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Critiques de Virginie Augustin (269)
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Monsieur désire ?

C’est sans aucune doute le meilleur titre du regretté Hubert que j’ai pu lire. Il s’agit de rentrer dans la société victorienne de la fin du XIXème siècle et de voir le rapport assez particulier qui se crée entre un Master et une servante presque écarlate.



Le maître est plutôt du genre jeune beau et riche libertin qui a déjà du vécu. Il faut dire que le pauvre a été soudoyé à l’âge de 13 ans. On se croirait dans « 50 nuances de Grey » mais transposé à l’ère de la reine Victoria qui n’est d’ailleurs pas très apprécié de notre principal protagoniste pour son côté prude.



La question est de savoir ce que désire Monsieur ? Il est vrai qu’il est très inconstant. Il émet simplement l’ordre que sa domestique préférée soit présente pour l’accueillir après ses soirées de beuveries pour le border dans son lit.



J’ai littéralement adoré car il y a une véritable liberté de ton avec des dialogues plus exquis les uns que les autres sans compter sur des situations plutôt cocasses. La domestique qui est particulièrement douée va très vite comprendre le problème psychologique et essayer de le résoudre à sa façon. Il faut dire qu’il y a comme une sorte de lien particulier qui se crée sans être charnel ou amical. C’est de l’ordre de l’écoute bienveillante mais dans une relation alambiquée.



On reste dans le domaine des maisons de domestiques qui répondent à une hiérarchie et des codes très particuliers. Certes, il s’agit de faire son travail mais également d’obtenir les bonnes grâces et les faveurs du maître des lieux. Notre héroïne va aller plus loin pour trouver également sa voie et surtout sa liberté loin des frasques de notre aristocrate.



Un mot sur le dessin pour souligner une certaine élégance dans l’esthétisme. Cela comme très bien à cette époque si particulière. Il faut dire que l’auteure Augustin Virginie m’avait déjà ébloui dans la série « Alim le tanneur ». C’est non seulement magnifique mais détaillé et coloré. Cette maîtrise graphique sert le scénario et surtout c’est très agréable à lire.



Bref, une BD hautement recommandable mais il ne faut pas être trop chaste. Et puis surtout, on trouvera une profondeur inattendue sous les airs naïfs du départ.

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40 éléphants, tome 1 : Florrie, doigts de fée

Les hommes partis à la guerre, les femmes les suppléèrent dans de nombreux domaines, même les plus inattendus. Ainsi en 1920 à Londres, un groupe de voleuses, trafiquantes d'opium, proxénètes, kidnappeuses de bébés, et même tueuses, les 40 éléphants (du nom de leur quartier d'origine, Elephant & Castle), dirigé par Kate Bishop, concurrence un clan masculin décimé par la guerre, au nom évocateur des 40 voleurs. Mais à la différence des hommes dont elles ne veulent plus dépendre, Kate et ses « éléphants » écument Londres parfois avec un souci de justice sociale.



Tout n'est pas rose cependant au sein du groupe. Aux luttes intestines s'ajoutent la traque d'une police de plus en plus performante, et la résurgence des 40 voleurs qui va provoquer une guerre des gangs. C'est ce que découvre Florrie « doigts de fée » une nouvelle recrue, très douée pour subtiliser les portefeuilles et autres valeurs, qui va se révéler plus complexe qu'il n'y parait...



Kid Toussaint et Virginie Augustin ont su servir par un texte précis et un dessin élégant joliment coloré cette aventure étonnante de femmes hors-la-loi et féministes après la Première Guerre mondiale. Leur histoire inspirée de faits authentiques est digne d'un vrai roman noir dont il me tarde de connaître la suite.
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40 éléphants, tome 2 : Maggie Passe muraille

Désormais mené par Alice, le gang féminin des 40 Éléphants doit plus que jamais faire face à celui des 40 voleurs qui les accusent d'avoir une taupe parmi elles. Afin de clarifier la situation et se répartir les quartiers de Londres, Alice accepte de rencontrer leur chef, Art Stocker. Mais la survie du gang des femmes va être remise en question après qu'Alice est tombée dans un piège tendu par ce dernier...



Kid Toussaint et Virginie Augustin restituent avec talent l'ambiance sombre et violente d'une capitale britannique en proie à l'insécurité d'une guerre des gangs hommes contre femmes. Grâce aux décors et aux costumes d'époque soignés la plongée dans l'entre-deux-guerres est très réaliste — le dynamisme du dessin et du texte contribuant à l'immersion dans le monde interlope des bas quartiers de Londres.



« Ici, tous mentent, tous volent, tous trichent, personne n’accomplit son devoir, et le pire est qu’ils s’en flattent. » (Mateo Alemàn).
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Conan le Cimmérien, tome 6 : Chimères de fer da..

Olivia n'est qu'une esclave, en fuite. Cheveux sales, ses traits défigurés par la peur, barbouillée de boue, les yeux exorbités, la fille du roi d'Ophir, court vêtue,(vendue par son propre père!) court...





Une souris poursuivie par le Shah, Shah Amurath, le puissant seigneur d'Akif!

Un Shah qui demande grâce,(alors qu'il prenait plaisir à torturer la jeune femme)...





-Grâce ?

Grince Conan, qui sauve la jeune femme, en tuant son bourreau. Sa lame s'abat encore une fois.





