tant  jusqu'au jour où les lois raciales édictées par l'État francais les frappent d'exclusion.



Un vent mauvais va balayer cette famille qui croyait à la république. Idiss restera malade et condamnée dans un Paris de plus en plus dangereux pour des immigrés comme elle,  trop visibles.



Avec beaucoup de retenue et de pudeur, Robert Badinter trace le portrait de cette grand'mère tendrement aimée que sa mère a dû abandonner , intransportable comme elle l'était, pour mettre ses enfants à l'abri en zone libre.



 Discrètement,  il évoque aussi un père disparu trop tôt et follement admiré,  un oncle dévoué et généreux,   lui aussi parti dans la Nuit et le Brouillard.



Ce qui m'a surtout frappée,  c'est l'absence voulue de tout pathos, la pudeur extrême d'un  récit qui met toujours l'intime à l'abri des regards et s'interdit le partage de l'émotion..tout en la  laissant deviner.



Au contraire, il semble toujours avoir à coeur de replacer le personnel dans le général, le familial dans l'historique.



À l'instar de  l'appendice final où,   à  côté des photos de tous ses chers disparus, le juriste Badinter transcrit l'énoncé glacé et terrible des lois raciales qui progressivement ont fait de la République, inventée par les Philosophes, cet État français fascisant qui l'a trahie et couverte de honte. 
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Idiss

Idiss était la grand-mère maternelle de Robert Badinter. Elle est née dans un village de Bessarabie, province russe, devenue en grande partie, aujourd'hui, la Moldavie, mais surtout connue comme appartenant au Yiddishland (le pays des juifs) d'Europe centrale.

Au début du XXième siècle, la violence des pogroms pousse la famille à fuir vers la France. Un couple et trois enfants, deux adolescents et une petite fille, Chifra, prénom francisé en Charlotte, la maman du célèbre avocat.

La famille s'intègre bien à Paris, dans l'artisanat et le commerce. Le père, à cinquante ans, cherche même à entrer dans l'armée française en 1914 : sa nouvelle patrie était en danger !

Mais Hitler viendra, et une partie de la France se soumettra. Le petit garçon qu'était alors Robert Badinter s'en souvient.



À l'éloquence de l'avocat, Badinter ajoute le talent du conteur. Je l'avais découvert dans sa biographie de "Condorcet" (écrite à quatre mains avec son épouse, éditions Fayard) puis dans "L'Abolition" (de la peine de mort, éditions Fayard également). Ce petit livre de mémoire le confirme encore, s'il en est besoin.

Cette évocation de la grand-mère, qui a accompagné l'enfance de l'avocat, est particulièrement émouvante. On y retrouve toutes les épreuves subies par les juifs, en Europe centrale puis en France. Elles sont évoquées avec beaucoup de pudeur. On comprend comment le personnage de l'avocat s'est construit, dans la bienveillance de sa grand-mère, de ses parents, de son oncle.

Si l'auteur ne s'attarde pas sur les atrocités commises entre 1939 et 1945, la liste, et le destin, des trois noms qui concluent le livre est édifiante. Il n'y manque qu'une mention : "Morts pour une certaine idée de la France".
Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
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Idiss

Robert Badinter retrouve son cœur et son âme d’enfance pour livrer, avec beaucoup d’amour, de tendresse, d’émotion , de pudeur , les souvenirs qui l’attachent à sa grand-mère maternelle, Idiss Rosenberg, venue de son lointain pays natal , la Bessarabie ( Au sud de l'Empire tsariste, à la frontière de la Roumanie). Il retrace sa destinée, sa fuite pour échapper à la misère et aux pogroms , son exil, son Installation à Paris avec son époux Schulim, et ses trois enfants Avroum, Naftoul, Chifra qui sera rebaptisée Charlotte, la future mère de Robert . Idiss vivra quelques années de bonheur quand sa famille s’intégrera , connaitra une certaine aisance , puis , à nouveau vivra avec la peur et le désespoir. Un livre poignant par sa sincérité, son authenticité, ses vérités.
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Idiss

A la fois témoignage poignant afin de lutter contre l'oubli, ultime ode à cette terre d'asile que fut la France avant l'occupation, ce récit bouleversant rend hommage, témoigne simplement de l'amour d'un petit fils à sa chère grand - mère, Idriss, née en 1863, illettrée , ( elle en souffrira beaucoup même si elle le cachait ) venue du Yiddishland, qui quitta son shetel , en Bessarabie, alors province de l'Empire Russe, elle qui avait connu les pogroms !!



