Les déclarations d'amour familiales deviennent une véritable veine tracée, du berger à la bergère comme l'on dit, mais surtout de l'auteur à un membre de sa descendance chéri.
Il pleut en ce moment (c'est une image, bien sûr, en ce temps de canicule) des dédicaces littéraires jeunesse à partager entre parents et enfants, où chacun en retirera la dimension intime qui lui revient.
Rappelez-vous "Mon petit Roi" de Rascal, d'un papa à son fils, "
Tu seras ma princesse" de
Marcus Malte, d'un père à sa fille et dernièrement "
Maman" de
Hélène Delforge, ôde à la maternité à tous les âges donnés du statut et à travers un beau voyage dans le temps.
Cela donne aussi lieu à une rencontre avec de chouette illustrateurs pour donner vie à tout cela,
Serge Bloch,
Régis Lejonc,
Quentin Gréban,
Jean Claverie.
Il y eut d'autres albums bien avant parlant de la maternité dans les albums tout-petits, où le personnage s'adresse à son enfant pour lui témoigner d'où il vient, ils étaient moins signés et nettement moins personnels puisqu'en direction d'un seul public, le tout-petit.
Ces nouveaux albums "témoignage d'auteurs et parents" sont des traits d'union offert du grand au petit, une confidence à partager pour une lecture commune peut-être ou à découvrir seul dans son coin, les deux seront un plaisir. Cela va dépasser le rapport biologique et peut-être émus, les grands dépasseront le livre sur des questions des petits.
"Dans les rêves de Grand-père" apporte une nouvelle pierre à l'édifice et célèbre une autre joie de la transmission, le plaisir d'être grand-parent, mais pas que.
Jean Perrot, l'auteur, spécialiste de littérature de jeunesse, dédie l'Histoire de Davidou à son petit-fils.
Il trempe sa plume dans l'encre de poésie pour replacer son Davidou sur des tranches de vie très entourées.
Qu'il est roi le Davidou!
Les adultes sont à ses petits pieds dodus, le mangeant des yeux pendant ses petits pots, le suivant des yeux quand il décolle des bras du grand-papa comme une fusée et à bien d'autres rendez-vous.
Les passages du début sont courts, évocateurs, pour les grands qui sont restés des enfants, pour les grands qui les ont portés, pour les petits qui se sont agrippés, pour ceux qui sont assez grands pour goûter à un peu de poésie.
Cette partie d'album peut se montrer complémentaire des recueils aux thématiques classiques sur la Ville, la Nature, les histoires de Coeur avec papa et
maman.
Cela rime joliment et les enfants lecteurs, peut-être, se retrouveront dans ses moments vedette du Davidou roi.
Mais attention, le témoignage se déroule sur le temps, il est question après d'une histoire que laquelle le grand-père souhaite revenir avec un David qui a grandit.
Les choses y sont plus sérieuses, adoucies et arrondies par la poésie des mots et du style graphique de
Claverie.
Cela destine alors l'ensemble du livre à un jeune lectorat plus vieux, qui comme David, pourra comprendre ce retour aux sources familiales, saisir la notion de traditions, un retour au pays.
L'écriture en témoigne, elle est belle mais moins accessible seul si trop jeune.
A la fin, David a grandi, les mots le disent, le grand-père s'est tassé dans ses idées et sa chair, sa chaise aussi, c'est touchant.
C'est à découvrir avant par les grands pour se faire à leur tour les bons passeurs.
Une belle aventure professionnelle pour
Jean Claverie qui a du faire avec les métaphores nombreuses et se montrer dans la proposition.
A découvrir.