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Critiques de Éric Fottorino (715)
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Dix-sept ans

Une quête, une randonnée vertigineuse dans le temps, cadence les pas d'Éric Fottorino, pour retrouver celle qu'il appelait Lina, ma toute petite, ma petite maman.



“Dix-sept ans" est le portrait d'une mère, le regard d'une femme déchirée par un chagrin étouffé depuis 1963, le récit éperdu et glaçant d'une maman, qui n'ose pas encore regarder ses trois garçons dans les yeux, le long chemin d'Eric Fottorino vers celle qui l'a abandonné.





“Il était temps de rembobiner le temps. de m'enfoncer là où je n'étais jamais allé, au plus profond de l'oubli” confesse l'auteur page 41, dans son récit “Dix sept ans”.

Pourquoi parler de sa maman ? Est-il si douloureux, pour son fils Éric Fottorino de parler de sa mère devenue grand-mère. Chaque souvenir ravive une blessure, chaque regard sur son passé rappelle un abandon.





Alors l'enfant, lui sait combien de fois, il a fuit et oublié toutes les menaces, d'où qu'elles venaient, car dit-il “Ce qu'elle a dit après, j'ai oublié. Si je m'en étais souvenu, je n'aurais pas eu la force de vivre. L'oubli est une assurance-vie.”





Ils sont au bord du gouffre, au cours de ce déjeuner, c'était Waterloo. "Pour qu'elle soit si pâle son sang avait du geler dans ses veines".

"Le 10 janvier 1963 j'ai mis au monde une petite fille, je n'ai pas pu la serrer contre moi. Je ne l'ai pas vue."





Après la révélation de la mère, te pardonner, quoi, maman ? Seul Éric gamberge, "où j'étais" ?





Éric Fottorino se déchaîne, maillon après maillon, il remonte le temps, cherche la vérité, il doit enfin comprendre pourquoi il a tant de mal à aimer maman.

Au fil des pages il parle, à Lina, à sa maman qui lui a enfin livré son lourd, son trop lourd secret. Nous sommes loin, nous lecteurs, il ne parle qu'à elle, il ne restera dans son récit que les mots écrits pour elle, 262 pages qui n'iront pas au ciel mais dans ses mains, puis toucher son cœur, puis lui couvrir le visage de larmes.





Les premières pages sont terrifiantes de colère, quand il avoue page 67 : “Tu en ferais une tête si tu m'entendais. Que puis-je ajouter encore ? Je ne suis pas ton fils. Je suis ton fardeau.”

Et cette autre phrase comme un pavé lancé à l'état civil et à l'église page 60 : "La vérité c'est que tu n'as pas existé. Que nous n'avons pas existé. Nice ne nous connaît pas davantage que nous la connaissons. Un sentiment d'inexistence qui dure depuis le début manqué, je ne vais pas rattraper un courant d'air."





De rencontres en témoignages, les données de son histoire éclairent ce que fut la famille de Lina, la grand-mère d' Éric, une mère dépassée par les épreuves, la fuite d'un mari, le suicide d'un enfant...C'est une mère, et juste une jeune fille livrées au gang des soutanes.





Au cours de sa quête il s'émerveille parfois, quand des lambeaux de vies lui étaient rendues, mais elle, Lina ne rendait des comptes qu'à ses rêves. Il faudra refaire le chemin de ses Dix-sept ans jusqu'à Nice pour qu'elle renaisse enfin.





Et quand elle te supplie de continuer ton récit, elle dit : continue Moshé, et tu lui réponds, je ne suis pas Moshé, elle n'entend pas, mais laisse passer une ombre. Elle déplie le temps de ses dix-sept ans comme une nappe blanche toute neuve, dans les yeux de son fils.

"Comme il faudrait trouver d'autres moyens plus doux pour s'aimer".





Dans cette mémoire retrouvée, les traits de Lina s'embellissent et le récit de son fils, efface les rancoeurs du passé.

La joie de mettre au monde Éric éclate sous le soleil de Nice.



"Il est cinq heures du soir et nous venons de naître".



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Mohican

« Avant de cultiver la terre, l’homme ne travaillait pas. Il chassait, il cueillait, il allait et venait au hasard de sa condition d’errant. L’agriculture avait inventé le travail, c’était incontestable. »



Aux Soulaillans, dans le Jura bourru, Léonce, Brun son fils et nombres de générations avant eux avaient labourés, remués, façonnés, ensemencés ces terres qu’ils aimaient par-dessus tout.



Eric Fottorino a écrit un roman d’amour à la terre, aux combes, aux crêtes, aux arbres, aux fleurs, aux vaches, aux moutons et aux abeilles. D’amour à la vie.



Pour cet amour-là, Mo a renoncé à tous les autres et a cheminé dans les pas de son père.

« Comprends ceci, Mo. Sans la chimie, sans nos machines, jamais on n’aurait fait de notre pays une puissance agricole. C’est bien beau à présent de rêver écologie, petites fleurs et légumes bio. Mais si on était partis dans cette direction après la guerre, crois-moi, il y a longtemps qu’on aurait tous crevé de faim. »



Pour nourrir la France, il fallait multiplier les récoltes, sulfater, désherber, sulfater encore. Il y a tellement cru Brun qu’il y a brulé son corps.

