Citations les plus appréciées
J' ai étudié la patience du chêne rouge, elle qui se perfectionnait d'année en année, et sa résistance au froid. A l' automne, elle se préparait en aspirant sous terre l' énergie du soleil, pour la stocker dans ses racines, un peu comme je conservais la récolte de mon jardin. Tout au long d'une saison en apparence trop froide pour que rien ne survive, l' arbre attend, simplement, continue de grandir intérieurement et rêve du printemps. Sans bien comprendre encore la raison de mon retour, je commençais à songer que c'était pour ça, pour retrouver un langage que j' avais connu autrefois. Le langage de cet endroit.
Les noms ne leur suffisent pas, il leur faut des étiquettes — qui comptent davantage que l'objet étiqueté.
Chapitre 6 : Nu pour l'exil.
Je suis charmé […] de rencontrer quelqu'un que l'habitude du monde n'a pas encore influencé au point de lui faire perdre l'usage de la raison ; car sous l'empire de la mode, les plus grandes absurdités passent sans être critiquées, et l'esprit s'accommode même des plus grotesques inconvenances si elles se reproduisent souvent.
Lettre LXV.
Même l'histoire des techniques est une histoire des conflits sociaux. La technique n'est pas neutre : elle sert à quelque chose, et donc, à quelqu'un.
Interview dans la série documentaire LE TEMPS DES PAYSANS, épisode 1 : Âge d'or, âge de fer.
Chaque patient porte son propre médecin en lui. Il vient à nous sans connaître cette vérité. Nous excellons lorsque nous offrons au médecin qui réside en chaque patient l'occasion de se mettre au travail.
- Je ne veux pas que tu sois blessée.
- Je n'ai pas peur de ça.
- C'est parce que tu as vingt et un ans.
- Non, c'est parce que ma génération va assister à la fin de la civilisation.
- Quoi ?
- La possibilité d'espace vital pour toutes les activités humaines est presque épuisée. Chaque goutte de pluie qui tombe n'importe où sur cette planète, chaque flocon de neige est plein de poisons éternels. Il y a un million d'enfants destinés au marché du sexe, deux mômes vendus chaque minute. L'extinction de treize espèces chaque jour. Et ça continue, dans tous les domaines. C'est ça qui me fait peur, et j'ai peur de n'être qu'une autre tête de nœud sur Facebook qui n'y peut absolument rien.
Vivre, c'est éprouver de la douleur, se dit-il, et vivre dans la peur de la douleur, c'est refuser de vivre.
Le bonheur est un dieu qui marche les mains vides...
VALDIMAR TÓMASSON
Pourquoi le parfum de tes mots
s'est-il affaibli.
Et ta présence
devenue une branche nue.
Et mon espoir nuit d'hiver.
La nuit était telle sans couleur
ou rouge feu ?
Une étoile veille
sur le ciel d' hiver.
Les fleurs de givre scintillent
blanc ressac et pures.
L' été s'enfuit dans la mer
et l'automne approche des terres.
Les yeux vifs
de l' étendue de glace rayonnent.
Le soleil miroite dans les déserts
de l'espérance.
Je reste
dans la nuit étoilée.
Mais au-dessus s'étend
l' édredon bleu.
Et la terre est couverte de silence.
Vetrarland, JPV, Reykjavik, 2018
J'appartiens sans retour à cette sombre nuit qu'on appelle l'amour.
Le Wager et le reste de l'escadre étaient en mer depuis à peine deux semaines, et il ne s'était pas encore acclimaté à son nouvel environnement. Il devait baisser la tête s'il ne voulait pas se cogner au plafond du second faux-pont et partageait ce caveau de chêne avec d'autres jeunes enseignes. Chacun avait droit à un espace d'à peine plus de cinquante centimètres de large pour attacher son hamac, de sorte que leurs coudes et leurs genoux s'entrechoquaient parfois avec ceux de leurs voisins. C'était quand même royal : presque vingt centimètres de place supplémentaire qu'il n'en était alloué aux simples matelots, [...]
Lire de bons livres vous empêche d'apprécier les mauvais.
Qu'il est doux d'aimer cette poésie
Du ruisseau qui siffle indolent,
Du blé qui tend son frêle épi :
Les mots sont impuissants.
(extrait des Vitraux de lumière, p. 29)
Rendre le monde meilleur. Apporter un peu de beauté dans les coins ternes et monotones des âmes. (...) Peu importe la forme que ça prend. Laisser le monde un peu meilleur qu'on ne l'a trouvé. C'est ce qu'un homme peut faire de mieux.
L’enfance a volé en éclats
comme une bulle géante
de savon.
De l’adolescence
je me souviens seulement
qu’elle était habillée de rouge
et avait les genoux écorchés.
J’ai vécu ma jeunesse
du temps de ceaușescu
en tirant tout le temps
avec le fusil.
Toujours à côté de la cible,
j’écrivais des odes
à la gloire des cendres
que je jetais à la poubelle.
Puis j’ai sauté la maturité
et la vieillesse est venue
comme un conte d’hiver,
avec sa gloire qui ressemble
à une demoiselle trop âgée
pour être encore désirée.
Oui, pour moi,
toutes les choses sont arrivées trop tard.
J’ai été le dernier petit romantique de l’europe.
Une sorte de che guevara de la poésie.
Et juste avant de mourir
j’ai commencé à voir
nettement :
tout n’est qu’un mouvement
des atomes
en avant et en arrière.
Comme si tu étais
tantôt d’un côté du miroir,
tantôt de l’autre.
(traduit du roumain par Radu Bata)
il pourrait ici régner
paix et silence mais
l’étole qui repose dans les tiroirs du ciel retombe
derrière le mur émietté du monde
Le premier Mai c'est pas gai,
Je trime a dit le muguet,
Dix fois plus que d'habitude,
Regrettable servitude.
Muguet, sois pas chicaneur,
Car tu donnes du bonheur,
Pas cher à tout un chacun.
Brin d' muguet, tu es quelqu'un.
(Extrait de "Discours de fleurs")
Décorer le labyrinthe
Le temps d’une vie
Cueillir raisins de Corinthe
Et pêche rubis
Marcher, courir nous éreinte
Là restons assis
Au milieu du labyrinthe
Sans chercher l’issue
Sois sans hâte sois sans crainte
Reste un peu ici
La porte joliment peinte
On tombera dessus
Suivre une trace, une empreinte
Nous pouvons ma fille
Mais ce chemin qu’on emprunte
On le rend aussi.
Les différents âges de la femme se présentent et s'enfoncent dans la vapeur. Leurs corps s'évanouissent peu à peu. Des corps qui ont donné la vie, subi le bistouri, trimé des décennies derrière leur machine à coudre, planté et déplanté des potagers, émigré, puis sont revenus, qui ont encaissé les coups puis l'abandon de leur mari et de leurs enfants, épuisés, immobiles sur des lits étriqués avec pour seule compagnie le vacillement du téléviseur dans le coin de la pièce et les souvenirs d'amours anciennes. Sous le verre crasseux du dôme, avec ce goutte-à-goutte incessant, ces réminiscences glougloutantes, ce savoir que renferme le corps se propageait par vaguelettes à travers chacune de nous, comme si nous ne formions qu'un seul et unique organisme. Plic, plic, plic. Dans le bassin des dames, nous sommes jeunes et vieilles à la fois.
“Il pouvait beaucoup pour les malheureux. Il les faisait rire. Et, nous l’avons dit, faire rire, c’est faire oublier”