Une Autrice, pour une BD de Conan, qui montre les beaux yeux d'Olivia, remplis de larmes, ses appas et ses charmes ( dont se moque bien le Cimmérien!), sa faiblesse devant la force de Conan...





Elle a beau le supplier, presser son corps contre le corps du barbare, prendre le visage du Conan, dans ses petites mains...

Ses suppliques ne peuvent faire fléchir un Cimmérien...

"Même si Conan louche ostensiblement sur les formes d'Olivia"

Il va se battre, et non pas fuir!





Mais, c'est Olivia qui sauve Conan, suite à un affreux cauchemar...

Les grandes statues maléfiques du temple se réveillent!

-"Tu ne les as pas vues?

Les statues qui bougeaient. Leurs yeux qui luisaient dans les ténèbres!"





Olivia qui se glissera de nouveau, l'épouvante nouant son ventre, dans le temple maudit, pour délivrer Conan, garroté, par des pirates...





Des pirates, des monstres, "un homme singe gris, mangeur d'hommes", un duel entre Conan et Sergius, le chef des pirates... Une jeune femme qui deviendra "La reine de la mer d'Azur" !





Après "La reine de la Côte noire" et "L'ombre du vautour", Howard créait " Chimères de fer dans la clarté lunaire ", en 1932.

" Je ne sais jamais quelle quantité de violence et d'horreur, les lecteurs sont prêts à endurer."

Robert E.Howard.
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Monsieur désire ?

Tandis que je cherchais seulement la date de ses noces, Paris Match m'apprend avec des mots de poids et des photos-choc que la reine Victoria a lancé la mode du mariage en robe blanche. J'ai en effet lu récemment dans DADA que le rouge était de rigueur en Europe, avant, pour se passer la corde au cou dans la liesse.

Je tiens la date de l'union entre la reine Victoria et son prince Albert : 10 février 1840.



C'est pour assister à cette cérémonie & à contrecoeur que notre Monsieur Edouard (fictif) est de retour dans sa propriété londonienne.

Les domestiques s'affolent, certain(e)s frétillent à tous les étages, pas seulement pour astiquer la maison du sol au plafond : monsieur est jeune, beau, séducteur... et membré comme un âne, un zèbre 🦓, un poney shetland 🐴...

Monsieur aime se rouler dans la fange ; il fréquente les prostituées de Whitechapel - bas-fonds de Londres où Jack l'Eventreur fera son marché un demi-siècle plus tard. Il boit, se bat, et rentre en triste état au milieu de la nuit. Mais visiblement, il ne se satisfait complètement de ses orgies & orgasmes que s'il les raconte crûment, avec moult détails. Contre toute attente, il choisit comme confidente une jeune domestique au physique ingrat.



Monsieur est pervers, Monsieur est provocateur. Mais surtout, Monsieur semble entraîné dans une spirale d'autodestruction, et ce n'est ni sa mère, ni la société victorienne hypocritement corsetée qui peuvent lui reprocher ses comportements.



L'histoire est complétée par un documentaire d'une vingtaine de pages sur la famille royale britannique, l'époque victorienne côté aristocratie et en coulisse.



Dans ce roman graphique finement illustré, Hubert montre les rigidités et la ségrégation sociale de l'Angleterre victorienne.

Il interroge également les rapports hommes-femmes, la sexualité, le respect entre partenaires, comme dans 'Peau d'homme', co-signé avec Zanzim.

Ce WE, j'ai également lu 'L'Ile aux femmes', de Zanzim, dont les thématiques et personnages sont proches de ceux des albums écrits/dessinés à quatre mains.

Il me reste à découvrir 'La Sirène des pompiers', j'essaie de résister et me garder cette lecture pour ce WE... 😋



Cru, salé, sucré, acide, amer, piquant et doux. En un mot : savoureux.



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* https://www.parismatch.com/Royal-Blog/Royaume-Uni/Il-y-a-179-ans-la-reine-Victoria-du-Royaume-Uni-lancait-la-mode-du-mariage-en-blanc-1604526
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Conan le Cimmérien, tome 6 : Chimères de fer da..

Je me suis longtemps demandé pourquoi Virginie Augustin a décidé d'oeuvrer en solo sur une oeuvre mineure de R.E. Howard qui reprendra et améliorera la formule de "Chimères de fer dans la clarté lunaire" dans des récits ultérieurs… Homme de peu de foi que j'étais ! Elle centre encore plus que l'auteur texan le récit sur la courtisane Olivia qui comme chaque être humain souhaite écrire son destin de ses propres mains : Girl Power ! Malgré le cahier des charges le récit n'a pas pour héros Conan mais a pour héroïne Olivia… Face aux civilisés, Olivia n'a jamais été traitée en autre chose qu'une femme-objet, mais face à Conan elle découvre un homme qualifié de barbare qui au lieu de prendre de force préfère de bon gré recevoir (c'est toute la différence entre les optimates qui se croient tout permis et les populares qui se content de profiter de ce que le vie leur offre). Conan a toujours été perçu et utilisé par son concepteur comme un « problem solver », et ici le problème à résoudre est double : survivre en sauvant Olivia des périls qui la menacent et qu'elle ne pourraient jamais affronter seule, mais d'abord et surtout aider Olivia à s'accomplir en devenant la femme sans peur et sans reproche qu'elle a toujours rêvé d'être !