Elle rejoignait avec son mari Schulim et sa fille ( la future mère de Robert ) ses deux fils en France : Naftoul et Avroum.

Très bel hommage de cet homme réservé et pudique, belle manière de lutter contre une ignorance qui reste un des écueils les plus puissants—- ravageurs—- de la mémoire de ces tragédies du vingtième siècle .



Ce texte sensible et émouvant accessible et précis, instructif et sobre, témoigne aussi du bonheur doux, misères et joies, souhaits et ambitions mêlées ——du progressif embourgeoisement d'une famille grâce à son travail——-une incarnation de la diaspora juive, entre 1860 et le milieu du vingtième siècle jusqu'à l'anéantissement futur de la deuxième guerre mondiale .....



Que d'émotions et d'humanité , de tendresse et de sincérité ——sans fioriture ——-au sein de ce beau récit rappelant avec force cette terre d'accueil et de culture ,( éducation, instruction etc..) que fût la France avant l'idéologie mortifère du régime de Vichy !

Extrait :

«  Je regrette de ne pas lui avoir dit assez souvent combien je l'aimais. »

A lire ..
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Idiss

Idiss est un livre intense, émouvant, un de ses livres qu’il faut lire pour ne jamais oublier.



Robert Badinter raconte une vie particulière, celle de sa grand-mère qui a fui son shtetl bessarabien pour gagner Paris. Sa famille croyait y trouver un refuge contre les massacres. La France n’est-elle pas le pays des droits de l’homme ?



L’histoire est poignante, Robert Badinter expliquant comment cette foi inébranlable a été trahie de la pire des manières. C’est ce qui m’a bouleversée dans ce livre.



Idiss et son mari sont arrivés en France avant la Grande Guerre, en 1912. À cette époque, la France accordait les mêmes droits aux Français de confession israélite qu’aux autres.



De quoi faire rêver les juifs de l’Europe de l’Est. Pourtant entre les principes d’égalité et ce que pensent les Français, il y a un fossé : des manifestants défilent sur les boulevards en criant « Mort aux juifs ».



Idiss traverse en France les deux Guerres mondiales.

Le livre est dense, l’auteur aborde de nombreux sujets, tels que la pyramide sociale juive, le manque d’éducation des filles, le sionisme et bien d’autres.


Lien : https://dequoilire.com/idiss..
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Théâtre, tome 1

Ce livre est né de l'amour pour le Théâtre.

C'est pour le moins une bonne raison.

Il contient trois pièces : "cellule 107", "les briques rouges" et "C.3.3.".

Et son auteur, Robert Badinter, y propose au lecteur d'en devenir, par la grâce de l'imagination, le metteur en scène et l'acteur de chacun de ces trois morceaux de scène.

"Frappons les trois coups !

Instant magique, le rideau se lève" : nous dit-il ...

Le premier lever de rideau est une conversation sans témoin, un dialogue imaginé, entre Pierre Laval et René Bousquet lors de la nuit précédant l'exécution du premier de ces deux hommes.

Le décor est celui de sa cellule, dans le quartier des condamnés à mort de la maison d'arrêt de Fresnes.

Robert Badinter fait ici preuve d'avoir une belle plume, élégante, fine et intelligente.

Il fait preuve aussi d'une grande connaissance de l'âme humaine et des arcanes politiques.

Le dialogue est policé, retenu entre ces deux hommes qui, au fond, ne semblent pas s'estimer, mais qui ont ensemble touché le fond de la compromission, de l'infamie et du crime.

