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Critiques de William Shakespeare (1644)
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Les joyeuses commères de Windsor

J’affiche mon air le plus humble et soupire intérieurement. Il s’agit de faire profil bas. Car bringuebalant sa majestueuse bedaine d’un bout à l’autre de la pièce, mon noble interlocuteur roule des yeux furibonds, dresse la tête comme un coq et tortille furieusement les pointes de ses magnifiques moustaches en croc.



« Tout de même jeune maître, vous conviendrez qu’elle est un peu raide ! Moi, John Fastolf, un pair du royaume, un chevalier de la Jarretière, trainé dans la fange – littéralement, puisqu’il me fait jeter dans la Tamise ! Humilié, mortifié par un histrion de bas étage, un bateleur du Warwickshire sentant la taverne et l’oignon !



Une pile d’écuelle s’écroule avec fracas, ayant eu le malheur de rencontrer l’auguste ventre du dignitaire du plus ancien ordre de chevalerie du monde. Ce dernier n’en a cure.



- Me dépeindre en ivrogne, en gouffre à mangeaille, en débauché ruiné tentant de séduire deux braves commères ! Les mettre en scène se gaussant de moi, m’attirant dans des rendez-vous piégés, d’où je fuis déguisé en vieille femme sous les coups de leurs époux ! Et le plus beau pour la fin : m’envoyer dans la forêt affublé d’une paire de cornes, et m’y effrayer d’enfants déguisés en lutins, moi qui ai chargé les Français à Verneuil et à Patay !



- Heu oui enfin, glisse-je, à Patay, la rumeur veut que vous vous soyez enfui…



Un regard furieux me frappe comme une flèche de longbow.



- Les scribes barbouillés d’encre sont décidément plus dangereux que la bannière fleurdelisée ! Ces chiens m’ont toujours haï et médit, et vous le savez !



Il éponge son large front et s’écroule dans un siège, hors d’haleine. Le moment est venu de contre-attaquer.



- Allons sir John dis-je doctement, ‘Les joyeuses commères de Windsor’ est une maître pièce, qui a fait rire des générations et en fera rire encore bien d’autres. Et songez que c’est grâce à elle que votre nom n’a point sombré dans l’oubli comme ceux de vos camarades ! Qui parle encore de Jean de Lancastre, John Talbot de Thomas de Scales ? Mais le vôtre, déformé mais aisément reconnaissable, est sur les lèvres des plus belles dames et brille aux frontons des plus beaux bâtiments...



Un grognement méprisant me coupe.



- Des actrices ! Des théâtres ! Cent fois j’aurais préféré voir mon nom sommeiller sous la poussière, au côté de ceux des nobles compagnons que vous citez !



Bon. Allons-y pour l’artillerie lourde.



- Vous ne devriez pas, Sir John. Car le Barde vous a néanmoins fait un beau cadeau : il vous a rendu sympathique. Peut-être vous a-t-il fait menteur, voleur, tricheur. Mais il a également fait de vous un brave homme, qui sait reconnaitre ses torts, accepter la punition qu’il a mérité et ne se formalise pas de vider un pichet avec celui qui la lui a infligé. Et Verdi, le compositeur le plus adulé de tous les temps, vous a dédié son seul opéra comique. Malgré tous vos défauts nous vous aimons, Sir John, que pouvez-vous désirer de plus ?



Songeur, il vide sa chopine d’une formidable lampée.



- Peut-être avez-vous raison, béjaune, grommelle-t-il. Et puis au fond, ai-je le choix ? »



Et la deuxième moitié de la bouteille part rejoindre la première.
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Beaucoup de bruit pour rien

Les comédies de Shakespeare tournent un peu toutes autours des mêmes éléments. Amours contrariés, traitrise, quiproquos, fin heureuse. Mais ‘Beaucoup de bruit pour rien’ recèle quelque chose de plus – et plus que son titre ne le laisse à penser.



Pourtant rien de plus classique à première vue. Un roi débonnaire avec un méchant frère. Deux jeunes officiers beaux, courageux et appréciés du roi : Claudio et Bénédict. Deux charmantes jeunes filles, cousines bien sûr, Héro et Béatrice. Claudio et Héro s’aiment, mais le méchant leur fait un coup à la Iago : convaincu par ruse que sa bien-aimée le trompe, Claudio l’abandonne et l’humilie devant l’autel. La tricherie est découverte, et tout fini bien. Mais quelque chose vient s’additionner à ce canevas bien rodé, l’enrichir et le transformer : la relation entre Béatrice et Bénédict.



