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EAN : 9782864249436
240 pages
Editions Métailié (16/01/2014)
2.68/5   85 notes
Résumé :
Carlos emmène son fils Jorge en montagne pour un week-end entre hommes, c’est sa mère qui l’élève et il le voit très peu. Il le trouve étrange, trop rond, trop bébé pour ses quatorze ans, bref il est déçu par cet ado renfermé et maladroit dont il veut faire un homme, un vrai. Mais dès le début de la balade c’est Carlos qui découvre ses limites physiques et son incapacité à communiquer avec son enfant. Le séjour s’annonce difficile, surtout qu’au chalet les attend la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
2,68

sur 85 notes
De tous les polars que j'ai pu lire, Ce qui n'est pas écrit se classe haut la main dans mon top 3 des pire de ce genre. C'est la première fois qu'une découverte Masse Critique s'est avérée pénible, a tel point que j'ai eu hâte d'en finir. Je remercie malgré tout le site et les Editions Métailié Noir pour cet envoi qui a eu au moins le mérite de me faire frémir, mais pas de plaisir loin de là.
 
Je ne vais pas m'étendre sur un résumé détaillé de la chose car grosso modo je n'ai pas trouvé de qualités à ce roman qui nous met en scène trois protagonistes plus que frustrés. Carlos, le père et accessoirement ex-mari de Carmen, pseudo écrivain et alcoolo à souhait. Carmen, la mère, femme à la carrière bien assise suite à ses parties de jambe en l'air avec son supérieur a tout de la femme pratique, elle pense pratique, elle baise pratique, enfin bref pas très réjouissant comme tableau. Pour compléter ce joli couple de gagnants, je vais vous demander d'applaudir bien fort Jorge, qui est la tendre progéniture des deux gugusses. Enfant chéri à sa maman, le cher petit âgé de 14 ans est surprotégé par celle-ci  alors quand notre gaillard de Carlos propose d'emmener le fiston en camping ça va chauffer sous le soleil d'Espagne. D'ailleurs j'allai oublier un élément clé dans ce bordel manifeste, c'est qu'entre Carlos et Carmen les rapports sont chauds bouillants. L'affection que porte Carlos à la bouteille a eu raison de son couple alors je vous raconte même pas l'étendue des dégâts et les griefs qui vont avec. Ce petit week end en montagne entre le père et le fils arrive à point nommé pour faire resurgir du passé les vieilles rancoeurs, amplifiées par l'angoisse que va causer  Carlos à Carmen en lui laissant une copie de son prochain livre aussi sordide qu'inintéressant , futur best-seller dans la catégorie fond de poubelles,mais Carmen devra y déchiffrer ce qui n'est pas écrit...