Combien d’hommes ont donné leur vie pour une cause et il s’est avéré qu’avec les temps nouveaux, c’était une connerie ?



Avant de mourir, Brun va imaginer se racheter en signant la construction de trois immenses éoliennes sur ses terres ancestrales.



Avant de planter ces banderilles à hélice sur l’échine innocente et verdoyante des crêtes parfaites du Jura, l’auteur décrit avec poésie la magie naturelle de ces paysages enchanteurs, les vallons, les reculées, les rivières et les forêts.



Mo ne peut supporter d’entendre le fouet claquer à chaque tour de ce mixeur à déchiqueter les gypaètes et les cigognes. Il ne peut pas accepter voir ses chemins bucoliques transformés en autoroute de chaux et de ciment afin de transporter les énormes pales de fer. Il lui est intolérable de voir se creuser les fosses de milliers de mètres cubes qui seront gorgées du béton des socles.



Eric Fottorino dénonce sans débordement extrémiste cette gabegie mais en distille les éventuelles conséquences sur le territoire pour que s’immisce la réflexion dans l’esprit de chacun. Un vrai plaisir de lecture sur un environnement en danger.



Et demain, dans les prochains temps nouveaux, on s’apercevra que ça aussi c’était une énorme connerie.









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Dos crawlé

Eric Fottorino entre dans la tête de Marin, 13 ans, en vacances chez Oncle Abel, brocanteur du côté de Royan.

Le garçon ressent quelque chose d’étrange qui le remue et le trouble lorsqu’il observe Lisa, 10 ans avec laquelle il passe le plus clair de son temps.

Entre les baignades et les gaufres à la chantilly, les enfants rêvent de l’Afrique, où la vie doit être différente, peut-être plus belle.



Nous croisons également monsieur Maxence, un ancien qui écoute la météo marine, le père Juillet, un vieux cycliste, monsieur Archibouleau, très musclé, et le docteur Malik, qui vient de l'Adgérie.



J’ai été touchée par ce joli roman plein d'émotions et de tendresse, dans lequel un jeune adolescent nous livre sa vision à la fois naïve et extra lucide de la vie et du monde des adultes empli d'amertume et de nostalgie.

Un monde dans lequel le bien et le mal se côtoient.

Un monde dans lequel la curiosité fait aussi grandir.

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Chevrotine

Alcide Chapireau déteste les colères, les cris et les disputes... il a connu ça dans son enfance.

Même si les conséquences lui sont néfastes, son caractère simple et paisible lui font éviter tout ce qui ressemble un tant soit peu à un conflit, jusqu'à ne plus savoir protéger ses enfants.

Aujourd'hui, avancé en âge, il doit avouer à sa fille ce qu'il a sur la conscience...



Eric Fottorino sait nous attacher à Alcide, tout comme, crescendo il en arrive à nous faire détester un autre personnage.

Je ne veux pas vous en dire trop, il faut découvrir par vous même cette belle et douloureuse histoire.



Deuxième livre que je lis de cet auteur à la plume admirable et sensible... et je compte bien poursuivre avec lui.
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Caresse de rouge

Ouhlaaa voilà un ouvrage admirablement construit mais pour le moins déroutant, à l'instar de ce titre étrange, "Caresse de rouge", qui ne livre son secret que dans les toutes dernières pages, vous voilà prévenus.



Déroutant… voire perturbant, car j'avoue que la relation père-fils explorée ici m'a mise mal à l'aise avant même que j'en devine le bouleversant épilogue.



Rien à voir avec "Korsakov" ou "L'homme qui m'aimait tout bas", récits nostalgiques et pourtant si lumineux à travers lesquels j'ai découvert la plume harmonieuse et pudique d'Eric Fottorino. Ici l'atmosphère se révèle bien plus sombre et le propos singulièrement ambigu.



Gare à la claque, je n'en dirai pas plus.




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Chevrotine

Laura était une belle femme joyeuse et sensuelle qui souhaitait fonder une grande famille. Alcide, veuf dévasté par le chagrin après le décès de Nélie son épouse adorée, élevait avec tendresse Zac et Marcel, ses deux fils. Il n’aurait jamais cru que son cœur puisse s’embraser à nouveau. Et très vite, ils vécurent ensemble, heureux si peu de temps.

Aimer à en crever. A perdre tous ceux que l’on aime, à se laisser détruire. Vingt ans plus tard, Alicide n’en a plus pour longtemps à vivre, son corps malade le trahit, il ne souhaite plus vivre, c’est insoutenable. C’est deux fils sont perdus à jamais pour lui, mais il voudrait écrire une dernière lettre à sa fille Automne pour lui dire la vérité sur la disparition mystérieuse de sa mère Laura, lorsqu’elle était enfant. Il cherche les mots pour lui dire la vérité, submergé par les souvenirs. Il n‘a que quelques heures, seul dans sa maison vide avant de retourner à l’hôpital. Il écrit sur un bloc « Toutes les femmes attendent le grand amour. Ta mère cherchait son assassin. ».