Au début de l’histoire, les deux ne peuvent pas se supporter. Mais c’est avec une totale liberté de ton qu’ils se lancent pique sur pique. Béatrice n’hésite pas à remettre en cause le courage physique et les compétences militaires de Bénédict ; ce dernier n’a pas plus de scrupule à la comparer à son cheval. C’est un échange d’égal à égal entre un homme et une femme, sans frein, où seuls comptent l’intelligence et l’esprit. On sort totalement et abruptement du dialogue d’amour courtois, et pourtant on distingue sans peine la séduction qui se cache dans leurs agaceries – et du reste leur entourage n’est pas dupe.



Mais ces deux-là se distinguent également par le courage et la loyauté qu’ils dissimulent sous leur apparence de légèreté. Bénédict est l’un des premiers à croire en l’innocence d’Héro, et malgré sa répugnance, pour la venger, il prend le risque de tuer – ou pire, humilier – Claudio, son ami de toujours et compagnon d’arme. Mais c’est la rage de Béatrice, et son cri d’impuissance (« oh, si j’étais un homme ! ») qui l’y décident.



Ce n’est plus l’amour romantique et ses grandes déclarations à la Roméo et Juliette. C’est un amour où domine la lucidité, où chacun traite l’autre d’égale à égale, et respecte avant tout son intelligence, sa loyauté et son courage. Deux personnages étonnamment modernes en somme.



Berlioz intitula d’ailleurs « Béatrice et Bénédict » l’opéra qu’il tira de la pièce, et fit le choix de l’expurger de tout élément tragique pour centrer l’histoire sur leur relation. Qu’il compléta avec un hymne au vin de Syracuse, que j’espère bien gouter un jour.
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Peines d'amour perdues

Troisième et dernière pièce de Shakespeare que son traducteur François-Victor Hugo — fils de Victor — a classée dans le groupe des « comédies de l'amour », Peines d'Amour Perdues s'est avérée un brin décevante.



La scène est en Navarre, alors que le roi et ses trois condisciples ont décidé de s'isoler du monde, de la chaire et surtout des femmes, afin de ne se consacrer qu'à l'étude. Voilà-ti pas que débarquent la princesse de France et trois dames de compagnie en mission diplomatique. A la vue des belles le sang des verts galants ne fait qu'un tour en forme de coeur. Tension déchirante entre les voeux et les émotions, mais on devine vite qui va gagner. La Cour va donc faire sa cour. Mais ces dames, qui se sont vues refuser le gîte dans un premier temps (les voeux) vont se régaler à faire tourner cette cour en bourrique de basse-cour.



Voilà pour le fil rouge. Ce qui m'a gêné, c'est que le fil est paumé dans une pelote emberlificotée comme si un chat avait joué avec. Shakespeare se régale d'introduire des sous intrigues et des personnages qui ne se raccrochent à l'intrigue principale que par l'ombre d'un lacet : le maître d'école et le curé qui déclament en latin, le seigneur espagnol amoureux de la paysanne et moqué par son page, une pièce de théâtre jouée par les humbles devant les nobles qui les humilient (assez proche du Songe d'une Nuit d'Été dans l'esprit). Faut s'accrocher à la pente savonneuse.



Bon, tout ça c'est fait pour faire rire et Shakespeare sacrifie la structure à l'humour. Cet humour d'ailleurs est parfois assez génial, comme quand on joue avec le sens des mots qu'on prend ou non au pied de la lettre, du genre :

[TROGNE] Pardon ! quelle est ici la dame à la tête.

[LA PRINCESSE] Pour la reconnaître, l'ami, tu n'as qu'à voir celles qui n'ont pas de tête.

Parfois cela me passe à deux miles au-dessus de la tête (car j'en ai une, moi). J'ai repéré un petit passage grivois ([BOYET] Si mon instrument est en dehors, en revanche le vôtre est en dedans – les instruments étant bien sûr leurs langues chargées de placer quelques saillies intellectuelles bien senties).



Mais si j'ai fait la fine bouche, j'ai apprécié d'apprendre l'origine de la pièce dans… la biographie sur Henri IV de Jean-Pierre Babelon. Apparemment Shakespeare s'est inspirée de la Cour de Nérac, une période située autour de 1580, alors qu'Henri de Navarre est revenu sur ses terres et qu'il accueille son épouse Marguerite de Valois chassée de Paris par son roi de frère Henri III. Époque frivole, climat de galanterie et tenues féminines attirantes ont laissé leur place dans l'Histoire au point d'inspirer le génial auteur anglais (et de dégoûter l'opinion protestante plutôt portée à la rigueur).



