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EAN : 9782264071026
288 pages
10-18 (18/01/2018)
3.75/5   159 notes
Résumé :
Retour aux sources pour cette expédition de trappeurs, dans la tradition des grands romans d'aventure à l'américaine.En 1820, aux Amériques, le commerce des fourrures est un moyen périlleux de faire fortune. À peine le jeune William Wyeth s'est-il engagé auprès de la compagnie de trappeurs la plus téméraire de l'État qu'il manque de se faire tuer. Il découvre alors la force des liens entre les hommes, dont la survie ne dépend que de leur solidarité. Chasse au bison,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
3,75

sur 159 notes
A vivre cette grande épopée de l'ouest sauvage. Chevauchant des collines de poussières et d'herbes folles, entraîné par la folie des hommes et la promesse de richesse symbolisée par fourrures et peaux, sauvé sa peau d'une horde de sauvages, des indiens et des blancs, une vie sans loi. 1820, quittant le Missouri de St-Louis, une nouvelle compagnie de chasse et de trappes. Juste deux trois années, le temps d'accumuler des peaux et un pécule pour fonder sa famille avec cette sublime brune au regard de braise. Mais la vie de trappeur n'est pas aussi idyllique que cela peut paraître, dormir à la belle étoile, s'enfiler quelques godets de whisky de contrebande, bouffé un steak d'ours... Bref, j'en ai rêvé, comme ces rêves de gosses, j'en suis revenu, la tête KO par ces bisons morts, et l'odeur de cette viande en putréfaction.

Shannon Burke, premier métier ambulancier à Harlem, avant d'être attrapé par la fièvre, non pas de l'or mais de l'écriture, signe ici un formidable roman d'aventures, aux confins de l'ouest sauvage. de la sauvagerie des hommes à chaque page, du massacre de bisons toutes les deux pages, une descente de whisky une page sur trois. La nature, ses collines verdoyantes avant de virer au rouge écarlate, puis au rouge sombre, noir. Les vautours virevoltent au-dessus d'un amas de tripailles. L'odeur est tenace, que la pluie et la nuit ne sauraient effacer de ma mémoire. Alliance et désalliance, l'homme est un loup, encore plus sauvage que l'animal qui sommeille en chaque être, prêt à retourner sa veste de bison pour quelques pièces d'or, ou en l'occurrence gagner quelques chargements supplémentaires de peaux fraîches.

Selle mon vieux cheval, chevauche les prairies cheveux au vent, sors la winchester, tire, des cris d'indiens au loin. Épuisé le dos fourbu, les santiags poussiéreuses, je rentre dans ce comptoir aux abords de la sauvagerie. Des regards pas tendres, quelques putes pour l'ambiance, on me sert un de ces tords-boyaux qui font soit devenir un homme, soit devenir aveugle. Une chance sur deux, le choix du trappeur. Je survis à cette première épreuve. Je me remets en route, en piste devrais-je dire, la route de l'ouest n'est pas encore tracée, se méfier des canadiens, se méfier des espagnols, se méfier des peaux rouges, bref, je suis seul à travers la nature – encore, pour quelques mois seulement – luxuriante. de magnifiques paysages aussi sublimes qu'un poème récité par une de ces poupées dénudées. Je croise quelques cadavres, qu'il faut enterrés, je ramasse quelques peaux, qu'il faut cachées. Nuit à la belle étoile, des flocons de neige qui scintillent autant que les poussières du ciel. La lune me toise de sa hauteur et de sa splendeur, trop belle pour moi, blue moon. L'amas de poussière et la mort du bison.

