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Critiques de Éric Fottorino (714)
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Mohican

C'est pas l'homme qui prend la terre, c'est la terre qui prend l'homme !

Fottorino nous parle des gens de la terre avec sensibilité .Il écrit vrai, il écrit précis. Sa langue est belle, parfois fleurie toujours emplie d'humanité.

Le Jura, Léonce nourrit ses sillons de sa sueur. Avec un cheval ou une paire de boeufs, il laboure, sème...et récolte... si Dame Nature ne fait pas des siennes. Dans ce pays, l'hiver semble durer 9 mois.



Puis, vient Brun, qui se veut agriculteur, entrepreneur, pionnier d'une révolution agricole venue d'Amérique .

Il emprunte, se mécanise et injecte dans sa terre engrais, traitements, herbicides...jusqu'à plus soif ! Brun devient malade comme sa terre. Il offre à son fils son dernier cadeau ; des éoliennes sensées le sortir d'un endettement constant..



Mo, bercé par Virgile, adhère à la Conf. il veut redevenir paysan, panser sa terre dévastée, la repenser.



Ce livre est captivant. Il nous apprend beaucoup. Sa fin m'a deconcertée: le passé enfoui qui vient sauver ce présent en déliquescence...
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Le 1 : Comment vivre mieux ?

J'apprécie beaucoup les hors-séries du Un. Ce numéro intitulé "Comment vivre mieux?" m'a interpelée, curieuse de connaître les thèmes et solutions présentées.



Journalistes, écrivains, sociologues, etc, se penchent donc à travers divers articles sur les raisons qui poussent à vouloir améliorer nos vies et les façons de s'y atteler. Une société qui va trop vite; un travail qui demande trop sans reconnaissance; une alimentation trop sucrée, excessive, pas en adéquation avec le rythme des saisons; une hyperconnectivité chronophage et qui consomme trop d'énergie mentale, voilà autant de causes qui peuvent conduire au mal-être, au burn-out, au ras le bol.



Il n'y a pas de recettes miracles dans ce recueil, il ne faut pas non plus rêver. Mais des témoignages de prises de conscience, d'envie de ralentir ou de modifier sa façon de se nourrir pour soi comme pour la préservation de l'environnement (et de notre porte-monnaie aussi), des projets de changements de vie, etc.

Il y a aussi la prise en compte de l'accroissement de l'espérance de vie dans nos sociétés. Ce qui conduit, comme l'explique parfaitement un des articles, à plusieurs existences en une, tant sur le plan professionnel que sentimental, notamment. Le temps est plus à la mobilité, ce qui inclue les points précédents, qu'à la stabilité à tout prix issue de l'après-guerre. Et l'article de citer le cas d'un couple de femmes ayant tout quitté sur Paris pour tenter leur chance avec des chambres d'hôtes au Népal, avant de finir par une séparation, le retour en France de l'une des deux et sa décision d'entreprendre une formation pour devenir infirmière. Un parcours tout sauf linéaire qui n'est plus une exception aujourd'hui.



Un numéro par conséquent très intéressant et enrichissant. A noter en particulier le très drôle récit de Robert Solé sur son séjour de déconnexion au numérique. Excellent!
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Caresse de rouge

"Un an, deux ans passèrent. Des jours et des jours, seulement Colin et moi. Des jours et des nuits. Nous deux. Chaque seconde créait un nouvel enfant. le sourire du soir n'était plus celui du matin. Je portais encore une montre à mon poignet mais il me suffisait de regarder le visage de mon fils pour savoir l'heure qu'il était dans ma vie." P47



J'ai choisi cet extrait parce que primo, je le trouve magnifique, hors contexte. Et deusio, parce qu'il révèle l'amour fusionnel et exclusif de ce père, qui donne tout, ferait tout pour son fils. Et cet amour est justement au coeur de ce récit. Ses réminiscences nous parviennent par vagues à mesure qu'il tente d'en faire son deuil. Car telle est la douloureuse réalité à laquelle il doit faire face : son fils de 3 ans est mort, renversé par un chauffard 3 mois plus tôt. Narré sur un ton doux amer, presque que murmuré, c'est à travers son regard et ses souvenirs que son fils revit sous nos yeux.



