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Critiques de Éric Fottorino (715)
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Suite à un accident grave de voyageur

Tout usager habitué aux transports en commun sait ce que signifie cette annonce prononcée, trop souvent, d’une voix monocorde : « Suite à un accident grave de voyageur, le trafic va être perturbé pour une durée encore indéterminée ». Le terme de « suicide » n’est pas employé ouvertement, afin de ne pas causer une vague de détresse qui pourrait conduire à d’autres actes désespérés, néanmoins, chacun sait ce qu’une telle annonce sous-entend… Alors, qui sont ces anonymes, ces malheureux, qui dans un dernier acte désespéré se jettent sous les rames d’un train, d’un RER ou d’un métro ? Que sont-ils pour ces passagers pressés et mécontents, sinon des importuns qui ont trouvé le moyen de nuire une dernière fois en immobilisant le trafic ? Car oui, cela peut paraître fou, mais plutôt que la compassion, c’est bien souvent la colère, de l’agacement que les gens ressentent d’abord.



Face à tant d’indifférence et d’individualisme, Eric Fottorino cherche à comprendre comment nous en sommes arrivés là. Comment, dans une société régit par les moyens de communication, le silence peut-il être si imposant, si oppressant, au point de ne plus s’ouvrir aux autres et d’endurer, seul, des souffrances parfois trop lourdes à porter ? Des sentiments anesthésiés, une peur profonde qu’on tente d’apaiser, une détresse contagieuse que l’on s’empresse de fuir sont autant de symptômes de notre société, où chacun est obligé de s’entourer d’une carapace pour survivre. Un livre court, de seulement 60 pages, mais terriblement percutant, nécessaire, qui dit le malaise d’une époque et son manque d’altruisme. Une réflexion pertinente, dans une langue concise et éloquente, sur un monde toujours pressé, qui ferme les yeux sur la solitude et la détresse qui l’entoure. Un petit texte qui bouscule le lecteur et l’oblige à réfléchir sur un sujet qui le touche de près et à se poser une question primordiale : qu’a-t-on fait de notre humanité ?
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L'homme qui m'aimait tout bas

Au travers ce roman,c'est un merveilleux hommage que rend Eric Fottorino à ce père adoptif.

Malgré un début très brutal : le suicide du père avec sa carabine dans sa voiture, Eric Fottorino nous entraine dans ses souvenirs ,aux côtés de celui qui l'adopta 38 ans plus tôt et qu'il appela papa.

Roman d'une grande tendresse,de la douceur,souvenirs égrenés au fil des pages,mais on sent tout de même ,au delà des mots,un regret,regret d'avoir été en même temps si proche et si loin,de n'avoir pas su dire même si on se comprenait,même si l'amour était présent, peut -être pas assez démonstratif,beaucoup de pudeur,mais tout ce que l'auteur n'a pas su dire ,il l'exprime ,au travers ce magnifique roman ,les mots sont parfois plus faciles à écrire que les paroles a dire.

⭐⭐⭐⭐
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La pêche du jour

C'est bien au cœur d'un port de pêche de Lesbos, en Grèce, que nous rencontrons les deux personnages de cette nouvelle glaçante écrite par Eric Fottorino. Alors qu'ils discutent de manière calme et tranquille, on découvre avec horreur que ce qui est étendu sur les étales ne sont pas des poissons mais les corps des migrants, morts noyés.



Si l'un des deux hommes est un pêcheur aguerri, qui récupère, transporte, entrepose, commercialise depuis 3 ans ces hommes, ces femmes et ces enfants, l'autre est un spectateur qui tente de comprendre...



Cette nouvelle, courte en pages, est assez violente dans tout ce qu'elle engendre, questionne, culpabilise. Poussée à l'extrême, elle dénonce avec force l'immobilisme et l'aveuglement qu'on réserve au sort des migrants. Si tout se sait, tout se dit, tout se voit, rien ne se regarde en face.



Alors, chacun retourne à sa culpabilité, à son rejet de la faute, à ses rêves de mieux. Mais en attendant, la situation reste terrible. Aux bonnes excuses succèdent les dédouanements, les justifications fragiles. Mais le regard de ces hommes ne s'effacent pas. Tout comme leurs cris qu'on enferme dans une pièce insonorisée pour ne plus entendre, écouter.



