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Citations de Sándor Márai (675)


Il appelait mécréants ceux qui nient fondamentalement la capacité de l'homme à se libérer par une révolution spirituelle intérieure, à se débarrasser du joug que lui imposent les différents systèmes sociaux... Au fond, il n'a jamais cru à une quelconque solution d'ordre social. Non, il ne croyait qu'à la rédemption.
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Mais actuellement, poursuivit le médecin, le suicidé, quand on lui demandait pourquoi il avait voulu "prendre le large" (le docteur employa cette expression qui, sans doute, faisait partie du jargon de l'hôpital), répondait la plupart du temps qu'il ne le savait pas exactement, mais qu'il "n'en pouvait plus", qu'il "avait peur", sans pouvoir préciser le motif de cette peur. Tel un gaz toxique, insipide et inodore, la peur s'était infiltrée dans les consciences.
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Au cours de sa vie, l'individu ne se contente pas d'agir, de parler, de penser ou de rêver - non, il garde le silence sur ce qu'il est, sur ce qu'il est le seul à savoir et qu'il est impossible de communiquer à autrui. Pourtant, il sait bien que l'objet de ce silence est la vérité même. C'est toujours sur nous-même que nous nous taisons.
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Goethe dit quelque part ceci : en entendant parler de la disparition d'une nation, mots creux et combien grandiloquents, je me mets à bâiller d'ennui ; en revanche, si l'on m'apprend que la ferme de mon voisin a été détruite par le feu, je ne trouve plus le sommeil, car il s'agit là d'une vraie tragédie.
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Que pouvait bien penser ce soldat communiste de cette "chrétienté" transformée en "cours chrétien" lors des décennies passées ? Que pensait-il donc de cette "nation" devenue un concept utilisé à des fins commerciales ? De cette culture "occidentale" qui avait permis d'entasser dans des wagons à bestiaux et d'expédier dans des camps d'extermination des centaines de milliers de citoyens hongrois ? Et que pensait-il des camps de son propre pays où croupissaient des millions d'êtres tout aussi innocents, condamnés à mort à cause de leur appartenance de classe ?
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Je suis national-socialiste ! cria-t-il. Toi, me dit-il en me désignant du doigt, tu ne peux pas comprendre, parce que tu as du talent. Mais moi, qui en suis dépourvu, j'ai besoin du national-socialisme.
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Aussi naïf et appliqué que j'étais intelligent et cynique - sans parler de ma paresse et de mes excès - il m'inspirait une haine solide. Stumpf incarnait la vertu et la ferveur religieuse ; tout à la fois dévot et borné, persévérant et hypocrite, il s'employait à faire son trou - avec l'énergie d'un ver à fromage ! - dans la pourrissante société nourricière dont, pour ma part, je voulais m'évader à tout prix
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Un système dictatorial qui, au service d'un objectif fixé dans un avenir lointain et flou, considère l'être humain comme de la matière première, ne pourra jamais conclure d'accord avec un bourgeois humaniste ni avec un socialisme humaniste, lequel n'envisage pas son système de production en fonction de l'Etat, du Parti et de l'Idée mais dans l'intérêt de l'Homme.
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Sindbad traversa les salles enfumées et chaudes tel un soldat qui revient sur un champ de bataille, bien des années après les combats, et qui recherche avec une impassibilité feinte les croix marquant les endroits où sont tombés ses camarades. Chaque renfoncement, chaque loge, chaque table lui rappelait les temps héroïques, quand les plumes étincelaient encore dans la patrie comme des armes, quand les femmes suivaient les écrivains et les poètes guerriers comme des anges gardiens et des vivandières, quand le prestige dont jouissaient les écrivains dépassait largement celui accordé au titre et au rang des fonctionnaires, quand la fortune et l’argent ne comptaient pas autant que le manuscrit d’un poème d’Endre Ady, et quand la littérature bouillonnait dans ce chaudron baroque tel un élixir de racines divines et démoniaques d’où la nation renaissait au monde sous la forme d’un phénix. A présent, il n’y avait plus en ces lieux que des loueurs de films somnolents et mal rasés.
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Car vivre est une grande responsabilité, dit-il sérieusement, solennellement...
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Ce qui se passe dans le monde aujourd'hui n'est rien d'autre que du sacrifice. Vous pensez réellement que de grandes nations, l'ensemble de l'humanité, endosseraient ainsi les souffrances, verseraient le sang, détruiraient les plus beaux bâtiments et institutions sans aucune raison ? Vous croyez vraiment que c'est la volonté d'hommes égarés et mauvais qui occasionne tout cela ? L'impuissance avec laquelle les hommes s'abandonnent à la volonté des chefs de guerre serait-elle si profonde que des milliards d'êtres humains seraient sans défense face à la volonté de quelques individus et quelques systèmes et exécuteraient aveuglément toutes les variantes de l'autodestruction ?
