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Évelyne Pieiller (Traducteur)
EAN : 9782851814852
56 pages
L'Arche (30/05/2001)
4.26/5   152 notes
Résumé :
Après 4h48 je ne parlerai plus.
Je suis arrivée à la fin de cette effrayante de cette répugnante histoire d'une consciente internée dans une carcasse étrangère et crétinisée par l'esprit malveillant de la majorité morale.
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Ouch...

Dur dur ce sublime texte de Sarah Kane, long monologue de rage et de désespoir extrêmes.

La souffrance et le mal de vivre suintent par tous les mots de l'auteure qui avait assurément un talent certain pour décrire l'innommable.

"S'il vous plaît levez le rideau"... ce seront ses derniers mots.

Je ne sais pas si lire ce livre au cours d'une insomnie était une idée de génie, mais il n'est pas 4h48 mais 3h38, je vais donc essayer d'aller me reposer...
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Une pièce sublime, sans personnage, sans décor, avec cette/ces voix qui hurle(nt). On aurait tort de réduire 4 : 48 Psychose à un texte testamentaire (il a été publié peu de temps après le suicide de Sarah Kane, qui était bien familière du monde de la dépression). On aurait tort aussi de réduire cette pièce à sa part d'ombre, tant elle traite avant tout d'amour, de besoin d'amour et de partage. On aurait également tort de réduire cette pièce à une pièce, car c'est bien de la poésie que nous offre ici Sarah Kane, de la poésie inépuisable qu'on lit et relit comme des poèmes d'Eluard. Bref, une oeuvre irréductible et multiple. Si possible, à lire dans le texte, en langue de Shakespeare.
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4.48 Psychosis est la dernière pièce de Kane avant son suicide. Compte tenu des thèmes de ses deux dernières pièces de l'auteure et principalement ceux de la pièce en question dans cette critique (la souffrance psychologique, la dépression, la psychose, la mort, le suicide), il est difficile de différencier l'auteure du texte. L'illusio et l'effet de croyance bourdieusienne sont ainsi renforcés par une perception du lecteur (moi, en l'occurrence) qui croît en sa douleur, sa souffrance. Nonobstant, le personnage principal est décrit minimalement et à la fois comme un homme et une femme : « hermself » (Kane, 2001, p.205). le rapprochement fait avec l'auteure perd dès lors un peu de sa valeur et permet au lecteur de s'approprier le texte. Bien que je n'ai jamais vécu de psychose, j'ai eu de la compassion pour la souffrance du personnage. Sa douleur a résonné en moi et plus fortement encore je crois en raison de l'ambiguïté sur l'identité du personnage. de cette façon, j'ai pu engager mes propres structures mentales dans ma lecture de la pièce.

Les structures sociales du texte se révèlent timidement par des « échantillons représentatifs et représentationnels […] [de] la réalité évoquée » (Bourdieu, 1998, p.540-541). Elles se dévoilent tranquillement dans les interactions entre les personnages. le peu de détails donné sur les lieux physiques contraint le lecteur à un fond noir et l'enferme dans des frontières hermétiques. On se sent prisonnier des échanges entre le/s docteur/s et le/la protagoniste : « my life is caught in a web of reason / spun by a doctor to augment the sane » (Kane, 2001, p. 233). C'est le quasi-monologue, ou du moins le dialogue de sourds, qui fait en sorte que la structure reste opaque.

C'est la force du personnage et la crudité voire la cruauté des dialogues qui m'a engagé dans l'oeuvre, m'a poussé à m'investir. La congruence mes structures mentales et les structures sociales du texte n'est cependant pas parfaite en raison de cette opacité. Les structures sont voilées et volées au regard, comme l'exprime Bourdieu (1998). Dans tous les cas, mon habitus, dont ma scolarité en psychologie et travail social, teinte vraisemblablement mon intérêt pour le texte. Par conséquent, mes structures mentales « sont accordées à ce monde et propres à fonder la croyance la plus entière dans la fiction qui les évoque » (Bourdieu, 1998, p.540).