La conversation est éclairante sur la personnalité de chacun d'eux et sur le rôle tenu durant les années d'occupation.

Robert Badinter réussit à faire passer dans le verbe toute la complexité et l'ambiguïté de leurs relations.

Et, à l'épilogue de la pièce, par l'introduction de nouveaux personnages, par un procédé dramatique astucieux, l'auteur de la pièce place finalement l'accusé devant un dernier tribunal.

Cette pièce, tragique et sensible, est peut-être un peu trop pathétique sur sa fin ?

Mais la vie, parfois, ne l'est-elle pas aussi ...

La deuxième pièce, "les briques rouges de Varsovie" est précédé d'une brève histoire du ghetto pour la rendre plus intelligible et compréhensible au lecteur d'aujourd'hui.

L'action se déroule en mai 43, aux derniers jours de l'insurrection.

Quatre personnages se font face, cernés par les allemands dans un grand atelier sous le toit d'un grand atelier : un rabbin, Schmiele un ouvrier tailleur bundiste, Jo un policier juif et Rivka une étudiante sioniste.

Ces quatre personnages, portés ici par le ressac d'une immense tragédie, représentent pour l'heure ce qu'il reste d'un monde juif tiraillé entre la soumission, l'espoir, la révolte et la soif de vivre, le tout porteur d'autant de désespoir.

La pièce est poignante.

Elle porte les dissensions qui apparaissent par dessus le martyr commun.

Elle pose une profonde interrogation métaphysique : si l'éternel n'est pas notre Dieu, peut-il être celui, monstrueux, de notre bourreau ?

Ici, le pire voisine avec le meilleur.

Mais l'âme humaine n'est-elle pas ainsi faite ? ...

La troisième est dernière pièce du recueil a pour titre "C.3.3.".

Elle s'intéresse au destin judiciaire d'Oscar Wilde et pose, par dessus l'intelligence et la précision du récit, une question fondamentale : comment une justice, respectueuse du droit, largement approuvée par la conscience collective, peut-elle nous apparaître, un siècle plus tard, si injuste ?

Là encore, Robert Badinter signe une pièce magnifique.

Devenu belle plume de Théâtre, le grand homme politique, en avant-propos, a promis, ou presque, un deuxième recueil, intitulé "Théatre II", ce serait nous offrir encore après tout ce qui a été donné déjà ...
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Libres et égaux... L'émancipation des juifs 178..

Le lobbying aux temps de la Révolution Française.





Lorsque Louis XVI convoqua les Etats Généraux en janvier de 1789, les juifs de France n'en espéraient pas grand chose, juste une modification de leur statut d'exclus. Mais, ils ne pouvaient pas deviner que grâce à la nuit du 4 Août et à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, la Révolution ferait d'eux des citoyens comme les autres... enfin normalement !



C'était sans compter sur le haut clergé et une partie de l'aristocratie pour qui, les juifs ne seraient jamais des hommes comme les autres. Ils vont donc entreprendre une véritable campagne de lobbying, de propagande pour les empêcher de devenir citoyens et surtout d'acquérir les droits qui vont avec.



Les juifs, de leur coté, sont divisés. Il existe les juifs dits de l'Est qui sont complètement exclus de la société, n'ont pas le droit de posséder, de travailler, vivent dans des ghettos et souvent dans la misère. Dans le Sud-Ouest, au contraire, les juifs ont prospéré, acquis un certain statut de respectabilité et donc une meilleure reconnaissance qui va leur permettre de faire, eux aussi, un travail de lobbying qui va s'avérer payant puisqu'ils obtiendront le statut de citoyen français, uniquement pour eux, sans grand égard, ni solidarité avec ceux de l'Est.





Il n'est pas simple d'expliquer et développer toutes les informations de cet ouvrage : Robert Badinter nous restitue à merveille et avec beaucoup de détails les tractations, débats, coups-bas mais aussi les hésitations de chacun des camps à s'engager pour une cause qui leur est souvent étrangère. N'oublions pas que tout était nouveau et qu'il y avait tellement à faire, à inventer pour l'Assemblée de 1789.



