Les onze nouvelles que constituent
Ciels de Grèce sont toutes intéressantes, chacune d'une façon différente. Pour qui s'intéresse peu ou prou à la nation de
Platon et de Melína Mercoúri, c'est un plaisir de retrouver l'ambiance et les couleurs de ce pays. On parvient en lisant les mots de
Vonny Dufossé à sentir les parfums des orangers en fleurs, à imaginer la douceur des rayons du soleil qui dardent sur la peau. Quasiment tous les aspects de la Grèce sont évoqués au travers de ces destins, en majorité de français expatriés ou non, mais qui gardent toutes et tous un lien avec la patrie hellénique. Ainsi on va retrouver des villages dans des îles, qui hésitent entre tradition et modernité, mais aussi des touristes en goguette qui s'intéressent modérément à la culture, ou bien des amoureux, des familles, des amis, qui se retrouvent sous les ciels bleus de la Méditerranée.
Plusieurs des nouvelles qui composent
Ciels de Grèce retiennent particulièrement l'attention du lecteur, selon sa proximité ou non au sujet qui y est présenté. du lointain de nos rêves est par exemple très bien construit. Ce segment nous raconte l'histoire de Yannis et de Manos, qui se retrouvent dans une cité universitaire parisienne après avoir été voisins à Athènes. Les deux jeunes hommes partent ensemble à Delphes durant les vacances et redécouvrent les beautés de leur pays natal. Durant ce voyage, Yannis se rend compte de l'attirance qu'il éprouve pour son compagnon, dont la beauté souvent vantée lui rappelle les auriges, ces conducteurs de char de course représentés par de célèbres statues. La fin de l'histoire, très fine et élégante, ne manque pas de surprendre et apporte un éclairage nouveau au récit qui nous a été fait.
Plusieurs des nouvelles de
Ciels de Grèce ont un humour tout à fait réjouissant. On pense évidemment à Soirée grecque au Patras club, qui nous raconte avec pertinence les pérégrinations d'une guide touristique en proie aux demandes les plus incongrues de ses clients, toutes et tous aussi pénibles les unes et les uns que les autres. On se laisse aussi emporter par la nostalgie de ce vieil homme ou par la malice de Madame Ana, on se prend d'affection pour ce mari qui se rend compte tout à coup qu'il n'aime plus son épouse. En quelques pages,
Vonny Dufossé parvient parfaitement à nous peindre les caractères souvent hauts en couleurs de ses personnages, et ne nous ennuie jamais. Si la plupart du temps les recueils de nouvelles mélangent des histoires de qualité et d'intérêt variable, ici chacun des récits possède sa propre flamme, et l'on s'évade avec délectation dans ces contrées ensoleillées.
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