À la jeune fille objet de son amour non partagé, Jean Brulller (qui deviendra plus tard Vercors ) envoie une dessin représentant un amoureux éconduit se suicidant sous les yeux de sa belle... Il recevra en retour le dessin d'un autre suicide. Amusé Vercors poursuivra dans la veine, agrémentera le tout de textes et publiera un recueil en 1926. En 1977, il le complétera et nous voilà avec une édition définitive.
La condition essentielle avant d'ouvrir ce livre est la maîtrise du second degré, si c'est le cas, vous prendrez plaisir à parcourir ces 21 trop courts chapitres, l'écriture est sympathique, l'ensemble est émaillé d'exemples historiques, on sent une certaine érudition, Vercors fait aussi preuve d'une imagination assez débordante dans ses propositions d'améliorations ou de combinaisons des méthodes classiques... Mais attention, en la matière, le mieux est souvent l'ennemi du bien !
Une chose qui peut choquer, que j'ai trouvé étonnante : en 1977 le résistant Vercors plaisante sur l'holocauste... Dans " du suicide par asphyxie carbonique", Vercors qui distingue suicides actifs et passifs nous raconte que du temps du III° Reich, les candidats qui avaient du mal à s'auto-détruire pouvaient coudre une étoile au revers de leur veston et de conclure : " on a largement critiqué cette méthode, qui s'est perdu depuis ".
Vercors ne voit ni bien, ni mal, son seul but est de laisser parler son imagination, sans se censurer...
Un petit bijou d'humour noir, pour lecteurs avertis.
http://www.youtube.com/watch?v=owlieVEWQoY
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je voudrais que la lecture de mon livre fit admettre à la Société que l'anormal est, non point qu'on se suicide, mais bien qu'on ne se suicide pas.
Il n’est pas d’opinion plus bête que de croire qu’on se tue parce qu’on a perdu l’amour de la vie. C’est justement parce qu’on l’aime trop qu’on se donne la mort, ou, si l’on préfère, parce qu’on attache trop d’importance aux choses de la vie.
Le peu de respect des autorités à l’égard des légitimes revendications des partisans de la mort violente est, à nos yeux, absolument inacceptable. Mais que faire, sinon user de nos bulletins de vote ?
Du suicide par saut de cervelle
Ce suicide, encore que considéré comme des plus classiques, est relativement moderne. Il date, à peu près, de l’époque où fut inventé le pistolet. Il consiste à se mettre du plomb dans la tête, ce qui le rend peu recommandable aux personnes d’esprit rassis.
VERCORS / LE SILENCE DE LA MER / LA P'TITE LIBRAIRIE