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Critiques de Éric Fottorino (715)
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Mon enfant, ma soeur

C'est un roman autobiographique entièrement écrit comme un long poème en prose. Bizarrement cela ne m'a pas gênée et très vite j'ai oublié cette forme particulière d'écriture pour ne m'attacher qu'aux mots et me laisser emporter par le rythme, la poésie et l'émotion...car ce livre est un long cri de désespoir, mais aussi d'espoir.

L'auteur revient sur son enfance, et son histoire de famille déjà évoquée précédemment dans "Dix-sept ans". Il ne se remet pas de son enfance meurtrie par le drame qui a traumatisé (Ange)Lina sa mère qui avait dix-sept ans à sa naissance et vingt à peine à celle de sa petite sœur, une petite fille qu'on lui a arraché dès la naissance, la jugeant inapte à élever ses deux enfants nés de deux pères différents. C'est la grand-mère maternelle qui organise tout et remet le bébé à une institution religieuse bordelaise. Elle sera confiée à une famille d'adoption.

Dans ce récit poignant, l'auteur parle d'abord de leur mère Lina qu'il regrette de n'avoir pas mieux compris. Puis il s'adresse directement à sa sœur, cette inconnue dont il ne connait ni le visage, ni la personnalité, et ignore si elle est encore en vie. Il lui parle, invente des jeux d'enfants et des souvenirs communs qu'ils n'ont pas eu et n'auront jamais. Il fantasme sur ce qu'elle est devenue aujourd'hui, l'endroit où elle vit peut-être, son visage...et décide de lui donner même un prénom.



Lui qui a vécu sans cesse dans l'angoisse d'être abandonné, tant il sentait sa mère par moment distante et distraite sans savoir par quoi et pourquoi, lui en a voulu un temps jusqu'à ce qu'elle lui révèle la vérité.



Bien entendu, son récit n'occulte pas les moments de bonheur lorsqu'enfin sa mère se marie, qu'il est adopté par ce père aimant dont il nous parle dans "L'homme qui m'aimait tout bas", mais aussi quand ses parents lui offrent une vraie famille puisque naitrons deux petits frères.

Mais c'est difficile pour lui. Et le décalage entre ses rêves éveillés et la réalité, est d'autant plus poignante.

Comment retrouver cette sœur envolée à une époque où les secrets étaient bien gardés ?

Comment pardonner à sa grand-mère d'avoir tout manigancé car elle ne supportait pas que sa fille encore très jeune, ait pu rechercher l'amour et ait osé avoir deux enfants de deux pères différents ?

Comment accepter cette absence ? C'est un poids immense pour tous, très dur à porter pour lui aussi, mais qui a peu à peu ôté à sa mère son désir de vivre.

Pour retrouver sa sœur l'auteur va mener une véritable enquête, semée d'embûches administratives, de lenteur, et vous vous en doutez de doutes...



L'auteur avec la délicatesse que j'ai découvert en lisant ses titres précédents nous touche en plein cœur, nous voudrions l'aider dans sa quête, l'arracher à sa détresse et à cette impuissance qui le détruit comme elle a anéanti sa mère avant lui.

Un livre émouvant et merveilleusement écrit.

C'est tout simplement magnifique !



Merci à l'éditeur et à l'opération Masse Critique de Babelio pour cet envoi !


Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Dix-sept ans

Eric Fottorino est né à Nice en 1960. Sa mère, fille d'une famille qui a des prétentions de « sang bleu, et flirte avec un antisémitisme de bon aloi, avait Dix-sept ans ! Être fille-mère à dix-sept ans dans la France des années 1960, signifie vivre cachée, vivre dans le secret, fréquenter des institutions qui n'ont de charitable que le nom, abandonner son enfant à une mère qui ne peut pas en avoir et simule la grossesse… »

Parvenu à l'âge adulte, Eric tente de reconstituer le parcours de sa mère et d'en comprendre les raisons.

Démarche courageuse si l'en est, tant nous dit l'auteur « L'injustice est le propre des enfants même quand ils ont vieilli. ». Parviendra-t-il à mieux comprendre sa mère, à lui parler, à lui pardonner si tant est qu'il y ait des choses à pardonner et des fautes commises.