Merci.
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Fin des années 1820, en pleine rivalité entre les Anglais et les Américains qui se disputent les territoires de l'Ouest de ce pays qui deviendra l'Amérique, le jeune William Wyeth, après une brève expérience de chasseur, s'engage dans une brigade de trappeurs pour y acquérir de l'expérience mais aussi la gloire et la fortune. Il laisse Alene, une jeune veuve qu'il compte épouser à son retour, une fois sa fortune faite. La brigade est organisée et dirigée par Henry Layton, un affairiste qu'Alene connait bien puisqu'il a enrôlé son mari et a conduit à sa perte...L'homme est intelligent roublard mais avec un entregent qui lui permet de s'adjoindre un second très respecté et convoité Jedediah Smith. La soixantaine de trappeurs et le double de mules s'engagent bientôt dans un périple qui va durer plusieurs années.

Dernière saison dans les Rocheuses est un roman d'aventures qui s'inspire des carnets de souvenirs de W. A. Ferris, que Shannon Burke remet à l'honneur en donnant son nom à l'un des trappeurs, un équipier d'abord considéré comme intellectuel sans expérience et qui s'avérera bientôt tireur d'élite d'exception. le récit se fait par le regard du jeune William, qui se fait le témoin de ces grandes expéditions pour chasser et vendre les peaux de castors, de ragondins dans les territoires indiens de l'Ouest. C'est également l'occasion d'en connaître un peu plus sur les alliances entre les indiens et les Anglais et les Américains avec les Blackfoot alliés des premiers quand les Crows font alliance avec les Américains. C'est un récit qui évoque les dangers de la trappe mais qui fait aussi la part belle à l'amitié, la solidarité entre les trappeurs, l'évolution et la révélation des caractères face aux dangers, illustrant certains épisodes épiques comme une chasse aux bisons ou des combats avec un ours ou un taureau.
Dernière saison dans les Rocheuses est une roman d'aventures et d'apprentissage, qui s'est avéré un bon moment de lecture.
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Au début du 19ème siècle , le jeune William Wyeth de Saint-Louis ( Missouri ) décide de rejoindre une compagnie de trappeurs pour satisfaire son goût de l'aventure mais surtout pour faire fortune et conquérir sa belle.

Et, c'est parti pour une aventure qui se veut rocambolesque .
Au menu : longues chevauchées , bivouacs improbables , rencontres dangereuses , coups de feu, coups de gueule, coups fourrés , amitié , bagarres , batailles ou alliances : tous les ingrédients du western donc !

C'est aussi l'occasion pour l'auteur de proposer une petite fresque historique relatant par bribes l'avancée de la colonisation de l'Ouest américain par un panel impressionnant d'aventuriers de toutes nationalités ou de militaires se disputant les territoires en utilisant les indiens qu'ils ne déciment pas.

Mais, c'est aussi bien sûr, la traque sans états d'âme de tout ce qui porte fourrure .
Le récit met en exergue le début du saccage des rivières dues à la surexploitation des compagnies de trappeurs de plus en plus nombreuses et de plus en plus avides .
" Peu d'hommes se souviendraient de ce pays tel qu'il avait été dans sa glorieuse pureté originelle . "

C'est donc un roman d'aventure , porteur de messages mais même si j'ai apprécié cette lecture, je n'y ai trouvé vraiment d'intérêt qu'en seconde partie , quand on arrive dans les Rocky Mountains au milieu des tribus Blackfeet et Craw .

Il faut dire que certains noms évoquent à eux-seuls luxuriance, et beauté , comme auréolés de magie , d'éternité : Yellowstone River , Bear Lake , Big Horn ...enfin !
Et, dans ces écrins , ( enfin aussi ! ) le coeur de l'action .
Des difficultés au démarrage donc !

Un avis en demi-teinte dû aussi au style narratif . C'est un récit à la première personne parfois anachronique me semble-t-il : j'ai trouvé la syntaxe peu adaptée à la personnalité et à l'origine du héros .
Et puis , surtout j'ai vraiment cru reconnaître à un moment une inspiration très marquée de scènes de Lonesome Dove ( quand les espagnols contrôlent les routes du Nouveau -Mexique ) . Il n'en fallait pas plus pour que j'imagine cette histoire contée par un Larry McMurtry !
C'est mal , je sais !
Les comparaisons génèrent souvent la déception .
Vu le thème et le cadre , j'en attendais sans doute le meilleur .
Alors , en résumé , une lecture divertissante mais qui pour moi n'atteint pas les sommets du genre .
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Ah, les Rocheuses, le grand Ouest sauvage, celui d'avant, où il y avait encore tout un tas d'animaux sauvages, à poils, à plumes, à écailles… Puis, l'Homme est arrivé et a tout pris, tout pillé.