Finalement, grâce encore à du lobbying, les juifs de l'Est obtiendront d'être citoyens français ayant, par ce fait, beaucoup plus de chance que les gens de couleur dans nos colonies qui, eux, resteront des esclaves.







Comme l'a dit Robespierre, la déclaration a fait de tous les hommes des citoyens libres et égaux en droits, il suffisait de l'appliquer...





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Idiss

Il est des patronymes qui résonnent si fort et qui éclairent tellement que l’envie d’en découvrir davantage titille l’intellect. « Badinter » en est pour moi un exemple saisissant.

Au-delà de ses engagements politiques, de son rayonnement médiatique, de ses triomphes juridiques, j’ai toujours été intrigué par son charisme qui impose le respect.

J’ai donc pensé qu’il serait opportun de faire plus ample connaissance du personnage par ses origines et, quoi de meilleur que l’amour d’une grand-mère pour faire tomber la gangue que sa position impose et dévoiler un passé douloureux ?

« Idiss » est son prénom, sa vie débute en 1863 dans le Yiddishland en Bessarabie (Moldavie aujourd’hui), sa vie traversera l’Europe d’Est en Ouest entre exode, pogrom et nazisme.

Cette famille restera soudée et digne durant toute cette époque, connaitra les deux guerres et les abus réservés aux juifs d’Europe centrale.

Ses trois enfants embrasseront la cause française et défendront ce pays corps et âmes.

Il faut lire ce récit pour ressentir de quelle matière républicaine et de quelle moelle laïque sont pétris ses petits-enfants, Claude et Robert, fils de Charlotte.

C’est par l’éducation et les valeurs reçues traduites dans ce récit que l’on évalue la force du souffle qui a été essentielle à Robert pour conduire et gagner les combats qu’il a mené sa vie durant.



« Il faut refuser, toujours et partout, que sous couvert de justice, la mort soit la loi. »





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Théâtre, tome 1

Les nations aiment glorifier les « grands hommes ». M. Badinter fait partie de ces icônes grâce essentiellement à sa participation au combat ayant mené à l’abolition de la peine de mort en France (c’était déjà fait en Autriche, en Finlande, en Suède, au Danemark etc...).

Mais on sait peut-être moins que cet avocat aimait la littérature, le théâtre et ce sont trois de ses pièces qui sont regroupées ici (il semble écrire qu’il y en a possiblement d’autres parmi celles qu’il a lui-même éliminées). Trois pièces à vocation historique puisque deux d’entre elles concernent la seconde guerre mondiale et la troisième le procès en homosexualité de M. Oscar Wilde.

Je concentrerai mes remarques sur les deux premières puisqu’elles entrent bien plus dans mon domaine de connaissances : « Cellule 107 » : retour sur Vichy, la collaboration, Bousquet et Laval et « les briques rouges de Varsovie » sur l’insurrection du ghetto du printemps 1943.

Le premier est très intéressant car le dialogue imaginaire entre ces deux personnages ayant participé au régime de Vichy est construit de manière à exposer le point de vue de M. Laval « dans son référentiel ». M. Bousquet fait en comparaison presque pâle figure et on devine plus de considération de M. Badinter pour M. Laval, exécuté en octobre 1945 que pour celui qui fût acquitté par la Haute Cour de justice le 23 juin 1949.

En tout cas, il imagine ce qui n’a pas été possible en 1945 : laisser s’exprimer, s’expliquer cette figure de proue de la collaboration.

« Quant à Laval, l’homme le plus détesté de France après la Libération, il avait joué sa vie en décidant, en août 1945, de rentrer d’Espagne en France plutôt que de gagner l’Irlande ou une dictature d’Amérique latine où il aurait obtenu l’asile politique. »

Il les fait donc dialoguer et pour quelqu’un connaissant bien cette période historique, c’est très intéressant, instructif à certains égards tellement la chronologie des évènements, le passé des protagonistes est à garder en tête pour comprendre les justifications de l’un, la sérénité de l’autre.