Une simple question revient en boucle tout au long de ces pages : où est donc passée notre humanité ?
Lien : https://lire-et-vous.fr/2022..
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Mes maillots jaunes

Depuis l'enfance, l'auteur est passionné par le cyclisme, et plus précisément par le Tour de France et ses coureurs en tête de peloton. « Comme nous l'aimions, comme nous le convoitions, ce concurrent unique en habit de lumière qui changeait souvent de nom, jamais de couleur. » (p. 10) Dans cet ouvrage qui balance entre journal intime au long cours et chronique sportive, Éric Fottorino partage sa passion pour l'évènement sportif qui rythme chaque année (ou presque) le mois de juillet en France. « Merckx, Ocaña, Thévenet. Je leur dois mes rêves de jeunesse. L'idée que tout était possible dans la vie, à condition d'appuyer fort sur les pédales, et d'apprendre à dompter la douleur des muscles. Ces héros ont semé chez l'enfant trop sage que j'étais des poussées d'audace, des grains de folie douce [...]. » (p. 47)



Éric Fottorino égrène des toponymes iconiques qui rythment le Tour de France : Le Menté, Galibier, Tourmalet, Champs-Élysées, etc., mais surtout les noms de coureurs devenus presque légendaires. Merckx, Ocaña, Thévenet, Coppi, Anquetil, Hinault, Pantani, Bahamontes et Bobet s'illustrent au podium de cœur de l'auteur. C'est presque un dictionnaire amoureux du Tour de France que propose Fottorino, avec ses mythes et ses scandales. Il y a notamment Lance Armstrong dont la légende maudite tend à être effacée des livres et des palmarès. Il est le traître au Maillot jaune. Cependant, la couleur si peu aimée en Occident depuis le Moyen-Âge a trouvé toutes ses lettres de noblesse avec la petite reine. Et ce n'est pas Serge Laget, journaliste pour L'Équipe, entendu en entretien par l'auteur, qui dira le contraire. « Avec Serge Laget, la fièvre jaune n'est jamais loin, mais le pire, c'est qu'on n'a pas envie d'en guérir ! » (p. 102)



J'aime faire du vélo, parcourir des chemins tranquilles dans la campagne, le nez au vent et les pensées vagabondes, mais je n'aime pas regarder les autres en faire. Le cyclisme m'est une activité solitaire, presque intime, une connexion secrète avec la bécane. Cependant, j'admire ceux qui ne manquent pas une étape ni un podium. Le temps d'un livre, Éric Fottorino a su me faire goûter au plaisir fugace de voir passer le Maillot jaune après des heures d'attente sur le bord de la route. Et sa jolie phrase conclusive couronne sa déclaration d'amour aux héros de la petite reine.
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Dix-sept ans

Cette lecture m’a remuée, « bousculée », elle m’a interpellée concernant mon rapport aux membres de ma famille.



Suite à une révélation de sa mère, l’auteur part à Nice, sa ville natale, à la recherche de son identité. Il a 57 ans au moment de l’écriture du livre, et il se confie sur les liens distants qui existent entre sa mère et lui depuis sa plus tendre enfance. L’auteur n’hésite pas à se remettre en cause. Dans sa quête, il va essayer de mieux comprendre son passé.



« Les années m’ont sauté à la figure, tout ce temps passé sans te parler, en t’évitant, en esquivant le dialogue, avec des mots vides et désamorcés, des politesses en guise de tendresse » …



Alors le récit ne fait que confirmer que tout ce que l’on vit dans notre enfance, évènements joyeux comme perturbants, a une répercussion sur notre rapport à l’autre. Comment faire évoluer des liens dans le sens positif ? Certainement déjà par une prise de conscience et une compréhension des faits.



« Et puis tout d’un coup je me suis mis à pleurer pour rien. Ce rien, c’était notre vie disparue sans que je te serre contre moi, petite maman, sans ces gestes que tu avais tant attendus puis qu’à la longue tu avais cessé d’espérer. »



Le récit m’a poussé à me questionner sur mes relations aux autres membres de ma famille, et en particulier mes parents. Souvent, on est plus avare en affection avec eux qu’avec nos amis. Alors « on ne choisit pas sa famille », certes… certes… C’est donc une raison pour en « mal-traiter » ces membres ?

Si je devais pointer du doigt une qualité qui fait bien souvent défaut dans les familles, ce serait la communication…

Connaissez-vous l’équation suivante ? "Un mal-exprimé+un mal-écouté = un mal-entendu (malentendu)… "

Apprise dans une formation sur la « communication non-violente », elle donne à réfléchir…Alors on ne vit pas dans le monde des bisounours, c’est sûr. Mais si on essayait de surmonter toutes ces barrières qui existent dans une famille, si on communiquait mieux (ou « communiquait », tout court, parfois…) pour ne pas laisser des « non-dits » détériorer les relations, si on se témoignait un peu plus d’affection, on s’en porterait certainement mieux. Et la famille redeviendrait un lieu de sécurité et un agent de stabilité.



