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EAN : 9782895962397
120 pages
Lux Éditeur (05/01/2017)
4/5   2 notes
Résumé :
Depuis la crise de 2008, l'idée d'une allocation universelle suscite un engouement renouvelé, tant en Europe qu'en Amérique. Le projet trouve des appuis à gauche comme à droite et, de l'avis de bien des spécialistes, il pourrait être le fondement des politiques sociales de l'avenir. Plus d'un penseur critique l'a prôné, Philippe Van Parijs, Toni Negri, José Bové ou André Gorz, mais que signifie vraiment cet étonnant consensus ?
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Mesure programmatique de l'un des candidats à la présidentielle 2017, la possibilité de l'allocation universelle aura animé quelques-uns des débats de 2017 et continuera après cette échéance à animer les débats.

Dans ce court essai édité par LUX (Naomi Klein, Noam Chomsky, Chris Hedges,…), les quatre auteurs s'opposent à l'idée de l'allocation universelle et sont donc contre l'allocation universelle. En quatre chapitres - « Histoire et genèse d'une idée néolibérale », « L'allocation universelle comme solution au chômage », « Repenser le travail, la valeur et les revenus » et « Adieux à l'état social: André Gorz et l'allocation universelle », les auteurs présentent les raisons pour lesquelles il faut être contre l'allocation universelle.

Pour rappel, l'allocation universelle est cette mesure soutenue à la fois par la gauche et la droite, à la fois par les marxistes et les libertariens, à la fois par Toni Negri, Yanis Varoufakis, Philippe van Parijs, Gaspard Koenig (sous le vocable de revenu universel) ou par les milliardaires de la Silicon Valley. Par ailleurs, il est possible de le faire remonter à Thomas More ou d'en trouver sous des formes variées des traces chez Friedrich Hayek, Milton Friedman, Martin Luther King, André Gorz ou Bertrand Russell. Autant le dire, les soutiens de l'allocation universelle constituent une espèce d'auberge espagnole.

Pour faire simple, comme le travail deviendrait « une valeur en voie de disparition » (Dominique Méda), prendrait des formes nouvelles, et cela en partie du fait de la robotisation - introduit par Karel Čapek dans R.U.R., le mot robot vient des langues slaves et du radical rabot, rabota et signifie « travail, besogne, corvée » ; les allemands de Kraftwerk le chantaient si bien :

We're charging our battery
And now we're full of energy
We are the robots

We're functioning automatik
And we are dancing mechanik
We are the robots

Ja tvoi sluga (=I'm your slave)
Ja tvoi Rabotnik robotnik (=I'm your worker)

We are programmed just to do
anything you want us to
we are the robots

We're functioning automatic
and we are dancing mechanic
we are the robots

Ja tvoi sluga (=I'm your slave)
Ja tvoi Rabotnik robotnik (=I'm your worker)

We are the robots

-, une allocation/un revenu serait versée/versé.

Les quatre chapitres proposés adoptent chacun un angle de vue différent quant à la question de l'allocation universelle. La lecture est relativement aisée, plaisante et constitue une belle opportunité de penser sur cette thématique de l'allocation universelle, sur la valeur travail ou sur la place des robots dans les sociétés modernes. Je n'ai pas de souci à ce que l'on soit contre cette allocation universelle comme les auteurs ici (ou qu'on y soit pour); autant j'ai davantage de mal avec une forme d'opposition de principe à cette mesure car elle serait d'essence néolibréale : cette argumentation que les auteurs portent est décevante et en partie erronée comme le rappelle le premier chapitre. Je préfère de loin le point de vue dus sociologue Jean Viard* qui la considère comme une « défaite de la pensée », comme un projet qui « transpire la peur, la fin de l'homme inventif et créatif ».

C'est sensiblement le même point de vue que celui de Pascal Picq** lorsqu'il explique : « Je vais vous répondre en évoquant un livre que les jeunes doivent absolument lire : La Planète des singes, de Pierre Boulle. ­Comment les grands singes prennent-ils le pouvoir sur les hommes sur la planète Soror ? Ils ­attrapent une femme qui normalement ne parle pas et ils sont ­capables ­d'accéder à sa mémoire profonde par une espèce d'hypnose. Et là elle parle de manière inconsciente et dit en substance : « Tout allait pour le mieux sur la planète ­Soror. Nous avions des machines qui produisaient les biens dont nous avions besoin. Et nous avions domestiqué les grands singes pour faire les ­choses les plus complexes autour de nous et nous aider. Mais au fil du temps, nous avons cessé d'être actifs physiquement et de nous intéresser aux matières intellectuelles. Même les ­livres enfantins ne nous intéressaient plus. Et pendant ce temps, ils nous observaient. » C'est le syndrome de la planète des singes : si nous nous abandonnons à la facilité, si nous cessons de marcher, si nous cessons d'aimer, si nous cessons de lire, de créer et d'inventer, alors oui les robots, comme les grands singes dans le livre, prendront le pouvoir. Ce qui fait de nous des humains, c'est justement garder la maîtrise de la créativité. »

Finalement, Jean Viard a probablement raison : on assiste probablement bien à une défaite de la pensée (créative) avec cette allocation universelle.

* Dans le n°139 du journal le 1 consacré au revenu universel.
** Dans un interview au journal le Monde du 9 février 2017.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L'allocation universelle se présente ainsi comme la technique sociale par excellence d'une société postindustrielle, où l'emploi a en apparence cessé d'être le socle de l'édifice social. (Daniel Zamora)
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Depuis des siècles, les philosophes débattent de la nature du travail sans parvenir à un accord. Le travail est-il aliénant et hétéronome par définition ou est-ce un moyen de reconnaissance et d'intégration sociales. C'est là une question qui traverse aujourd'hui tout le débat sur le revenu d'existence. (Jean-Marie Harribey)
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L'utopie n'est pas uniquement un au-delà, mais elle est aussi un déjà là.
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