Laura, mi ange-mi-démon, soufflait le chaud et le froid en permanence avec Alcide, fou de désir et d’amour pour cette femme destructrice, castratrice, jouant avec une rare perversité avec ses sentiments. Douce puis cassante, elle rallumait les vieilles blessures d’une enfance blessée, Alcide acceptait tout, qu’elle l’écarte de ses fils ou de son ami Nénesse, l’humiliant en permanence.

Eric Fottorino dans un style ramassé raconte avec subtilité et de très jolis passages, la longue descente aux enfers d’Alcide et n’en fait pas un salaud mais un homme que l’on souhaiterait avoir pour ami, un mareyeur sympathique et courageux, un père aimant qui perd la raison.

Ce sombre roman, assez oppressant, se déroule dans la maison d’Alcide, Coup-de Vague, comme une grande marée qui dévaste tout sur son passage…

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L'homme qui m'aimait tout bas

C’est un bel hommage d’un fils à un père que rend Éric Fottorino à celui qui a choisi la mort à la honte d’une faillite personnelle. Une déclaration d’amour filial aussi, qui s’exprime avec pudeur et retenue et passe par la mémoire d’une complicité exceptionnelle avec l’homme qui l’a adopté. Mais c’est aussi le témoignage de l’incompréhension et de la culpabilité de celui qui est confronté au suicide d’un proche. Pour Eric Fottorino le besoin de comprendre et d’alléger sa souffrance rendent indispensable la réécriture de l’histoire familiale. Une façon de ressusciter ce père aimé.
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Mohican

Comment parler d'un livre qui m'a bouleversée, qui a déclenché en moi de l'amour et de la haine à une telle intensité ?



Si vous aimez qu'un livre vous procure des émotions fortes, lisez Mohican !

Si vous aimez qu'un livre vous fasse réfléchir, lisez Mohican !



Mohican est un livre d'amour.

L'amour de Brun, le paysan qui aime sa terre passionnément, de toutes ses tripes, mais qui est au bout du rouleau. Usé par le travail, abîmé par les produits dont on lui a conseillé l'usage et qu'il a pendant des années répandus dans ses champs en pensant bien faire.

L'amour de l'auteur pour la nature.

L'amour des paysages sublimes qui nous entourent, doublé de la conscience aigüe de ce que nous devons à notre planète et de l'absolue nécessité de la préserver pour les générations futures.

Un amour plus que nécessaire : une urgence vitale.

Comme l'a dit le chef indien Seattle, cité à plusieurs reprises par Éric Fottorino : "Chaque parcelle de cette terre est sacrée. Chaque aiguille de pin luisante, chaque rive sablonneuse, chaque lambeau de brume dans les bois sombres." et "Vous devez aimer cette terre comme un nouveau-né aime le battement de cœur de sa mère."

Oui, n'oublions jamais que le sol sur lequel nous marchons est notre terre nourricière !

J'ai aimé Brun, tellement touchant dans sa détresse et dans sa maladie. Je l'ai aimé follement, j'ai eu envie de le prendre dans mes bras, de le consoler, de le rassurer.

J'ai eu envie de remonter le temps pour le mettre en garde contre des personnes malintentionnées et lui éviter de mauvais choix.

Pauvre Brun, dépassé par ce monde dit moderne, et proie facile pour des promoteurs sans foi ni loi...



Et c'est là que Mohican devient aussi un livre de haine. Une haine bien compréhensible... indispensable, même.

À travers son histoire, l'auteur dénonce avec force les divers escrocs qui, pour de l'argent, ne reculent devant rien : ceux qui ont convaincu les paysans d'arroser leurs plantations de produits toxiques pour les humains, et surtout ceux qui vantent à grands coups de mensonges les éoliennes en les parant de toutes les vertus.

Ces fameux engins supposés résoudre nos problèmes énergétiques tout en étant absolument "propres". Ben voyons !

Affaibli et trompé par de belles paroles, Brun a signé un contrat, et son fils Mo va en subir les lourdes conséquences.

Mo ne supporte pas ces constructions qui défigurent ses paysages, il enrage de voir le massacre des trouées creusées dans sa terre pour faire passer les engins de chantier, il ressent comme une atteinte dans sa chair les mètres cubes de béton déversés pour ancrer ces objets maudits dans un sol abîmé à tout jamais.

Mo se met à détester ces menteurs sans scrupules qui avaient promis monts et merveilles à son père, ces marchands de malheur qui n'ont que faire de la terre et sont prêts à tout détruire, pourvu qu'il y ait à la clef de l'argent gagner. Beaucoup d'argent !

Brun s'est illusionné et a cru que les éoliennes seraient une solution pour enrayer la faillite de son exploitation, son fils Mo vit leur installation et subit le désastre, bien réel, lui.

Mo développe une haine féroce pour ceux qui ont abusé son père.

J'ai, moi aussi, ressenti cette haine. Une haine profonde pour ces destructeurs qui usent d'arguments fallacieux et profitent de la position de faiblesse de leur interlocuteur pour lui faire signer un contrat scandaleux. Un contrat qu'il n'aurait jamais approuvé s'il avait eu une information claire et complète sur le sujet, s'il avait su ce qu'on allait réellement faire à ses terres.

