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Robert Bourgeois (Traducteur)
EAN : 9782882502209
216 pages
Noir sur blanc (14/05/2009)
3.67/5   3 notes
Résumé :

Avide de découvrir la vie du peuple mystérieux des Saamis - ou Lapons -, Mariusz Wilk a séjourné parmi eux sur la presqu'île de Kola, dans le Grand Nord russe. Assoiffé de rencontres et de découvertes, il raconte son arrivée dans la ville de Lovoziéro, ses explorations de la toundra et des montagnes environnantes, et ses longues marches guidées par les pâtres de rennes. Il mêle à ses réfl... >Voir plus
Que lire après Dans les pas du renneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'auteur part sur la trace des Saami (autrefois appelés Lapons) dans le grand nord russe. Il essaie de rencontrer des représentants actuels de ce peuple, et reconstitue aussi dans les livres et bibliothèque le passé, l'histoire, plus ancienne et hypothétique et plus récente. Il voyage sur les lieux, tente d'approcher les derniers rennes libres.

Le sujet donne une plus grande unité à ce livre qu'aux autres du même auteur. Il s'efface aussi un peu plus derrière son sujet, même s'il est toujours présent avec son vécu, ses sensations, et ses opinions. On le sent très fasciné par ce peuple, nomade par excellence, suivant le renne et toujours en mouvement, se reconnaissant dans cette façon de vivre.

Mais il est en même temps sans illusions sur le présent, il dit la fin de la culture saami, telle qu'elle a existé pendant des siècles et des siècles. La sédentarisation forcée sous Staline, et puis ensuite la perte des traditions, et un impossible retour à un état d'absence de possessions matérielles, que suppose le nomadisme. le désastre écologique aussi de régions entières suite à l'exploitation des ressources naturelles. le seul endroit où subsiste une habitation traditionnelle est le musée. Et ceux qui prétendent faire revivre les traditions, en récoltant de l'argent à l'étranger, les adoptent forcément, trouvent une sorte d'activité commerciale comme une autre, y compris auprès de touristes.

En même temps, quelque chose de la magie du lieu, subsiste encore, et cela peut valoir le coup de se battre pour tenter de la préserver, même si c'est sans illusions.

Une lecture qui m'a apporté une fraîcheur très appréciable ces derniers jours. J'aurais presque eu envie de partir dans la tempête de neige.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
On demande pourquoi sur ce mont bleu j'habite ;
Que répondre ? Je ris. Là mon coeur est serein.
L'onde aux fleurs de pêcher au loin se pécipite ;
Ce ciel et cette terre, est-ce le monde humain ?
Li Bo (1)
Dans les toundras de Lovoziéro, il ne pousse pas de pêchers, mais les buissons de framboisiers s'émaillent de fleurs en été ; en automne, la sorbe rougit et les cèpes sortent sur le chemin, la mousse du renne sur les versants ressemble de loin à une écume d'un gris verdâtre. En revanche, les roches sont muettes -- comme chez Li Bo ! -- et la populace ne court pas en ces lieux. Chaque fois que je vais sur les bords du Séïdiavr (le lac des Esprits), outre un sac de couchage et des provisions, je mets dans mon sac à dos un petit livre du poète chinois. Avec lui, le voyage est plus gai et on peut beaucoup apprendre.

(1)"Question et réponse dans la montagne", trad. P. Jacob, in Li Bai, Florilège, Paris, Gallimard, 1985, p.139.
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Pascal Quignard, dans le Sexe et l'Effroi, écrit : "Les chasseurs primitifs qui se servaient d'un arc tiraient de son unique corde un son mortel (ils avaient donc inventé la musique de la mort) soit le langage adapté à la capture d'une proie". Il ajoute un peu plus loin : "Lire, c'est chercher des yeux à travers les siècles cette flèche unique décochée de l'intérieur, des profondeurs, du commencement, dès le commencement". Je ne cache pas que l'intuition de l'écrivain français a été pour moi l'une des principales incitations à suivre la traces des Saamis. p 22
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"Ne pourrions-nous admettre que le but de la vie consiste tout simplement
à voir ? "John Gray
.....dans les croyances primitives du Nord, les yeux étaient le germe de ce que les religions ultérieures il est convenu d'appeler l'âme. En eux s'allumait la force de l'esprit. Regarder était synonyme d'être.
Pour les animistes, chaque pierre, arbre, montagne ou rivière est doté d'une âme. Rien d'étonnant à ce que toute la nature nous regarde en silence. Combien de fois, roulant ma bosse sur les sentiers du Nord, ai-je eu l'impression d'être observé, comme si quelqu'un me regardait sans cesse, m'épiant d'un fourré, scrutant depuis les montagnes, regardant du fond d'un lac. Cette impression est encore renforcée par le silence exceptionnel de la nature du Nord, par son mutisme.
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Sandor Maraï a écrit en hongrois (la langue hongroise appartient à l'immense famille des langues ouraliennes ; elles est donc apparentée aux dialectes saamis.), notant dans son journal qu'au fond de l'âme les Hongrois sont restés nomades et que, bien qu'ils habitent en Europe depuis mille ans, leur état d'esprit est toujours celui d'éternels voyageurs, et que leur langue s'est façonnée dans un passé éloigné, quand la plupart des langues européennes n'existaient pas encore. Il n'est donc pas surprenant qu'elle ait conservé l'écho des temps immémoriaux où "l'homme, pour la première fois dans le chaos de la création, a pris conscience de sa dignité humaine". Cet écho retentit par exemple dans la ressemblance entre les deux mots oles (tuer) et oledes (étreindre), souvenirs de l'époque des chasseurs primitifs, pour qui la victime n'était pas seulement un objet de chasse, mais aussi d'amour, et pour qui tuer avait une signification mystique ! J'ai tiré cet exemple du roman "Les Braises". Récemment, je l'ai relu, et c'est seulement maintenant que j'ai pleinement apprécié les récits de chasse du général Henryk. p 91
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