Une étrange et dérangeante histoire, merveilleusement contée, mais dont je ne peux me départir d'un avis extrêmement mitigé. Le "hic", c'est qu'il m'est difficile d'en dire plus sans spoiler. Le mieux est encore que vous vous fassiez votre opinion par vous même.



Si ce livre n'est à mon avis franchement pas une sinécure pour l'amour paternel et maternelle, l'intrigue est très bien construite et l'écriture toute en finesse. L'auteur sait assurément maintenir l'intérêt et la curiosité du lecteur. Et, il pourrait bien en surprendre plus d'un par sa fin ! Je n'ai pas adhéré à cette histoire, certes, mais je compte bien poursuivre ma découverte de cet auteur.

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Mon enfant, ma soeur

Je ressors bouleversée par ce récit.

Bouleversée par l’histoire et bouleversée par la beauté de l’écriture.

Dans ce texte magnifique, plein de poésie, Eric Fottorino écrit à la petite sœur qu’il n’a jamais connue.

Au fil des pages, il part peu à peu à la recherche de l’enfant qui fut arrachée à sa mère puis adoptée dans la clandestinité d’une institution religieuse bordelaise.



Il y a beaucoup d’émotion tout au long de ces pages, de beaux sentiments aussi. Il y a aussi cette écriture magistrale que je retrouve chez l’auteur texte après texte.

Une forme d’humilité et de douceur aussi dans cette recherche désespérée au plus profond, au plus secret de cette intimité dévoilée.

Un énorme coup de cœur.

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Trois jours avec Norman Jail

Trois jours avec un écrivain.



J'ai eu du mal dans la première moitié du livre, me demandant si j'allais persévérer. Comme souvent dans la littérature française contemporaine, je trouvais le style un peu ampoulé, l'histoire moyennement intéressante.



Si ami lecteur, vous passez par ce passage à vide, allez de l'avant. Le livre se révèle dans les quatre-vingt dernières pages. Là où d'autres s'essoufflent, c'est le moment où l'auteur prend son envol. Le rythme atteint sa cadence véritable. J'ai terminé d'un seul allant.



Et la prouesse de l'auteur reste d'avoir réussi à créer chez le lecteur de l'empathie pour un personnage d'écrivain ô combien antipathique, tellement, finalement, il est misérable et donc humain.
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Suite à un accident grave de voyageur

En septembre 2012, trois personnes se sont jetées sur les voies du RER dans les Yvelines, non loin de chez l’auteur. Des tragédies que la SNCF qualifie d’ « accident grave de voyageur. » Pour Éric Fottorino, c’est bien plus que cela : « Je ne reconnaissais rien dans ces paroles désincarnées. Elles composaient un chef d’œuvre d’évitement. L’accident grave n’évoquait aucun geste, ne suggérait aucune image. Il relevait d’une langue vidée de sa substance, dénuée de compassion. Une suite de mots pour ne plus y penser, pour passer à autre chose. »



Fottorino, utilisateur quotidien des transports en commun, s’interroge sur les raisons de cette déshumanisation. Il voudrait redonner aux victimes la dignité qu’elles méritent. Des morts passées sous silence par les médias et que la SNCF ne considère que comme des problèmes techniques : « L’échelle des priorités s’imposait dans sa crudité, sa cruauté. Le suicide sur les voies n’est pas une vie de perdu. C’est du temps de perdu. L’existence de tous est contrariée par la défaillance d’un seul. Des retards. Des arrêts inopinés. Des trains qui n’arriveront pas à l’heure. Il faut aller vite. S’assurer que le trafic peut être rétabli. » Des morts dont on se fiche ou pire, qui agacent. Sur certains forums, les usagers se lâchent. Ces suicidés ne sont que des égoïstes qui auraient mieux fait d’avaler des médocs ou de se tirer une balle dans la tête plutôt que d’embêter le monde. Ces suicidés anonymes dont on ne retient que le geste, dont l’existence n’intéresse personne. Heureusement, il y a aussi des messages de résistance au cynisme ambiant. D’aucuns voient « dans ces gestes la volonté de choquer et d’exhiber sa détresse avec une violence indécente, comme un reproche à notre indifférence ». L’auteur pense aussi aux témoins directs qui, pour la plupart, ne pourront jamais oublier ce qu’ils ont vu.