Peu à peu le portrait à charge de Lina Labrie se transforme en portrait à décharge. le roman est parsemé de formules qui retiennent la sympathie et transforment la coupable en victime « Tu t'es fait une raison. La famille, c'est mieux sans. »

L'histoire de la famille Labrie n'est pas glorieuse et sous les rêves d'ors plus monarchiques que républicains se cache la misère, « Ce n'était pas la gloire. A table, même serrés, il y avait toujours de la place pour l'angoisse. Elle mangeait comme quatre, l'angoisse. Plus on était maigres et plus elle était grosse. »

La famille nie la capacité de Lina à être mère, à élever le jeune Eric dans la dignité, au mieux dit la grand-mère qui règne, elle est une soeur, et se dit le jeune Eric « Si tu étais ma soeur, qui devais-je aimer pour aimer ma mère ? »

La colère submerge le jeune adolescent qui sans savoir pourquoi écrit un jour sur son carnet « Je suis le fils d'une pute qu'un salaud de juif a tringlée avant de se tirer. »

Son père biologique Moshé est un juif marocain qui ne l'a jamais reconnu et dont la famille ne souhaitait pas qu'il le fasse.

Dans son périple sur les traes de Lina, Eric se retrouve à Nice où il retrouve des personnages du passé.

« - Personne ne ressemble à un juif ! a protesté Rivka. Ceux qui le croient s'appellent des nazis ! »

Formidable ode à sa mère mais aussi au père tunisien qui le reconnaitra et lui donnera son nom, le roman d'Eric Fottorino est aussi un chant à la ville de Nice qui l'a vu naître, il se joue des mots en écrivant « Nice, bord de mère. », ou « Je suis né anis » lorsqu'il entend sa mère dire « Mon fils aîné » lui comprend, « mon fils est né »

Il imagine que son père adoptif né à Tunis, tue Nice la ville dans laquelle sa mère fut exilée pour lui donner la vie.

« Éric devient crié » et c'est ce cri que nous fait entendre l'auteur, un cri de libération tel le cri primal qui est l'essentiel de ce roman écrit des années après la naissance biologique de l'auteur qui retrouve sa mère, une jeune fille de soixante-quinze ans.


Lien : https://camalonga.wordpress...
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Le 1 : Les Gilets jaunes, et après ?

Apparu à l'automne 2018, le mouvement des Gilets jaunes a marqué de son empreinte les rapports entre politique et société, entre les citoyens eux-mêmes.



Le hors-série du 1, Gilets jaunes, et après?, revient sur une année de manifestations et de contestations qui monopolisa avec plus ou moins de masse et de violence, les centres-villes de maintes agglomérations, samedi après samedi.

Écrivains, journalistes, politologues, économistes, sociologues, historiens, etc, observèrent et étudièrent ces rassemblements d'un nouveau genre. Si les manifestations sont loin d'être inconnues en France, les Gilets jaunes se démarquent par plusieurs points : l'occupation de ronds-points et des défilés sans recours aux groupes traditionnels que forment les syndicats. On pourrait les considérer, par conséquent, comme une résurgence des jacqueries populaires du Moyen Âge et de l'ancien régime. Même spontanéité du mouvement, même méfiance et rejet des élites et instances, y compris syndicales et journalistiques, même dérives occasionnelles vers la violence.



Les divers articles et entretiens présentés dans ce recueil proposent des explications sur les origines du mouvement, sur les causes de la colère et des formes mises en avant, sur les composantes des Gilets jaunes. Et bien sûr, ils montrent également les réponses au mouvement, qu'il s'agisse des annonces politiques, du Grand débat ou des répressions policières avec toutes les affaires concernant l'usage jugé intensif des LBD et autres grenades lacrymogènes ou de désencerclement.



Au-delà de la surmédiatisation, du tout émotionnel causé par les différents Actes hebdomadaires, le 1 s'est efforcé pendant l'année courante 2018-2019 de donner des synthèses éclairées basées sur des analyses poussées et provenant de différents corps des sciences sociales. Le recueil reprend selon un ordre chronologique des articles parus. Ce rassemblement en hors-série permet une meilleure appréhension du mouvement des Gilets jaunes, apporte des explications nettes et posées ainsi que des perspectives sur une mouvance qui couve toujours, loin d'avoir été contentée. L'actuelle contestation contre la réforme des retraites les montre d'ailleurs se joignant aux cortèges syndicaux pour protester.
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Le 1 : Le Français a-t-il perdu sa langue ?

Où en est la langue française? Question en vogue depuis quelques années, avec l'anglais qui semble prendre de plus en plus de place en France, depuis que Valéry Giscard D'Estaing a fait, le premier, son discours d'investiture en français et en anglais.

Le Français est-il toujours l'une des langues les plus parlées et étudiées dans le monde, le restera-t-il?