R.E Howard ne le savait pas encore mais il utilise des archétypes horrifiques plus modernes que lui et que magnifiera George Romero dans ses films de zombies : Conan et Olivia sont piégés entre la côte tenue par les pirates de la Fraternité Rouge (menace immédiate) et les ruines intérieures peuplées par des créatures de la nuit (menace potentielle), et entre les deux lieux rôde une horreur simiesque qui n'attend qu'une erreur de leur part pour les croquer… le récit commence par Conan prenant tous les risques pour délivrer Olivia, et se clôt par Olivia prenant tous les risques pour délivrer Conan : et pan dans les dents de tous les bien-pensants dont je vous épargnerai les noms et les préjugés hautains qui n'ont cesser de vilipender la misogynie de l'auteur texan de l'entre-deux-guerres… Vous êtes tous hors-sujet donc complètement ridicules (heureusement le ridicule semble ne pas être mortel) !

Je peux juste reprocher 2 choses au bon sinon très bon travail de Virginie Augustin : l'attaque des chimères de fer moment fort du récit ne fait qu'une seule page, et un travail perfectible sur les onomatopées mais j'en avais déjà parlé pour les tomes précédents...
Lien : http://www.portesdumultivers..
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Alim le tanneur - Intégrale

Les auteurs nous offrent un monde imaginaire avec sa flore (ah les cosses volantes d’Asphèle), sa faune (ah les jaguarondis géants !), sa géographie, sa mythologie… en mélangeant les équivalents fantasy des orients musulmans et hindouistes, de l’Empire du Milieu, du Pays du Soleil Levant, et des cultures africaines, méso-américaines et mélanésiennes. Ils s’amusent beaucoup à passer tout cela à la moulinette et c’est un grand plaisir que de retrouver tel ou tel détail des civilisations concernées (comme le palais du Potala ou les pyramides de Teotihuacan ^^). Pour ne rien gâcher c’est magnifique à contempler avec les dessins faussement enfantins de Virginie Augustin, surtout quand on passe des montagnes enneigées à la verdoyante canopée après avoir traversé déserts et marais, donc j’ai immanquablement pensé au vénérable "La Quête de l’oiseau du temps". Dommage que l’alchimie entre dessins, encrage et couleurs soit sensiblement moins réussis après le départ de Geneviève Penloup…

On nous raconte l’histoire d’Alim, l’hors-caste tanneur de peaux de sirènes tueuses, un père veuf qui veut protéger sa fille Bul de sa débordante imagination incompatible avec l’idéologie religieuse véhiculée par l’ordre établi de la Nef Iasoubine... Car le melting-pot réalisé par Wilfrid Lupano n’a d’autre but que se livrer à un réquisitoire contre l’intégrisme et du totalitarisme, le vocabulaire fondamentaliste se mariant décidément très bien avec la novlangue fasciste (c’est quand même autrement plus intelligent et plus subtil que de dessiner en boucles des figures religieuses à poil au nom du droit au blasphème…). Mais plus la fin du cycle approchait, plus j’ai eu l’impression qu’on s’intéressait davantage aux allégories qu’au récit, et quelque part là aussi c’est bien dommage !





Tome 1 :

http://www.babelio.com/livres/Augustin-Alim-le-tanneur-tome-1--Le-Secret-des-eaux/50409/critiques/914963



Tome 2 :

http://www.babelio.com/livres/Lupano-Alim-le-tanneur-Tome-2--Le-vent-de-lexil/50411/critiques/915751



Tome 3 :

http://www.babelio.com/livres/Augustin-Alim-le-tanneur-Tome-3--La-Terre-du-prophete-pale/50410/critiques/916721



Tome 4 :

http://www.babelio.com/livres/Lupano-Alim-le-tanneur-Tome-4--La-ou-brlent-les-regards/177965/critiques/918172



3,5 étoiles au final arrondies 4 étoiles
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Monsieur désire ?

Je n'avais lu que des bons avis sur cette BD, j’étais donc impatiente de la lire et je dois dire que je me suis régalée.



On plonge dans l'Angleterre Victorienne, au cœur de la haute société. Lisbeth, une jeune fille, rentre au service d'Edouard, un riche dandy libertin. Libertin, le mot est faible puisqu'il couche avec tout ce qui bouge et surtout n'a pas peur de choquer par ses paroles. Il va prendre la jeune femme, sous son aile, et va très vite devenir sa confidence. Au sein de la maison, cette relation passe mal et Lisbeth va susciter des jalousies.



Monsieur Désire ? est une bande dessinée vraiment réussite : une bonne intrigue, une plongée dans une autre époque, des dessins de qualité. De plus, l'album se poursuit par un documentaire très intéressant sur le période victorienne.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Alim le tanneur, tome 1 : Le Secret des eaux

A Brahalem, Torq Djihid revient en conquérant. Gloire à lui et à ses hommes!. En leur honneur, une grande fête va être organisée dans les rues de la ville, les femmes se pareront de leurs plus beaux bijoux et les hommes honoreront le grand prophète Jésameth. Alors que la petite Bul jouait sur la plage au cerf-volant, le commissaire Janissaire Reinkhol la prend sur la fait et la somme de le suivre afin de la punir du sacrilège qu'elle vient de commettre. Alim, son papa, est venu récupérer sa fille, non sans avoir été prévenu qu'un châtiment lui sera soumis. De retour à la maison où les attend Pépé, ils préparent solennellement la soirée. En effet, Bul a 4 ans aujourd'hui et elle doit être initiée. Au cours de la soirée, alors que tous les trois se préparent pour aller au défilé, deux soldats somment Alim de les suivre. Tanneur de son état et hors-caste, on l'informe qu'une sirène tueuse vient de s'échouer sur la plage et qu'il faut traiter sa dépouille...