Mo, lui, comprend. Tout de suite. Il comprend que son père s'est fait gruger. Il comprend que sa propriété est vouée à la destruction. Il comprend que : "Les éoliennes, c’est la dernière arme qu’ils ont trouvée pour nous éliminer, nous les paysans. Quand le béton aura éventré nos terres, quand nos paysages seront devenus des usines en mouvement, nous aurons disparu à jamais."



Mohican est une fiction mais plus j'ai avancé dans ma lecture, plus j'ai été convaincue du contraire. Je suis certaine que Brun et Mo existent en de multiples exemplaires et que ce qu'ils subissent est le lot de nombreux autres paysans.

L'histoire contée par Éric Fottorino n'est pas qu'imaginaire, elle est le reflet d'une terrible réalité.

Mohican est un drame.

Un roman en cinq actes, comme une tragédie moderne.

Un texte puissant qui vous emporte et vous secoue. Qui vous fait prendre conscience de la fragilité du monde paysan alors que le travail de la terre, noble parmi les nobles, devrait être sacralisé : c'est notre santé et notre avenir qui sont en jeu.

Dans son chef-d'œuvre La terre, Zola prédisait : "Nos fils verront ça, la faillite de la terre." Il avait, hélas, raison. Et si nous ne prenons pas collectivement conscience de l'ampleur du désastre, l'humanité court à sa perte.

Si rien n'est fait pour sauver Mo, si nous le laissons être le dernier des Mohicans, les dégâts seront irréversibles.



Un immense coup de cœur pour ce roman poignant et superbement bien écrit qui va me marquer d'une façon durable.

Lisez Mohican !
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Le 1 nouvelles - 2017

Ailleurs...Ce mot évoque irrésistiblement pour moi les merveilleux nuages de Baudelaire. Et plutôt que vers un espace géographique lointain, il m'emmène dans les méandres du rêve et de l'imagination.



C'est le mot à partir duquel les différents auteurs réunis dans ce recueil ont écrit une nouvelle ( à l'exception des textes de le Clézio et Orsenna qui proviennent d'oeuvres antérieures). Toutes ces nouvelles ( 11 en tout) m'ont plu, certaines ont bien sûr eu plus de résonance en moi.



Les "rats de rue" de le Clézio, enfants mexicains passant la frontière par les égouts , nous serrent le coeur. En écho, " La jetée", de Nathacha Appanah présente de façon sensible le destin cruel de jeunes pauvres, dans un pays indéterminé, dont le seul moment de joie est leurs retrouvailles sur la jetée, leur ailleurs.



Deux autres textes ont capté particulièrement mon attention : tout d'abord, la très émouvante " fin de l'insouciance" de Karine Tuil, où elle trace avec amour le portrait de son père, disparu justement après la publication de son livre " L'insouciance" . Et la magnifique rencontre du personnage féminin de Catherine Poulain avec un chevreuil, au sein de la forêt canadienne.



Lydie Salvayre et Véronique Obaldé n'ont pas , à proprement parlé, écrit une nouvelle, ce sont plus des réflexions, fort intéressantes, sur cet écartèlement ambivalent entre la recherche d'un ailleurs et la volonté de rester ici.



Véronique Obaldé note:" Ailleurs, pour moi, depuis l'enfance, c'est l'autre nom du désir et du rêve ". Je suis assez proche de cette définition. Et pour vous, qu'est-ce que l'ailleurs?
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Dix-sept ans

Une très belle histoire, dans l'émotion, et le ressenti. Retrouver ses liens, son identité, remonter le fleuve des souvenirs, des années, des lieux.

L'écriture est parfois très poétique et parfois très succincte.

Un peu de redondance, une petite langueur, mais la fin rehausse le tout, en émotion intense.

Il est difficile de poser des mots sur ce genre de roman, ce sont des ressentis muets mais profonds et bouleversants.

Je n'ai pas lu le roman précédent, Rochelle, qui semblerait être de début de cette quête d'identité.

Une belle lecture.
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Questions à mon père

Eric Fottorino déjà quinquagénaire part à la découverte de son père biologique. Père qu'il avait longtemps ignoré car pensant qu'il l'avait volontairement abandonné. Il faudra la maturité de l'auteur pour se rapprocher enfin de son géniteur. Le temps perdu ne se rattrape jamais mais ce livre prouve que l'on peut renouer des liens distendus. Un beau récit.
Lien : http://araucaria.20six.fr
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L'homme qui m'aimait tout bas

Eric Fottorino nous offre là un livre témoignage rendant un bel hommage à son père adoptif. Récit très émouvant et pudique.
Lien : http://araucaria.20six.fr
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Mohican

Alors qu’en cette fin janvier 2024, les agriculteurs font entendre leur mécontentement, voire leur détresse face aux contradictions politiques, aux aberrations commerciales, aux exigences environnementales qui ne s’appliquent pas pour tous, Mohican ne cesse de me hanter.