En résumé, si je ne trouve pas la lecture de cette pièce indispensable, elle n'est pas non plus franchement désagréable. Un bon rire vaut un bon steak, et tant pis pour les végétariens.

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La Mégère apprivoisée

Christopher Sly, bien aviné, s’endort au bord de la route. Un Lord de passage, décidé à s’amuser à ses dépends, le fait transporter dans ses appartements et l’entoure de mille richesses. À son réveil, Sly se croit en plein délire et les domestiques lui affirment qu’il est Lord et qu’il se relève d’une grave maladie. « Suis-je un lord ? Est-il vrai que je possède une telle femme ? Ou bien est-ce un rêve que je fais ? Ou ai-je rêvé jusqu'à ce jour ? Je ne dors pas ; je vois, j'entends, je parle ; je sens ces suaves odeurs, et mes mains sont sensibles à la douceur de ce toucher. Sur ma vie, je suis un lord en effet, et non pas un chaudronnier, ni Christophe Sly. Allons amenez-nous notre femme, que nous la voyions ; et encore un coup, un pot de petite bière. »

Pour poursuivre son étrange plaisir, le Lord a engagé une troupe de comédiens et offre à Sly le spectacle d’une pièce de théâtre. « Les comédiens de Votre Honneur ayant été informés de votre rétablissement sont venus pour vous régaler d'une fort jolie comédie, car nos docteurs sont d'avis que ce divertissement est très bon à votre santé, voyant que c'était un amas de mélancolie qui avait épaissi votre sang, et la mélancolie est mère de la frénésie : ainsi ils vous conseillent d'assister à la représentation d'une pièce, et d'accoutumer votre âme à la gaieté et au plaisir ; remède qui prévient mille maux et prolonge la vie. »

Voici la pièce dans la pièce : Baptista, vieil aristocrate de la ville de Padoue, voudrait marier sa cadette, la douce Bianca, que courtisent déjà deux hommes, mais il doit d’abord trouver un époux à Catherine, son aînée au caractère insupportable. Arrivent deux hommes : Petruchio de Vérone qui ne pense qu’à épouser une fille riche et Lucentio de Pise qui tombe immédiatement amoureux de Bianca. Le premier persuade le vieux Baptista de lui donner son aînée en mariage et le second échange sa place avec son valet pour approcher la belle Bianca sans affronter les deux prétendants en titre. Ne reste qu’à Petruchio à mater son irascible épouse et à Lucentio à séduire et épouser Bianca.

Shakespeare présente un bel exemple de mise en abîme : les premiers personnages, Sly et le Lord, deviennent spectateurs d’une autre pièce de théâtre, ce qui met le vrai spectateur à la marge de la représentation et le force à dédoubler son attention puisque la première pièce continue subrepticement. La tromperie est à l’honneur dans cette pièce : le Lord se joue de Sly et Lucentio prend la place de son valet pour mieux arriver à ses fins. Et la pièce toute entière se joue du spectateur et des repères classiques.

Pour ce qui est de la mégère que l’on apprivoise, le titre français est un peu édulcoré. Petruchio ne prend pas de pincettes pour rendre Catherine docile : privée d’eau, de nourriture et de beaux vêtements, pas étonnant qu’elle devienne rapidement une épouse obéissante. Et quel contraste avec Bianca présentée comme la femme parfaite, douce, tendre et forcément soumise. Le rêve de tout homme ? Mouais. Carrément misogyne le Shakespeare !

La pièce est drôle et facile à lire, mais elle gagne sans aucun doute à être vue sur les planches, surtout pour faire la différence entre les deux pièces qui se jouent plus ou moins simultanément.

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Henri VI, tome 3

Je comptais vous donner le tournis en alignant à la chaine les batailles, assassinats, traitrises, vengeances et changements de camp de la Fortune, mais je me suis dit que ce ne serait pas chic.



Shakespeare compresse dix ans d'événements de la guerre des Deux-Roses en cinq actes. Ces événements ressemblent à une balle de squash qui changerait un peu de couleur en rebondissant sur les murs, tellement ils se ressemblent. Au milieu de ce carnage en règle entre Lancaster et York pour une couronne se dégagent quelques grands personnages.

Henry VI bien sûr, un Lancastre. En fait un gars qui n'a jamais eu la carrure pour être roi, l'antithèse de son père Henry V. Défaitiste, pas batailleur pour un sou. Si les combats autour de sa personne continuent, c'est surtout parce que sa reine Marguerite d'Anjou ne se laisse pas faire.

Richard d'York, un… York. Il a défait Henry et parvient à se faire nommer son héritier à la couronne. Mais il ne survivra pas à la bataille suivante.