Et puis, la quête de l’auteur se passe 5 mois après le dramatique attentat qui a eu lieu le 14 juillet sur la promenade des Anglais à Nice. L’événement est encore très présent chez les citadins, et notamment chez les enfants. L’auteur, de par une rencontre inattendue, en fait mention, et ce souvenir douloureux provoque automatiquement une certaine émotion.



Voilà, ce livre ne m’a pas laissée indifférente.

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Dix-sept ans

Hélas pour moi, la mayonnaise n'a pas pris.

(Je me permets cette comparaison culinaire car l'auteur l'utilise dans son roman).

Cette errance dans Nice à la recherche du passé de sa mère m'a ennuyée.

Sinon, l'écriture est très belle, recherchée, mais elle ne m'a pas touchée.

Il invente au fil de sa promenade ce qu'aurait vu sa mère, ce qu'elle aurait pensé.

Je m'attendais à davantage de concret.

Encore une histoire loupée qui ne s'est pas faite avec cet auteur.

Mais en tout cas, bravo à lui pour son courage et sa ténacité à vouloir savoir.

Tout le monde ne l'aurait pas fait.
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L'homme qui m'aimait tout bas

C’est un livre fort tendre, le livre d’un fils à son père qui vient de mourir. Un livre de souvenirs d’enfance. Une recherche d’explications. Le père, juste septuagénaire, s’est suicidé. Refusait-il le vieillissement, la retraite, ou la honte d’une faillite.



« C’était là, simplement, une certitude, une obligation qui s’était imposée à moi dès l’instant où j’avais appris la nouvelle. je pensais : mon père est parti. si je ne fais pas quelque chose, vite, sa vie entière va disparaître avec lui »



C’est un livre d’hommes, de foot, de vélo mais jamais de cette virilité agressive et machiste qui m’insupporte. Seulement des hommes qui vivent avec joie les possibilités qu’un corps bien entretenu leur apporte, course ou natation, foot ou vélo. Bien entretenu puisque Michel, le père est kiné.



Fottorino est un « spécialiste » de l’amour filial : il révère ses deux père, son père adoptif qui l’a élevé et son père biologique qu’il n’a connu que sur le tard. J’avais lu Le marcheur de Fès, récit d’un voyage-pèlerinage avec ce dernier. J’étais alors au Maroc et j’avais beaucoup aimé ce livre, et téléchargé L’homme qui m’aimait tout bas qui a attendu sagement dans ma liseuse. Natif de Nice, Fottorino raconte une Méditerranée qui est celle de ses racines, Michel, son père adoptif est originaire de Tunisie. Il raconte Gafsa, l’imagine nageant aux îles Kerkennah, les dattes de Tozeur, la sieste ou la choukchouka….



« Rarement effort d’intégration a été aussi constant dans le sens de la France vers l’Afrique du Nord » écrit-il en parlant de lui-même.



Une évocation sensible, comme une balade de l’Afrique du nord au sud-ouest de la France, de Bordeaux à la Rochelle.




Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Caresse de rouge

Assureur, rassuré, tel est le slogan du cabinet d'assurance dirigé par Félix Maresco. Aussi, lorsqu'un incendie ravage un immeuble de la rue galante, Félix se rend immédiatement sur les lieux. En passant au coin de la rue, il aperçoit un avis de recherche concernant une certaine Jeanne Delbec âgée de 24 ans et de son fils Benoît âgé de 8 ans. Cette annonce le ramène indubitablement à son passé, lorsque la mère de leur fils Colin décide de vivre sa vie en confiant l'enfant à son père, un père qui va devoir user de tous les subterfuges possibles, pour pallier au mieux l'absence de sa mère. Mais... parce qu' "un mais" il y a, et pas des moindres, je laisse au lecteur le soin de découvrir cette intrigue soigneusement concoctée par l'auteur.



oh! my god ! il m'a fallu un certain temps pour me remettre de "caresse de rouge " tant ce court récit m'a littéralement chamboulé. La gorge nouée, j'ai dû faire appel à mes poumons pour une profonde inspiration et me remettre de mes émotions, étant à mille lieux d'imaginer une trame aussi époustouflante dans toute son opacité !

Je pensais avoir eu mon content après " La cicatrice ", que nenni. Si le titre "caresse de rouge " se veut tendre, autant dire que le contenu m'a fichu une claque !