Malgré tout, j'aime ces récits d'aventures de trappeurs, ces hommes rudes qui vivaient à la dure, qui écorchaient des peaux après avoir trappé leurs propriétaires.

Les chevauchées dans les bois, les récits autour d'un feu de camp, la bouteille d'alcool passant de main en main, le visage pas rasé, le corps puant, tel un fennec (ou un chacal) mort, le tout avec une haleine de poney. Non, ce n'est pas glamour, mais dans un récit, c'est génial.

Shannon Burke m'avait déjà happé une fois, avec des ambulanciers dans un quartier difficile de New-York et là, il m'a emporté avec un récit d'aventures, celle avec un grand A, celle de mecs qui sont prêts à tout pour vivre de grands frissons, s'enrichir et vivre en petite communauté.

La première partie de ce récit est assez sauvage, avec une chasse aux bisons. Nous avons fait connaissance avec le jeune William Wyeth, notre personnage principal, notre narrateur. Il vient de comprendre que dans un groupe de trappeurs, s'il n'y a pas de solidarité, tout partira en couilles. Là, il vient d'éprouver la solidarité qui règne entre les trappeurs et il a aimé dormir sur des peaux de bêtes.

La seconde partie est un peu plus calme, puisque notre William est en convalescence et en mode drague, pour la belle Alene (de poney ?), une jolie femme qu'il aimerait épouser. Dans cette partie, quelques aventures (pas conjugales) fortes, mais le souffle épique était un peu retombé et j'avais peur de ne plus le retrouver, comme dans la première partie.

Arrivé à la troisième partie (moitié du roman), le grand souffle épique est revenu, tel Mathilde et c'était reparti pour un tour dans les Rocheuses, avec la même équipe, plus un autre personnage, détestable au possible, celui-là : Henry Layton. Un fils de riche, trop gâté par sa mère, pas assez aimé par son père et qui sait passer, en un instant, de charmeur et charmant à détestable, limite esclavagiste, puisqu'il n'en fout pas une, mais donne des ordres aux autres.

Pour moi, cette partie est la meilleure, la plus intéressante, car les personnages vont se révéler sous leur vrai jour, mais aussi évoluer, changer, devenir plus intéressant, moins imbu de sa personne. William et son ami Ferris ne changeront pas vraiment, mais leurs personnages étaient déjà des plus intéressants et sympathiques (et ils ont évolués avant).

Et puis, dans cette Amérique, plusieurs nations règnent en maître : américains, anglais et espagnols, ce qui rend les choses bien plus complexes. Ajoutons à cela les tribus Blackfeet et Crow, et vous obtiendrez une idée du fabuleux récit d'aventure que nous propose l'auteur, inspiré des carnets de souvenirs de W. A. Ferris, dont il a donné le nom à un personnage de l'expédition.

Un récit d'aventure où le danger est partout, où l'amitié et la solidarité sont importants, la confiance aussi.

Un récit d'apprentissage, dans l'ouest sauvage, dans les montagnes giboyeuses, les rivières poissonneuses, où les trappeurs étaient nombreux à piéger des animaux pour leurs fourrures et où américains, anglais et espagnols se regardaient en chiens de faïence, persuadés qu'ils étaient tout, de devenir les futurs propriétaires de ce nouveau continent.