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Il se prit la tête entre les mains et se concentra sur les merveilles que promettait le menu. Les épinards, un million, lut-il, le chou, six cent mille, le boeuf, un million huit cent mille. IL secoua la tête. Il songea aux grandes statues qui ornaient les places des villes allemandes, à la chimie, à l'industrie lourde, aux poètes et à l'expressionnisme et en conclut que ces épinards étaient tout de même un peu chers. Il se mordit les lèvres parce qu'il craignait de se mettre à ricaner. Il était midi et l'Europe déjeunait.
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Le dollar tournoyait et les trois millions six cent mille marks valaient exactement la même chose que, dans la vitrine d'un magasin, les oeuvres complètes de Goethe dans une édition bon marché rangées en pyramide comme les boites de levure, ou que les bretelles Niagara et le meilleur des bains de bouche, le sourire commercial exaspérant d'un acteur sur une réclame, les longues voitures de tourisme noires avec des officiers anglais aux mains gantées de chamois et au maintien correct, la fille aux deux lourdes tresses blondes jusqu'à la taille avec un porte-document brodé du mot Musik sous le bras, les maisons praticiennes aux persiennes boisées : tout cela virevoltait avec une singulière absurdité et selon des règles aux paramètres insaisissables, les gens semblaient se mouvoir sur un rythme saccadé de pantins.
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La langue aussi est une matière inconnue, elle n'est que symbole, signalisation, comme les hiéroglyphes. Pour pouvoir dire quelque chose, il faudrait d'abord traduire la langue...
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Il se rendit compte peu à peu que les "commérages" n'étaient pas seulement un penchant humain issu de haines réciproques, une tendance universelle, naturelle et grossière ; il comprit que les ragots étaient l'un des instruments éprouvés du dispositif de sécurité de la société, et que, bien qu'ils ne soient pas précisément distingués, on en a besoin, comme la police a besoin des confidences des maquereaux et des indics de la pègre, dans l'intérêt public.
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Il se peut que l'oeuvre dans sa totalité soit parfaite, je ne sais pas. Mais les détails sont imparfaits.
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Qu'y avait-il dans l'âme des Hongrois qui n'existait pas chez d'autres peuples, où était l'erreur dans la formule, la faute dans le dosage chimique, quel était le secret, mélange d'allégresse et de volonté, de désir de mort et d'offuscation, de sens du sacrifice et d'obstination fidèle à un idéal jusqu'à la mort qui rendait le Hongrois si désespérément hongrois, qui rendait hongrois tous ceux dont, une nuit au bord du lac Balaton, le clair de lune, le vin, le parfum des roses et le son du violon avaient transpercé une fois le coeur, de telle sorte que jamais plus ils n'avaient retrouvé complètement le repos de l'âme ?
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Certains mentent parce que c'est dans leur nature, parce que c'est leur intérêt, ou parce qu'ils obéissent à l'humeur du moment. Mais toi, tu mens comme la pluie qui tombe, tu mens avec des larmes, tu mens avec des actes. Et ce ne doit pas être une chose facile. Parfois, je me dis que tu as du génie - le génie du mensonge. Tu me regardes bien en face, tu me touches, tu as des larmes dans les yeux, je sens tes mains trembler - mais je sais que tu mens, que tu as toujours menti dès le premier instant. Ta vie n'a été qu'un mensonge. Je ne crois même pas à ta mort, ce sera encore un mensonge. Oui, Lajos, tu es un génie.
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J'ai voulu me taire. Mais le temps m'a interpelé et j'ai su que c'était impossible. Plus tard encore, j'ai compris que le fait de se taire était une réponse en soi, à l'instar de la parole et de l'écrit. Parfois se taire n'est pas la réponse la moins dangereuse. Rien n'irrite autant l'autorité qu'un silence qui la nie.
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Dans le monde de Sindbad, dans l’autre Hongrie, l’ancienne, le ventre avait du prestige, arboré par un homme : il attestait que ce dernier n’était pas n’importe qui mais un homme pondéré qui agissait avec loyauté et expérience dans son travail, au sein de sa famille et à chaque caprice de la vie. Le ventre montrait que le monsieur qui en était doté fréquentait volontiers les tables de restaurant mais qu’il était aussi capable d’examiner le ragoût de porc déposé sur la table familiale avec une sévérité telle que le cœur de la cuisinière, de la maîtresse de maison et même de l’horloge suspendue au mur s’arrêtait de battre, comme si le fait d’avoir ajouté le foie et les rognons du porc à cuire dans le ragoût constituait une question capitale dont dépendait leur destin… Sindbad faisait grand cas du ventre des hommes.
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