Sans déconner, qu'est-ce qui est passé dans la tête de l'auteur quand il nous a pondu ce truc?
Le roman est à trois voix, une fois nous avons affaire à Carlos ou Carmen et entre chaque lamentation nous découvrons le fameux roman qui va semer une super terreur dans l'esprit de celle-ci et pour moi, lectrice, cela s'est avéré être un vrai calvaire. C'est crade, c'est poisseux, ça sent le vice à plein nez et ça devient vite indigeste. Les personnages sont plats et je n'ai ressenti de sympathie pour aucun d'entre eux, ils sont tellement frustrés et aigris qu'en y repensant, cette histoire m'a plus fait rire qu'autre chose car entre leurs questions existentielles à la con et leur côté malsain ça en devient vraiment ridicule. de plus, l'auteur n'a pas eu la main légère question sexe et le roman est truffé de passages complètement à côté de la plaque qui n'apportent pas grand chose à l'histoire, hormis rajouter de l'absurdité au tout qui n'est déjà pas très glorieux...
Vous l'avez compris je n'ai pas aimé. Je ne connaissait pas l'auteur et je ne sais pas si j'ouvrirai un autre de ses livres, si toute sa bibliographie est dans la même trempe ça doit donner... Bien entendu, cet avis ne regarde que moi et ne doit pas vous empêcher de vous faire le vôtre en découvrant ce polar si ça vous tente.
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Un bon roman noir doublé d'une belle réflexion sur le processus de création littéraire.
Après avoir été enthousiasmée par la lecture de Todo está perdonado qui évoquait avec élégance et humour la transition démocratique (que La tristesse du samouraï abordait avec la légèreté d'un char d'assaut), je me réjouis de voir que Rafael Reig est de retour avec un roman de bonne facture.
Carlos, aspirant écrivain rongé par l'amertume et l'alcool, décide de passer la fin de semaine dans la sierra de Guadarrama avec son fils adolescent Jorge. Cette randonnée dans la montagne lui offre enfin l'opportunité de renouer avec lui des liens qui n'avaient pas résisté à un divorce houleux. Avant de partir, il laisse à son ex-femme Carmen le manuscrit de son roman intitulé Sur la femme morte. "Le problème, avec les polars, était déjà bien pire que leur manque d'originalité: il s'en vendait de moins en moins." Et Carmen s'y connaît. Elle est sous-directrice commerciale pour un groupe éditorial.
Pendant que Jorge et son père crapahutent dans la sierra en tentant tant bien que mal de communiquer, Carmen se plonge dans la lecture du roman dont nous prenons connaissance en même temps qu'elle.
Là où le lecteur ne voit dans la prose de Carlos qu'une bien pâle copie de Pas d'orchidées pour Miss Blandish de James Hadley Chase, l'ex-femme appréhende ce récit alambiqué de kidnapping comme un roman à clé. Elle y voit des références particulièrement dures à ses amours défuntes: "Le lecteur? Quel lecteur? Ce roman s'adressait à une unique lectrice, elle." Carmen projette peu à peu ses angoisses sur la relation entre le père et le fils, angoisses amplifiées par l'impossibilité de joindre par téléphone les deux intéressés. Et si Jorge était en danger?
Cette réflexion passionnante sur la création et le rôle du lecteur qui serait tout le temps tenté de lire "Ce qui n'est pas écrit" est brillamment servie par une habile structure narrative ainsi que par son atmosphère oppressante. le nombre restreint de personnages donne une illusion de huis-clos d'autant plus déroutante que les protagonistes se trouvent dans des lieux éloignés. L'intrusion de la fiction dans le réel est subtile, Reig utilisant les grilles de mots croisés d'un des personnages du polar de Carlos comme premier mot du chapitre suivant. Les quatorze mots à insérer dans la grille ne laissent d'ailleurs aucune place à l'optimisme. La désillusion sur le couple est totale. On songe à No llames a casa, de Carlos Zanon. Madrid est moche, sa banlieue est sordide et même le beau parc naturel de Guadarrama qui enthousiasma en son temps Gautier et Dumas devient sinistre. La lecture de Ce qui n'est pas écrit fut quant à elle un véritable plaisir.

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Carlos est divorcé de Carmen avec laquelle il a eu un fils, Jorge, dont il a été trop longtemps séparé. Carlos trouve que Jorge est un peu trop dans les jupes de sa mère. Il décide donc de l'emmener passer un weekend en montagne avec lui, histoire de le dégourdir un peu et surtout de mieux le connaitre. En partant, il laisse discrètement le manuscrit de son dernier roman chez son ex-femme, juste pour qu'elle le lise, selon le mot qu'il lui laisse.

« Il a laissé son roman à Carmen et elle lui a laissé son fils. Carlos se demande ce que ça signifie. Est-ce que par hasard l'enfant serait un roman qu'il doit lire et apprendre à interpréter ? A-t-il un sens qui n'est pas visible ? Carmen a-t-elle écrit l'enfant comme ça seulement pour qu'il le lise et comprenne quelque chose, pour qu'il reçoive le message ? Alors, à qui appartient cette peur : à Carmen ou à son fils ? »

Dès les premières pages, Carmen croit se reconnaitre dans un des personnages de ce roman particulièrement noir. Plus, elle avance dans sa lecture, plus le trouble l'envahit. Et si Carlos avait voulu lui dire quelque chose par le biais de son livre ? Et s'il y avait un message à découvrir entre les lignes de ce roman ? Et s'il y avait un sens caché à tout ça ? Et si le plus important se trouvait dans Ce qui n'est pas écrit ?

