J'aime énormément la littérature nordique classique et contemporaine et
Per Petterson en est pour moi une des grandes figures. Un homme simple, autodidacte, dont le goût de la lecture lui vient d'une mère lectrice avide, une éducation littéraire qu'il parfait par la suite dans la librairie où il travaille. Celui-ci est son cinquième livre que je lis, un livre largement autobiographique.
Le narrateur Arvid Jansen dont l'auteur dit, " il n'est pas mon alter-égo, mais mon cascadeur, il fait tout ce que je fait , mais de manière plus excessive et en plus condensée " est un écrivain à la dérive, autant côté vie privée, qu'écriture. Il se retrouve un beau matin, sale, ivre, deux côtes cassés, et n'ayant aucune idée des circonstances qui le parachutent devant la librairie fermée,où il travailla à une époque. Cet homme qui ne regarde qu'en avant, refuse son passé, va devoir remonter le cours du temps,et surtout évaluer dans sa vie le poids de la catastrophe maritime où il perdit six ans auparavant, presque toute sa famille. Petterson perdit de même père, mère, frère et neveu dans un même type de catastrophe maritime. C'est un voyage intérieur à travers le passé et les liens familiaux, surtout ceux avec le père et la mère, thème qui lui est cher dans tout son oeuvre. Dans ce livre publié en 2000, le narrateur en panne d'écriture, ouvre un nouveau fichier pour écrire les premières lignes d'un nouveau livre : "Début novembre. Il est neuf heures. Les mésanges viennent se cogner à la fenêtre.....".C'est le début de "
Pas facile de voler des chevaux", son prochain livre qui sera publié en 2003 et lui apportera la reconnaissance internationale.
Ce que j'aime dans ses livres est la poésie, ses descriptions merveilleuses de la nature qui se noient dans ses états d'âme, et sa pudeur. Une scène d'amour, une liaison dans le passé, un moment difficile entre père-fils, un rencontre à la dérobée père-fille ....., tout est exprimé dans une infinie délicatesse de sentiments. Et dans toute cette complexité raffinée, il y a même de l'humour. Ca me fait penser à la prose de
John Burnside que j'aime tant, et qui justement pour ce livre même de Petterson a commenté, "A masterpiece".
Un très beau livre, très intime qui a remporté en 2007 le prix littéraire Impact Award ( Independant Foreign Fiction Prize).
"I am writing myself into a possible future.Then the first thing I must do is to picture an entirely different place, and I like to do that, because here it has become impossible."
(En écrivant je pénètre dans un futur possible. Alors la première chose à faire, c'est de regarder, regarder un lieu entièrement différent, et j'aime faire ça, car ici c'est devenu impossible )