Oups ! C'est bon là, je ne tiens pas non plus à vous en détourner, bien au contraire...
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L'homme qui m'aimait tout bas

Vibrant hommage de l’auteur à son père adoptif, dont l’existence a déjà été évoquée dans le roman ‘Korsakov ‘.

Il ne s’agit pas ici d’un roman, mais plus d’un recueil de souvenirs de ce père, qui a choisi de se donner la mort. En toile de fond, l’interrogation du fils sur les raisons de cet acte et, aussi bien sûr, sur la parole, le geste qu’il aurait pu avoir et qui aurait peut-être évité ce drame.

On ne jugera pas l’histoire ici, puisqu’ici rien n’est inventé, mais on appréciera néanmoins l’écriture soignée et le ton juste et pudique.

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Chevrotine

Alcide est un homme en fin de vie. Veuf et père de 3 enfants, il a un lourd secret qu'il ne sait comment dévoiler a sa fille, Automne... Et pourtant, il en a gros sur le cœur, cet homme bon, travailleur et dont la passion pour Laura l'aura conduit tout droit en enfer... Se déchargera-t-il de ce poids ou partira-t-il en le gardant pour lui ?

C'est avec Éric Fottorino que ma vie de lectrice à changé. Son "caresse de rouge" m'a transformé à jamais et je ne peux me décoller de ce roman qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui dans mes lectures. Avec ce nouveau roman, il renoue avec des personnages blessés, et dont l'anéantissement amène a détruire l'être aimé et toutes relations sentimentales.

Une infinie sympathie m'a envahie lorsque je lisais l'histoire d'Alcide, ce père dont l'amour occulte tout le reste, même son amour filial et qui espère, même après chaque crise, que la folie de sa femme n'est qu'un cauchemar... C'est un roman remarquable, d'une profonde intensité et dont les personnages me suivront quelques temps encore...
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Caresse de rouge

ce livre est un petit bijou... C'est un des très rares qui me reste sur le coeur, qui m'a touchée au plus profond de moi... C'est aussi un des rares qu'on ne peut lire qu'une fois, parce que le goût des lectures suivantes n'aura jamais la saveur de la découverte...

Est-ce le fait d'être maman, et de transposer facilement cette histoire ? Cela peut nous arriver à tous, parent, de vouloir, dans la solitude de la parentalité, être l'unique pilier dans la vie de son enfant... Mais à quel prix...



On peut "aimer jusqu'à tuer"...
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Baisers de cinéma

Passionnée de cinéma, le titre de ce livre m'avait mise en émoi ! Au final, j'ai été très déçue par ce bouquin encensé par la critique.

Baisers de cinéma est une succession de petites scènes sympathiques, pas désagréables à lire mais qui manquent de consistance. L'auteur raconte plusieurs histoires d'amour qui ne se rencontrent jamais et qui ne mènent nulle part. Les personnages se veulent énigmatiques alors qu'en réalité ils sont creux et dépourvus d'intérêt.

En outre, j'ai trouvé l'écriture d'Eric Fottorino pompeuse et certains passages m'ont franchement agacée. On pense à Truffaut pour certains dialogues mais chez Truffaut ils nous remuent les tripes alors que chez Fottorino ils prêtent à rire.

Après avoir fermé mon livre, je continue de me demander où l'écrivain voulait en venir !
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Mohican

Voilà un roman de plus sur le milieu agricole qui me laisse dubitatif.

Faire le bilan des préjudices causés à la nature et aux hommes par l'agriculture productiviste des années d'après seconde Guerre mondiale n'a, en effet, plus rien d'étonnant après des centaines de livres et d'études à ce sujet.

Montrer combien les descendants de cette génération "d'agricultueurs" auraient soi-disant changé me paraît aussi très contestable. On ne voit pas comment il serait possible aujourd'hui de produire sur des terres mortes sans les gaver d'engrais.

Les poncifs ainsi accumulés tout au long d'un livre qui se veut trop démonstratif, trop manichéen ou forcément, milieu agricole oblige, un rien bucolique agacent.



Reste, la charge contre ces stupides et horribles éoliennes présentées comme une des rares solutions à un effondrement énergétique obligé.