« On dit souvent que le romancier manipule le lecteur, mais elle, comme lectrice, n'était-elle pas en train de manipuler le roman dans le sens où elle avait décidé de le lire ? Lire dans la direction contraire à ce qui est écrit n'était-ce pas un autre acte de violence, un exercice de pouvoir ? »

D'emblée, on se dit qu'il va y avoir un problème, que tout ne va pas se passer comme prévu. On pense aussi à Sukkwan Island, ce père et ce fils qui partent ensemble dans un endroit isolé. Mais ici, même si l'envie de savoir est forte, l'intérêt est ailleurs. Fiction et réalité entremêlés et parfois réalité rattrapée par la fiction.

La structure du roman est triple. le récit de la confrontation du père et du fils d'une part, celui de la mère angoissée d'autre part, et enfin le roman dans le roman. Celui de Carlos qui prend vie par la lecture de Carmen. Sans lecteur, pas d'existence pour le roman. Ne dit-on pas parfois qu'un roman est différent pour chacun de ses lecteurs ? Rafael Reig nous livre une intéressante réflexion sur le processus de création littéraire, sur ce qu'on lit, ce qu'on lit entre les lignes et ce que chacun met derrière les mots.

« Celui qui écrit a le pouvoir, celui qui lit se soumet. »

Ce qui n'est pas écrit est un roman noir aussi étonnant qu'oppressant dont la construction et la réflexion qu'il suscite font la force, l'intérêt et l'originalité.


Merci à Babelio et aux Éditions Métaillié pour cette belle découverte.
Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Carlos emmène son fils, Jorge, en weekend à la montagne. C'est l'occasion pour lui de se rapprocher de cet enfant qu'il ne voit que rarement depuis sa séparation avec Carmen. Seulement, il n'est pas très simple de créer du lien avec un adolescent de 14 ans… Ce weekend, c'est aussi l'occasion de reprendre sa place de père, et de faire un homme de ce fils un peu bébé, un peu trop gros.
Carmen, elle, se réjouit et s'inquiète à la fois de ce weekend. Carlos a laissé, avant de partir, un manuscrit sur sa table. Une note indique qu'il souhaite juste qu'elle le lise. Dès les premières pages, Carmen est troublée par les éléments sordides qu'il contient, d'autant que cette fiction évoque une réalité, celle de sa rencontre avec ce jeune poète talentueux sans le sou et sans relation. Au fur et à mesure de cette lecture noire et scabreuse, le doute s'insinue en elle : pour quelle raison Carlos lui a-t-il confié ce manuscrit ? S'agit-il d'une revanche sur le passé, d'un avertissement, ou d'une intention ? "Mais pour elle, il n'était pas si facile de continuer à lire : elle en savait trop. Elle en lisait trop, plus que ce qu'il y avait dans la page : elle lisait ce qui n'était pas écrit. Peut-être que c'était ça, l'obstacle : elle cherchait quelque chose entre les lignes et ça l'empêchait de voir ce qu'elle avait sous les yeux."

J'avoue avoir eu vraiment beaucoup de mal avec la première moitié de ce roman, qui mélange pour l'essentiel trois points de vue : celui de Carlos, celui de Carmen, et des passages de "La femme morte", le manuscrit cause de bien des interrogations. L'univers décrit est sordide, avec un intérêt particulier pour tout ce qu'il y a en-dessous de la ceinture, et pas qu'à des fonctions reproductives. Les personnages m'ont paru stéréotypés, engoncés dans un contexte (le loser qui veut faire ses preuves, l'adolescent malhabile, la femme partagée entre assumer ses actes et culpabiliser) qu'ils n'ont visiblement et masochistement pas envie de quitter. L'auteur semble n'avoir aucune compassion ni aucune affection pour ces héros malmenés qui hésitent entre brutalité envers eux-mêmes et les autres, élucubrations répétitives sur des évènements du passé, culpabilisation à outrance, etc… Enfin, des réflexions plus ou moins philosophiques, ésotériques et, grosso-modo, démagogiques, sur les liens entre un auteur et un lecteur viennent ponctuer un texte qui évoque une histoire au point mort. "L'auteur est dans le livre, pas dehors. C'est le livre qui, pour être lu, nous oblige à imaginer qu'il a un auteur. Nous inventons l'auteur comme nous inventons des dieux." Mais si j'interprète bien les intentions de l'auteur (ce dont je ne mettrai pas ma main à couper!), cette première moitié de l'ouvrage sert à planter un décor, un contexte, à donner au lecteur une représentation de l'histoire et des personnages, de façon à pouvoir le surprendre dans la seconde partie du livre.