Tout ce qui est dit dans ce roman est plus ou moins connu, mais quel mal, quelle douleur de le lire ici !

Ces hommes et femmes doivent jouer contre les intempéries, celles qui piétinent et saccagent si brusquement des mois de labeur. Et le marché, qui se moque bien du travail, parfois jusqu’à une heure bien avancée de la nuit, abat son couperet de plus en plus profondément comme si les sillons bien rectilignes qui ouvrent la terre devaient engloutir ces personnes qui la labourent.



Avant-hier, le paysan suait et avait faim. Hier il produisait, produisait, faisait exploser les rendements. Aujourd’hui la boucle est bouclée, de nouveau les paysans meurent de faim, étranglés par les dettes et l’effondrement des cours.



Brun ne s’écoute pas, ne s’est jamais écouté, alors les signes d’alarme donnés par son corps sont ignorés. Jusqu’au jour où ils deviennent tellement alarmants que le verdict de leucémie donné par le docteur ne laisse plus d’espoir. À soixante-seize ans, il n’a toujours pas cédé ses terres, les Soulaillans, à son fils Mo. Champs, vignes, bois, pâturages, vergers, ces vastes étendues agricoles au cœur du Jura font sa fierté et, alors que son fils a pourtant trente-six ans et cultive les terres du haut concédées à sa sortie d’études, Brun reste réticent à lui passer le témoin.

Est-ce parce qu’il s’approche doucement de sa femme défunte, qu’il l’entend encore lui recommander avec insistance : « Notre fils, fais-en ton frère. » ? Cette voix perdue depuis si longtemps qui lui montre la voie à suivre avant de partir la rejoindre. Et, pour le lecteur, ébranlé par cette demande poignante, le parcours de Brun, un homme qui ne respire que terre et travail, se trace dans les champs des Soulaillans.

Brun a toujours été un précurseur sur son exploitation, son ardeur au travail, son ambition, son orgueil l’ont poussé à moderniser, répondre avec fièvre et enthousiasme au programme de produire plus afin d’éradiquer la famine dans le monde entier. L’image est belle, elle a fait la prospérité de l’industrie chimique. Non, Brun n’empoisonnait pas la terre, il sauvait efficacement ses récoltes en les aspergeant de produits tout en « ides », fongicides, insecticides, herbicides… remèdes et empoisonnements sortis de concert de tous ces bidons.

La mort, avec ses différents visages, rembobine le temps et les souvenirs s’extraient de la mémoire du vieil homme. Des éclairs d’évidence le blessent. Mater la terre pour qu’elle produise davantage n’était pas sans conséquences. Alors, un peu pour se racheter, beaucoup pour un sauvetage financier, Brun signe l’installation d’éoliennes, la dernière chance.



Mo a hérité de sa mère la faculté de contempler la beauté, celle des chemins d’estive, des montbéliardes broutant les pâturages, de la vue merveilleuse offerte sur les hauteurs des Grands Champs. La protection et la préservation de ce milieu sont primordiales. Du respect, il en a pour son père, leur ultime rapprochement en témoigne. Alors, lorsque la colère le gagne contre ces produits chimiques, il évite la confrontation et, pour s’apaiser, retourne à sa prairie gorgée de fleurs, d’herbes folles et d’insectes butineurs. Il doit faire fi des remarques de son père ; le repos de la terre, dont on reparle aujourd’hui, du travail de fainéant, comme de laisser des herbes dans les champs avant de semer, un terrain sale !

« Le cœur battant, Mo a aussitôt pensé aux Soulaillans, au chemin des Soulaillans, aux rus et aux ruisseaux, aux haies vives emplies d’oiseaux, aux parfums des fleurs, au bourdonnement des abeilles. À cet or impalpable qu’il faut protéger de la cupidité aveugle des hommes. »

Avec ces éoliennes, qu’en sera-t-il des lieux témoins de leur vie et de la vie des disparus qui se sont pliés sur ces terres ?

Que reste-t-il à Mo pour sauver les Soulaillans ? Mohican…



Par ce roman, par les Soulaillans, par son écriture directe et saisissante, Eric Fottorino nous rend ivre de champs, d’héritage de gestes de travailleurs de la terre, de paysages où « rien ne vient couper la vue. » Il fait aussi retentir toutes les injustices, les manipulations qui ont coulé et coulent toujours sur ces exploitations agricoles. Tout est présent ici, les conséquences environnementales, l’infertilité, les répercussions cancéreuses, les divergences d’opinion, la flatterie comme technique commerciale de persuasion, la polémique des éoliennes avec un déploiement controversé et contradictoire pour leur installation.

Par Brun, Mo, mais également Isidore, frère aîné de Brun qui est muet depuis son retour d’Algérie, l’auteur a su saisir et restituer ce caractère rude et taciturne qui habite bien souvent ces hommes pleins de ténacité. Les mots, tant de mots qui sont restés coincés dans leurs carcasses.



Le cœur serré, le livre refermé, un cri jaillit : allons-nous réellement assister à une disparition voulue et orchestrée de tout ce monde agricole qui nous nourrit au prix de tant d’efforts ?