Édouard IV, York fils du précédent. Il fait prisonnier Henry et prend sa couronne. Il est viré à son tour suite à la défection de Warwick – dit le Faiseur de rois – qui replace Henry sur le trône. Faut dire qu'il se comporte un peu comme un imbécile. Mais le sort se retourne à nouveau et il finira par consolider son statut de roi.

Richard, York, duc de Gloucester, frère d'Édouard. Il soutient « fidèlement » son frère, mais certains monologues annoncent sa trahison future (eh oui, c'est le futur Richard III).

Et le fameux Warwick dont j'ai déjà parlé et qui mériterait un roman à lui tout seul.



Je parle d'Histoire et pas de théâtre. C'est parce que le théâtre, il n'y en a pas beaucoup. Hormis l'acte III qui montre une scène amusante faite de jeux de mots et quelques commentaires à part qui répondent au dialogue principal, on compte quelques tirades pathétiques de perdants et de mourants, des serments de fidélité éternelle qui tiennent le temps d'une scène et des rodomontades échangées entre ennemis. Shakespeare n'est pas plus inspiré que dans les parties précédentes de Henry VI. Même le passage montrant la tragédie de la guerre civile (un père qui tue son fils, un fils qui tue son père) est emprunté à Hall ou Holinshed.



Si on est loin du merveilleux théâtre de Hamlet ou Macbeth, cela se lit quand même sans déplaisir. Et il faut bien avouer que cela permet de faire le point sur une période fondamentale de l'Histoire d'Angleterre qui n'est pas souvent traitée dans les livres d'Histoire disponibles en France.

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Le Marchand de Venise - Comme il vous plair..

Je connaissais le "pitch" du "Marchand de Venise" sans jamais avoir lu la pièce, ni vu jouer. A présent, je suis impatiente que les théâtres rouvrent y la programme pour que je m'y précipite.



Sur un ton proche de l'excellente "Beaucoup de bruit pour rien", "Le Marchand de Venise" fleurte entre comédie et tragédie. Si la pièce ne recèle pas autant d'humour que "Beaucoup de bruit pour rien", elle met de même les femmes à l'honneur à travers le personnage fort de Portia, riche héritière, et de sa suivante Nérissa. Quant au fourbe usurier juif Shylock, on adore le détester.



Pièce en cinq actes très bien rythmée et aux personnages nombreux, "Le Marchand de Venise" m'a donné beaucoup de plaisir et de sourires et me conforte dans mon opinion que j'apprécie davantage le grand Will à travers ses comédies plutôt qu'à travers ses tragédies.





Challenge MULTI-DEFIS 2021

Challenge SOLIDAIRE 2021

Challenge RIQUIQUI 2021

Challenge COEUR d'ARTICHAUT 2021
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Le Songe d'une nuit d'été

Je garde un très grand et beau souvenir de cette pièce que je n'ai pas lue. En fait, je ne lis que très rarement les pièces de théatre. Je pars du principe que le théatre est fait pour être vu , non pour être lu. C'est en été, au Cirque de Gavarnie, dans les Pyrénées que j'ai donc eu la chance de voir cette pièce, il y a déjà quelques années. Je me souviens très peu de l'intrigue. Souvenirs de fées et d'intrigues amoureuses contrariées par les Dieux. Tout cela sous le ciel étoilé d'été dans la montagne. Un lieu en étroite harmonie avec l'intrigue. Puk, il me semble, créait le lien entre les différentes intrigues et emmenait le public d'une scène à l'autre.

Même si, comme j'ai pu le lire ailleurs, il s'agit d'une pièce mineure de l'auteur, je crois que pour moi, Shakespeare a atteint son but, me faire rêver !
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Hamlet

Qui n'a pas entendu parler d'Hamlet? Mais qui l'a vraiment lu? Ce n'était pas mon cas, aussi ai-je décidé de plonger dans ce classique des classiques, découvrir dans le texte cette tragédie. Et quelle tragédie!!!

En fait de tragédie, il s'agit davantage de tragédieS: plusieurs destins trouvent leur aboutissement, plusieurs intrigues s'imbriquent les unes dans les autres à la cour du Danemark.



Hamlet pleure la mort de son père et se fait passer pour fou afin de mieux enquêter et espérer piéger l'assassin. On entre en plein fantastique avec l'apparition du spectre du Roi mort, l'acte 2 propose un beau passage de théâtre dans le théâtre avec une représentation de comédiens devant la Cour, on apprend la noyade d'Ophélie folle depuis la mort de son père, on assiste à une scène crûment réaliste avec le crâne sorti de la tombe creusée pour Ophélie, des complots sont fomentées à la Cour… Au final, 4 personnages trouvent la mort simultanément alors qu'un seul était visé.