Puisqu'on en parle, j'ai trouvé cette seconde moitié du livre plus intéressante. le point de vue de Carlos est moins présent ; à la place, on suit un peu les pensées de Jorge. Comme Carmen, je me suis surprise à essayer de lire, entre les lignes, ce qui n'était pas écrit, pour deviner ce qui le serait. le roman sordide tourne au roman noir, pour nous amener à un final fataliste.
Rafael Reig tisse, avec plus ou moins de bonheur, différents thèmes dans cet écrit étrange : la place du père, les illusions sur les autres, les liens auteur-lecteur, l'échec, la fiction et la réalité (qu'un peu de réalité se retrouve dans une fiction, passe, mais l'inverse ?) etc… Au final, on s'apitoie sur ces personnages qui portent malgré eux le masque que d'autres leur ont donné : ils n'arrivent pas à trouver leur place, coincés par ce qu'on attend d'eux, ce qu'ils pensent que les autres attendent d'eux, par ce qu'ils attendent d'eux-mêmes. Dans ce piège des illusions, les fantasmes deviennent un écran de fumée réel qui peine à masquer une réalité pitoyable.
Un roman sombre que j'ai, au final, plutôt apprécié. Je remercie Babelio et les éditions Métailié pour cette lecture.
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Huit clos madrilène.

Carlos et Carmen sont séparés, difficilement remis d'un mariage raté fait de disputes, de tromperies, d'alcool et de souffrance psychologique, entre domination et rancoeur.
Malgré leurs différents, ils restent en contact pour leur fils Jorge, adolescent fragile, chouchouté par sa mère, terrorisé par son père, en constante demande d'amour et de reconnaissance.

Carlos organise une randonnée camping avec Jorge, et laisse à Carmen les épreuves d'un roman en sollicitant son avis d'éditrice.
Le livre sous forme de thriller plutôt glauque, peuplé de personnages improbables et de situations scabreuses interroge Carmen sur les motivations de son ex-mari. Que doit elle comprendre entre les lignes de ce torchon d'écrivaillon raté? Sa lecture entre peu à peu en résonance avec le vécu de leur couple, créant une peur, une introspection angoissante.
D'autant qu' il faut bien constater que la balade bucolique avec sacs à dos et duvet ne s'annonce pas comme une promenade de santé.

Un livre déroutant, sinistre, avec sa petite dose de perversion pas vraiment romantique.
Il faut reconnaitre une maitrise dans la construction mêlant trois histoires. L'angoisse monte incontestablement mais la narration semble patiner, préférant nous entrainer vers des réflexions sur l'estime de soi, la frustration, la culpabilité, la manipulation des individus.
Les chapitres alternent la mère lisant, le livre se dévoilant, les hommes se confrontant. Et puis, les mondes parallèles semblent se croiser, se rattraper, mêlant insidieusement les faits et personnages.

Se glissent au fil des pages, une réflexion sur la création littéraire, sur le trio [auteur-livre-lecteur], et le concept que chaque fiction est appropriée de multiples façons, par ceux qui la reçoivent.

Merci aux éditions Métailié pour une découverte "noire" insolite.
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critiques presse (1)
Lexpress
24 février 2014
Avec son polar dans le polar, l'Espagnol Rafael Reig signe un thriller psychologique sombre et vertigineux.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
- Miguel.
- Quoi ?
- Je ne vais pas coucher avec toi aujourd’hui.

Elle regretta d’avoir ajouté ce ‘aujourd’hui’, comme si elle devait se faire pardonner ce refus ou le modérer.

- Qu’est-ce que tu as, Carmen ?

Sa surprise était authentique, il avait du mal à la croire. Son ton était celui qu’il aurait employé si, au bureau de tabac, on lui avait dit : aujourd’hui on ne vend pas de cigarettes.