Et le français est-il vraiment l'une des plus belles langues, sinon la plus belle du monde?

Eric Fottorino s'est entouré d'écrivains francophones (Nanvy Huston, Kamel Daoud, Vénus Khoury-Ghata), linguistes (Bernard Cerquiglini) , journaliste, géographe, professeur de français entre autres pour ce grand débat autour de la langue. Sous forme d'interview, d'essai ou de slam, chacun y va de son opinion, selon sa sensibilité à la langue, son contact, son histoire personnelle et professionnelle. Et, non, il n'y a pas de réponses à ces questions, ou bien il y en a, mais plusieurs qui s'entrecroisent, si elles ne se contredisent pas et c'est justement ce qui est intéressant ici, à nous de nous forger notre opinion au regard de ces témoignages.

Il n'y a finalement pas un mais une multitude de français, selon que l'on soit enfant ou enseignant, journaliste, libanaise, canadienne, diplomate dans la Francophonie.

Un ouvrage donc très intéressant et qui se lit facilement, qui se termine par une petite histoire des dictionnaires et de la francophonie et des recommandations de lecture.
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Le marcheur de Fès

Le narrateur souhaite accompagner son père biologique sur les traces de sa jeunesse à Fès , afin de mieux le connaître. Juif et marocain, la famille de sa mère avait jugé cet homme indésirable. Mais ce père souffrant ne pourra l'accompagner . Il partira seul à la rencontre de tous ceux qui lui feront découvrir peu à peu ce père inconnu.

Il découvrira une communauté juive vivant autrefois dans un mellah dont les portes se fermaient chaque soir. Une communauté réputée pour ses médecins infaillibles, pour ses habiles artisans capables de transformer les métaux précieux en bijoux rares: "prodiges interdits aux Musulmans par le Coran".

Une communauté secouée à travers les siècles entre les cruels Almohades du XIIème siècle ( pas d'autre choix que de mourir ou se convertir) et les bienveillants Mérinides au milieu du siècle suivant.

Il découvrira la jeunesse de son père qui comme beaucoup d'autres fera tout son possible pour s'intégrer à la France. Les quelques juifs rescapés de cette communauté l'aideront à parcourir ce chemin.

Parcours intense dans un lieu magnifique, où le narrateur se retrouve dans la photo d'un adolescent .

Lecture bien agréable.
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Un territoire fragile

Je suis accordeur à Bergen. Dans la famille nous accordons de père en fils. Mais faut-il parler d’instruments quand il s’agit du corps humain ? Avant de poser mes mains qui guérissent de tout ou presque, j’apprivoise, j’écoute les silences entre les mots et dans les mots. J’observe les gestes, je caresse du regard puis elles effleurent et se posent sur la chair ébranlée et comme dans un livre en braille, mes mains me racontent l’histoire d’un corps désarmé.



Splendide et diaphane, elle a poussé la porte puis est entrée dans un silence assourdissant. A la minute où elle m’est apparue j’ai compris que mes mains seraient vaines. Les maux à fleur de peau, un corps en désaccord mais je ne voyais qu’elle, Clara.

Clara existe à peine ou si peu. A 23 ans, elle supporte son être avec résilience. Chaque interstice de ce corps étranglé porte les stigmates du désamour et le poids des regrets. La mère, avare de tendresse, ne lui a donné que la vie. Puis un homme qui ne trouve sa virilité que dans le despotisme et les poings, la pousse à fuir avant de défaillir.



A bout de défense, Clara quitte Dublin puis la France. Elle fuit une mère avide de sentiment et un homme qui l’aime trop, qui l’aime mal. Une annonce dans le journal, « Recherche biologiste océanographe à Bergen en Norvège », et c’est l’occasion rêvée pour tout laisser derrière elle. Mais ses vieux démons ne cessent jamais d'exister et l’étouffent peu à peu. L’oxygène lui manque, même au pôle mort.

Le corps de Clara n'est plus en symbiose avec son esprit. Brisée de l’intérieur, sa chair s’est comme fossilisée, un cœur en hibernation hermétique à toute vie. Ce corps tendu à rompre ne lui appartient plus. Il est comme un geyser en ébullition. Comment tient elle encore debout avec ses maux qui la gangrènent ? Ce mal qui coule dans ses veines n'est ce pas la source qui la maintient encore en vie ? Elle est un mystère que mes mains aimantes ne peuvent toucher, pas encore, de peur de la briser. Suivre ses courbes lentement et elles me guideront à l’onde de choc.