Pour Varsovie, c’est plus lourd, avec une introduction qui rappelle simplement et brillamment tout le contexte de la situation de la capitale Polonaise et de ses 30% de population juive (360 000, la plus nombreuse d’Europe).

Il met en scène un rabbin, un ouvrier tailleur, un policier juif et une étudiante sioniste.

C’est beaucoup plus enlevé que la précédente, plus visuel et on peut imaginer que ce texte donnera lieu en France et ailleurs a des adaptations et réalisations.

Rivka, l’étudiante sioniste glorifiée par M. Badinter dans la préface historique de sa pièce explique à elle seule le lien qui réunit ces deux premiers textes :

« Eretz Israël est tout ce qui nous reste comme espoir. Qui peut encore croire à un avenir pour les Juifs en Pologne ? Tu as vu beaucoup de Polonais venir à notre secours ? La vraie leçon de cette guerre, pour nous, c’est que les Juifs ne peuvent compter que sur eux. Toujours. Partout. »

« Puis, la guerre finie, tu iras en Eretz Israël, tu verras Jérusalem et tu auras des enfants, là-bas, au kibboutz. »

Prophétie inversée puisque ces lignes ont été écrites après la réalisation du rêve sioniste mais qui éclaire tout de même de manière saisissante la seconde moitié du vingtième siècle et la réalité des rapports entre les occidentaux et l’état d’Israël.

Voilà, je crois que quelqu’un ayant déjà une bonne connaissance du dossier seconde guerre mondiale et conséquences appréciera à sa juste valeur ces textes. Pour ceux qui n’en ont que la version médias vingt et unième siècle, cela ne constitue pas un corpus suffisant.

Finissons en disant que c’est très bien écrit, ce qui n’est pas surprenant si l’on considère que M. Badinter était un brillant avocat.

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Libres et égaux... L'émancipation des juifs 178..

Avec cette étude très fouillée et minutieuse sur l'émancipation des Juifs de France entre 1789 et 1791, Robert Badinter s'est attaché à nous replonger avec la force de ses mots et grâce à la restitution d'une importante documentation dans un des combats pour lequel - à n'en pas douter - il aurait aimé porter la voix.

Car si nous connaissons de la situation des Juifs en France les affres du nazisme, sans compter la somme des reproches qui leur sont faits depuis des siècles, ce pan de l'histoire nationale est peu mis en exergue dans les traités qui décrivent la Révolution française et le travail qui a été entrepris par l'ancien Garde des sceaux est salutaire.

Robert Badinter livre ici le cheminement semé d'embuches de cette émancipation qui à l'appel des Etats Généraux n'était pas formalisé tant la situation des Juifs sur le sol national était très disparate. au passage, il nous est présenté les combines relatives à l'élaboration des textes de loi qui en 1789 comme en 2020 ne seraient se passer de tractations politiques en douce ...
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L'Abolition

Badinter – abolition de la peine de mort : un nom et un combat désormais indissociables , ancrés à jamais dans la mémoire collective .



S'il fut toujours un abolitionniste convaincu , Robert Badinter jettera véritablement toutes ses forces dans la bataille fin 72 . Buffet – perpétuité pour assassinat - et Bontems – 20 ans de réclusion pour vol qualifié - , tous deux détenus à la centrale de Clairvaux , prirent en otage une infirmiere et un gardien dans le but d'obtenir une libération anticipée . Assaut des forces de l'ordre , Buffet décide , seul , d'égorger ses deux monnaies d'échange ! Bontems , bien que reconnu innocent de ces deux homicides volontaires , suivra cependant son compagnon d'infortune sur l'échafaud le 28 Novembre 72 , Pompidou ayant alors refusé de le gracier . Début des hostilités pour Badinter qui , durant 9 ans et fort de son indéracinable volonté , s'opposera victorieusement à la grande veuve au travers de procès en appel tous gagnés , commuant ainsi la peine de mort requise en détention à perpétuité . Un engagement personnel forçant le respect et l'admiration à une époque ou le pouvoir en place supportait docilement , faisant fi de sa propre conviction , une opinion publique farouchement opposée à sa disparition !



