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Citations de Sándor Márai (675)


Sur le plan spirituel un être humain ne peut secourir autrui que si l'être à secourir n'est pas de nature différente , c'est-à-dire si celui-ci possède une conception des choses similaire et une certaine parenté spirituelle .
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"J'aime beaucoup les cactus parce qu'ils sont tristes et qu'ils ont de l'imagination."
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Une ville ne s'appréhende pas seulement avec les yeux et les oreilles. Non c'est d'abord avec le nez, ensuite avec l'estomac, et finalement avec les nerfs. Les plus fortes sensations sont olfactives...
Une ville n'est pas seulement constituée de pierre et de verre, de fer et d'arbres mais aussi de tout le rayonnement qui émane d'elle au cours des années.
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[...] ... Au XXème siècle même, les écrivains hongrois lisaient toujours avec l'avide curiosité de celui qui a pour tâche urgente de combler un retard dû à des siècles de solitude et de silence, de remédier à ce manque d'air que constituait la pauvreté relative du vocabulaire - puisqu'ils ne disposaient pas d'un nombre suffisant de mots pour rendre compte du Grand Secret, de la découverte de l'essence de leur Nation et de la Culture ... Les concepts que véhiculait cette dernière étaient communs aux autres peuples, car au sein des grandes langues, ils se créaient, s'échangeaient et se mêlaient constamment. La langue hongroise, quant à elle, était trop pauvre en vocables. C'est pourquoi les auteurs se sont toujours efforcés d'introduire subrepticement quelque nourriture étrangère dans cette langue famélique, maigre et osseuse, nourriture dont ils prenaient grand soin de masquer le caractère allogène en l'habillant à la magyare et en lui conférant une saveur un peu plus relevée ... C'est qu'ils éprouvaient éternellement comme un sentiment de manque. Il ne s'agissait pas seulement de protéger cette belle langue solitaire, mais aussi, par la voie de la lecture, de la fertiliser grâce aux impulsions venant d'autres langues. (La seule langue apparentée au hongrois est le finnois, mais, en Hongrie, ce "parent" n'est compris que par les spécialistes de la linguistique finno-ougrienne.) Oui, il fallait vitaminer cet idiome qui, fût-ce après mille ans de cohabitation avec les lexiques européens, continuait à absorber avec avidité toute forme de nourriture étrangère. L'écrivain tchèque, à la recherche, dans son travail, du mot adéquat, n'avait, pour le mettre au jour, qu'à puiser, comme par distraction, dans les dialectes russes, polonais ou serbo-croates. Le hongrois, lui, ne pouvait rien emprunter aux langues de sa famille. Alors, pour opérer ce métabolisme intellectuel décharné, il devait toujours recourir à ses nombreuses lectures.