La langue de Shakespeare est riche et travaillée, pas toujours aisée à comprendre mais ô combien agréable à dire et entendre: rythmée, elle «sonne» bien. On y trouve des références mythologiques, des codes de la société du XVIIe siècle, mais parfois des accents modernes également.

J'ai aimé la réflexion autour du théâtre, du jeu des acteurs et leur façon de devoir prononcer les phrases. Clin d'oeil vers son public, Shakespeare nous rappelle que nous sommes bien au théâtre.

Je m'interroge sur la mise en scène d'une telle pièce avec sa multitude de lieux, l'apparition du spectre et la tombe à creuser. En lisant j'imaginais un décor assez neutre, sans trop d'apparat, laissant au public le soin d'imaginer. Ce sont les mots qui comptent ici, qui emplissent l'espace.



Challenge théâtre 2016-17

Challenge en choeur
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Le Songe d'une nuit d'été

Honte à moi ! Shakespeare, le grand Shakespeare, m'ennuie ! Je suis arrivée à cette conclusion après avoir vu quelques pièces, en avoir lues d'autres et même étudié certaines pendant mes études. Je reconnais son talent d'imagination, de dramaturgie et de style... mais je m'ennuie quand même !



Le Songe d'une nuit d'été ne fait pas exception : l'histoire de Puck, Titania, Obéron, Thésée, Lysandre, Hermia, Héléna et l'âne est plutôt amusante, avec ses quiproquos, son comique de situation, ses philtres, ses elfes et ses chansons. Les tirades sont bien tournées, les différentes scènes bien amenées, les personnages bien représentés. Mais la magie n'opère pas chez moi.



J'ai toutefois bien apprécié l'édition bilingue qui permet de faire des allers-retours entre la version originale et la traduction, de même que la chronologie finale très instructive. En revanche, la présentation m'a semble incompréhensible à qui n'a pas d'abord lu la pièce, et assez insipide.



Pour mes nuits d'été, je vais donc laisser les Songes de côté et retourner à mes romans préférés !



Challenge Variété

Challenge Petits plaisirs 22/xx
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La Tempête

Une oeuvre qui m'est chère, mon avatar Babelio en témoigne. C'est avec elle que je me relevai, sur le plan des études littéraires, après une très longue passe morose, de doutes quant à ma compatibilité avec la littérature. C'est avec la lecture de La Tempête et le cours qui allait avec que je vécus une renaissance littéraire et humaine qui n'a jamais cessé depuis, que j'arrivai jusqu'au Master, dévorant polars et tragédies à n'en plus pouvoir.



Je ne connaissais rien de la pièce lors de sa lecture, et je la voyais comme une tragédie. Le poids immense des paroles de Prospéro, exilé, qui s'apprête à prendre sa revanche, déchaîner les éléments et le spectacle, était pour moi le même que celui d'Hamlet. J'ignorais qu'il s'agissait d'une des fameuses pièces à problème, tragi-comédie, inclassable... Et tant mieux. L'équilibre est parfait, la gravité tragique cède la place à l'entente, les moments de comédie sont réussis et compatibles avec les évènements... Le chant du cygne de Shakespeare, et un de ses chefs d'oeuvre, sur lui-même, en tant qu'artiste, dramaturge, metteur en scène, créateur, démiurge, sur nous tous, artistes et artophiles.
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Roméo et Juliette

J'ai enfin lu "Roméo et Juliette", tragédie légendaire de William Shakespeare. La scène se passe à Vérone, les familles Capulet et Montaigu sont en conflit depuis plusieurs siècles. Le jeune Roméo Montaigu, amoureux de Rosalie profite de la présence de la jeune femme à une fête donnée par les Capulet pour s'y rendre. Toutefois, lorsque Roméo aperçoit Juliette, la fille de Capulet, c'est le coup de foudre. Malheureusement, cet amour réciproque ne peut aboutir à une fin heureuse et les deux jeunes gens vont devoir affronter bien des problèmes...



Cette pièce de théâtre est vraiment passionnante, avec ce couple mythique qu'est Roméo et Juliette, "les amants de Vérone" qui doit faire face au conflit entre leurs familles et la réplique célèbre de Juliette : "Ô Roméo, Roméo, pourquoi donc es-tu Roméo ?" si sincère, profonde et tragique à la fois...