Liste de références
Bourdieu, P. (1998). Les règles de l'art : genèse et structure du champ littéraire. Paris: Seuil.
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Elle a vomi le monde juste au seuil de sa mort. Elle a craqué son souffle de vie à travers ces mots d'extrême violence. de l'hypocondrie a souffert ses mots avant de voir le jour. Une forte poésie à la hauteur de ses douleurs, à la hauteur de sa haine, à la hauteur de l'attente à laquelle ''elle n'en peut plus'' elle.
Sarah Kane nous fait visiter le côté très très obscur du monde psychique d'une extrémité affolante.
Avoir incruster ces mots dans la peau d'une comédienne emmène à habiter en soi l'âme de Sarah Kane et voir en même temps sa propre mort. Parce qu'ils sont forts ces mots, ils ne peuvent que vous envoûter.
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Avec 4.48 psychosis, j'arrive à la fin de ma lecture de l'oeuvre de Sarah Kane. Ce texte est mon préféré mais certainement, et paradoxalement, le moins théâtral de tous. D'ailleurs, les extraits de captation aperçus ne m'ont pas convaincue pour l'instant (j'adorerais voir la prestation d'Isabelle Huppert ...).
4.48 psychosis est un peu ce qu'on veut en faire : une pièce de théâtre donc peut-être, une chorégraphie vers la mort, un témoignage autobiographique, égocentrique mais lucide, ou encore un long poème sur la trahison et une nouvelle fois sur le manque d'amour. Dans tous les cas c'est un cri qui vrille les tripes. Il y a dans ce texte une impression d'inéluctable qui, compte tenu du destin de l'autrice, vous prend à la gorge. Tripes, gorge, c'est une lecture vraiment physique et je comprend qu'une mise en scène de ce texte puisse être effectivement très physique. Dans la traduction d'Evelyne Pieiller (je ne sais pas si c'est explicite dans la version originale), le personnage central est une femme. Cette femme voit toutes les cordes auxquelles elle pourrait s'accrocher, pour s'accrocher elle-même à la vie, se dissoudre dans ses mains, même l'amour, même l'amitié et même la simple relation avec un médecin. Ce texte possède toute la force du désespoir et m'a durablement marquée.
4.48 psychosis est pour moi une exception où les mots se suffisent, contrairement aux autres pièces de Sarah Kane que je brûle de voir jouer pour pouvoir les apprécier pleinement.
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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Parfois je me retourne et retrouve votre odeur et je ne peux pas continuer je ne peux pas continuer putain sans exprimer ce terrifiant ah putain cet effrayant ce blessant putain de besoin physique que j'ai de vous. Et je ne peux pas croire que je peux ressentir ça pour vous et que vous, vous ne ressentiez rien. Vous ne ressentez rien ?
Silence.
Vous ne ressentez rien ?
Silence.
Et je sors à six heures du matin et me mets en quête de vous. Si mon rêve m'a indiqué une rue ou un café ou un métro je m'y rends. Et je vous attends.
Silence.
Vous savez, j'ai vraiment le sentiment d'être manipulée.
Silence.
Je n'ai jamais eu de problème dans ma vie pour donner aux autres ce qu'ils veulent. Mais personne n'a jamais été capable d'en faire autant. Personne ne me touche, personne ne s'approche de moi. Mais vous vous m'avez touchée si profondément putain je n'arrive pas à le croire et je n'arrive pas à l'être autant. Parce que je n'arrive pas à vous trouver.
Silence.
À quoi elle ressemble ? Et comment je la reconnaîtrai quand je la verrai ? Elle mourra, elle mourra, putain elle mourra et c'est tout.
Silence.
Vous croyez qu'il est possible de naître dans le mauvais corps ?
Silence.
Vous croyez qu'il est possible de naître à la mauvaise époque ?
Silence.
Va te faire foutre. Va te faire foutre. Va te faire foutre puisque tu me rejettes en n'étant jamais là, va te faire foutre puisque tu me donnes l'impression d'être de la merde, va te faire foutre puisque tu me saignes à blanc de l'amour putain et de la vie, que mon père aille se faire foutre puisqu'il a foutu ma vie en l'air pour de bon et que ma mère aille se faire foutre puisqu'elle ne l'a pas quitté, mais surtout, toi, Dieu, va te faire foutre puisque tu me fais aimer quelqu'un qui n'existe pas, ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE.
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J'ai peur de perdre celle que jamais je n'ai touchée, l'amour me tient en esclavage dans une cage de larmes, je me mords la langue qui jamais ne peut lui parler, une femme me manque qui n'est jamais née, j'embrasse une femme par-delà les ans qui disent que jamais on ne se rencontrera. Tout passe. Tout périt. Tout pâlit. Ma pensée s'éloigne avec un sourire meurtrier et laisse la discordante anxiété rugir dans mon âme. Pas d'espoir. Pas d'espoir. Pas d'espoir. Pas d'espoir. Pas d'espoir. Pas d'espoir. Pas d'espoir. Une chanson pour mon aimée, touchant à son absence, aux marées de son cœur, l'éclat de son sourire. Dans dix ans elle sera toujours morte. Pendant que je vivrai avec, que je me débrouillerai avec, pendant que des jours passeront où je n'y penserai même pas, elle sera toujours morte. Pendant que je serai une vieille dame sans abri en train d'oublier mon nom elle sera toujours morte, elle sera toujours morte, c'est terminé, putain, c'est tout, et je dois tenir toute seule. Mon amour, mon amour, pourquoi m'as-tu abandonnée? Elle est la couche où jamais je ne m'étendrai, et la vie n'a aucun sens à la lumière de ma perte. Bâtie pour la solitude, pour aimer l'absente. Trouve-moi. Libère-moi du doute corrosif, désespoir futile, horreur du repos. Je peux remplir ma place, remplir mon temps, mais rien ne peut remplir ce vide-là dans mon cœur. Ce besoin vital pour lequel je mourrais. Dépression.
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J'ai gazé les Juifs, j'ai tué les Kurdes, j'ai bombardé les Arabes, j'ai baisé des petits enfants qui demandaient grâce, les champs qui tuent sont à moi, tout le monde a quitté la fête à cause de moi, je vais gober tes putains d'yeux et les envoyer à ta mère dans une boîte et quand je mourrai je vais me réincarner et je serai ton enfant mais en cinquante fois plus mauvais et complètement fou putain je vais faire de ta vie un putain d'enfer sur terre JE REFUSE JE REFUSE JE REFUSE NE REGARDE PAS VERS MOI.
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Dans dix ans elle sera toujours morte. Pendant que je vivrai avec, que je me débrouillerai avec, pendant que des jours passeront où je n'y penserai même pas, elle sera toujours morte. Pendant que je serai une vieille dame sans abri en train d'oublier mon nom, elle sera toujours morte, elle sera toujours morte, c'est terminé
putain
c'est tout
et je dois tenir toute seule
Mon amour, mon amour, pourquoi m'as-tu abandonnée ?
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Vous croyez qu'il est possible de naître dans le mauvais corps ?

Vous croyez qu'il est possible de naître à la mauvaise époque ?
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Vidéo de Sarah Kane
Extrait d'"Anéantis" de Sarah Kane. Avec Clélia David & Alexis Jacquet.
[ATTENTION, VIOLENCE SEXUELLE.]
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