Clara… Clara… Clara…



Le mal de mère, quand on cherche bien on finit toujours par crever…








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Baisers de cinéma

"Je savais que rien ne me conduirait sur les traces d'une étoile filante qui jouerait certains soirs le rôle improbable de ma mère" confie Gilles Hector, avocat quadragénaire divorcé fils d'un "photographe de plateau" professionnel de la "lumière" et d'une mère inconnue.

Ce sont ses souvenirs, suite à la mort de son père et à leur difficile compréhension réciproque qu'il relate dans Baisers de cinéma car sa propre naissance est liée à "un baiser de cinéma" dont il ne connait pas l'actrice, une actrice qu'il recherche (à la manière d'un enquêteur) dans tous les tournages auxquels son père a participé.

Mais c'est surtout sa lumineuse rencontre avec Maylis, femme mariée mère d'un petit garçon,Mayliss à l'insaisissable étrangeté, Mayliss "à la voix enfantine",Mayliss "très belle et très blessée", Mayliss traductrice d'arabe en français qui "rêve de changer de vie", Mayliss, fantasme qui l'obsède et le renvoie par ses côtés d'ombre et de lumière à cette mère "qui a filé comme une étoile".

On comprend aisément que Baisers de cinéma ait obtenu le Prix Fémina 2007.

Quel beau roman d'amour! Quel amour sublimé pour une mère inconnue porteuse de secret élevée au rang des stars.Pour un père disparu, distant car artiste fantaisiste et original, dont le seul legs à son fils amateur de détails (il se souvient de chaque réplique de films,de chaque détails des tenues de Mayliss) donc très cadré de caractère,est "la sensibilité à la lumière". Pour une comédienne faite femme qui tient tour à tour du Mister Jekyll et du Mister Hyde pour mieux asservir ce "toxicomane" en manque. Pour le septième art, dont les références aux dialogues de films, aux prises de vue,aux cinéastes, sont celles d'un cinéphile confirmé!

Quelle fine observation de l'amour,de la relation amoureuse passionnée,de l'adultère au risque de se perdre,du désir de l'autre cet inconnu que nous portons en nous depuis toujours!

Eric Fottorino, habitué des prix littéraires: Caresse de rouge a obtenu le prix François Mauriac, Korsakov le prix des libraires et le prix France télévisions.

Il évoque lui-même Falaises d'Olivier Adam qui a dit "Le sens caché de ma vie aura été de fuir un père présent et de chercher sans fin une mère disparue" pour expliquer que Mayliss, héroïne principale de Baisers de cinéma n'est peut-être qu'une "doublure".

J'évoquerai Mon très cher amour....de Françoise Giroud à lire, car complémentaire, avec un avocat (de la défense aussi) en recherche de mère et une amoureuse, ce coup ci jalouse (alors que dans Baisers de cinéma c'est Gilles qui se pose en rival du mari toujours amant et aimant).

De bien riches lectures!
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Mon enfant, ma soeur

"Chaque 10 janvier de sa vie

depuis soixante ans

maman reste couchée

elle te remet au monde

c'est de ça que je veux parler

de ça et de rien d'autre."



Après avoir écrit son livre "Dix-sept ans" il y a quelques années abordant la relation difficile qu'entretient l'auteur avec sa mère Lina, Eric Fottorino publie son nouveau roman dans lequel il parle d'un épisode de son histoire familiale, celui où sa mère lui avoue avoir eu une fille en 1963 qu'elle a dû abandonner.



Elle est née trois ans après lui. Lina avait alors vingt ans. A cette période, elle est déjà mère et n'est pas mariée. Elle accouche alors dans la clandestinité au sein d'une institution religieuse bordelaise et on lui retire immédiatement le bébé. Elle l'a à peine vue, touchée, sentie, embrassée. Et, depuis cette date, elle n'a aucune nouvelle.



Cette naissance hante la depuis toujours, et hante également l'auteur depuis que sa mère s'est livrée à lui. Alors, en 2018, muni d'un carnet et d'un stylo, il part sur les traces de la jeunesse de sa mère pour reconstituer son histoire et celle de sa sœur disparue.



"Sitôt née

sitôt arrachée à maman

Il lui fut refusé

la joie de te toucher

la consolation de sentir sur sa chair meurtrie ta jeune vie s'ébrouer

l'éblouir

l'apaiser"



"Mon enfant ma sœur" est une enquête écrite sous la forme d'un long poème.