Ce texte est, entre autres, un cri de douleur poussé face au mépris et à l’indifférence, mais j’ai apprécié le fait que Fottorino ne se mette pas au-dessus de la mêlée : « Combien de fois ai-je moi-même pesté à l’annonce d’un retard dû à un accident de personne ? Suis-je donc devenu insensible aux autres ? Je préfère croire que les trains de banlieue anesthésient mes émotions. [ …] Le temps du trajet, je ne suis plus tout à fait humain. Je ferme mes yeux à la laideur, mon cœur à la misère ». A aucun moment il n’endosse le costume du donneur de leçon. Il voudrait juste comprendre comment un geste aussi irréparable est possible : « Je me demande si on s’entraîne à mourir. Si se jeter sur les voies est un crime prémédité contre soi. Ou un meurtre sans coupable. » La réflexion est profonde et parfaitement construite, l’écriture magnifique. Un texte rare dont la beauté n’a, je trouve, rien de morbide.
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Korsakov

Servie par une fascinante subtilité du style et des mots, une nostalgie délicate émane de cette histoire quelquefois cruelle et de ses personnages si attachants. Malgré une dernière partie étrangement différente (presque décevante...?) voilà un ouvrage profondément touchant et lumineux.




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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L'homme qui m'aimait tout bas

Comment intégrer le suicide de l'homme qui vous a adopté, jeune garçon sans père, vous a voué un amour paternel inconditionnel et vous a tout appris ? L'homme auquel vous vous sentez lié indissolublement ? C'est ce que tente l'auteur en faisant revivre ce père à travers les anecdotes, incidents et évènements que lui suggèrent objets trouvés, rencontres, promenades et souvenirs fortuits : « Depuis sa mort, il vit plus que jamais en moi à travers les hasards qui surgissent ». Il y a aussi le regret de ne pas avoir su empêcher le geste fatal : « Ce sont les mots qu'ils n'ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil » (citation de Montherlant en introduction du livre).



L'amour que se vouaient ces deux êtres transpire du premier au dernier mot de ce récit de transmission, nostalgique, bouleversant de pudeur et de peine, mais aussi plein de vie.

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Chevrotine

Alcide Chapireau vit un premier mariage heureux avec Nélie avec qui il a deux garçons Zac et Marcel.

Elle sait effacer ses blessures d'enfance.

Malheureusement, elle décède d'un cancer et il reste seul avec ses deux gamins.

Il rencontre Laura avec qui il aura une fille 'Automne".

Hélas, Laura va changer de caractère et va se transformer en un personnage détestable.

L'intérêt du roman est dans l'ascension du malaise et la transformation du personnage de Laura qu'Alcide va finir par tuer.

Il annonce le méfait dès le début du livre.

Eric Fottorino est un très grand écrivain qui dépeint à merveille toutes les scènes avec profondeur, justesse et des mots très bien choisis.

C'était le premier ouvrage de cet auteur et j'ai été subjuguée.

En plus, il se lit facilement, ce qui ne gâche rien.

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Mohican

Qu’avons-nous fait de nos campagnes ? Non contents de les avoir empoisonnées avec les engrais chimiques, nous les défigurons avec des éoliennes, phares trompeurs d’un progrès étiqueté plus durable. Mais ce progrès-là ne respecte rien. Ni la terre, ni les hommes qui la cultive, tant bien que mal, depuis des millénaires.

Mo est né sur la parcelle des Soulaillans, dans le Jura.

Mo et son père, Brun, que la fatalité finit par réunir, au-delà de leurs différends. Mo et sa mère, Suzanne, qui « lui a laissé le goût du bonheur qu’on trouve dans la contemplation des choses simples qui ne font pas de bruit ». Mo et son oncle, Isidore, que l’usage de la gégène pendant la guerre d’Algérie a fâché avec l’électricité.

Sa famille lui enseigne la beauté et la vérité d’une vie parfois cruelle (« (…) je suis si heureuse que tu aies finis par aimer L’Angélus, et par le comprendre. Car tu as compris, pas vrai ? Ce panier n’est pas un panier, mais la tombe d’un enfant mort »). C’est par désespoir que le père de Mo se résigne à l’installation des éoliennes. Depuis le début de l’ère industrielle, les investisseurs savent convaincre des agriculteurs étranglés par les dettes.