J'ai passé un délicieux moment sous la plume de Shakespeare, sans doute le plus grand dramaturge anglais de tous les temps.



A lire absolument !
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La Tempête

Qu'est-ce qui manque dans Shakespeare?

Rien.

On y trouve tout et la Tempête en est une énième illustration: drame, comédie, poésie, philosophie, politique, psychologie, anthropologie, cosmologie, féerie.

La pièce est classée dans les comédies, puisqu'elle "finit bien." Par là il faut entendre que le personnage principal, Prospéro, arrive à rétablir un certain ordre moral bafoué.

Chassé par son frère usurpateur, échoué avec sa fille sur une île presque déserte, il utilise ses pouvoirs magiques pour amener les criminels à reconnaître leurs torts et récupérer son duché. L'humanité est donc bien faible, si elle ne peut réparer les fautes commises par ses propres moyens. L'argument n'est pas particulièrement comique.

Il y a bien sûr des épisodes de comédie, générés notamment par le personnage de Caliban, fils contrefait d'une sorcière, et seul habitant de l'île à l'arrivée de Prospéro. Mais Caliban est tout aussi inquiétant que drôle, et pose la question de l'humanité, lui qui est généralement appelé "monstre." Prospéro n'est pas tendre avec lui, peut-être a-t-il ses raisons.

Il est servi par un autre quasi-humain, le génie Ariel, qui fait des prodiges. C'est lui qui déclenche la tempête qui amènera l'usurpateur, son fils, et même le roi, et leur suite, sur l'île. Il ne rêve que de reprendre sa liberté.

La pièce baigne donc dans une atmosphère magique, mais elle pose quelques questions fondamentales sur la condition humaine. Aucun personnage n'emporte complètement l'adhésion. C'est sans doute pour cela que nous sentons une telle proximité avec leur imperfection.



Et nous éprouvons toujours le même bonheur de puiser dans les trésors shakespeariens.



Lu dans la traduction de Jean-Michel Déprats, Bibliothèque de la Pléiade (Oeuvres complètes de Shakespeare 7, Comédies 3)

Mes citations viennent de cette traduction.
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Othello

'une nouvelle édition de la pièce du grand William est disponible, dans une belle version bilingue avec une introduction et une traduction de Léone Teyssandier inédites en poche et saluées par Pierre Assouline .

Texte parfait , c’est ce cher William tout de même et une histoire d’amour tragique entre la fille d’un sénateur vénitien la belle Desdemonde et un ancien esclave devenu général le vaillant Othello.



Plus le méchant est réussi, plus réussi sera la pièce: Iago, un salaud intégral d’anthologie.



Sacré Shakespeare, il y a quatre cents ans et déjà au fait du poison du doute qui tue à petit feu les âmes sensibles.Je suppose que tout le monde connait Othello et Desdemonde donc que dire de plus que cette édition bilingue est à posseder dans sa bibliotheque sans hésiter!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Othello

Une relecture très intéressante que j'aie faite dans le cadre de Pioche dans ma PAL de mars 2018.

Merci tout d'abord à Bbpoussy pour cette pioche : j'ai passé des moments agréables avec cette lecture.

Cela faisait un moment que je n'avais pas lu du Shakespeare. Comme d'habitude, il m'a fallu un temps d'adaptation avec le style narratif. J'en profite pour dire que le style ( ainsi que la traduction, mon niveau est loin d'être assez bon pour l'original) est magnifique, notamment les tirades d'Othello que je trouve souvent pleine de lyrisme. Le personnage d'Othello en lui-même est très intéressant, avec tellement de qualité et pourtant très destructeur, comme tout bon héros tragique. Je me suis interrogée sur le choix de Shakespeare sur un héros maure. Apparemment les relations avec le monde Ottoman était au beau fixe au moment de l'écriture de cette pièce, un ambassadeur étant récemment venu à Londres. Une petite découverte historique comme cerise sur le gâteau.

Mais le personnage qui me plaît le plus est sans nul doute le marionnettiste de cette tragédie, le fameux Iago! A part quelque moment où il semble trop omniscient, Iago déploie avec art les ficelles de sa vengeance qui au final s'avère beaucoup plus importante par rapport au "tort" du début. Un excellent moment avec ce classique que je recommande à tout ceux voulant se lancer dans du Shakespeare.
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Hamlet