C'est ici, sur la droite, que lisait et écrivait Kosztolányi [= célèbre poète et écrivain hongrois]. Regardons donc vers la droite. Voilà tout ce qui reste du cabinet de travail du poète. Lorsqu'elles quittèrent les marécages de Lébédie pour traverser les Carpates et gagner ensuite lentement la vallée du Danube et de la Tisza, les tribus hongroises, porteuses des racines de leur langue, ne lisaient pas et ne disposaient que d'un vocabulaire réduit. A la même époque, d'autres peuples - Grecs, Chinois, Indous - avaient déjà beaucoup lu et d'innombrables mots encombraient leur mémoire. Les Hongrois, eux, en étaient encore au stade de la "sauvagerie supérieure", selon le classement des archéologues. Ils n'avaient pas suffisamment de mots pour partager leurs expériences et leurs pensées avec les peuples européens qui, eux, possédaient un vocabulaire prodigue dont certains éléments, atteints par l'usure, s'étaient même vidés de leur sens. Impossible, dans ces conditions, d'échanger des idées. Pour exprimer l'Idée, il faut des Vocables - sans ces derniers, il n'est pas d'échange, la conscience ne produit que des ébauches et n'éprouve que des sensations semblables à celles que provoqueraient des fourmis courant sur la peau. Nos Hongrois, de plus, ne pouvaient compter que sur les doigts d'une mains [= au sens propre, puisque leur langue ne leur permettait pas d'aller au-delà de cinq]. D'ailleurs, ils n'étaient pas pressés de fabriquer des mots, pas plus qu'ils ne l'étaient pour parachever la conquête de leur patrie. Ceux-là n'avaient ni carte géographique, ni destination précise. Ce n'était pas une "patrie" qu'ils cherchaient, mais simplement des prairies pour faire brouter leurs troupeaux. ... [...]
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« Leur amitié était profonde, grave comme les sentiments qui doivent durer une vie entière. Et, comme dans toute grande affection, il s’y mêlait un sentiment de pudeur et de culpabilité. On ne peut, en effet, voler impunément de ses proches nul être humain. » (p. 36)
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Dans la Bible, un homme et une femme se "connaissent" quand une vie scelle une autre vie avec les mots et les gestes de l'amour : cette "reconnaissance" est le summum de ce qu'un être peut offrir à un autre
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le vrai médecin est très rare. A toutes les époques, il a été rare. Hippocrate était un vrai médecin, Paracelse également.... Un bon médecin, en réalité, est un chamane.
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Les hommes développent une surdité singulière et ne deviennent pas sourds seulement aux sons," continua-t-il vivement. " Ils s'assourdissent avec le vacarme indistinct de la vie, ils n'entendent pas l'essentiel, ils ne perçoivent pas les avertissements. Mais Dieu nous parle constamment, il nous prévient. Naturellement, il ne s'adresse pas à nous du haut des nuages, d'une voix tonnante. Parfois il parle tout doucement. Ses conseils, ses mises en garde sont laconiques. Qui a dit que, toute sa vie, il avait entendu une voix qui lui soufflait ce qu'il ne fallait pas faire, mais que jamais il n'avait distingué celle qui lui aurait dicté quoi faire ? Vous ne vous en souvenez-pas ? Moi non plus. Goethe peut-être. En fin de compte on attribue toujours ce genre de réflexion à Goethe.
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Que se passe-t-il dans l’âme des hommes à présent qu’ils ont perdu ce qui fait d’eux des êtres humains ? Que se passe-t-il dans l’âme d’un être resté fidèle à un pacte implicite et explicite entre les hommes et à la solidarité, dans un monde qui renie toute loi humaine et qui, pris d’une rage insensée, se détruit ? (…) Quelle peut être la motivation d’un homme comme le sabbathien ? Ce n’est pas l’argent. Il ne promet rien, n’implore pas, ne hait point, ne veut rien, n’a pas de projets à long terme. Il se contente d’agir alors que tous sont terrifiés d’agir ; il “accepte” quelque chose alors que les seules pulsions animant les hommes sont un égoïsme sauvage et un instinct de survie qui les fait gémir et geindre… Est-ce parce qu’il est croyant, que c’est un homme de foi ?... Peut-être. Mais peut-être est-ce tout simplement un homme, dont l’âme et le corps sont régis par une seule et même loi, une pulsation vitale contre laquelle il ne peut combattre. Cent mille personnes n’ont pas apporté d’aide ; celui-là seul a bien voulu. Et on ne peut percer à jour le “secret” de cette homme-là.
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Cela dit, il y a toujours quelque chose de rassurant dans les affaires neuves. Dans nos vieux habits, c'est comme si on était condamné à porter nos misères et nos soucis anciens. Les vêtements neufs nous rafraîchissent.
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. Les Britanniques, ajouta-t-il, eux, ont su s’organiser. Ils apportent leur île dans leurs valises ; c'est-à-dire : leur orgueil poli, leur réserve souriante, les reflexes de leur bonne éducation, ainsi que leur golf et leurs courts de tennis, leur whisky et leur smoking. Certains d’entres eux se mettent chaque soir en smoking, pas tous évidemment…Ceux qui prétendent cela racontent des balivernes. Après quatre ou cinq années, la plupart deviennent des brutes, tout comme les Belges, les Hollandais, les Français et les autres.[…] Cambridge et Oxford ne résistent pas au climat tropical,
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‘’…le jour où il a été chassé de son usine et dépossédé de toute sa fortune, il souriait encore de cette même façon. Ce sourire particulier, ce sourire de riche est l’une des plus grande injustice du monde.’’
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Témoin impuissant de l’agonie de la bourgeoisie hongroise au milieu du XXe siècle, Sandor Márai offre une fresque magnifique et désabusée du monde moderne. Un roman exigeant mais passionnant !


Budapest - un hiver d’entre-deux-guerres, six heures vingt.
C’est dans l’atmosphère surannée d’un salon de thé que s’ouvre Métamorphoses d’un mariage. Alors qu’elle s’apprête à commander une glace à la pistache, Ilonka aperçoit celui qui a été son mari. Si elle tente de se soustraire à la vue de cet homme qu’elle a tant aimé, la rencontre - inattendue ? - va lui donner l’occasion de se confier à son amie sur ce mariage malheureux.
D’emblée, la précision accordée aux décors et au portrait des personnages, l’écriture ciselée des « quasi-monologues » confèrent au texte de Márai une puissante dimension dramatique qui nous plonge dans un drame bourgeois déployé en trois actes ; après Ilonka, la femme amoureuse et trahie, deux autres personnages se succèderont : Peter, le mari malheureux en mariage et cédant à la passion amoureuse, puis Judit, la domestique, assoiffée de revanche sociale qui a brisé le couple bourgeois. Face à des confidents dont on ne perçoit jamais la voix et auxquels on s’identifie si bien, chacun des actants de ce triangle amoureux, se confie tour à tour pour tenter d’analyser rétrospectivement cette histoire et de donner un sens à son existence.
Le lecteur-spectateur avance alors lentement mais inexorablement dans le roman, comme dans une tragédie, jusqu’au dénouement qui se joue après la Seconde Guerre mondiale dans le bar d’un quartier émigré new-yorkais.

