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EAN : 9782070270460
192 pages
Flammarion (31/12/1998)
3.95/5   10 notes
Résumé :
A dix-sept ans, élève de philosophie au lycée d'Alger, Albert Camus eut pour professeur Jean Grenier. Ainsi commença une amitié qui devait durer toujours. Et Camus a dit lui-même assez souvent l'influence qu'avait eu, sur sa pensée et sur son style, l'auteur des "Iles".
Le livre qu'écrit aujourd'hui Jean Grenier n'est ni une biographie ni un commentaire de l'oeuvre de Camus.
C'est une suite de souvenirs strictement personnels, un témoignage dont la dis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une relecture au bout de quelques années !!!! puisque j'ai lu la première fois ce texte de souvenirs de Jean Grenier, sur son élève, Albert camus, en 1982...
L'enthousiasme et l'intérêt sont aussi forts, à ce jour... je ne voudrai pas jouer les "prescripteurs rasoirs"...Mais je trouve que ce volume serait précieux à connaître, à plus d'un titre, en abordant les textes et la philosophie de Camus.

En tout premier , ce qui me frappe à cette redécouverte... ce sont la grande discrétion et sobriété de Jean Grenier, l'Ami le plus ancien et le plus proche de Camus, en rédigeant ces "Souvenirs". Il ne se met jamais en avant, alors que l'homme est talentueux, a réalisé de son côté, un parcours d'écriture non négligeable...et a fortement influencé Camus ( ce qu'il a souvent répété lui-même, à propos de son professeur de philosophie)
Dans ces lignes, il réalise avec moult discrétion, un portrait de Camus, extrêmement précis, en parlant de ses engagements, de ses interrogations sur la politique, la religion; l'Algérie, la création littéraire, etc. ses coups de coeur en Littérature qui sont toujours liés à une humanité profonde des écrivains, en question...
Trop de passages soulignés au fil de cette "re-lecture"... le choix est plus que difficile pour illustrer cette note de lecture:
- "Je vois bien pourquoi la voix d'Albert camus -porte-. il n'a pas de réticence, d'-a parte-, de -mezza voce-, de sous-entendu. Voilà d'abord: il dit ce qu'il a à dire, directement. pas de finasserie (...) Ensuite il se donne entièrement dans ce qu'il dit... (...)
Or si jamais Albert Camus a cru à une "mission", cette conception a pris chez lui un caractère particulier: l'écriture, la parole, tout ce qui était-expression- avait d'autant plus d'importance pour lui que la culture lui avait été une révélation. Vivant dans un milieu peu aisé (dont on a exagéré la gêne) entre une mère silencieuse, un oncle sourd et peu communicatif, une grand-mère qui ne parlait que pour les besoins de la vie courante il ne pouvait qu'être surpris, puis ébloui, par les splendeurs de la vie révélées par les livres. Aussi la bibliothèque populaire consultée à certaines heures, l'école, le lycée, l'université lui ouvrirent-t-ils un monde enchanté.
Enchanté ? Non, ce terme n'est pas juste: il faut dire plutôt une terre promise, ou mieux: le dévoilement d'une réflexion du genre humain tout entier sur la condition qui lui était faite. (...)

Aussi le respect- on devrait dire la vénération- pour ce qu'on appelle aujourd'hui la culture est-elle plus grande et peut-elle entraîner des conséquences infiniment plus importantes chez quelqu'un qui n'a pas vécu dans un milieu dit cultivé dans son enfance, qui n'a pas vu manier des livres autour de lui. Celui-là a plus de chances que d'autres de ne pas traiter les choses de l'esprit comme des objets de prostitution, passant d'un auteur à l'autre par pur caprice, ou bien les classant sous des étiquettes et les rangeant sous vitrine, par souci d'érudition.


Dilettante ou rat de bibliothèque, voilà ce qu'on devient facilement quand on a fréquenté un peu trop les milieux littéraires ou qu'on a fait la chasse aux diplômes. si l'on échappe à ces deux dangers, on a des chances de trouver dans la culture un incomparable d' exaltation de soi-même et des autres.. (pp.159-160-161-162)
Un très beau livre d'amitié, de fidélité , d'admiration, mais aussi empreint d'une grande pudeur à l'égard de son jeune élève, rencontré en classe de philosophie, à l'âge de 17 ans... devenu Prix Nobel de Littérature, qu'il a accompagné ensuite fidèlement au fil des années. Leur correspondance , leurs amis-écrivains communs, dont Louis Guilloux, René char, et tant d'autres en témoignent...