Les pales du grand oiseau blanc tournent et les désastres s’enchaînent. Les migrateurs s’empalent, les vaches meurent sans explication, les abeilles s’affolent, la rivière s’assèche, les fleurs disparaissent (« Les buissons d’aubépines ont été sacrifiés mais au temps des mégawatts sur pied, à quoi bon les aubépines ? »). L’écosystème est brisé.

Les journalistes qui écrivent des romans ont tendance à faire de leur livre le réceptacle insipide des informations qu’ils ont glanées. Ce n’est le jamais cas avec Éric Fottorino qui nous propose ici une belle histoire servie par une langue riche et limpide. J’ai aimé les descriptions de la nature (ex : p126), et bien-sûr le plaidoyer de Mo à la barre du tribunal (p269-274).

Bilan : 🌹🌹

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Un territoire fragile

Voilà une lecture qui m'aura bien remuée. Assez indescriptible. Très pudique, tout est dans le sous-entendu, l'écriture d'Eric Fottorino reflète fidèlement le fond même de l'histoire. Une histoire dure, celle d'une jeune femme au parcours fait de souffrance tant physique que psychologique, de sa naissance à l'âge adulte. Elle semble essayer de lutter contre un destin qui l'entraîne implacablement, tout paraît déjà écrit inéluctablement.

J'ai aimé ce parti pris de faire parler la jeune femme, en parallèle avec l'idée que l'"accordeur de corps" se fait d'elle. Le lecteur découvre le passé de la jeune femme, comment elle en arrivée à partir en Norvège, de manière très progressive et diffuse, on ressent dans notre avancée très lente, imprécise, ce qui se passe dans l'esprit de Clara.

C'est un roman dur, fataliste, déstabilisant, qui prête à la réflexion, mais d'une infinie poésie dans le choix des phrases, des mots, les images,...

J'ai très envie de retrouver cet auteur dans un autre contexte.
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Korsakov

Korsakov est un grand roman familial, ample et musical, qui interroge superbement la mémoire et les pouvoirs de la fiction.



Son héros, François Ardenuit, est atteint du syndrome de Korsakov qui altère la mémoire et permet au malade d’imaginer une histoire lorsque les souvenirs se font fugaces.

Eric Fottorino divise son ouvrage en trois parties dans lesquelles nous suivons tour à tour François enfant élevé par sa grand-mère et sa mère. L’absence du père plane, qui est ce papa qui s’appelle MAMAN ? L’enfant écoute, enregistre, interroge.

Dans la deuxième partie, François est devenu neurologue et peu à peu la maladie altère sa mémoire et ses souvenirs se transforment, il les réinvente.

La troisième partie, peut-être la plus émouvante, s’attarde sur un grand-père fantasmé par un cerveau malade.



Ce livre est très difficile à résumer, je ne m’y risquerai pas davantage, mais c’est un roman dense, envoutant que j’ai eu du mal à lâcher.



Une fois de plus je suis sous le charme d’Eric Fottorino qui est un conteur, un raconteur. Un vrai, un talentueux. De ceux qui inventent des histoires ou narrent les leurs. De la famille aux amours blessés, Eric Fottorino sait trouver avec simplicité le chemin des émotions justes, des sensations perdues, des souvenirs oubliés

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Chevrotine

J'ai longtemps hésité avant d'écrire une critique sur ce livre qui m'a laissé deux impressions contradictoires. D'une part un récit finement ciselé avec des dialogues et une ambiance qui respirent le réel.

D'autre part une histoire de vie mal partie dès le départ, ce qui pèse un peu sur toute l'oeuvre.

Il s'agit d'un père de deux enfants veuf qui, alors qu'il n'espérait plus rien au niveau sentimental, trouve soudain la nouvelle femme de sa vie. Gaie, ultrasociable, elle charme rapidement son entourage. Jusqu'à ce que...