Loin de se cantonner à la dimension intime, ce texte, exigeant mais passionnant, peint en creux un portrait acerbe et désenchanté des sociétés modernes nées au XXe siècle.
Peut-on encore croire à la pérennité des idéaux humanistes hérités des Lumières alors que les régimes totalitaires ont rendu possible l’échec de la raison face aux émotions « qui peuvent désormais s’appuyer sur la technique » ? Peut-on encore être heureux dans un système politique, socialiste, communiste ou capitaliste qui aliène l’individu et le conforte dans sa paresse intellectuelle ? Dans ce qui apparaît comme un simulacre de vie, comment ne pas sombrer dans une solitude existentielle ?

Ainsi, à l’instar de Baudelaire dans ses « Paysages exotiques », les personnages se présentent-ils comme les exilés d’une patrie mythique aux « paysages luxuriants », une patrie où la culture était « une expérience vécue en continu, comme le soleil qui brille. » Mais, alors que Márai voit en l’artiste le médiateur suprême « capable d’enrichir la vie », il offre avec Lazar, l’écrivain double de l’auteur, une vision désabusée de son rôle « dans un monde médiocre où les mots sont si facilement dénaturés, mal interprétés par des traîtres ou des barbares ».

Si la culture est moribonde, l’individu est-il condamné à éprouver la nostalgie d’une patrie idéale à jamais perdue ? Comment sortir de cette aliénation collective pour espérer « vivre » et non plus se contenter « d’exister » ? Cette quête d’authenticité, les personnages vont alors tenter de l’éprouver par l’amour. D’un récit à l’autre, Ilonka, Peter, et Judit, guidés par l’ami écrivain Lazar, analysent rétrospectivement les contours du sentiment amoureux comme remède potentiel, mais si difficilement accessible, à la solitude. Eprouver l’amour véritable et authentique, n’est-il pas réservé qu’à quelque élus qui ont réussi à combattre la nature humaine, vaniteuse et égoïste et « abattu les murs artificiels que la société, l’éducation, la fortune, le passé et les souvenirs ont élevés entre les êtres » ?
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Tout, oui, tout plutôt que d’affronter la solitude, plutôt que de rester seul ne serait-ce qu’un instant. Il faut de la compagnie, que diable ! Un être humain ou même un chien. Vite, une tapisserie ! Vites, des actions ! Vite, des objets d’art ! Vite, des maîtresses ! Avant que la vérité se fasse jour !
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Il faut considérer tout ce qui, dans la vie, nous menace - maladie, esclavage, torture, disparition de nos proches, mort - avec la même indifférence que celle avec laquelle on assiste à la multiplication et à la destruction de cellules sous un microscope. Je me souviens que Voltaire a dit qu'il n'y a qu'une seule possibilité de bonheur : ne pas avoir de sentiments.

1944, p. 179
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Ainsi pâlissent nos souvenirs avec le temps. Cependant, un jour, la lumière tombe par hasard sous l’angle voulu et nous retrouvons soudain le visage effacé.
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Nous étions totalement immergés dans la boue morale de la guerre tandis que la surface restait encore paisible. Les étrangers passant par le pays s'étonnaient et disaient que Budapest était un " îlot de paix". En fait, nous ne vivons pas sur une île mais dans un marécage bouillonnant sous lequel grondait un volcan. Au moment où cette force souterraine explosa, soudain il n'y eut plus d'"île" et la glaise en fermentation, avec tous ses êtres vivants, aigrettes aussi bien que crapauds et fossiles, s'engouffra dans le raz-de-marée sanglant et immonde.
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Il existe encore beaucoup de gens, y compris dans des postes de responsabilité, qui croient qu'une certaine variante de nazisme peut servir de protection contre le bolchevisme.
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Tout finit par se retourner contre nous même, on n’est jamais entièrement libre, car on reste prisonnier de ce qu’on a créé.,
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Mais l'écrivain et l'artiste disposent d'une sorte de faculté qui est avant tout spirituelle ; un écrivain, un artiste a des intuitions qui, plus tard, sous la forme d'une vision, c'est à dire d'une création, montrent la réalité - la montrent au moment où elle n'est encore qu'une sorte de tourbillon à l'horizon humain, une chose en préparation, en gestation, un commencement mythique.
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