Ce roman fait partie de la rentrée littéraire 2023. Il s'agit d'un récit biographique, une histoire familiale dans laquelle l'auteur parle de maternité, de fratrie, d'abandon, de quête d'identité et de secrets de famille.



J'ai beaucoup aimé cette lecture et surtout la manière dont le texte a été écrit. C'est un long poème en prose, rythmé dans lequel l'auteur s'exprime avec beaucoup de sensibilité.

Le livre est divisé en trois parties dans lesquelles l'auteur décrit ses investigations, la manière dont il a retrouvé la trace de sa sœur et comment il a repris contact avec elle.



Tout au long du récit, il s'adresse à elle, lui parle de ses émotions, s'interroge et l'interroge à la manière d'un long monologue.



C'est un livre bouleversant. On comprend rapidement, au fil des pages, que c'est grâce à l'écriture de ce livre que l'auteur a trouvé la force de lancer ses recherches et ainsi changer le destin de sa famille.



C'est un texte magnifique que j'ai lu dès sa réception, une très belle découverte littéraire !



Je remercie Babelio et Gallimard pour cette lecture.


Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Dix-sept ans

Beaucoup de critiques rédigées sur ce livre alors je ne vais pas en faire des tonnes.



Au cours d'un déjeuner familial, en fin de repas, Lina,

75 ans, révèle à ses trois fils un secret de famille. Après son premier fils, Eric, elle a été de nouveau enceinte d'un autre homme et elle a accouché d'une petite fille dont la grand-mère maternelle a orchestré avec l'aide des curés, l'abandon du bébé.

Oui, aux yeux de la grand-maman, quelle honte d'avoir une fille dévergondée, d'être aguicheuse, d'être une Marie-couche-toi-là !!!! Et enceinte de nouveau avec ça !!!



Eric, qui est issu d'un premier lit que sa maman a enfanté à 17 ans, se tient à distance par rapport à ses deux demi-frères et encaisse l'information.



Mais lui, qui est son père ? Ressemble t-il plus à celui-ci qu'à sa mère ? Il a un fort sentiment d'abandon. Est-ce que sa mère l'aurait abandonné à un moment de sa vie ? Aime-t-il sa maman ? Il pense que non, il ne ressent rien.



Il décide alors de remonter le temps, d'aller sur les traces à Nice et ses alentours de sa mère pour essayer de reconnaître les endroits où il est né en 1960. Peut-être rencontrera t-il des personnes qui auraient fréquenté

Lina ? Il veut se réapproprier les odeurs, les couleurs, la mer, la cuisine de sa ville.



Complète immersion de l'auteur dans la reconquête de son passé.



Puis, il va chercher Lina et retourne à Nice mais cette fois-ci avec elle afin qu'elle puisse retrouver également ses racines. Elle va lui parler : quelle était la condition de ses parents ? Ce qu'elle voulait devenir ? Elle va revivre son amour en mémoire du père d'Eric, comment elle l'a rencontré, d'où il venait ? Ils devaient se marier mais la maman de Lina ne l'a pas entendu de cette oreille. Elle a fait en sorte que Moshé, le grand amour de sa fille, parte.



Conclusion : c'est un bel hommage d'un fils quinquagénaire à sa mère qu'il a toujours aimée, d'un amour fort, unique et indéfectible.



Lu en décembre 2019 / Gallimard - Prix : 20,50€.
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L'homme qui m'aimait tout bas

"Mon père, ce héros", c'était déjà pris.

"La Gloire de mon père", itou.

Alors, Eric Fottorino a opté pour un titre un peu plus subtil, plus énigmatique, plus poétique aussi, en évoquant sans le nommer cet homme qui l'aimait tout bas.



Unique enfant d'une mère célibataire, le jeune Eric avait miraculeusement gagné un père, un nom, et deux demi-frères, en 1970, après que Michel, un kinésithréapeute tunisien au coeur gros comme ça, l'eût adopté.

Trente-huit ans plus tard, Michel mettait fin à ses jours, et ce livre est pour lui. "Le contraire d'un tombeau", plutôt "un monument de papier en bric-à-brac".

Et c'est tout à fait ça. Un édifice très délicat, fait d'une prose tendre et sensible, une collection de souvenirs à première vue anodins mais ô combien essentiels et poignants, que l'on feuillette avec émotion comme un album photos redécouvert au grenier. Comme un éphéméride d'instants sacrés. Comme un compte de faits.



Alors oui, l'assemblage un peu disparate de ces scènes de vie (baignades à la mer, courses cyclistes, séances de cinéma et matchs des Girondins) donne parfois à ce petit livre un aspect "patchwork" qui pourra déplaire à certains...