Et cette rupture dans le cours linéaire du récit intervient hélas assez rapidement. Heureusement, grâce à la qualité d'écriture d'Eric Fottorino et mon attirance assumée pour les paysages océaniques sauvages, je n'ai pas eu beaucoup de peine à tout lire.

L'auteur décrit avec beaucoup d'à propos les mécanismes malsains qui peuvent se déclencher dans un couple. Certains dialogues, certaines scènes sont vraiment admirablement illustrées et je ne peux que recommander Chevrotine à tous ceux qui vivent avec un partenaire toxique ou qui ont des proches qui supportent cette croix. Il y a clairement des enseignements intéressants à en tirer, notamment sur le rôle de la "victime", c'est à dire de celui qui endosse malgré lui le beau rôle...
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Penser Salman Rushdie

Je m'associe à cette belle chaîne de solidarité humaine envers cet homme, cet artiste écrivain qui riait de lui-même avec une courtoisie exquise, sauvagement agressé à New York dont il en réchappe par miracle, non pas sans séquelles. Tel n'était pas son dessein, comme un symbole, la fatwa lancée contre lui n'était pas éteinte après toutes ces années d'errance et de fuite à se cacher sous un anonymat flanqué de policiers comme si c'était lui la honte, oui tel n'était pas son dessein, preuve en est. Il avait certainement relâché sa vigilance pour lui-même en cet août 2022 et celle de la surveillance policière avait à n'en pas douter baissé d'un cran, mais sa vie d'écrivain qui ne militait pas pour un pardon qui valût reniement ne montrait-elle pas dans ses écrits et dans ses représentations la distance qu'il avait prise par rapport à l'événement, même distance littéraire qui avait causé pourtant ce même évènement .. Voilà s'il en était besoin le vrai visage de l'islamisme qui se répand à travers le monde dans sa forme la plus hideuse et obtuse. PG 5 décembre 2022.
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Dix-sept ans

Ce roman très personnel et émouvant de Eric Fottorino, a le goût amer d'un rendez-vous manqué.   " Dix-sept ans " paru en cette rentrée littéraire 2018 aux éditions Gallimard, traduit de la difficulté d'écrire sur sa propre histoire, sur sa propre mère.



Un soir de décembre, ils sont tous réunis chez Lina, en Charentes. C'est la maison de feu Michel, le père adoptif d'Eric. Mais ce soir Lina a une confession à faire à ses fils : Eric, François et Jean. Elle leur explique douloureusement qu'à l'âge de dix-sept ans, elle a mis au monde une petite fille.  Sous la pression de sa mère, l'enfant a été immédiatement adoptée par une autre famille, sans que Lina n'ait ni le temps de la voir, encore moins de toucher.

p. 7 : " - Le 10 janvier 1963, j'ai mis au monde une petite fille. On me l'a enlevée aussitôt. Je n'ai pas pu la serrer contre moi. Je ne me souviens même pas de l'avoir vue. D'avoir vu d'elle le moindre détail. Elle n'est pas rentrée dans mes yeux. "

Agée aujourd'hui de soixante-quinze ans, c'est pour Lina l'aveu d'une douloureuse blessure qui n'a jamais cicatrisée. Si ses frères font preuve de compréhension, Eric accuse le coup. Lui qui n'a jamais su aimer sa mère, et encore moins lui montrer, il reste là,  dans le silence.

p. 18 : " J'aurais voulu pleurer, la consoler, dire à Lina que je l'aimais. C'était le moment. Je n'ai pas pu. "

Même sur la route du retour, aux côtés de sa femme Sylvie et de sa fille Appoline, il reste muet, laissant celles-ci dans l'incompréhension. Mais tout s'emmêle dans sa tête :  sa propre histoire, sa propre naissance, son enfance.  Il ressent soudainement le besoin d'aller à Nice, lieu de sa naissance, afin de revivre l'histoire de sa mère. Les silences et les malentendus ont eu raison de ce fils qui a été si peu un fils, et de cette mère qui a été si peu une mère...

p. 25 : " Il était temps de rembobiner le temps. De m'enfoncer là où je n'étais jamais allé, au plus profond de l'oubli. "