Quant au happy-end, il me semble qu'il a un air de déjà-vu qui frise le plagiat car c'est exactement la même que celle de "Nature humaine" de Joncour paru un an avant. Serge Joncour qui ne m'avait guère plus convaincu mais il est vrai que décrire avec justesse et sans pathos excessif le monde agricole français est un exercice plus que difficile.
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Mohican

Au lieu-dit Les Soulaillans, Brun Danthôme (soixante-seize ans) n’a pas pour habitude de s’écouter. Comme la majorité des paysans. Pourtant, il aurait peut-être dû, vu que le Docteur Caussimon vient de lui « balancer » les résultats de ses analyses : leucémie ! Conséquences malheureuses des pesticides utilisés depuis des décennies !…



(Et si sa femme avait succombé à son cancer du sein pour la même raison, quinze ans plus tôt ?…) C’est un point de discorde avec son fils Mo qui est un écolo pur et dur et refuse tout produit chimique (fatalement toxique !) sur ses propres cultures … Pour le projet des éoliennes, là non plus, ils ne sont pas du tout sur la même longueur d’onde ! Ce qui – paradoxalement – n’empêche nullement l’amour d’être omniprésent entre le père et le fils.



Éric Fottorino nous livre une jolie histoire de terroir, insistant sur la dure réalité d’une vie paysanne souvent pénible, qui parfois vire au désespoir, jusqu’à faire commettre des actes extrêmes à certains. L’amour de la terre, de la nature et de son semblable également – même si nombre d’entre eux ne savent pas bien l’exprimer … Bon, ok, la fin est moyennement crédible, mais pourquoi pas ?… Lu pour le prix FNAC 2021, un très agréable moment de lecture qui fait du bien à l’âme !
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Marina A

Marina A. a percuté la vie de Paul Gachet un jour de décembre 2018, lors de l'exposition « The Cleaner » à Florence. Ce n'est que deux ans plus tard, lors du confinement suite à la pandémie planétaire, que cette rencontre intellectuelle prendra tout son sens et se révélera à Paul. Elle viendra le questionner notamment sur son rapport à l'autre.

Paul est un personnage de fiction. Il est médecin, vit a Paris, est marié et a une fille.

Marina Abramovic existe vraiment. Elle est une artiste serbe, une performeuse d'art corporel.



Ma première rencontre avec Marina Abramovic n'a pas été la même que celle de Paul Gachet, personnage principal du roman d'Eric Fottorino « Marina A ». Je ne l'ai pas découverte lors de l'exposition « The Cleaner » à Florence mais à la lecture de « La beauté des jours » de Claudie Gallay en 2017. Intriguée et curieuse, j'étais allée me documenter sur elle et avais visionné des vidéos sur son travail. Comment dire... j'étais ressortie un peu décontenancée, gênée et dans une incompréhension totale.

Et voilà, qu'un autre auteur me la remet sur mon chemin. Je n'ai donc pas hésité, visiblement je n'en avais pas fini avec cette performeuse de body art. Je me suis lancée dans ce roman et je ne regrette pas ma lecture car elle a été une autre approche beaucoup plus accompagnatrice. J'ai pu mieux comprendre et apprécié les performances de Marina Abramovic. Paul Gachet a été mon guide et quel guide ! L'aurais-je autant apprécié si celui de Claudie Gallay n'avait pas déjà tracé une route dans mon esprit. Je ne pense pas. Alors merci à ces deux auteurs de m'ouvrir au monde.

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Dix-sept ans

Juste éblouissant. Un des plus beaux récits de vie que j'aie eu le plaisir de lire. L'écriture est magnifique et le périple dans l"histoire énigmatique de sa mère et de ses parents que l'auteur parvient à découvrir au fil de ses périgrinations est juste magnifique.
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Dix-sept ans

Voici un roman très personnel. Depuis de nombreuses années Eric Fottorino sonde ses origines. Qu'il s'agisse de ses pères ( adoptif ou biologique ) ou de sa judeité cachée.

Dans ce roman Dix sept ans il s'agit de sa relation à sa mère Lina. Il faudrait plutôt dire sa non relation avec cette jeune femme qu'il appelle Lina et pour laquelle il lui faudra plus de 50 ans avant d'oser dire Petite Maman.Lina cette mère inconnue ,cette absente pour laquelle Eric Fottorino ébaucher ce roman plus de 11fois.

La difficulté de dire, de nommer les choses, de plonger dans les ressentis,de rencontrer une maman.

Peut être cette difficulté explique t-elle le besoin pour Eric Fottorino de passer par le roman et non le récit totalement autobiographique .

Cette recherche d'une identité et d'une mère pourra paraître très personnelle et engendrer une certaine lassitude lors de la recherche de la vie de Lina à Nice.

Le style ,mais aussi l'émotion que met Eric Fottorino dans cette recherche font que cet écueil de lassitude disparaît rapidement.

Nous sommes embarqués dans ces émotions à la recherche des Dix sept ans de Petite Maman.