Dès les premières pages, l'on reste coi... quel dépaysement et quel dessin magnifique! Virginie Augustin nous offre un premier tome incroyable. De part son dessin fin et travaillé, des visages très expressifs, une mise en page dynamique et des couleurs rayonnantes. Le scénario n'est pas en reste. En effet, Lupano réussit, une fois de plus, à nous charmer et nous envoûter avec ce premier opus alléchant , riche et prometteur d'une série novatrice. Les personnages sont des plus attachants et les rebondissements fusent. Gloire à Lupano!



Alim, Le secret des eaux... à partager...
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40 éléphants, tome 3 : Dorothy, la poinçonneuse

Le tome 2 m’avait quelque peu déçu car on n’avait pas réussi à calibrer le format de la série, et la narration et le rythme en pâtissaient fortement : tel n’est pas le cas dans ce tome 3 intitulé "Dorothy, la poinçonneuse" qui forme une histoire complète en 1 seul volume…

Après avoir vidé son trésor de guerre pour se débarrasser du gang 100% masculin d’Art Stocker le gang 100% féminin des « 40 éléphants » repart de zéro et doit de nouveau gravir tous les échelons pour s’emparer du quartier de South London :

- il y a toute une partie humoristique réussie avec les autorités qui ne savent plus à quels saints de vouer, et qui sont obligé de combattre le mal par le mal en opposant à la criminalité féminine une police féminine..

- il y a toute une partie tragique réussie qui emprunte peu ou prou à "M le Maudit" du génial Fritz Lang, puisque Scotland Yard échouant à mettre la main sur un tueur de nonnes, les mafieuses décident de se chargee elles-même de la situation...

Sauf que les femmes mafieuses et les femmes policières ont la même idée au même moment : se déguiser en nonnes pour parsemer South London d’appâts pour le tueur en série… et celles qui connaissent bien Dorothy la soupçonne d’être elle-même responsable des meurtres, et celles qui ne la connaissent pas encore assez bien ne veulent pas croire à sa culpabilité. Car entre fausses pistes et vrai suspens nous découvrons dans des flashbacks à la Sergio Leone tout en niveaux de gris le triste passé de Dorothy et ses camarades,

Graphiquement la série est toujours bien stylée et bien soignée : elle se prêterait merveilleusement à un film d’animation (mais on est dans un pays ou les preneurs de décision se savent faire que du Disney quand ils ne aplatissement pas devant la Disney Corporation, donc une fois de plus c’est mort). Attention je préfère prévenir quand même : pesez bien le pour et le contre avant de lire la page 57, car la dernière planche fait basculer le récit du « happy end » ou « sad end » !
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Monsieur désire ?

On est en Angleterre, au début de l'ère Victorienne (1840), C'est l'histoire d'un jeune Lord libertin, arrogant et suffisant, une sorte de Casanova en version anglaise, et d'une de ses employée, Lisbeth, peu bavarde, tout en retenue et pourtant il se dégage d'elle une certaine aura tout en restant très effacée, tout l'opposé d'Edward. Ce n'est pas une simple idylle entre le lord et sa simple et belle servante, rien à voir avec Pretty Woman, surtout pas fleur bleu, parfois cru et violent. Déjà, Lisbeth n'est pas très jolie, et Edward est manipulateur, cruel, calculateur, très cynique. Ensuite les rapports entre les personnages sont beaucoup plus complexes, autant liés à leurs caractères propres qu'aux rapports sociaux, à la dictature des apparences, aux conventions sociales, et surtout à l'époque. le coup de maître de cette aventure est de l'avoir totalement ancrée dans l'époque, dans un contexte qui apporte une dimension supplémentaire, comme un troisième personnage.

Le puritanisme fait un retour encore timide, c'est le début de l'ère industrielle, Il y a tout un dossier après la bande dessinée qui complète et apporte un éclairage supplémentaire, à lire absolument.

J'avoue que cette relation de lutte, de rapprochement, entre les personnages m'a vraiment impressionné, qu'une bande dessinée de 90 planches arrive à aller aussi loin dans la complexité des rapports humains, c'est vraiment très fort. Hubert aime cet aspect relationnel entre ses personnages, c'était déjà une grande réussite avec le premier tome des Ogres Dieux, ainsi qu'avec Miss Patouche, ici, le contexte anglais de 1840 parfaitement maîtrisé permet à l'histoire de tenir en équilibre sur un fil entre la vulgarité et le raffinement, le ton est toujours juste. le dessin n'est pas en reste, le trait disparaît comme étouffé par les couleurs, toujours fin, fragile comme l'histoire et les personnages, les couleurs sont naturelles, un peu vieillies. Les thèmes de cette histoire, la séduction, l'amour impossible, le rapport à l'argent, collent aux sujets de la littérature de l'époque, on y trouve la dimension un peu rétro de cette littérature avec une force moderne et contemporaine. C'est d'une très grande maîtrise.
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Alim le tanneur, Tome 4 : Là où brûlent les r..