Pour une fois, je n'ai pas lu le texte avant d'aller voir la pièce représentée, j'ai fait l'inverse. Je me suis laissée emporter par les mots écrits par un homme il y a plus de cinq cents ans et qui m'ont touchée par delà le temps. Puis j'ai mis le nez dans le texte, pour ne pas laisser partir si vite cette impression fugace de modernité. J'ai eu du mal à retrouver la magnifique traduction d'Yves Bonnefoy, celle qui fait dire à Hamlet " être ou n'être pas..." . Situé dans le royaume de Danemark, Hamlet ne nous conte rien d'historique, c'est une affaire de vengeance, de folie, une tragédie familiale qui anéantit tout. On se demande vraiment si Hamlet est fou ou bien s'il joue, si le spectre est réel ou dans son esprit troublé, s'il utilise ce subterfuge de la déraison pour obliger les meurtriers de son père à se dévoiler, toujours est-il qu'il joue, et se sert d'une troupe de comédiens pour représenter la mort de son père. La vie n'est peut-être qu' une scène de théâtre sur laquelle nous nous entrechoquons violemment. La mise en scène de Dan Jemmett pour la Comédie Française est moderne et dérangeante â souhait. Denis Podalydes est fascinant de justesse, tout en nuance entre excès et retenue. Une belle découverte qui me laisse encore songeuse, à méditer au dessus des mots, et sur le sens de toute cette histoire à dimension mythique .
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La mort de Lucrèce

J'ai eu une version numérique bourrée de faute si bien que cela dénature le plaisir de déguster la musicalité de cette poésie tragique....



A travers les plaidoiries d'un crime passionnel qui n'est que celui d'adultère, Shakespeare nous raconte la vie, à travers chaque mot qui accompagne les émotions des personnages, la nature humaine nous est révélée, l'homme se dévoile, se découvre comme un être inconstant, et aussi un être doté de raison, un être, même dans ses faiblesses, est régi par la conscience...



Comme Tarquin, croyant trouvé la paix en possédant Lucrèce, la femme de Collatin, mais aussitôt il se sent déshonoré...



Comme Lucrèce, croyant que sa faiblesse serait contenue entre quatre murs, n'éprouvant aucun moyen de corrompre sa conscience, elle choisit de se donner la mort...
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Hamlet - Le Roi Lear

Les spécialistes de Shakespeare s'accordent sur le fait que la pièce "Le Roi Lear" fût écrite entre 1603 et 1606. Elle a été jouée pour la première fois en présence du roi Jacques 1er d'Angleterre le 26 décembre 1606 au palais de Whitehall de Londres. L'histoire vous la connaissez tous, elle s'inspire de "L'histoire des rois de Bretagne" (remontant à 1135 et 1138) écrite par Geoffroy de Monmouth, entre autres sources. "Le Roi Lear" est une tragédie en cinq actes. J'ai trouvé cette pièce de Shakespeare très agréable à lire. Mais je dois vous avouez que j'ai néanmoins préféré mon expérience de lecture de "Macbeth." C'est une histoire de ressenti totalement subjective. Place à la lecture de "Hamlet."
Lien : https://thedude524.com/2022/..
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Hamlet

Énième relecture d’une pièce dont je ne me lasserai, je crois, jamais, énième relecture faite, à 4 ou 5 ans d’intervalle de la précédente, de nouvelles perspectives, comme à chaque nouvelle lecture, et c’est pour cette raison que, justement, je ne m’en lasserai jamais, comme si, au fil des ans qui passaient, l’on ne pouvait que l’aborder sous un autre regard, qui nous réserve toujours de nouvelles surprises.



Hamlet, c’est le théâtre de la noirceur, de la cruauté, de la folie, au plus proche des tragédies antiques – du moins celles que je connais -, et c’est ce qui en fait, à mon sens, sa grandeur. Car cette noirceur, de prime abord quasi imperceptible, ne fait que croître à la découverte de la vérité quant à la mort de son père pour Hamlet, prince du Danemark, fils d’une femme qui s’est remariée bien vite au frère de son premier époux pour permettre au royaume de supporter les affronts de divers ennemis concourant au trône. La noirceur grandira d’abord en notre personnage éponyme jusqu’à le mener à la folie, avant de contaminer Ophelia, sa promise, Laertes, le frère de celle-ci, et progressivement, comme tout le royaume. Noirceur du deuil, mais aussi, et plus encore, de la vengeance, qui atteindra chacun, à plus ou moins grande étendue, jusqu’à un dénouement on ne peut plus tragique, si terrible que l’on n’en trouve que peu ainsi.