Le roman autobiographique oscille alors entre les souvenirs d'Éric Fottorino et la vie supposée de Lina à Dix sept ans.

Et puis peut être que cette oscillation permettra à chacun de se retrouver et de naitre à nouveau.







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Le 1 nouvelles - 2017

Des nouvelles, encore des nouvelles, toujours des nouvelles… Une passion naissante ?

Oui et non, en réalité, je lis en ce moment un pavé (798 pages) qui me tue les bras et les poignets et qu'il m'est impossible de trimbaler dans tous mes déplacements. Alors, l'envie m'est venue d'acheter un poids plume facile à transporter : c'est Nicole du blog Mots pour mots qui m'en a donné l'idée ! Il s'agit d'un hors-série du journal « Le 1 » : des nouvelles sur le thème de « l'ailleurs ».

Et ça tombe plutôt bien car l'été, souvent, on va effectivement voir « ailleurs », histoire de se changer les idées, de se reposer, de rencontrer d'autres gens et de rompre avec le train-train quotidien.

Évidemment, ce sujet a retenu mon attention car il faut que je vous avoue une chose : j'ai un mal fou à m'extirper de chez moi. Bien sûr, en théorie, je trouve les voyages intéressants, enrichissants, instructifs et en effet, lorsqu'il m'arrive d'être « ailleurs », je cours dans tous les sens, photographie tout ce qui bouge ou ne bouge pas, cherche à goûter l'inconnu sous toutes ses formes.

Mais voilà, le problème, c'est qu'il faut s'arracher, sortir de son trou, prendre la voiture (embouteillages + chaleur+ risques d'accidents), l'avion (beurk, archi beurk, terreur ab-so-lue), le bateau (= mal de mer), le train (c'est encore ce que je supporte le mieux même si j'ai horreur des gares) et sur place… d'autres réjouissances commencent : de nouveau, la chaleur (bon, je n'ai qu'à aller dans le nord, me direz-vous!), les touristes en grand nombre, les moustiques et autres dangers naturels, les vols (oui, les papiers, l'argent…), la fatigue, les péripéties en tous genres, très amusantes à raconter APRÈS mais qui demeurent un calvaire PENDANT.

(Et si en plus vous voyagez avec des enfants, vous passez tout votre temps à chercher des toilettes ou à faire la queue pour acheter des glaces - le bonheur...)

Fondamentalement, je suis très oblomovienne (au fait, avez-vous lu Oblomov de Gontcharov ??? Non ??? Pas possible !!! Un indispensable, incontournable, essentiel chef- d'oeuvre de la littérature russe ! A lire ab-so-lu-ment !)

Donc, je reviens au sujet principal de mon article, ces onze nouvelles sur le thème de l'ailleurs, écrites par de grandes pointures de la littérature contemporaine, avaient tout pour retenir mon attention et c'est avec délice que j'ai lu pour commencer celle de Lydie Salvayre (oh, comme j'aime ce qu'elle écrit !!!) : sa nouvelle s'intitule « Je déteste l'ailleurs », ah, ça commence bien, non ?

« J'ai pour ma part la religion de l'immobilité.

Voici comment je la pratique.

C'est simple. Je me fixe quelque part. Un lit peut faire l'affaire. Ou un fauteuil douillet. Je baisse mes paupières. Et voici que les océans s'ouvrent, que se dressent les monts, que se creusent les vaux, voici que l'Amérique déroule ses tapis et m'accueille, ou le Belize (sans ses moustiques), ou la Chine (sans ses fumées)…

J'ai la religion de l'immobilité. Elle a, entre autres vertus, celle de ne point fatiguer et celle, surtout, de se marier parfaitement avec ma religion de la lecture. Essayez de lire en marchant, ou à bord d'un bateau qui tangue, ou en escaladant une paroi des Alpes, ou en vous extasiant devant les ruines de Pompéi. Vous constaterez que c'est tout à fait impossible. »

Oh comme tout cela me plaît ! Ce n'est pas pour rien que mon blog s'appelle Lire au lit !

Sympa aussi la nouvelle de Véronique Ovaldé qui n'est pas sans points communs avec celle de Lydie Salvayre d'ailleurs, vous verrez !