Alim, enfin libéré de son statut d'esclave, accompagne Khélob lors de son expédition. Il veut retrouver l'île du prophète Jésameth. Mais, au cours du voyage, alors qu'ils se trouvent dans des marais, ce dernier, empêtré, est sauvé de justesse par Torq. Mais, celui-ci, attaqué par des bêtes monstrueuses, se retrouve seul, laissé pour mort. Tandis que ses hommes partent à sa recherche, Khélob poursuit sa route. Après de multiples périples, l'île se profile enfin...



Dernier opus des aventures passionnantes à souhait et dépaysantes d'Alim, même si ce dernier tome est un léger poil en deça des premiers, tant au niveau graphique que scénaristique. Lupano s'est quelque peu écarté, a brouillé les pistes et laissé Alim un peu trop de côté. Quant à Virginie Augustin, son trait devient plus approximatif et plus nerveux et les superbes planches du début de ces aventures manquent. Malgré cela, l'on veut évidemment connaître le fin mot de l'histoire qui, lui, étonne. Lupano a réussi, cette fois encore, à nous surprendre.



Alim le tanneur, Là où brûlent les regards... là où il y a encore de l'espoir...
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Monsieur désire ?

Dans l'Angleterre victorienne, Monsieur Edouard, jeune et séduisant aristocrate, profite de la vie comme il l'entend. Dandy libertin qui enchaîne les nuits de débauche, rien ni personne ne lui résiste. Jusqu'au jour où il fait plus ample connaissance avec l'une de ses femmes de ménage, Lisbeth, au physique plutôt ingrat. Lisbeth lui vient en aide suite à une beuverie qui a mal tourné. Suite à cela, son noble patron demande à ce qu'elle vienne le voir lorsqu'il le demande. Au fil des soirées, des situations et des discussions, Lisbeth devient la confidente d'Edouard, celui-ci n'hésitant pas à lui confier toute l'étendue de son expérience et de ses pratiques sexuelles.



Après la lecture de "Peau d'homme", il me tardait de découvrir une autre oeuvre D Hubert. C'est chose faite avec "Monsieur Désire" qui m'a bien séduite aussi et que l'on aurait pu appeler "Le vice et la vertu". Cette fois-ci, Hubert met en scène deux mondes qui s'opposent avec les personnages de Monsieur Edouard et sa femme de ménage, Lisbeth : d'un côté la vieille noblesse anglaise, engoncée, riche, arrogante et qui vit dans l'entre-soi ; de l'autre, les pauvres, soumis et serviles.

A travers les frasques sexuelles d'Edouard et ses multiples désirs, on dénonce une société patriarcale hypocrite et inégalitaire, qui cache les scandales de la famille royale elle-même derrière le voile de moralité et de pudibonderie de la nouvelle reine. Edouard veut choquer et provoquer toujours plus, conscient que le monde privilégié où il a grandi n'a rien de pur. Seule Lisbeth reste de marbre face à ses provocations et lui apparaît alors comme son salut. Mais là encore, pour les "gens bien nés", leur relation est contre nature.

Le dessin de Virginie Augustin met en valeur le décor où vit Edouard : grand, trop grand pour un homme seul qui se sent seul. Quant à Lisbeth, son gros nez disparaît face à la mise en lumière de sa sincérité, de sa force et de sa volonté, la rendant de plus en plus belle.

Chronique sociale, bande-dessinée historique - un long dossier en fin d'ouvrage sur le contexte économique, social et politique de l'époque complète l'histoire-, "Monsieur Désire ," nous dresse un portrait sans concession d'une Angleterre inégalitaire et gangrenée par les scandales, dont la lie est encore plus mise en valeur par la pureté de ces deux personnages écorchés vifs qui nous poussent à une réflexion pertinente et sévère sur nos rapports les uns aux autres.



C'est une histoire sombre, dure et cruelle. C'est une histoire belle et réaliste. Attention, certaines scènes très crues destinent cet ouvrage à un public adulte.

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Alim le tanneur, tome 1 : Le Secret des eaux

Les super-héros sont souvent musculeux, blindés de pouvoirs et toujours prêts à secourir la veuve et l'orphelin histoire de faire les choux gras de tous les 20h du monde et de sa proche banlieue. Flambeurs va...

Alim, lui, est...juste tanneur.

Son super pouvoir, un amour infini pour sa petite brindille, Bul.

Le don de cette dernière, systématiquement déplaire au commissaire Janissaire Reinkol, personnage emblématique de ce monde de castes dont ils sont exclus.

Une dernière incartade de sa petite fille chérie et c'est le ciel qui leur tombe sur la tête.

Alim, tanneur sans pot, devra alors prendre son destin en main.



Perfection du scénario, maîtrise totale du graphisme et du découpage, encrage de folie qui vous explose les deux n'yeux dès la première planche, y a pire comme composantes pour débuter une série.

Lupano, scénariste à l'esprit fertile et ingénieux, développe ici un monde imaginaire totalement sous la coupe de croyance ancestrales toujours psamoldiées par quelques illuminés accrochés à leurs tristes privilèges.

Le ton est alerte sans être à Malibu. Le grand-père, en caution drolatique décalée, tranche agréablement avec l'urgence du récit.

Janissaire est une enflure, comme il en existe peu, que l'on adorera détester. J'aime pas balancer mais quand même...

Et la tendresse b****l me direz-vous ? Comme s'il en pleuvait ! La petite Bul, orpheline de mère, qu'il faut surveiller comme le lait sur le feu et Alim, en père canalisateur fou d'amour pour sa progéniture indisciplinée, en regorgent tout en l'exprimant pudiquement.