Un roman d'aventure comme je les aime.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Magnifique roman que « Dernière saison dans les rocheuses », Shannon Burke éveille en nous tout l'imaginaire de l'Ouest sauvage, celui de la découverte des grands espaces, par des hommes au caractère entier et complexe, dont la soif d'aventure, de richesse, et de liberté, ne peut être assouvie qu'au milieu d'une nature sauvage, à laquelle ils sont prêts à arracher tous ses trésors -en l'espèce les fourrures, que les hommes de la Prairie, les trappeurs des premiers temps de l'Amérique, ont quêté, sinon pillé, sans discontinuer.

Tout sonne juste dans ce roman, de la personnalité et la psychologie des acteurs de l'histoire aux décors mirifiques, tout nous paraît s'inscrire dans l'esprit de ce temps de la découverte, l'esprit de la Prairie.

La pertinence des descriptions, que ce soit les scènes de chasse ou de combat, nous conforte dans l'idée que l'auteur ne s'est pas limité à laisser vaquer son imagination dans les confins du Grand Ouest, non, on pressent qu'il a construit son histoire en s'appuyant sur une documentation, des témoignages, des conseils, qui crédibilisent grandement ce beau roman, qui s'inscrit sans rougir dans la lignée des écrits épiques, tissée par Fenimore Cooper, et qui peut sans rougir être mis à la suite des Pionniers, de la Prairie et autres Dernier des Mohicans.