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Comme indiqué sur la couverture du livre, il s'agit plus de souvenirs de Jean Grenier que d'une biographie d'Albert Camus.
Par contre, cela doit-être un bon complément à une biographie car l'homme reste encore mystérieux. Mais il semble qu'Albert Camus était un personnage secret qui ne se dévoilait pas facilement même avec ses proches.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Les livres qui l'ont touché le plus dans son adolescence, comme étant les plus proches de lui furent, je crois bien, -La douleur- d'André de Richaud et -La Maison du peuple- de Louis Guilloux. Il se retrouvait dans ces livres d'amis à moi. Il a dit dans une préface à -Compagnons- de Guilloux pourquoi il avait été touché par ces sortes de livres, où une enfance démunie, et parfois déchirée a servi d'aliment à une œuvre, et a fait découvrir un trésor dans ce qui pour tant d'autres aurait paru une chose à cacher et à oublier. Tout le génie de Gorki n'a-t-il pas été de ne jamais perdre de vue ce qui l'avait tant fait souffrir et de changer le malheur en beauté, comme si celle-ci ne pouvait entrer en nous que par une blessure , (p. 82-83)
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Albert Camus fut un des premiers à éprouver l'injustice commise à l'égard des Arabes. Non pas qu'il vît tous les arabes en blanc et tous les français en noir. Il faut lui savoir un grand gré de cette retenue dans le jugement à un âge où la précipitation est de règle (et c'est l'inverse ensuite)
Je me rappelle comme, beaucoup plus tard, à ma demande : "pourquoi ne choisissez-vous pas d'habiter une belle maison à la campagne ou au bord de la mer en Algérie, puisque vous êtes maintenant à même d'acheter une résidence de votre choix et que vous êtes si attaché à votre pays ?", il me répondit, d'un air contraint: "C'est parce qu'il y a les arabes", ne voulant pas dire que les arabes le gênaient par leur présence mais par le fait qu'ils avaient été dépossédés- sans qu'il fût question de la nature et des limites de cette dépossession. L'on comprend sa délicatesse. Et il est regrettable qu'elle ait été si mal appréciée d'un côté puis de l'autre.
Je me contente de relater ici une conversation qui résume le passé. (pp.170-171)
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A son retour d'Amérique, Albert Camus se remit à son livre: -La Peste-. Mais il eut toutes les peines du monde à le terminer. Il n'en était pas content. Il doutait de ce livre. C'est aussi qu'il doutait de lui-même. la célébrité qu'il avait acquise ne le grisait pas. Il ne la regrettait pas à coup sûr; rester inconnu, lorsqu'on publie est malsain, pensait-il. Et dans la plupart des cas il n'avait pas tort. Toujours est-il que le succès avait dépassé ses plus grandes espérances, au point de le gêner maintenant. Peut-être le nouveau livre en gestation décevrait-il les lecteurs comme il le décevait lui-même. On est surpris de voir qu'un doute ait pu naître à propos d'un ouvrage qui fut si bien accueilli et continue d'être lu passionnément. Mais Albert Camus était sujet à des crises de découragement qui auraient bien étonné ceux qui ne le connaissaient que comme auteur.
Il aurait bien voulu aussi n'être pas harcelé par les sergents recruteurs des partis et des Eglises, hors desquels, disait-il, on ne vous laisse pas en paix. Il tenait à une indépendance que tous se refusaient à lui accorder. (p. 66)
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Le désir de grandeur, la nostalgie de la noblesse apparaissaient même dans le choix des choses qui l’entouraient. Sa réserve naturelle n’excluait pas son don de sympathie ; elle donnait à son noli me tangere une simple valeur de défense contre le banal et l’indigne et conférait encore plus de prix à son estime et à son amitié
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Lourmarin 26 mai 1959
Cher ami,
Je n'ai pas assez d'imagination pour souhaiter d'être un autre. Mais il m'arrive de regretter de n'être pas meilleur. Quand on est jeune, on croit au progrès personnel et qu'à force de décisions ou d'emplois du temps on viendra à bout de ses défauts. Et puis, à 45 ans on se retrouve tel qu'on était au départ, ou à peu près, moins la croyance au progrès. Bref, il faut vivre avec soi-même. Belle vérité !
AC
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Video de Jean Grenier (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Grenier
Albert Camus et Jean Grenier : Découverte de la philosophie et de l'écriture (1955 / France Culture). Diffusion sur France III Nationale le 2 décembre 1955. Par Pierre Sipriot. Avec Albert Camus et Jean Grenier. Émission “Thèmes et controverses”. Présentation des Nuits de France Culture : « “Les grandes révélations qu'un homme reçoit dans sa vie sont rares mais elles transfigurent comme la chance, à l'être passionné de vivre et de connaître”, écrivait Camus dans la préface au livre “Les Îles” de son ami Jean Grenier, en 1959 : le professeur de philosophie qu'il a eu au lycée d'Alger à 17 ans, son ami pour toujours. Son influence est majeure sur le jeune élève, c'est lui qui lui confie un livre qui va le pousser à l'écriture : “La Douleur” d'André de Richaud. Camus lui fait lire ses premiers écrits ; il lui dédia son premier livre “L'Envers et l'Endroit”, “L'Homme révolté”. Dialogue entre ces deux écrivains et amis dans l'émission “Thèmes et controverses”, revue radiophonique des idées et des lettres, avec le producteur Pierre Sipriot. Albert Camus nous parle de son professeur, qui l'a passionné, de la lecture de son livre “Les Îles” qui est à l'origine de ses préoccupations d'écrivain, nous dit qu'un philosophe doit déranger les lieux communs. Jean Grenier nous parle de l'humanisme, de surnaturel, de divin, des racines célestes de l'homme, de courage, de la liberté ; qu'il préfère le sensible à l'intellectuel. “Nous avons commencé, en 1930, un dialogue qui n'est pas fini” écrivait Jean Grenier : une correspondance qui devait durer trente ans et n'être rompue que par la mort, l'accident du 4 janvier 1960 de Camus. Là, nous sommes en 1955, Camus est encore vivant, “L'Été” vient de paraître en 1954, écrit sous l'influence de Jean Grenier : « “L'Été” descend des “Îles” », comme il l'écrit. Il recevra le prix Nobel de littérature en 1957. Il nous lit le début de son livre “L'Étranger” et nous parle de “miséricorde” et de “douceur” : les derniers mots de cette archive. Éternel sur les ondes, comme dans ses livres, comme dans l'écriture. »
Source : France Culture
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