Et puis, vous trouverez les « beaux récits » : celui de J.M.G. Le Clézio qui met en scène des gamins des rues qui rêvent de passer une frontière pour aller vers un ailleurs plus riche ou celui de Nathacha Appanah : trois hommes, pauvres eux aussi, rêvent le soir sur une jetée d'un avenir meilleur, ailleurs…

Karine Tuil, quant à elle, évoque de façon très touchante la mort de son père trois jours après la parution de son excellent roman L'Insouciance, un homme qui s'en est allé ailleurs : magnifique portrait de père… Un autre très beau portrait, celui de la grand-mère de Valentine Goby qui toute sa vie et pour des raisons bien indépendantes de sa volonté n'a jamais pu vraiment se fixer ; alors, pour elle, l'ailleurs est synonyme d' « arrachement, de mouvement perpétuel et de manque. Il est le contraire d'un «chez soi» - une expression dont la douceur déborde dans sa bouche : elle évoque la chaleur d'un foyer, l'espérance d'un lieu sûr . Ailleurs, c'est nulle part. »

C'est avec beaucoup d'humour aussi et d'autodérision que Tonino Benacquista raconte un retour Melbourne - Bangkok - Amsterdam virant au cauchemar (de toute façon, pour moi, même dans d'excellentes conditions, ce genre de voyage EST un cauchemar!)

Et l'on retrouve avec plaisir le style de Catherine Poulain dans une très belle nouvelle intitulée : La mouche, le chevreuil et le poulain fou.

Pour ma part, j'ai été peut-être un peu moins conquise par les nouvelles d'Erik Orsenna, de Kenneth White et de Metin Arditi mais à vous de vous faire votre avis !

Allez, que cet article ne vous retarde pas et ne vous fasse pas oublier de finir votre valise (ah oui, j'avais oublié une autre de mes saintes horreurs : faire des valises…)

Bon, j'arrête mes lamentations et me replonge dans mon ailleurs actuel : ah oui, j'ai oublié de vous dire que depuis une semaine... je suis à Venise...

Vous connaissez certainement Venise ?

C'est le printemps dans la Venise que j'arpente chaque jour…

Le printemps 1516.

Et l'épais et délicieux pavé qui me conduit à lire des nouvelles quand je me déplace (pas loin, rassurez-vous!) s'intitule Les enfants de Venise de Luca Di Fulvio.

Un sacré voyage !

Dépaysement assuré !

Je ne ramènerai pas de photos mais des images, pour sûr, j'en ai plein la tête !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Suite à un accident grave de voyageur

« Suite à un accident grave de voyageur », … le trafic est interrompu ! Éric FOTTORINO prend pour titre de ce livre (Gallimard,2013) cette expression que tous les habitués des chemins de fer connaissent. Chacun peut entendre en lui cette voix volontairement atone qui, non seulement tente de donner une information factuelle, mais qui, surtout, tente de cacher ce que comporte ce fait de douleurs et de désespérances humaines.

FOTTORINO, lui-même usager des chemins de fer français, a vécu l’expérience plusieurs fois. La formulation, ‘Suite à un accident grave de voyageur…’ s’est immiscée en lui, irréelle. « Je ne reconnaissais rien d’humain dans ces paroles désincarnées. Elles composaient un chef-d’œuvre d’évitement ». Et, en effet, à l’analyse, le sujet principal est bien l’interruption de trafic. C’est là que réside le drame. Le voyageur n’est qu’une circonstance causale. Il n’est rien, lui, le voyageur, il n’est personne. Il n’est même pas du train, il ne l’a pas pris, si ce n’est en pleine face. A cause de lui, les usagers vont devoir attendre. Ils râlent, ils ont autre chose à faire qu’attendre ! Ils ne cherchent pas à comprendre. Ils veulent seulement savoir quand le train pourra repartir. Au plus vite, bien sûr !

Dans ce livre qui ne porte pas l’appellation roman, l’auteur s’interroge sur la réaction des usagers, sur la sienne. Il ne se met pas en dehors, se demande « combien de fois ai-je moi-même pesté à l'annonce d'un retard dû à un accident de personne ? Suis-je donc devenu insensible aux autres ? Je préfère croire que les trains de banlieue anesthésient mes émotions ».

Constatant que le public des usagers dont il fait partie, est pris en flagrant délit de ce que Mauriac appelait autrefois « le crime du silence », l’auteur veut briser cette indifférence où « taire est l’auxiliaire du verbe tuer ». En niant cette souffrance de la personne devenue rien sous le train, on ne laissait aucune chance au désespéré de partager son mal-être. » Ce livre, en quelques soixante pages, nous ouvre à une réflexion sur la déshumanisation, sur les prédominances accordées au trafic et à l’organisationnel plutôt qu’aux humains. Pourquoi, se demande-t-il, règne sur ces suicides, une loi du silence ? une condamnation sans appel ? Comment se fait-il que « le temps du trajet, je ne suis plus tout à fait humain ».