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L'homme qui m'aimait tout bas

Très bel hommage d’un fils, l’auteur, à son père, Michel Fottorino. Celui-ci vient de se suicider, et le fils est hanté par son acte.

Il écrit ce livre pour se délivrer, pour se souvenir, pour essayer à nouveau d’être heureux.



Il se souvient…

De cet homme aux cheveux noirs de jais, au sourire lumineux, physique de sportif.

De cet homme aux mains de velours, qui pratiquait avec ardeur et douceur son métier de kiné.

De cet homme qui l’a aimé sans le dire mais en lui consacrant son temps, en l’emmenant à vélo, en l’encourageant, en le soutenant dans tout ce qu’il entreprenait.

De cet homme qui est arrivé dans sa vie lorsqu’il avait 10 ans, lui qui ne connaissait pas son père biologique, et qui l’a adopté dans son cœur et aux yeux du monde.



Il se souvient, mais il essaie de reconstituer son acte ultime, taraudé qu’il est par la culpabilité. Aurait-il dû lui dire plus qu’il l’aimait ?



Il se souvient, et il fouille dans les objets laissés par l’absent. Objets qui lui rappellent le passé avec lui, avec sa mère et ses demi-frères qui n’ont jamais été « demi » pour lui, mais tout entiers.



Il se souvient du passé de son père, de son pays natal, la Tunisie, de la cuisine du soleil, de la famille chaleureuse.



Tous ces souvenirs l’aident à marcher et à faire passer son amour, à travers une écriture sincère, poétique à beaucoup d’endroits.



J’ai voulu moi aussi participer à cet acte d’amour, et par là-même rejoindre également mon père à moi, disparu voici presque deux ans maintenant. J’y ai vu le père de l’auteur, plein de charme et de gentillesse. J’y ai vu une vie de famille, des personnes bien spécifiques. Mais cela s’arrête là. Papa n’a pas été présent dans ma lecture, et c’est tout à fait compréhensible, car ici, c’est de Michel Fottorino qu’il s’agit. Une personne réelle dans laquelle je n’ai pas pu projeter ma propre vie.



N'empêche, quel bel hommage !

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Mohican

“J’ai vu la fin des paysans” gisait dans ma PAL.

Vous avez tous ce type de livre fondamental dont vous vous dites : il faut que je le lise, en regardant l’ouvrage avec un air de chien battu.

Et voilà qu’Eric Fottorino, après ce recueil de textes sociologiques rédigés dans les années 80, a mis en roman la vie de deux générations de paysans : “Il (Brun) se donnait encore une paire d’années avant de laisser les Soulaillans à Mo. Presque cinquante hectares de champs, de prairies de fauche et de vignes, ça faisait parler dans ce Jura morcelé, même si la terre était ingrate et caillouteuse, et toujours plus basse avec le temps.”



“Mohican” nous parle du pays du tuyé, du Comté et du Morbier, (voir citations) vers Baume-Les-Messieurs, de bonnes raisons pour l’emporter en vacances dans ces contrées !



C’est un siècle de paysannerie française que ce roman fait défiler sous nos yeux, celui qui a encouragé Brun à l’agriculture extensive et à produire toujours plus en utilisant les produits phytosanitaires au prix de sa santé.

Et cela a aussi changé notre rapport à la terre que conteste Mo, le fils, la deuxième génération…

Bien sûr, on pourrait se dire : “encore un conflit de générations”, mais cela sonne tellement vrai et de conflit il n’y en a pas…

Seulement le point de vue de Brun, qui a cru au progrès et “a payé de sa vie les excès d’un système où les conseillers s’étaient changés en pousse-au-crime”, différent de celui de Mo : “Moi aux Soulaillans , j’ai voulu cultiver du beau. Vous pensez qu’un paysan ça ne parle pas comme ça. Un paysan ça sent le fumier, ça cause mal, c’est le “paillu”, le péquenaud dont les enfants rougiront toute leur vie. Le beau et le bon, ça vous dit quelque chose?”



J'ai l'impression que l’écrivain a concentré dans ce roman sensible son propos de sociologue qui résonne tant avec l’actualité.

Finalement, je range “J’ai vu la fin des paysans” car je ne suis pas sûr de retrouver cette force, cette humanité, cette ode à la nature que je viens de trouver.

Mais probablement eût-il mieux valu inverser l’ordre des lectures et manger en premier le gâteau le moins attirant, ce que je ne sais pas faire !

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L'homme qui m'aimait tout bas

Michel Fottorino est entré dans la vie d'Eric quand il avait neuf ans. Il est le père, l'homme qu'attendait Eric. Le début du livre est brutal: "Le 11 mars 2008 en fin de journée, dans un quartier nord de la Rochelle, mon père s'est tué d'un coup de carabine."

La peine d'Eric Fottorino est immense, à l'image de son amour pour lui. Comment accepter ce qui parait inacceptable?

Éric Fottorino parle des moments magiques, du nom donné avec simplicité, et des deux frères venus comme des cadeaux.

Son père est présent dans tous ses livres. Dans "Un territoire fragile, il est " l'accordeur de corps" qui soigne les blessures et dans la vie kinésithérapeute, travaillant avec ses mains et non avec des machines.