Un univers fantastique, une trame captivante, des héros attachants, le tout formidablement imbriqué, ce premier opus est un petit bijou graphique annonciateur d'une très grande série.



Alim, le tanneur, provoque l'effet inverse sur le lecteur enthousiaste déjà dans les starting-block pour entamer le second volet, à Pau où ailleurs...
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Monsieur désire ?

Voilà une bande dessinée assez étonnante.

On y rencontre deux personnages principaux : un dandy oisif qui ne sait comment se distraire et qui essaie toutes sortes de jeux sexuels pour lutter contre la vacuité de sa vie, et une servante plutôt ingrate, qui n’a d’autre ambition que de faire correctement son travail.

Mais le maître va trouver très amusant de tenter de choquer la pauvre fille qui semble bien pudibonde en lui racontant par le menu ses frasques sexuelles, ses soirées de beuverie, de bagarres, ses petits jeux pervers et dangereux, la mettant du même coup dans une position difficile envers les autres domestiques de la maison.

L’histoire se passe en Angleterre à l’époque victorienne et on voit bien le vice et la vertu s’affronter au quotidien dans les diverses classes sociales.

Le sort des domestiques semble très incertain, chaque petite erreur étant sanctionnée, que ce soit par une retenue sur les gages ou par un renvoi immédiat selon de degré de gravité de la faute.

Les maîtres ont évidemment tout pouvoir sur le sort de leurs domestiques, ils peuvent les culbuter, les maltraiter ou les renvoyer sans même avoir à se justifier.

Les dessins ne m’ont pas vraiment plu mais on y voit bien la société de l’époque : les décors, les meubles, les vêtements, le vocabulaire, tout est parfaitement représentatif d’une époque et d’un lieu.

La bande dessinée se poursuit par un documentaire passionnant d’une quinzaine de pages sur divers thèmes lié à l’époque victorienne : le libertinage, la condition des femmes, les bas-quartiers, la misère et la pauvreté, les problèmes d’hygiène, la vie politique et quotidienne...

J’ai trouvé cette bande dessinée très intéressante, mais je ne peux pas dire qu’évoluer dans cette ambiance malsaine et injuste m’ait beaucoup plu.

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Alim le tanneur, Tome 3 : La Terre du proph..

Après de longues années de fuite, le vaisseau dans lequel se sont réfugiés Alim et Bul s'est malheureusement écrasé. L'épave, découverte par hasard par des Aborigènes, est en piteux état. Personne ne semble s'en être sorti. Et pourtant, ces derniers s'en approchent lorsqu'ils entendent quelqu'un gémir et murmurer le prénom de Bul. Fait prisonnier, enchaîné et traité tel un animal, Alim est à la merci de ces hommes, des années durant.

Alors que Um'Guz, un sorcier charlatan, essaie de rentrer en contact avec les esprits de l'étang, il est interrompu par un convoi. L'un des caravaniers, Gumseh, l'informe que le royaume a été libéré de la tyrannie et que les frontières sont de nouveau ouvertes, tout cela grâce à des hommes à la peau pâle et aux yeux et cheveux sombres. Enfermé dans une cage à l'abri des regards, Alim fait entendre sa voix et clame qu'il connaît ces hommes. Aussitôt, Um'Guz le somme de se taire. Intrigué, Gumseh, ne croyant pas un seul instant qu'il s'agit d'un esprit qui parle, aux dires d'Um'Guz, soulève le drap qui cachait Alim et reconnaît en lui un libérateur. Aussitôt, il exige sa libération...

Dans l'empire Jésaméthan, les choses ont beaucoup changé. Khélob, devenu Grand Timonier, règne d'une main de fer sur les territoires qu'il ne cesse de conquérir...



Dix années séparent la fin du tome précédent avec celui-ci. Alim a vieilli et, malheureusement, on ne sait pas ce qu'est devenu la petite Bul. Tout semble se jouer désormais entre Alim et Khélob, toujours aussi avide de pouvoir et de richesse. L'on change ici de décor pour se retrouver sur les terres africaines où les coutumes et la langue diffèrent. La religion est toujours omniprésente. La série prend un nouveau virage mais cela reste passionnant de bout en bout et incroyablement scénarisé. Le dessin se veut parfois imprécis sans gâcher pour autant le travail de Virginie Augustin. Les couleurs brillent de mille feux sous cette chaleur écrasante.



Alim, La terre du prophète pâle... à explorer...
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Alim le tanneur, Tome 2 : Le vent de l'exil

Pour avoir porté atteinte au Dieu-sauveur Jésameth, Alim, la petite Bul et pépé sont contraints de quitter Bramhalem. C'est ainsi qu'ils se retrouvent dans des massifs montagneux, dans la neige et le froid. Tout à coup, un simple petit oiseau effraie pépé. Ce n'est évidemment pas tant cet animal qui lui fait peur mais plutôt la silère, énorme bête monstrueuse réveillée soudainement par le volatile. Elle se met alors à les poursuivre. Tandis que pépé se voit déjà dévoré par l'animal, celle-ci est attaquée par un vautour et bien vite, s'éloigne du vieil homme. Il s'en est fallu de peu. Et, c'est en regardant vers le ciel qu'ils remarquent un drôle d'objet volant. Leurs sauveurs leur crient de grimper à bord...