Eric revient donc sur les traces de cette mère, qui a dix-sept ans, a mis au monde une petite fille, arrachée de force en vu d'une adoption. Ce voyage à Nice est l'occasion pour le narrateur de revivre, en transparence, la jeunesse de cette mère, ou de cette sœur dont le rôle a fait défaut, prisonnière du dicta d'une mère castratrice de liberté et d'émancipation.

p. 51 : " C'est dans le silence que nous nous sommes perdus. Le silence. Il est devenu notre marque de fabrique. Depuis toutes ces années, ne rien se dire a été notre mode unique de conversation. "

Les déambulations du narrateur sur la Promenade des Anglais, va provoquer des flash back dans sa mémoire, recollant ainsi les morceaux d'une histoire décousue de non-dit. S'ajoute à cette introspection inconsciente,  la rencontre fortuite de personnages dont les témoignages ou expériences vont ainsi l'aider à mieux comprendre cette mère.

p. 83 : " J'ai pris un taxi pour rentrer de l'aéroport. A ma grande surprise comme à la sienne, le même chauffeur qu'à l'aller s'est arrêté : " Vous n'êtes pas parti ? - Croyez-moi j'ai fait un grand voyage. "

Nice, bord de mère...

p. 140 : " Ton lait je ne l'ai pas bu.  A peine quelques tétées volées à Nice avant que ta mère nous éloigne. Le mal que ça nous a fait. Tu étais unique, petite maman. Tu étais irremplaçable et on t'avait remplacée. "

Lorsque Lina lui téléphone, elle lui demande de venir la voir le plus rapidement possible. La vie ne les a pas épargnés, mais c'est ensemble, à la demande de Lina, qu'ils retournent à Nice. Deux cœurs blessés dont le temps prend aujourd'hui un caractère d'urgence à se dire les choses, celles qu'ils ne se sont jamais dites.

p. 195 : " Jamais tu ne m'avais parlé ainsi. Je suis suspendu à tes lèvres. "



C'est avec une immense émotion que j'ai parcouru les pages de ce roman, d'une intimité poignante, dont Eric Fottorino nous fait les témoins de la  résilience de ce lien maternel.

p. 212 : " Réparer nos débuts manqués. Nous sommes là pour une mise au monde. "
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Dos crawlé

Eté 76, la canicule, la pire du siècle parait-il... (je m'en souviens !) sur le littoral atlantique, à Pontaillac, entre Royan et Saint-Palais. Les parents de Marin, 13 ans, l'ont envoyé passer l'été chez son oncle Abel,brocanteur et inconsolable depuis la mort de tante Louise par "rupture"... Marin passe la plupart de ses journées avec Lisa, 10 ans, que ses parents déposent pour un ou plusieurs jours chez oncle Abel : ils ont des choses plus importantes à faire que de s'occuper de Lisa.

Martin et Lisa passent leurs longues journées torrides à se baigner, à ramasser des coquillages, à pêcher dans les carrelets, les cabanes à pêche de la région, à manger des mascottes, à faire des balades en mer, à se doucher sous le citronnier et quelquefois dorment sur la plage avec oncle Abel.

Dans une ambiance seventies où l'on buvait de l'antésite et on lisait Fantômette, Eric Fottorino décrypte avec justesse le désarroi d'une fillette délaissée, la tristesse, la violence, l'embarras, la tendresse, tous les sentiments qui émaillent l'amitié très pure entre Marin et Lisa, mais aussi les hormones de Marin brutalement réveillée par la concupiscence malsaine d'une cougar avant l'heure.

Il y a cependant une chose qu'il a oubliée, c'est comment parlaient les enfants de 13 ans : dans le langage pseudo-enfantin d'un enfant de 6 ans ou le vocabulaire imagé d'un adulte voulant "parler enfant", il passe à coté de la plaque et agace ... et puis il n'a pas dû souvent faire de crêpes, M. Fottorino, lui qui parle du petit noir qui illustre les étiquettes de vinaigre Negrita !

Malgré des situations improbables (la cougar !) on passe 2h pas désagréables avec une histoire triste et touchante.
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Questions à mon père

Autant j'avais été bouleversée par "Dix-sept ans" autant celui-ci m'a ennuyée. Une découverte en dents de scie de l'auteur. Alors, vais-je en emprunter d'autres ? Je m'interroge car j'ai une PAL qui grandit de jour en jour. Une vraie droguée dans une bibliothèque. Mon mari veut m'en interdire l'accès comme on interdit le casino aux accros des jeux.