Un très beau livre d'aventure, qui nous plonge à la découverte des racines du mythe américain.
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
La veille de mon départ, j'entrepris d’écrire à mon père une lettre d'excuses, cherchant à justifier mes erreurs passées. J'avais quitté la ferme familiale deux ans plus tot, à la suite d'une violente dispute à propos d'un bout de terrain. Je ne pouvais lui en vouloir de me refuser cette parcelle, car je n'avais pas fait grand-chose pour la mériter, mais il avait donné leur part d'héritage à mes frères le jour de leur dix-huitième anniversaire. Je lui avais reproché sa pingrerie et nous nous étions quittés en nous maudissant mutuellement. Depuis lors, je ne l'avais pas revu.
Je tenais donc à me rabibocher avec lui avant de partir. Le destin en décida autrement. Alors que je tentais, à contrecœur, de faire amende honorable, je reçus une lettre de ma sœur, expédiée des mois auparavant, m'informant de son décès. Je le savais en mauvaise sante, se soignant à grand renfort de whisky, sans imaginer que sa maladie le tuerait. Je e croyais immortel et j’étais persuadé qu'il serait présent à mon enterrement, toujours a me dénigrer. Eh bien, non. C’était écrit noir sur blanc : mort et inhumé dans ses terre. J'ai senti mes tripes se serrer. Nous avions eu de sérieuses empoignades, personne ne pouvait le nier, mais j’étais convaincu que nos differences finiraient par s'aplanir. J'avoue avoir pleuré comme un gosse en lisant la lettre.
L'orage d'un chagrin dévastateur passé, la triste nouvelle de sa disparition ne me donna pas l'envie de crier victoire ni de danser sur sa tombe, plutôt le sentiment d’être enfin libéré d'un passé qui souillait mon esprit et ma conscience. Pour le meilleur ou pour le pire, j’étais seul, libre de mes mouvements, prêt à mettre mon courage a l'épreuve.
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Je m’affalai dans la neige et le regardai s’éloigner dans le crépuscule. Très vite, mes paupières se fermèrent. L’engourdissement me gagnait quand, soudain, mon oreille discerna un lointain raclement métallique. C’était peut-être Smitts qui dégageait la neige de la rambarde de l’auberge à l’aide d’un fer à cheval. Ou un éperon heurtant le gratte-pied de l’entrée. Je ne l’entendis qu’une fois, faiblement mais distinctement, venant de la direction empruntée par Ferris. Je parcourus quelques yards à quatre pattes puis me relevai en chancelant. Cinq minutes plus tard, je distinguai deux pâles lueurs vacillant dans la pénombre, celles d’une torche et d’une lampe à huile. Des portes s’ouvraient. Des gens s’interpellaient. Je devinai un toit pointu.
— Je suis là ! croassai-je. Juste là !
Je perçus des voix. Je vis des silhouettes. Plochman et Smitts me saisirent chacun par un bras et me traînèrent vers l’auberge. Alene accourait, tête nue. Son châle de laine était tombé dans la neige, piétiné par Smitts, mais elle n’en avait cure. J’offrais un piteux spectacle, visage gelé, tunique rougie de sang. Je voulus lui dire que ce sang n’était pas le mien, hélas ! ma langue refusait de m’obéir, aussi me contentai-je de lever la main en guise de salut. Je fus conduit dans la chaleur de la salle et couché sur le plancher, devant la cheminée. Alene s’agenouilla, me frotta les joues, puis ouvrit ma veste, dénoua les lanières de mes jambières et ôta les peaux qui enveloppaient mes pieds. Elle retint sa respiration en les découvrant. D’instinct, je tendis les bras vers elle. Elle prit mes doigts glacés entre les siens et souffla dessus, tentant de les réchauffer.
— Si c’est ce qu’il fallait endurer pour mériter de tenir ta main, ça valait la peine, chuchotai-je.
— Chut, William. Ne parle pas.
Ferris, mon sauveur, était également allongé auprès du feu, raide comme une bûche. La glace qui fondait scintillait sur sa barbe. Le matin, Meeks me donna du laudanum et incisa mes plantes de pied pour en extraire les épines. Je dormis toute la journée et le soir, en ouvrant les yeux, j’entendis au-dehors quelqu’un beugler :
— Cette croupière me rentre dans le cul !
Je reconnus la voix de Pegleg. Encore groggy, je compris que Jed Smith, Moses Branch et les autres étaient arrivés au fort, avec quelques jours de retard sur Ferris. Je me rendormis, le sourire aux lèvres.Le lendemain, des bruits de pas derrière la porte m’éveillèrent en sursaut. Elle s’entrebâilla sur Pegleg, Branch, Bridger, Glass et le capitaine Smith.
Ferris les suivait en clopinant. Ses joues et ses doigts étaient tavelés de taches grises, mais il semblait bien remis, contrairement à moi. Je n’étais pas, comme lui, endurci par une année entière dans les Rocheuses. Il me faudrait des semaines avant de pouvoir recouvrer l’usage de mes jambes. Je me redressai contre les oreillers et leur serrai la main à tous.
— Comment tu te sens, vieille branche ? brailla Pegleg.— Frais comme un gardon !