- J’ai eu une journée difficile, j’ai besoin de dormir, je ne peux pas, dit-elle – et elle le regretta aussi.

Pourquoi est-ce qu’elle n’était pas capable de dire : je ne veux pas ?

- Je comprends.

Son ton était lugubre, sa mine offensée, presque méridionale pour un scandinave.

- Je te branle ?
- Qu’est-ce que tu dis ?
- Si tu veux, je te branle et tu t’en vas.

Pour une fois, elle avait réussi à dire ce qu’elle voulait dire.

Elle s’attendait à une réaction offusquée, peut-être une gifle, n’importe quoi pourvu qu’il parte en claquant la porte, persuadé de son bon droit, indigné par cette pute discutailleuse qu’il avait là, mais hors de chez elle, sous la pluie, avec ses chaussures aux pieds et sa cravate dans la poche de son blazer, à retourner vers sa femme et ses deux enfants.

Miguel fit une moue d’abnégation étonnée, comme s’il était confronté aux caprices d’un malade qui perd la boule.

- C’est d’accord, fit-il, condescendant.

C’était d’accord ? Carmen pouvait à peine le croire. Est-ce qu’il ne se sentait pas humilié ? Est-ce qu’il ne se rendait pas compte de ses sentiments pour lui ou est-ce que ça lui était égal, pourvu qu’il prenne son pied ? Qu’au bureau de tabac on refuse de lui vendre des cigarettes, c’était inacceptable, mais que le buraliste lui dise : aujourd’hui on n’a que des brunes, ça oui, il était prêt à le tolérer. Il ferait avec. La pute se rendait finalement à la raison.

C’était d’accord, il n’y avait aucun doute, car Miguel s’était mis à l’aise, la tête appuyée sur le dossier du canapé. L’abnégation avait cédé la place à un enthousiasme presque juvénile, comme si c’était là l’accomplissement reporté d’un fantasme persistant et tenu secret. Elle était sa pute, pour finir, c’était pour ça qu’elle allait le branler pendant que lui, affalé sur le canapé, terminerait son whisky.

D’accord. Le plus tôt serait le mieux. Si c’était ce qu’il fallait faire pour qu’il s’en aille, en avant. Elle défit sa ceinture et le bouton de son pantalon, puis elle baissa sa fermeture-éclair. Elle glissa sa main sous l’élastique de son slip et elle sortit sa queue.

- Attends, attends, l’interrompit-il.
- Qu’est-ce qu’il y a ?

Miguel laissa son verre sur la table et il baissa à la fois son pantalon et son slip jusqu’à ses chevilles.

- Mon costume, il est pratiquement neuf. Je n’ai pas envie de devoir l’apporter au pressing.

Il défit ses trois derniers boutons et écarta les pans de sa chemise pour éviter qu’elle soit tâchée.

- Ca y est ?
- Oui, ça y est.

Il revint se caler sur le canapé, son whisky une nouvelle fois à la main.

Le gland était à nu, humide et de couleur pourpre. La queue décrivait une légère courbe caténaire vers le haut et elle avait les veines enflées, comme une main serrée pour donner un coup de poing. Carmen était assise de côté sur le canapé, tournée vers lui. Elle commença à la masturber. Miguel regardait la main de Carmen et il cherchait parfois ses yeux, mais elle évitait son regard. Elle serrait avec force et, quand elle arrêtait, elle lui frottait le gland avec la pulpe de son pouce. Ca avait l’air de lui plaire. Elle voulait terminer le plus tôt possible et elle accéléra le rythme. Quand Miguel essaya d’approcher ses mains de ses seins, elle se rejeta en arrière.

- Laisse-moi les voir, demanda-t-il.
- Quoi ?
- Tes seins. Juste les voir. Sans toucher. Promis.

Elle défit la fermeture éclair de son jogging. Miguel regardait avec des yeux troubles. Carmen se caressa un sein avec la main qui lui restait de libre, elle le souleva sur sa paume et le pressa. Ca réussite à hâter le dénouement. Miguel se mit à pousser avec ses hanches au rythme de sa main, jusqu’à ce qu’il jouisse sans prévenir.