Cependant, la plume de Fottorino est si vraie, et il émane de son témoignage une telle sincérité, que l'on se laisse facilement émouvoir par cette histoire familiale faite de petits bonheurs, mais aussi d'une indicible détresse et d'une douloureuse incompréhension face à la perte prématurée d'un être qui compta tellement.

Et si, comme moi, on ne peut s'empêcher de voir en Michel sa propre figure paternelle adorée, l'effet est encore plus saisissant !



Outre ces quelques souvenirs d'enfance, jolies pastilles colorées sur fond noir, l'auteur se livre à des réflexions encore plus intimes sur le deuil et l'amour filial. Comment surmonter l'absence ? Le drame était-il évitable ? Dit-on jamais assez aux gens qu'on aime - comme le chante Louis Chedid - qu'on les aime ?



Merci, monsieur Fottorino, d'avoir en quelque sorte partagé avec nous l'héritage précieux de celui qui vous a appris la vie.



S'il est vrai que "ce sont les mots qu'ils n'ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil", alors qu'il me soit permis de dire pudiquement ici (et même si mon-Michel-à-moi ne lira sans doute jamais ces lignes) : je t'aime Papa.
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L'homme qui m'aimait tout bas

Ce récit autobiographique intime est un hommage au père adoptif de l’auteur qui se suicida à plus de 70 ans d’une balle dans la bouche.

A l’âge de 10 ans, Eric Fottorino (qui ne bénéficiait pas encore de ce patronyme) était élevé par sa mère ; Il va alors connaître le bonheur de «gagner» un père, Michel Fottorino.

Cette adoption sera comme une nouvelle naissance pour cet enfant, comblé de pouvoir désormais appeler cet homme «papa».

Au cours de 32 chapitres courts, c’est à la fois l’enfant, l’adolescent, l’homme devenu père lui-même qui vont rendre hommage à ce père disparu sans laisser d’explications à son geste.

On ressent, bien entendu, la culpabilité, l’incompréhension de ceux qui restent après un suicide et les interrogations du fils sur les dernières pensées de son père mais c’est surtout un beau témoignage de vie.

Ce père va donc reprendre vie sous la plume de son fils: enfant aîné d’une fratrie de six, à l’enfance tunisienne au goût d’Eden, sa beauté solaire, «sa voix douce, ses mains fermes» (il deviendra kinésithérapeute), sa passion du vélo transmise au fils («A vélo, il m’a appris la vie»), le fait qu’il ait sauvé la vie d’Eric Fottorino qui faillit se noyer lors d’une baignade...Avec une grande pudeur, il revient sur toutes ces tranches de vie.

Pudique, Michel Fottorino, l’était apparemment également «tu m’aimais tout bas sans le dire» écrit son fils et l’on sent que ce dernier craint que l’on puisse l’oublier: «je crois que mon père était de ces êtres qui laissent très peu de traces derrière eux».

Dans ce récit très émouvant, Eric Fottorino fait de ce père un héros et lui redonne une vie, certes littéraire, mais éternelle.
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Chevrotine

Alcide Chapireau élève seul ses deux garçons depuis la mort prématurée de Nélie, sa femme adorée, trois ans plus tôt. Ostréiculteur près de La Rochelle il regarde ses enfants grandir avec tendresse et dévotion jusqu’au jour ou….



C’est l’histoire du naufrage d’une vie et d’une famille et pourtant cette famille qu’il n’arrive pas à reconstruire, Dieu sait si Chapireau en a rêvé.



Après de bouleversants récits autobiographiques sur « ses » pères, après ses récits sur la bicyclette et ses champions, Fottorino revient au suspense psychologique comme au temps de « Caresse rouge » sorti en 2004.Dans un style simple et clair il nous décrit une psychose destructrice et ses conséquences.



On retrouve dans ce roman un thème fondamental pour l’auteur : qu’est-ce qu’être père, quel est ce lien ténu que l’on nomme filiation ? Un lien tellement fragile qu’il ne supporte pas la passivité, surtout de la part d’un père amoureux.



Le destin de Chapireau, ce colosse aux pieds d’argile, nous touche et nous émeut, formidablement écrit on ne lache pas « Chevrotine », un livre tendre et violent.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Korsakov

François ne connait pas son père.

Sa grand-mère "dragon" a empêché le mariage de Lina, sa très jeune mère avec cet homme tellement absent dans sa vie.

