Le livre de
Jean Rouzaud,
Contre-culture (Nova, 2018) est un livre jubilatoire, qui se lit à petites gorgées. Auteur phare du mouvement punk avec Ze Craignos, il nous propose aujourd'hui un dictionnaire qui plongera le lecteur dans un univers halluciné à la rencontre d'écrivains, de peintres, de cinéastes, de musiciens et de groupes qui ont tous franchi un jour la « frontière ». La
contre-culture, selon wikipédia, est un terme utilisé pour caractériser l'explosion des mouvements contestataires de la jeunesse du monde libre envers la domination culturelle de la bourgeoisie. Il s'agit de courants nés dans les années 1960 aux États-Unis (culture hippie notamment) et qui éclosent après Mai 68 en France. La
contre-culture fut représentée par des organes de presse comme le magazine Actuel (première et deuxième époque), le quotidien Libération (première époque), la librairie Parallèles, le Novamag et les Éditions Alternatives, les premières radios libres, les labels de musique indépendants, etc.
Jean Rouzaud reste fidèle aux figures historiques du mouvement, évoquant la Beat Generation, le sulfureux
Kenneth Anger,
Bob Dylan, William Burroughs, Bunuel,
Led Zeppelin, Nico, Andy Wharhol et bien d'autres icônes des années 60 et 70. Mais il brasse beaucoup plus large, faisant entrer dans sa galaxie déjantée
Baudelaire,
Alain Bashung, Michel Houellelbeck ou
Marcel Duchamp. Et j'ai la modestie d'avouer avoir découvert dans cette mine nombre d'artistes qui m'étaient jusqu'alors inconnus.
Je regretterai cependant que le livre ne s'ouvre pas sur une préface dans laquelle l'auteur donnerait sa vision de la
contre-culture. Il est vrai que le matériau brut qu'il nous propose parle de lui même : nous sommes dans les terres enivrantes de « l'hors normes ».