Mais une pièce de Shakespeare n’en serait pas une sans la petite pointe de légèreté qui atténue parfois la terrible pesanteur de la situation et de certaines scènes, légèreté incarnée ici dans la folie comme douce des deux amoureux, Hamlet et Ophelia, tour à tour maîtrisant le langage poétique et les jeux de mots comme personne, faisant preuve de toute leur intelligence et de toute leur subtilité malgré la confusion de leur esprit causée par la douleur de la perte, intelligence et subtilité finalement aiguisées du fait de cette douleur qui leur fait notamment prendre conscience du caractère ténu et fugace de l’existence humaine. Légèreté désespérée de fait, de celle de ceux qui semblent savoir qu’ils n’ont plus rien à attendre de cette même existence, et qui prend tout son sens lorsque l’on connaît l’histoire de son auteur au moment de l’écriture de cette même pièce.



En somme, un monument de la littérature pour moi, qui n’a pas pris une ride, et que je relirai avec plaisir, de nouveau, dans quelques années.
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Othello

Lu dans la traduction de Jean-Michel Déprats, en Pléiade, Oeuvres complètes 1, Tragédies 1, en 2002.



Blancheur et noirceur.

C'est de moralité plus que de couleur de peau qu'il est question. Shakespeare nous entraîne dans les ravages de l'envie, de la calomnie et de la jalousie. Comment l'amour le plus sincère entre Othello et Desdémone peut-il se transformer en envie de meurtre? C'est simple. La nature humaine est ainsi faite qu'elle ne résiste pas aux suggestions de la calomnie. Une fois que les images de la tromperie hantent l'esprit, plus moyen de s'en défaire. Iago, le calomniateur, n'a aucun autre moteur que l'envie pour causer cette catastrophe, dont bien entendu il ne pourra pas profiter. Les motifs sont donc absurdes et le trompeur, avec toute son habileté, est aussi aveuglé que ceux qu'il trompe. Le sens des actes humains est perdu et l'amour sincère s'autodétruit sans raison. Les éléments, eau, ciel, terre en sont affectés. L'amour est ce qui entretient l'harmonie du monde.

Nous assistons à cette déchéance. Le Maure, gloire de Venise, est entraîné par la noirceur morale de Iago. Desdémone, aussi blanche qu'une colombe mais pas sotte comme une oie, est la victime sacrificielle de cette contamination. Et la putain que l'on tente de charger de tous les maux se nomme Bianca.

C'est un Shakespeare bien noir (sans jeu de mot) que celui d'Othello, ni espoir, ni raison, rien que de la désolation.
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Comme il vous plaira

‘Comme il vous plaira’ est la plus absurde et la plus charmante des pièces de Shakespeare. Elle se déroule dans une forêt des Ardennes où l’on rencontre lions, palmiers et serpents géants. Un prince exilé, dépossédé par son frère, y vit avec sa cour, se nourrissant de l’air du temps. Quelques bergers et bergères y mènent leurs habituels madrigaux. Finalement, le prince récupère son royaume sans avoir à lever le petit doigt, son frère ayant, en discutant avec un saint ermite, réalisé qu’il était vilain et que c’était très méchant…



Mais il y a la délicieuse Rosalinde qui est, si l’on peut dire, l’homme de la situation. Bien plus que son soupirant, le brave Orlando, c’est elle qui porte la pièce et ce sont ses facéties qui lui donnent sa gaieté. Déguisée en garçon, elle convainc Orlando qu’elle peut le dégouter de sa maitresse… S’il accepte de faire comme si elle était Rosalinde. Elle joue avec les uns et les autres et mine de rien, profite de son déguisement pour tester ses sentiments aussi bien que ceux des autres. Du reste, c’est elle que l’auteur envoie, en guise d’épilogue, convaincre les spectateurs d’applaudir la pièce !



Il y a le bon seigneur Jacques, « Monsieur Comme-il-vous-plaira ». Que fait-ici ce grognon à l’esprit indéfectiblement chagrin ? Se serait-il trompé de pièce ? Personne ne tient à sa compagnie, il ne tient à celle de personne, mais il est là. Il y a le bouffon à la langue bien pendue, et sa fiancée pleine de bon sens… Et il y a surtout les joutes oratoires permanentes entre tous ces personnages, qui donnent lieu à un véritable feu d’artifice verbal. C’est de là que vient notamment la fameuse phrase « le monde entier est un théâtre », qui eut le succès que l’on sait. Mais on y trouve aussi deux bonnes douzaines de façons de traiter quelqu’un d’abruti avec une suprême élégance. A méditer, en ces temps où elle se perd au point de ne plus savoir quoi répondre à un banal « mort aux cons. »



Rapidement et facilement lue, cette petite pièce au nom plus que passe-partout est donc loin d’être à dédaigner, tel est mon sentiment. Mais si vous ne me croyez pas… Comme il vous plaira !
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