Le bonheur arrive avec Marcel, l'ostréiculteur qui épouse sa mère et leur donne son nom. Il devient François Signorelli et s'installe à Palerme pour mieux s'approprier l'histoire des Signorelli. Neurologue réputé, il s'auto-diagnostique le syndrome de Korsakov qui efface la mémoire et crée de faux souvenirs.

Eric Fottorino nous offre avec "Korsakov" un livre sur la recherche des origines, une plongée éblouissante dans Palerme, une course angoissante contre l'effacement des souvenirs.



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Un territoire fragile

Clara arrive à Bergen loin de Fez et de son mari, un homme violent et destructeur. Grâce à son père, elle a pu s'enfuir, mais son corps et ses pensées restent marqués par ce qu'elle a enduré.

Le directeur de l'Institut où elle travaille comme biologiste lui donne l'adresse d' un ami "accordeur" dont le métier consiste à redonner aux muscles l'harmonie qui leur fait défaut à la suite de traumatismes.



"Un territoire fragile" est un livre sensible d'Eric Fottorino, à la fois roman et conte, avec un double regard sur la Norvège et le Maroc. Ce livre est aussi un message bouleversant sur le devenir d'une jeune fille que sa mère n'a pas aimée.
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Dix-sept ans



E.Fottorino est un auteur fort sympathique qui cherche ses racines depuis longtemps. Cette fois, c'est sa mère qu'il cherche à comprendre, lui qui s'est toujours senti mal-aimé, pas désiré, et avec laquelle les liens sont plus que distendus.

C'est à la suite d'une invitation de celle ci, adressée aussi à ses deux frères qu'elle va leur apprendre le plus grand drame de sa vie.

A la suite de cette révélation, Eric décide de retourner à Nice, afin de retrouver des gens qui auraient pu se souvenir d'eux à l'époque, et rapidement cette femme rejetée devient "petite maman",un peu puéril peut-être.

Et c'est lors d'une grande (trop grande) promenade dans cette belle ville qu'il va découvrir sa propre histoire au travers de gens qui ont pu connaître sa famille.

C'est une lecture agréable certes, un peu pesante certes, car les écrivains qui ont"mal au nombril" ont besoin de temps pour renaître, et c'est au lecteur d'avoir de la patience.
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Le 1 - Livre : Comment j'écris

Comme beaucoup d'entre vous j'en suis certaine, je suis depuis toujours intriguée, voire fascinée, par le processus de la création d'une oeuvre, plus particulièrement ici littéraire. D'où vient l'inspiration ? Comment se construit un roman ? Le journaliste Éric Fottorino rencontre Leïla Slimani, devant public, pour explorer ces questions sous la forme d'un entretien. Les réponses de cette dernière sont intéressantes et donnent envie d'en savoir plus. C'est ce qu'annonce le titre. Mais voilà, c'est court, une soixantaine de pages. Pourquoi en faire un livre et non un article ? J'ai beaucoup apprécié... tout en restant sur ma faim.
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Caresse de rouge

Félix Maresco est assureur. Il s'occupe de l'incendie d'un appartement suite auquel auraient disparu une jeune femme Jeanne Delbec et son fils Benoit, quand le passé se rappelle cruellement à lui. En effet, Colin le fils de Félix, s'est fait renverser par une voiture à la sortie de l'école. C'est un drame pour le papa d'autant plus que depuis longtemps il s'occupait du petit garçon quasiment seul puisque sa maman Marie, avait un peu abandonné son rôle de mère. L'amour de Félix pour son fils était immense, le père compensait autant qu'il le pouvait l'absence de la maman. Depuis la mort du petit garçon, la vie de Félix est vide. La police va reprendre l'enquête pour tenter de découvrir le chauffard tandis que Félix se rappelle de tous les moments magiques et intenses avec Colin.

J'ai beaucoup aimé ce court roman d'E. Fottorino. Son écriture est belle, poétique. Il y a beaucoup de tendresse dans l'histoire racontée, l'amour de ce père pour son fils est immense, ce papa est vraiment prêt à tout pour rendre le petit garçon heureux, jusqu'à s'en oublier lui même. Aussi le dénouement du livre est totalement inattendu, sans vouloir en dire plus... Caresse de rouge est un roman vraiment poignant qui ne laisse pas indifférent ; sous son aspect bon enfant c'est un véritable drame qui prend toute son ampleur à l'extrême fin du livre.
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L'homme qui m'aimait tout bas

Le 11 mars 2008 en fin de journée, dans un quartier nord de La Rochelle, mon père s’est tué d’un coup de carabine. C’est par ces mots laconiques qu’Éric Fottorino commence un merveilleux hommage à cet homme Michel Fottorino, à celui qui lui offert son nom en même temps qu’il épousait sa mère, à celui qu’il a pu appeler papa lui l’enfant sans père reconnu.