Bref. Que retenir de cette histoire ?

Il a aimé son père adoptif et tant mieux.

Il a ignoré, haï ? son père biologique, dommage.

Et ce n'est qu'après la mort du premier qu'il s'est rapproché du second et qu'il a enfin compris le drame vécu par ses parents. La généalogie de cette famille est rébarbative car comment mémoriser tous ces noms et prénoms. Quant aux lieux, n'en parlons pas, je n'en connais aucun.

Un bon point : le livre est court.

Un autre bon point, cette citation : « Comme on peut aimer deux enfants, on peut aimer deux pères »

Maintenant, à vous de vous faire une opinion, si vous le désirez, bien sûr...

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Chevrotine

Après le décès de sa femme Nélie disparue dans la fleur de l'âge, Alcide Chapireau tombe sous le charme d'une certaine Laura. Cette rencontre inespérée le réjouit, redonne un sens à la vie qu'il avait perdu le jour même où sa femme a quitté le monde. Et voilà que le bonheur vient à nouveau frapper à sa porte depuis que Laura est entrée dans sa vie et celle de ses deux fils Zac et Marcel, nés de son union avec la douce Nélie. Mais sous l'apparence d'un ange, le démon se cache parfois, laissant apparaître son côté obscur qui va se révéler être un véritable cauchemar pour le pauvre Alcide prêt à tout pour garder celle qui va l'entrainer dans une terrible tragédie.



Si Laura sait se montrer douce et amoureuse et comble du bonheur, donne naissance à une petite fille répondant au doux nom d'Automne, Alcide déchante en constatant le changement de personnalité de Laura, soufflant le chaud et le froid dans leur relation amoureuse, se dévoilant être tantôt une amante à rendre fou Alcide, tantôt tyrannique et manipulatrice. L'équilibre familial se détériore lorsque Laura s'en prend à Zac devenu son souffre douleur, prenant un malin plaisir à l' humilier. Irrité par la tyrannie de cette dernière, Zac quitte le foyer pour le pensionnant, talonné de près par son frère Marcel, lassé par la placidité de leur père face au comportement irascible de leur belle-mère.

Mais les enfants absents, écartés définitivement de la vie d'Alcide ne calment en rien la folie grandissante de Laura, une Laura de plus en plus machiavélique.



J'aime beaucoup la plume d'Eric Fottorino qui sait nous entrainer dans les méandres hallucinés de ses personnages et Chevrotine n'échappe pas à la règle.

Après Caresse de rouge qui m'avait complètement dérouté, Chevrotine se veut une histoire puissante et efficace de cet auteur pour décrire les personnages dans des situations dantesques.

Une excellente réussite.
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Dix-sept ans

A cinquante ans passés, Eric - le narrateur - retourne sur son lieu de naissance, Nice. Il essaie de retrouver les endroits fréquentés par sa mère lorsque celle-ci à l’âge de dix-sept ans, fut priée d’accoucher en toute discrétion loin de la maison familiale.

La communication entre Eric et Lina (le fils et la mère) ne s’est jamais réalisée en partie par la faute d’une grand-mère soucieuse du qu’en-dira-t-on et qui régenta la vie de sa fille au-delà du raisonnable. Les hommes, de leur côté, sont principalement caractérisés par l’abandon de leurs responsabilités.

Je ne suis pas troublé par cette autofiction. Ce texte fait plus de bien à son auteur qu’à son lecteur si celui-ci est à cent lieues de ce type d’histoire familiale.

Je ne suis donc pas enchanté par le sujet mais je reconnais qu’il y a du plaisir à lire Eric Fottorino.

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L'homme qui m'aimait tout bas

Le père d’Eric Fottorino vient de se suicider, à l’âge de soixante-dix ans. Il l’avait adopté lorsqu’il avait 9 ans et lui a donné deux frères.

Quel amour pour ce père qui lui a tout donné !

C’est un livre très personnel mais très émouvant.

Un témoignage de tout ce que lui a transmis ce père d’adoption

Malgré la tristesse de la situation, il est très agréable à lire.

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