Ce fut une éjaculation douce, de jet d’eau de bassin municipal, qui ne projeta pas vers le haut, mais déborda sur la main de Carmen.

Elle frotta sa main sur son pantalon et elle referma la veste de son jogging.

- Merci. Je ne voulais pas que tu te sentes mal de ne pas baiser, dit Miguel.

Il ne manquait plus que ça : en plus il avait fait ça pour elle, cette espèce de Scandinave.

- Je veux me coucher maintenant.

Miguel termina son verre d’un trait, alla dans la salle de bain en tenant son pantalon avec ses mains, mit ses mocassins, sa veste Armani, glissa sa cravate dans sa poche et s’en alla par où il était venu, tout content, non sans promettre de l’appeler le lendemain.

Dès qu’elle referma la porte, Carmen décida de ne pas se laver les mains, c’était sa façon de s’imposer une punition.

Elle avait peur, elle avait envie de vomir, elle avait la certitude qu’il était en train d’arriver quelque chose à son fils.
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Elle était là, couchée sur le côté en position fœtale, avec les genoux touchant presque la poitrine et les poings serrés contre la bouche. Cette fille de pute avait laissé la seringue sur l’oreiller, avec un élastique, la cuillère sur la table de chevet et une trace de sang en train de sécher sur le drap. Riquelme, les aiguilles, ça le terrorisait.
Trini portait juste un slip brésilien rouge, mais le fil était invisible, rentré dans les fesses, et un peu sur l’avant, vers les cuisses, on voyait un renflement couleur lie-de-vin, d’où s’échappaient des poils noirs tenaces, sauvages, comme l’herbe qui pousse dans la fissure d’un mur ou entre les sépultures.
Comme elle le dégoûtait, comme il avait envie de la baiser, comme ça, par-derrière, sans qu’elle se réveille.
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- Toute la journée à casser les pieds avec son envie de faire pipi, et maintenant qu'on en a besoin monsieur n'en a pas envie.
Il lui expliqua que les authentiques montagnards, ceux qui partaient en expéditions, éteignaient toujours un feu en urinant sur les flammes. Aucun autre procédé n'était considéré comme acceptable entre hommes d'action.
- En plus, c'est quelque chose que les femmes ne peuvent pas faire. Réfléchis, c'est un truc d'homme. Depuis l'époque des cavernes, c'est nous, les hommes, qui éteignons le feu, parce que nous pouvons pisser debout sur les flammes. Tu ne crois pas que tu pourrais avoir au moins un petit jet ?
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Il ne comprenait pas comme elle se débrouillait, ou de quelle façon le monde était organisé, pour qu'à la fin ce soit lui qui finisse par être humilié ! Elle était là à ses pieds, transformée en marionnette, pantin ou polichinelle, ou tout autre terme qui s'applique à la personne qui se laisse manipuler par d'autres ou agit sous la dictée des autres, et lui, qui avait le pistolet, c'était lui qui recevait l'offense et qui était blessé par toute action ou événement.

Il eut envie de pleurer.

(pensées d'Antonio Riquelme vis à vis de leur otage).
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Ça, c'est tout le problème avec la lecture, vous projetez sur le texte l'ombre de vos désirs ou de vos craintes, votre ombre à vous qui obscurcit la page jusqu'à ce que vous ne lisiez plus que ce que vous vous attendez à lire, et tout parle de vous, et s'il y a une femme morte, ça ne peut pas être une simple montagne ni même une autre femme, quelle idée, il faut que ce soit vous, votre cadavre à vous, qui d'autre sinon.

(pensées de Carmen).
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Vidéo de Rafael Reig
Rafael Reig - Ce qui n'est pas écrit .A l?occasion du salon des littératures policières, le Polar se met au vert, à Vieux-Boucau. Rafael Reig vous présente son ouvrage "Ce qui n'est pas écrit" aux éditions Métailié. Traduit de l'espagnol par Myriam Chirousse. http://www.mollat.com/livres/reig-rafael-qui-est-pas-ecrit-9782864249436.html Notes de musique : ® Sihanouk Trail - Kingdom of the Holy Sun, 2014 - Dead Bees, 12:Dead Bees records label sampler #12 URL. Free Music Archive
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