A Bramhalem, c'est la chaos. Des épidémies et des maladies se sont répandues, des crues violentes ont ravagé les récoltes, même la maison d'Alim a été détruite pour briser le mauvais sort. L'infâme Torq Djihid est, quant à lui, parti à la recherche d'Alim et sa famille...



Ce deuxième volet est plus sombre que le premier même si Lupano nous offre ici et là quelques moments de fraîcheur et de douceur. L'on suit ici, en parallèle, la fuite d'Alim et sa famille poursuivie par Torq et la dictature théocratique mise en place par Khélob. Le scénario prend de l'ampleur et se veut plus abouti, de moult rebondissements assurent un certain rythme et les personnages à fort caractère s'affirment. L'on suit toujours avec grand intérêt les aventures d'Alim dans un monde où la religion a toute son importance ainsi que les croyances. Les dessins, cette fois encore, sont de toute beauté, laissant la part belle aux décors somptueux. La mise en page est remarquable et les couleurs au ton oriental nous font voyager.



Alim, Le vent de l'exil nous portera...
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40 éléphants, tome 1 : Florrie, doigts de fée

Avril 1920, Elephant & Castle, Londres. Durant la WWI les hommes sont partis au front, et en les remplaçant dans toutes les tâches les femmes se sont émancipées en apprenant à se débrouiller toutes seules, donc quand « papa » revient du front il y a de nombreuses frictions... y compris et surtout dans le domaine du crime, donc on n'est pas loin de la guerre des gangs entre les 40 éléphants de Queen Kate et les 40 voleurs d'Art Stocker, Jane ayant son mari Jim dans l'autre camp ne cessant de jeter de l'huile sur le feu ! C'est ainsi que nous suivons la jeune pickpocket Florrie Doigts de Fée prise en main par la voleuse Esther qui la fait entrer dans sa bande exclusivement féminine. Elle s’intègre rapidement et découvre les membres ainsi que les us et les coutumes de sa nouvelle famille sauf que SPOILER



J'ai retrouvé absolument toutes les belles thématiques et les belles tragédies du polar hongkongais (remember le trilogie "Le Syndicat du Crime" ou "Infernal Affairs" ^^), ici transposées dans le Londres des années folles, le féminisme en plus ! ** & ***

Ici je ne suis pas spécialement fan des dessins de Virginie Augustin assistée aux couleurs par Hubert, mais on reconnaît le travail impeccable d'une ancienne élève de l’École des Gobelins : la fluidité et l'expressivité sont remarquables, et rendent l'ensemble d'autant plus agréable qu'on a plus l'impression de visionner un film d'animation que de lire une bande dessinée ! **** J'applaudis des deux mains !!!





* : à une époque ou la procréation assistée n'existe pas le kidnapping d'enfants est une activité très lucrative, et plusieurs scandales ont défrayé la chronique comme l'Affaire Lindbergh (sans parler de cette saloperie de Franco qui éleva ces crimes odieux au rang d'industrie avec la complicité des prêtres, des policiers, des médecins et des démocraties occidentales en faisant enlever au moins 300000 enfants) MDM



** : cette BD vient contredire de A à Z ce gros cliché venu des USA communautaristes, qui consiste à affirmer qu'on ne peut s'identifier qu'à des personnages qui nous ressemblent... Si une bonne histoire est portée par un bon personnage, tout le monde peut s'y reconnaître (les fans de Laureline, Natacha et Yoko Tsuno n'était pas forcément des femmes paysannes, hôtesses de l'air ou électroniciennes !) : aujourd'hui on suit aveuglément les tendances yankees et on se retrouve coincé entre white washing et color washing qui ne sont que les deux faces de la même pièce communautariste ! MDM



*** : en BD aussi la femme est l'avenir de l'homme ! Difficile de dissocier les idées de Virginie Augustin qui s'est souvent positionnée sur le sujet de celles de Kid Toussaint que je connais très peu finalement... Dans tous les cas les auteurs sont plus productifs en réalisant cette BD au lieu de hurler avec les loups en dézinguant le machisme du milieu ultradominateur jusque qu'à ce que les choses commencent à changer les années 1970 (un grand merci Laureline, Natacha et Yoko Tsuno !), car c'est plus facile de taper sur les auteurs pris au piège de la censure que sur les éditeurs sexistes dont les rejetons font toujours la pluie et le beau temps dans le milieu... MDM



**** : le vivier de talents en scénaristes, dessinateurs et animateurs européens est aujourd'hui sans limite, donc l'Europe possède largement les moyens de devenir le plus grand bassin d'animation du monde loin devant les USA et le Japon... oui mais non, on doit se coltiner des quarterons de décideurs à la con qui singent les yankees sont en avoir l'ambition ou l'intelligence ! MDM
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Alim le tanneur, tome 1 : Le Secret des eaux

Les auteurs nous offrent un monde imaginaire avec sa flore (ah les cosses volantes d’Asphèle), sa faune (ah les jaguarondis géants !), sa géographie, sa mythologie… en mélangeant les équivalents fantasy des orients musulmans et hindouistes, de l’Empire du Milieu, du Pays du Soleil Levant, et des cultures africaines, méso-américaines et mélanésiennes. Ils s’amusent beaucoup à passer tout cela à la moulinette et c’est un grand plaisir que de retrouver tel ou tel détail des civilisations concernées (comme le palais du Potala ou les pyramides de Teotihuacan ^^). Pour ne rien gâcher c’est magnifique à contempler avec les dessins faussement enfantins de Virginie Augustin, surtout quand on passe des montagnes enneigées à la verdoyante canopée après avoir traversé déserts et marais, donc j’ai immanquablement pensé au vénérable "La Quête de l’oiseau du temps". Dommage que l’alchimie entre dessins, encrage et couleurs soit sensiblement moins réussis après le départ de Geneviève Penloup…