Il aura donc fallu pres de deux siecles pour aboutir à la supplique du sieur Le Peletier de Saint-Fargeau , premier requéreur en 1791 ! Deux siecles durant lesquels de grands noms se succédèrent , tous portés par une détermination et une ténacité sans failles . Lamartine , Jaurès , Briand , Hugo qui en 1848 proclamait : " L'abolition doit etre pure , simple et définitive "  . Autant d'illustres personnages qui , en leur temps , oeuvrerent inlassablement à la disparition de cette faiseuse de veuves . Un bouquin passionnant que je craignais , à tort , tres technique , et qui se lit pourtant d'une traite tant le propos et l'approche faite sont tout sauf rébarbatifs ! Badinter écrit juste , sans fioritures ni emphases , et vous convie talentueusement à devenir le spectateur privilégié d'un engagement , d'une époque . Les années 70 , Giscard est au pouvoir . Pourtant hostile à la peine capitale , il ne s'y opposera que tres rarement , préférant ceder à la vox populi plutot que de s'aliener ses potentiels électeurs à la veille d'un second mandat sollicité face à Mitterand en 81 . Ce dernier , totalement à contre-courant des sondages d'époque , affirmera son entiere et complete opposition à la peine capitale , allant meme jusqu'à promettre son abolition si d'aventure il était élu...Badinter deviendra l'avocat emblématique de procès aussi retentissants que symboliques comme le furent ceux de Christian Ranucci ( affaire du pull-over rouge ) et de Patrick Henry qui , au sortir d'une garde à vue , n'hésita pas à condamner mortellement les tueurs d'enfants . Vous avez dit cynique ? Autant d'affaires insupportables que Roger Gicquel résumera par cette phrase désormais devenue culte : "  La France a peur " . A noter que bon nombres d'opposants à la peine capitale furent également de droite , le cran d'assumer ses convictions personnelles n'étant l 'apanage d'aucun parti . Philippe Seguin monta courageusement au créneau , allant alors à l'encontre meme de sa propre famille politique . Un périple législatif mouvementé , harassant , fait de grands espoirs et assorti d'autant de tragiques désillusions jusqu'à cette date fatidique du 10 Septembre 1977 ou l'on fit monté une derniere fois un condamné sur l'échafaud . Il avait 31 ans , s'appelait Hamida Djandoubi et eut ce triste privilege...C'est le 30 Septembre 1981 , au terme d'une décénnie judiciaire incroyablement riche et agitée , que Badinter assista à l'adoption définitive de cette loi sur l'abolition tant désirée...

Un livre essentiel pouvant fortement servir d'axe de réflexion dans certains pays tels que , allez , au hasard , La Chine , l'Iran , la Corée du Nord , et tant d'autres...



L'abolition , un cours d'histoire magistral dispensé par l'un de ses acteurs incontournable ! Eeeet coupez !! Elle est bonne , on la garde...
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Idiss

Deux titres de presse me paraissent d'excellents résumés de cette brillante biographie : « Robert Badinter et les mondes disparus » (France Culture) et «Robert Badinter, l'histoire de sa grand-mère Idiss est notre histoire » (La Croix).



« J'avais envie de raconter l'histoire de ma grand-mère maternelle parce que, tout simplement, je l'aimais. C'est une histoire d'amour » (interview).

Ce récit témoigne de l'amour de l'auteur pour sa grand-mère totalement dévouée à sa famille (« un destin juif, européen et cruel »), mais aussi pour toute sa famille : un frère dont il était très proche, un père brillant et admiré disparu dans un camp de concentration ainsi qu'un oncle (dénoncé par une voisine qui voulait récupérer ses meubles), une mère-femme forte (illustration de l'intégration et de la réussite grâce à l'école de la république et à ses instituteurs, « ces militants de l'école laïque »),…

Tout cela sur fond de grande histoire : les communautés juives d'Europe de l'Est disparues, l'exode vers la France (« la France de la Révolution française restait un exemple lumineux ; elle était le seul pays d'Europe où un juif pouvait être titulaire de tous les droits civils et civiques »), la France de l'entre-deux guerre, la guerre de 1940-1945 et le sort des juifs français et/ou réfugiés en France.





