Transmission d'un échange nocturne (la nuit de jeudi à vendredi) par écrit avec un ami très cher…
Et voilà, il est près de 5 heures, je ne dors pas.
Je ne sais si ça a à voir avec ce que je t'écrivais, je ne crois pas, quoique…
Alors je lis, l'excellent « Charlot déprime – un rêve de Charlot ».
Il est pas bien épais, je vais le torcher en moins de deux heures je pense. C'est l'une des choses les plus belles que j'aie lues sur le mouvement des gilets jaunes. J'ai lu plein d'analyses (je suis aussi plongé dans le n°4 de « LundiMatin papier » entièrement consacré au sujet). Mais là, ce petit bouquin à 5 balles (chez Librio) il vise au raz des gens, au départ, dans la première partie en tout cas, il ne cherche pas à analyser, il décrit, ça repose.
Car ce très court bouquin est écrit en deux parties distinctes (encore que) indissociables, la première « Charlot déprime » raconte comment le narrateur (manifestement
Grégoire Bouillier lui-même) décide de se rendre compte de l'intérieur, de ce que signifient ces mouvements de gilets jaunes, en s'immisçant dans l'un des actes, le Vème je crois.
Et ça donne vachement mal aux pieds !
Il est plein de petites réflexions iconoclastes et dérisoires, de comparaisons entre « Game of thrones » à la « Servante écarlate », entre ubérisation et la vie réduite à un tableur…
C'est beau, c'est une écriture fluide, de petits paragraphes, de petits mots, mais ça fait mouche.
Au fait, « Charlot déprime » est l'anagramme de « Arc de Triomphe »… « Charlot déprime de Noël » comme dit l'auteur (il a dû bosser à Libé pour un jeu de mot pareil)…
Ce midi (jeudi midi, donc) l'auteur
Grégoire Bouillier était l'invité de « la grande table » sur
France Culture.
Sa dérision, sa vision, que je retrouve ici, sont très justes et m'ont impressionné. Podcast si tu peux…Bon, je vais pas te tenir la jambe toute la nuit, d'autant que ce qu'on écrit la nuit, passe rarement le lever su soleil.
Tout ça pour dire que le champ des possibles sur une scène n'est pas mort.
J'en étais là de cette conversation nocturne, je venais de terminer la première partie du bouquin.
Puis j'ai lu la seconde « Un rêve de Charlot » très court texte que j'ai lu, amusé en recherchant machinalement les points communs avec l'expérience de « Charlot déprime », amusé aussi de sentir confusément l'univers de « Eyes wide shut » de Kubrick, une fantasmagorie d'un univers à la
Pasolini…
C'est drôle de lire, la nuit, lorsque vous êtes éveillé, faisant le moins de bruit possible pour ne pas réveiller votre compagne, avec une lumière tamisée, seul point lumineux dans la nuit, la transcription d'un rêve…
Et puis,
« C'est lié à
James Baldwin »
Je vous laisse découvrir cet indispensable bouquin, ludique, très drôle parfois (et moi qui déteste les anagrammes j'ai été servi!) qui en raconte beaucoup plus que ce que vous pouviez penser, du moins insidieusement, il vous amène aux questions fondamentales.
A lire absolument !
Merci
Grégoire Bouillier !
20 avr. 2019 à 09:19