On nous raconte l’histoire d’Alim, l’hors-caste tanneur de peaux de sirènes tueuses, un père veuf qui veut protéger sa fille Bul de sa débordante imagination incompatible avec l’idéologie religieuse véhiculée par l’ordre établi de la Nef Iasoubine... Car le melting-pot réalisé par Wilfrid Lupano n’a d’autre but que se livrer à un réquisitoire contre l’intégrisme et du totalitarisme, le vocabulaire fondamentaliste se mariant décidément très bien avec la novlangue fasciste (c’est quand même autrement plus intelligent et plus subtil que de dessiner en boucles des figures religieuses à poil au nom du droit au blasphème…). Mais plus la fin du cycle approchait, plus j’ai eu l’impression qu’on s’intéressait davantage aux allégories qu’au récit, et quelque part là aussi c’est bien dommage !





Tome 1 :

D’après les prêtres, le prophète Jésameth a travers la mer pour demander aux dieux d’offrir un destin aux hommes, et n’étant jamais revenu ils en ont conclu qu’il avait réussi sa quête et que pour l’humanité devait désormais obéir aux commandements : il faut prier chaque jour pour remercier les dieux, il faut respecter les règles établies par leurs serviteurs, il faut détruire les hérétiques, la mer est réservé aux poissons car blablabla, le ciel est reversé aux oiseaux car blablabla, les arbres sont réservés aux singes car blablabla... Du coup la petite Bul qui aime tant jouer au cerf-volant est dans le collimateur du commissaire janissaire Reinkhol (^^). Et quand lors du Jour Saint (qui mélange homélies chrétiennes, chants staliniens et sacrifices humains…), elle évoque tout haut la supercherie théocratique en affirmant avoir découvert avec son père les reliques du prophète dans le ventre d’une sirène tueuse, elle n’arrange vraiment pas son cas !

Alim et Bul incarcérés par l’inquisiteur en chef, c’est pépé qui vient les sauver en se faisant passer pour Jésameth revenu du paradis… Du coup Alim devient l’objet d’une rumeur (puis d’une légende et enfin d’un culte dans les tomes suivants), celle du hors-caste condamné tellement injustement par le pouvoir en place que le Prophète a du intervenir en personne pour rétablir la justice. Pour ledit pouvoir en place, censément infaillible car censément seul détenteur de la vérité, l’heure est grave : la traque est lancée, la famille est obligée de s’exilée… Et malgré toutes les explications du monde le puissant guerrier Soubyr n’en démord pas, et donc propage la rumeur : il y a bel et bien eu miracle !
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Monsieur désire ?

Mise en bouche raffinée pour se mettre - ou comme moi, se remettre - à la BD.



Virginie Augustin m’a harponnée par sa mise en images très délicate pour un très grand nombre de grands dessins. Elle a su donner un tempo dans les dessins que j’ai apprécié. Elle navigue entre des séries de petits dessins (toujours de tailles différentes d’ailleurs) peu travaillés afin de faire avancer assez vite l’histoire, et d’autres dessins flash allant de la demie page à la page entière qu’elle a hyper travaillés. Jamais de lassitude dans le rythme du dessin, toujours un autre jeu de fond des illustrations.

L’histoire se joue au milieu du 19e siècle, dans une maison profondément aristocratique, mais qui regroupe un beau panel de domestiques hiérarchisés et largement assez intelligents pour se frotter à « Monsieur » et ses amis.



On vogue ainsi entre le monde d’Edouard l’aristo anglais et celui de Lisbeth la domestique typée de l’époque victorienne. Le premier , Monsieur » suit le mouvement général des congénères de sa classe, à savoir le changement de lieu selon les saisons et les occupations régulièrement rejouées : année après année sa classe sociale passe des saisons de chasses à courre avec leurs festivités, à celles des saisons parlementaires et de leurs bals masqués et autres spectacles maintenant la vie sociale. La seconde, Lisbeth, jeune recrue, qui va devoir apprendre ce qu’il est bon de savoir faire mais aussi bon de savoir dire ou pas. A travers elle on retrouve tous les travers de l’époque, entre naissances illégitimes, prostitution, la précocité de l’emploi de la plupart des domestiques, la densité de la population de Londres, le monde des crimes et délits, et et et l’émigration (qui faisait déjà parler d’elle).



Elle termine son livre par ce que j’ai réellement adoré, une trentaine de pages illustrées nous emportant dans un joli voyage dans le temps. Elle y relate tous les points essentiels pour comprendre l’époque, le lieu remis dans le contexte mondiale du moment, ainsi que les problèmes sociétaux afférents.



Toute la morale victorienne est ici relatée et dessinée avec cette aisance d’une dessinatrice qui a assimilé son sujet.



Pour moi zéro faute pour une BD.

Petit clin d’oeil à Erik, babéliote éclaireur en la matière, qui m’a incité à lire quelques récits insoupçonnés sous forme de BD.
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