" L'homme qui m'aimait tout bas" est un livre magnifique, le plus beau de tous les livres d'Eric Fottorino dédiés à son père.
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Dix-sept ans

Eric SIGNORELLI (FOTTORINO) part à la « recherche » de sa mère après que celle-ci lui ait révélé, ainsi qu’à ses frères, qu’elle avait eu une petite fille qui lui a été arrachée à la naissance.



Eric va partir à Nice, à la rencontre de cette jeune fille de dix-sept ans, de ce qu’à été sa vie d’adolescente et de femme, mais surtout de mère, lui qui n’a jamais pu l’appeler « Maman », mais Lina.



Lina est tombée enceinte d’Eric à l’âge de 17 ans. Sa mère a tout fait pour qu’elle ne puisse pas se marier avec Moshé. Un juif ! Même pas imaginable. Elle a voulu séparer l’enfant de sa mère, Lina, mais celle-ci ne s’est pas laissé faire.



Après Eric, Lina retombera enceinte, mais cette fois, sa mère l’obligera à signer un acte d’abandon avant la naissance. Elle n’aura pas l’occasion de serrer l’enfant dans ses bras.



Eric part sur les traces de sa naissance et de sa mère. Il part à la recherche du temps perdu. Il essaie de se mettre à la place de cette jeune fille de dix-sept ans, de comprendre ce qui lui est arrivé. Il va comprendre que sa mère l’aimait d’un amour infini et que sa Mamie, qu’il aimait par-dessus tout, a tout fait pour les séparer.



Arrivera-t-il à faire la paix avec lui-même et a retrouver enfin sa mère ?



C’est l’histoire d’une famille déchirée, d’enfants qui se sentent abandonnés, sur qui les secrets pèsent lourds et sont dévastateurs pour tous, qui devront se construire à partir de miettes. Ils vont devoir porter ce fardeau sur leur épaules jusqu’au moment où ils auront le fin mot de l’histoire. Sinon, ce fardeau, ils le porteront jusqu’à la fin de leur vie.

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Dix-sept ans

Pantelante, bouleversée, vidée, le corps mou, les mains tremblantes et la tête d'une fille inconsolable et insomniaque. C'est dans cet état que je rencontre une amie, responsable d'une médiathèque : « Alors, tes vacances ? », me demande-t-elle. Je bafouille lamentablement quelques mots sans aucun sens et très vite, j'en viens à ce qui me paraît être l'essentiel : « Écoute, dis-je dans un souffle, je viens de finir le dernier livre de Fottorino, lis-le, vraiment, lis-le ! Ce texte est d'une beauté absolue. Quelle écriture, mais quelle écriture ! Lis-le et commande-le très vite ! »

Je suis là, physiquement dans les rues de ma ville, mais mon esprit est ailleurs, à leurs côtés, auprès du fils et de la mère, dans les ruelles du vieux Nice. La tête me tourne encore un peu. Je laisse mon amie éberluée. Elle connaît Fottorino, elle l'a fait venir dans sa médiathèque il y a quelques années. Au fond, je sais qu'elle n'est pas surprise malgré tout. A coup sûr, le livre sera bientôt sur le présentoir Nouveautés…

Bon, comment trouver les mots pour vous parler d'une telle splendeur ? Parce que… attention ! ce livre n'est pas seulement « touchant »  par son propos, non, il est aussi et surtout merveilleusement bien écrit. De la première à la dernière ligne. Pure magie, beauté absolue de ces dernières pages, moments de grâce et de poésie totale…

Allez, il faut que j'entre dans le sujet : si ce texte a indéniablement une dimension autobiographique, il est néanmoins appelé « roman ». Ah, la part du réel et de la fiction… J'imagine que dans les futures rencontres littéraires autour de son « roman », Éric Fottorino sera assailli par ce genre de questions. Moi, je ne veux pas savoir. Ce qu'il raconte là me convient parfaitement. La fiction me comble. Le reste… n'est que littérature !

À la fin d'un repas de famille, Éric, la cinquantaine, et ses deux frères sont priés d'écouter ce que leur mère a à leur confier. Pour les trois hommes, la révélation est un choc. Un petit pan de la vie de cette femme se trouve révélé au grand jour. Les frères dissimulent difficilement leur émotion. Mais Éric reste de marbre. Il s'en veut mais ça fait un bout de temps qu'il ressent sa mère comme une étrangère, quelqu'un qu'on regarde de loin, que l'on ne parvient pas à serrer dans ses bras, qu'on a, disons-le, du mal à aimer…

Chacun rentre chez soi et la vie continue…

Sauf que, pour Éric, ça bloque. Impossible d'avancer. Il lui faut savoir, aller voir, tenter de comprendre pourquoi une distance infranchissable l'empêche d'accéder à celle qui lui a donné la vie. Alors, il se rend là où il est né : Nice. Une ville qu'il ne connaît pas puisque tout de suite après sa naissance, la mère et l'enfant sont repartis à Bordeaux où la famille vivait. Il lui faut comprendre comment, alors qu'elle s'est retrouvée enceinte à dix-sept ans d'un homme qu'elle aimait, Moshé, un juif marocain, comment cette femme qu'il a toujours eu un mal fou à appeler « maman » a vécu cette mise en quarantaine, cette solitude absolue à une période de la vie où l'on a tellement besoin d'être entourée, rassurée, aimée.