— Un vrai montagnard solitaire et blessé. Et à moitié gelé. Il te reste plus qu’à te trouver une squaw, et t’auras tout bon.— Il y travaille, il y travaille, plaisanta Ferris.
— Voyez-vous ça, dit Pegleg.
Il prit une bouteille de whisky des mains de Moses Branch et me la tendit.
— Allez, lâche-toi !
Et si t’as besoin de conseils pour apprendre à conter fleurette, te gêne pas, je suis là. Je m’escrimai sur le bouchon.
— Si tu mets autant de temps à tirer qu’à boire un coup, je m’étonne que tu sois encore en vie, blagua Branch. Tiens, donne-moi cette bouteille, bon à rien. Mais commence par nous raconter tes exploits. La bataille d’abord, la bouteille après.
— Il n’y a pas grand-chose à raconter. On a abattu un bison, à l’ouest du grand méandre. Son poids a fait casser la glace et…
— Vous auriez dû attendre qu’il quitte la rivière, remarqua Pegleg.
— Oui, mais Ferris s’impatientait.
— C’est bien connu, dit Branch. Ferris est un gars pressé.
Ils rigolèrent tous. Ferris avait la réputation d’être le plus paisible et le plus réfléchi d’entre nous. Branch me passa la bouteille et j’avalai une gorgée.
— T’appelles ça boire ? ricana-t-il. Rends-la-moi et continue.— J’ai ôté mes bottes, je suis entré dans l’eau. J’étais en train d’éviscérer le bison quand des Sioux nous ont volé nos chevaux.
— Et ses brodequins, précisa Ferris.Pegleg souleva mes couvertures.
— Voyons voir ces sabots.
Il approcha son couteau de mes pieds bandés et, de la pointe, piqua les pansements. Ferris, debout dans un coin de la pièce, retint bruyamment sa respiration. Pegleg se retourna.
— T’as quelque chose à dire, blanc-bec ?
— Si c’était le cas, je l’aurais dit.
Wyeth, à ta place, je boirais un bon gorgeon. Avec Pegleg, on ne sait jamais…
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Ferris s'interrompit brusquement.
- Regarde...
Au loin, un gros bison mâle débouchait d'une forêt de pins, s'enfonçant dans la neige jusqu'au ventre. Soudain, il s'immobilisa et émit un grondement sourd. Il nous avait sentis. Lentement, Ferris tendit la main vers son fusil, mais le geste fit craqueter le givre qui s'était formé sur le manteau. Alerté par le bruit, l'animal fit volte-face et s'éloigna. Nous sautâmes en selle et poussâmes nos chevaux à travers l'épaisse couche de neige molle. Au bout de deux milles, nous débouchâmes sur un bras de rivière gelé, balayé par le vent.
Nous vîmes l'énorme bête déraper sur la surface verglacée, tomber, se relever, glisser à nouveau, se redresser et retomber. Nous sautâmes à terre. Il ne nous semblait pas régulier de tirer sur du gibier sans défense. Nous l'observâmes pendant une minute. Il grognait, battait l'air de ses pattes, incapable de se remettre debout. Alors, d'un même mouvement, nous levâmes nos fusils et fîmes feu. Il fit un bond désespéré en avant, chancela et s'immobilisa. Ferris rechargea son arme et tira une seconde fois. Les deux coups avaient atteint leur cible quasi au même endroit, juste au-dessus de l'épaule. Le bison, foudroyé, s'affaissa sur le flanc.
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Arrivés sur la crête, nous découvrîmes, au nord, une immense prairie, aussi différente des terres que nous venions de traverser que la verte Irlande peut l'être du Sahara. Couchés dans les hautes herbes grasses, plus de cinq cents bisons ruminaient paisiblement. Ils ne prirent conscience de notre présence que lorsque les hordes de cavaliers se précipitèrent sur eux du haut de tous les sommets environnants.
A la vue du troupeau, les Indiens s'étaient mis à pousser des hululements stridents. Des coups de feu claquèrent. Aussitôt les bisons se relevèrent et s'enfuirent dans un tonnerre assourdissant qui fit trembler le sol.
Au fond de la vallée paissait une seconde harde, aussi important que celle que nous chassions, piégée elle aussi à l'intérieur des collines. Nous l'apercevions de loin qui cheminait dans notre direction, taches mouvantes piquetant la verdure.
Les deux troupeaux se dirigeaient l'un vers l'autre. Ils n'étaient maintenant séparés que d'une centaine de yards, puis cinquante, puis trente... Ils se percutèrent dans un fracas de sabots, de sourds mugissements, de beuglement aigus, s'éparpillant tous azimuts, tournoyant sur eux-mêmes, soulevant des trombes de poussière.
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Il prit une bouteille de whisky des mains de Moses Branch et me a tendit :
- Allez, lâche-toi ! Et si t'as besoins de conseils pour apprendre à conter fleurette, te gêne pas, je suis là.
Je m'escrimai sur le bouchon.
- Si tu mets autant de temps à tirer qu'à boire un coup, je m'étonne que tu sois encore en vie, blagua Branch. Tiens, donne-moi cette bouteille, bon à rien. Mais commence par nous raconter tes exploits. La bataille d'abord, la bouteille après.
- Il n'y a pas grand chose à raconter. On a abattu un bison, à l'ouest du grand méandre. Son poids a fait casser la glace et...
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