Ce vibrant hommage est merveilleux de tendresse d’amour pour celui qui lui a donné le goût de l’effort qui à travers la difficulté de faire du vélo lui a appris à ne jamais baisser les bras à avancer vers le but choisi qui en a fait l’homme qu’il est devenu…

À travers cet homme c’est aussi un coup de chapeau bas à tous ceux qui forcés et contraints ont du rentrer en Métropole et laisser derrière eux leur terre natale.

J’ai aimé ce chant d’amour filial tout en retenue , bien sûr les ressentis personnels étaient pour moi au rendez-vous mais il n’empêche merci !

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Penser Salman Rushdie

"Penser Salman Rushdie" est un très bel hommage à l'auteur des "Versets sataniques", coordonné par Daniel Salvatore Schiffer : il est composé de 25 articles d'écrivains, philosophes, sociologues, journalistes à la gloire la liberté d'expression face au totalitarisme et à la terreur, plus particulièrement la terreur islamiste.



Il ne faut pas oublier en effet que :



- le terme "islamophobe" est un terme aux origines douteuses, car il a été créé par les Frères Musulmans et curieusement repris par les médias occidentaux ;



- Que les "versets sataniques" (terme occidental) se réfèrent bien à des versets ayant existé mais abrogés et non repris dans les éditions actuelles du Coran.



En effet, au gré de l'évolution de ses intérêts politiques et du rapport de force avec les clans adorant plusieurs dieux, Mohamed aurait accepté des compromis avec le polythéisme, inspirés par l'Ange Gabriel ; puis les aurait rejetés, toujours sous l'inspiration de l'Ange, déclarant que les versets tolérants lui avaient été inspirés par un imposteur, Satan lui-même sous les traits de Gabriel : il importait dorénavant de fricasser les infidèles.



C'est en faisant parler les anges, puis en invalidant leurs propos au gré de ses stratégies qu'il a assis sa légitimité en tant que chef de guerre et chef religieux.



On comprend bien ainsi la colère de Khomeini devant ce rappel des origines conjoncturelles du texte saint qui, si on les récuse, font de Mohamed un être faillible et susceptible de se laisser berner comme un simple mortel (qu'il est).



Fâcheux anneau de Moebius qu'il est nécessaire d'effacer de la mémoire des "croyants" politiquement soumis en le supprimant des textes officiels : on peut se demander si Rhomeini n'aurait pas mieux servi la cause de la discrétion en ne soumettant pas cette oeuvre à une publicité dont Rushdie a fait les frais.



Je ne vais pas plus loin dans mon commentaire : je ne saurais répéter ceux déjà mis en ligne par les soins de Leabhar et PatriceG.



Toute idéologie qui appelle à la haine et à l'assassinat est une idéologie mauvaise : cela semble tomber sous le sens ; encore faut-il avoir la possibilité d'y résister et de ne pas être enrôlés par lavage de cerveau ou par contrainte.



La liberté de penser génère la pluralité des opinions, éloignant ainsi les spectres redoutables des fascismes, communismes et islamismes, tous trois sous le joug de la violence, de la contrainte et de l'unanimité face à la doctrine officielle.

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Mohican



Mohican se mérite. Le début est une escalade de combats contenus entre Brun, qui ne jure que par le progrès des engrais et des machines, et de Mô, son fils qui retourne vers une agriculture bio. La maladie de Brun ouvre un drame qui pourrait être une fin de l'histoire, mais l'auteur ne se contente pas de son incursion dans le monde rural. Car la terre, il nous l'a fait vibrer avec ses senteurs, ses textures, son âpreté, le travail qu'elle demande, l'abnégation qu'elle réclame. On pourrait croire à des longueurs inutiles ; on se rend compte qu'une fois ingurgité, son apport délivré par petites touches sur la société paysanne nous a nourris. Cependant, après l'acmé, l'auteur nous invente un dénouement permettant de traverser un autre plan de sa culture qui balaye des domaines de savoirs aux antipodes les uns des autres.

J'ai appris que Éric Fottorino est journaliste. À travers ce roman, la transmission de faits est au sommet de son art, enluminée par une histoire qui nous rend ces personnages rudes attachants.
Lien : https://partagerlecture.blog..
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