Éric va donc partir dans un lieu que sa mère a quitté depuis longtemps, il va arpenter les rues de Nice, monter jusqu'au petit village d'Ascros où elle logeait, marchant à la rencontre de cette femme qu'il ne connaît pas.

Comment vous décrire ces pages, cette recherche d'une mère dans une ville où il l'imagine à chaque coin de rue, où il tente de saisir ce qu'elle a pu ressentir, elle, l'adolescente de dix-sept ans, à peine sortie de l'enfance, la façon dont elle a vécu cette immense solitude, loin de sa famille, loin de l'homme dont elle espérait encore le retour...

Le narrateur va peu à peu comprendre que pour se soumettre aux diktats de la société de l'époque, on l'a littéralement dépouillé : on lui a volé sa mère, son père, sa judéité, son identité. Il doit maintenant faire le chemin inverse, repartir aux sources afin de savoir qui il est, qui est celle qui l'a mis au monde, avançant à tâtons dans ce passé lointain où il n'était qu'un enfant, interrogeant celles et ceux qui ont connu cette femme ou croisé son chemin, s'accrochant à ce fil ténu qui petit à petit va le mener jusqu'à elle…

De nouveau, l'émotion me gagne.

J'arrête là.

C'est magnifique et la fin... inouïe. Une pure merveille...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Le 1 : Le Français a-t-il perdu sa langue ?

La revue Le Un, via son hors-série s'interroge : Le Français a-t-il perdu sa langue? Quel drame pour les Français, réputés ne pas l'avoir dans leur poche!

Afin de répondre à cette épineuse question, Éric Fottorino appelle sous sa direction différents collaborateurs. Entretiens, articles, extraits de livres, etc, constituent le corps de cette opuscule. Pour les plumes, de grands noms d'écrivains (Boualem Sansal, Carole Martinez, Nancy Huston, etc) côtoient journalistes, géographes pour dresser un bilan de l'état de la langue française et, étendant le champ d'étude, de la francophonie.



Si à la fin de la lecture, on n'obtient pas de réponse parfaitement tranchée sur la question, les auteurs reconnaissent une évolution de la langue. Ce qui garantit qu'elle vit toujours car une langue figée est une langue morte.



Bien sûr, il y a la menace de l'anglais qui règne sur les affaires économiques et politiques dans le monde globalisé. Et qui envahit notre langage avec une foule de mots (exponentiels depuis la révolution - et le jargon - numérique).

Bien sûr, le français se dresse souvent sur ses ergots dès qu'on parle de le réformer.

Bien sûr, certains auteurs regardent cette évolution comme une forme de dégradation alors que pour d'autres c'est une chance d'assouplissement.



Mais une langue est là pour être utilisée. Et la francophonie continue d'être présente sur tous les continents. Vecteur de communication et de composition d'oeuvres littéraires d'importance.



La lecture de ce recueil m'a beaucoup intéressée. Et permis de découvrir entre autre Gabrielle Tuloup, professeur de français, écrivain et compositrice de slam dont le style m'a enchanté. Son poème intitulé "La langue de Molière", dans lequel elle retrace le rapport de ses élèves à ladite langue, est un pur moment de bonheur à lire.



Quant à Robert Solé, avec une adaptation très contemporaine et inspirée des Lettres persanes, il m'a fait rire sur l'ampleur de l'utilisation de mots franglais. Et de conclure fort plaisamment : "Oserais-je te dire que j'en perds mon persan? Le plus curieux, c'est que les Français sont incapables de construire deux phrases correctes en anglais."
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Dix-sept ans

De cet auteur, je n'ai lu que "Chevrotine" dont je ne garde à ce jour aucun souvenir.

Il n'en sera pas de même avec celui-là, car j'ai été bouleversée par son récit.

Les années 60, j'ai bien connu. Et l'opprobre qui pesait sur les filles-mères aussi. J'en avais l'exemple autour de moi.

Arracher ainsi un enfant à sa mère est quelque chose d'odieux, de répréhensible, surtout lorsque celle-ci n'est qu'une enfant mineure. Car oui, à l'époque, la majorité était à 21 ans et avant, le bon vouloir des parents primait sur le désir de l'adolescente.

Arracher ainsi son premier amour à une jeune-fille de dix-sept ans est également odieux. Et tout ça, parce qu'il était juif !

Cette mère, je l'aurais haïe de toutes mes forces.

Et le petit-fils, lui, l'a aimée énormément, ne sachant rien du passé.

L'auteur a fait un magnifique travail de mémoire, il a accompagné cette mère qu'il a eu du mal à aimer, il a compris, enfin, un peu tard, ce qui s'était joué à son insu.

Je le répète, bouleversant, mais sans pathos.

A mon prochain passage à la médiathèque, je vais emprunter d'autres livres de lui.
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