Et non content d’oser aborder un sujet tabou, FOTTORINO fait preuve d’une habileté d’écriture qui touche le lecteur. Passé maître dans l’art de donner aux mots leurs sens usuels mais aussi de relire la situation en empruntant les sens cachés, secondaires, l’auteur fait mouche et titille l’esprit là où il faut.

- A propos de l’ordre de sortie d’un véhicule des sapeurs-pompiers en cas d’accident sur les voies, l’expression consacrée est ‘ personne sous un train ’. La question de l’identité n’est pas importante… puisque c’est personne ! Et donc, déplacer un corps de sapeurs pour personne, c’est les déplacer pour rien !

- Les entrefilets dans la presse font largement état de la perturbation du trafic, peu de l’humain qui ne l’est plus. Tout au plus, décrira-t-on l’impact sanglant des débris humains à l’avant de la motrice et sur les voies. « La victime entre brièvement en scène, s’insinue l’existence du corps en même temps que son inexistence. L’apparition est une disparition »

- Etrange arithmétique des désespérés : n’être plus rien et juger que ce rien est encore de trop. Se changer en objet périmé qu’on retire de la circulation. Une denrée jetable, n’en parlons plus !

FOTTORINO a choisi d’en parler. Puisse ce livre éveiller nos consciences et nous pousser à un peu plus d’humanité lorsque nous serons retardés sur les voies ! Ce livre n’est pas un roman, c’est une claque, un cri !

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Trois jours avec Norman Jail

"Ce que j'aime dans le roman, c'est qu'il dit la vérité. Dans la vie, on passe son temps à mentir aux autres et, plus grave, à se mentir. On esquive, on tait, on tord. Le roman, lui seul, touche au vrai, sous prétexte de tout inventer. Vous lirez, ici tout est vrai car rien n'est vrai."



Cette déclaration, c'est Norman Jail, un écrivain un peu mystérieux, l'homme d'un seul roman à succès publié dans les années 40 qui la fait à la jeune étudiante venue l'interviewer dans sa tanière. Au fil de leur entretien, le mystère autour de Norman Jail semble s'épaissir plutôt que s'éclaircir. Qui est-il vraiment ? Pourquoi ces dizaines de manuscrits non publiés sont-ils bien rangés dans sa bibliothèque ? Quelle est la véritable histoire autour de ce qu'il pense être le livre de sa vie, dont le manuscrit aurait été emporté par la femme qu'il aimait et qui l'a quitté ? Peut-on faire confiance à son récit qu'il prend un malin plaisir à parsemer de mensonges avoués et de fausses pistes ? Et quelle est la réelle raison de la présence de son interlocutrice dont le visage semble réveiller en lui de lointains souvenirs ?



J'ai mis longtemps à me décider à lire Trois jours avec Norman Jail, attirée par le thème mais inquiète à l'idée de retrouver des choses déjà un peu vues (le coup de l'interview de l'auteur mystérieux, ce n'est pas très nouveau ; la réflexion sur le rapport entre vérité et fiction non plus). En fait, j'ai eu raison de m'inquiéter car ma lecture s'est avérée parfois laborieuse. Comme si l'auteur forçait un peu trop sur la technique, au détriment de la fluidité romanesque. Alors certes, le fait de rendre le personnage de Norman Jail plutôt antipathique nourrit le propos et contribue fortement à la réaction de recul de la part du lecteur. Mais ce n'est pas seulement ça. Il y a ces jeux de mots dont l'auteur parsème le récit, certainement pour contribuer à éclairer son thème sur les faux-semblants que sème l'écrivain. Mais moi, ils m'ont profondément agacée au point de gâcher ma lecture.



Forcément, on reçoit aussi un livre par rapport à ce que l'on a déjà vécu et déjà lu. L'exploration des mystères de la création littéraire est un thème très couru chez les romanciers. Je n'ai pu m'empêcher de comparer avec Buvard (Julia Kerninon) ou avec la virtuosité de Ian McEwan qui s'est emparé de ce thème à deux reprises avec Expiation et Opération Sweet Tooth, des livres très différents qui m'avaient non seulement convaincue mais divertie, grâce à une maîtrise parfaite de la mise en abyme.



Reste quelques observations bien senties sur l'écriture, l'inspiration et le métier d'écrivain. Une ambition littéraire certaine mais qui n'a pas trouvé d'écho en moi. Dommage parce que j'apprécie énormément Eric Fottorino, sa superbe initiative avec le journal Le 1 et ses savoureuses chroniques sur le vélo. Pas grave, ça marchera sûrement mieux une prochaine fois.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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