« J'ai l'impression d'emporter avec moi un monde mort, aux synagogues détruites et aux tombes éventrées. Et je me dois d'en témoigner, pour que l'oubli ne l'emporte pas tout à fait. » (interview). Un témoignage pudique et rempli d'amour.



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L'Exécution

L'affaire de Clairvaux, la condamnation à mort et l'exécution de Claude Buffet et Roger Bontems, en 1972 : genèse du combat de Robert Badinter pour l'abolition de la peine de mort.

Le procès avait eu lieu à Troyes, dans un climat de haine d'une violence palpable. Les cris « à mort » au passage des fourgons qui transportaient les deux accusés, les regards noirs des badauds sur les avocats de Buffet et Bontems, les applaudissements frénétiques de la foule à l'énoncé du verdict, pas de doute, la peine de mort avait la faveur de la population..

Robert Badinter avait pourtant démontré, et la cour d'assises l'avait entendu, que son client, Roger Bontemps, n'avait pas tué. Il avait donc pensé que la loi du talion – tu as tué, tu seras guillotiné – ne s'exercerait pas.

Il avait cru ensuite que l'humanisme de Georges Pompidou, alors président de la République, l'inclinerait à gracier au moins Bontems.

La grâce a été refusée, Bontems et Buffet ont été exécutés le même jour à quelques minutes d'intervalle, le 28 novembre 1972.

Leurs avocats, Thierry Levy et Remi Crauste pour Claude Buffet, Philippe Lemaire et Robert Badinter aux côtés de Roger Bontems, étaient présents.



« (...) la guillotine se dressait seule comme une idole ou un autel maléfique. Les aides s'affairaient autour d'elle. le symbole était aussi machine. Et cet aspect mécanique, utilitaire, confondu avec la mort qu'elle exprimait si fortement, rendait la guillotine ignoble et terrible. »

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Idiss

L'artisan de l'abolition de la peine de mort en France, Robert Badinter, nous invite dans sa famille. Il évoque le souvenir de sa grand-mère maternelle Idiss. Faisant donc référence à sa propre enfance, période bénie au cours de laquelle il a pu se nourrir de l'amour de cette femme pour son entourage, le récit aurait pu n'être empreint que de nostalgie. Posture banale serais-je tenté de dire lorsque tout un chacun évoque sa propre jeunesse. Sauf que cette famille avait le tort d'être de confession juive dans une Europe métastasée par l'antisémitisme et à une époque où l'on ne sait que trop jusqu’où cette gangrène a pu faire pourrir le corps de notre vieille société européenne.



La nostalgie prend alors une autre connotation et l'on perçoit dans les silences pudiques entre les mots tout le poids de ce que heurts et malheurs des pogroms ont pu susciter de désarroi, de peur et de chagrin. Renforçant du même coup la solidarité de cette famille aimante dans son parcours pour fuir les persécutions.



Disparue en 1942 après une longue maladie Idiss n'a pas connu le sort réservé à ses proches pris plus tard dans les mailles des filets tendus par Klaus Barbie. Parvenu à un âge que ses parents n'ont pas atteint, Robert Badinter a ressenti le besoin d'évoquer sa famille abritée sous la bienveillance de cette femme, îlot d'amour harcelé par la tempête de haine qui battait ses rivages avec obstination.



Sans doute Robert Badinter a-t-il voulu nous dire encore une fois que nul être humain, fût-il organisé en société, en communauté, en tribunal n'est fondé à décider de la mort d'un autre. La fin de la vie doit rester prérogative du mystère qui préside à son début. Et qu'entre ces deux échéances, la vie devrait être gouvernée par l'humanité à hauteur de celle qu'Idiss a dispensée autour d'elle.

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